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LA LENTE AGONIE DES GORGONES DE MEDITERRANEE Article mis à gracieusement à disposition avec l'accord de M. Martin. De la mer des Ligures au golfe de Marseille, un mal mystérieux, semblable à un feu subaquatique, défigure les fonds marins. Dans la mythologie grecque, les Gorgones étaient trois divinités dont le regard avait le pouvoir de changer en pierre quiconque osait les fixer. Etrange pouvoir qui semble s’être retourné contre leur homonyme. Eponges et gorgones de Méditerranée sont en effet atteintes d’un mal inconnu, provoquant une mortalité massive, qui touche 90 % de la population de ces invertébrés. MORTALITÉ DES GORGONES DE MÉDITERRANÉE La piste des microbes Selon les scientifiques de l'institut océanographique paul ricard, des microbes opportunistes stimulés par une élévation de la température de l'eau, seraient impliqués dans la mortalité massive des gorgones de méditerranée, en 1999. Fin de l'été 1999, on observe en Méditerranée une mortalité massive de plusieurs espèces de gorgones, ainsi que des colonies de corail et des éponges. Partie des côtes ligures, en août, l'épidémie atteint la Côte Bleue, à l'ouest de Marseille, au mois de novembre. Plusieurs hypothèses sont admises :
· température élevée de l'eau pendant une longue période,
· éventuelle pollution chimique,
· empoisonnement par du plancton végétal toxique,
· atteinte bactérienne. A l' île des Embiez, les scientifiques de l'Institut explorent cette dernière piste. Au laboratoire, ils analysent la fréquence d'apparition de bactéries dans différents prélèvements de gorgones plus ou moins affectées, ainsi que leurs capacités à induire des nécroses. D'autre part, les chercheurs effectuent des tests sur ces bactéries à différentes températures. Ils constatent que les nécroses surviennent lorsque la température atteint 22° à 23° ; ce qui confirme son rôle dans le déclenchement de la maladie.
Selon Yvan Martin, directeur de la Recherche à l'Institut, " ce rôle est peut­être lié à une augmentation de la virulence du microbe à une température suffisante et à une diminution de résistance de l'hôte dans ces conditions thermiques. Il semble donc bien que l'apparition de nécroses à une température supérieure à 22°C soit favorisée et accélérée par l'activité de certaines souches de vibrions, jusqu'à présent non répertoriées comme pathogènes mais plutôt comme opportunistes." Avec l'accord de M. Yvan Martin, directeur de la Recherche Gorgone caméléon ou gorgone multicolore Systématique Embranchement: Cnidaires Famille: Paramuriceidés Classe: Anthozoaires s.cl : Octocoralliaires Genre: Paramuricea Ordre: Gorgonaires s.o: Scléraxoniés Espèce: clavata= chameleon Descr iption Espèce voisine du Corail rouge de Méditerranée (Corallium rubrum). Elle forme de grandes colonies, atteignant 30 cm de haut, en éventail, abondamment ramifiées dans un même plan, de teinte jaune, orange, rouge ou pourpre, vivant entre 30 et 35 mètres de profondeur, fixées (espèce sessile) sur les fonds rocheux (espèce benthique) très inclinés ou tombants. La colonie est soutenue par un axe squelettique corné entouré d'une mince couche vivante où se logent les polypes rouges rétractiles (0,6 cm déployés) qui sont des individus dont le corps est une cavité à double paroi munie d'une bouche­anus entourée de tentacules. Biologie Organisation schématique d'une gorgone. Les colonies sont disposées perpendiculairement à la direction du courant dominant, ce qui leur permet de filtrer efficacement l'eau et de ne retenir que les proies microscopiques constituant leur nourriture; c'est un zoophage prédateur qui capture des proies vivantes, des microorganismes du plancton (algues microscopiques larves, petits crustacés..) mais aussi des particules organiques inertes, qu'il avale entières. C'est un macrophage (si on considère la taille relative des particules alimentaires par rapport à la taille des polypes). La capture de la nourriture se fait à l'aide de tentacules creux et ramifiés au nombre de 8 situés autour de la bouche; ils constituent un
filtre qui piège les particules alimentaires. La gorgone caméléon est un filtreur passif, contrairement aux autres Cnidaires (hydrozoaires, méduses ou anémones de mer) dont les tentacules munis de cellules urticantes contenant un venin toxique capturent activement des proies. Des canaux font communiquer les cavités gastriques des polypes et les produits de la digestion d'un individu profitent aux polypes voisins : les gorgones sont des animaux coloniaux. Sur certains polypes, les cellules urticantes ou cnidoblastes sont très nombreuses à l'extrémité de longs tentacules en fouet. Il est vraisemblable que ces cellules soient utilisées dans la lutte chimique contre des voisins trop envahissants (autres grognes, éponges, bryozoaires) d'après J.G. Harmelin. Les colonies sont hermaphrodites (mâles et femelles) et les cellules sexuées ou gamètes sont libérées dans l'eau de mer; la fécondation est externe et les oeufs donnent naissance à de petites larves planctoniques ciliées (planula) qui après métamorphose se fixent sur les rochers. Elles se transforment en petits polypes qui, en bourgeonnant donnent de nouvelles colonies. On admet que la croissance de la jeune colonie est en moyenne de 2 cm/an et que la reproduction s'effectue lorsque la colonie a une douzaine de cm. 1. polype (coupe) 2. polype épanoui 3. tentacule 4. bouche­anus 5. cavité digestive 6. axe corné 7. canal unissant les polypes 8. écorce vivante Animaux voisins: autres cnidaires Les Gorgonaires comprennent 21 espèces en Méditerranée dont : Corallium rubrum ou corail rouge de Méditerranée. Eunicella cavolinii ou gorgone jaune en forme d'éventail. Eunicella verrucosa ou gorgone verruqueuse dont le corps contient de nombreux spicules (aiguilles) calcaires. Écologie Espèce qu'on rencontre fixée sur les fonds rocheux ou les tombants peu éclairés.
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