Cycle préparatoire au DAEU – Cned Toulouse - Cours d’Histoire N°15 – page 2/5
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1.3 Le krach entraîne une crise générale aux Etats-Unis
La conséquence immédiate du krach est la crise bancaire. Les banques sont en effet très
vulnérables car elles ont placé une partie de leurs capitaux en actions et parce que leurs clients
ruinés par le krach viennent retirer leurs capitaux. Les banques répondent à leurs difficultés en
rapatriant leurs capitaux placés à l’étranger, en particulier en Europe ; la crise se transmet
donc au reste du monde. Elles restreignent le crédit aux entreprises et aux particuliers. Plus de
2000 banques ont fait faillite en 1931.
La crise bancaire entraîne les autres secteurs de l’économie. Les investissements s’effondrent,
la consommation baisse et des stocks s’accumulent car il y a un excès d’offre par rapport à
la demande qui se traduit par une baisse généralisée des prix. Beaucoup d’entreprises ferment
leurs portes et provoquent le chômage de millions d’ouvriers, ce qui fait baisser la
consommation encore plus. Le pays est précipité dans une spirale déflationniste.
La crise devient sociale : le nombre de chômeurs passe de 4 millions en 1930 à 12 millions
au début de 1933, soit 25 % de la population active. À la prospérité des années vingt, succède
la misère des années trente avec les queues devant les soupes populaires, le retour de maladies
telles que le rachitisme, la multiplication des sans-abri et les départs vers l’Ouest. Ainsi, de
nombreux fermiers de l’Arkansas et de l’Oklahoma, déjà touchés par le dust bowl, migrent
vers la Californie dans l’espoir d’une vie meilleure.
La crise est aussi morale. En effet, les gens sont confrontés à l’absurdité de voir détruire
des stocks de nourriture pour freiner l’effondrement des prix alors qu’ils souffrent de sous-
nutrition. La crise provoque des manifestations, des marches contre la faim, des associations
de lutte contre les expulsions. Mais la démocratie libérale n’est pas remise en cause. Les
partis révolutionnaires sont marginaux. En effet, l’esprit d’entraide caractéristique de la
mentalité protestante américaine parvient à maintenir un minimum de cohésion sociale.
La réaction des Américains à la crise se traduit sur le plan politique : aux élections
présidentielles de novembre 1932, Hoover, qui n’a pas su trouver des solutions pour enrayer
la crise, est battu par le démocrate Roosevelt qui va mettre en œuvre des solutions
audacieuses.
1.4 La crise devient mondiale
L’Europe est touchée la première et d’abord l’Autriche et l’Allemagne qui ont bénéficié le
plus des investissements américains. Le Royaume-Uni, qui a beaucoup prêté à l’Allemagne
et à l’Europe centrale, est touché immédiatement. La France résiste mieux car son système
bancaire plus traditionnel est moins lié au capitalisme international. Toutes les économies
européennes sont atteintes par la diminution de leurs exportations et la raréfaction des
capitaux. Dans le reste du monde, les pays vendeurs de matières premières (cuivre du Chili,
laine d’Australie) ou de denrées alimentaires (café du Brésil, cacao d’Afrique occidentale),
sont souvent des mono-exportateurs (ils exportent un seul produit). Ils se trouvent
confrontés à des stocks d’invendus en raison de la baisse de la demande aux États-Unis et
en Europe et à l’augmentation des tarifs douaniers. Les stocks sont alors détruits. Ces
difficultés accentuent l’exode rural qui alimente la croissance des bidonvilles.
La crise, qui multiplie les victimes, épargne certaines catégories comme les fonctionnaires, les
propriétaires de biens fonciers ou immobiliers et ceux qui détiennent des emprunts garantis
par l’État. Le sentiment d’injustice nuit au consensus social et se manifeste par des flambées
de colère contre les pouvoirs en place rendus responsables de la misère. Certains partis
extrémistes en profitent comme le parti nazi en Allemagne (voir leçon 20) ou les ligues en