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Introduction
Madame la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé m’a confié la mission de proposer une
évolution des modalités de financement des établissements de santé afin de rendre ce financement
plus proche des activités des professionnels de santé, plus adapté aux prises en charge des patients à
l’heure des maladies chroniques, et moins centré sur les structures existantes. Deux lettres de
mission en date du 10 novembre 2015 et du 20 juin 2016 ont formalisé cette demande.
J’ai constitué un comité de réflexion composé d’experts, médecins, directeurs, économistes,
sociologues… de toutes sensibilités et issus des secteurs public, privé lucratif et non lucratif. Ce
comité, dont la composition a pu évoluer au fil des travaux pour tenir compte notamment de la
richesse des thèmes abordés, s’est réuni très régulièrement. Les auditions et tables rondes ont été
nombreuses, les échanges ont été animés et constructifs. Je veux ici remercier très vivement
l’ensemble des membres du comité qui ont contribué à ce travail, mais aussi les représentants des
fédérations, des conférences, des syndicats, les personnalités qualifiées, la CNAMTS, l’IGAS et les
élèves directeurs d’hôpital en appui sur cette mission. Nous avons pu compter sur le soutien actif des
administrations centrales et régionales, au premier rang desquelles la DGOS.
La première partie des travaux du comité s’est inscrite dans un référentiel T2A, c'est-à-dire qu’il
s’agissait de formuler des propositions susceptibles d’être reprises rapidement dans le cadre de la
dernière Loi de Finances de la Sécurité Sociale du quinquennat, la LFSS 2017, visant à adapter la T2A
là où cela s’avérait nécessaire. Le rapport d’étape publié au début du mois de juin 2016 contenait
ainsi plusieurs propositions dont certaines ont été arbitrées favorablement par madame la Ministre,
de sorte que le financement des soins critiques, en SSR, en établissement de proximité, en hôpital de
jour, ou encore les soins pluri professionnels ambulatoires, sont ou seront réformés en conséquence.
La seconde partie des travaux du comité visait à s’affranchir du référentiel T2A pour proposer de
nouveaux modes de financement des établissements de santé, conséquemment aux observations
inscrites dans le rapport d’étape. Celles-ci soulignent les atouts de la T2A, tel le développement
d’une approche médico-économique, le rétablissement d’une équité entre établissements et entre
territoires, la capacité à contractualiser en interne ou en externe sur la gestion des moyens et sur la
qualité. Le rapport fait aussi le constat des effets négatifs de la T2A, qui, si elle semble plutôt bien
adaptée aux actes standardisés et techniques, rend peu compte de la complexité des parcours des
patients atteints de maladies chroniques. Plus encore, les tarifs semblent être devenus une variable
d’ajustement dans une régulation prix/volume qui répond avant tout à l’objectif de respecter
l’ONDAM, créant des tensions au sein des établissements, au sein des équipes. Dans un contexte de
contrainte sur le niveau de financement, le modèle de répartition au prorata de l’activité rend
difficile toute perspective de développement d’activité, d’innovation, d’investissement. Or les modes
de prise en charge des patients peuvent évoluer très vite sous l’effet d’innovations de rupture
soutenues par les techniques médicales, le numérique, les dispositifs médicaux, l’apparition
permanente de nouvelles molécules. La prise en compte de ces évolutions pourtant utiles aux
patients est souvent retardée, et il est constaté un déficit d’anticipation et de prospective. Les
pratiques professionnelles elles-mêmes ne cessent de se complexifier, complexité liée aux évolutions
rapides qui imposent des ajustements permanents, complexité liée à la nécessité d’adaptation à
l’environnement territorial, à la présence ou à l’absence de compétences spécialisées, à des besoins