Thomas Bourgeron
Responsable de l’unité de Génétique
humaine et fonctions cognitives.
DES SOURIS ATTEINTES D’AUTISME
Thomas Bourgeron travaille sur les gènes de vulné-
rabilité à l’autisme, son équipe est à l’origine des
découvertes majeures réalisées dans ce domaine au
cours des 10 dernières années.
L’un des premiers modèles de rongeurs porteurs de
mutations assoces à l’autisme a été mis au point en
2008 dans son laboratoire. Les animaux privés de la
protéine neuroligine 4 présentent des troubles du
comportement social proches de ceux que l’on peut
observer chez les enfants autistes. Cette avancée
permet aujourd’hui de mieux étudier les troubles du
spectre autistique, et peut-être demain, de trouver
de nouvelles thérapies basées sur la connaissance.
A L’INSTITUT PASTEUR
En 2003, une équipe de l’Institut Pasteur identifie, chez des
enfants autistes, des mutations dans deux gènes confirmant ainsi
que l’autisme a bien des causes génétiques. Les gènes altérés
codent pour les protéines neuroligine 3 et neuroligine 4, toutes
deux impliquées dans le fonctionnement des synapses, les structures
qui permettent la communication entre les cellules nerveuses.
Par la suite, un autre gène SHANK3, codant pour une protéine,
nécessaire à l’assemblage des connexions synaptiques, sera mis
en cause.
Plus de 60% des personnes atteintes d’autisme souffrent de
troubles du sommeil. Ces insomnies pourraient s’expliquer en
partie par un déficit de mélatonine, une hormone qui régule les
cycles biologiques. Chez les autistes, les chercheurs de l’Institut
Pasteur ont mis à jour des mutations dans le gène ASMT empêchant
la production d’une enzyme essentielle à la synthèse de la mélatonine.
Des études récentes ont permis de montrer que la prise orale de
mélatonine diminuait les troubles du sommeil chez les malades.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Le prochain défi de l’Institut Pasteur
consiste aujourd’hui à mener une
étude de grande ampleur auprès
des enfants souffrant dautisme afin
de dresser une " photo haute-
définition " de l’ensemble des
anomalies génétiques à l’origine
de l’autisme et entamer parallèlement
des recherches d’ordre génétique
sur les troubles spécifiques
du langage et la dyslexie.
Fonctionnement d’une synapse
avec insertion des neuroligines
(A) SHANK3 code une protéine synaptique
(communication entre les neurones).
(B) Au niveau de la densité post-synaptique,
SHANK3 sert d'échafaudage à la formation et
au maintien de cette synapse. SHANK3 et leurs
partenaires Neuroligines sont impliqués dans
l’autisme et le syndrome d’Asperger.
© Thomas Bourgeron/Institut Pasteur.
© Institut Pasteur
L’ESSENTIEL À SAVOIR
Quelles en sont les causes ?
On estime que pour 75 % des personnesatteintes,
les causes de l’autisme restent inconnues à ce jour.
Les études épidémiologiques montrent que le
risque d’avoir un second enfant avec autisme est
45 fois plus élevé pour les familles déjà touchées
que pour la population générale. Cette augmentation
du risque de récurrence de l’autisme et les études
de jumeaux suggèrent l’existence d’une vulnérabilité
génétique. Cette hypothèse a été confirmée par
la découverte récente de gènes impliqués dans
certaines formes de troubles autistiques.
Actuellement, les analyses génétiques permettent
d’identifier la cause de l’autisme dans seulement
un quart des cas (anomalies chromosomiques,
syndrome de l’X fragile, sclérose tubéreuse de
Bourneville, …).
Les troubles du spectre autistique
On désigne par ce terme l’ensemble des symptômes
caractérisant les troubles du comportement liés aux
formes plus ou moins sévères de l’autisme. En plus
de " l’autisme de Kanner ", qui définit l’autisme
" classique " : trouble des interactions sociales,
absence de communication verbale et gestes
répétitifs et stéréotypés, il inclut le syndrome
d’Asperger et le syndrome de Rett.
Dans le cas du syndrome d’Asperger, le développement
du langage n’est pas atteint et le sujet présente un QI
normal ou éle. Dans le cas du syndrome de Rett,
seules les filles sont atteintes et présentent un retard
mental et des gestes stéréotypés et répétitifs.
PRÈS D’UN ENFANT SUR 150 EST ATTEINT D’AUTISME.
Chromosome
L ’autisme se manifeste dès l ’âge de trois ans par un désintérêt de l ’enfant aux personnes qui l ’entourent,
une quasi-absence de langage, des mouvements répétitifs et stéréotypés des mains et du corps.
AUTISME
UNE FRÉQUENCE QUATRE FOIS PLUS ÉLEVÉE
CHEZ LES GARÇONS
DANS LA GRANDE MAJORITÉ DES CAS, LES CIRCONSTANCES
À L’ORIGINE DE L’AUTISME DEMEURENT ENCORE INCONNUES.
IDÉE REÇUE
Longtemps, l’autisme a été considéré comme un trouble
psychique dû à un dysfonctionnement de la relation entre
la mère et l’enfant.
C’est seulement dans les années 70 que des chercheurs
commencent à étudier les origines biologiques de l’autisme.
L'analyse des gènes et de la fonction des cellules neuronales (ici vue en microscopie
électronique) contribue à la recherche des facteurs de susceptibilité génétique à l'autisme. Synapses : jonctions entre deux cellules nerveuses leur permettant d’échanger des informations.
© Graham Johnson, Graham Johnson Medical Media (Colorado, États-Unis).
© Gettyimages - Institut Pasteur
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