HPE fin chap 1 et chap 2 Romain Ricard

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05/02/2013
1ere Partie : Chapitre 2
Le Mercantilisme (16-17ème siècle) L’Economie au service du
Roi
A) Introduction
Contexte historique : Après les drames du 14ème (guerre de 100 ans, la peste), le 15ème siècle voit 3
grandes mutations qui conduisent à la Renaissance :
-
De grandes découvertes
1) De nouvelles routes commerciales :
Amérique : Route de l’or et de l’argent
Indes : Routes des Epices
2) L’afflux d’or et d’argent induit le financement de grands mouvements d’échanges
internationaux
3) Appauvrissement relatif de la noblesse de terre au profit de la classe commerçante
1er bouleversement des mentalités : le commerce devient une activité digne de louanges, rôle des
marchands et de l’afflux de monnaie dans la naissance du capitalisme
-
La révolution industrielle en gestation
Des industries naissantes : imprimerie, artillerie, textile de luxe
2ème bouleversement des mentalités : apparition d’une « mentalité de l’entrepreneur »
- Emancipation par rapport à l’Eglise
1) Les humanistes de la Renaissance revoient leurs principes : il est possible de penser par soimême et ainsi de maitriser la nature par le savoir (Vinci, Copernic, …)
3ème bouleversement des mentalités : L’être humain peut devenir « maître et possesseur de la
nature » (Descartes)
2) La Reforme : Elle est le fait de religieux qui remettent en cause la structure politique et
idéologique de l’Eglise
Rapport direct entre la personne et le divin (liberté de conscience)
Le travail = une vertu
Les fruits du travail = les signes de la prédestination
4ème bouleversement des mentalités : Weber La richesse comme signe de prédestination
(l’enrichissement est un signe divin). Cela contribue au développement du capitalisme.
Caractérisation du mercantilisme
« mercante »=marchand (italien) renvoie au commerce et à l’industrie qui sont au centre des
préoccupations du moment.
Un ensemble de penseurs vont former non pas une Ecole de pensée mais une tendance centrale
dans la pensée économique des 16 ème et 17ème siècles (un mouvement intellectuel cosmopolite qui
se développe dans toutes l’Europe).
A la base, un problème commun : Comment fournir à l’Etat (c’est-à-dire le Roi) les moyens d’une
puissance renforcée ?
-
L’enrichissement est une fin louable
Montchrestien (Traité d’Economie politique, 1616) « L’Heur des hommes, pour en parler à notre
mode, consiste principalement en la richesse. »
-
L’enrichissement des citoyens est le moyen d’accroitre la puissance de l’Etat,
c’est-à-dire le Roi
« Les princes doivent faire trouver à leurs sujets les moyens de s’enrichir. »
3 idées communes :
1) L’Economie fonctionne comme un jeu à somme nulle
« Il n’y a personne qui gagne qu’un autre ne perde » BODIN
Autrement dit : le commerce international créée globalement aucune richesse, seulement une
circulation de richesses. Il ne fait que redistribuer entre les nations les richesses préexistantes.
Question : Faut-il être protectionniste ? Il faut être protectionniste pour éviter que la richesse ne
diminue. Mais si le protectionnisme permet d’éviter la baisse de la richesse, qu’est-ce qui lui permet
de l’augmenter ? Un excédent commercial... (Contradiction)
2) Le 1er moyen pour augmenter la richesse de l’Etat est l’afflux de monnaie (développer un
avantage financier)
Moyen considéré comme le plus direct et le plus évident
Surtout développé et exploité en Espagne et au Portugal : BULLIONISME
Recherche de l’Eldorado = l’une des principales motivations de la colonisation de l’Amérique latine
Possesseurs des principales mines fournissant à l’Europe les métaux précieux.
Question : Comment conserver cet or ?
Les Bullionistes proposent la thésaurisation :
Interdiction des sorties d’or interdiction de l’accès des commerçants étrangers aux ports espagnols
(y compris en Amérique)
Interdiction des importations : commerce exclusif entre les colonies et la métropole (production de
certains biens interdite dans les colonies)
Interdiction des exportations : On a peur que l’or ne s’échappe sous couvert d’exportations.
Conséquences :
Pénurie : Toute l’activité est concentrée sur l’entrée d’or en provenance d’Amérique du Sud (Bolivie,
Pérou, Mexique).
Pas d’activités agricoles, ni d’activités industrielles
=>disettes, famines, difficultés de se nourrir même chez les plus riches
Inflation : abondance de l’or et difficulté de se procurer des denrées => hausse des prix
Conclusion : La possession de mines d’or et d’argent, et le fait de vouloir s’enrichir par cela leur a
plutôt procuré des malheurs
3) Le 2nd moyen pour augmenter la richesse de l’Etat est de développer l’industrie
(manufactures et commerces)
Stimuler le développement des manufactures et du commerce par une pratique volontariste.
a) Le Colbertisme (mercantilisme à la française)
Colbert (1619-1689) Ministre de Louis XIV, protégé de MAZARIN, et rival de Fouquet
Un mercantilisme manufacturier et commercial, dirigiste et protectionniste. C’est un
développement « industriel » fortement encadré par l’Etat avec lois protectionnistes et
fabriques étatiques.
Comparaison avec l’Angleterre et la Hollande : Mêmes objectifs,
La recherche de la suprématie dans les échanges grâce à une balance commerciale
suréquilibre
Le Colbertisme est un mercantilisme dirigiste, de type commercial et manufacturier.
Développement de l’industrie manufacturière avec création de monopoles et de fabriques
d’Etat : ces manufactures d’Etat sont protégées par des droits de douanes prohibitifs.
Ex : tapisseries des Gobelins et de Beauvais, manufactures d’armes de Tulle et de St Etienne
Dans le domaine commercial, fondation de grandes compagnies commerciales maritimes
avec privilèges et monopoles : les compagnies maritimes contribuent au commerce entre la
métropole et les comptoirs commerciaux
Développement de la marine marchande et militaire
Développement des infrastructures : réseaux de canaux et routes
Fortification des ports maritimes
En Angleterre et en Hollande, le mercantilisme est plus souple, de type commercial et
financier
-
Suprématie sur les mers
-
Les Hollandais fondent les 1eres compagnies maritimes
Les Anglais créent un monopole sur le commerce des épices
Les succès du Colbertisme
A permis d’assurer l’indépendance économique et financière de la France
A permis de créer une activité manufacturière fondée sur la qualité et le savoir-faire français
(importation de matières premières à bas prix et exportations de produits finis de luxe)
A permis de développer un réseau routier et maritime important, donc de désenclaver les
campagnes.
Jusqu’à la mort de Colbert, les finances publiques sont équilibrées. Mais à sa mort, on
observe une détérioration liée aux dépenses somptuaires du roi et aux dépenses militaires.
Lorsque le régent prend le pouvoir en 1715, les finances publiques sont dans un état
désastreux.
b) Le mercantilisme fiduciaire de John LAW (1671-1729)
John LAW propose au régent la création d’une banque centrale en France émettant des
billets gagés sur l’activité économique.
John Law est un écossais arrivé en France en 1714 (il s’est très vite enrichit grâce aux jeux
d’argent).
Il se forme une réputation de boursicoteur. Il rencontre le Duc d’Orléans ( le régent) et lui
propose en 1716 de créer la Banque Générale :
-
Elle émet des billets convertibles en échange de dépôts de monnaie métallique
(or).
Peut racheter des effets de commerce (traites) contre des billets (banquier
avance l’argent au créancier moyennant commissions et agios).
Le montant des billets en circulation dépasse alors la quantité d’or détenue dans les caisses
de la Banque.
 Comment le bouclage du système est-il possible ?
L’idée de LAW = le supplément de billets créé par la banque est gagé sur les profits réalisés
par l’activité du commerce extérieur.
L’Etat prend le contrôle des principales compagnies de commerce maritime (compagnies du
Mississipi, d’Occident, …) et crée une seule grande compagnie (Compagnie Perpétuelle des
Indes)
Les créanciers de la Couronne peuvent échanger leurs créances contre des actions de la
compagnie dont on attend de gros profits.
L’émission de billets est gagée sur les stocks d’or déposés st sur l’activité de la compagnie.
L’Expérience fonctionne bien jusqu’en 1720. En 1718, la banque Générale de vient la banque
Royale (et LAW est nommé contrôleur Générale des Finances). Mais en 1720, l’expérience
est menacée par une bulle spéculative que LAW n’arrive pas à contenir.
1720
Bulle spéculative sur les actions de la compagnie qui passent de 500 à 15000 livres
(disproportionné par rapport aux possibilités de mise en valeur de la Louisiane)
-
Perte de confiance dans les billets
Panique : les actionnaires vendent, les porteurs veulent échanger leurs billets en
or.
Banqueroute : LAW s’enfuit à Venise et la Banque Royale disparaît
Il faudra attendre Napoléon (1800) pour créer la Banque de France (bien que privée).
Elle n’obtiendra le monopole de l’émission des billets qu’en 1848 (et c’est seulement en
1945 que la banque de France est nationalisée.
Le mercantilisme est une pensée pragmatique qui n’a de portée que par les résultats
concrets qu’elle a permis de réaliser. Ainsi, avec l’échec de John LAW, ses idées n’ont pas
été reprises.
Pour les mercantilistes, la pensée économique est au service du Roi.
Mais avec le développement commercial et manufacturier, les comportements des
différents agents économiques sont de plus en plus perçus comme autonomes (logique
propre indépendante de la volonté du Roi). A la fin du 17 ème siècle, le mercantilisme est donc
vu comme une pensée insuffisantes (trop dépendante du Roi, la pensée mercantiliste ne va
plus de soi, les agents agissent indépendamment de la volonté du Roi).
Deuxième Partie : 18ème siècle
1) Contexte historique : la Naissance du Capitalisme
Le 18ème siècle voit l’émergence du capitalisme.
Le capitalisme est un système d’accumulation du capital (càd de la richesse) fondé sur la
recherche du profit.
Il se caractérise par : la propriété privée des moyens de production, le salariat
(marchandisation du travail) et la liberté des échanges (marchés en concurrence).
1) Naissance en Angleterre
- 1ère révolution industrielle à partir de 1750 centrée sur la métallurgie et le textile.
Elle est déclenchée par le mouvement des enclosures : les gros propriétaires terriens
imposent au parlement le vote de lois obligeant tous les propriétaires à enclore leurs
domaines.
Conséquences : Appauvrissement des petits propriétaires (enclosures non rentables) et des
paysans (qui ne peuvent plus bénéficier des terres communes).
Une main-d’œuvre agricole migre vers les villes et constitue la classe ouvrière. Apparition de
la société capitaliste divisée en 3 classes : capitalistes, rentiers, ouvriers.
Cette 1ere révolution industrielle née en Angleterre s’étend progressivement aux autres
pays d’Europe durant toute la 1ère moitié du 19ème siècle.
-
2nde révolution industrielle (1860-1920) centrée sur l’électricité.
Il s’agit d’un développement simultané en Angleterre, aux USA, en France et en Allemagne.
2) En France
Industrialisation progressive tout au long du 18ème siècle.
Fin 18ème, l’économie française reste à dominante agricole (plus des ¾ du revenu national
proviennent de l’agriculture.
Mais l’agriculture commence son déclin
1ère cause : il se manifeste par l’augmentation de la superficie des terres incultes alors que
les manufactures et le commerce continuent des se développer.
2ème cause : Ce déclin de l’agriculture française est lié à la misère des populations rurales (les
terres sont chargées d’impôts, de redevances royales et seigneuriales, et les cultivateurs
sont corvéables à merci).
 Police des grains pour contrôler les prix et prélever des droits sur les marchés et des
foires
3ème cause : Louis XIV a attiré à la Cour les nobles ayant de grands domaines pour les faire
dépendre de son pouvoir. Il a suscité en eux le mépris de l’agriculture et les a pousser à la
dépense de luxe pour les endetter. De plus, la politique de Louis XIV a pour but de priver les
nobles de leurs terres afin d’avoir la main sur eux
Conséquences :
-
Pas d’investissement dans l’agriculture
Consommation de luxe florissante pour le commerce et l’industrie
Les paysans abandonnent progressivement les terres et campagnes
(Alors qu’en Angleterre, le mouvement est très brutale et liée au mouvement des
enclosures, en France le mouvement est beaucoup plus progressif tout au long du 1_ème
siècle et une bonne partie du 19ème siècle.
-
Les capitalismes marchand et industriel s’ancrent de manière progressive mais
certaine dans la société française.
Mais il faudra attendre la 2nd moitié du 19ème siècle pour que le capitalisme financier
s’installe en France
QCM du 13/02/2013
12/02/2013
2. Naissance de la Science Economique
L’Economie=un système autonome régi par des lois différentes
- Des lois divines
- Des lois de la cité
- De la volonté du Roi
- Des lois naturelles
(Interdépendance des agents économiques)
Paradoxalement, la science économique est née en France et non pas en Angleterre.
Chapitre 1
François Quesnay et l’Ecole Physiocratique
1750-1776
A. Un précurseur
Cantillon (1697-1735)
Banquier d’origine irlandaise
1755 : Essai sur la Nature du Commerce en général
Il s’interroge sur l’existence de lois régissant les marchés.
Si les biens circulent c’est parce qu’ils sont recherchés pour eux-mêmes, c’est-à-dire qu’il ont
de la valeur.
Donc, la théorie de la valeur doit être au centre des théories de marché.
Il constate :
- Les individus recherchent la richesse
- La richesse provient de ce qui a de la valeur
- Un supplément de richesse provient de ce qui crée de la valeur
Cantillon propose une théorie dualiste de la valeur entre la valeur intrinsèque et la valeur
de marché de ce bien.
La valeur intrinsèque d’une chose est proportionnelle aux coûts de production (facteur
travail et terre), c’est la quantité de terre et de travail nécessaire à sa production.
La valeur de marché est le prix ou la valeur d’échange.
Ces deux valeurs sont-elles égales ?
Autant la valeur intrinsèque du bien est toujours la même, autant la valeur d’échange peut
varier en fonction de l’équilibre Offre / Demande.
Il faut donc faire la distinction entre la valeur monétaire d’un bien = l’apparence (prix sur le
marché), et la valeur réelle du bien = la réalité (la quantité de facteurs nécessaire à sa
production)
 Comment égaliser la valeur intrinsèque et la valeur d’échange d’un bien ?
Il faut équilibrer Offre et Demande. Pour cela, il faut laisser faire le marché.
 Comment mesurer la valeur intrinsèque d’un bien ?
A partir de la quantité de travail et de terre nécessaire pour produire le bien.
Au 18ème siècle, les salaires sont proches du niveau de subsistance.
Conclusions de Cantillon
Postule qu’il existe des lois économiques qui reposent sur une théorie de la valeur. La source
de toute la valeur est la terre (quantité de terre nécessaire à produire le bien). Ces idées
vont être développées, systématisées et enrichies par les physiocrates.
B. François Quesnay et l’Ecole Physiocratique
« L’Ecole physiocratique fut la première à présenter le fonctionnement d’une économie en
termes de classes sociales » Joan Robinson
Principales idées
-
-
Le domaine économique = régi par un système de lois (physiocratie => sciences
de la nature)
Le système repose sur la circulation des biens et de la monnaie entre les classes
sociales (tel une circulation sanguine, la monnaie et les biens circulent dans
l’économie entre les classes dans un circuit fermé)
Ces flux de monnaie et de biens sont quantifiables
Quesnay (1694-1794)
Médecin à la Cour de Louis XV, il excelle en chirurgie et … en économie.
Il propose « le tableau économique » duquel il tire 3 lois :
-
Les dépenses donnent vie à la production (la Demande crée l’Offre)
La production crée des revenus
Les revenus alimentent les dépenses
Quel est le principe sous-jacent ? Toute l’activité économique est entretenue par le
mouvement du revenu entre les différentes classes sociales.
3 classes sociales avec 3 fonctions économiques et 3 types de revenus :
-
-
La classe productive (ou fermiers)
Création de valeur tirée des ressources de la terre
Du revenu brut est déduit la rémunération de la classe productive
La classe des propriétaires fonciers
Rémunérée par le produit net (revenu brut – rémunération des fermiers)
La classe stérile
Elle est formée de tous les citoyens occupés d’autres services et travaux que
ceux de l’agriculture. Elle ne travaille pas la terre => pas de supplément de valeur
mais ils l’utilisent pour transformer les biens.
 Il y a donc une interdépendance entre les classes = les dépenses des uns font les
recettes des autres.
2 flux en sens inverse
-
Un flux réel = mouvement de biens (source de richesse = la production)
Un flux monétaire = mouvement de la monnaie (régler les transactions d’une
classe à l’autre)
La classe productive produit une valeur supérieure à ce qu’elle offre (elle produit 5M et et
offre 3M
-
2M = autoconsommation
1M = avance qu’elle dépense en achats d’ouvrages
2M = avance qu’elle verse au propriétaire sous forme de rente au début de la 2 nd
période
La classe stérile produit une valeur totale égale à ce qu’elle offre (2M)
-
Elle reçoit 2M ( 1M des propriétaires et 1M des fermiers)
Elle dépense 1M de biens de subsistance en 1ère période
Elle constitue une avance de 1M pour l’achat de matières premières en 2nd
période
La classe des propriétaires a un droit naturel à prélever le surplus comme rente (loyer de la
terre). C’est dans l’ordre de la nature, c’est la terre qui est productive, donc son revenu net
revient au propriétaire de la terre.
La reproduction des richesses
Différent d’un régime d’accumulation et de croissance.
Il s’agit d’un régime de reproduction (reconstitution des avances en fin de période).
Source de valeur = la terre Le propriétaire de la terre a le droit de percevoir le surplus tiré
de l’exploitation de la terre.
« C’est la nécessité des dépenses que les propriétaires seuls peuvent faire pour
l’accroissement de leurs richesses et pour le bien général de la société, qui fait que la sureté
de la propriété foncière est une condition de l’ordre naturel … »
La propriété est le fondement de tout ordre social parce qu’elle reflète l’ordre naturel. Les
lois économiques sont fondées sur les lois naturelles, et donc les lois de la propriété. Dans
les faits :
-
Les propriétaires fournissent aux paysans les moyens de production.
Par leurs dépenses en biens agricoles et manufacturés, ils font circuler les biens et
la monnaie.
Ne pas perturber l’ordre naturel implique :
-
Laisser faire (pas d’intervention de l’Etat) = libre circulation des biens et de la
monnaie
Les propriétaires fonciers étant nécessaires à la prospérité, leurs propriétés
doivent être protégées
Le développement des techniques de grandes cultures permet d’augmenter la
productivité « Abondance avec cherté est opulence »
Conclusions de Quesnay
1ère analyse du système économique sur le modèle des sciences de la nature mais il s’agit
d’une analyse du système économique de la société d’Ancien Régime.
Quesnay = un mélange de modernisme et de conservatisme




- Modernisme :
Il a inventé la science économique (précurseur de l’approche macroéconomique)
Il a défendu le libre échange
- Conservatisme :
Culte de la nature rurale
Rapports de force en faveur des nobles
Or, dans le contexte de la 2nd moitié du 18ème siècle, ce conservatisme devient suranné…
En France : Les Lumières et la Révolution Française
En Angleterre : La Première Révolution Industrielle
Chapitre 2
Adam SMITH (1723-1790)
1er penseur du capitalisme, fondateur de l’école classique
L’Ecole Classique
-
L’Economie = régie par des lois naturelles : les lois du marché
Ce système s’appuie sur la division en 3 classes sociales (prolétaires, rentiers,
capitalistes)
Source de la richesse (surplus net) = le travail
Problèmes majeurs des classiques
1. Quelles sont les lois de fonctionnement des marchés ?
2. Comment la richesse produite est-elle répartie ?
2 grands thèmes chez Adam SMITH
- « la main invisible » et le laisser-faire (fondement du libéralisme économique des
classiques
- La valeur travail : l’accumulation du capital est à la fois condition et conséquence
de la richesse
Plan
1. La main invisible
a) Dans La Richesse des Nations
b) Comparaison avec La fable des abeilles de Mandeville
2. La valeur travail
a) La division du travail et l’exemple de la fabrique d’épingles
b) Valeur travail et valeur d’échange
3. Conclusion : libéralisme économique et croissance
1. La main invisible
a) La Richesse des Nations
L’égoïsme pousse à rechercher en tout son intérêt personnel
Sur le marché, l’intérêt du vendeur est la maximisation du gain.
Mais dans un contexte de concurrence, il agit sans le savoir (de manière in intentionnelle)
pour le bien général :
- Par la recherche de gains de productivité grâce à la division du travail et la
mécanisation
- Par la recherche de marchés porteurs (sensibilité à la demande grâce à la
concurrence)
La main invisible est donc le système de la concurrence.
Prof absente le 19/02/2013
05/03/2013
Le mécanisme de la concurrence ou mécanisme de la main invisible est un mécanisme
d’autorégulation :
- Pas d’autorité planificatrice
- Ajustement automatique par les prix
La concurrence permet de satisfaire au mieux les intérêts de chacun et de tous
(« optimale »)
Paradoxe
Le jeu de marché est fondé sur la liberté des offreurs et des demandeurs. Il s’agit de
l’expression de l’égoïsme, nous sommes attirés par le marché pour le bien de chacun et de
tous.
 Le marché se nourrit-il du vice ?
b) Comparaison avec La fable des abeilles de Mandeville
MANDEVILLE (1670 -1733)
Médecin hollandais qui s’installe en GB en 1963.
La ruche = métaphore de la société humaine (division du travail).
Il dresse un tableau réaliste de la situation : les agents sont opportunistes, ils profitent dès
qu’ils peuvent de situations avantageuses au mépris de la morale et de la vertu.
Le vice est présent partout dans la ruche.
Ex :
Avocats = voleurs car ils cherchent les failles de la loi
Médecins = escrocs ignorants
Prêtres = paresse, luxure, avarice et orgueil
Soldats = parasites qui profitent d’une blessure pour vivre d’une pension
Ministres = détournent l’argent public
Justice = au service des riches et des puissants
Pourtant ces vices profitent à la société. Le vice favorise l’innovation, l’entreprise, l’emploi et
la circulation monétaire.
Ex : l’alcoolisme, les désirs insatiables, la luxure, etc… encouragent l’activité économique et
accroissent la richesse sociale.
A contrario, la vertu entraîne la ruine de la société.
 Pour être prospère, la société doit-elle être soumise au vice généralisé,
Dans une société où le vice serait généralisé, tout le monde agirait en cherchant à se
détourner des lois, à exploiter les moindres faiblesses d’autrui, à tromper, à voler et à
escroquer…
Dans cette société, plus personne ne pourrait avoir confiance en l’autre.
La défiance généralisée empêcherait quiconque de s’engager dans une transaction.
Il faut donc limiter le développement des vices : pour que l’état des affaires soit propice à
l’activité économique il faut un minimum de confiance entre les agents !
Problème
-
Le vice engendre la prospérité
Trop de vice dissout le lien social (état de nature)
Il faut donc limiter le développement des vices
Mais réguler les comportements est une entrave à la liberté d’échange donc au
mécanisme de la main invisible…
 Comment contenir les vices et assurer la confiance ?
a) Réponse de MANDEVILLE
Dilemme entre morale privée et intérêt public = indépassable
La morale privée exige la modération des passions (restreindre nos désirs, limiter sa
consommation, tandis que l’intérêt public se nourrit de cette démesure.
Ex : l’alcoolisme = un vice privé, un bien public
(Car le commerce de l’alcool est une activité florissante qui profite à tous – marchands et
Etat)
Ex : le vol = un vice privé, un bien public
(Une manière de remettre en circulation l’argent thésaurisé par les riches)
Quid de la Hollande
Réputation en Europe = une nation riche et vertueuse
La Hollande est pauvre en terres cultivables et ressources naturelles. Elle doit donc importer
ses biens de consommation. Les hollandais épargnent beaucoup sur leur consommation
quotidienne.
C’est surtout une grande puissance maritime et commerciale.
L’Etat prélève beaucoup d’impôts pour développer une puissante flotte maritime et
commerciale.
Pour MANDEVILLE, c’est une nation dont le principal vice est l’hypocrisie. Les
comportements vertueux sont adoptés non par vertu mais par intérêt !
Les hollandais épargnent sur leur consommation quotidienne pour mieux dépenser en biens
de luxe.
« Ils possèdent de plus beaux habits et possèdent des meubles de plus grande valeur (que
leurs voisins)… Ils sont follement extravagants quant à leurs bâtiments et à leurs jardins. »
Ex : Tulipomanie en 1637 : un bulbe = 15 fois le salaire annuel d’un artisan.
1ère bulle spéculative de l’Histoire.
On a donc bien partout dans les nations prospères contradiction entre la morale
privée et l’intérêt public.
Le choix impliquera toujours soit le sacrifice de la prospérité, soit le sacrifice de la moralité.
Ex : la vente d’alcool et de tabac = intérêts conflictuels pour la nation.
Prospérité : satisfaire les lobbies industriels et marchands et assurer des recettes fiscales
élevées = laisser faire.
Moralité : Protéger la santé publique et les bonnes mœurs = restreindre l’usage excessive
d’alcool et de tabac.
Conclusion
La société capitaliste n’est pas un monde serein et apaisé. Il s’agit d’un monde tourmenté,
qui trouve ses conditions d’existence dans tous les ressorts de la vie humaine, y compris les
plus sombres et les plus violents.
b) Réponse d’Adam SMITH


Adam Smith rejette cette vision cynique de l’être humain et pessimiste de la société
capitaliste.
Adam Smith est un optimiste : pour lui, il y a moyen de contenir les vices que suscite
la recherche du profit sans renoncer à la liberté des marchés.
 2 solutions possibles au problème de limitation des vices :
- Recourir à la loi
Encadrer le marché juridiquement (réguler par voie d’autorité les comportements
individuels). Renoncer aux bienfaits de la libre concurrence (c'est à dire de la main invisible)
- Recourir à la morale
Solution morale : le spectateur impartial.
Il s’agit d’un mécanisme interne de modération des passions.
Nous agissons sous le regard et le jugement des autres (nous voulons être approuvés,
admirés, aimés), pour cela nous restreignons nos passions (mécanisme du spectateur
impartial).
Grâce à notre sociabilité, la nature qui est en nous nous pousse à modérer nos passions.
Conclusion
La nature agit doublement pour le bien public. Avec le mécanisme du spectateur impartial
elle modère les passions trop violentes. Avec le mécanisme de la main invisible elle rend
compatible les intérêts individuels.
Ces 2 mécanismes assurent au sein de la société capitaliste, la compatibilité entre morale et
prospérité.
Avec Adam Smith, on a une vision sereine donc optimiste de la société capitaliste et des
conditions de sa prospérité : laisser faire les lois de la nature dans le domaine économique et
social.
2.
La division du travail
La spécialisation des tâches
=/ le travail artisanal : une personne accomplit tout le processus de fabrication
=/ le travail à la chaîne
1 tâche = 2 ou 3 opérations distinctes
La division du travail engendre des gains de productivité.
- Des tâches à la fois différentes et complémentaires
- Pas besoin de formation, l’effort seul suffit.
« L’accumulation du capital est un préalable nécessaire à la division du travail, le travail ne
peut recevoir de subdivisions ultérieurs qu’en proportion de l’accumulation progressive des
capitaux » Adam SMITH, La Richesse des Nations
Pas de gains de productivité sans division du travail et pas de division du travail sans
accumulation préalable du capital, c'est à dire sans surplus antérieur.
Réciproquement, l’accumulation du capital conduit à l’extension de la division du travail.
L’accumulation du capital est à la fois condition et conséquence de l’enrichissement des
nations (i.e. croissance).
3. Revenus et conflits de classes
La société capitaliste est un état très avancé de la société.
La société est divisée en classes (=/ travailleurs indépendants et autoconsommation) avec un
régime de croissance (=/ état stationnaire de la société d’Ancien Régime).
3 classes sociales :
- Propriétaires fonciers : appropriation des terres (rente)
- Capitalistes : appropriation du capital (profit)
- Travailleurs : propriétaires de la force de travail (salaire)
 Quelle est la source de la richesse partagée entre les différentes classes ?
Adam SMITH distingue valeur d’usage et valeur d’échange.
Ex : l’eau => grande valeur d’usage et faible valeur d’échange
Diamant => faible valeur d’usage et grande valeur d’échange
Distinction entre prix nominal et prix réel.
Prix nominal
- La monnaie est un étalon de valeur
-
Prix réel
-
Mais ce n’est pas un étalon invariable de la valeur (fluctuation de la valeur de la
monnaie en fonction de la quantité de monnaie en circulation)
Fixée par un étalon de valeur stable
« Le seul étalon fondamental et réel avec lequel on peut en tout temps et en tout
lieu estimer et comparer la valeur de toutes les marchandises. »
Pour Adam SMITH, ce qui détermine le prix réel est la quantité de travail « commandé ».
La valeur d’une marchandise est la quantité de travail commandée en échange de cette
marchandise.
Avec la théorie du travail commandé, Adam SMITH assimile pouvoir et richesse.
La valeur réelle de la marchandise (quantité de travail commandé) est répartie entre :
- Les salaires = prix de la force de travail
- Les profits = rémunération du capital (tirée sur le surtravail)
- La rente = loyer de la terre (joue un 2nd rôle)
La source de l’enrichissement des capitalistes est
- Le surtravail
- La part du profit du travail qui ne revient pas au travailleur
La société capitaliste est une société conflictuelle
 Des conflits d’intérêts entre classes sociales : capitalistes vs. Ouvriers
Conflits d’intérêts : les capitalistes veulent accroître au maximum le surproduit ce qui
implique de réduire au minimum les salaires, tandis que les ouvriers ne sont pas en position
de négocier.
Le rapport de force est nécessairement à l’avantage des « maîtres » :
- La richesse fait le pouvoir
- Ententes implicites entre capitalistes contre les ouvriers
- Les ouvriers n’ont pas de ressources pour maintenir un mouvement de révolte
dans la durée
La seule contrainte dans la fixation des taux de salaire est le minimum de revenu qui assure
un salaire de subsistance (qui assure la reproduction naturelle de la force de travail).
 Des conflits d’intérêts à l’intérieur même de la classe des capitalistes.
Tendance contradictoire du capitalisme : La concurrence tend en même temps à accoître les
taux de profits et à les baisser.
1. Accroissement du taux de profit sous l’effet de la concurrence
Concurrence => intensification capitalistique : on investit dans des machines toujours plus
performantes => augmentation des gains de productivité => augmentation du taux de profit.
= enrichissement et croissance
2. Tendance négative du taux de profit
Concurrence => baisse des prix => baisse des profits => baisse des taux de profit
= stagnation
1ère solution : entente entre les capitalistes pour fixer les prix (ex : cartels) => mauvaise idée
2ème solution : conquérir sans arrêt de nouveaux marchés (ex : colonies).
Pour le 2nd QCM :
CANTILLON
PHYSIOCRATES
ADAM SMITH
C'est à dire chapitre 1 à partir de la page 7
Rappels historiques
Contexte économique : développement accéléré du capitalisme marchand, industriel et
financier (dimension internationale).
2ème révolution industrielle (2ème moitié du 19ème siècle) :
Centrée sur l’électricité et son développement simultané en Angleterre, en France, etc.
Contexte politique et social : instabilité
La 1ère moitié du 19ème siècle est marquée par les guerres napoléoniennes. Des peuples ont
été décimés par les guerres et leur niveau de vie ne s’améliore pas.
La 2ème moitié du 19ème siècle est marquée par une instabilité sociale du à la consolidation
des empires coloniaux et à la paupérisation accrue de la classe ouvrière.
L’Ecole Classique = l’héritage d’Adam SMITH
3 principes :
- L’Economie est un système de marchés régi par des lois naturelles.
- Ce système s’appuie sur la division en 3 classes sociales (ouvriers, rentiers et
capitalistes)
- La source de la richesse est le travail.
Les nouveaux économistes du 19ème siècle vont s’appuyer sur les principes déjà énoncés par
SMITH.
Pour lui, deux conséquences de ces idées :
- Le libéralisme économique (laisser faire le marché)
- L’optimisme : le capitalisme est une condition du progrès des nations.
Mais tous les économistes du 19ème siècle ne partagent pas l’optimisme d’Adan SMITH.
 L’Etat doit-il intervenir et dans quel but ?
Plan
Chapitre 1 : Les liberaux
Adam Smith a raison de fonder ses espoirs sur le capitalisme. (RICARDO, J.B.SAY)
Chapitre 2 : Les Utilitaristes (=réformistes)
L’Etat doit intervenir pour lutter contre la pauvreté et la misère. L’Economie vit sur un
système d’esclavage déguisé. Ils porposent des principes d’i,ntervention de l’Etat dans
l’économie (BENTHAM, John Stuart MILL)
Chapitre 3 : Les socialistes
Le capitalisme n’est pas viable. Il faut une autre structuration des rapports sociaux et des
rapports de production
Utopistes : SISMONDIO, FOURIER, SAINT-SIMON
Anarchistes : PROUDHON
Socialisme scientifique : MARX
Chapitre 1 : Les Libéraux
I.
RICARDO
1817 « Des principes de l’économie politique et de l’împot. »
Il introduit la notion de modèle mathématique en économie.


Théorie de la rente : analyse les lois de la répartition dans une économie à un seul
bien- le blé (loi de la baisse tendancielle des taux de profit)
Théorie de l’avantage comparatif : modèle de l’échange simplifié lié à la division
internationale du travail (ex : échange Portugal (vin)/ Angleterre (drap)
A. La théorie de la rente
Contexte historique :
1813-1814 : le blocus napoléonien provoque la hausse du prix du blé
1815 : capitulation de Napoléon
- Avec la paix nouvelle, le prix du blé chute.
- Discussion au Parlement : faut-il voter la Loi sur les Corn Laws ? (interdire
l’importation de céréales lorsque le prix est élevé).
RICARDO intervient au Parlement contre le vote de la loi. Son argument est la théorie de la
rente différentielle :
Dans l’agriculture, le travail tend naturellement à être moins productif car, les
besoins augmentant avec le nombre de la population, on cultive des terres de moins
en moins fertiles
Il faut donc :
Soit cultiver de nouvelles terres, et donc poursuivre la colonisation
Soit laisser les ajustements se faire librement au niveau du commerce
international (développer un avantage comparatif dans l’industrie).
RICARDO n’a pas été entendu et la loi a été votée.
A partir de ce moment les libéraux britanniques ne cessent de faire pression sur le pouvoir
politique.
C’est un combat de la bourgeoisie capitaliste contre l’aristocratie terrienne :
Les capitalistes comptaient sur l’effet multiplicateur des importations anglaises du blé,
augmentant les capacités de consommation des pays exportateurs (Russie, Prusse, USA) en
produits manufacturés anglais…
C’est en 1846 que la loi est abolie.
Le modèle :
La théorie de la rente différentielle soutient la thèse que le travail dans l’agriculture est
moins productif au fur et à mesure que le capitalisme grandit.
Il étudie une économie de production à un bien (le blé) en prenant en considération :
-
La valeur travail (quantité de travail nécessaire à la production du blé)
La structure de la répartition ave le salaire (rémunération de la force de travail), le
profit (rémunération du capital investi) et la rente (location de la terre).
RICARDO veut montrer que
« Les causes qui influent sur la hausse de la rente sont entièrement différente de celles qui
déterminent l’augmentation des profits, et qu’elles agissent rarement dans le même sens. »
« C’est donc uniquement parce que la terre varie dans sa force productive et parce que, dans
le progrès de la population, les terrains d’une qualité inférieure, ou moins bien situés, sont
défrichés, qu’on en vient à payer une rente. »
Le prix unitaire de blé est la quantité de travail à fournir sur la terre la moins fertile pour
produire cette unité.
Or, pour cette même quantité de travail, le produit sera plus élevé sur la terre la meilleure.
Le travail produit une survaleur sur les terres les plus fertiles.
Cette survaleur correspond à la rente, « la rente étant toujours la différence entre les
produits obtenus par l’emploi de quantités égales de capital et de travail ».
L’augmentation de la rente est due aux rendements décroissants dans l’agriculture.
La cause première est la pression de la demande dans une société capitaliste en expansion.
« le blé ne renchérit pas parce qu’on paie une rente ; c’est au contraire parce que le blé est
cher qu’on paie une rente »
Loi de la baisse tendancielle du taux de profit
« Les profits dépendent du niveau des salaires, les salaires des prix des biens nécessaires, et le
prix des biens nécessaires principalement du prix de la nourriture. »
« Les profits ont naturellement tendance à baisser car il faut sacrifier de plus en plus de
travail pour produire la quantité de nourriture supplémentaire. »
 Où mène cette baisse tendancielle des taux de profit,
La loi de la baisse tendancielle du taux de profit mène à l’état stationnaire.
Pour relancer le processus d’accumulation, 2 solutions sont possibles :
- Coloniser de nouvelles terres (pas tjrs possible)
- Importer
 Mais si on importe, où trouver les revenus ?
 Quelles sources de richesse exploiter ?
B. La théorie de l’avantage comparatif
Thèse de RICARDO : l’échange international est le moyen de compenser oiu de ralentir la
baisse tendancielle du taux de profit.
Modèle échange Portugal (vin) / Angleterre (drap)
Hypothèses :
- l’échange des marchandises est libre.
- Pas de circulation des facteurs de production (travail et capital).
Coût comparatif
- Le taux d’échange interne.
- Le rapport des coûts de production unitaire des deux biens pour un même pays.
- Le nombre d’heures de travail pour une unité de vin domestique / nombres
d’heures de travail pour une unité de drap domestique.
Coûts unitaires de
production (heures de travail
Portugal
Angleterre
Vin
Drap
80
120
90
100
Le Portugal dispose d’une productivité supérieure pour les 2 biens.
 Qu’en est-il des coûts comparatifs ?
Coût comparatif vin/drap au Portugal :
80/90=89/100
Au Portugal en autarcie, on échange une unité de de vin contre 0.89 unités de draps.
Coût comparatif vin/ drap en Angleterre :
120/100
En Angleterre en autarcie, on échange une unité de de vin contre 1.2 unités de draps.
Les vignerons portugais ont donc intérêt à exporter leur vin en Angleterre.
Coût comparatif drap/vin au Portugal :
80/90=100/112
Au Portugal en autarcie, on échange une unité de drap contre 1.12 unités de vin.
Coût comparatif drap/vin en Angleterre :
120/100=100/83
En Angleterre en autarcie, on échange une unité de drap contre 0.83 unités de vin.
Donc, malgré l’hypothèse de double supériorité de la productivité portugaise, les deux pays
peuvent bénéficier de l’échange international (on ne prend pas compte ici de la
productivité).
1er Théorème de RICARDO :
Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il dispose du plus
grand avantage de coût relatif, ou du plus faible désavantage relatif.
Notion : Division internationale du travail
Chaque pays doit se spécialiser dans la production où le rendement de l’heure de travail
domestique est le plus élevé.
Les termes de l’échange doivent s’établir entre une limite inférieure et supérieure
Limite inférieure : 1 vin =0.89 draps (Angleterre seule bénéficiaire de l’échange).
Limite supérieure : 1 vin=1.20 draps (Portugal seul bénéficiaire de l’échange).
2ème Théorème de RICARDO
Le commerce international repousse l’horizon de l’état stationnaire.
Du côté de l’agriculture :
Importation du blé à moindre prix => baisse du prix du blé=> baisse du coût réel du travail de
la rente=> maintien voire élévation du taux de profit.
Du côté de l’industrie :
Afflux de main d’œuvre libérée de l’agriculture => augmentation de la production de
produits manufacturés pour l’exportation=> élévation du taux de profit.
Conclusion :
RICARDO consacre l’hégémonie du marché au niveau mondial
Le commerce international est facteur d’enrichissement de toutes les nations et de paix.
Tout protectionnisme l’entrave.
« Il lie entre elles toutes les nations du monde civilisé par des nœuds communs de l’intérêt
par des relations amicales et en fait une seule et grande société (…) Il est avantageux pour
tous membres de la société car tous sont des consommateurs. »
 L’Histoire a-t-elle donné raison à RICARDO ?
Après l’abolition des Corn Laws de 1846 à 1870, l’agriculture britannqiue reste florissante et
il n’y a pas eu d’effet multiplicateur dasn l’industrie. (demande intérieure forte ; réserves
mondiales disponibles faibles ; faible demande des pays importateurs => guerre de Crimée
et guerre de Sécession).
Mais fin 1870’, l’abolition prend plein effet : ère du « Cheap Food » .
II.
Jean-Batiste SAY
Admirateur d’Adam SMITH et contemporain de RICARDO.
Il reprend l’analyse de la main invisible d’Adam SMITH et la systématise sous forme d’une loi
(la loi des débouchés) applicable aux échanges nationaux et internationaux.
La loi des débouchés ou loi de SAY
« L’Offre crée sa propre demande »
Personne n’est vendeur qui ne soit en même temps acheteur.
Chaque fois qu’un produit est mis sur le marché, il engendre un revenu. Ce revenu sert de
débouchés à un autre produit, etc…
Conséquence
Dans l’économie prise dans son ensemble, la demande totale ne peut pas durablement
excéder l’offre totale, ni être inférieure.
Les problèmes
 Que se passe-t-il si un individu reçoit de l’argent en échange d’un produit mais ne le
dépense pas.
- Soit il thésaurise : la loi de Say ne s’applique plus.
- Soit il épargne : la loi de Say s’applique
 Des crises de suproduction sont-elles vraiment impossibles (ou seulement
conjoncturelles) ?
Cette question marque une ligne de fracture entre les libéraux d’un côté, les
réformistes et les révolutionnaires de l’autre.

Pour les libéraux : les marchés s’équilibrent d’eux-mêmes (car loi de SAY). S’il y a des
déséquilibres, ils sont conjoncturels.
Les libéraux ont pour doctrine de laisser faire, laisser passer.
Les déséquilibres se résorbent d’eux-mêmes (SMITH, RICARDO, SAY)
Leurs descendants :
- Les néo-classiques (WALRAS)
- Les monétaristes (FRIEDMAN)
- Les nouveaux classiques (LUCAS)

Pour les réformistes et révolutionnaires : les marchés ne s’équilibrent pas d’euxmêmes. Il peut y avoir des déséquilibres structurels (pénurie =>D>O, crise de
surproduction => O>D).
Selon eux, il existe des déséquilibres durables liés à la structure du capitalisme. Ils se
reflètent à travers la misère endémique des prolétaires et les inégalités intolérables.
Réformistes : l’Etat doit intervenir pour aider les pauvres et assurer le plein emploi. Au 19 ème
siècle, ce sont les utilitaristes. Au 20ème siècle, ce sont les keynésiens et les post-keynésiens.
Révolutionnaires : l’Etat bienveillant ne fait que donner bonne conscience aux bourgeois.
Il ne supprime pas le problème des inégalités intolérables. Il faut en finir avec la cause des
inégalités et de la misère, i. e. le capitalisme.
Il s’agit d’un socialisme utopiste qui se rapproche du marxisme.
Chapitre 2 : Les Utilitaristes
(réformistes du 19ème siècle)
I.
BENTHAM
Juriste et philosophe, fondateur de l’école utilitariste.
L’Utilitarisme
L’intervention de l’Etat se justifie par son utilité. Elle garantit le plus grand bonheur pour le
plus grand nombre, chacun comptant pour un et pas plus d’un (principe démocratique).
19/03
Le bonheur collectif = la somme des bonheurs individuels.
En terme mathématique, le coefficient de pondération de la maximisation de l’utilité est égal
à 1.
Le bon gouvernement est donc celui qui qui recherche le bonheur collectif maximal par un
calcul des plaisirs et des peines.
Conséquences
L’intervention de l’Etat se justifie dans la mesure où elle est « utile ».
Ex : dans le domaine juridique, une loi est nécessaire si elle accroît le bonheur général
(sécurité, éducation, etc.)
Le programme du décideur publique est de maximiser l’utilité sociale telle qu’elle résulte de
la somme des utilités individuelles.
Dans le domaine économique existe un paradoxe. Le marché accroît les richesses, donc le
bonheur collectif. Mais en même temps, il accroît les inégalités et la pauvreté donc la peine
collective.
II.
John Stuart MILL
Le capitalisme permet la croissance mais au prix d’inégalités grandissantes (et donc suscitant
le malheur d’une partie de la population).
L’Etat doit faire des arbitrages entre laisser s’enrichir les capitalistes et aider les prolétaires.
Un arbitrage au coup par coup sur la base d’un calcul d’optimisation.
Un arbitrage entre
 la désutilité des riches (ou augmentation de leur peine) due à la redistribution
 et les gains d’utilité des pauvres (ou augmentation de leur plaisir) grâce aux aides de
l’Etat.
Conclusion
L’Utilitarisme est à la base de la microéconomie et est encore utilisée donc notre société
contemporaine.
Force de l’utilitarisme
Elle est au fondement de l’école marginaliste et de l’économie publique.
JEVONS : Utilité = une mesure des plaisirs et des peines (distinction utilité totale / utilité
marginale)
PIGOU et EDGEWORTH : Programme d’optimisation des pouvoirs publiques.
 3 limites de l’utilitarisme
1. L’hédonisme
Comment comparer les plaisirs et les peines ? (=critique des 2nd marginalistes)
2. Faire des arbitrages en termes d’utilités = sacrifier le bonheur de certains au profit du
bonheur des autres. C’est injuste (=critique de la philosophie politique)
3. Aider les pauvres conditionnellement )à la maximisation de l’utilité sociale.
Des demi-mesures qui contribuent à pérenniser les inégalités de statut, de droits et de
richesses. Dans le capitalisme, les inégalités sont structurelles.
Pour les révolutionnaires, ces inégalités structurelles sont inadmissibles. la solution serait de
changer la structure.
Les révolutionnaires = indignés face à la misère et à l’exploitation.
Le socialisme scientifique de MARX (=/socialismes utopiques)
Une critique rigoureuse de l’économie politique. Pas de sentimentalisme.
Il fonde en 1864 la Première Internationale.
Il écrit de nombreux articles et un ouvrage : Le Capital
4 idées phares :
- Le matérialisme historique : il existe des lois de nature historique
- L’exploitation de la force de travail permet l’exploitation d’une plus-value.
- La mort programmée du capitalisme = due à la baisse des taux de profit.
- Le communisme serait l’alternative au capitalisme.
1) Les lois de l’histoire
Marx s’oppose de manière virulente aux théories utopistes (=/rêver). Il faut analyser
sereinement le système économique en anticipant le sens de l’histoire (regarder en arrière
pour apprendre de nos erreurs et se projeter dans le futur afin de l’anticiper).
Contre l’idéalisme
Priorité aux faits matériels, régis par des lois.
Les lois de la nature concernent les faits physiques.
Les lois de l’histoire concernent le domaine économique et social.
La fin du capitalisme en 3 étapes :
- Le capitalisme moribond : lutte des classes
Loi de la baisse tendancielle des taux de profit
- Avènement du socialisme : une société méritocratique (« à chacun selon son
travail »), 1ère étape vers le communisme
- Le communisme (« à chacun selon ses besoins »)= une société sans classes.
2) L’exploitation de la force de travail
Ce qui caractérise la société capitaliste est la lutte entre 2 classes qui ont des intérêts
antagonistes mais complémentaires l’une par rapport à l’autre.
2 grandes classes :
- Capitalistes = qui possèdent les moyens de production
- Prolétaires = qui ne possèdent que la force de travail
Un mode de production basé sur l’accumulation du capital et la plus-value.
 Cette plus-value vient non pas de l’argent mais de l’usage d’une marchandise qui a
pour propriété de créer de la valeur = la force de travail.
Pour que la force de travail devienne une marchandise, il faut que la division du travail soit
développée. Pourquoi ?
Il y a alors création d’un marché du travail avec séparation de :
- La valeur d’usage de la force de travail (=ce qu’elle permet de produire)
- Et la valeur d’échange de la force de travail = son prix.
La vente et l’usage de la force de travail n’est pas simultanée.
La vente est le prix établit par contrat avant usage : le travailleur fait crédit de sa force de
travail au capitaliste. Ce prix est un salaire de subsistance.
L’usage
La plus-value
Le capital avancé : K = c + v
c= le capital constant (les machines)
v= le capital variable (les salaires)
La marchandise produite a pour valeur M = c +v + p
p= la plus-value= l’excédent de la valeur produite sur la valeur de ses éléments.
La plus-value provient du surtravail, c’est-à-dire de la différence entre la valeur d’échange de
la force de travail et sa valeur d’usage.
Une infime partie du temps de travail sert à rémunérer le travail.
Le taux de la plus-value = p/v
Il mesure l’importance du surtravail par rapport au travail nécessaire (à la reproduction de
la force de travail).
« le taux de la plus-value est donc l’expression exacte du degré d’exploitation de la force de
travail par le capital ou du travailleur par le capitaliste »
 Dialogue entre capitaliste et ouvrier
Antinomie :
- 2 droits contradictoires
- Pourtant tous les 2 conformes à la loi des échanges
« Le capitaliste soutient son droit comme acheteur quand il cherche à prolonger cette
journée aussi longtemps que possible »
« D’autre part, la nature sociale de la marchandise vendue exige que sa consommation ne
soit pas illimitée, et le travailleur soutient son droit comme vendeur quand il veut
restreindre la journée de travail à une durée normalement déterminée. »
Solution ?
La lutte de classe a sa source dans 2 droits contradictoires et également légitimes.
La seule solution est la force.
Adam SMITH explique pourquoi dans la société capitaliste les rapports de force sont
structurellement en faveur de des capitalistes. (l(argent c’est le pouvoir)
MARX tire les conclusions de ce principe :
Pour renverser le rapport de force les ouvriers doivent prendre conscience de leur existence
comme classe et s’unir par delà les frontières (l’internationale).
3) La baisse tendancielle du taux de profit ou la mort programmée du capitalisme
La baissse tendancielle du taux de profit est seulement une tendance.
- Le mode de développement propre au capitalisme (concurrence + progrès
technique => baisse des taux de profit)
- Tendance contrecarrée par l’augmentation du degré d’exploitation. Mais cette
augmentation a ses limites (des limites physiques) qui créée ses propres ses effets
négatifs : le chômage.
Cette baisse tendancielle des taux de profit est à l’origine de crises économiques de plsu en
plus importantes :
- L’augmentation du degré d’exploitation => disproportion entre croissance des
débouchés (offre de marchandises forte) et croissance de la demande solvable
(crise de la demande).
- L’augmentation de la composition organique du capital => baisse du taux de
profit.
Effets sociaux de la crise = l’armée industrielle de réserve
« la guerre industrielle que se livrent les capitalistes se gagne en congédiant les travailleurs
=création d’une armée de réserve.
« La population productive croit toujours en raison plus rapide que le besoin que le capital
peut en avoir »
 Le rapport de force finira un jour ou l’autre par s’inverser.
4) L’alternative communiste
1ère étape : le socialisme ou la dictature du prolétariat.
- A chacun selon son travail (hiérarcjie des statuts)
- Collectivisation des moyens de production
- MAM
=transitoire
Société communiste (égalité stricte)
L’Etat est gouverné dans l’intérêt des travailleurs (tout le monde)
= sans argent
= chacun selon ses besoins
CONCLUSION
Sur le plan économique, il a bien vu que le capitalisme est traversé de manière structurelle
par des crises. Mais il s’est trompé sur l’issue de ces crises :
Le progrès technique a permis de pérenniser le système capitaliste et non de le briser, créant
sans cesse de nouveaux besoins.
Sur le plan social, il a bien vu le rôle déterminant des luttes sociales dans l’évolution des
sociétés capitalistes. Mais il s’est trompé sur la nature de ce rôle :
- Les luttes sociales ont permis le progrès des droits politiques, civiques et sociaux
(Démocratie puis Etat Providence).
- Elles n’ont pas transformé le rapport salarial (conflits d’intérêts employés/
employeurs) mais elles l’ont fait évolué grâce à la reconnaissance du salarié
comme consommateur et comme sujet de droits.
Ex : 30 glorieuses => régime fordiste de production (gains de prod*
Sur le plan politique, MARX a bien vu le rôle déterminant des attentes en matière de justice
sociale. Mais il s’est trompé en pensant que pour lutter contre l’injustice, il fallait d’abord
faire un arbitrage entre égalité et libertés (=dictature du prolétariat).
=/ justice sociale = égalité et liberté
- L’égalité sans liberté = dictature (l’individu n’est plus un sujet de droits : cela n’a
plus de sens de parler de justice)
- Liberté sans égalité = anarchie (loi du plus fort).
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