Université d’Aix-Marseille Faculté d’économie et de gestion Site Colbert ère 1 année de licence, microéconomie Mardi le 30 avril 2013 Directives Pédagogiques : Cette épreuve comprend 15 questions. 10 sont à choix multiples et 5 sont dites « à développement ». La contribution de chaque question à la note de l’épreuve est indiquée cidessous. Chaque question à choix multiple offre un choix de cinq réponses. On répond à chaque question à choix multiples en inscrivant sur le cahier d’examen l’UNIQUE lettre correspondant à l’UNIQUE énoncé qui vous paraît le mieux répondre à la question posée. On répond à chaque question à développement de manière usuelle en prenant bien soin de justifier chaque réponse. On vous suggère de bien lire chaque question avant de répondre et de commencer à répondre aux questions qui vous paraissent les plus faciles. SOLUTIONS DE l’EXAMEN A-Questions à choix multiples (1 point pour chaque bonne réponse) 1) On considère le graphique suivant décrivant les courbes de coûts dans le court terme d’une entreprise à but lucratif évoluant dans un environnement parfaitement concurrentiel où le prix qu’elle pourra obtenir de la vente d’une unité de sa production est fixé à 3 unités de monnaie. Coût, prix CM Cm 3 CVM CFM quantité Laquelle des affirmations suivantes est vraie ? (a) L’entreprise choisira de produire mais fera des pertes économiques qu’elle acceptera de supporter parce que sa recette moyenne couvre le coût variable moyen. (b) L’entreprise ne produira pas car les pertes qu’elle supporterait si elle produisait seraient supérieures à ses coûts fixes. (c) L’entreprise choisira de produire la quantité définie par le point où sa courbe de coût marginal croise sa courbe de coût moyen. (d) L’entreprise choisira de produire et fera des profits économiques à court terme. (e) Aucune des précédentes. 2) On considère le graphique suivant relatif à une entreprise opérant en concurrence parfaite dans le long terme Coût, prix CM Cm 6 9 Quantité Laquelle des affirmations suivantes est vraie ? (a) Si le prix était de 6, l’entreprise choisirait de ne pas produire car si elle produisait, elle ne ferait pas de profits économiques. (b) Les rendements d’échelles sont décroissants pour des niveaux de production inférieurs à 9 unités, constants pour des niveaux de production voisins de 9 unités et croissants pour des niveaux de production supérieurs à 9 unités. (c) Les rendements d’échelles sont croissants pour des niveaux de production inférieurs à 9 unités, constants pour des niveaux de production voisins de 9 unités et décroissants pour des niveaux de production supérieurs à 9 unités. (d) Ce graphique est erroné car il montre un coût marginal croissant pour des niveaux de production où le coût moyen est décroissant. (e) Aucune des précédentes. 3) Laquelle des affirmations suivantes est vraie ? (a) Lorsque le coût moyen est supérieur au coût marginal, le coût marginal est croissant (b) A court terme, les profits économiques ne peuvent jamais être négatifs. (c) Si la demande d’un produit est parfaitement élastique, ce seront les consommateurs de ce produit qui supporteront la totalité du fardeau d’une taxe imposée à la vente de ce produit. (d) Une firme qui supporte des pertes dans le court terme acceptera de produire si les pertes qu’elle subit sont inférieures à ses coûts variables (e) Aucune des précédentes 4) On considère le graphique suivant décrivant le marché du rutabaga supposé en concurrence parfaite. Prix offre p demande q Quantité Laquelle des affirmations suivantes est vraie ? (a) L’imposition d’un prix-plancher pour le rutabaga créerait des excédents de production quelque soit le niveau de ce prix plancher. (b) L’imposition d’un prix-plafond du rutabaga créerait de la pénurie de rutabaga quel que soit le niveau de ce prix plafond. (c) L’imposition d’un prix plafond ne créerait de la pénurie que si le prix plafond était supérieur à p. (d) L’imposition d’un prix-plancher ne créerait de des excédents de production que si ce prix-plancher était inférieur à p. (e) Aucune des précédentes. 5) Laquelle des affirmations suivantes est fausse ? (a) La fonction de production d’une entreprise associe, à chaque combinaison d’inputs, la quantité maximale d’output qui peut être produite avec cette combinaison. (b) Le long terme est l’horizon de décision pour lequel le gestionnaire d’entreprise considère tous les facteurs comme étant variables alors que le court terme est défini comme l’horizon de décision sur lequel certains facteurs sont considérés comme fixes. (c) Si les rendements d’échelles sont constants, le fait de doubler les quantités utilisées de tous les facteurs va exactement doubler le maximal niveau de production qu’il est techniquement possible de produire. (d) Dans l’équilibre de long terme d’une branche d’industrie en concurrence pure et parfaite, chaque firme réalise un profit économique à peu près nul (e) Si une firme opère à un niveau de production où les rendements d’échelles sont croissants, son coût marginal de production est nécessairement supérieur au coût moyen 6) Laquelle des affirmations suivante est vraie ? (a) L’élasticité-prix de la demande est toujours plus élevée en valeur absolue que l’élasticité prix de l’offre. (b) Si la technologie d’une entreprise qui utilise deux facteurs pour produire un output est représentée par la fonction de production f(x1,x2) = (x1+x2)1/2 elle fait l’objet de rendements d’échelle constants. (c) Si la technologie d’une entreprise qui utilise deux facteurs pour produire un output est représentée par la fonction de production f(x1,x2) = (x1+x2)1/2 , alors les isoquantes qui lui sont associées sont des droites parallèles de pente -1. (d) Si la demande a une pente constante, alors l’élasticité-prix de cette demande évaluée au prix positif où la quantité demandée est nulle sera pratiquement nulle. (e) Aucune des précédentes. 7) Une entreprise opérant en concurrence parfaite produit tout en faisant des pertes. Elle vend sa production à un prix de 100 euros par unité. De ces informations, nous pouvons conclure que : (a) (b) (c) (d) (e) Le coût variable moyen est inférieur à 100 euros. Le coût total moyen est inférieur à 100 euros. Le coût fixe moyen est inférieur à 100 euros. Le coût marginal est croissant. Le coût marginal est décroissant. 8) Laquelle des affirmations suivantes est vraie ? (a) Si on tient compte de la différenciation des produits par les marques, on peut dire qu’un très grand nombre de marchés du monde réel sont des monopoles. (b) L’organisation concurrentielle du marché n’est jamais efficace au sens de Pareto. (c) Si une allocation des ressources est efficace au sens de Pareto, on peut améliorer la situation de tous sans coût supplémentaire. (d) Le principe de Pareto nous dit qu’une allocation efficace est toujours préférable à une allocation inefficace. (e) Aucune des précédentes. 9) On considère les préférences suivantes qu’ont trois femmes (Anne, Berthe et Noémie) et trois hommes (Jean, Paul et Jacques) pour des partenaires matrimoniaux de l’autre sexe (en incluant la possibilité de célibat). Jean Paul Jacques Anne Berthe Noémie Berthe Anne Noémie Jacques Jean Célibat Célibat Noémie Anne Noémie Berthe Célibat Anne Célibat Berthe Jean Paul Paul Célibat Paul Jacques Célibat Jean Jacques Sur la base des ces préférences, nous pouvons dire que : (a) le célibat pour chacun de ces individus est une situation matrimoniale efficace au sens de Pareto. (b) Marier Jean avec Berthe, Paul avec Anne et Jacques avec Noémie n’est pas efficace au sens de Pareto car une telle situation matrimoniale ne respecte pas le droit de Noémie d’être célibataire. (c) La situation où Jean et Noémie sont célibataires, Paul est marié avec Berthe, et Jacques est marié avec Anne est efficace au sens de Pareto. (d) La situation où Jean et Noémie sont célibataires, Paul est marié avec Anne, et Jacques est marié avec Berthe est efficace au sens de Pareto. (e) Aucune des précédentes. Remarque : l’une ou l’autre des réponses (c) ou (d) était acceptable ici. 10. Si la technologie d’une entreprise qui produit un output au moyen de deux inputs est représentée par la fonction de production f(x1,x2) = x + x1 / 2 nous pouvons dire que : 1 2 (a) L’équation de l’isoquante associée à un niveau de production de 2 unités d’output est donnée par x = ( 2 − x ) 2 2 1 (b) L’équation de l’isoquante associée à un niveau de production de 2 unités d’output est donnée par x2 = ( 2 − x1 )1 / 2 (c) L’équation de l’isoquante associée à un niveau de production de 2 unités d’output est donnée par x2 = 2 − x11 / 2 (d) L’équation de l’isoquante associée à un niveau de production de 2 unités d’output est donnée par x2 = 2 − x12 (e) Aucune des précédentes. B) Questions à Développement 11) (2 points) Supposons que la demande pour l’entreprise décrite dans le graphique de la question 2 cidessus soit Qd = 798 – p où p désigne le prix et Qd la quantité demandée. (a) (1 point) Déterminer le nombre d’entreprises qui seront actives à l’équilibre de long terme sur ce marché. Réponse : au prix de 6 (associé au minimum du coût moyen de la firme de la question 2) une quantité totale de 798-6 = 792 unités est vendue sur le marché. Sachant que chaque entreprise vend 9 unités, on peut donc dire que 792/9 = 88 firmes seront présentes sur le marché à l’équilibre concurrentiel de long terme. (b) (1 point) Quelle est l’élasticité prix de cette demande lorsqu’on l’évalue à la quantité globale vendue au prix d’équilibre de long terme du marché déterminé en (a). Réponse : ε pd = p∂Qd ( p) / ∂p − 6 − 1 = = Qd ( p) 792 232 12) (6 points) Le marché du travail peu qualifié d’un certain pays est décrit par l’offre et la demande de travail suivantes : Q O = 5 + 3w et : O D Q D = 95 − 12 w où Q et Q désignent, respectivement, les quantités offertes et demandées de travail (en millions d’emploi à temps plein par an) et w désigne le salaire horaire net (en euros). (a) Quel est le salaire de réserve dans ce pays ? Qu’est-ce qui pourrait en expliquer le niveau. (1 point). Réponse : Le salaire de réserve wr est le salaire minimum nécessaire à susciter une quantité de travail offerte positive. Ce salaire résout donc : 5 + 3w = 0 et est de wr = -5/3. Puisque un salaire ne peut r pas être négatif, nous en concluons que ce pays est tel que tout salaire positif suscitera une quantité positive de travail. On peut expliquer un tel salaire de réserve étonnamment bas par le fait que le pays ne dispose peut être pas d’un système développé de protection sociale. Les individus de ce pays n’ont pas d’autre choix, s’ils veulent survivre, que de travailler à n’importe quel salaire positif. (b) Représenter graphiquement le marché du travail de ce pays et trouver le salaire net d’équilibre concurrentiel sur ce marché. (2 points) Réponse : Le salaire d’équilibre, we, est celui qui égalise la quantité demandée de travail par les entreprises à la quantité offerte par les ménages. Ce salaire s’obtient donc par l’égalité : Q O = 5 + 3w = Q D = 95 − 12w ou : e e 5 + 3we = 95 − 12we ⇔ we = 6 A ce salaire, la quantité de travail offerte (égale à la quantité demandée) est de 23 millions d’emploi à temps plein par an. La situation est représentée graphiquement comme suit. salaire 30 offre 20 10 demande 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 quantité (c) Supposons que le gouvernement de ce pays décide de financer un programme d’assurance maladie au moyen de charges sociales prélevées sur les employeurs sur le salaire. Le taux de ces charges est de 25%. Déterminer l’impact de cette politique sur l’emploi et le salaire net des travailleurs et illustrer graphiquement (2 points). Réponse : Avec le dispositif de charges patronales suggéré dans cette question, une entreprise va donc donner 1,25 euros pour chaque euro touché par le travailleur. La demande de travail sur le marché va donc s’écrire : Q D = 95 − 12w × 1,25 = 95 − 15w si w est le salaire (net de charges) reçu par le travailleur. Ce déplacement de la courbe demande de travail va modifier l’équilibre sur le marché. Le salaire d’équilibre (net de charges) we qui équilibrera ce marché sera défini par l’égalité : et sera par conséquent égal à we =5. Le salaire net horaire reçu par le travailleur 5 + 3we = 95 − 15we passera donc à 5 euros. L’emploi diminuera également pour tomber à 20 millions de travailleurs temps plein par an. La situation est représentée graphiquement comme suit : salaire 10 9 offre demande avant charges 8 7 demande après charges 6 5 4 3 2 1 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 quantité (d) Qui paie ces charges sociales in fine ? Commenter votre réponse. (1 points) Réponse : Comme on le voit, le salaire net horaire passe de 6 à 5 euros. Il diminue donc de 1/6, soit environ de 16 à 17 %. On peut donc dire que ce sont, pour l’essentiel, les travailleurs qui supportent, en baisse de salaire net, le fardeau des charges. Remarquons également que cette hausse de charge entraîne une baisse substantielle de l’emploi (trois millions d’emploi à temps plein sont détruits). 12) (2 points) Timothée a monté une entreprise de conseil informatique. Il y consacre tout son temps. Timothée a bien hésité avant de se lancer dans cette entreprise. S’il n’avait pas choisi de monter son entreprise, il aurait pu occuper un poste de gérant des ventes dans un réseau de grande distribution nécessitant une implication personnelle et un niveau de responsabilité comparable. Ce poste aurait été rémunéré 30 000 euros par an. Outre des emprunts, Timothée a investi l’an dernier 20 000 euros de fonds propres. Il sait que, sur les marchés financiers, l’immobilisation d’une somme d’argent dans un actif représentant un risque analogue à celui de son entreprise commande une rémunération annuelle de 13%. Timothée a installé ses bureaux dans des bâtiments dont il a fait l’acquisition il y a 20 ans. La valeur locative annuelle de ces bâtiments est de 50 000 euros. Heureusement pour Timothée, ces bâtiments ont été entièrement payés et n’émargent plus au budget de l’entreprise. Le rapport d’activité de l’entreprise de Timothée pour l’année 2000 est brièvement résumé dans le tableau suivant : Catégorie de dépense/recette Montant annuel (million d’euros) Masse salariale brute impôts et taxes Achat d’équipements Dépenses en fourniture, transports et électricité Service de la dette Amortissement des bâtiments et des équipements Ventes annuelles 22,57 4,00 2,00 1,71 2,10 3,03 35,41 (a) Rappeler la distinction entre profits comptables et profits économiques (1 point). Réponse : Le profit comptable est défini par la différence entre les recettes tirées de la vente de la production et les coûts comptables de l’entreprise. Ces coûts comptables correspondent à toutes les dépenses effectivement engagées par l’entreprise pour effectuer cette production, telles que ces dépenses peuvent être observées par un comptable. Le profit économique pour sa part est défini par la différence entre les recettes tirées de la vente de la production et les coûts économiques de l’entreprise. Ces coûts économiques correspondent aux coûts comptables, auxquels on ajoute le coût d’opportunité des ressources dont disposent l’entreprise et pour lesquelles elle n’a déboursé aucune somme d’argent visible par un comptable. Ces ressources peuvent être, par exemple, le travail de l’entrepreneur, la valeur locative des terrains et des bâtiments sur lesquels l’entreprise est installée (si ceux-ci lui ont été donnés ou prêtés à titre gracieux), les fonds investis dans l’entreprise par l’entrepreneur, etc. (b) Quels sont les profits économiques réalisés par l’entreprise de Timothée en 2000 ? (1 point) Réponse : Tous les coûts mentionnés dans le tableau sont des coûts comptables. A ces coûts comptables, il faut ajouter les coûts d’opportunité de : 1) 30 000 euros (ou 0,03 million d’euros) lié au salaire de gérant auquel Timothée renonce en s’occupant de son entreprise, 2) 13% annuel de 20 000 euros qu’il aurait obtenu s’il avait placé cette somme sur les marchés financiers (soit 2600 euros, ou 0,0026 millions d’euros) et 3) 50 000 euros (ou 0,05 millions d’euros) lié à la valeur locative des bâtiments dans lesquels est installée l’entreprise. L’entreprise de Timothée a réalisé des ventes annuelles de 35,41 millions d’euros. Elle a supporté des coûts comptables de 22,57 + 4 + 2 + 1,71 + 2,10 + 3,03 = 35,41 et des coûts économique de 35,41+ 0,0826 = 35,4926 millions d’euros. L’entreprise de Timothée réalise donc des profits économiques négatifs de -0,0826 millions d’euros (ou 82 260 euros).