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Introduction
L'activité volcanique aux Petites Antilles est un facteur important dans l'organisation de la
société. Par exemple, les sols peu évolués sur cendres et ponces de la Montagne Pelée,
particulièrement riches, ont accueilli les premières plantations de la Martinique. La ville de
Saint-Pierre fut créée à cet endroit et profita de cette richesse pour devenir une métropole
régionale dynamique. Inversement, en anéantissant totalement la ville et ses 28 000 habitants,
l'éruption de 1902 bouleversa l'organisation du territoire et Fort-de-France devint l'unique
pôle attractif de l'île. Mais, par ailleurs, cette tragédie de 1902, tout comme l'éruption de 1976
de la Soufrière de Guadeloupe ou l'éruption en cours de la Soufrière Hills de Montserrat, ont
donné un sérieux coup de projecteur d'audience internationale à ces îles, actuellement
tournées vers le tourisme. Le caractère volcanique de ces territoires est largement mis en
avant pour la promotion de ces deux destinations.
De façon moins radicale et de manière plus spontanée, quelles furent les conséquences des
éruptions volcaniques historiques aux Petites Antilles? Si de nombreux travaux existent sur
l'étude des phénomènes volcaniques des volcans des Petites Antilles (Roobol et al., 1989;
Shepherd, 1989; Lindsay et al., 2005), en revanche, aucun d'eux ne synthétisait l'ensemble des
effets directs et induits (dommages, isolements, évacuations, décisions prises, etc.) aux cours
des 24 manifestations volcaniques historiques répertoriées.
L'inventaire de l'activité volcanique des deux volcans français (Montagne Pelée et Soufrière
de Guadeloupe) fut réalisé dans le cadre du programme CASAVA (Compréhension et
Analyse des Scénarios, Aléas, et Risque Volcanique aux Antilles), porté par l'IPGP (Institut
Physique du Globe de Paris) et financé par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche). Cet
inventaire fut réalisé au sein volet 4 (Work-package 4, "Territorial, humain, and institutional
vulnerability"), pour le sous-chapitre 4.1. (WP-4.1., "Modelling the networks’ functional
vulnerability"). Afin de profiter des retours d'expérience des éruptions passées, il s'agissait de
réaliser une frise chronologique détaillée des impacts et des conséquences, associée à une
cartographie: le but étant de recréer la dynamique cartographique des crises et de leurs effets,
jour après jour depuis les premiers signes précurseurs jusqu'aux derniers effets induits, pour
replacer ensuite cette dynamique dans le contexte actuel et modéliser essentiellement les
pertes d'accessibilité. Il nous est agréable de remercier à ce titre le porteur du projet
CASAVA, M. le physicien Jean-Christophe Komorowski de l'IPGP (Institut de Physique du
Globe de Paris), M. le Professeur Frédéric Léone, de l'UMR GRED de l'Université de
Montpellier III, coordinateur du volet 4 et M. le Professeur Maurice Burac de AIHP-GEODE
de l'Université des Antilles et de la Guyane, coordinateur des actions CASAVA pour le
laboratoire AIHP-GEODE (EA929) de l'UAG (Université des Antilles et de la Guyane).
Dans le cadre programme CARIBSAT, porté par l'IRD (Institut de Recherche pour le
Développement) et financé par les fonds européens INTERREG Caraïbes, cet inventaire a été
étendu à l'ensemble des Petites Antilles. L'objectif était, d'une part, de rassembler l'ensemble
des informations liées aux manifestations éruptives à l'échelle régionale afin de relier leurs
impacts dans une échelle spatiale et temporelle et, d'autre part, d'observer d'éventuelles
logiques organisationnelles dans le déroulement de chaque éruption. Cet inventaire fut réalisé
au sein de l'action 8 du projet CARIBSAT (Action 8, "Phénomènes liés au développement
urbain"), dans la sous activité, "Risques dits naturels". Nous remercions M. Marc Morell,
coordinateur du projet CARIBSAT et M. Jean-Raphael Gros-Désormeaux, coordinateur
adjoint.