Action 10 - Atlas des éruptions historiques

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 Les éruptions volcaniques historiques aux
Petites Antilles : inventaire et spatialisation
des impacts physiques et humains
- - - Rapport - - -
Territoires Caraïbe
Auteur : Guillaume Lalubie
Climat
Milieu marin
Partenaire : UMR ESPACE-DEV, IRD
Mangrove
Date : Août 2012
Littoral
Projet CARIBSAT – Programme INTERREG Caraïbe IV
www.caribsat.teledetection.fr
Urbanisation
Biodiversité
Risques naturels
Sommaire
Avant-propos ................................................................................................................
3
Introduction ..................................................................................................................
4
1. Méthodologie ...........................................................................................................
5
2. Le volcanisme des Petites Antilles ..........................................................................
9
3. L'activité volcanique historique du Mount Liamuiga ...........................................
18
4. L'activité volcanique historique de la Soufrière Hills ..............................................
20
5. L'activité volcanique historique de la Soufrière de Guadeloupe ............................
26
6. L'activité volcanique historique de la Valley of Desolation .................................
34
7. L'activité volcanique historique de la Montagne Pelée .........................................
37
8. L'activité volcanique historique de la Soufrière Volcanic Centre ..........................
45
9. L'activité volcanique historique de la Soufrière de Saint-Vincent ..........................
47
10. Discussions sur les éruptions historiques aux Petites Antilles ..............................
56
Conclusion .................................................................................................................... 65
Table des matières ........................................................................................................ 66
Liste des figures ...........................................................................................................
68
Liste des tableaux ......................................................................................................... 68
2
Avant-propos
3
Introduction
L'activité volcanique aux Petites Antilles est un facteur important dans l'organisation de la
société. Par exemple, les sols peu évolués sur cendres et ponces de la Montagne Pelée,
particulièrement riches, ont accueilli les premières plantations de la Martinique. La ville de
Saint-Pierre fut créée à cet endroit et profita de cette richesse pour devenir une métropole
régionale dynamique. Inversement, en anéantissant totalement la ville et ses 28 000 habitants,
l'éruption de 1902 bouleversa l'organisation du territoire et Fort-de-France devint l'unique
pôle attractif de l'île. Mais, par ailleurs, cette tragédie de 1902, tout comme l'éruption de 1976
de la Soufrière de Guadeloupe ou l'éruption en cours de la Soufrière Hills de Montserrat, ont
donné un sérieux coup de projecteur d'audience internationale à ces îles, actuellement
tournées vers le tourisme. Le caractère volcanique de ces territoires est largement mis en
avant pour la promotion de ces deux destinations.
De façon moins radicale et de manière plus spontanée, quelles furent les conséquences des
éruptions volcaniques historiques aux Petites Antilles? Si de nombreux travaux existent sur
l'étude des phénomènes volcaniques des volcans des Petites Antilles (Roobol et al., 1989;
Shepherd, 1989; Lindsay et al., 2005), en revanche, aucun d'eux ne synthétisait l'ensemble des
effets directs et induits (dommages, isolements, évacuations, décisions prises, etc.) aux cours
des 24 manifestations volcaniques historiques répertoriées.
L'inventaire de l'activité volcanique des deux volcans français (Montagne Pelée et Soufrière
de Guadeloupe) fut réalisé dans le cadre du programme CASAVA (Compréhension et
Analyse des Scénarios, Aléas, et Risque Volcanique aux Antilles), porté par l'IPGP (Institut
Physique du Globe de Paris) et financé par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche). Cet
inventaire fut réalisé au sein volet 4 (Work-package 4, "Territorial, humain, and institutional
vulnerability"), pour le sous-chapitre 4.1. (WP-4.1., "Modelling the networks’ functional
vulnerability"). Afin de profiter des retours d'expérience des éruptions passées, il s'agissait de
réaliser une frise chronologique détaillée des impacts et des conséquences, associée à une
cartographie: le but étant de recréer la dynamique cartographique des crises et de leurs effets,
jour après jour depuis les premiers signes précurseurs jusqu'aux derniers effets induits, pour
replacer ensuite cette dynamique dans le contexte actuel et modéliser essentiellement les
pertes d'accessibilité. Il nous est agréable de remercier à ce titre le porteur du projet
CASAVA, M. le physicien Jean-Christophe Komorowski de l'IPGP (Institut de Physique du
Globe de Paris), M. le Professeur Frédéric Léone, de l'UMR GRED de l'Université de
Montpellier III, coordinateur du volet 4 et M. le Professeur Maurice Burac de AIHP-GEODE
de l'Université des Antilles et de la Guyane, coordinateur des actions CASAVA pour le
laboratoire AIHP-GEODE (EA929) de l'UAG (Université des Antilles et de la Guyane).
Dans le cadre programme CARIBSAT, porté par l'IRD (Institut de Recherche pour le
Développement) et financé par les fonds européens INTERREG Caraïbes, cet inventaire a été
étendu à l'ensemble des Petites Antilles. L'objectif était, d'une part, de rassembler l'ensemble
des informations liées aux manifestations éruptives à l'échelle régionale afin de relier leurs
impacts dans une échelle spatiale et temporelle et, d'autre part, d'observer d'éventuelles
logiques organisationnelles dans le déroulement de chaque éruption. Cet inventaire fut réalisé
au sein de l'action 8 du projet CARIBSAT (Action 8, "Phénomènes liés au développement
urbain"), dans la sous activité, "Risques dits naturels". Nous remercions M. Marc Morell,
coordinateur du projet CARIBSAT et M. Jean-Raphael Gros-Désormeaux, coordinateur
adjoint.
4
Enfin, nous tenons aussi à remercier chaleureusement Cyril Aubaud de l'Observatoire
Volcanologique et Sismique de la Martinique (OVSM/IPGP) pour sa riche bibliographie sur
les Antilles, mise à notre disposition.
En premier lieu, il s'agira de préciser la nature et l'origine des sources documentaires utilisées,
puis de présenter le type d'informations retenues pour alimenter la base de données et les
cartes. Dans un deuxième temps et accompagnant chaque cartes de l'atlas, l'histoire éruptive et
ses impacts sur la société seront synthétisés pour chaque volcan de l'arc s'étant manifesté.
Enfin, dans un dernier chapitre, il sera proposé un modèle graphique des éruptions
historiques, différenciant cinq stades d'impacts éruptifs.
1. Méthodologie
L'inventaire et la spatialisation des impacts physiques et humains reposent sur la
bibliographie, dans laquelle les informations précises ont été extraites. Suffisamment riche,
elle a permis de constituer une base de données et un atlas.
1.1. Le contexte de la littérature scientifique volcanique aux Petites Antilles
A la suite de la découverte des Amériques par les européens, les Allégorie de Picart Le Romain,
phénomènes volcanologiques qui s'y déroulaient ne manquaient 1737, dans: Duviol J.P., 1985,
p. 103
jamais d'être décrits, tant en raison de la fascination des auteurs
par le spectacle naturel offert, que par la demande des lecteurs
européens avides de rêves. L'Amérique se devait d'être un
voyage maritime, avec de l'or, des "sauvages" anthropophages et
des volcans (allégories des XVIIe et XVIIIe siècles).
Aux Petites Antilles, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les
témoignages relatant les activités volcaniques étaient écrits par
des chroniqueurs n'ayant pas une connaissance appuyée des
phénomènes volcaniques. Par la suite, grâce au développement
des colonies, la population scientifique antillaise s'enrichit et les
descriptions des phénomènes volcanologiques devinrent plus
précises.
Il aura tout de même fallu attendre les drames des éruptions de
1902 de la Soufrière de Saint-Vincent et de la Montagne Pelée,
pour voir la communauté des volcanologues s'intéresser aux
volcans Antillais. Plus tard, deux observatoires volcanologiques
furent installés définitivement, dans les années 1930 en
Martinique et en 1949 à la Guadeloupe.
L'observatoire volcanologique de Montserrat fut créé au début de l'éruption actuelle, en 1995.
Outre ces trois observatoires volcanologiques, globalement dans la région, la recherche
géologique et la surveillance de l'activité sismique et volcanique sont assurées par le SRU
(Seismic Research Unit) de l'UWI (University of the West Indies).
Les volcans des Antilles sont ainsi relativement bien documentés, ce qui permet de dresser un
bilan historique fiable. Ce présent inventaire bibliographique s'est reposé sur les travaux
existants de M. John Roobol, Alan L. Smith et de John B. Shepherd (Roobol M.J., Smith
A.L., 1989, 2004; Shepherd J.B., 1989), ainsi que le "Volcanic atlas of the Lesser Antilles" du
5
Seismic Research Unit de l'Université des West Indies, publié en 2005 (Lindsay J.M.,
Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A., (Eds.), 2005).
Bibliographie
Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.), 2005. Volcanic atlas of the Lesser Antilles.
St-Augustine, Trinidad et Tobago. Seismic Research Unit of the University of the West Indies: 279 p.
Roobol M.J., Smith A.L., 1989. Volcanic and associated hazards in the Lesser Antilles. In: Latter J. H. (Ed.),
IAVCEI Proceedings in Volcanology 1, Volcanic Hazards, Berlin, Springer-Verlag: 57-85.
Roobol M.J., Smith A.L., 2004. Volcanology of Saba and St. Eustatius, Northern Lesser Antilles. Royal
Netherlands Academy of Arts and Letters: 320 p.
Shepherd J.B., 1989. Eruption, eruption precursors and related phenomena in the Lesser Antilles. In: Latter J. H.
(Ed.), IAVCEI Proceedings in Volcanology 1, Volcanic Hazards, Berlin, Springer-Verlag: 292-311.
1.2. Une démarche historienne reposant sur les sources écrites
Dans la mesure du possible, cet inventaire historique a été réalisé à partir des sources écrites
originales. Cette démarche permet de bien faire ressortir les informations brutes par rapport à
celles provenant de l'analyse ou de l'interprétation des auteurs qui, par la suite, font référence
aux textes originaux. Par ailleurs, l'inventaire s'appuie également sur des travaux
universitaires historiques et géographiques, lorsqu'ils livrent des faits et des analyses à partir
de documents d'archive originaux non publiés.
L'histoire éruptive des volcans ne se mélange guère. Si des phénomènes volcaniques et hydrovolcano-géomorphologiques, apparemment similaires, se rencontrent sur tous les édifices, il
apparaît que leurs origines, leurs intensités et leurs impacts sont assez peu comparables. Par
souci de clarté, chaque volcan sera traité individuellement et de façon chronologique.
1.3. La base de données "Lesser Antilles Volcanic Impact"
La base de données BDLAVI "Lesser Antilles Volcanic Impact" fait la synthèse des
informations bibliographiques concernant les activités volcaniques historiques aux Antilles
françaises.
La BDLAVI répertorie la nature et, dans la mesure du possible la magnitude, des phénomènes
physiques émanant du volcan, ainsi que leurs impacts directs ou indirects sur l'environnement
et les activités humaines. En effet, rattachée aux phénomènes physiques, la BDLAVI récence
également les principales réponses institutionnelles ou celles spontanées prises
individuellement par les habitants. Chaque information est attachée à sa référence
bibliographique avec le numéro de page concernée. Quand l'information est reportée dans
l'atlas, la BDLAVI renseigne également le numéro de la carte où elle se situe.
Bien entendu, beaucoup d'évènements ne sont pas renseignés et les informations sont parfois
parcellaires, faute de témoin ou de témoignage. De plus, l'homogénéité de l'information dans
la BDLAVI peut être remise en cause, notamment par le fait que, depuis la seconde moitié du
XXe siècle, les évènements sont (et seront dans l'avenir) mieux documentés, notamment grâce
aux instruments géophysiques présents sur les volcans.
Pour une lisibilité accrue, la BDFAVI est présentée sous un tableau Excel, avec une feuille par
volcan. Cette base de données est rangée chronologiquement afin de pouvoir être complétée
dans l'avenir en rajoutant des lignes vers le bas.
6
1.4. L'atlas des éruptions historiques aux Antilles françaises
Dans la mesure du possible, les informations des BDLAVI ont été cartographiées. Une carte a
été réalisée pour chaque date clé retenue au sein des éruptions, correspondant généralement
aux paroxysmes phréatiques ou magmatiques. Elles peuvent également correspondre à une
période de stades éruptifs plus modestes, comme, par exemple, les signes précurseurs ou la
phase moins active en fin d'éruption. Ainsi, les dates ou les périodes retenues pour chaque
éruption répondent davantage à des critères d'intensité des impacts sur la population qu'à des
critères purement volcanologiques des stades éruptifs.
Ainsi, sur un fond de carte des îles, représentant les bourgs et les routes principales, différents
faits physiques et humains ont été spatialisés. À cette échelle d'analyse (7 volcans et 24
éruptions), il convenait de représenter des éléments marquants qui se rencontrent
communément au cours des différentes éruptions, généralement selon les stades d'intensité de
l'activité volcanique.
Dans l'atlas, les informations représentées sont:
- la localisation de la bouche éruptive et la magnitude du panache classée en trois
catégories: les émanations (vitesse lente), une colonne éruptive (sous pression) et une colonne
paroxysmique;
- les dépôts volcaniques, classés en cinq catégories selon leur nature et leur impact :
retombées de cendres modérées (< 5 cm), dépôts de cendres épais (5 < < 30 cm), dépôts de
retombées aériennes destructrices par l'épaisseur (> 30 cm de cendres et lapillis), destructions
par les projections (toute granulométrie) et les dépôts laviques ou pyroclastiques;
- certains autres phénomènes volcaniques directs ou secondaires ressentis par la
population vivant sur l'édifice: explosions éruptives, séismes, lahars, tsunamis, grondements
et séismes précurseurs;
- certains impacts directs ou indirects: nombre de victimes, ruptures de pont,
destructions de bâti et ruptures du câble de télécommunication;
- certaines réponses humaines prises individuellement, mais pouvant parfois refléter
la majorité de la population présente, comme bien entendu l'évacuation partielle spontanée,
avec retour rapide ou parfois sans retour, mais aussi la visite des lieux par les curieux, laquelle
est une constante.
- certaines réponses institutionnelles marquantes, comme le déplacement des plus
hautes autorités, l'évacuation de la zone dangereuse et le retour officiel, ou encore la
mobilisation d'une commission scientifique (et son délai pour être sur les lieux).
L'extension spatiale des dépôts volcaniques a été établie ou extrapolée à partir des sources ou
de la compilation de sources les plus précises à ce sujet, présentées dans les tableaux
récapitulatifs au chapitre de chaque volcan.
Ainsi, 24 manifestations volcanologiques ont été recensées et 84 cartes ont été nécessaires
pour spatialiser l'ensemble des impacts physiques et humains (tableau 1).
7
Tableau 1. Récapitulatif des manifestations volcaniques historiques aux Petites Antilles
Ile
Volcan
Saint-Kitts
Montserrat
Basse-Terre
Dominique
Martinique
Sainte-Lucie
Saint-Vincent
Total
Mount Liamuiga
Soufrière Hills
Soufrière de Guadeloupe
Valley of Desolation
Montagne Pelée
Soufrière Volcanic Centre
Soufrière of Saint-Vincent
7
Manifestations
historiques
2
1
5
3
4
2
7
24
Nombre
de cartes
2
21
11
3
22
2
23
84
Les 24 manifestations spatialisées sont représentées par 10 éruptions magmatiques, 12
éruptions phréatiques et 2 recrudescences fumerolliennes (tableau 2).
Tableau 2. Récapitulatif de l'histoire éruptive des Petites Antilles
Date
1690
1692
1718
1766
1784
1792
1797
1812
1836
1843
1851
1880
1880
1901
1902
1902
1929
1956
1971
1976
1979
1995
1997
2001
Volcan
La Soufrière
Mt. Liamuiga
The Soufrière
Soufrière Volcan. C.
The Soufrière
Montagne Pelée
La Soufrière
The Soufrière
La Soufrière
Mt. Liamuiga
Montagne Pelée
Valley of Desolation
The Soufrière
Valley of Desolation
Montagne Pelée
The Soufrière
Montagne Pelée
La Soufrière
The Soufrière
La Soufrière
The Soufrière
Soufrière Hills
Valley of Desolation
Soufrière Volcan. C.
Ile
Basse-Terre
Saint-Kitts
Saint-Vincent
Sainte-Lucie
Saint-Vincent
Martinique
Basse-Terre
Saint-Vincent
Basse-Terre
Saint-Kitts
Martinique
Dominique
Saint-Vincent
Dominique
Martinique
Saint-Vincent
Martinique
Basse-Terre
Saint-Vincent
Basse-Terre
Saint-Vincent
Montserrat
Dominique
Sainte-Lucie
Type éruption
Phréatique
Phréatique
Magmatique
Phréatique
Magmatique ?
Phréatique
Phréatique
Magmatique
Phréatique
Phréatique
Phréatique
Phréatique
Magmatique ?
Recr. fumerol.
Magmatique
Magmatique
Magmatique
Phréatique
Magmatique
Phréatique
Magmatique
Magmatique
Phréatique
Recr. fumerol.
1.5. Le modèle graphique de synthèse des différents stades d'impacts éruptifs
Chaque carte peut être synthétisée par un modèle graphique de type chorématique (Brunet,
1987. La carte, mode d'emploi. Paris, Fayard/Reclus; Brunet & Dollfus, 1990. Le
déchiffrement du monde, Géographie universelle - vol. 1, Mondes nouveaux. Paris,
Hachette/Reclus). Rangés en fonction du stade d'impacts éruptifs et non plus
chronologiquement par éruption, il est alors possible de mettre en avant les traits communs de
chaque stade, concernant autant les impacts physiques directs que les réponses humaines.
Ensuite, en y intégrant de nouveau la chronologie, il sera possible de faire ressortir et de dater
certaines modifications comportementales des populations et des autorités.
8
2. Le volcanisme des Petites Antilles
Si les volcans antillais ont des caractéristiques éruptives communes (dômes, nuées ardentes,
effondrements de flanc, etc.), il n'en demeure pas moins que les édifices diffèrent par leurs
morphologies, externe et interne.
2.1. Une activité volcano-sismique régionale soutenue
La plaque tectonique Caraïbe est délimitée à l'ouest et à l'est par deux zones de subduction et
au nord comme au sud, par un réseau complexe des failles générant une forte activité
sismique (figure 1). Le volcanisme intervient en arrière des fronts de subduction. A l'ouest, il
se manifeste par la cordillère de l'isthme centre américain, et à l'est par l'arc insulaire des
Petites Antilles.
Figure 1. Le contexte géodynamique de la
plaque Caraïbe et ses volcans (triangle noir)
(D'après: Andreieff et al., 1989 et Lalubie,
2011)
Les volcans du bassin Caraïbe sont généralement des appareils andésitiques, aux éruptions
espacées dans le temps, mais très explosives et caractérisées par des dynamismes diversifiés.
Ils forment de grands édifices composites, communément appelés stratovolcans. La
morphologie de ces volcans "gris" peut se modifier radicalement au cours d'une éruption,
notamment par la décapitation du sommet, l'effondrement d'un flanc ou encore
l'ensevelissement d'une vallée. Malgré quelques caractéristiques communes, les édifices
volcaniques présentent une variabilité importante en ce qui concerne leur dynamisme, leur
morphologie, leur environnement et plus généralement les paysages qu'ils offrent.
Bibliographie
Andreieff P., Bouysse P., Westercamp D., 1989. Géologie de l’arc insulaire des Petites Antilles et évolution
géodynamique de l’est caraïbe. Orléans, Document BRGM, 171: 385 p.
Lalubie G., 2011. Les paysages volcaniques du Bassin caraïbe : les potentialités de la modélisation graphique.
Terres d'Amérique, 8: 189-204.
9
2.2. Un arc volcanique insulaire type
Les Petites Antilles, de Trinidad au sud à Vieques (îles Vierges) au nord, regroupent 38 îles,
parmi lesquelles 12 possèdent au moins un volcan actif. Les 21 volcans de l'arc actifs sont
distribués pour former un arc de près de 850 km de longueur et d'un large rayon de courbure
d'environ 450 km.
L'activité volcanologique de l'arc des Petites Antilles peut se décomposer en trois phases
(Andreieff et al., 1989; MacDonald et al., 2000):
- de Eocène inférieur à l'Oligocène moyen (50 - 30 Ma) pour édifier l'arc ancien;
- durant le Miocène;
- depuis le Pliocène (5 Ma) pour former l'arc récent recouvrant l'ancien au sud et
formant un arc intérieur dans la moitié nord.
Actuellement, seules les îles de l'arc récent possèdent des volcans actifs (figure 2). Depuis
l'ère chrétienne, 44 éruptions magmatiques ont été décrites ou reconnues par les datations de
dépôts géologiques, auxquelles on peut rajouter les 11 éruptions sous marines du Kick'em
Jenny (figure 2).
Figure 2. Les volcans actifs des Petites Antilles
et leur activité magmatique depuis 2000 ans
(d'après les datations dans Smith et al., 2005, p.
184, 195; Robertson, 2005, p. 207, 249 ;
Sherpherd et al., 1971, p. 144; Komorowski et
al., 2005, p. 80; Legendre et al. 2010; Lindsay et
al., 2005, p. 8, 113; Boudon et al., 2005, p. 136).
10
Les volcans Antillais présentent une variabilité de taille indépendamment de leur situation
dans l'arc (tableau 3). Cependant, à part quelques exceptions, les édifices dépassent 900 m
d'altitude et constituent une réelle barrière aux Alizés océaniques, génératrices d'importantes
pluies orographiques. A l'inverse sous le vent de ces hauts reliefs, l'effet d'abri minimise les
précipitations. Les flancs des édifices, mesurant une longueur de quatre à plus d'une dizaine
de kilomètres, sont drainés par un réseau hydrographique rayonnant, généralement dense. Ce
dernier peut être perturbé, tout comme la régularité du cône volcanique, par des cicatrices
d'effondrement de flanc, assez communes sur ces volcans insulaires.
Tableau 3. Morphologie des volcans actifs des Petites Antilles
Ile
Saba
Saint-Eustache
Saint-Kitts
Nevis
Montserrat
Basse-Terre
Dominique*
Volcan
Altitude
maximale (m)
514
600
1155
985
914**
1467
942
1421
1402 (1516)
1335
1340
800
1110
1227
1000
1395
950
1178
Diamètre
(km)
4
4
9
9
8
20
6
16
Sommet
Mount Scenery
Dôme
The Quill
Cratère
Mount Liamuiga
Cratère/dôme
Nevis Peak
Cratère
Soufrière Hills
Cratère/dôme
Soufrière de Guadeloupe
Dôme
Morne aux Diables
Dômes
Morne Diablotins
Dômes
Morne Trois Pitons
3 dômes
Microtin-Wotten Waven
2 dômes
Morne Watt
4 dômes
Valley of Desolation
Cratères
Grande Soufrière Hills
Cratère/dôme
Morne Anglais-John
2 dômes
Complexe Plat Pays
7
Dômes
Martinique
Montagne Pelée
14
Cratère/2 dômes
Sainte-Lucie
Soufrière Volcanic Centre
≈15
Dôme
Saint-Vincent
Soufrière of Saint-Vincent
9
Cratère/dôme
Caille
Caille
Coulée???
Kick 'em Jenny
- 160
Sous-marin
Grenade
Mount Sainte-Catherine
910
13
Dôme
*: 9 volcans sur toute l'île; **: Pré-éruption en cours; Souligné: Eruption(s) historique(s)
Bibliographie
Andreieff P., Bouysse P., Westercamp D., 1989. Géologie de l’arc insulaire des Petites Antilles et évolution
géodynamique de l’est caraïbe. Orléans, Document BRGM, 171: 385 p.
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Research Unit, UWI: 127-146.
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Cheminée, J.L., 2005. Guadeloupe. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A.
(Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 67-104.
Legendre Y., Komorowski J.-C., Boudon G., 2010. A high-resolution reconstruction of the recent past of La
Soufrière de Guadeloupe over the last 12 000 years. Le Gosier, 19ème Conférence Géologique de la
Caraïbes, Mars 2011, Poster.
Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.), 2005. Volcanic atlas of the Lesser Antilles.
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Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic
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Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et
Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 107-126.
Macdonald R., Hawkesworth C.J., Heath E., 2000. The Lesser Antilles volcanic chain: a study in arc
magmatism. Earth Science Reviews, 49: 1-76.
11
Robertson R., 2005. St. Kitts. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (eds.), Volcanic
atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobbago, Seismic Research Unit, UWI: 205-217.
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Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 241-261.
Shepherd J.B., Tomblin J.F., Woo D., 1971. Volcano-seismic crisis in Montserrat, West Indies. Bulletin of
Volcanology, 35: 143-163.
Smith A.L., Roobol M.J., 2005. Saba. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.),
Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 180-190.
Smith A.L., Roobol M.J., 2005. St. Eustatius. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A.
(Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 192-202.
2.2. Le début de l'activité volcanologique historique
L'histoire éruptive d'un volcan commence avec les témoignages écrits de ses activités.
Malgré qu'ils fussent témoins de 17 éruptions magmatiques (dont 8 à Saint-Vincent) depuis
environ 350 ans (1300-1650), les Amérindiens Kalinagos occupant les Petites Antilles ne
nous ont fait parvenir aucun savoir volcanologique, aucun mot pour décrire une activité
éruptive (Lalubie, Sous presse).
Curieusement, quelques termes en rapport avec le volcanisme nous ont tout de même été
rapportés. Ils connaissaient le soufre ("ouroüali", Breton, 1665, p. 425) et en livraient aux
pirates pour leur poudre à canon. En 1624 en Martinique, Pierre Belain-d'Esnanbuc, qui sera
11 ans plus tard à la tête de sa colonisation définitive, faisait charger du soufre dans la Baie de
Fort-de-France (Moreau, 1992, p. 189). Les Kalinagos différenciaient aussi trois types de
pierres ponces (Breton, 1665, p. 97, 358, 425). Enfin, concernant un registre davantage lié aux
croyances, du "feu souterrain" d’où sortait le soufre, dans le complexe volcanique du Morne
Plat Pays au sud de la Dominique, les Kalinagos y voyaient la présence d'Escarboucle
("alloüebéra", Breton, 1665, p. 31), sorte de dragon (De Provins, 1646, p. 39) ou de serpent
(Bouton, 1640, p. 108; De Rochefort, 1667, T1, pp. 75-76) vivant dans une caverne. Tel un
Cyclope, il posséderait sur le front une pierre rouge (rubis) obstruant un orifice servant de
lobe oculaire (De Rochefort, 1667, T1, pp. 75-76) ou d'orifice buccal pour boire (Bouton,
1640, p. 108).
Ainsi, faute de témoignage précolombien, il serait possible de considérer que l'histoire
volcanologique aux Antilles débuta à la fin du XVe siècle, avec l'arrivée de Christophe
Colomb. Cependant, durant le XVIe siècle, l'intérêt général était porté avant tout sur les mines
d'or et d'argent de la Terre ferme plus à l'ouest (De Dampierre J., 1904, p. 6). Ces îles
volcaniques, la Dominique en tête, puis la Guadeloupe et enfin la Martinique en moindre
mesure (Moreau, 1992, p. 82, 83 et annexe 5), servaient exclusivement d'étape de
ravitaillement en sortie d'océan, pour l'approvisionnement en eau douce essentiellement
(aiguade), avant de poursuivre le voyage maritime vers les Grandes Antilles ou l'Amérique
continentale. Les bateaux n'y stationnaient donc que quelques jours et ces escales ne
donnèrent pas l'occasion de recueillir des informations relatives à l'activité volcanique de
l'archipel. Ce n'est que par les travaux géologiques que l'on connait les 9 éruptions de l'arc
Antillais, datant du XVIe et même du début du XVIIe (tableau 4).
12
Tableau 4. Les 12 éruptions volcaniques sans témoignage entre la découverte des îles et leur
colonisation par les Européens
Ile
Saba
Saint-Eustache
Saint-Kitts
Nevis
Montserrat
Basse-Terre
Dominique
Martinique
Sainte-Lucie
Saint-Vincent
Volcan
Mount Scenery
The Quill
Mount Liamuiga
Nevis Peak
Soufrière Hills
Soufrière de Guadeloupe
Valley of Desolation*
Montagne Pelée
Soufrière Volcanic Centre
Soufrière of Saint-Vincent
Découverte
européenne
1493
1493
1493
1493
1493
1493
1493
1499
1499
1499
Eruption
1670 (±80 ans)
1646 (±54 ans)
1530 (±30 ans)
1500 (± 90 ans)
1605 (±30 ans)
≈1460 (±45 ans)*
≈1500 (±80 ans)*
≈1550 (±60 ans)*
≈1620 (±60 ans)*
1718
Colonisation
(Moreau, 1992)
1635
1632
1623
1628
1632
1635
1635
1635
1635 (intermittent)
1719
Grenade
Mount Sainte-Catherine
1498
1649
* Dates hypothétiques résultant de classes déterminées à partir des datations de dépôts publiées dans Robertson,
2005, p. 249
Il faudra alors attendre la colonisation définitive des îles par les Nord-Européens pour avoir
les descriptions des manifestations éruptives que les chroniqueurs de l'époque ne manquaient
pas de rapporter. L'histoire volcanique aux Petites Antilles commence ainsi durant le
deuxième quart du XVIIe siècle. Elle comprend 12 éruptions phréatiques et 10 éruptions
magmatiques.
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Bouton J., 1640. Relation de l'establissement des Francois depuis l'an 1635, en l'isle de la Martinique, l'une des
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2.3. Une activité volcanologique historique chargée
Si les premiers témoignages remontent au milieu du XVIIe siècle, il parait probable qu'à cette
époque, ils ne furent pas exhaustifs. En revanche, à partir de la fin du XVIIe siècle, il est
possible de considérer que les récits relatent l'ensemble des phénomènes, à l'exception des îles
de la Dominique et de Saint-Vincent restées aux mains des Amérindiens. Il faudra attendre la
13
seconde moitié du XVIIe siècle pour avoir une présence nord-européenne sur l'ensemble des
îles.
Ainsi, depuis la seconde moitié du XVIIe jusqu'au début du XXIe siècle, il est possible de
lister 73 manifestations volcaniques historiques aux Petites Antilles (tableau 5). Elles peuvent
se ranger en quatre grands type d'activité, d'intensité de perception croissant: la crise volcanosismique, la recrudescence fumerollienne, l'éruption phréatique et l'éruption magmatique.
Tableau 5. Récapitulatif de l'histoire éruptive des Petites Antilles (D'après Roobol et Smith.,
1989, 2004; Shepherd, 1989; Lindsay et al., 2005)
N°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
Année
1657
1673
1690
1692
1718
1737
1765
1766
1766
1784
1792
1797
1809
1812
1831
1841
1836
1843
1849
1851
1879
1880
1880
1892
1893
1897
1898
1901
1902
1902
1903
1906
1926
1929
1929
1933
1937
1945
1947
1947
1950
1956
1959
1961
1962
1966
1967
1969
1971
1971
1974
1974
1976
1976
1979
Volcan
Montagne Pelée
Morne aux Diables ?
La Soufrière
Mt. Liamuiga
The Soufrière
La Soufrière
Morne Diablotins ?
Soufrière Volcan. C.
La Soufrière
The Soufrière
Montagne Pelée
La Soufrière
La Soufrière
The Soufrière
Nevis Peak
Nord Dominique
La Soufrière
Mt. Liamuiga
Morne Plat Pays
Montagne Pelée
La Soufrière
Valley of Desolation
The Soufrière
La Soufrière
Nord Dominique
Soufrière Hills
La Soufrière
Valley of Desolation
Montagne Pelée
The Soufrière
La Soufrière
Soufrière Volcan. C.
Nevis Peak
Montagne Pelée
La Soufrière
Soufrière Hills
Morne Plat Pays
The Soufrière
Nevis Peak
La Soufrière
Nevis Peak
La Soufrière
Sud Dominique
Nevis Peak
La Soufrière
Soufrière Hills
Sud Dominique
Dominique
The Soufrière
Sud Dominique
Morne Plat Pays
Mt. Liamuiga
La Soufrière
Microtin
The Soufrière
Ile
Martinique
Dominique
Basse-Terre
Saint-Kitts
Saint-Vincent
Basse-Terre
Dominique
Sainte-Lucie
Basse-Terre
Saint-Vincent
Martinique
Basse-Terre
Basse-Terre
Saint-Vincent
Nevis
Dominique
Basse-Terre
Saint-Kitts
Dominique
Martinique
Basse-Terre
Dominique
Saint-Vincent
Basse-Terre
Dominique
Montserrat
Basse-Terre
Dominique
Martinique
Saint-Vincent
Basse-Terre
Sainte-Lucie
Nevis
Martinique
Basse-Terre
Montserrat
Dominique
Saint-Vincent
Nevis
Basse-Terre
Nevis
Basse-Terre
Dominique
Nevis
Basse-Terre
Montserrat
Dominique
Dominique
Saint-Vincent
Dominique
Dominique
Saint-Kitts
Basse-Terre
Dominique
Saint-Vincent
Type manifestation
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Phréatique
Phréatique
Magmatique
Recrud. fumerollienne
Crise volcano-sismique
Phréatique
Recrud. fumerollienne
Magmatique ?
Phréatique
Phréatique
Recrud. fumerollienne
Magmatique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Phréatique
Phréatique
Crise volcano-sismique
Phréatique
Recrud. fumerollienne
Phréatique
Magmatique ?
Recrud. fumerollienne
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Recrud. fumerollienne
Recrud. fumerollienne
Magmatique
Magmatique
Recrud. fumerollienne
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Magmatique
Recrud. fumerollienne
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Recrud. fumerollienne
Crise volcano-sismique
Phréatique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Magmatique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Phréatique
Crise volcano-sismique
Magmatique
14
Source principale
Du Tertre, 1667
Ballet, 1896
Sloane., 1694
Lee, 1869
Anonyme, 1767
Atwood, 1791
Lefort de Latour, 1784
Anonyme, 1767
Anderson, 1785
Dupuget, 1796
Hapel-Lachêsnaie, 1798
Lherminier, 1815
Anonyme, 1812
Shepherd, 1989
Robson, 1964
Lherminier, 1837
Capadose, 1845
Drumm W.M., 1849
Le Prieur, 1853
Ballet J., 1896
Eldridge, 1880
Anderson, 1903
Le Boucher, 1900
Elliot, 1893
Sherpherd, 1971
Le Boucher, 1900
Lacroix, 1904
Lacroix, 1904
Anderson T., 1903
Lacroix, 1903
Lindsay, 2005
Anonyme, 1926
Revert, 1931
Bruet, 1950
Perret, 1939
Robson, 1964
Seen, 1946
Robson, 1964
Bruet, 1950
Willmore, 1952
Jolivet, 1958
Robson, 1967
Robson, 1962
Roobol et al., 1989
Sherpherd, 1971
S.R.U.; Lindsay, 2005
S.R.U.; Lindsay, 2005
Aspinall, 1973
S.R.U., Lindsay, 2005
Tomblin, 1974
Robertson, 2005
I.P.G.P., 1976, 77
S.R.U.; Lindsay, 2005
Shepherd, 1979
Tableau 5. Suite (D'après Roobol et Smith., 1989, 2004; Shepherd, 1989; Lindsay et al., 2005)
N°
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
Année
1980
1985
1986
1986
1988
1990
1992
1992
1994
1995
1997
1997
1998
1999
2000
2000
2000
2001
Volcan
Montagne Pelée
Morne Plat Pays
Montagne Pelée
Soufrière Volcan. C.
Mt. Liamuiga
Soufrière Volcan. C.
La Soufrière
Mount Scenery
Sud Dominique
Soufrière Hills
Valley of Desolation
Sud Dominique
Morne Plat Pays
Soufrière Volcan. C.
Soufrière Volcan. C.
Montagne Pelée
Nord Dominique
Soufrière Volcan. C.
Ile
Martinique
Dominique
Martinique
Sainte-Lucie
Saint-Kitts
Sainte-Lucie
Basse-Terre
Saba
Dominique
Montserrat
Dominique
Dominique
Dominique
Sainte-Lucie
Sainte-Lucie
Martinique
Dominique
Sainte-Lucie
Type manifestation
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Recrud. fumerollienne
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Magmatique
Phréatique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Recrud. fumerollienne
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Recrud. fumerollienne
Source principale
Boudon, 2005
Shepherd, 1986
Hirn, 1987
Lindsay, 2005
Robertson, 2005
Lindsay, 2005
Komorowski et al, 2005
Ambeh, 1995
S.R.U., Lindsay, 2005
www.mvo.com
Lindsay, 2005
SRU, 2000; Lindsay, 2005
SRU, 2000; Lindsay, 2005
Lindsay, 2005
Lindsay, 2005
OVSM
S.R.U.; Lindsay, 2005
Lindsay, 2005
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Shepherd J.B., Aspinall W.P., Rowley K.C., Pereira J.A., Sigurdsson H., Fiske R.S., Tomblin J.F., 1979. The
eruption of the Soufrière Volcano, St.Vincent, April-June 1979. Nature, 282(5734): 24-28.
Sloane H., 1694. A letter from Hans Sloane, M.D. and S.R.S.: with several account of the Earthquakes in Peru,
October the 20th. 1687. And at Jamaica, February 19th. 168⅞. and June the 7th. 1692. Philosophical
transactions, 18: 78-100. (www.gallica.bnf.fr).
Tomblin J., Aspinall W., Almorales H.J., Shepherd J.B., 1974. Dominica local earthquakes, 1974. Seismic
Research Unit, UWI, Report 1-7.
Willmore P.L., 1952. The earthquake series in St. Kitts-Nevis 1950-51. Nature, 169 (4306): 770-772.
17
3. L'activité volcanique historique du Mount Liamuiga
3.1. Les caractéristiques du Mount Liamuiga de Saint-Kitts
Le Mount Liamuiga est un stratovolcan s'élevant à 1155 m d'altitude pour un diamètre
d'environ 9 km. C'est le quatrième et dernier ensemble volcano-structural de Saint-Kitts et il
constitue le tiers nord de l'île, laquelle est peuplée d'environ 36 000 habitants. Avec Nevis,
l'île est indépendante de la Grande-Bretagne depuis 1983. La capitale Basse-Terre n'est pas
située sur les pentes du volcan.
Le Mount Liamuiga est composé d'une succession de dépôts pyroclastiques (retombées,
coulées et surges), d'avalanche de débris, de lahars, mais aussi de coulées de lave observables
au sommet de l'édifice (Robertson, 2005). Les dépôts sont datés postérieurement à 43 000 ans
B.P. La dernière éruption magmatique identifiée remonterait à environ 1500 ans. Le sommet
de l'édifice possède un cratère et d'un dôme (carte morphologique page 4 de l'atlas). Le point
bas du rebord du cratère est orienté vers l'ouest (Baker, 1985, p. 284). Trois dômes sont
également bien individualisés sur les flancs du volcan.
Une soufrière est présente à l'intérieur du cratère sommital. Elle fut le siège des
manifestations volcaniques. L'activité volcanique historique du Mount Liamuiga correspond à
deux éruptions phréatiques, en 1692 et 1843 (tableau 6).
Tableau 6. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs du Mount Liamuiga
N°
carte
Date
Evénement
1692-1
1843-1
1692
1843
Destruction
Extrapolation spatialisation
Référence principale
Page
atlas
Sloane, 1694, p. 99
Capadose, 1845, p. 131
6
6
Bibliographie
Robertson R.E.A., 2005. St. Kitts. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.),
Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 205-217.
3.2. L'éruption phréatique de 1692
Malgré l'occupation de l'île par deux nations nord-européennes, il n'existe pas de récit de
l'éruption réalisé par des habitants.
Carte 1-1692. A la suite du grand séisme de la Jamaique, le 7 juin 1692, une éruption de la
"grande montagne de matière combustible" fut rapportée sans grand détail ("an eruption of the
great Mountain there of combuſtible Matter"). L'éruption semble avoir duré quelques temps,
("which ſtill continues") (Sloane, 1694, p. 99). Un autre auteur mentionne cet épisode, sans
donner de détail (De Humboldt A., 1819, p. 22).
Bibliographie
Sloane H., 1694. A letter from Hans Sloane, M.D. and S.R.S.: with several account of the Earthquakes in Peru,
October the 20th. 1687. And at Jamaica, February 19th. 168⅞. and June the 7th. 1692. Philosophical
transactions, 18: 78-100. (www.gallica.bnf.fr).
De Humboldt A., 1819. Voyage aux régions équinoxiales du nouveau continent, fait en 1799, 1800, 1801, 1802,
1803 et 1804, par Al. de Humboldt et A. Bonpland. Paris, N. Maze, T2: 722 p. (www.gallica.bnf.fr).
18
3.3. L'éruption phréatique de 1843
Cette seconde éruption phréatique semble avoir été plus puissante que la première.
Carte 1-1843. En 1843, une éruption phréatique produisit des dégagements de vapeur ("spiral
cloud of white smoke") et une réactivation du bouillonnement et des émanations de la source
sulfureuse ("the sulphureous to have bubbled up and overspread the space around"). Cette
éruption phréatique engendra des modifications morphologiques dans le cratère, rendant son
accès plus difficile ("the appearance of the crater is changed and the difficulties of the
descent much increased") (Capadose, 1845, p. 131)
Bibliographie
Capadose H., 1845. Sixteen years in the West Indies. London, T.C. Newby, Volume 2: 264 p.
(www.books.google.fr)
19
4. L'activité volcanique historique de la Soufrière Hills
4.1. Les caractéristiques de la Soufrière Hills de Montserrat
La soufrière Hills est le dernier des cinq édifices volcaniques de l'île de Montserrat, et
constitue la partie centre-sud de l'île. L'île est une colonie autonome de la Grande-Bretagne et
voit sa population varier en raison de l'éruption en cours. Elle était supérieure à 10 000
habitants avant 1995 et s'est réduite à quelques milliers depuis. La capitale Plymouth, installée
sur les pentes du volcan fut ensevelie quasiment en quasi totalité en 1997, par des coulées
pyroclastiques et des lahars. Actuellement, Little Bay, au nord de l'île, a pris le rôle de
capitale administrative.
La Soufrière Hills est un stratovolcan qui, avant l'éruption actuelle, s'élevait à 914 m d'altitude
pour un diamètre d'environ 8 km. Ses plus anciens dépôts datent de 2,6 millions d'années. En
général, les dépôts sont composés majoritairement de dépôts pyroclastiques et, en moindre
mesure, de dépôts lahariques, de dépôts d'avalanches de débris et de dépôts de ponces (Hincks
et al., 2005). Plusieurs effondrements de flanc ont été reconnus, en direction de l'est comme
de l'ouest (Le Friant, 2004; Deplus, 2001). Les effondrements ont été datés entre 34000 ans et
le 25 décembre 1997, date du dernier durant l'éruption actuelle.
Avant l'éruption actuelle, l'édifice présentait cinq dômes en son centre, dont le Castle Peak,
situé à l'intérieur de la structure d'effondrement de flanc (datée d'environ 2000 ans),
matérialisant l'English's Crater (carte morphologique page 7 de l'atlas). Au cours de l'éruption
actuelle, le dôme en construction a rempli l'English's Crater et déborde de ses parois.
Avant l'éruption en cours, quatre soufrières était recensées autour du volcan.
L'activité volcanique historique de la Soufrière Hills est avant tout représentée par l'éruption
magmatique actuelle, en cours depuis 1995, qui se déroule à l'intérieur de l'English's Crater
(tableau 7). De plus, plusieurs réactivations fumeroliennes ont également été recensées.
Tableau 7. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la Soufrière Hills
N°
carte
1995-1
1995-2
1995-3
1995-4
1995-5
1995-6
1995-7
1995-8
1995-9
1995-10
1995-11
1995-12
1995-12
1995-13
1995-14
1995-15
1995-16
1995-17
1995-18
1995-19
1995-20
1995-21
Date
Evénement
21 août 1995
Déc. 95-Mai 1996
17 sept. 1996
30 mars 1997
Mi-juin 1997
25 juin 1997
Août-oct. 1997
25 déc. 1997
3 juillet 1998
Sept. - déc. 1998
Sept.-nov. 1999
Juillet 99-01-03
Juillet 99-01-03
Août 03 - août 05
Avril 05 - sept 06
Sept. 06 - Déc. 06
Déc. 06 - avril 07
Avril 07 - juil. 08
Juil. 08 - janv. 09
Janv. 09 - sept. 09
Oct. 09 - févr. 10
Févr. 10 - Déc. 11
Nuage noir
Zone détruite
Zone détruite
Zone détruite
Zone détruite
Zone détruite
Dépôts pyrocl.
Zone détruite
Dépôts pyrocl.
Lahars
Lahars
Cendre
Zone détruite
Dépôts pyrocl.
Zone détruite
Zone détruite
Dépôts pyrocl.
Zone détruite
Dépôts pyrocl.
zone détruite
Dépôts pyrocl.
Extrapolation spatialisation
Tar Valley
Surface du 03/07/98 (?) au nord
Idem + haute White Valley
Idem + Mosquito et Tuitts Ghauts
+ Scott, 2005, p. 590
Idem, sans Trant's Yard
Hincks et al., 2005, p. 163
Hincks et al., 2005, p. 163
Hincks et al., 2005, p. 163
Komorowski et al., 2010, p. 3
Surface 2005 + ajouts
Idem avril07-juillet08 + ajout
20
Référence principale
Rapport M.V.O.
Rapport M.V.O.
Rapport M.V.O.
Rapport M.V.O.
Rapport M.V.O.
Scott, 2005, p. 590
Hardin, nd, carte internet
Hardin, nd, carte internet
Hardin, nd, carte internet
Hincks et al., 2005, p. 163
Rapport M.V.O.
Edmonds et al., 2006, p. 324
Hincks et al., 2005, p. 163
Rapport M.V.O.
Rapport M.V.O.
Rapport M.V.O.
Rapport M.V.O.
Rapport M.V.O.
Komorowski et al., 2010, p. 3
Rapport M.V.O.
Rapport M.V.O.
Rapport M.V.O.
Page
atlas
9
10
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26
27
28
29
Bibliographie
Boudon G., Le Friant A., Komorowski J.C., Deplus C., 2007. Volcano flank instability in the Lesser Antilles
Arc: diversity of scale, processes, and temporal recurrence. Journal of Geophysical Research, 112,
B08205, doi:10.1029/2006JB004674, 200.
Deplus C., Le Friant A., Boudon G., Komorowski J.-C., Villemant B., Harford C., Ségoufin J., Cheminée J.-L.,
2001. Submarine evidence for large-scale debris avalanches in the Lesser Antilles Arc. Earth and
Planetary Science Letters, 192: 145-157.
Hincks T., Sparks S., Dunkley P., Cole P., 2005. Montserrat. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B.,
Shahiba A. (Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI:
169-178.
Le Friant A., Harford C.L., Deplus C., Boudon G., Sparks R.S.J., Herd R.A., Komorwski J.C., 2004.
Geomorphological evolution of Montserrat (West Indies): importance of flank collapse and erosional
processes. Journal of the Geological Society of London, 161: 147-160.
4.2. Les réactivations fumeroliennes
Les accroissements des flux hydrothermaux autour du volcan se sont déroulés au cours des
crises sismiques de 1897-98, 1933-37 et 1966-67 (Sherpherd J.B., 1971, p. 157). ("the
earthquakes being accompanied in each case by an increase in heat flow at soufrieres";
Sherpherd J.B., 1971, p. 146). Généralement, l'activité hydrothermale augmentait au début de
crise, puis diminuait ensuite durant la crise sismique (Sherpherd J.B., 1971, p. 147). En 1966,
la réactivation fumerolienne ne concerna pas tous les sites (Sherpherd J.B., 1971, p. 157).
L'activité hydrothermale s'est éteinte durant l'éruption actuelle (Hincks et al., 2005, p. 154)
Bibliographie
Hincks T., Sparks S., Dunkley P., Cole P., 2005. Montserrat. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B.,
Shahiba A. (Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI:
169-178.
Shepherd J.B., Tomblin J.F., Woo D., 1971. Volcano-seismic crisis in Montserrat, West Indies. Bulletin of
Volcanology, 35: 143-163.
Perret F.A., 1939. The volcano-seismic crisis at Montserrat, 1933-37. Washington, Carnegie Institution of
Washington Publication, 512: 76 p.
Powell C.F., 1938. The royal Society expedition to Montserrat, B.W.I. Final Report. Philos Trans R Soc, A(237):
1-34.
4.3. L'éruption magmatique de 1995, toujours en cours
L'éruption magmatique actuelle est remarquable par sa durée. Elle est caractérisée par des
phases de production magmatique entrecoupées de périodes de moindre activité.
Carte 1-1995. L'activité sismique pré-éruptive débuta en 1992, trois ans avant l'entrée en
éruption. Puis, sans signe avant-coureur, la première explosion phréatique eut lieu le 21 août
1995. Ce débouchage produisit des émissions de cendres et de vapeur. Un nuage noir se
propagea vers l'ouest et les premières cendres tombèrent sur la capitale Plymouth. Des scènes
de panique et les premières évacuations spontanées vers le nord suivirent cette première
explosion (Lesales, 2006, p. 130). Sous la pression populaire, l'évacuation officielle de la
moitié sud de l'île fut décrétée quelques jours après (Lesales, 2006, p. 117, 130). Mais, sous la
menace de l'ouragan Luis et afin que les populations puisse se protéger chez eux, les autorités
mirent fin à l'évacuation le 4 septembre 1995, sauf pour les localités à l'est (Lesales, 2006, p.
146). A la mi-septembre, sous la menace d'un second ouragan, Marilyn, les autorités mirent
fin à toute évacuation (Lesales, 2006, p. 146). Un observatoire volcanologique permanent fut
mise en place à Plymouth (Lesales, 2006, p. 115).
21
Les explosions phréatiques se succédèrent et durant les précipitations importantes du mois
d'octobre 1995, des lahars se produisirent dans les cours d'eau au sud-est du cratère.
Carte 2-1995. A partir du mois de décembre 1995, les premières lueurs dans le cratère se
firent voir la nuit. La seconde évacuation officielle de tout le sud de l'île fut prononcée.
Cependant, dès le 1 janvier 1996, le retour de certaines populations (Essential worker) fut
autorisé pour des temps limités (bétail, entretien, etc..) (Lesales, 2006, p. 117, 150). A partir
du mois de janvier 1996, les premières nuées ardentes empruntèrent la vallée de la Tar River.
Elles furent souvent liées à des modestes effondrements du dôme en croissance. Elles
atteignirent la mer seulement à partir du mois de mai 1996. Dorénavant, les nuées ardentes
consécutives à des effondrements du dôme en croissance se succédèrent dans la vallée de la
Tar River. Durant cette phase d'évacuation, environ 8 000 personnes ont émigré hors de l'île,
faisant passer la population de 11 000 à 3 000 individus (Lesales, 2006, p. 98 et 117).
Carte 3-1995. Le 17 septembre 1996, un effondrement majeur de dôme se produisit et les
premières explosions magmatiques, générant des coulées pyroclastiques dans la Tar River, se
succédèrent durant 9 heures (colonne 14 km, retombées balistiques de blocs de 1,5 m de
diamètre à 2,1 km du dôme). Quelques maisons furent détruites à Long Ground par le surge
des coulées pyroclastiques. Les retombées aériennes concernèrent surtout le sud de l'île. Dans
sa partie ouest, la limite de la zone d'évacuation fut régulièrement déplacée en fonction des
expertises (Lesales, 2006, p. 119).
Carte 4-1995. La croissance du dôme et ses effondrements partiels continuèrent durant la fin
de l'année 1996 et le début de l'année 1997. La destruction partielle du rempart sud du cratère
(Galway's Wall) et la hauteur atteinte par le dôme permettaient dorénavant des effondrements
de matériaux hors du cratère. Ainsi, le 30 mars 1997, des coulées pyroclastiques se
propagèrent pour la première fois vers le sud-ouest, sur 3,6 km dans la dans la White River,
au-delà de la Great Alp Falls.
Carte 5-1995. De même, à partir du mois de juin 1997, les premières coulées pyroclastiques
se propagèrent vers le nord, dans la Mosquito Ghaut et Tuitts Ghaut. Les coulées
pyroclastiques continuaient également à emprunter la Tar River.
Carte 6-1995. Le 25 Juin 1997, un effondrement majeur de dôme se produisit vers l'est (Tar
River) et des coulées pyroclastiques se propagèrent également sur 6,5 km dans la Mosquito
Ghaut (nord-est) pour s'arrêter à 50 m de l'aéroport. Le surge se propagea également sur la
Farell's Plain (nord) jusqu'à Cork Hill. Il fut déploré 19 victimes et plusieurs villages du centre
de l'île furent dévastés.
Carte 7-1995. A partir de mois d'août 1997, le dôme dépassa en hauteur le rempart ouest du
cratère. Le 3 août 1997, une coulée pyroclastique volumineuse se propagea vers l'ouest dans
la Fort Ghaut, puis dans le centre de Plymouth. Des maisons sur les versants de Fort Ghaut
prirent feu. Du 4 au 12 août 1997, une série d'explosions vulcaniennes se produisit, générant
des coulées de ponces sur 5 km dans les principales vallées du massif, à la suite de
l'effondrement de la colonne éruptive. Les destructions s'étendirent et affectèrent le quartier
de Dagenham au nord de Plymouth) et au village de Spanish Point et au terminal de l'aéroport
(12 août 1997).
Des retombées aériennes de cendres saupoudrèrent l'ensemble de l'île. Une autre série
vulcanienne eut lieu du 22 septembre au 21 octobre 1997, générant des retombées de ponces
sur l'ensemble de l'île. En dehors des périodes vulcaniennes, le dôme continuait sa croissance,
22
ponctuée d'effondrements partiels, générant des coulées pyroclastiques dans la Tar River et la
Mosquito Ghaut.
Carte 8-1995. Le 25 décembre 1997 (Boxing day), un effondrement du flanc sud-ouest du
volcan a généré une avalanche de débris et un blast dans la vallée de la White River, lesquels,
arrivant en mer, ont produit un petit tsunami. La zone du village de Saint-Patrick's fut détruite
sur une surface d'environ 10 km². A la suite de cet évènement, la zone d'exclusion fut encore
agrandie (Lesales, 2006, p. 119).
Les coulées pyroclastiques de faible ampleur continuèrent en direction du sud-ouest jusqu'au
4 janvier 1998. Au début du mois de février 1998, il y eut une forte production de cendres qui
entraîna des retombées jusqu'à Antigua.
Carte 9-1995. A partir du second trimestre 1998, l'activité ralentit et ne généra que quelques
faibles nuées ardentes, explosions vulcaniennes, dégagements de cendres et de modestes
effondrements partiels de dôme. Le 3 juillet 1998, un effondrement majeur de dôme suivi
d'une activité explosive se produisit. Il généra des coulées pyroclastiques dans la Tar River et
le surge augmentât la zone détruite à Long Ground (premier village atteint le 17 septembre
1996). Cet épisode fut suivi d'une faible activité, produisant des coulées pyroclastiques et des
effondrements partiels de dôme dans la Tar River et la White River. La zone d'exclusion pu
être réduite.
Carte 10-1995. Durant les mois de septembre à décembre 1998, plusieurs épisodes de fortes
précipitations (21 septembre 1998, ouragan Georges; 28 novembre 1998; 28 décembre 1998)
générèrent des lahars sur tous les flancs du volcan. Il y eut des débordements à Belham Brige
(dépôts supérieurs à 1 m), à Plymouth et sur la route d'accès à l'aéroport (Bramble airport).
Carte 11-1995. Comme l'année précédente, durant les mois de septembre à décembre 1999,
plusieurs ouragans frappa l'île: 10 septembre 1999, ouragan Floyd; 20 octobre 1999, ouragan
Joss; 17-19 novembre 1999, ouragan Lenny. Ces fortes pluies générèrent des lahars tout
autour du volcan et une recrudescence de l'activité explosive sur le dôme.
Carte 12-1995. Au cours de la période de 1999 à 2003, l'activité volcanique connut des
variations d'intensité, avec parfois des arrêts de la croissance du dôme. Les manifestations
éruptives (coulées pyroclastiques, explosions, productions de cendres, activités extrusives,
effondrements de dôme, chutes de matériaux, lahars) étaient d'intensité variable. A partir du
mois d'août 2002, le dôme enseveli totalement les remparts nord-est et ouest du cratère. En
raison d'un accroissement d'activité en octobre 2002, la zone d'exclusion fut à nouveau
agrandie vers le nord-ouest. Durant les mois de juillet des années 1999 (20/07/1999), 2001
(29/07/2001) et 2003 (12-13/07/2003), trois effondrements majeurs de dôme se produisirent.
Ils générèrent des coulées pyroclastiques dans la Tar River et saupoudrèrent de cendres l'île et
le nord de l'archipel. Ces effondrements de dôme furent généralement précédés de fortes
précipitations, lesquelles produisaient des lahars. La Belham River fut particulièrement
affectée lors de ces épisodes lahariques. Cependant, au cours de ces quatre années, les lahars
ont affecté de nombreux cours d'eau autour du volcan.
Carte 13-1995. La période d'août 2003 à août 2005 fut caractérisée par l'absence de
production de magma (Wadge, 2010, p. 3). L'activité résiduelle se définissait par des
modestes effondrements de dôme dans la Tar River et par des lahars dans les principaux cours
d'eau, à la suite de fortes précipitations. Du 9 février 2005 au 10 mars 2005, d'intenses
dégazages se produisirent, répandant une odeur caractéristique jusqu'à dans les îles voisines.
23
Carte 14-1995. A la suite d'une période de forte activité phréatique où deux nouveaux
orifices éruptifs s'ouvrirent sur le flanc nord-ouest de l'English's Crater, à la mi-avril 2005, un
nouveau dôme apparut. Ainsi, du mois d'avril 2005 à la mi-septembre 2006, l'activité
éruptive se manifesta par la croissance du nouveau dôme, accompagnée par des explosions,
des coulées pyroclastiques, des chutes de matériaux et des effondrements partiels de celui-ci.
Le 20 mai 2006, un effondrement majeur de dôme généra des coulées pyroclastiques et des
lahars dans la Tar River, produisant un tsunami d'une amplitude d'un mètre, lequel fut ressenti
jusqu'en Guadeloupe et à Antigua. La colonne éruptive (20 km) fut la plus haute de toute
l'éruption. Les fortes pluies de ce jour ont entrainé les plus forts lahars depuis le début de
l'éruption dans la Belham River (Alexander et al., 2010, p. 127).
Carte 15-1995. De la mi-septembre 2006 à décembre 2006, l'activité se réduisit à la
croissance du dôme, à des chutes de matériaux et à la production de vapeur et de cendres par
deux nouveaux orifices à l'ouest du dôme.
Carte 16-1995. De la fin du mois de décembre 2006 au mois d'avril 2007, une nouvelle
période de regain d'activité commença, entraînant des coulées pyroclastiques vers le nord, l'est
et l'ouest. Le 8 janvier 2007, un effondrement de flanc, pour la première fois en direction du
nord (Belham Vallée) obligea les autorités à agrandir encore la zone d'exclusion au nord-ouest
de l'édifice et à l'évacuation d'une centaine de riverains.
Carte 17-1995. Du mois d'avril 2007 à juillet 2008, la croissance du dôme cessa. Cependant,
les fortes pluies générèrent des explosions, des chutes de matériaux, des coulées
pyroclastiques modestes (vers l'est et l'ouest) et des lahars. Le 15 mai 2008, une nouvelle
fumerolle apparut au sud-est de Chances Peak.
Carte 18-1995. De juillet 2008 à janvier 2009, l'activité s'accrut de nouveau. A la suite
d'épisodes particulièrement explosifs, fin juillet 2008, saupoudrant de cendres le nord de
l'archipel, la croissance du dôme reprit par l'orifice ouvert à l'ouest du dôme. Elle fut
accompagnée de chutes de matériaux, de coulées pyroclastiques et par l'ouverture d'un nouvel
évent plus au nord que le dernier apparu. L'activité extrusive se situa essentiellement à l'ouest
du dôme. Les chutes de matériaux, les coulées pyroclastiques et les effondrements partiels,
résultant de la croissance du dôme, intéressèrent essentiellement les flancs ouest, nord-ouest
et sud-ouest du volcan. Cependant, la dégradation du premier dôme se poursuivit vers l'est
dans la Tar River. Des épisodes de fortes pluies (25/08/2008 et 15/10/2008, ouragan Omar)
générèrent des lahars tout autour du volcan. Cette période d'intense activité se termina le 3
Janvier 2009, avec deux explosions qui générèrent des retombées de cendres sur toute l'île et
dont l'effondrement de la colonne produisit des coulées pyroclastiques vers Plymouth.
Carte 19-1995. De janvier 2009 à septembre 2009, la croissance du dôme cessa, mais
l'activité de destruction du dôme continua sous la forme de chutes de matériaux et de coulées
pyroclastiques. Durant les mois d'avril 2009 (8 et 9 avril) et de mai 2009 (le 4, 5, 8 et 12-15
mai) d'importants lahars se produisirent.
Carte 20-1995. La croissance du dôme reprit à partir du mois d'octobre 2009. Ainsi d'octobre
2009 à février 2010, compte-tenu de la taille du dôme, dépassant les parois de l'English's
Crater, de nombreuses coulées pyroclastiques se propagèrent dans toutes les directions.
L'activité volcanique, par les surfaces concernées, devint d'une intensité encore jamais
atteinte. Durant le mois de janvier 2010 et début février 2010, plusieurs explosions
24
vulcaniennes se produisirent, générant des coulées pyroclastiques lors de l'effondrement de la
colonne éruptive. Le 11 février 2010, un effondrement majeur de dôme intervint, dont le blast
détruisit des bâtiments dans Harris, Streatham et Farell's Plain. Des retombées de cendres
atteignirent les îles de Saint-Barthélemy au nord et de Sainte-Lucie au sud, perturbant le trafic
aérien dans la zone.
Carte 21-1995. De février 2010 à décembre 2011, l'activité fut en déclin. Le niveau d'alerte
a pu être baissé. Toutefois, de petites coulées pyroclastiques se propagèrent encore tout
comme des émissions de cendres pouvaient avoir lieu après des crises sismiques. Dans la nuit
du 29 au 30 août 2010, le passage de l'ouragan Earl généra d'importants lahars dans la plupart
des vallées. Les lahars se sont poursuivis lors des épisodes pluvieux du 27 novembre 2011 et
du 10 décembre 2011.
Bibliographie
Alexander J., Barclay J., Sušnik J., Loughlin S.C., Herd R.A., Darnell A., Crosweller S., 2010. Sedimentcharded flash floods on Montserrat: The influence of synchronous tephra fall and varying extent of
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Letters,
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L00E03,
doi:10.1029/2009GL041466.
25
5. L'activité volcanique historique de la Soufrière de
Guadeloupe
5.1. Les caractéristiques de la Soufrière de Guadeloupe: un complexe volcanique
Sur 3 Ma (Samper, 2007), sept ensembles volcano-structuraux se sont succédés dans l'espace
et dans le temps pour former l'île de la Basse-Terre. Le complexe du massif de la Grande
Découverte-Soufrière et celui de la Madeleine-Trois Rivières sont les deux derniers, en phase
de construction. Ils constituent le tiers sud de l'île, laquelle avec la Grande-Terre forment la
Guadeloupe "continentale". La capitale administrative de la Guadeloupe, Basse-Terre, fut
implantée sur le flanc occidental du volcan, contrairement à la plus récente capitale
économique et démographique, Pointe-à-Pitre, qui se situe en Grande-Terre. La Guadeloupe
est un département français d'Outre-mer. Elle est peuplée d'environ 407 000 habitants, dont
170 000 environ habitent en Basse-Terre.
Le complexe de la Madeleine-Trois Rivières serait le plus récent et aurait une activité
comprise entre environ 150 000 ans (Komorowski et al., 2005, P. 69) et 11 000 ans
(Legendre, 2010). Il culmine à 972 m d'altitude (dôme du Piton l'Herminier) pour un diamètre
d'environ 10 km. Son flanc nord-ouest est tronqué par le complexe volcanique de la Grande
Découverte-Soufrière. Son activité fut essentiellement effusive avec des coulées de lave et
l'édification de dômes. Cependant quelques dépôts pyroclastiques et coulées de scories sont
associés à l'édification de certains dômes.
Le complexe de la Grande Découverte-Soufrière est un stratovolcan calco-alcalin avec des
magmas basaltique-andésitiques et andésitiques. Il possède un diamètre de 20 km et s'élève à
1467 m d'altitude. L'édifice est tronqué sur son flanc sud-est par le complexe de la MadeleineTrois Rivières
L'activité volcanique du complexe de la Grande Découverte-Soufrière a débuté il y a environ
200 000 ans avec plusieurs grandes phases reconnues (Boudon et al, 1988, p. 17) :
- l'édification du volcan de la Grande Découverte, qui débuta il y a environ 200000 ans
avec une série d'éruptions effusives et qui se termina par trois éruptions pliniennes, dont la
dernière, l'épisode de Pintade (environ 45 000 ans), a formé la caldeira de la Grande
Découverte;
- la phase Carmichaël, avec la construction du volcan au sein de la caldeira de la
Grande Découverte, entre 42000 et 13500 ans BP. Cette activité se poursuivit par des
éruptions phréatiques déstabilisant les flancs de l'édifice, datées de 13500 à 11500 ans BP.
Cette phase forma un cratère en forme de fer à cheval (cratère Amic).
- la phase Soufrière, où l'activité volcanique, située à l'intérieur du cratère Amic, se
traduit par la construction de dômes et des deux cônes stromboliens de l'Échelle et de la
Citerne, mais aussi par des effondrements de flanc. La dernière éruption magmatique daterait
des années 1530 (± 30 ans) avec la mise en place du dôme de la Soufrière (Boudon et al.,
2008).
Au cours de la période Holocène, 16 éruptions ont été reconnues pour le complexe de la
Soufrière de Guadeloupe, (dont 5 intégrant la formation des deux cônes monogéniques de
l’Échelle et de la Citerne) et 2 pour le complexe de la Madeleine-Trois Rivières (Legendre,
2010). Pour la Soufrière de Guadeloupe, l'activité magmatique s'est principalement exprimée,
par des éruptions explosives ponceuses et par des éruptions à croissance de dôme, auxquelles
sont associés de nombreux effondrements de flanc.
26
L'activité géothermale se traduit par de nombreuses résurgences hydrothermales autour de la
Soufrière. Depuis 1992, la constante activité fumerollienne au sommet du dôme est devenue
particulièrement intense.
L'activité volcanique historique de la Soufrière de Guadeloupe est riche, mais uniquement
d'origine phréatique (tableau 8). Elle est constituée de cinq éruptions phréatiques et de six
recrudescences fumerolliennes.
Tableau 8. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la Soufrière de
Guadeloupe
N°
carte
Date
Evénement
1696-1
1797-1
1797-2
1836-1
1836-2
1956-1
1956-2
1691
29 sept. 1797
22 avril 1798
3 déc. 1836
12 fév. 1837
19 oct. 1956
24 oct. 1956
Cendres
Odeurs
Cendres
Projections
Cendres
Cendres
1976-1
1976-2
1976-3
1976-4
8 juil. 1976
Mi-août 1976
Déb. nov. 76
Jan.-mars 77
Cendres
Cendres
Cendres
Cendres
Extrapolation spatialisation
1/3 de mars 1977 (Leguern, 1980, p. 579)
2/3 de mars 1977 (Leguern, 1980, p. 579)
Référence principale
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Hapel-Lachên., 1798, p. 15
Hapel-Lachên., 1798, p. 52
Lhernimier, 1837, p. 294
Biot, 1837, p. 651
Jolivet, 1958, p. 7
Jolivet, 1958, p. 312
Barabbé, 1958, p. 153
Westercamp, 1980, p. 95
? (arbitraire, auteur)
Komorowski, 2005, p. 85
Leguern, 1980, p. 579
Page
atlas
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
Bibliographie
Boudon G., Dagain J., Semet M., Westercamp D., 1988. Carte géologique à 1/20000e du Massif volcanique de
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édition du BRGM : 43 p.
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5.2. L'éruption phréatique de 1690
Cette éruption ne fut décrite par aucun témoignage direct. Durant le XVIIIe siècle, trois
auteurs mentionnent cette activité phréatique.
Carte 1-1690. La première éruption rapportée à la Soufrière de Guadeloupe se serait déroulée
en 1691 (Ballet, 1896, Vol. 3, p. 192) à la suite d'une série de séismes majeurs. Cependant,
lors de sa description, l'auteur situe l'évènement une "quinzaine d'années avant l'arrivée du
Père Labat" (Ballet, 1896, Vol. 3, p. 197), laquelle est datée de 1696: le 9 avril sur la
27
Soufrière de Guadeloupe. Dans ces conditions, l'éruption se serait déroulée en 1681 et non en
1691. Cependant, un séisme majeur serait intervenu en 1690 (Boubon et al., 1988, p. 29).
Ainsi, depuis une vingtaine d'années, on attribue cette éruption à l'année 1690.
Cette éruption phréatique modeste (Jolivet, 1958, p. 321; Boudon, et al., 1988, p. 29)
engendra des explosions phréatiques et des projections de cendres.
Cela provoqua un éboulement partiel du Piton du Nord (Piton Saussure). Malheureusement,
l'auteur ne cite aucune des sources sur lesquelles il semble s'appuyer. D'autres auteurs
mentionnent cette éruption phréatique, mais ne la situe pas dans le temps (Peysonnel, 1756,
dans Feuillard, 1970, p. 102; Labat, 1732, T4, p. 202; Hapel-Lachenaie et al., 1798, p. 1, 39).
Il paraît probable que les cendres observées au sommet par le Père Labat en 1696 provenaient
de cette éruption (Boudon, et al., 1988, p. 29).
Bibliographie
Ballet J., 1896. La Guadeloupe, renseignements sur l'histoire, la flore, la faune, la géologie, la minéralogie,
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Evénements singuliers qui y sont arrivés pendant le séjour que l'Auteur y a fait. Paris, J.B. Delespine.
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Hapel-Lachenaie T.L.A., Peyre, Amic, Fontelliau, Codé, 1798. Rapport fait au citoyens Victor Hugues et Lebas,
…, pour examiner la situation du volcan de la Guadeloupe, et les effets de l'éruption…, Port de la Liberté,
Guadeloupe, An VI. Basse-Terre, Facsimile, Société d'histoire de la Guadeloupe, 1977: 85 p.
5.3. Les recrudescences fumerolliennes de la moitié du XVIIIe siècle
Dans les années 1738-1745 (Anonyme, 1767, p. 25 dans Lacroix, 1904, pp. 63-64), ou 17371745 (Anonyme, 1767, p. 25 dans Barat, 1986, p. 135) et 1766 (Anonyme, 1767, p. 24 dans
Lacroix, 1904, p. 64), l'activité fumerollienne fut particulièrement intense, sans aucune autre
manifestation, semble-t-il.
Bibliographie
Anonyme, 1767. Histoire de l'Académie Royale des Sciences: 24 - 25.
Barat A., 1986. Etude du rôle des eaux souterraines dans le mécanisme des éruptions phréatiques. Application à
la Montagne Pelée et à la Soufrière de Guadeloupe. Orléans, Documents du BRGM, 115: 205 p.
Lacroix A., 1904. La Montagne Pelée et ses éruptions. Paris, Ed. Masson & Cie: 662 p.
5.4. L'éruption phréatique de 1797-1798
Pour la première fois dans l'histoire volcanologique des Petites Antilles, l'éruption phréatique
de 1797-1798 fut observée par une commission scientifique.
Carte 1-1797. À la suite de séismes précurseurs (Hapel-Lachêsnaie et al., 1798, p. 13), dans
la nuit du 28 au 29 septembre 1797 (7-8 vendémiaire an 6, Hapel-Lachêsnaie et al., 1798, p.
14), l'éruption phréatique généra des explosions phréatiques accompagnées de projections de
boues, de blocs proches du cratère et de cendres jusqu'à la côte sous le vent (HapelLachêsnaie et al., 1798, p. 15, 17, 36, 45). Les manifestations lahariques suivirent le matin
dans la Rivière Rouge (affluent de la Rivière des Pères) et durèrent toute la journée. Les
28
écoulements boueux atteignirent la mer (Hapel-Lachêsnaie et al., 1798, p. 15). D'autres
rivières furent salies par les retombées de cendres. L'inquiétude des populations (HapelLachêsnaie et al., 1798, p. 15) incita les autorités à constituer une commission scientifique qui
se rendit sur les lieux quelques jours après (Boudon, 1988, p. 30).
Carte 2-1797. Plusieurs explosions phréatiques eurent lieu le 6 octobre 1797 (15 vendémiaire
an 6, Hapel-Lachêsnaie et al., 1798, p. 25-26), puis à d'autres dates indéterminées (HapelLachêsnaie et al., 1798, p. 51), jusqu'au paroxysme phréatique du 22 avril 1798 (3 floréal an
6, Hapel-Lachêsnaie et al., 1798, p. 51), à 14h00 (Ballet, 1896, Vol. 3, p. 228). Ce fut des
explosions latérales accompagnées de projections, provenant de deux ouvertures, au-dessus de
la haute Ravine Amic et de la haute Ravine Marchand (Hapel-Lachêsnaie et al., 1798, p. 52;
Komorowski, 2005, p. 78), entraînant une avalanche de blocs. Les dépôts sont nommés
l'"éboulement Faujas". Les dépôts de cette avalanche de débris ont formé un barrage dans la
Rivière Noire (bassin versant de la Rivière des Pères), ce qui a eu pour conséquence
d'assécher pratiquement l'ensemble du cours d'eau durant trois jours (Hapel-Lachêsnaie et al.,
1798, p. 51, 52).
Bibliographie
Ballet J., 1896. La Guadeloupe, renseignements sur l'histoire, la flore, la faune, la géologie, la minéralogie,
l'agriculture, le commerce, l'industrie, la législation, l'administration. Basse-Terre, Imprimerie du
Gouverneur. Réimpression Archive Départementale, 5 volumes, 1970-1974: 2290 p.
Hapel-Lachenaie T.L.A., Peyre, Amic, Fontelliau, Codé, 1798. Rapport fait au citoyens Victor Hugues et Lebas,
…, pour examiner la situation du volcan de la Guadeloupe, et les effets de l'éruption…, Port de la Liberté,
Guadeloupe, An VI. Basse-Terre, Facsimile, Société d'histoire de la Guadeloupe, 1977: 85 p.
Komorowski, J.C., Boudon, G., Semet, M., Beauducel, F., Antenor-Habazac, C., Bazin, S., Hammouya, G.,
Cheminée, J.L., 2005. Guadeloupe. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A.
(Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 67-104.
5.5. 1809-1812 : recrudescences fumerolliennes ou éruption phréatique ?
L'ensemble des phénomènes décrits pourrait laisser penser à une éruption phréatique de faible
ampleur. Des recrudescences fumerolliennes et l'apparition de nouvelles fumerolles furent
observées par Lherminier le 22 juin 1809, en mars 1810, le 20 mai 1811 et en avril-mai 1812
(Lherminier, 1815, dans Lacroix, 1904, p. 67). De "violentes secousses" seraient également
intervenues en 1810 (Ballet, 1896, Vol. 3, p. 236), tout comme d'importants éboulements
(Lherminier, 1815, dans Lacroix, 1904, p. 67). En 1811, des émissions de "fumée" furent aussi
rapportées avec parfois des éjectas de fragments de blocs et des cendres (Ballet, 1896, Vol. 3,
p. 232). Plus tard, pendant le mois d'avril et jusqu'au 10 mai 1812, des explosions seraient
également survenues, projetant des matériaux (Lherminier, 1815 dans Lacroix, 1904, p.67).
Certains auteurs considèrent cet épisode comme une modeste éruption phréatique
(Komorowski et al., 2005, p. 80).
Le témoignage d'une expédition en 1820 décrit également des dégagements de vapeurs noires
et épaisses (Ballet, 1896, Vol. 3, p. 232).
Bibliographie
Ballet J., 1896. La Guadeloupe, renseignements sur l'histoire, la flore, la faune, la géologie, la minéralogie,
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Lacroix A., 1904. La Montagne Pelée et ses éruptions. Paris, Ed. Masson & Cie: 662 p.
Lherminier F., 1815. Réflexions géologiques sur les volcans, considération sur la Guadeloupe. Journal de
Physique, de chimie et d'histoire Naturelle, Bibliothèque Nationale, 80: 260-271 et 81: 209-217.
29
Komorowski, J.C., Boudon, G., Semet, M., Beauducel, F., Antenor-Habazac, C., Bazin, S., Hammouya, G.,
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(Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 67-104.
5.6. L'éruption phréatique de 1836-1837
Cette éruption se révéla d'une magnitude modeste et fut observée par une commission
scientifique.
Carte 1-1836. À la suite de séismes pendant plusieurs années (Lherminier, 1837, p. 294), les
premières explosions phréatiques et les projections de cendres, de lapilis et de blocs eurent
lieu le 3 décembre 1836 et furent observées par M. Daver, officier de santé de la Marine
(Biot et al., 1837). Il y eut des petits éboulements prolongés de chute de matériaux et des
projections aqueuses. Les retombées de cendres sont restées cantonnées en altitude sous le
vent et dans la vallée de la Rivière des Vieux habitants.
Carte 2-1836. Le 12 février 1837, il y eut d'importantes projections de blocs et de boue
sulfureuse chaude (Boudon et al., 1988, p. 30), en amont de l'éboulement Faujas. Ce dernier
fut alors partiellement comblé. Ces projections générèrent un lahar de 20 pieds de hauteur
(environ 6 m) empruntant la Ravine Amic, puis la Rivière Noire.
Bibliographie
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cendre du même volcan. Compte Rendu de l'Académie des Sciences, 4: 651-654.
Lherminier F., 1837. Sur les produits du volcan de la Guadeloupe. Compte Rendu de l'Académie des Sciences, 5:
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Lherminier F., 1837. Note sur l'éruption du volcan de la Guadeloupe. Nouvelles Annales des voyages,
Bibliothèque de l'Institut, 74: 349-350.
5.7. La recrudescence fumerollienne de 1879 à 1883
De septembre (Ballet, 1896, Vol. 3, p. 240) à décembre 1879 (Ballet, 1896, Vol. 3, p. 241), il
aurait été constaté une recrudescence fumerollienne. L'auteur, insinuant une cause à effet,
précise que "des pluies constantes et abondantes sont tombées pendant l'année" (Ballet, 1896,
Vol. 3, p. 241).
En 1883, l'activité était encore supérieure à la normale (Docteur Collardeau, dans Hovey,
1904, p. 524).
Bibliographie
Ballet J., 1896. La Guadeloupe, renseignements sur l'histoire, la flore, la faune, la géologie, la minéralogie,
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Gouverneur. Réimpression Archive Départementale, 5 volumes, 1970-1974: 2290 p.
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5.8. La recrudescence fumerollienne de 1892 à 1903
Cette période, s'étalant sur plus de 13 ans, fut marquée par l'apparition de nouveaux champs
fumerolliens autour du dôme, ainsi que par des poussées générales ou encore par des
émissions de cendres. Quelques témoignages nous sont parvenus au cours de cette période.
- 1892. Léon Le Boucher découvrit de nouvelles fumerolles à l'Echelle. Selon Alfred
Lacroix la découverte daterait de 1890 (Lacroix, 1903, p. 656; Lacroix, 1904, p. 70) alors que
ce témoin en parle plutôt comme en 1892 (Le Boucher, 1900, p. 49).
30
- 1895 (ou 1894?*). Apparition des fumerolles Collardeau au nord du dôme (Le
Boucher, 1900, p. 35). Elles ne dateraient pas de 1896 comme jusqu'à présent écrit (Lacroix,
1904, p. 70).
- 1898 (ou 1897?*). Le Boucher fut témoin d'une recrudescence fumerollienne (Le
Boucher, 1900, p. 36 et 49). Elle n'est pas datée de 1899 comme écrit dans l'ouvrage d'Alfred
Lacroix (Lacroix, 1904, p. 70.).
- 1903. En juillet 1902 et en février 1903 (Lacroix, 1904, p. 61), Alfred Lacroix se
rendit sur la Soufrière de Guadeloupe. Il réfuta le terme d'éruption phréatique, préférant plutôt
évoquer une variation de l'activité de base. Cette recrudescence fut également mentionnée par
Hovey, lequel relatait également des émissions de cendres (Hovey, 1904, pp. 518-519 et pp.
527-528).
* Dans l'ouvrage de Léon Le Boucher, la date de référence, à laquelle il faut retrancher les années pour obtenir
la datation de l'évènement, est floue. Elle est soit de juin 1899, date d'écriture du manuscrit (Le Boucher L.,
1900, p. 186), soit du 6 octobre 1898, date du récit de l'ascension de la Soufrière (Le Boucher L., 1900, p. 17).
Elle n'est cependant pas de 1900, date de la parution de l'ouvrage ce qui a pu induire Alfred Lacroix en erreur.
Une erreur de date se lit également pour l'éruption de 1836-37 que l'auteur situe en 1837-38 (Lacroix A., 1904,
p. 68-69). Dans l'ouvrage d'Alfred Lacroix de 1904, l'historique de la Soufrière de Guadeloupe a-t-il été réalisé
par un assistant peu scrupuleux?
Bibliographie
Lacroix A., 1903. Sur l'état actuel de la Soufrière de la Guadeloupe. Compte Rendu de l'Académie des Sciences,
136: 656-659.
Lacroix A., 1904. La Montagne Pelée et ses éruptions. Paris, Ed. Masson & Cie: 662 p.
Le Boucher L., 1900. La Guadeloupe pittoresque, les volcans, les rivières du sud, les étangs. Paris, Société
d'éditions géographiques, maritimes & coloniales, édition 1931: 257 p.
Hovey E.O., 1904. The Grande Soufrière of Guadeloupe. American Geographical Society, 36 (9): 513-530.
5.9. Les recrudescences fumerolliennes du deuxième quart du XXe siècle
Il y aurait eu une recrudescence d'activité de 1929 à 1932, mais l'auteur n'apporte pas d'autre
élément sur cet évènement qui se serait déroulé moins de 20 ans antérieurement (Bruet, 1950,
p. 52).
Entre 1947 et 1949, deux fractures s'ouvrirent sur le dôme, au niveau du bassin de réception
de la Rivière du Grand Carbet, desquelles s'échappaient de violentes émissions de gaz (Bruet,
1950, p. 63). Il n'est pas fait mention d'une manifestation laharique dans la rivière.
Bibliographie
Bruet E., 1950. La Soufrière de Guadeloupe: contribution à l'étude des édifices volcaniques peléens. Annales de
Géophysique, 6 (1): 51-64.
5.10. L'éruption phréatique de 1956
Précédant l'éruption, l'activité sismique ne fut pas très marquée. De nouvelles fumeroles
apparurent sur le dôme dès 1955 (Barabbé et al., 1958, p. 153). Durant cet épisode,
l'Observatoire volcanologique, créé depuis une dizaine d'années, surveilla l'éruption.
Carte 1-1956. L'éruption phréatique débuta par un débouchage, le 19 octobre 1956 dans la
soirée, accompagnée d'explosions phréatiques et de projections de cendres jusqu'à la côte sous
le vent (Jolivet, 1958, p. 311; Barabbé, 1958, p. 149). Le 20 octobre, les émanations créèrent
des gênes aux habitants sous le vent (Jolivet, 1958, pp. 111). Il y eut un éboulement,
profondément raviné, qui s'est prolongé par une coulée de boue en direction du sud-est dans la
Ravine La Matilys (Barabbé et al., 1958, p. 150; Jolivet, 1958, p. 313). Certaines évacuations
31
ponctuelles ont été mentionnées parmis les habitants situés en altitude et sous le vent du
cratère (Lepointe, 1999, p. 16).
Carte 2-1956. Au paroxysme du 24 octobre 1956, il y eut des expulsions boueuses et des
projections rocheuses, toujours dans la même direction sud-est. De nombreux affaissements
autour du dôme furent constatés (Jolivet, 1958, p. 324). On pouvait également observer des
traces d'érosion fraîches au col de l'Échelle, ainsi qu'aux sources du Grand Carbet
(photographies dans Barabbé et al., 1958). Les retombées de cendres furent plus intenses que
le 19 octobre, mais sur une bande plus étroite (vallée de la Rivière des Pères, puis de la
Rivière de Baillif) (Barabbé et al., 1958, p. 153; Jolivet, 1958, p. 312).
Bibliographie
Barabbe L., Jolivet J., 1958. Les récentes manifestations d'activité de la Soufrière de Guadeloupe. Bulletin
Volcanologique, 43: 143-157.
Jolivet J., 1958. La crise volcanique de 1956 à la Soufrière de Guadeloupe. Annales de Géophysique, 14 (3):
305-322.
Lepointe E., 1999. Le réveil du volcan, la Soufrière en 1976. La population guadeloupéenne à l'épreuve du
danger. In: Yacou A. (Dir.), Les catastrophes naturelles aux Antilles. D'une soufrière à l'autre, Paris,
Editions Karthala: 15-71.
5.11. L'éruption phréatique de 1976-1977
La dernière éruption phréatique se déroula de 1976 à 1977, à la suite d'une crise sismique
croissante depuis juin 1975 (Feuillard et al., 1983, p. 321). La surveillance scientifique était
assurée sur place, mais une équipe scientifique métropolitaine fut également rapidement saisie
(Tazieff, 1978, p. 49). Par la suite, la multiplicité des commissions scientifiques
internationales favoriseront les divergences d'opinions et la cacophonie. Pour des raisons
différente de celles de 1902 à la Montagne Pelée, cette éruption fait également office
d'exemple d'une mauvaise gestion de crise volcanique, en raison d'une communication mal
maîtrisée.
Carte 1-1976. Une première grosse explosion eut lieu le 8 juillet 1976 à 8h55 et provoqua
une avalanche de blocs, provenant du dôme, qui s'est transformée en lahar dans la Rivière du
Carbet. Ce lahar, d'une largeur de 30 à 50 m pour un front de 15 à 20 m de hauteur, parcouru
3,5 km et s'arrêta un peu avant la 3e chute du Carbet (Westercamp D. et al., 1980, p. 96). Les
chutes de cendres restèrent confinées sous le vent en altitude. La population la plus exposée
prit la fuite spontanément, avant un retour rapide. La commission scientifique métropolitaine
fut appelée sur place. Les quartiers habités d'altitude les plus exposés furent évacués. Les
explosions continuèrent à se succéder.
Carte 2-1976. À la mi-août 1976, après la cinquième explosion phréatique (Feuillard, 1983,
p. 323) provoquant des retombées de cendres et des petits lahars, les autorités décrètent
l'évacuation de la zone. Une fissure s'ouvrit le 30 août 1976 d'où sortirent des projections et
une avalanche de blocs qui seront suivies d'une coulée de boue dans le bras de la Ravine
Matylis, sur une longueur de 0,7 km (IPGP, 1976, p. 24). Douze explosions se produisirent
jusqu'au 10 novembre 1976 (Feuillard, 1983, p. 323), accompagnées de retombées de cendres
et parfois de lahars. Ces derniers n'atteignirent jamais la mer. L'Observatoire volcanologique
fut transféré à Basse-Terre dans le fort du XVIIe siècle et les équipes internationales de
scientifiques se multiplièrent. Leurs avis étaient divergents quant à l'évolution probable de
l'éruption et à la nécessiter d'évacuer tout le sud de la Basse-Terre.
32
Carte 3-1976. Alors que les éruptions phréatiques se succédaient, le retour progressif de la
zone évacuée commença dès le 9 septembre 1976, avec la reprise du travail la journée pour
les territoires les moins exposés. Le retour définitif dans les deux communes les plus
éloignées (Capesterre et Vieux-Habitants) fut prononcé le 15 septembre 1976. Le retour la
journée en zone dangereuse fut autorisé le 27 octobre 1976 (Lepointe, 1999, p. 51, 70, 71).
Le 10 novembre 1976, marque la fin d'une première période d'explosions. À cette date, les
retombées de cendres représentaient les 2/3 de ce qui étaient tombé au cours de l'ensemble de
l'éruption (Komorowski et al. 2005, p. 85). La fin de l'évacuation fut prononcée le 30
novembre 1976 (Lepointe, 1999, p. 71) ou le 25 décembre 1976 (Boudon, 1988, p. 31). Les
missions scientifiques se succédèrent et la polémique enfla.
Carte 4-1976. Les explosions reprirent le 5 janvier 1977 (Boudon, 1988, p. 31). Il y en eut
neuf en deux mois (Feuillard, 1983, p. 323). La deuxième grosse explosion eut lieu le 29
janvier 1977. Elle fut accompagnée de projections de boue (Westercamp et al., 1980, p. 96).
La dernière explosion phréatique fut observée le 1 mars 1977 (Westercamp et al., 1980, p. 96;
Feuillard et al., dans IPG, 1977, p. 7). L'activité volcanique continua à attirer les missions
scientifiques internationales.
Bibliographie
Feuillard M., Allegre C.J., Brandeis G., Gaulon R., Lemouel J.L., Mercier J.C., Pozzi J.P., Semet M.P., 1983.
The 1975-1977 crisis of la Soufrière de Guadeloupe (F.W.I.): a still-born magmatic eruption. Journal of
Volcanology and Geothermal Research, 16: 317-334.
Institut Physique du Globe, 1976. Observations volcanologiques, la Soufrière de la Guadeloupe, Juil.75 - Oct.
76. Paris, Rapport IPGP: 158 p.
Institut Physique du Globe, 1977. Observations volcanologiques, la Soufrière de la Guadeloupe, Nov.76 - Avr.
77. Paris, Rapport IPGP: 96 p.
Heiken G., Crowe B., McGetchin T., West F., Eichelberger J., Bartram R., Peterson R., Wohletz K., 1980.
Phreatic clouds: the activity of la Soufrière de Guadeloupe, F.W.I., August-October, 1976. Bulletin
Volcanologique, 43 (2): 383-395.
Komorowski, J.C., Boudon, G., Semet, M., Beauducel, F., Antenor-Habazac, C., Bazin, S., Hammouya, G.,
Cheminée, J.L., 2005. Guadeloupe. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A.
(Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 67-104.
Leguern F., Bernard A., Chevrier R.M., 1980. Soufrière of Guadeloupe, 1976-1977 eruption. Mass and energy
transfert and volcanic health hazards. Bulletin Volcanologique, 43 (3): 577-593.
Lepointe E., 1999. Le réveil du volcan, la Soufrière en 1976. La population guadeloupéenne à l'épreuve du
danger. In: Yacou A. (Dir.), Les catastrophes naturelles aux Antilles. D'une soufrière à l'autre, Paris,
Editions Karthala: 15-71.
Sheridan M.F., 1980. Pyroclastic block flow from the September, 1976, eruption of La Soufrière volcano,
Guadeloupe. Bulletin Volcanologique, 43 (2): 397-402.
Westercamp D., Tazieff H., 1980. Martinique-Guadeloupe-Saint-Martin-La Désirade. Paris, Guides
Géologiques Régionaux, Masson: 135 p.
5.12. La recrudescence fumerollienne actuelle
Depuis 1992, un certain accroissement fumerollien, accompagné d'une activité sismique,
s'observe par l'activation des fumerolles éteintes après l'éruption de 1976/1977 et une
acidification des émanations depuis 1997 (Komorowski et al, 2005, p. 86).
Bibliographie
Komorowski, J.C., Boudon, G., Semet, M., Beauducel, F., Antenor-Habazac, C., Bazin, S., Hammouya, G.,
Cheminée, J.L., 2005. Guadeloupe. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A.
(Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 67-104.
33
6. L'activité volcanique historique de la Valley of
Desolation
6.1. Les caractéristiques du complexe volcanique de la Dominique renfermant la
Valley of Desolation
La Dominique compte neuf centres volcaniques: quatre stratovolcans, quatre édifices à dômes
(ou plusieurs dômes coalescents) situés à l'intérieur d'une dépression (cratère ou caldeira) et
d'une zone géothermale à l'activité soutenue, appelée la Valley of Desolation. Entièrement
volcanique, la capitale de l'île, Roseau, est située sur la façade occidentale de trois édifices
actifs: Morne Microtin, Morne Watt et Morne Anglais. La Dominique, qui compte la dernière
population d'Amérindien Kalinagos dans une Réserve Caraïbe, est peuplée d'environ 70 000
habitants. C'est une île indépendante de la Grande-Bretagne depuis 1978.
Malgré une des plus fortes concentrations de volcans actifs au monde, l'activité volcanique
historique en Dominique est actuellement circoncise au sein de la Valley of Desolation,
incorporant également le Boiling Lake situé à proximité. Elle est également restreinte à des
éruptions phréatiques
La Valley of Desolation est une zone géothermale majeure, d'environ 0,5 km², intensément
faillée. Elle est située à une altitude aux alentours de 800 m. Elle ne constitue pas un ensemble
volcano-structural à part entière, mais se situe sur des dépôts datés du Pliocène et de l'ancien
Pléistocène, certainement associés au Foundland volcanic centre.
La Valley of Desolation est constituée de plusieurs petits cratères d'explosion, lesquels sont
associés à une vigoureuse activité hydrothermale (sources thermales, bassins bouillants et
fumeroles). Au sein d'un des cratères, le Boiling Lake est le plus important bassin bouillant du
site. Son activité et son niveau de remplissage ont souvent varié au cours du temps (Fournier
N. et al., 2009).
Des dépôts de retombées aériennes et de lahars, associés à la Valley of Desolation, ont été
datés entre 5 000 et 2 000 ans. L'ouverture de cette zone pourrait être contemporaine aux plus
anciens dépôts (Demange, 1985, p. 39).
La Valley of Desolation est située au sein du massif montagneux au centre de l'île et, par
conséquent, n'est pas anthropisé. En revanche, avec le Boiling Lake, ils constituent un site
touristique très fréquenté. Trois évènements remarquables se sont produits durant la période
historique (tableau 9)
Tableau 9. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la Valley of
Desolation
N°
carte
1880-1
1901-1
1997-1
Date
Evénement
4 janv. 1880
1901
9 juillet 1997
Cendres
Extrapolation spatialisation
Référence principale
Eldrige, 1880, p. 364-365
Lindsay et al., 2005, p. 15
Lindsay et al., 2005, p. 13
Page
atlas
45
46
47
Bibliographie
Demange J., Leborne S., Traineau H., Westercamp D., 1985. Histoire volcano-structurale de la région sud de la
Dominique: Wotten-Waven, Soufrière. Orleans, Rapport BRGM, 85 SGN 068 IRG-GTH: 114 p.
34
Fournier N., Witham F., Moreau-Fournier M., Bardou L., 2009. Boiling Lake of Dominica, West Indies: Hightemperature volcanic crater lake dynamics. Journal of geophysical Research, 114, B02203: 1-17.
doi:10.1029/2008JB005773.
Lindsay J.M., Smith A.L., Roobol M.J., Stasiuk M.V., 2005. Dominica. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A.,
Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic
Research Unit, UWI: 1-47.
6.2. L'éruption phréatique de 1880
L'éruption se réduisit à une unique explosion phréatique, le 4 janvier 1880 provenant de la
Valley de la Desolation.
Carte 1-1880. Par un temps pluvieux, le 4 janvier 1880, vers 11h00, des grondements se
firent entendre par alternance. En quelques minutes, un nuage de vapeur et de cendre
emprunta la vallée de Roseau, arriva au-dessus de la capitale et la plongea dans l'obscurité
(Bert, 1880, p. 623). Le nuage entraîna de fortes rafales de vent, une odeur de soufre, une
pluie de boue et la chute de cendres et de sable (Bert, 1880, p. 623; Eldrige, 1880, p. 364). Il
retomba 6 mm de cendres avec quelques graviers à Roseau (Nicholls, 1880, p. 373) et le
nuage se propagea à 10 km en mer (Bert, 1880, p. 623). L'effroi gagna la population de la
ville (Eldrige, 1880, p. 364).
Il est tombé plusieurs décimètres de dépôts de débris dans la zone proche du cratère (Nicholls,
1880, p. 373). Autour de la zone d'éruption, la végétation a été soufflée et brulée (Eldrige,
1880, p. 365) et la crête à l'ouest de la vallée de la Desolation a diminué en altitude (Eldrige,
1880, p. 365). Il fut ressenti des secousses sismiques sur la côte est de l'île (Marigot) (Bert,
1880, p. 623).
Par le flanc occidental, les lahars se produisirent dans la journée à l'intérieur de la rivière de
Roseau (Bert, 1880, p. 624). Les écoulements débordèrent et provoquèrent des dégâts
(Nicholls, 1880, p. 374). La rivière garda un aspect laiteux durant trois semaines (Eldrige,
1880, p. 365; Nicholls, 1880, p. 374). Sur le flanc au vent, le lit de la Rivière de la Pointe
Mulâtre fut ensablé au point d'assécher le cours de la rivière (Bert, 1880, p. 623).
Durant cet épisode, le Boiling Lake fut vidangé et seule une source chaude persista au fond.
Une douzaine de fumerolles et de geyser apparurent aux alentours (Daubrée, 1880, p. 949).
Bibliographie
Bert L., 1880. Eruption et chute de poussières volcaniques, le 4 janvier 1880, à la Dominique (Antilles
anglaises). Comptes Rendus de l'Académie des Sciences de Paris, 90: 622-624.
Daubrée M., 1880. Produits solides et liquides qui continuaient à sortir, en avril 1880, d'un cratère de la
Dominique (Antilles Anglaises). Comptes Rendus de l'Académie des Sciences de Paris, 91(24): 949-950.
Eldridge, 1880. Recent volcanic eruption at the Grand Soufriere, in the island of Dominica. Proceedings of the
Royal Geographical Society, 2: 363-366.
Endlich F.M., 1880. The Island of Dominica. The American Naturalist, 14 (11): 761-772.
Nicholls H.A.A., 1880. The volcanic eruption in Dominica. Nature, 21: 372-373. (19/02/1880)
doi:10.1038/021372cO.
Ober F. A., 1880. Camp in the Caribbees: The aventures of a naturalist in the Lesser Antilles. Boston, Lee and
Shepherd: 366 p.
6.3. Les réactivations et les variations du niveau du Boiling Lake
Plusieurs variations d'activité furent observées au Boiling Lake: en 1876, 1887, 1900, 1901,
1971, 1988 et 2004 (Fournier et al., 2009, p. 2).
Carte 1-1901. En 1901, le lac s'est soudainement rempli à ras bord et deux personnes
séjournant au bord furent asphyxiées, probablement par des dégagements gazeux (Lacroix, p.
35
72; Lindsay et al, 2005, p. 15). Une grande partie de la forêt tropicale aux alentours fut
également brulée par les émanations. Le lac était si chaud qu'un œuf pouvait cuire en cinq
minutes (Arlington J., 2004).
Bibliographie
Arlington J., 2004. Dominique: Lac Bouillante "en panne". The Associated Press, 31/12/2004, 21h57.
[http/www.fr.news.yahoo.com].
Fournier N., Witham F., Moreau-Fournier M., Bardou L., 2009. Boiling Lake of Dominica, West Indies: Hightemperature volcanic crater lake dynamics. Journal of geophysical Research, 114, B02203: 1-17.
doi:10.1029/2008JB005773.
Lacroix A., 1904. La Montagne Pelée et ses éruptions. Paris, Ed. Masson & Cie: 662 p.
Lindsay J.M., Smith A.L., Roobol M.J., Stasiuk M.V., 2005. Dominica. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A.,
Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic
Research Unit, UWI: 1-47.
6.3. L'éruption phréatique de 1997
L'éruption débuta par une réactivation fumerolienne de la zone, ayant pour conséquence de
générer quelques mouvements de terrain (Lindsay, 2005, p. 13).
Carte 1-1997. Dans la nuit du 8 au 9 juillet 1997, une explosion se produisit à peu près au
même endroit que l'éruption de 1880. La destruction de la végétation par les retombées de
roches et de cendres fut étendue à environ 40 m² autour de l'évent et sur la base d'un
escarpement à l'est de la vallée, sur 10-15 m de hauteur (Lindsay, 2005, p. 13).
Bibliographie
James A., 1997. Observations made in the Valley of Desolation following a volcanic eruption, July 1997.
Unpublished report, Forestry and Wildlife Division, Dominica.
Komorowski J.C., Hammouya G., 1998. Analytical results and report on the current activity of the Soufrière
area as December 8-9 1998. Unpublished report presented to the Government of Dominica.
Joseph E.P., Fournier N., Lindsay J.M., Fischer T.P., 2011, Gas and water geochemistry of geothermal systems
in Dominica, Lesser Antilles island arc. Journal of Volcanology and Geothermal Research, 206 (1-2): 114.
Lindsay J.M., Smith A.L., Roobol M.J., Stasiuk M.V., 2005. Dominica. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A.,
Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.), Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic
Research Unit, UWI: 1-47.
36
7. L'activité volcanique historique de la Montagne Pelée
7.1. Les caractéristiques de la Montagne Pelée de la Martinique
La Montagne Pelée est le dernier des six ensembles volcano-structuraux qui se sont succédés
dans l'espace et dans le temps pour former la Martinique (Westercamp et al., 1990). La
Martinique est un département français d'Outre mer, d'environ 400 000 personnes. Fort-deFrance, la capitale abritant plus d'un quart de la population, n'est pas située sur les flancs du
volcan. En revanche, l'ancienne capitale économique, Saint-Pierre, située sur le flanc sudouest du volcan fut entièrement détruite en 1902.
La Montagne-Pelée est un stratovolcan calco-alcalin avec des magmas en majorité
andésitiques, dont leurs teneurs en silice s'étendent des basalte-andésitiques aux dacites. Le
massif volcanique possède un diamètre de 14 km et s'élève à 1395 m d'altitude. Il constitue
l'extrémité nord de l'île.
L'édification du complexe volcanique de la Montagne Pelée a débuté par la mise en place du
volcan composite du Conil entre 0,54 et 0,13 Ma (Germa, 2011). À la suite d'un effondrement
de flanc majeur du Conil (D1, 126 ± 2 ka), l'édifice de la Montagne Pelée s'est édifié à
l'intérieur, en trois phases, séparées par deux effondrements de flanc (D2, 25 ± 3 ka; D3, 9
ka).
- Le volcanisme de l’édifice ancien, dit la Paléo-Pelée ou phase 1, a débuté il y a
environ 126 000 ans, à la suite de la première grande déstabilisation de flanc D1. Les dépôts
(coulées autobrêchées recouvertes de coulées massives d’andésite dans la partie sommitale du
volcan), par les volumes émis importants, constituent l’ossature principale de l’actuelle
Montagne Pelée.
- Le stade de l’édifice intermédiaire (phase 2) se caractérise par une dynamique
explosive, semblable à celle d'aujourd’hui, située à l'intérieur de la seconde structure
d'effondrement (D2). Il est caractérisé par deux éruptions paroxysmales avec une activité
éruptive de type Saint-Vincent (SV1, environ 25 700 ans B.P.; SV2, environ 22 300 ans B.P.)
avec des magmas basaltique-andésitiques résultant de la vidange complète de la chambre
magmatique. Cet édifice intermédiaire fut partiellement détruit par le troisième effondrement
de flanc (D3).
- À l'intérieur de la cicatrice d'effondrement D3, l'édification de la néo-Pelée (phase 3)
se caractérise par un dynamisme éruptif à dôme ou à cratère ouvert et par des magmas
andésitiques ponceux ou non.
Durant les derniers 13 500 ans, 29 éruptions volcaniques ont été recensées (Westercamp et al.,
1983; (Westercamp et al., 1990).
. 18 éruptions avec l'édification d'un dôme, dont un événement majeur (NBC
13500 B.P.) ;
. 11 éruptions ponceuses de type coulée ponceuse et/ou éruption plinienne dont
trois événements majeurs (P8, P6, P3).
Dans le lit des talwegs drainant le cône sous le cratère, de nombreuses sources thermales
entourent le sommet, à des altitudes aux alentours de 700 m. Une soufrière se situe sur le flanc
sud-ouest.
L'activité volcanique historique de la Montagne Pelée correspond à deux éruptions
phréatiques, en 1792 et 1851, dans le fond d'une vallée d'un torrent (la soufrière de la
37
Montagne Pelée dans la haute Rivière Claire) et à deux éruptions magmatiques à dôme, en
1902 et 1929, dans le cratère sommital, l'Etang Sec (tableau 10).
Tableau 10. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la Montagne Pelée
N°
carte
Date
Evénement
1792-1
1792-2
1851-1
1851-2
Janvier 1792
Avril 1792
Juillet 1851
5 août 1851
Odeurs
1851-3
1902-1
1902-2
Fin oct. 1851
23 mars 1902
25 avril 1902
Odeurs
Cendres et
destructions
Destructions
Odeurs
Cendres
1902-3
3 mai 1902
Cendres
1902-4
1902-5
5 mai 1902
6 mai 1902
Cendres
Cendres
1902-6
7 mai 1902
Cendres
1902-7
8 mai matin
Cendres
1902-8
8 mai 1902
1902-9
20 mai 1902
1902-10
30 août 1902
1902-11
1929-1
1929-2
1929-3
1929-4
1929-5
Fin 19021905
Print. 1929
23 août 1929
16 sept. 1929
Mi oct. 1929
17 nov. 1929
Cendres et
destructions
Cendres et
destructions
Cendres et
destructions
Cendres
1929-6
1931
Extrapolation spatialisation
Référence principale
Page
atlas
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Chrétien, 2002, p. 101
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59
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60
Chrétien, 2002, p. 164
61
Lacroix, 1904, p. 223,383
62
Dessinés d'après Lacroix, 1904, p. 383
Lacroix, 1904, p.317, 383
63
Dessinés d'après Lacroix, 1904, p. 383
Lacroix, 1904, p. 7, 383
64
Lacroix, 1904, p. 220
65
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Lesales, 1994, p. 7
Romer, 1936, p. 95
Revert, 1931, p. 281, 289,
Perret, 1937, p. 39
Perret, 1937
66
67
68
69
70
Courbure d'après dépôts 6 mai (Chrétien)
Courbure d'après dépôts 6 mai (Chrétien)
Fermeture de l'ellipse en conservant l'iso
1 cm du 3 mai (Chrétien, 2002, p. 101)
6 mai + 30 cm sur les flancs (?), forte
activité, peu de retombées sur la côte
7 mai + 10 cm sur les flancs (?), sans
soustraire le lessivage de la nuit
Dessinés d'après Lacroix, 1904, p. 383
Vapeur
Cendres
Cendres
Cendres
Cendres et
destructions
Cendres et
destructions
57
71
Bibliographie
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explicative. Orléans, BRGM : 246 p.
38
7.2. L'éruption phréatique de 1792
Cette première éruption phréatique fut notifiée dans le Journal des Mines de 1796, lequel
reprend une note de l'année précédente (Dupuget, 1796). En raison de la période historique et
politique très agitée en France, cette éruption passa un peu inaperçue et le souvenir de cet
événement avait totalement disparu des mémoires lorsque l'éruption suivante survint en 1851
(Lacroix A., 1904, p. 31).
Carte 1-1792. La première éruption rapportée sur la Montagne Pelée, date du 22 janvier 1792
1796, p. 58). Elle provoqua des explosions phréatiques accompagnées d'un
tremblement de terre. Une visite est effectuée sur les lieux par un particulier, voisin du site
(Dupuget, 1796, p. 58).
(Dupuget,
Carte 2-1792. Elle fut suivie par une seconde manifestation explosive trois mois plus tard
1796, p. 58).Les détonations incitèrent certains habitants proches à se rendre sur les
lieux.
(Dupuget,
L'auteur indique que les différents "cratères" (des trous dans le sol) se trouvaient au fond
d'une vallée. De certains de ces trous, sortaient des eaux thermales, sulfureuses ou non, selon
l'altitude dans la ravine. L'éruption a pu se dérouler dans la haute Rivière Claire, dans la zone
amont des actuelles sources thermales (Lalubie, 2010, Vol. 2, p. A251), comme pour
l'éruption suivante.
Bibliographie
Dupuget, 1796. Coup d'œil rapide sur la physique générale et la minéralogie des Antilles. Annotations: Sur la
Soufrière de la Martinique. Journal des Mines, Ventôse, an IV, D: 43-60.
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appréhender les risques hydro-volcano-géomorphologies. Mémoire de Thèse, Université Antilles
Guyane, 2 Vol., 317 p. + 307 p.
7.3. L'éruption phréatique de 1851
L'éruption phréatique de 1851 se produisit dans la zone hydrothermale de la haute Rivière
Claire et fut rapportée par des rapports riches en informations (Le Prieur et al., 1852; Le
Prieur, 1852, 1853).
Carte 1-1851. En juillet 1851, les émanations gazeuses incommodaient les habitants proches
de la soufrière.
Carte 2-1851. Des détonations eurent lieu dans la nuit du 5 au 6 août, et se poursuivirent
durant trois mois. Il y eut des projections de boue (A.P., 1851, p. 317). Sur une surface
d'environ 1 000 m de largeur par 2 000 m de longueur (Le Prieur, 1852, p. 75), les flancs
avaient été recouverts d'une couche de boue et de cendres ayant détruit en partie la végétation.
Affolée par les détonations, la population vivant en altitude sur le flanc du volcan, de nuit, fuit
à pied vers Saint-Pierre (Le Prieur et al., 1852, p. 5). Les retombées de cendres concernèrent
le quart sud-ouest de l'édifice (Le Prieur, 1852, p. 75). Une commission scientifique sera
constituée et se rendra sur les lieux un mois plus tard.
Carte 3-1851. L'éruption de la fin du mois d'octobre fut plus violente, avec des projections
volumineuses et des effets mécaniques à la fois plus destructeurs et plus étendus qu'en août
(Le Prieur, 1853, p. 68). La topographie du cours d'eau avait été modifiée par endroit et une
39
retenue d'eau s'était formée (Le Prieur, 1853, p. 72). En octobre, un lahar se propagea jusqu'à
la mer (Le Prieur, 1853, p. 73). La population fut affolée (Le Prieur, 1853, p. 67). La
commission scientifique se rendit sur place 3 mois après les évènements (Le Prieur, 1853, p.
67).
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Série 2, T. IX: 72-96.
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66-77.
Le Prieur, Peyraud P., Rufz, 1852. Eruption du volcan de la Montagne Pelée à la Martinique. Bulletin officiel de
la Martinique, 49 : 3-22.
7.4. L'éruption magmatique à dôme de 1902-1905
L'éruption de 1902, par son effroyable destruction fut reconnue comme la première
catastrophe naturelle au retentissement mondial (Ursulet, 1997, p. 204). Elle fut largement
documentée et continue à être étudiée en détail (Tanguy, 1994; Ursulet, 1997; Lesales, 2007).
Elle constitue toujours l'exemple type d'un cataclysme aux signes précurseurs clairs et
progressifs mais que les autorités n'ont pas su (ou pas voulu, pour certains) observer.
Carte 1-1902. L'éruption de 1902 débuta par une recrudescence fumerollienne située dans
l'Etang Sec en 1881 (Lacroix, 1904, p. 34). Les gênes pour la population la plus proche se
firent sentir en janvier 1902 (Chrétien et al., 2002, p. 74). Dès la fin mars 1902, les
émanations gazeuses étaient ressenties au Prêcheur et des anomalies hydrologiques étaient
constatées. De petites explosions phréatiques se produisirent dans l'Etang Sec (Chrétien et al,
2002, p. 79).
Carte 2-1902. Le 25 avril 1902, une éruption phréatique plus puissante que celles des deux
jours précédents saupoudra de cendres le quart ouest du massif jusqu'à la mer (Lacroix, 1904,
p. 35; Chrétien et al., 2002, p. 80, 84). Certains habitants des hauteurs du Prêcheur, mais aussi
de la côte, fuirent vers Saint-Pierre (Chrétien et al., 2002, p. 36). Les excursions au sommet se
pratiquaient encore (Lacroix, 1904, p. 35; Chrétien, 1983, p. 54).
Carte 3-1902. Dans la nuit du 2 au 3 mai 1902, les explosions phréatiques atteignirent une
magnitude encore jamais égalée et saupoudrèrent l'île de cendres. Elles dépassaient 5 cm
d'épaisseur sur le quart ouest du massif (Lacroix, 1904, p. 383; Chrétien et al., 2002, p. 101).
Les perturbations hydrologiques touchaient les sources au Prêcheur et la Rivière Blanche
(Lacroix, 1904, p. 36; Chrétien et al., 2002, p. 104, 108, 124). Une partie de la population des
hauteurs affolée évacuait vers Saint-Pierre et des gens fortunés de Saint-Pierre commençaient
le lendemain à quitter la ville (Chrétien et al., 2002, pp. 41-46). Le Gouverneur se déplaça à
Saint-Pierre et au Prêcheur (Chrétien et al., 2002, p. 39).
Carte 4-1902. Le 5 mai 1902, les explosions phréatiques continuèrent à se succéder et, à
12h45, le lac de cratère se vidangea en trois vagues. Le Lahar fit 23 victimes (Lacroix, 1904,
p. 173), détruisit des bâtiments (usine sucrière Guérin), coupa l'unique route côtière et généra
un tsunami qui fit une victime (Baut, ND, p. 25). Les mouvements de population continuèrent,
notamment avec l'évacuation totale des quartiers nord de la commune de Saint-Pierre (Baux,
ND, p. 33).
40
Carte 5-1902. Le 6 mai 1902, les explosions phréato-magmatiques se succédèrent et les
cendres continuaient de saupoudrer la côte sous le vent (30 cm d'épaisseur à la côte; Chrétien
et al., 2002, p. 101), rendant invivables les quartiers affectés. Les premières lueurs apparurent
à la tombée de la nuit (Lacroix, 1904, p. 36; Chrétien, 1993, p. 95). Tout autour du volcan, les
premiers lahars affectèrent les cours d'eau prenant leur source sous le sommet, semant
l'inquiétude chez les populations de la façade atlantique jusqu'à présent épargnées. Les
évacuations spontanées se poursuivaient vers Saint-Pierre, mais aussi de Saint-Pierre vers le
sud pour s'éloigner du volcan. La panique se fit ressentir dans les rues de Saint-Pierre lors des
explosions. Parallèlement, des curieux allaient observer les lahars qui continuaient à
emprunter le cours de la Rivière Blanche; ils devaient être contenus par les services de
sécurité. Le Gouverneur est revenu sur place en bateau pour apporter des vivres et rapatrier
des habitants du Prêcheur, volontaires à l'évacuation. L'évacuation des zones basses fut
recommandée dans la presse face à la menace de lahars (Ursulet, 1997, p. 98).
Carte 6-1902. Le 7 mai 1902, la situation éruptive continuait à s'intensifier avec la
production des premières nuées ardentes dans la haute vallée de la Rivière Blanche que
certains croyaient être des coulées de boue chaude (Chrétien et al., 2002, p. 157; Baux, ND, p.
41). Le maintien de l'ordre devenait difficile à Saint-Pierre et des renforts furent demandés par
la municipalité (Chrétien et al., 2002, p. 56). Les réfugiés continuaient d'arriver à Saint-Pierre
alors que d'autres ou des résidents fuyaient vers le sud ou les zones élevées.
Carte 7-1902. Durant les premières heures du 8 mai 1902, d'importants lahars se formèrent
dans le réseau hydrographique du volcan suite aux précipitations orageuses de la nuit. Le
bourg du Prêcheur fut partiellement enseveli et 400 victimes furent à déplorer. À
Grand'Rivière, un quartier fut enseveli, tout comme les bâtiments construits sur les berges du
cours d'eau à Basse-Pointe. La route fut coupée lors de ces deux débordements. Sur la côte
caraïbe, l'ensemble des ponts fut détruit ou enseveli. Au petit matin, en ce jeudi de
l'Ascension, jour férié, des touristes arrivèrent de Fort-de-France par le bateau de ligne bondé.
Le bateau reparti seulement avec une trentaine de personnes (Chrétien et al., 2002, p. 63;
Ursulet, 1996, p. ). Les évacuations spontanées continuaient aussi par voie terrestre vers
Fond-Saint-Denis.
Carte 8-1902. Le paroxysme du 8 mai 1902 à 8 h du matin. L'éruption paroxysmique
détruisit tout sur un angle d'environ 60° orienté vers le sud-ouest, sur une surface de 58 km²
(Lacroix, 1904, p. 37). Le bourg du Prêcheur fut épargné, mais les retombées aériennes furent
très abondantes, d'abord sous la forme de boue chaude, puis de lapillis et enfin de cendres.
Cette séquence fut observée sur toute la moitié nord de l'île.
Les effets secondaires comme les lahars et les tsunamis firent également des dégâts
respectivement dans le lit majeur des cours d'eau et sur la côte caraïbe.
À la suite du paroxysme, tous les lieux habités se trouvèrent plus ou moins isolés par les cours
d'eau. Les évacuations spontanées se firent par voie terrestre depuis le Morne-Rouge,
l'Ajoupa-Bouillon et Basse-Pointe ou par voie maritime pour le Prêcheur, Grand'Rivière et
Macouba. Le Prêcheur fut complètement évacué à partir du 12 mai.
La disparition de l'Etat Major de l'administration de la Martinique, venu à Saint-Pierre pour
rassurer la population, ne facilita pas les réactions officielles. Fort-de-France et son maire,
Victor Sévère, jouèrent alors un rôle primordial dans l'organisation de l'après crise.
La fourniture en vivre et en soin de la Martinique fut la priorité quand la nouvelle arriva à
Fort-de-France vers 13h00 (Baux, ND, p. 67; Adélaïde, 1996, p. 107, 126). Les premiers
secours extérieurs arrivèrent de la Guadeloupe le 10 mai.
41
Carte 9-1902. Après le deuxième paroxysme du 20 mai 1902, équivalent au premier, la zone
de destruction fut étendue sur certains endroits entre Saint-Pierre et le Morne-Rouge (Lacroix,
1904, p. 316). Les ruines de Saint-Pierre furent encore plus démolies.
Dans les zones épargnées, beaucoup de personnes étaient revenues chez elles entre les deux
paroxysmes (sauf au Prêcheur). Elles retournèrent à nouveau sur les routes pour fuir.
Quelques jours plus tard, l'évacuation des communes situées sur le massif fut officiellement
prononcée (Lacroix, 1904, p. 317). Au cours et après ce deuxième paroxysme, les évacuations
spontanées concernèrent aussi des habitants de Fort-de-France qui préféraient se réfugier dans
le sud de l'île ou émigrer. Les premiers secours "internationaux" (France et États-Unis)
arrivèrent le 21 mai (Louis, 2002, p. 78; Kennan, 1902, p. 15; Ursulet, 1997, p. 200).
D'autres paroxysmes de ce type se succédèrent le 26 mai, 6 juin et 9 juillet 1902. C'est ce
même jour de juillet que la décision fut prise de délivrer des autorisations de retour dans les
communes, à l'exception du Prêcheur (Louis, 2002, p. 106). Dès le 2 juin 1902, certaines
personnes préférèrent réintégrer leur demeure menacée que de rester dans les abris prévus
pour les réfugiés (Kennan, 1902, p. 163). Les réintégrations furent facilitées par la mise à
disposition de bateaux (Ursulet, 1997, p. 230).
Carte 10-1902. La fin de l'évacuation et, par conséquent, la réintégration des communes fut
annoncée le 5 août 1902. Malgré une montée en puissance manifeste de l'activité éruptive, à la
fin du mois d'août, les autorités refusèrent toute nouvelle évacuation (Ursulet, 1997, p. 251;
Louis, 2002, p. 124).
Le dernier paroxysme du 30 août 1902 fut le plus violent et doubla pratiquement la surface de
destruction, étendue sur 114 km² (Lacroix, 1904, p. 40). Il fit 1 300 victimes supplémentaires.
Ce fut encore la panique dans tout le nord de la Martinique jusqu'à Fort-de-France (Lacroix,
1904, p. 327; Adélaïde, 1996, p. 160).
À la suite de ce paroxysme, les autorités envisagèrent l'évacuation des populations à long
terme, avec l'ouverture de camps de réfugiés (Louis, 2002, p. 133). La zone d'évacuation fut
agrandie aux communes limitrophes du massif. Il fut également décidé le retour en
Martinique de la commission scientifique métropolitaine.
Le paroxysme du 30 août 1902 s'avérera être le dernier et sera suivi d'une phase d'accalmie
jusqu'en octobre 1902.
Carte 11-1902. La période de septembre 1902 à juillet 1905 est caractérisée par la
croissance du dôme et sa destruction par les nuées ardentes et les éboulements qui
empruntèrent essentiellement la vallée de la Rivière Blanche.
Malgré une activité volcanique continue, les populations réintégrèrent leur habitat dès
décembre 1902 pour les communes limitrophes au volcan (Ursulet, 1997, p. 399) et dès
janvier 1903 (Adélaïde, 1996, p. 160; Ursulet, 1997, p. 323, 330) pour les communes du
massif. Pourtant, en septembre 1903, des nuées ardentes commençaient à emprunter d'autres
cheminements en direction de Basse-Pointe et d'Ajoupa-Bouillon (comme pour le 30 août
1902; Lacroix, 1904, p. 220). La menace existait encore. À partir de la fin de l'année 1903,
l'activité décrut progressivement jusqu'en fin octobre 1905, avec parfois des soubresauts de
regain d'activité. La dernière nuée ardente fut relevée le 4 juillet 1905 (Lacroix, 1908, p. 5).
Bibliographie
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7.5. L'éruption magmatique à dôme de 1929-1932
L'éruption de 1929-1932 ressembla en bien des points à celle de 1902, à l'exception de
l'absence d'explosion paroxysmique détruisant de grandes étendues.
Carte 1-1929. La réactivation fumerollienne fut constatée les années précédant l'éruption
(Lesales, 1994, P. 7). Au printemps 1929, des dégagements de vapeur se produisaient dans le
cratère (Lesales, 1994, P. 7).
Carte 2-1929. Le 23 août 1929, les premières explosions phréatiques saupoudrèrent de
cendres les environs du cratère, sous le vent (Lesales, 1994, P. 7). L'Observatoire
volcanologique s'est saisi ce jour là du phénomène et une commission scientifique fut mise en
place (Perret, 1937, p. 18; Lesales, 1994, p. 7).
Le 2 septembre 1929, la chute de cendres sur le Morne-Rouge, ajoutée à une fausse rumeur de
danger, ont conduit certaines personnes à évacuer spontanément (Lesales, 1994, P. 7).
Carte 3-1929. Le débouchage commença le 16 septembre 1929, avec des explosions
phréato-magmatiques et des chutes de cendres près du sommet (Revert, 1931, p. 280).
Environ 1 500 personnes évacuèrent spontanément les communes de Saint-Pierre et du
Morne-Rouge (Lesales, 1994, P. 7, 9). Au lendemain, les évacuations seront aidées par les
autorités, avec la mise à disposition de moyens de transport (Lesales, 1994, P. 7; Revert,
1931, p. 280).
43
Carte 4-1929. Vers la mi-octobre 1929, L'activité phréato-magmatique s'intensifia, avec des
projections de blocs, de retombées de cendres jusqu'à la côte (Revert, 1931, p. 280) et la
formation de lahars (Revert, 1931, p. 281; Perret, 1937, p. 19). Le 14 octobre 1929, fut
décrétée l'évacuation officielle des sept communes du massif volcanique (Lesales, 2006, p.
90; Lesales, 1994, p. 24).
Carte 5-1929. Le 17 novembre 1929 marqua l'arrivée du magma en surface et les nuées
ardentes débutèrent le 20 novembre 1929 (Revert, 1949, p. 45, Revert, 1931, p. 281). Les
nuées ardentes et leurs souffles associés restèrent cantonnés dans la vallée de la Rivière
Blanche, la même qu'en 1902. L'île fut saupoudrée de cendres le 6 décembre 1929. La route
côtière fut coupée et détruite par les lahars et les dépôts de nuées ardentes. Ce type de nuées
ardentes dura près d'un an, jusqu'à la fin septembre 1930 (Revert, 1931, p. 282).
Carte 6-1929. Durant les deux années, 1930 et 1931, l'activité volcanique se réduisait à la
croissance du dôme et à la production de petites nuées ardentes. Les populations réintégrèrent
le massif en mars 1930 (Lesales, 1994, p. 11; Lesales, 2006, p. 90, 172). En 1932, le dôme,
toujours en pleine croissance, commença à déborder des rebords ouest et sud de la caldeira
(Romer, 1931, p.114) et les écroulements du dôme atteignirent ainsi la haute vallée de la
Rivière Sèche, la haute vallée de la Rivière Claire et peut-être même en moins grande mesure
la haute vallée de la Rivière des Pères, apportant des matériaux grossiers aux cours d'eau en
fin d'éruption.
Bibliographie
Lesales T., 1994. La gestion des crises éruptives de la Montagne Pelée: quelles leçons pour demain. Rapport de
Maîtrise, Université Antilles Guyane: 38 p. plus annexes.
Perret F.A., 1937. The eruption of Mount Pelée 1929-1932. Carnegie Institution of Washington: 125 p.
Revert E., 1931. La Montagne Pelée et ses dernières éruptions. Annales de Géographie, T. 40, N. 225: 275-291.
Revert E., 1949. La Martinique. Paris, Nouvelle Edition Latine: 560 p.
Romer M., 1931. La dernière éruption de la Montagne Pelée. Extrait du bulletin volcanologique VIII, n° 27 à 30:
90-116.
44
8. L'activité volcanique historique de la Soufrière Volcanic
Centre
8.1. Les caractéristiques de la Soufrière Volcanic Centre de Sainte-Lucie
La Soufrière Volcanic Centre est un stratovolcan à dôme qui s'élève à 950 m d'altitude
(Mount Gimie) pour un diamètre d'une quinzaine de kilomètres de diamètre (difficile à
déterminer en raison des lacunes de la carte géologique). L'édifice présente une structure
effondrement de flanc majeur (Calibou caldera), dans laquelle s'observe des manifestations
géothermales. Le complexe volcanique constitue le quart sud-ouest de l'île. Saint-Lucie, d'une
population d'environ 176 000 habitants est indépendante de la Grande-Bretagne depuis 1978.
Sa capitale, Castries ne se situe pas sur les pentes du volcan.
La Soufrière Volcanic Centre s'est édifiée en plusieurs étapes successives.
- Il y a environ 5-6 millions d'années, un protovolcan aurait débuté son édification
avec une phase d'activité effusive, aux laves basaltiques.
- Une seconde phase explosive se produisit entre 3 et 1 millions d'années, pour aboutir
à la construction d'un grand stratovolcan andésitique (Mount Gimie). Les plus récentes
datations de cette phase de construction datent d'environ un million d'années.
- Un effondrement majeur du flanc sud-ouest du Mount Gimie, daté de 100 000 ans,
marqua un regain d'activité avec l'édification de nombreux dômes de nature essentiellement
dacitique, à l'intérieur de la structure d'effondrement.
- Une phase plus explosive reprit, avec une activité plinienne, entre environ 40 000 et
20 000 ans. Les dépôts pyroclastiques de nature dacitique, associés à cet épisode majeur,
s'étendent dans les principales vallées de la moitié sud de l'île.
- Enfin, le volcan connut à nouveau une phase d'édification de dômes, accompagné de
leurs effondrements associés sous forme de coulées pyroclastiques. Parallèlement, certains
épisodes plus explosifs ont eu pour conséquence de former plusieurs cratères d'explosions.
Ainsi, depuis maintenant 100 000 ans, l'activité volcanique se situe à l'intérieur de la structure
d'effondrement du Mount Gimie. Une importante activité géothermale s'y manifeste encore de
nos jours à Sulphur Springs.
L'activité volcanique historique de la Soufrière Volcanic Centre correspond à une éruption
phréatique en 1766 et une réactivation fumerolienne en 2001 dans le champ géothermal de
Sulphur Springs (tableau 11).
Tableau 11. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la Soufrière
Volcanic Centre
N°
carte
Date
Evénement
1766-1
2001-1
1766
2001
Cendres
Cendres
Extrapolation spatialisation
Référence principale
Lefort de Latour, 1784, p. 175
Lindsay, 2005, p. 228-229
Page
atlas
74
75
Bibliographie
Lindsay J.M., 2005. Saint Lucia. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.), Volcanic
atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 218-238.
45
8.2. L'éruption phréatique de 1766 ("environ 1764" ?)
Carte 1-1766. Durant l'année 1766 (Lindsay, 2005, p. 226), une explosion phréatique
mineure, provenant du site de Sulphur Springs, a rapidement répandu une fine couche de
cendres dans la région ("Ces bassins font encore de tems en tems quelques petites explosions
on compte environ vingt an de la dernière qui répandit au loin une légère couche de Cendre."
Lefort de Latour, 1784, p. 175). Il n'y a pas d'autre détail. Cette éruption phréatique a pu s'être
déroulée en 1764, le manuscrit de Jean-François Lefort de Latour étant daté de 1784.
Bibliographie
Cassan, 1790. Beſkrifning om Vulcanen på Sainte Lucie. Kongliga Swenska Wetenskaps Academiens Nya
Handlingar, 11: 161-178.
Lefort de Latour J.-F., 1784. Description générale et particulière de l'Isle de Ste-Lucie pour servir à l'intelligence
du plan Géométral qui en a été dressé. In: Eugène et Raymond Bruneau-Latouche, Sainte-Lucie fille de la
Martinique, Paris, 1989: 128-227.
Lindsay J.M., 2005. Saint Lucia. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.), Volcanic
atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 218-238.
8.3. La réactivation fumerolienne de 2001
Carte 1-2001. Durant le premier trimestre 2001, toujours sur le site de Sulphur Spring, le
Main Vent et le Gabriel's Crater ont expulsé des cendres autour du site sur 5000 m². Les
matériaux de projection sous forme de cendres atteignirent les touristes présents sur le site et
recouvrirent la végétation ("ejected enough ash-like material to reach people at the viewing
platform and to coat nearby trees") (Lindsay, 2005, pp. 228-229).
Bibliographie
Lindsay J.M., 2005. Saint Lucia. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.), Volcanic
atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 218-238.
46
9. L'activité volcanique historique de la Soufrière de SaintVincent
9.1. Les caractéristiques de la Soufrière de Saint-Vincent
La Soufrière de Saint-Vincent est un jeune cône pyroclastique qui s'élève à 1178 m d'altitude
pour un diamètre d'environ 9 km. Il constitue le tiers nord de l'île de Saint-Vincent. L'île est
indépendante de la Grande-Bretagne depuis 1979, et sa capitale Kingstown ne se situe pas sur
les pentes du volcan. La population de l'île est environ de 125 000 habitants.
La Soufrière de Saint-Vincent s'est édifiée à l'intérieur d'une structure d'effondrement d'un
plus ancien stratovolcan: la Somma, laquelle s'est elle-même édifié au sein d'une structure
d'effondrement de flanc (datée de 100 ka) d'un volcan primitif dont l'activité débuta il y a
environ 700 000 ans. Les dépôts sont constitués de coulées pyroclastiques, de dépôts ponceux
et de lahars. Les laves sont en majorité de nature basalto-andésitique.
Avec une éruption tous les 100 ans en moyenne depuis 4000 ans, l'activité volcanique est la
plus importante de l'arc après celle du Kick 'em Jenny (volcan sous-marin au nord de la
Grenade). Elle se traduit par des éruptions explosives (coulées pyroclastiques, retombées
aériennes) et par des éruptions effusives avec la formation d'un dôme.
Le sommet de la Soufrière de Saint-Vincent est actuellement occupé par un cratère sommital
à l'intérieur duquel un dôme s'est édifié en 1979. Des fumerolles sont présentes à la base du
dôme. L'activité hydrothermale se manifeste également avec des sources thermales sur le
flanc sud du volcan.
L'activité volcanique historique de la Soufrière de Saint-Vincent (tableau 12) correspond à
une alternance entre les éruptions magmatiques explosives (1718, 1812, 1902 et 1979) et
effusives (1784?, 1880? et 1971).
Tableau 12. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la Soufrière de
Saint-Vincent
N°
carte
Date
Evénement
Extrapolation spatialisation
Référence principale
1718-1
1784-1
1718
1784
Cendres
Dôme
Même intensité que 1812 et 1902
Présence possible ?
1812-1
1812-2
1812-3
1812-4
27 avril 1812
1 mai 1812
9 juin 1812
1814
Cendres
Cendres
1880
Dôme
Intensité inférieure au 1re mai
Retombée de la colonne dans la
Wallibou
Présence possible ?
Smith et al., 1990, p. 32
Anderson et al., 1784, p. 28
Aspinall, 1973, p. 123
Anderson et al., 1903, p. 463
Anderson et al., 1903, p. 468
Anderson et al., 1903, p. 465
Anderson et al., 1903, p. 476
1902-1
6 mai 1902
Détonation
Destruction à l'intérieur du cratère (?)
1902-2
7 mai 1902 12h
Lahars
1902-3
1902-3
7 mai 1902 14h.
7 mai 1902 14h.
Coulées
Cendres
1902-4
1902-5
1902-6
8-9 mai 1902
23-26 mai 1902
15 oct. 1902
Cendres
Lahars
Cendres
1880
Différenciation du surge et des
retombées aériennes (?)
Impacts plus faibles
Délimitation incertaine
47
Robertson, 2005, p. 248;
Aspinall, 1973, p. 123
Anderson et al., 1903, p. 380;
? (arbitraire auteur)
Anderson et al., 1903, p. 387;
Hovey, 1902, p. 336
Smith et al., 1990, p. 32
Hovey, 1902, pl. 34, p. 336; ?
(arbitraire auteur)
Anderson et al., 1903, p. 415
Anderson et al., 1903, p. 423
Anderson, 1908, p. 290
Page
atlas
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
87
88
89
90
1902-7
1971-1
1971-2
Cendres
Anderson, 1908, p. 294-295
Tomblin, 1972, p. 157
Aspinall, 1973, p. 120
91
92
93
1979-1
1979-2
Mars 1903
31 octobre 1971
7 décembre
1971
13 avril 1979
Mi-avril 1979
Cendres
Coulées
94
95
1979-2
1979-3
1979-3
1979-4
Mi-avril 1979
Fin avril 1979
Fin avril 1979
Mai-juin 1979
Cendres
Coulées
Cendres
Shepherd, 1979, p. 25
Bardintzieff, 1979, p. 892;
Shepherd, 1979, p. 26
? (arbitraire auteur)
Shepherd, 1979, p. 26
Brazier, 1982, p. 339
Shepherd, 1979, p. 27
2/3 de fin avril 1979 (?)
95
96
96
97
Bibliographie
Boudon G., Le Friant A., Komorowski J.C., Deplus C., 2007. Volcano flank instability in the Lesser Antilles
Arc: diversity of scale, processes, and temporal recurrence. Journal of Geophysical Research, 112,
B08205, doi:10.1029/2006JB004674, 2007.
Robertson R.E.A., 2005. Saint Vincent. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.),
Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 241-261.
9.2. L'éruption magmatique de 1718 (explosive)
L'éruption fut avant tout relatée dans le Weekly Journal du 5 juillet 1718 par le romancier
Daniel Defoe (Lee, 1869). Si certains de ses propos sont fantaisistes, d'autres sont confirmés
par des sources différentes (Anderson J. et al., 1785, p. 17; De Humboldt A., 1814, p. 316;
Moreau de Jonnès A., 1822, p. 68). Le cratère actuel est attribué à cette éruption.
Carte 1-1718. L'éruption fut précédée de séismes précurseurs durant le mois précédent (Lee,
1869, p. 50). Début mars 1718, un "grand" séisme fut suivi d'un "furieux ouragan" et "un
gros morne situé à l'extrémité occidentale de l'île" se serait enfoncé dans la terre pour
disparaître (Moreau de Jonnès, 1822, p. 67). Le 26 mars 1718, à 19h00, plusieurs explosions
(flash, bruit, ...) se produisirent (Defoe dans Lee, 1869, p. 50; Moreau de Jonnès, 1822, p. 68).
Les retombées de cendres concernèrent une partie de l'archipel, durant 2 à 3 jours (Defoe dans
Lee, 1869, p. 51; Moreau de Jonnès, 1822, p. 68). Des détonations furent entendues du 5 au 6
avril 1718 en Guadeloupe, mais aucune retombée de cendres ne fut signalée (Lacroix A.,
1937, p. 303). A la suite de l'éruption, des bateaux se seraient rendus sur place, mais l'île
aurait disparue ... (Defoe dans Lee, 1869, p. 52). Cependant, plusieurs décennies après
l'éruption, l'état des lits des cours d'eau, mais aussi une tradition orale des anciens habitants
viennent accréditer l'existence de l'éruption (Anderson et al., 1785, p. 17). L'éruption eut
certainement une intensité supérieure à celle de 1812 et 1902 (Robertson, 2005, p. 248).
Bibliographie
Anderson J., Yonge G., 1785. An account of Morne Garou, a mountain in the Island of St. Vincent with a
description of the volcano on its summit. Philosophical transactions of Royal Society of London, 75: 1631. doi:10.1098/rstl.1785.0003.
De Humboldt A., 1814. Voyage aux régions équinoxiales du nouveau continent, fait en 1799, 1800, 1801, 1802,
1803 et 1804, par Al. de Humboldt et A. Bonpland. Paris, F. Schoell, T1, 643 p.
Lacroix A., 1937. Sur la réalité d'une éruption de la Soufrière de Saint-Vincent en 1718, d'après une observation
faite à la Guadeloupe. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 205, 5: 301-303.
Lee William, 1869. Daniel Defoe: his Life, and recently discovered writings. London, John Camden Hotten. 3
volumes. Vol. 2: 48-55.
Moreau de Jonnès A., 1822. Histoire physique dans des Antilles Française. Paris, Imprimerie De Migneret: 560
p.
48
9.3. La recrudescence fumerolienne de 1784: éruption magmatique effusive ?
La date de 1784 correspond à une visite du cratère (Anderson et al., 1785). Il n'existe pas
d'information concernant le début et la fin de cette période de réactivation fumerolienne.
Carte 1-1784. Durant la visite du cratère, l'activité fumerolienne était soutenue et il fut
observé la présence de deux petits lacs de part et d'autre d'un cône de matériaux: une
"montagne fumante" (Anderson et al.,1784, p. 28). Selon certains auteurs, il pourrait s'agir
d'un dôme en voie de formation (Aspinall, 1973, p. 123). Ce dôme fut également décrit en
1805, avec une circonférence de 220 m et une hauteur de 1/3 de plus que la base (Moreau de
Jonnès, 1822, p. 70). Il présentait aussi des fumerolles.
Bibliographie
Anderson J., Yonge G., 1785. An account of Morne Garou, a mountain in the Island of St. Vincent with a
description of the volcano on its summit. Philosophical transactions of Royal Society of London, 75: 1631. doi:10.1098/rstl.1785.0003.
Moreau de Jonnès A., 1822. Histoire physique dans des Antilles Française. Paris, Imprimerie De Migneret: 560
p.
9.4. L'éruption magmatique de 1812 (explosive)
L'éruption de 1812 fut essentiellement décrite dans un rapport anonyme, publié dans le
"Evening News" du 30 juin 1812 (Anderson et al., 1903, p. 463). Il fut réédité dans la revue
"National Géographic" du mois d'avril 1903 (Anonyme, 1812), où il fut attribué à F.P.
Huggins, à tort semble-t-il.
Carte 1-1812. Durant l'année précédente, plus de 200 séismes précurseurs furent ressentis
(Anderson et al., 1903, p. 463; Moreau de Jonnès, 1822, p. 71; De Humboldt, 1819, p. 4). La
recrudescence fumerolienne fut observée le 26 avril 1812 (Anonyme, 1812, p. 158; Anderson
et al., 1903, p. 463). Le 27 avril 1812 à 12h00, l'éruption s'intensifia avec la production d'une
colonne de cendres accompagnée de grondements et de séismes. Les chutes de cendres et de
lapillis intéressèrent la côte sous le vent (Anonyme, 1812, p. 159; Anderson et al., 1903, p.
463), détruisant en partie la végétation (Anonyme, 1812, p. 159). La nuit, de la luminosité fut
observée dans le cratère (Anderson et al., 1903, p. 463, 464). Le 28 et le 29 avril, le
phénomène continua et augmenta en intensité (Anonyme, 1812, p. 159; Anderson et al., 1903,
p. 464).
Carte 2-1812. Le 30 avril 1812, les premiers jets de lave furent observés (Moreau de Jonnès,
1822, p. 71). Les premières évacuations spontanées débutèrent vers le sud. Il s'agissait des
populations libres caraïbes de la côte sous le vent, du Morne Ronde (Anonyme, 1812, p. 160;
Anderson et al., 1903, p. 464). À 19h00, le paroxysme fut atteint et les coulées pyroclastiques
empruntèrent les vallées du flanc nord-ouest (Shephard, 1831, p. 187) et atteignirent la mer au
bout de 4 heures (Anonyme, 1812, p. 161; Anderson et al., 1903, p. 465). Les grondements
s'intensifièrent et les premiers tremblements de terre se firent ressentir (Anonyme, 1812, p.
161). Plus tard dans la nuit, les coulées pyroclastiques empruntèrent la Wallibou River au sudouest (Lacroix, 1904, p. 47) et la Rabacca River en direction du sud-est (Anonyme, 1812, p.
161; Shephard, 1831, p. 187; Anderson et al., 1903, p. 465, 471; Moreau de Jonnès, 1822, p.
71). Les chutes de cendres commencèrent et durèrent 2 heures. Le 1 mai 1812 à 3h00 du
matin, les lapillis et les roches scoriacées incandescentes tombèrent durant une heure sur les
toits des maisons et plusieurs prirent feu (Anonyme, 1812, p. 161). Plusieurs esclaves, fuyant
leur huttes ou ensevelis sous leur toit écroulé, périrent (Anonyme, 1812, p. 161; Anderson et
49
al., 1903, p. 465): 56 victimes furent à déplorer (Huggins, 1902, p. 7, dans Anderson et al.,
1903, p. 468). Des lahars empruntèrent le flanc sud du volcan et dans la Wallibu River, une
coulée emporta 32 riverains à la mer (Anderson et al., 1903, p. 469; Shephard, 1831, p. 189).
Les chutes de cendres et de ponces continuèrent le reste de la nuit jusqu'à 7h-8h (Anonyme,
1812, p. 161; Moreau de Jonnès, 1822, p. 71) pour atteindre une épaisseur d'environ 30 cm à
la côte, au vent comme sous le vent (Lacroix, 1904, p. 47; Anderson et al., 1903, p. 468).
L'ensemble de l'île fut recouverte de matériaux de l'éruption (Anonyme, 1812, p. 161;
Anderson et al., 1903, p. 465) et des scènes de panique furent observées à Kingstown, avec la
fuite spontanée de gens par la mer (Leblond, 1813, p. 187). Les dépôts de laves furent de 20 à
50 m d'épaisseur dans le fond des vallées empruntées par les coulées pyroclastiques
(Anderson et al., 1903, p. 468). Ces dépôts barraient les écoulements des affluents et
formaient de multiple petits lacs en amont des exutoires (Anderson et al., 1903, p. 469). La
Wallibu River et la Rabaka River furent asséchées (Anderson et al., 1903, p. 468). Les
retombées de cendres se répandirent sur le centre de l'archipel (Moreau de Jonnès, 1822, p.
70; Shephard, 1831, p. 189) et des grondements furent entendus jusqu'en Terre ferme
(Humboldt, 1813, p. 14). Cet épisode fut à l'origine du nouveau cratère (Anderson et al., 1903,
p. 469). Après ce paroxysme, les apports de vivres à l'île sinistrée ont été assurés par la
Barbade, la Dominique et Demerary (Shephard, 1831, p. 189).
Carte 3-1812. Le 9 juin 1812, l'activité s'accrue de nouveau, mais il n'y eut pas de nouveaux
dommages. Beaucoup de cours d'eau furent remplis de matériaux éruptifs. Les lahars étaient
nombreux (Anderson et al., 1903, p. 465) et se poursuivirent à la suite de l'éruption (Anderson
et al., 1903, p. 472). Il fut observé des changements du comportement hydrologique de la
Raccaba River (Anderson et al., 1903, p. 437, 471; Leblond, 1813, p. 186) et des
modifications du tracé de la Wallibu River, de la Wallibu Dry River et de la Trespé River
(Anderson, 1908, p. 279- 280).
Carte 4-1812. Le 9 janvier 1814 à 13h00 (Anderson et al., 1903, p. 476), un panache
atteignit les contres alizés dont une part s'écoula dans la vallée de la Wallibu River. Il y eut
des projections de blocs jusqu'à 0,5 km du cratère (Anderson et al., 1903, p. 476). Cette
éruption, certainement phréatique (Anderson et al., 1903, p. 477), fut précédée de
grondements et de séismes précurseurs (Anderson et al., 1903, p. 476). Des particuliers
entreprirent une visite du cratère à la suite de cet épisode.
Bibliographie
Anonyme, 1812. Description of the eruption of the Soufrière Mountain, on Thursday night, April 30th, 1812, in
the Island of St Vincent. Evening News, 30/06/1812. In: Hovey E.O., The National Geographic
Magazine, 14 (4), April 1903: 158-161.
Anderson T., Flett J.S., McDonald T.M., 1903. Report on the eruptions of the Soufrière in St. Vincent in 1902,
and on a visit to Montagne Pelée in Martinique. Part I. Philosophical transactions of Royal Society of
London, 200: 353-533. (URL: http://links.jstor.org/sici?sici=0264-3952%281903%29200% 3C353%3
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De Humboldt A., 1819. Voyage aux régions équinoxiales du nouveau continent, fait en 1799, 1800, 1801, 1802,
1803 et 1804, par Al. de Humboldt et A. Bonpland. Paris, N. Maze, T2, 722 p.
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Leblond J.B., 1813. Voyage aux Antilles et à l'Amérique méridionale commencé en 1797 et fini en 1802. Paris,
Arthus-Bertrand, 474 p.
Moreau de Jonnès A., 1822. Histoire physique dans des Antilles Françaises. Paris, Imprimerie De Migneret, 560
p.
Shephard C., 1831. An historical account of the island of St. Vincent. London, W. Nicol: 216 p. plus appendices.
50
9.5. La recrudescence fumerolienne de 1880: éruption magmatique effusive ?
Cet épisode volcanique fut rapporté dans le "Trinidad Chronicle" par Nicholls qui suivit
également l'éruption phréatique de la même année en Dominique (Anderson et al., 1903, p.
475).
Carte 1-1880. En 1880, la réactivation fumerollienne observée (Anderson et al., 1903, p. 477)
eut pour conséquence le haussement du niveau du lac de cratère et destruction de la végétation
à l'intérieur du cratère. Il n'est pas impossible qu'un dôme se soit mis en place dans le cratère
(Robertson R.E.A., 2005, p. 248; Aspinall, 1973, p. 123).
Bibliographie
Aspinall W.P., Sigurdsson H., Shepherd J.B., 1973. Eruption of Soufrière Volcano on St. Vincent Island, 19711972. Science, 18: 117-124.
Robertson R.E.A., 2005. Saint Vincent. In: Lindsay J.M., Robertson R.E.A., Shepherd J.B., Shahiba A. (Eds.),
Volcanic atlas of the lesser Antilles, Trinidad et Tobago, Seismic Research Unit, UWI: 241-261.
9.6. L'éruption magmatique de 1902 (explosif)
L'éruption de 1902 fut concomitante avec l'éruption de la Montagne Pelée. Cette coïncidence
fut à l'origine de la croyance populaire voulant que les volcans de l'Arc Antillais soient
connectés entre eux.
Carte 1-1902. Depuis février 1901, des séismes précurseurs furent ressentis (Anderson et al.,
1903, p. 378). Fin avril 1902, un séisme se produisit dans le nord-ouest de l'île, entraînant la
chute de matériaux (Anderson et al., 1903, p. 379). Le 6 mai 1902, dans la nuit, des bouffées
de vapeur furent aperçues et le matin, le lac de cratère bouillonnait et présentait une coloration
inhabituelle (Anderson et al., 1903, p. 382). À 12h00, d'autres bouffées de vapeur alertèrent la
population sous le vent (Anderson et al., 1903, p. 480). À partir de 14h40, les grondements,
les détonations et les colonnes éruptives de vapeur se succédèrent. Les premières évacuations
spontanées furent entreprises au sein de la communauté Caraïbe (Anderson et al., 1903, p.
380). Plus tard dans l'après midi, d'autres habitants évacuèrent de Wallibou et de Richemond
(Anderson et al., 1903, p. 380). Dans la nuit des évacuations spontanées se firent par bateaux
(Anderson et al., 1903, p. 381), mais le manque de bateaux empêcha l'évacuation volontaire
de nombreuses personnes (Anderson et al., 1903, p. 383).
Carte 2-1902. Le 7 mai 1902 dans la matinée, les premières explosions intervinrent générant
des colonnes de vapeur (13 km de hauteur) et des projections de matériaux volcaniques
(Anderson et al., 1903, p. 384, 385). Avec l'arrivée du magma en surface vers 10h30
(Anderson et al., 1903, p. 384), la situation devenait terrible, en raison des chutes de cendres
et de lapillis, obligeant l'arrêt de toutes activités autour du volcan (Anderson et al., 1903, p.
385, 390). Les explosions étaient espacées d'une heure et accompagnées de séismes
(Anderson et al., 1903, p. 389). Les explosions projetaient aussi de la boue noire dans les
rivières orientées vers l'ouest: Wallibu River, Larikai River et la Roseau Dry River (Anderson
et al., 1903, p.386). À 12h25, la vidange du cratère dans les vallées du sud de l'édifice généra,
dans plusieurs cours d'eau, des lahars dont le front dépassait la dizaine de mètres (Anderson et
al., 1903, p. 387; Hovey, 1903, p.336). L'évacuation d'une partie de la population du nordouest de l'île fut organisée par bateaux à partir de Chateaubelair (Anderson et al., 1903, p.
383, 389).
51
Carte 3-1902. Le 7 mai 1902 à 14h00, un paroxysme généra de grandes explosions et des
nuées ardentes qui se répandirent sur les flancs est et ouest de l'édifice, brulant et asphyxiant
tout sur leur passage (Anderson et al., 1903, p. 392, 394). Les dépôts chauds de cendres, de
lapillis et de scories furent parfois supérieurs à 1,2 m en quelques minutes (Anderson et al.,
1903, p. 392, 413, 417). Une autre branche emprunta aussi la façade nord: les ravines autour
de la Baleine (Anderson et al., 1903, p. 394). Vers l'est, le nuage fut moins volumineux et
moins destructeur, mais il généra tout de même de nombreux morts (Anderson et al., 1903, p.
397), sauf à Owia (Anderson et al., 1903, p. 399). Les retombées recouvrirent l'île et, à
Kingstown (20 km du cratère), elles atteignirent l'épaisseur 1 cm de cendres et certaines
particules possédaient la grosseur d'un œuf (Anderson et al., 1903, p. 405, 425). Sur l'édifice,
l'épaisseur des retombées dépassait plusieurs décimètres (Anderson et al., 1903, p. 426, 438,
414, 426, 448). Les retombées étaient chaudes à Georgetown et à Richemond où des maisons
brulèrent (Anderson et al., 1903, p. 417, 427, 435). Le dépôts furent d'environ 1 m sur les
versants du cône (Anderson et al., 1903, p. 440), et supérieur à 1,5 m au-delà de 800 m
d'altitude où des blocs de 1,5 m de diamètre furent éjectés sous forme plastic (Anderson et al.,
1903, p. 442). Les retombées aériennes concernèrent le sud de l'archipel, mais les détonations
furent perçues jusqu'aux îles Vierges. Des séismes secouèrent l'île sans faire de dégâts
(Anderson et al., 1903, p. 406). Le paroxysme provoqua un tsunami vers le nord, générant des
vagues d'environ 7 m à Sainte-Lucie (Anderson et al., 1903, p. 407) et plus modestes à
Barbade (Anderson et al., 1903, p. 410).
Des évacuations spontanées eurent également lieu de l'agglomération de Chateaubelair en
direction le sud. À la suite du paroxysme, les secours partirent des deux localités situées au
sud de l'édifice (Georgetown et Chateaubelair). On dénombra 1565 décès dans la zone
détruite, avec environ les trois-quarts des habitants morts dans leur maison (Anderson et al.,
1903, p. 413). Un hôpital de campagne fut installé à Georgetown (Anderson et al., 1903, p.
413).
Carte 4-1902. Durant le 8 et le 9 mai 1902, l'activité volcanique continua et les lahars chauds
descendirent de chaque ravine autour du volcan (Anderson et al., 1903, p. 415). Une plaine a
été constituée à l'embouchure de la Wallibu River (Anderson, 1908, p. 276). Les habitants qui
avaient fui Chateaubelair revinrent chez eux (Anderson et al., 1903, p. 414). Le 9 mai 1902, à
7h une puissante explosion généra des grondements et retombées aériennes sur l'ensemble de
l'île (Anderson et al., 1903, p. 415). L'écoulement des cours d'eau remplis de matériaux
n'atteignirent plus la mer (Anderson et al., 1903, p. 416), sauf sur la façade nord où les dépôts
furent légers et nettoyés après quelques pluies (Anderson et al., 1903, p. 416, 424).
Cependant, l'eau demeura impropre à la consommation (Anderson et al., 1903, p. 424). Le
ravitaillement des habitants du nord du massif se fit par bateaux (Anderson et al., 1903, p.
424). La Rabacca Dry River ne coulait que par intermittence, sous forme de lahars chauds
(Anderson et al., 1903, p. 416, 424) accompagnés d'émissions de vapeur (Anderson et al.,
1903, p. 417, 424). Cette intermittence fut attribuée à la vidange de retenues temporaires
(Anderson et al., 1903, p. 424). Pour ce cours d'eau et les autres plus au nord, les phénomènes
lahariques ont été somme-toute moins puissants que sur la côte sous le vent (Anderson et al.,
1903, p. 434).
Les villages de Wallibu et Morne Ronde furent détruits par l'érosion marine, suite à un
mouvement de terrain sous-marin (Anderson, 1908, p. 282). Le trait de côte recula de 180 m
sur une longueur de 1,5 km vers le nord en direction de Wallibu (Anderson et al., 1903, p.
417, 454).
Le 18 mai 1902, alors que l'activité était en décroissance et que les habitants des localités du
nord commencèrent à rentrer chez eux, (Anderson et al., 1903, p. 424), une explosion
verticale (colonne de 10 000 m) généra des chutes de cendres modestes durant deux heures
52
Anderson et al., 1903, p. 420). Cela provoqua de nouveau des évacuations spontanées de
Chateaubelair et de Georgetown vers le sud (Anderson et al., 1903, p. 419), ainsi que des
réactions de panique à Kingstown (Anderson et al., 1903, p. 420).
Carte 5-1902. Du 23 au 26 mai 1902, des pluies diluviennes s'abattirent sur le volcan (210
mm de pluies). Dans la partie sud de l'île, elles lessivèrent les végétaux de façon salutaire
(Anderson et al., 1903, p. 422). Par endroits sur les pentes fortes du volcan, elles ont pu
lessiver la totalité des cendres et même éroder le vieux sol (Anderson et al., 1903, p. 425). Les
lahars firent deux victimes à Browne's Town et détruisirent plusieurs huttes (Anderson et al.,
1903, p. 423). Les lahars recouvrirent également la localité de Grand Sable (Anderson et al.,
1903, p. 425).
Carte 6-1902. Au début du mois d'octobre 1902, des phénomènes électriques furent observés
dans le cratère (Anderson, 1908, p. 290) et les 13 et 14 octobre des séismes se firent ressentir.
Aux premières heures du 15 octobre 1902 et jusqu'au 16 octobre, un nouveau paroxysme
débuta avec la production de coulées pyroclastiques qui se propagèrent dans la Larikai River.
Les chutes de pierres et de boue durèrent deux heures et des cendres saupoudrèrent le sud de
l'archipel. Des séismes accompagnèrent le paroxysme. Une nouvelle fois, des évacuations
spontanées vers le sud furent entreprises par les habitants des deux localités de Chateaubelair
et de Georgetown. Le 26 novembre 1902, un lahar considérable emprunta la Rabacca River,
laquelle suit depuis un cours plus au nord sur le dernier kilomètre (Anderson, 1908, p. 290).
Carte 7-1902. Durant le mois de mars 1903, un regain d'intensité d'activité se manifesta par
des détonations, des expulsions de cendres et la production de lahars (Roseau River, Lacroix
1903, p. 264). Les 21 et 22 mars 1903 furent à nouveau une période de paroxysme (Anderson,
1908, p. 294), avec la production de colonnes de vapeur et de cendres. Plusieurs séismes
furent également ressentis. Les retombées aériennes concernèrent l'ensemble de l'île et
s'étendirent jusqu'à la Barbade. Sur le littoral, elles furent environ de 10 cm d'épaisseur sous le
vent comme au vent du cratère (Anderson, 1908, p. 294). Les chutes de cendres durèrent
encore jusqu'à la fin du mois.
Bibliographie
Anderson T., 1908. Report on the eruptions of the Soufrière in St. Vincent in 1902, and on a visit to Montagne
Pelée in Martinique. Part II. The changes in the district and the subsequent history of the volcanoes.
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Anderson T., Flett J.S., McDonald T.M., 1903. Report on the eruptions of the Soufrière in St. Vincent in 1902,
and on a visit to Montagne Pelée in Martinique. Part I. Philosophical transactions of Royal Society of
London, 200: 353-533. (URL: http://links.jstor.org/sici?sici=0264-3952%281903%29200% 3C353%3
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Hovey E.O., 1902. Martinique and St. Vincent; a preliminary report upon the eruption of 1902. Bulletin
American Museum of Natural history, XVI: 333-372.
Lacroix A., 1903. Les dernières éruptions de Saint-Vincent, Mars 1903. Annales de Géographie, T.12, 63: 261268.
9.7. L'éruption magmatique de 1971 (effusive)
Cette éruption fut suivie par les scientifiques du SRU de l'UWI. L'éruption de 1971 ne fut pas
précédée de signes précurseurs majeurs. Les carcatéristiques du lac de cratère se modifièrent
fin septembre - début octobre 1971(Aspinall, 1973, p. 118).
53
Carte 1-1971. Le 31 octobre 1971, des expulsions de vapeur s'échappèrent par le lac de
cratère, lequel a vu son niveau monter de 16 m au-dessus de la normale (Tomblin, 1972, p.
157). Le niveau du lac continua de monter de 1,5 m, jusqu'au 15 novembre. Les premières
évacuations spontanées débutèrent dès le début novembre.
Carte 2-1971. À partir du 20 novembre 1971, un dôme de lave apparut au milieu du lac et
augmenta de 2 à 3 m par jour jusqu'en mars 1972 (Aspinall, 1973, p. 118, 120). La végétation
fut détruite à l'intérieur du cratère et ne repoussera, aussi bien sur le bord du cratère que sur le
dôme, qu'à partir du mois de juin 1972 (Aspinall, 1973, p. 118, 119). L'évacuation officielle
de la zone fut décrétée le 7 décembre 1971. Il n'y eut pas de réaction dans les cours d'eau
(Aspinall, 1973, p. 120). L'éruption se termina le 20 mars 1972.
Bibliographie
Aspinall W.P., Sigurdsson H., Shepherd J.B., 1973. Eruption of Soufrière Volcano on St. Vincent Island, 19711972. Science, 181: 117-124.
Sigurdsson H., 1977. Chemistry of the crater Lake during the 1971-72 Soufrière eruption. Journal of
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Tomblin J.F., Sigurdsson H., Aspinall W.P., 1972. Activity at the Soufrière Volcano, St. Vincent, West Indies,
between October 31-November 15, 1971. Nature, 235: 157-158.
9.8. L'éruption magmatique de 1979 (explosive)
L'éruption de 1979 ressembla en beaucoup de points aux éruptions de 1718, 1812 et 1902.
Elle fut étudiée par la communauté scientifique internationale.
Carte 1-1979. À la suite de plusieurs recrudescences fumeroliennes: en 1974, coloration d'un
espace du lac (Shepherd J.B., 1979, p. 24); en 1975, fumerolle au sommet de l'île (Shepherd
J.B., 1979, p. 24); en octobre 1976, croissance de la température du lac, puis rechute de celleci (Shepherd J.B., 1979, p. 24); en février 1978, croissance de la température du lac, puis
stagnation; des séismes furent enregistrés à partir de juin 1978 (Shepherd J.B., 1979, p. 24).
Le 12 avril 1979, la crise sismique s'amplifia (Shepherd J.B., 1979, p. 24) et le 13 avril 1979
à 4h00, des grondements furent entendus et les chutes de cendres commencèrent. À la levée
du jour, une colonne de cendres était visible et les trémors étaient ressentis jusqu'à 10 km du
cratère (Shepherd J.B., 1979, p. 28). L'évacuation du nord de l'île fut alors décrétée et 15 000
personnes avaient quitté les pentes du volcan à 16h00 (Shepherd J.B., 1979, p. 25).
L'évacuation dura 4 mois (Lesales, 2006, p. 82). Vers midi des cendres furent expulsées et les
retombées concernèrent surtout le tiers supérieur du volcan (Shepherd J.B., 1979, p. 25). Le
soir, plusieurs explosions vont se succéder.
Carte 2-1979. Durant la période entre le 13 avril 1979 au soir jusqu'au 15 avril 1979,
l'activité du volcan fut à son paroxysme. Les coulées pyroclastiques empruntèrent plusieurs
vallées jusqu'au 14 avril au matin (Shepherd J.B., 1979, p. 26). Dans la nuit du 14 au 15 avril
1979, des lahars se formèrent (Shepherd J.B., 1979, p. 27). Les chutes de cendres s'étendirent
jusqu'à la Barbade. Le 17 avril 1979 à 17h00, une nouvelle phase explosive intervint,
accompagnée de coulées pyroclastiques, de phénomènes électriques et de trémors (Shepherd
J.B., 1979, p. 26, 28).
Carte 3-1979. Ensuite, dans le seconde moitié du mois d'avril 1979, l'activité fut variable,
avec deux pics le 22 avril à 6h30 et le 26 avril à 00h00 (Shepherd J.B., 1979, p. 26, 27). Les
chutes de cendres concernèrent toute l'île (Shepherd J.B., 1979, p. 27) et s'étendirent vers le
sud sur les Grenadines (Braziem, 1982, p. 336). Par la suite, les cendres des autres explosions
54
furent plutôt dirigées vers l'est (Shepherd J.B., 1979, p. 27). Ces cendres furent rapidement
reprises par le vent et la pluie (Shepherd J.B., 1979, p. 27).
Carte 4-1979. Durant les mois de mai et juin 1979, l'activité volcanique fut effusive. Le
dôme apparut au fond du cratère le 3 mai 1979 (Shepherd J.B., 1979, p. 27) et sa croissance
durera jusqu'au 18 juin 1979. Le retour des populations se fit durant le mois de mai (Lesales,
2006, p. 115) et la fin de l'évacuation fut prononcée à la fin de mois de juillet 1979 (Lesales,
2006, p. 144).
Bibliographie
Bardintzeff J.-M., Boudon G., 1979. Nuées ardentes de l'éruption d'avril-mai 1979 de la Soufrière de SaintVincent (Antilles). Comptes rendus de l'Académie des Sciences de Paris, Série D, 289: 891-894.
Barr S., Heffter J.L., 1982. Meteorological analysis of the eruption of Soufrière in April 1979. Science,
216:1109-1011.
Brazier S., Davis A.N., Sigurdsson H., Sparks R.S.J., 1982. Fall-out and deposition of volcanic ash during the
1979 explosive eruption of the Soufrière of St. Vincent. Journal of Volcanology and Geothermal
Research, 14 (3-4): 335-359.
Shepherd J.B., Aspinall W.P., Rowley K.C., Pereira J.A., Sigurdsson H., Fiske R.S., Tomblin J.F., 1979. The
eruption of the Soufrière Volcano, St.Vincent, April-June 1979. Nature, 282(5734): 24-28.
55
10. Discussion sur les éruptions historiques aux Petites
Antilles
L'inventaire et la cartographie des impacts physiques et humains des éruptions historiques
permet de faire ressortir des caractéristiques communes, qu'il est possible de représenter par
une succession de modèles graphiques chorématiques. La représentation graphique de l'espace
par la chorématique (Brunet, 1987 ; Brunet et al., 1990) nécessite une synthèse et une
hiérarchisation qui, par la décomposition en structures élémentaires d'organisation, fait
ressortir l'aspect organisationnel du système. La modélisation chorématique est un outil pour
faire ressortir certains traits, concrets ou abstraits, qu'il est possible de matérialiser
graphiquement.
Il s'agit alors de proposer un modèle graphique à cinq stades éruptifs, d'impacts croissants,
mais aussi de décrypter l'évolution de la perception des dangers au cours des derniers siècles.
Bibliographie
Brunet R., 1987. La carte, mode d'emploi. Paris, Fayard/Reclus: 270 p.
Brunet R. & Dollfus O., 1990. Le déchiffrement du monde, Géographie universelle - vol. 1, Mondes nouveaux.
Paris, Hachette/Reclus: 551 p.
10.1. Le modèle graphique des cinq stades éruptifs d'impacts croissants
L'inventaire a permis de différencier cinq stades d'impacts éruptifs au cours de la période
historique aux Petites Antilles: les signes précurseurs, l'éruption phréatique, l'éruption
phréatique paroxysmique ou phréato-magmatique, l'éruption magmatique de faible magnitude
et l'éruption magmatique paroxysmique (figure 3 et tableau 13).
Figure 3-1.
Figure 3-2.
1. Les signes précurseurs (recrudescence fumerollienne, seismes).
La recrudescence fumerolienne et les premiers dégagements gazeux
entraînent des incommodations plus ou moins marquées pour les
populations les plus proches du cratère. Les personnes les plus
curieuses se rendent sur place pour évaluer la situation. Depuis
l'éruption de 1971 à la Soufrière de Saint-Vincent, dès ce stade, les
commissions scientifiques officielles sont mobilisées. Les premières
évacuations partielles et ponctuelles des populations peuvent survenir.
2. L'éruption phréatique. Dès le stade des premières explosions
phréatiques, les retombées de cendres sous le vent et les lahars
concernent surtout les territoires proches du cratère. Sous le vent, les
incommodations de la population atteignent la côte, sous la forme
d'odeurs, de grondements et de petits séismes. À la suite des
premières explosions, les populations habitant sur les hauteurs des
flancs sous le vent évacuent spontanément vers la côte sans
organisation, pour revenir dans leur maison généralement rapidement
(en heures). Les visites au sommet sont encore entreprises quand
l'activité volcanique le permet (accalmies). Les curieux viennent des
villages de la côte et même de plus loin dans l'île. Avant 1971, c'était
à ce stade qu'une commission scientifique était désignée et se rendait
sur les lieux. Depuis l'éruption de 1929 sur la Montagne Pelée
(exceptée celle de 1956 de la Soufrière de Guadeloupe), dès ce stade,
les autorités décidèrent l'évacuation des populations les plus exposées.
56
Figure 3-3.
Figure 3-4.
Figure 3-5.
Les dommages intéressent essentiellement les activités agricoles des
territoires affectés et le tourisme. Si l'évacuation est prononcée, la
société de la zone évacuée est désorganisée et, en moindre mesure,
celle des zones de repli.
3. L'éruption phréatique paroxysmique et phréato-magmatique.
Les gênes à la population s'intensifient (odeurs, grondements,
séismes). Sous le vent, les retombées de cendres, tout comme les
lahars, atteignent la côte sans créer de réels dégâts. Les zones
endommagées se situent plutôt en altitude proche du cratère. Les
rivières aux écoulements lahariques deviennent des lieux de visite.
Une certaine partie de la population habitant sur la côte évacue
spontanément en dehors du massif volcanique, le plus souvent par
voie maritime. À ce stade, les conclusions de la commission
scientifique, et depuis 1976 des chercheurs indépendants, ont des
conséquences importantes sur la gestion de la crise. Lors de l'éruption
de 1976, le retour de la population, sous la pression de cette dernière,
a été autorisé officiellement, alors que ce stade n'était pas encore
terminé. Exceptionnellement, des lahars particulièrement volumineux
peuvent engendrer des victimes, la coupure de routes, la destruction
de bâtiments, comme les productions agricoles au fond des vallées
(Montagne Pelée, 1902).
4. L'éruption magmatique de faible magnitude (écoulement
pyroclastique canalisé, croissance de dôme, ...). Les dépôts
volcaniques (retombées aériennes, dépôts pyroclastiques, dépôts
lahariques) sont destructeurs pour les régions atteintes, généralement
quelques vallées. L'emprise spatiale des gênes occasionnées est
limitée à moins d'un quart du massif. Depuis l'éruption de 1902 de la
Montagne Pelée inclue, les autorités évacuent les populations les plus
durement touchées, sous le vent. Ailleurs, temporairement ou à plus
long terme, une partie de la population évacue spontanément des
zones moins exposées. Pour les autres territoires, les pluies
abondantes lessivant les éventuelles cendres permettent un retour
progressif à la vie assez rapidement. Des migrations dans les zones de
repli peuvent toutefois reprendre quand l'activité volcanique
s'intensifie de nouveau. Sous la pression des populations évacuées, la
réoccupation est rapidement actée par les autorités. La destruction des
aménagements est totale dans l'étroite zone affectée par les
écoulements pyroclastiques. Ailleurs, la vie peut s'organiser à
nouveau à la suite du premier flottement. Ce stade ne fait pas de
victime. Seuls, les scientifiques se rendent encore sur les lieux.
5. L'éruption magmatique paroxysmique. La zone dévastée
concerne près d'un quart du massif. Les retombées aériennes
s'étendent au-delà du massif volcanique. Sur le massif, l'ensemble de
la société est affecté. La zone évacuée a varié au cours de l'éruption
de 1902 : elle s'est agrandie au fil des paroxysmes de plus en plus
violents (8 mai, 20 mai, 30 août). Les destructions sont totales sur de
vastes territoires et restent partielles sur le reste du massif. De
nombreuses victimes sont à déplorer. Les lahars coupent
généralement les routes qui traversent les cours d'eau. Les tsunamis
accentuent l'endommagement du bâti et de la flotte de pêche.
57
Figure 3. Les cinq stades d'impacts éruptifs et leurs légendes
Tableau 13. Les stades d'impact atteints par les éruptions historiques aux Antilles
Date
Volcan
Ile
Type éruption Stade d'impact
1690
1692
1718
1766
1784
1792
1797
1812
1836
1843
1851
1880
1880
1901
1902
1902
1929
1956
1971
1976
1979
1995
1997
2001
La Soufrière
Mount Liamuiga
The Soufrière
Soufrière Volcan. C.
The Soufrière
Montagne Pelée
La Soufrière
The Soufrière
La Soufrière
Mount Liamuiga
Montagne Pelée
Valley of Desolation
The Soufrière
Valley of Desolation
Montagne Pelée
The Soufrière
Montagne Pelée
La Soufrière
The Soufrière
La Soufrière
The Soufrière
Soufrière Hills
Valley of Desolation
Soufrière Volcan. C.
Basse-Terre
Saint-Kitts
Saint-Vincent
Sainte-Lucie
Saint-Vincent
Martinique
Basse-Terre
Saint-Vincent
Basse-Terre
Saint-Kitts
Martinique
Dominique
Saint-Vincent
Dominique
Martinique
Saint-Vincent
Martinique
Basse-Terre
Saint-Vincent
Basse-Terre
Saint-Vincent
Montserrat
Dominique
Sainte-Lucie
Phréatique
Phréatique
Magmatique
Phréatique
Magmatique ?
Phréatique
Phréatique
Magmatique
Phréatique
Phréatique
Phréatique
Phréatique
Magmatique ?
Recr. fumerol.
Magmatique
Magmatique
Magmatique
Phréatique
Magmatique
Phréatique
Magmatique
Magmatique
Phréatique
Recr. fumerol.
2. Phréatique
2. Phréatique
5. Paroxysmique
2. Phréatique
5. Magmatique
2. Phréatique
3. Phréato-mag.
5. Paroxysmique
2. Phréatique
2. Phréatique
3. Phréato-mag.
2. Phréatique
4. Magmatique
1. Précurseurs
5. Paroxysmique
5. Paroxysmique
4. Magmatique
2. Phréatique
4. Magmatique
3. Phréato-mag.
5. Paroxysmique
5. Paroxysmique
2. Phréatique
1. Précurseurs
Cette typologie synthétique des stades d'impacts éruptifs révèle une évolution des réponses
humaines au cours du temps. Mais avant, il s'agit de faire le point sur un sujet ancré dans la
croyance des habitants: l'interrelation due la connexion souterraine entre les volcans de l'arc.
58
10.2. La concordance de l'activité volcanique dans l'archipel
Au sein de l'archipel, les coïncidences chronologiques de l'activité volcanique dans son
ensemble (crise volcano-sismique, recrudescence fumerolienne, éruption phréatique, éruption
magmatique) sont nombreuses et alimentent une croyance populaire quant à la connexion
souterraine des volcans antillais entres-eux.
Durant les trois derniers siècles (1690-2001, soit 311 années), on dénombre 73 évènements
volcaniques (tableau 5), étalés sur 53 (73-10-10) années différentes. À quinze reprises, au
cours d'une même année, il y eut au moins deux ou plus de manifestations volcaniques dans
l'archipel (tableau 14). À cinq reprises, il y eut trois manifestations au sein de l'arc volcanique
(tableau 14). Avec en moyenne un évènement volcanique tous les 4,3 ans (311/73), les
coïncidences sont inévitables. Les années d'activité sans coïncidence avec d'autres sites dans
l'arc, au nombre de 38 [73-(5*3)-(10*2)] sont plus importantes, mais ne représentent
qu'environ une fois sur deux (38/73).
Tableau 14. Les coïncidences chronologiques de l'activité volcanique
Année Manifestation volcanique
Volcan
17651766
1812
18791880
19021903
1929
1947
19611962
19661967
1971
1974
1976
19851986
1992
1995
2000
Éruption phréatique
Recrudescence fumerolienne
Crise volcano-sismique
Éruption magmatique
Recrudescence fumerolienne
Éruption magmatique
Éruption phréatique
Recrudescence fumerolienne
Éruption magmatique
Éruption magmatique
Recrudescence fumerolienne
Éruption magmatique
Recrudescence fumerolienne
Recrudescence fumerolienne
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Éruption magmatique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Éruption phréatique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Recrudescence fumerolienne
Crise volcano-sismique
Éruption magmatique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Crise volcano-sismique
Soufrière Volcanique Centre
La Soufrière de Guadeloupe
Nord de la Dominique
The Soufrière of Saint-Vincent
La Soufrière de Guadeloupe
The Soufrière of Saint-Vincent
Valley of Desolation
La Soufrière de Guadeloupe
The Soufrière of Saint-Vincent
Montagne Pelée
La Soufrière de Guadeloupe
Montagne Pelée
La Soufrière de Guadeloupe
La Soufrière de Guadeloupe
Nevis Peak
Nevis Peak
La Soufrière de Guadeloupe
Soufrière Hills
Sud de la Dominique
The Soufrière of Saint-Vincent
Sud de la Dominique
Morne Plat Pays
Mount Liamuiga
La Soufrière de Guadeloupe
Morne Trois Pitons
Morne Plat Pays
Soufrière Volcanique Centre
Montagne Pelée
La Soufrière de Guadeloupe
Saba
Soufrière Hills
Sud Dominique
Soufrière Volcanique Centre
Montagne Pelée
Nord Dominique
59
Ainsi, une fois sur deux, une activité volcanologique au sein de l'arc antillais intervient au
cours de la même année qu'une autre. Les géologues sont formels, il ne peut y avoir de
connexion souterraine directe entre les volcans de l'arc Antillais. Tout au plus, l'intense
activité volcano-tectonique régionale permet régulièrement des coïncidences.
10.3. Les évolutions chronologiques des perceptions du danger
La perception du danger face aux manifestations volcaniques peut s'appréhender, entre autres,
par l'évacuation spontanée des populations et par l'évacuation institutionnelle proclamée par
les autorités (figure 4). La mobilisation des commissions scientifiques révèle également
l'attention du phénomène par les autorités.
Figure 4. Les comportements au cours de l'histoire éruptive des Petites Antilles
10.3.1. Les évacuations institutionnelles
Les paroxysmes du 7 mai 1902 à la Soufrière de Saint-Vincent et du 8 mai 1902 de la
Montagne Pelée marquèrent les premières zones d'évacuation officielle en raison de la
menace. Depuis, il est possible de considérer six approches de l'évacuation officielle dans
l'histoire des Petites Antilles.
- Avant le paroxysme du 8 mai 1902 de la Montagne Pelée, l'évacuation concerna la
zone sous le vent, invivable en raison des chutes de cendres (Commune du Prêcheur,
Martinique; Morne-Ronde, Saint-Vincent). L'évacuation à l'intérieur de la zone la plus atteinte
par les retombées de cendres ne fut pas prononcée officiellement, mais elle fut soutenue par
l'intermédiaire de navires réquisitionnés par les autorités;
60
- À la suite des deux paroxysmes, l'évacuation concerna uniquement les zones
détruites par le blast du paroxysme du 7 mai à la Soufrière ou du 8 mai sur la Montagne Pelée.
Les zones devenues inhabitables en raison des retombées de cendres importantes furent
également concernées;
- Après le deuxième paroxysme du 20 mai 1902 de la Montagne Pelée, la zone
évacuée officiellement concerna l'ensemble du massif volcanique martiniquais, durant deux
mois et demi (retour le 2 août 1902). À Saint-Vincent, les retours spontanés ont débuté 11
jours après le paroxysme (Anderson et al., 1903, p. 424);
- Après le paroxysme du 30 août 1902 de la Montagne Pelée, le dernier et le plus
violent de l'éruption, les autorités martiniquaises ont pris des mesures d'évacuation plus
prudentes: sur le long terme (relogement) et laissant une marge de sécurité étendue aux
communes mitoyennes au massif volcanique.
- Durant les éruptions magmatiques suivantes, de 1929 de la Montagne Pelée et de
1971 de la Soufrière de Saint-Vincent, le massif volcanique fut évacué dans son ensemble,
avec une légère marge de sécurité. L'évacuation fut prononcée à un stade éruptif plus précoce:
au stade phréato-magmatique. L'éruption phréatique de 1956 de la Soufrière de Guadeloupe,
n'ayant pas atteint ce stade, n'engendra pas d'évacuation officielle.
- À partir de l'éruption de 1976 de la Soufrière de Guadeloupe, les massifs volcaniques
furent évacués dès le stade phréatique.
Ainsi, la date du 30 août 1902 marque un tournant dans la gestion des crises volcaniques aux
Petites Antilles. Le principe de précaution apparut et il se renforcera en deux temps (1929 et
1976) avec des évacuations de plus en plus précoces.
Les évacuations officielles, avant le retour en nombre des habitants chez eux, ont des durées
variables:
- 1902: ? mois à Saint-Vincent;
- 1902: 8 mois (sauf Saint-Pierre détruit et Le Prêcheur sous les chutes de cendres) en
Martinique (Ursulet, 1997, p. 399);
- 1929: 6 mois en Martinique (Lesales, 2006, p. 90);
- 1971: ? mois à Saint-Vincent;
- 1976: < 1 mois en Guadeloupe (Lepointe, 1999, p. 70);
- 1979: 1 mois à Saint-Vincent (Lesales, 2006, p. 115);
- 1995: plusieurs années à Montserrat (en cours).
Il apparaît que les difficultés à maintenir les populations en dehors de leur foyer augmentent
avec le temps, excepté quand la longueur et l'intensité de l'éruption sont exceptionnelles,
comme à Montserrat.
10.3.2. Les évacuations spontanées
Depuis l'éruption de 1812 à Saint-Vincent, les habitants se sentant les plus vulnérables
évacuèrent spontanément.
À l'éruption de 1812, les premières évacuations spontanées se sont déroulées à la phase
magmatique (Anonyme, 1812, p. 160; Anderson et al., 1903, p. 464). Par la suite et jusqu'à
l'éruption de 1956, les évacuations spontanées ont débuté dès le stade phréatique : le 5 août
1851 (Leprieur et al., 1852, p. 5), le 25 avril 1902 (Chrétien et al., 2002, p. 36), fin avril
(Anderson et al., 1903, p. 379), le 16 septembre 1929 (Lesales, 1994, p. 7, 9; Revert, 1931, p.
61
280), le 19 octobre 1956 (Lepointe, 1999, p. 16), début novembre 1971 (Aspinall, 1973, p.
120).
Les premières évacuations spontanées partielles de l'éruption de 1976 sont intervenues le 25
mars 1976 (Boudon, 1988, p. 31; Lepointe, 1999, p. 21) à la suite d'évènements sismiques
précurseurs. Le stade phréatique de l'éruption n'était pas encore atteint.
En 1979 à Saint-Vincent, l'évacuation officielle décidée simultanément avec les premiers
signes inquiétants pour la population n'a pas laissé l'occasion aux évacuations spontanées.
Enfin, à Montserrat en 1995, les premières évacuations spontanées se sont produites le 21
août 1995 (Lesales, 2006, p. 130) au stade phréatique, mais tout de même dès les premières
manifestations. En effet, le débouchage se fit sans signe précurseur.
Par ces exemples, et compte tenu des spécificités de chaque cas, il apparaît toute de même que
les évacuations spontanées deviennent de plus en plus précoses dans la montée en puissance
des éruptions.
10.3.3. Les commissions scientifiques
La composition de la commission scientifique, le stade éruptif de sa saisie, le délai de son
intervention et les moyens scientifiques mobilisés peuvent donner des indices sur l'intérêt que
portent les autorités aux phénomènes volcaniques, dans le but d'anticiper la gestion d'une
éventuelle crise.
La composition des commissions scientifiques en charge de diagnostiquer les manifestations
volcaniques prirent plusieurs formes au cours du temps (tableau 15). De simples témoins au
XVIIe et XVIIIe siècles, les membres des commissions furent des hommes de sciences à partir
de l'éruption de 1797 à la Soufrière de Guadeloupe. Ce n'est qu'après le mois de mai 1902 que
des géologues spécialisés en volcanologie furent mobilisés pour constituer les commissions
scientifiques. L'appel à des commissions scientifiques extraterritoriales (française, anglaise,
étatsunienne) a concerné l'ensemble des éruptions à partir de 1902, à l'exception de l'éruption
phréatique de 1956 en Guadeloupe, pays qui était déjà équipé d'un observatoire
volcanologique.
Les commissions scientifiques furent saisies à différents stades éruptifs, selon l'époque:
- jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle pour les Antilles Françaises et jusqu'au
début du XXe siècle pour les autres îles, la commission scientifique fut saisie à la suite des
paroxysmes;
- postérieurement, la commission scientifique fut mobilisée avant le paroxysme de
l'éruption;
- enfin, à partir de l'éruption de 1976, les commissions scientifiques extraterritoriales
furent même appelées par anticipation, avant même les premières manifestations en surface.
Selon les volcans concernés, les commissions scientifiques se mobilisaient avec des délais
plus ou moins rapides par rapport aux premières manifestations. Pour la Montagne Pelée
(1851 et 1902), les commissions scientifiques se mobilisèrent après un délai de 1 à 3 mois. En
revanche, sur la Soufrière de Guadeloupe depuis l'éruption de 1797, les commissions
scientifiques se rendaient sur les lieux instantanément à la suite de la première explosion.
Concernant la Soufrière de Saint-Vincent, nous manquons de précision.
L'évolution des connaissances scientifiques et technologiques a largement contribué à rendre
plus rapide et plus pertinente l'action des scientifiques. Actuellement, la surveillance est
62
continue depuis 1929 sur la Montagne Pelée, depuis 1950 sur la Soufrière de Guadeloupe et
depuis la fin du XXe siècle, pour tout l'archipel.
Aux petites Antilles, la perception du danger, au niveau des responsables et des individus,
s'est affinée au cours du temps. Globalement, cette sensibilisation au danger volcanique rend
les différentes réactions humaines de plus en plus précoces (en stade éruptif et en délais)
durant la crise volcanique.
Tableau 15. Les observateurs et rapporteurs des éruptions historiques
Date Volcan
Nom de l'observateur
1690
1692
1718
1766
1784
1792
1797
1812
1836
1843
1851
1880
1880
1901
1902
La Soufrière
Mount Liamuiga
The Soufrière
Soufrière Volcan. C.
The Soufrière
Montagne Pelée
La Soufrière
The Soufrière
La Soufrière
Mount Liamuiga
Montagne Pelée
Valley of Desolation
The Soufrière
Valley of Desolation
Montagne Pelée
1902
The Soufrière
1929
Montagne Pelée
Labat (témoin indirect)
?
?
?
Anderson
Montaval + riverains
Hapel-Lachenaie
Anonyme
Daver
?
Leprieur
Nicholls
Nicholls
?
Gerbault, Mirville, Leonce, Doze et Landes
Lacroix (Observatoire volcanologique)
Anderson
Fonction
Prêtre chroniqueur
Médecin, botaniste
Planteur
Divers*
Médecin de Marine
Pharmacien de Marine
Intendant des hôpitaux
Intendant des hôpitaux
Divers**
Volcanologue
Ophtalmologiste,
volcanologue
Volcanologue, géographe
Volcanologue
Volcanologues
Volcanologues
Volcanologues
Volcanologues
Volcanologues
Volcanologues
Volcanologues
Pluridisciplinaires
Volcanologues
Volcanologues
Romer, Revert (Observatoire volcanologique)
Perret (Etatsunien)
1956 La Soufrière
Jolivet, Barabbe (Observatoire volcanologique)
1971 The Soufrière
Aspinall et al.
1976 La Soufrière
Feuillard et al. (Observatoire volcanologique)
Tazzief et al.
1979 The Soufrière
Shepherd et al. (SRU-UWI)
Communauté scientifique
1995 Soufrière Hills
Montserrat Volcanology Observatory
Communauté scientifique
1997 Valley of Desolation
Scientifiques dominiquais, français et SRU-UWI
2001 Soufrière Volcan. C.
Scientifiques SRU-UWI
*: Médecin, pharmacien, chirurgien
**: Militaire, pharmacien, ingénieur Pont et Chaussées, professeur de sciences naturelles
Bibliographie
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Paris, Editions L'Harmattan: 469 p.
64
Conclusion
L'histoire volcanologique des Petites Antilles est constituée de 10 éruptions magmatiques à
dôme, de 12 éruptions phréatiques, de 11 recrudescences fumerolliennes et de 68 crises
volcano-sismiques. Cette synthèse des faits physiques et humains, ainsi que leur
spatialisation, fut réalisée à partir des ressources bibliographiques.
La lecture des sources bibliographiques originales a permis de déceler quelques imprécisions
d'Alfred Lacroix (1904) dans l'histoire de l'activité volcanique de la Soufrière de Guadeloupe.
Les trois recrudescences fumeroliennes de la fin du XIXe sont décalées d'un à deux ans, en
plus ou en moins. Cette inattention, légère, il est vrai, au niveau des temps géologiques, fut
reprise depuis 1904. Repartir des sources originales s'avère ainsi donc toujours conseillé et
surtout facilité par leurs accès via internet.
L'inventaire et la spatialisation des impacts physiques et humains, qui accompagne la
constitution de la BDFAVI et de l'atlas, a permis de proposer une séquence évolutive type des
éruptions et de caractériser les comportements récurrents. Il a été possible de mettre en avant
un changement de comportement institutionnel, à partir du 30 août 1902, avec une certaine
prise en compte du principe de précaution dans les évacuations et la mobilisation de moyens
scientifiques. En revanche, les premiers témoignages sur le comportement individuel
consistant en l'évacuation spontanée remontent à l'éruption de 1812 à Saint-Vincent. Depuis
1851, les évacuations spontanées interviennent dès les premières retombées de cendres.
Cependant, la perception du danger, au niveau des responsables et des individus, s'est affinée
au cours du temps. Globalement, cette sensibilisation au danger volcanique rend les réactions,
quelles qu'elles soient, de plus en plus précoces (en stade éruptif et en délais) durant la crise
volcanique.
65
Table des matières
Sommaire .........................................................................................................
Avant-propos ....................................................................................................
Introduction .....................................................................................................
1. Méthodologie ................................................................................................
1.1. Le contexte de la littérature scientifique volcanique aux Petites Antilles .
1.2. Une démarche historienne reposant sur les sources écrites ......................
1.3. La base de données "Lesser Antilles Volcanic Impact" ..........................
1.4. L'atlas des éruptions historiques aux Antilles françaises ........................
1.5. Le modèle graphique de synthèse des différents stades éruptifs ..............
2. Le volcanisme des Petites Antilles ..........................................................................
2.1. Une activité volcano-sismique régionale soutenue .................................
2.2. Un arc volcanique insulaire type ..............................................................
2.2. Le début de l'activité volcanologique historique ...................................
2.3. Une activité volcanologique historique chargée ...................................
3. L'activité volcanique historique du Mount Liamuiga .........................................
3.1. Les caractéristiques du Mount Liamuiga de Saint-Kitts ..........................
3.2. L'éruption phréatique de 1692 ..................................................................
3.3. L'éruption phréatique de 1843 ..................................................................
4. L'activité volcanique historique de la Soufrière Hills ..........................................
4.1. Les caractéristiques de la Soufrière Hills de Montserrat ...........................
4.2. Les réactivations fumeroliennes ...............................................................
4.3. L'éruption magmatique de 1995 toujours en cours ..................................
5. L'activité volcanique historique de la Soufrière de Guadeloupe ............................
5.1. Les caractéristiques de la Soufrière de Guadeloupe .................................
5.2. L'éruption phréatique de 1690 .............................................................
5.3. Les recrudescences fumerolliennes de la moitié du XVIIIe siècle ............
5.4. L'éruption phréatique de 1797-1798 ....................................................
5.5. 1809-1812 : recrudescences fumerolliennes ou éruption phréatique ? .....
5.6. L'éruption phréatique de 1836-1837 ....................................................
5.7. La recrudescence fumerollienne de 1879 à 1883 ...................................
5.8. La recrudescence fumerollienne de 1892 à 1903 ...................................
5.9. Les recrudescences fumerolliennes du deuxième quart du XXe siècle .....
5.10. L'éruption phréatique de 1956 ...........................................................
5.11. L'éruption phréatique de 1976-1977 ...................................................
5.12. La recrudescence fumerollienne actuelle ...........................................
6. L'activité volcanique historique de la Valley of Desolation .................................
6.1. Les caractéristiques du complexe volcanique de la Valley of Desolation.
6.2. L'éruption phréatique de 1880 ...................................................................
6.3. Les réactivations et les variations du niveau du Boiling Lake .................
6.3. L'éruption phréatique de 1997 ...................................................................
7. L'activité volcanique historique de la Montagne Pelée .........................................
7.1. Les caractéristiques de la Montagne Pelée de la Martinique ....................
7.2. L'éruption phréatique de 1792 ...................................................................
7.3. L'éruption phréatique de 1851 .............................................................
7.4. L'éruption magmatique à dôme de 1902-1905 .......................................
7.5. L'éruption magmatique à dôme de 1929-1932 .......................................
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8. L'activité volcanique historique de la Soufrière Volcanic Centre ..........................
8.1. Les caractéristiques de la Soufrière Volcanic Centre de Sainte-Lucie .....
8.2. L'éruption phréatique de 1766 ("environ 1764" ?) .................................
8.3. La réactivation fumerolienne de 2001 .......................................................
9. L'activité volcanique historique de la Soufrière de Saint-Vincent .........................
9.1. Les caractéristiques de la Soufrière de Saint-Vincent ...............................
9.2. L'éruption magmatique de 1718 ................................................................
9.3. La recrudescence fumerolienne de 1784: éruption magmatique effusive?
9.4. L'éruption magmatique de 1812 ...............................................................
9.5. La recrudescence fumerolienne de 1880: éruption magmatique effusive?
9.6. L'éruption magmatique de 1902 ...............................................................
9.7. L'éruption magmatique de 1971 .........................................................
9.8. L'éruption magmatique de 1979 ..........................................................
10. Discussions sur les éruptions historiques aux Petites Antilles ..............................
10.1. Le modèle graphique des cinq stades éruptifs d'impacts croissants ........
10.2. La concordance de l'activité volcanique dans l'archipel ..........................
10.3. Les évolutions chronologiques des perceptions du danger .....................
10.3.1. Les évacuations institutionnelles ..........................................
10.3.2. Les évacuations spontanées .................................................
10.3.3. Les commissions scientifiques .............................................
Conclusion ....................................................................................................................
Table des matières .......................................................................................................
Liste des figures ...........................................................................................................
Liste des tableaux .........................................................................................................
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Liste des figures
Figure 1. Le contexte géodynamique de la plaque Caraïbe et ses volcans ..................
Figure 2. Les volcans actifs des Petites Antilles et leur activité magmatique depuis
2000 ans .......................................................................................................................
Figure 3. Les cinq stades d'impacts éruptifs ...............................................................
Figure 4. Les comportements au cours de l'histoire éruptive des Petites Antilles ......
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Liste des tableaux
Tableau 1. Récapitulatif des manifestations volcaniques historiques aux Petites
Antilles .........................................................................................................................
Tableau 2. Récapitulatif de l'histoire éruptive des Petites Antilles ..............................
Tableau 3. Morphologie des volcans actifs des Petites Antilles ..................................
Tableau 4. Les éruptions volcaniques sans témoignage entre la découverte des îles
et leur colonisation par les Européens ...................................................................
Tableau 5. Récapitulatif de l'histoire éruptive des Petites Antilles .............................
Tableau 6. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs du Mount
Liamuiga ......................................................................................................................
Tableau 7. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la
Soufrière Hills .............................................................................................................
Tableau 8. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la
Soufrière de Guadeloupe .....................................................................................
Tableau 9. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la Valley
of Desolation ......................................................................................................
Tableau 10. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la
Montagne Pelée ..................................................................................................
Tableau 11. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la
Soufrière Volcanic Centre ...................................................................................
Tableau 12. L'établissement des extensions spatiales des dépôts éruptifs de la
Soufrière de Saint-Vincent ...................................................................................
Tableau 13. Les stades d'impact atteints par les éruptions historiques aux Antilles ....
Tableau 14. Les coïncidences chronologiques de l'activité volcanique .......................
Tableau 15. Les observateurs et rapporteurs des éruptions historiques ......................
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Les éruptions historiques aux Petites Antilles : inventaire
et spatialisation des impacts physiques et humains
L'histoire volcanologique des Petites Antilles est constituée de 10 éruptions magmatiques à
dôme, de 11 éruptions phréatiques et de nombreuses recrudescences fumerolliennes.
L'inventaire et la spatialisation des impacts physiques et humains reposent sur la
bibliographie, dans laquelle des informations précises ont été extraites. Suffisamment riche,
elle a permis de constituer une base de données: la BDLAVI (Lesser Antilles Volcanic
Impact). Les impacts physiques et humains ont également été spatialisés pour constituer un
atlas.
L'inventaire a permis de différencier cinq stades d'impacts éruptifs au cours de la période
historique aux Petites Antilles. Il est alors possible de proposer une séquence évolutive type
des éruptions et de caractériser les comportements récurrents. Il a été possible de mettre en
avant un changement de comportement institutionnel, à partir du 30 août 1902, avec une
certaine prise en compte du principe de précaution dans les évacuations et la mobilisation de
moyens scientifiques. En revanche, le comportement individuel, consistant en l'évacuation
spontanée, est constant depuis l'éruption de 1812 et intervient dès les premières retombées de
cendres.
Lalubie Guillaume
IRD Martinique-Caraïbe
Août 2012
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