LA CULTURE
La culture semble avoir une double fonc-
tion dans la société. Elle contribue dabord à
définir lidentité de chacun, comme individu
distinct des autres, puisque nul naura eu le
même parcours, les mêmes perspectives, les
mêmes apprentissages Elle permet ensuite
à tout individu de sidentifier à un groupe
dont il partage les valeurs et les normes; elle
façonne donc une identité collective.
qLes influences culturelles
La culture rue, notamment lors des étapes de socialisation, détermine pour partie les
comportements : nous sommes tous plus ou moins prisonniers de notre culture dorigine
et de celles des collectivis humaines auxquelles nous appartenons (ou avons appartenu) :
lécole, les groupes intermédiaires (amis, pairs), les structures dactivité professionnelle.
En ce sens, la culture permet lingration sociale.
qLes rapports interculturels
Lorsque deux cultures sont mises en contact de fon gulière ou prolongée, elles
agissent lune sur lautre. On parle alors de situation d’acculturation, qui peut se définir
comme un phénomène déchange entre deux cultures.
On peut citer lexemple des petits bretons, basques ou provençaux contraints d’ap-
prendre le français à l’école alors que l’on parlait une langue régionale chez leurs parents.
Plusieurs issues sont envisageables pour cette situation dacculturation :
le syncrétisme ou tissage culturel : la confrontation des deux cultures aboutit à une
culture de synthèse, qui réutilise en les réinterprétant les symboles des deux premres;
le dualisme culturel, où deux cultures cohabitent sans interpénétration, comme dans
les grandes villes américaines, partagées en quartiers ethniques depuis le XIXesiècle;
la disparition de l’une des deux cultures, en général celle qui est minoritaire (cultures
régionales en France). Fréquemment, cette évolution saccompagne de résistances au chan-
gement et voit l’apparition dintégrismes prônant le retour aux « valeurs traditionnelles ».
L’INTÉGRATION SOCIALE EN PANNE?
Les mécanismes dintégration reposent pour lessentiel sur lemploi : un emploi ne signifie
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Depuis le début des difficultés économiques au milieu des années 1970, la
société française peine à intégrer les populations d’origine étrangère.
L’intégration sociale désigne un processus d’insertion d’un individu ou d’un
groupe dans un ensemble cohérent auquel participe la culture.
CULTURE ET INTÉGRATION
3
Qu’est-ce que la culture ?
Au sens courant, la culture est souvent
assimilée à l’érudition, aux connais-
sances acquises. Pour le sociologue, la
culture désigne l’ensemble des valeurs,
des normes et des pratiques parta-
es par une plurali d’individus. Tous
les groupes humains posdent une
culture spécifique, définie comme un
système cohérent centré sur la croyan-
ce partae en des valeurs communes.
pas seulement un revenu et une consommation, mais aussi lobtention dun statut profes-
sionnel et social.
qLeffet des difficultés économiques
En période de prospéri, les immigrés ont été intégs dans la société française par le
travail. En période de difficultés économiques, le marché du travail devient pluslectif et
plusieurs catégories en souffrent : les non-qualifiés, les femmes, les jeunes, les handicapés
et les immigrés.
Les immigrés subissent davantage le chômage du fait de leur situation exposée sur le
marc du travail : ils occupent plus souvent que les autochtones des emplois non qualifiés
et ce dans des secteurs parfois fragi-
lisés (industrie) ou peu munéra-
teur dans les services (gardiennage).
Ils connaissent en outre davantage de
difficultés de reconversion, ne possé-
dant pas forcément les outils néces-
saires pour se former. La rupture des
réseaux professionnels entrne alors
un repli sur des solidarités de type
communautaire. Le recours efficace à
l’entraide communautaire isole
encore plus l’immig de la société
française et il conforte chez les
enfants dimmigrés lidée que la
société française ne peut pas leur
apporter de solution, conviction qui peut être cause et conquence dun échec scolaire
plus fréquent. Enfin, ceux qui ont réussi leurs études se trouvent confrons aux discrimi-
nations sur le marché du travail et ne peuvent pas toujours valoriser leurs dipmes, deve-
nant un contre-exemple pour les plus jeunes.
qLa naissance d’une sous-culture des cités ?
On présente souvent les cis comme des zones de non-droit, cest-à-dire que les lois de
la République y seraient bafouées de manière systématique. Pour certains, la crise de lin-
tégration se traduit par lapparition de « tribus », regroupant les jeunes d’une même ci,
sans distinction dorigine ethnique ou culturelle. Elles posséderaient leurs propres codes
vestimentaires, leurs moyens dexpression (tag, hip-hop…) et leurs propresgles sociales
(défense du territoire la cité face aux agressions extérieures).
Rassembs par des conditions de vie identiques (habitat, échec scolaire, difficultés d’in-
sertion professionnelle, manque de moyens…), les jeunes des cités sont placés à l’écart des
pratiques sociales françaises, des valeurs et des normes prescrites par la société. Leurs
pratiques particulres peuvent alors être interprétées comme une culture spécifique,
sous-culture de la société française. Dailleurs, nombre dartistes ou de sportifs issus de
cette sous-culture ont influencé la culture dominante et intéres dautres publics que ceux
dorigine. La sous-culture des cités constitue non seulement une alternative dintégration
mais participe aussi au changement social.
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Les émeutes de novembre 2005
Dans l’ouvrage
Quand les banlieues brûlent
(éditions La découverte, 2006), dirigé par
L. Mucchielli et V. Le Goaziou, les auteurs attri-
buent les émeutes de novembre 2005 à un en-
semble de facteurs, parmi lesquels, outre ceux
dé cités, apparaissent aussi les restrictions
de crédits pour les structures des quartiers
(associations), lattitude parfois irrespectueuse
des forces de l’ordre, linfluence dextrémistes
ou des caïds La mort tragiques des jeunes
de Clichy naurait ainsi été que l’étincelle qui a
mis le feu à une situation déjà explosive.
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