JOHANE PATENAUDE
LE DIALOGUE COMME COMPÉTENCE ÉTHIQUE
Thèse
présentée
à la faculté des études supérieures
de l'Université Laval
pour l'obtention
du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.)
FACULTÉ DE PHILOSOPHIE
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
JUIN 1996
© Johane Patenaude, 1996
Résumé 1
L'éthique professionnelle dans la société actuelle a la particularité de traverser d'un
même souffle trois problématiques distinctes: celle du professionnalisme, celle de
la théorisation éthique et celle de la formation en éthique. De leur point de
rencontre émerge le dialogue comme base d'un modèle d'éducation morale
s'adressant particulièrement aux professionnels. À la lumière des conditions du
dialogue selon Francis Jacques, le dialogue se conçoit comme activité discursive
régulée de manière à constituer une assise privilégiée à partir de quoi on puisse
préciser les conditions de production de sens éthique. Envisager le développement
de la compétence éthique dans l'optique d'une rationalité communicationnelle,
c'est supposer que le dialogue devra être, d'une certaine façon, l'objet même à
apprendre. C'est en vertu du caractère fondamentalement éthique du dialogue que
ce dernier a une fonction d'éduquer moralement. Telle est la thèse défendue:
s'habiliter à dialoguer, c'est du coup se doter de compétences morales.
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Luc Bégin
Directeur de recherche
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Johane Patenaude
Candidate
Résumé 2
L'éthique professionnelle dans la société actuelle a la particularité de traverser
d'un même souffle trois problématiques distinctes: celle du professionnalisme,
celle de la théorisation éthique et celle de la formation en éthique. De leur point de
rencontre émerge le dialogue comme base d'un modèle d'éducation morale
s'adressant particulièrement aux professionnels. En effet, le dialogue s'inscrit dans
le paradigme de la coopération issu des travaux de Schön et Argyris (chapitre I). À
défaut de fonder l'éthique par la connaissance, on sondera plutôt la voie
communicative. Cet enjeu n'est pas neuf, il rappelle celui de la rhétorique tel qu'il
est apparu dans notre tradition philosophique avec Platon et Augustin (chapitre II).
Renouer avec notre tradition invite à plonger au coeur de l'enjeu contemporain de
la philosophie du langage où le dialogue est un agir discursif régulé. Il s'agit dès
lors d'évaluer les possibilités du dialogue à se constituer comme approche éthique
à travers les règles qui le constituent. L'enjeu est radical: ou le dialogue n'est
qu'une figure de style, une métaphore, ou il parvient à produire le sens à travers la
diversité et la différence.
C'est donc à partir des éléments de la structure opératoire du dialogue de Francis
Jacques (chapitre III) que nous entreprendrons de montrer comment peut s'établir
le rapport entre le dialogue, ses règles constitutives et l'éthique. Notre structure
opérationnelle du dialogue (chapitre IV) tentera de mettre ce rapport en évidence.
Plus qu'une exposition théorique de ce rapport, elle implique sa mise en forme
dynamique en vue de se constituer en modèle possible de formation en éthique.
C'est ce modèle qu'il s'agira d'appliquer (chapitre V).
Donner sens entre nous. Tel est le défi d'une approche dialogique qui pourrait être
au service du développement de compétences éthiques. Envisager le
développement de la compétence éthique dans l'optique communicationnelle, c'est
supposer que le dialogue devra être, d'une certaine façon, l'objet même à
apprendre. C'est en vertu du caractère fondamentalement éthique du dialogue que
ce dernier pourrait avoir une fonction d'éduquer moralement. En ce sens, s'habiliter
à dialoguer serait en même temps se doter de compétences morales.
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Luc Bégin, directeur de recherche Johane Patenaude, candidate
AVANT-PROPOS
Je tiens à remercier le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada qui,
en subventionnant la recherche du groupe Ethos: «Analyse critique de la
déontologie au Québec. Bilan et prospectives» pour une durée de trois ans (1993-
1996), m'a permis comme assistante de recherche de prendre part à des
échanges stimulants. Merci aux chercheurs: Georges A.Legault, Pierre Fortin et
Guy Giroux qui, en acceptant de me confier la responsabilité du volet «formation à
l'éthique et à la déontologie au Québec», m'ont assuré un champ de travail et de
réflexion dont cette thèse s'est nourrie.
Je remercie mon directeur Luc Bégin qui, tout au long de cette recherche, a su
mettre son art au service de mon dire avec toute la rigueur, la perspicacité, la
minutie et surtout la générosité sans borne qu'exige une telle tâche.
Merci aussi à Marie-Andrée Dupont pour sa patience à compléter en personne la
cueillette de données sur la formation en éthique auprès d'organismes et
d'institutions si difficilement accessibles. Merci, ô combien, à Lucie Brazeau pour
son assiduité aux relations publiques. Merci à Monelle Parent pour son soutien
technique indirect mais bien tangible. À Louise pour son interlocution toujours
réelle et actuelle et à Renaud qui en incarne le meilleur. Merci, bien sûr, à Georges
pour sa compréhension et son support aux mille facettes, pour sa délicatesse
indéfectible toute dialogique à m'éclairer sans pour autant accaparer le réseau
sémantique.
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