05/02/2013
1ere Partie : Chapitre 2
Le Mercantilisme (16-17ème siècle) L’Economie au service du
Roi
A) Introduction
Contexte historique : Après les drames du 14ème (guerre de 100 ans, la peste), le 15ème siècle voit 3
grandes mutations qui conduisent à la Renaissance :
- De grandes découvertes
1) De nouvelles routes commerciales :
Amérique : Route de l’or et de l’argent
Indes : Routes des Epices
2) L’afflux d’or et d’argent induit le financement de grands mouvements d’échanges
internationaux
3) Appauvrissement relatif de la noblesse de terre au profit de la classe commerçante
1er bouleversement des mentalités : le commerce devient une activité digne de louanges, rôle des
marchands et de l’afflux de monnaie dans la naissance du capitalisme
- La révolution industrielle en gestation
Des industries naissantes : imprimerie, artillerie, textile de luxe
2ème bouleversement des mentalités : apparition d’une « mentalité de l’entrepreneur »
- Emancipation par rapport à l’Eglise
1) Les humanistes de la Renaissance revoient leurs principes : il est possible de penser par soi-
même et ainsi de maitriser la nature par le savoir (Vinci, Copernic, …)
3ème bouleversement des mentalités : L’être humain peut devenir « maître et possesseur de la
nature » (Descartes)
2) La Reforme : Elle est le fait de religieux qui remettent en cause la structure politique et
idéologique de l’Eglise
Rapport direct entre la personne et le divin (liberté de conscience)
Le travail = une vertu
Les fruits du travail = les signes de la prédestination
4ème bouleversement des mentalités : Weber La richesse comme signe de prédestination
(l’enrichissement est un signe divin). Cela contribue au développement du capitalisme.
Caractérisation du mercantilisme
« mercante »=marchand (italien) renvoie au commerce et à l’industrie qui sont au centre des
préoccupations du moment.
Un ensemble de penseurs vont former non pas une Ecole de pensée mais une tendance centrale
dans la pensée économique des 16 ème et 17ème siècles (un mouvement intellectuel cosmopolite qui
se développe dans toutes l’Europe).
A la base, un problème commun : Comment fournir à l’Etat (c’est-à-dire le Roi) les moyens d’une
puissance renforcée ?
- L’enrichissement est une fin louable
Montchrestien (Traid’Economie politique, 1616) « L’Heur des hommes, pour en parler à notre
mode, consiste principalement en la richesse. »
- L’enrichissement des citoyens est le moyen d’accroitre la puissance de l’Etat,
c’est-à-dire le Roi
« Les princes doivent faire trouver à leurs sujets les moyens de s’enrichir. »
3 idées communes :
1) L’Economie fonctionne comme un jeu à somme nulle
« Il n’y a personne qui gagne qu’un autre ne perde » BODIN
Autrement dit : le commerce international créée globalement aucune richesse, seulement une
circulation de richesses. Il ne fait que redistribuer entre les nations les richesses préexistantes.
Question : Faut-il être protectionniste ? Il faut être protectionniste pour éviter que la richesse ne
diminue. Mais si le protectionnisme permet d’éviter la baisse de la richesse, qu’est-ce qui lui permet
de l’augmenter ? Un excédent commercial... (Contradiction)
2) Le 1er moyen pour augmenter la richesse de l’Etat est l’afflux de monnaie (développer un
avantage financier)
Moyen considéré comme le plus direct et le plus évident
Surtout développé et exploité en Espagne et au Portugal : BULLIONISME
Recherche de l’Eldorado = l’une des principales motivations de la colonisation de l’Amérique latine
Possesseurs des principales mines fournissant à l’Europe les métaux précieux.
Question : Comment conserver cet or ?
Les Bullionistes proposent la thésaurisation :
Interdiction des sorties d’or interdiction de l’accès des commerçants étrangers aux ports espagnols
(y compris en Amérique)
Interdiction des importations : commerce exclusif entre les colonies et la métropole (production de
certains biens interdite dans les colonies)
Interdiction des exportations : On a peur que l’or ne s’échappe sous couvert d’exportations.
Conséquences :
nurie : Toute l’activité est concentrée sur l’entrée d’or en provenance d’Amérique du Sud (Bolivie,
Pérou, Mexique).
Pas d’activités agricoles, ni d’activités industrielles
=>disettes, famines, difficultés de se nourrir même chez les plus riches
Inflation : abondance de l’or et difficulté de se procurer des denrées => hausse des prix
Conclusion : La possession de mines d’or et d’argent, et le fait de vouloir s’enrichir par cela leur a
plutôt procuré des malheurs
3) Le 2nd moyen pour augmenter la richesse de l’Etat est de développer l’industrie
(manufactures et commerces)
Stimuler le développement des manufactures et du commerce par une pratique volontariste.
a) Le Colbertisme (mercantilisme à la française)
Colbert (1619-1689) Ministre de Louis XIV, protégé de MAZARIN, et rival de Fouquet
Un mercantilisme manufacturier et commercial, dirigiste et protectionniste. C’est un
développement « industriel » fortement encadré par l’Etat avec lois protectionnistes et
fabriques étatiques.
Comparaison avec l’Angleterre et la Hollande : Mêmes objectifs,
La recherche de la suprématie dans les échanges grâce à une balance commerciale
suréquilibre
Le Colbertisme est un mercantilisme dirigiste, de type commercial et manufacturier.
Développement de l’industrie manufacturière avec création de monopoles et de fabriques
d’Etat : ces manufactures d’Etat sont protégées par des droits de douanes prohibitifs.
Ex : tapisseries des Gobelins et de Beauvais, manufactures d’armes de Tulle et de St Etienne
Dans le domaine commercial, fondation de grandes compagnies commerciales maritimes
avec privilèges et monopoles : les compagnies maritimes contribuent au commerce entre la
métropole et les comptoirs commerciaux
Développement de la marine marchande et militaire
Développement des infrastructures : réseaux de canaux et routes
Fortification des ports maritimes
En Angleterre et en Hollande, le mercantilisme est plus souple, de type commercial et
financier
- Suprématie sur les mers
- Les Hollandais fondent les 1eres compagnies maritimes
- Les Anglais créent un monopole sur le commerce des épices
Les succès du Colbertisme
A permis d’assurer l’indépendance économique et financière de la France
A permis de créer une activité manufacturière fondée sur la qualité et le savoir-faire français
(importation de matières premières à bas prix et exportations de produits finis de luxe)
A permis de développer un réseau routier et maritime important, donc de désenclaver les
campagnes.
Jusqu’à la mort de Colbert, les finances publiques sont équilibrées. Mais à sa mort, on
observe une détérioration liée aux dépenses somptuaires du roi et aux dépenses militaires.
Lorsque le régent prend le pouvoir en 1715, les finances publiques sont dans un état
désastreux.
b) Le mercantilisme fiduciaire de John LAW (1671-1729)
John LAW propose au régent la création d’une banque centrale en France émettant des
billets gagés sur l’activité économique.
John Law est un écossais arrivé en France en 1714 (il s’est très vite enrichit grâce aux jeux
d’argent).
Il se forme une réputation de boursicoteur. Il rencontre le Duc d’Orléans ( le régent) et lui
propose en 1716 de créer la Banque Générale :
- Elle émet des billets convertibles en échange de dépôts de monnaie métallique
(or).
- Peut racheter des effets de commerce (traites) contre des billets (banquier
avance l’argent au créancier moyennant commissions et agios).
Le montant des billets en circulation dépasse alors la quantité d’or détenue dans les caisses
de la Banque.
Comment le bouclage du système est-il possible ?
L’idée de LAW = le supplément de billets créé par la banque est gagé sur les profits réalisés
par l’activité du commerce extérieur.
L’Etat prend le contrôle des principales compagnies de commerce maritime (compagnies du
Mississipi, d’Occident, …) et crée une seule grande compagnie (Compagnie Perpétuelle des
Indes)
Les créanciers de la Couronne peuvent échanger leurs créances contre des actions de la
compagnie dont on attend de gros profits.
L’émission de billets est gagée sur les stocks d’or déposés st sur l’activité de la compagnie.
L’Expérience fonctionne bien jusqu’en 1720. En 1718, la banque Générale de vient la banque
Royale (et LAW est nommé contrôleur Générale des Finances). Mais en 1720, l’expérience
est menacée par une bulle spéculative que LAW n’arrive pas à contenir.
1720
Bulle spéculative sur les actions de la compagnie qui passent de 500 à 15000 livres
(disproportionné par rapport aux possibilités de mise en valeur de la Louisiane)
- Perte de confiance dans les billets
- Panique : les actionnaires vendent, les porteurs veulent échanger leurs billets en
or.
- Banqueroute : LAW s’enfuit à Venise et la Banque Royale disparaît
Il faudra attendre Napoléon (1800) pour créer la Banque de France (bien que privée).
Elle n’obtiendra le monopole de l’émission des billets qu’en 1848 (et c’est seulement en
1945 que la banque de France est nationalisée.
Le mercantilisme est une pensée pragmatique qui n’a de portée que par les résultats
concrets qu’elle a permis de réaliser. Ainsi, avec l’échec de John LAW, ses idées n’ont pas
été reprises.
Pour les mercantilistes, la pensée économique est au service du Roi.
Mais avec le développement commercial et manufacturier, les comportements des
différents agents économiques sont de plus en plus perçus comme autonomes (logique
propre indépendante de la volonté du Roi). A la fin du 17ème siècle, le mercantilisme est donc
vu comme une pensée insuffisantes (trop dépendante du Roi, la pensée mercantiliste ne va
plus de soi, les agents agissent indépendamment de la volonté du Roi).
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