D’un autre côté, la punition ou châtiment est vue comme une méthode de
dissuasion pour de futurs criminels et comme un mode de paiement et de
reconnaissance publique des dommages causés a une personne ou plus. Selon
Cesare Beccaria, pionnier de la philosophie moderne du droit, le châtiment est
nécessaire pour que les hommes sentent l’obligation de ne pas retourner à l’état
primitif de guerre permanente. Cette vision pessimiste sur la nature de
l’homme est très semblable à la vision de Hobbes : "homo homini lupus",
"l’homme est un loup pour l’homme".
"Le délinquant est emmené à la cour pénale, non parce qu'il a nui à certaines
personnes, comme dans le cas de la justice civile, mais parce que son infraction met en
danger la Communauté en tant que corps organique"2.
b. Le rôle des acteurs internationaux
Bien que les processus transitionnels et les acteurs internationaux qui les aident
ont une large palette d'outils à leur disposition, telle que les purges, les
accusations, les commissions de vérité, les excuses, et les réparations, ils sont
souvent forcés de faire des compromis entre l'aspiration de ‹ faire la justice › et
le besoin de stabiliser et réformer un Etat fragile. Comme les tribunaux
internationaux, les procédés et les organisations domestiques qui s'établissent
pour aider des régimes transitoires se sont développés, tout comme la
littérature examinant les choix confrontant ces états.
Un des acteurs les plus importants dans l’arène internationale est la Cour
Criminelle Internationale, laquelle a été mise en place en La Haye en mars 2003.
Quelques mois après, Kofi Annan, le Secrétaire Général des Nations Unies, a
commenté que la création de cette institution signifiait la rupture totale avec la
vision cynique sur la population de Joseph Staline : « une mort est tragique, la
mort d’un million est une statistique.» (Kaul, 2005)
Le tribunal ferait office d'un tribunal permanent pour l'accusation de certains
crimes internationaux. Tous les événements subséquents paraissent refléter le
soutien grandissant par la communauté internationale de l'exécution efficace de
la loi pénale internationale. En effet, quelques lois pénales internationales ont
été incluses dans le droit international général au moins depuis les procès de
Nuremberg. Par la suite, ce secteur du droit international a été peu utilisé ; et
très récemment ceci a changé. Les nouveaux développements suggèrent qu'il y
a eu un mouvement majeur vers l'application active et efficace de cette loi.
Aucun autre tribunal international existant n’est compétent pour traiter des
accusations criminelles internationales. Certainement, la Cour Européenne des
Droits de l’Homme est un exemple positif notable dans ce domaine. Il
fonctionne, cependant, dans le contexte d'états occidentaux développés où il fait
office de tribunal de soutien à l’application des droits de l’homme. De plus, il
n'a pas de juridiction criminelle. Le seul autre tribunal international compétent
2 Ça a été annoté par Hannah Arendt en rapport au processus de Nuremberg dans son livre
Eichmann in Jerusalem. Ein Bericht von der Banalität des Bösen, Hamburg 1978, p. 309s.