Pasteur_Panneau Autisme:Mise en page 1 18/09/09 16:19 Page1 AUTISME LE SAVIEZ-VOUS ? A L’INSTITUT PASTEUR PRÈS D’UN ENFANT SUR 150 EST ATTEINT D’AUTISME. L’ESSENTIEL À SAVOIR Quelles en sont les causes ? Les troubles du spectre autistique On estime que pour 75 % des personnesatteintes, les causes de l’autisme restent inconnues à ce jour. On désigne par ce terme l’ensemble des symptômes caractérisant les troubles du comportement liés aux formes plus ou moins sévères de l’autisme. En plus de " l’autisme de Kanner ", qui définit l’autisme " classique " : trouble des interactions sociales, absence de communication verbale et gestes répétitifs et stéréotypés, il inclut le syndrome d’Asperger et le syndrome de Rett. Les études épidémiologiques montrent que le risque d’avoir un second enfant avec autisme est 45 fois plus élevé pour les familles déjà touchées que pour la population générale. Cette augmentation du risque de récurrence de l’autisme et les études de jumeaux suggèrent l’existence d’une vulnérabilité génétique. Cette hypothèse a été confirmée par la découverte récente de gènes impliqués dans certaines formes de troubles autistiques. Dans le cas du syndrome d’Asperger, le développement du langage n’est pas atteint et le sujet présente un QI normal ou élevé. Dans le cas du syndrome de Rett, seules les filles sont atteintes et présentent un retard mental et des gestes stéréotypés et répétitifs. Actuellement, les analyses génétiques permettent d’identifier la cause de l’autisme dans seulement un quart des cas (anomalies chromosomiques, syndrome de l’X fragile, sclérose tubéreuse de Bourneville, …). Plus de 60% des personnes atteintes d’autisme souffrent de troubles du sommeil. Ces insomnies pourraient s’expliquer en partie par un déficit de mélatonine, une hormone qui régule les cycles biologiques. Chez les autistes, les chercheurs de l’Institut Pasteur ont mis à jour des mutations dans le gène ASMT empêchant la production d’une enzyme essentielle à la synthèse de la mélatonine. Des études récentes ont permis de montrer que la prise orale de mélatonine diminuait les troubles du sommeil chez les malades. Thomas Bourgeron Responsable de l’unité de Génétique humaine et fonctions cognitives. Fonctionnement d’une synapse avec insertion des neuroligines (A) SHANK3 code une protéine synaptique (communication entre les neurones). (B) Au niveau de la densité post-synaptique, SHANK3 sert d'échafaudage à la formation et au maintien de cette synapse. SHANK3 et leurs partenaires Neuroligines sont impliqués dans l’autisme et le syndrome d’Asperger. © Thomas Bourgeron/Institut Pasteur. L ’autisme se manifeste dès l ’âge de trois ans par un désintérêt de l ’enfant aux personnes qui l ’entourent, une quasi-absence de langage, des mouvements répétitifs et stéréotypés des mains et du corps. En 2003, une équipe de l’Institut Pasteur identifie, chez des enfants autistes, des mutations dans deux gènes confirmant ainsi que l’autisme a bien des causes génétiques. Les gènes altérés codent pour les protéines neuroligine 3 et neuroligine 4, toutes deux impliquées dans le fonctionnement des synapses, les structures qui permettent la communication entre les cellules nerveuses. Par la suite, un autre gène SHANK3, codant pour une protéine, nécessaire à l’assemblage des connexions synaptiques, sera mis en cause. Le prochain défi de l’Institut Pasteur consiste aujourd’hui à mener une étude de grande ampleur auprès des enfants souffrant d’autisme afin de dresser une " photo hautedéfinition " de l’ensemble des anomalies génétiques à l’origine de l’autisme et entamer parallèlement des recherches d’ordre génétique sur les troubles spécifiques du langage et la dyslexie. DES SOURIS ATTEINTES D’AUTISME Synapses : jonctions entre deux cellules nerveuses leur permettant d’échanger des informations. © Graham Johnson, Graham Johnson Medical Media (Colorado, États-Unis). Thomas Bourgeron travaille sur les gènes de vulnérabilité à l’autisme, son équipe est à l’origine des découvertes majeures réalisées dans ce domaine au cours des 10 dernières années. IDÉE REÇUE Longtemps, l’autisme a été considéré comme un trouble psychique dû à un dysfonctionnement de la relation entre la mère et l’enfant. C’est seulement dans les années 70 que des chercheurs commencent à étudier les origines biologiques de l’autisme. UNE FRÉQUENCE QUATRE FOIS PLUS ÉLEVÉE CHEZ LES GARÇONS L’un des premiers modèles de rongeurs porteurs de mutations associées à l’autisme a été mis au point en 2008 dans son laboratoire. Les animaux privés de la protéine neuroligine 4 présentent des troubles du comportement social proches de ceux que l’on peut observer chez les enfants autistes. Cette avancée permet aujourd’hui de mieux étudier les troubles du spectre autistique, et peut-être demain, de trouver de nouvelles thérapies basées sur la connaissance. DANS LA GRANDE MAJORITÉ DES CAS, LES CIRCONSTANCES À L’ORIGINE DE L’AUTISME DEMEURENT ENCORE INCONNUES. © Gettyimages - Institut Pasteur Chromosome © Institut Pasteur L'analyse des gènes et de la fonction des cellules neuronales (ici vue en microscopie électronique) contribue à la recherche des facteurs de susceptibilité génétique à l'autisme.