Le coût élevé du
diabète peut être perçu
comme le résultat de
tous les traitements
infructueux du passé.
Comme l’illustre cet
article, la prévention
est bien moins onéreuse
que le traitement des
complications du
diabète. Pour réduire
davantage le coût du
diabète, il faut élever le
niveau des soins,
surtout dans le
domaine de
l’autogestion. Pour y
arriver, il faut donner
plus de moyens aux
personnes atteintes de
diabète et, donc,
investir davantage.
Le diabète diffère des
autres maladies en
particulier pour un
aspect: les résultats dépendent
presque uniquement de la
capacité d’autogestion des
personnes qui en sont
affectées. Le rôle de
prescripteur du médecin ne
s’applique qu’en partie dans le
cas du diabète. Tous les autres
facteurs à la base d’un
traitement efficace (régime,
exercices, etc.) sont sous la
responsabilité des personnes
atteintes de diabète.
Un mode de vie
Le diabète est un trouble du
métabolisme du glucose. C’est
aussi un mode de vie, ou
plutôt une vocation qui
nécessite un apprentissage. Les
personnes atteintes de diabète
doivent être mises au courant
des effets de la nourriture, de
l’exercice physique et même
du stress sur leur glycémie.
Tous leurs choix de vie
peuvent avoir une incidence
sur leur métabolisme. Par
conséquent, les personnes
atteintes de diabète doivent
acquérir des connaissances au
sujet de leur condition afin de
bien la prendre en charge.
Les professionnels des soins de
santé, quel que soit leur niveau
de connaissances dans le
domaine du diabète, peuvent
uniquement aiguiller leurs
patients. Après avoir été
dûment informées, les
personnes atteintes de diabète
doivent ensuite être en mesure
d’appliquer correctement les
instructions par le biais de
l’autogestion. Ces personnes
doivent donc être capables de
pratiquer l’autosurveillance.
L’autosurveillance, la clé
d’un traitement efficace
La mesure de l’hémoglobine
glycquée (HbA1c), fut l’une des
plus grandes avancées dans le
domaine du traitement du
diabète depuis l’invention de
l’insuline. L’autre fut
l’autosurveillance du taux de
glycémie. L’HbA1c et
l’autosurveillance vont de pair.
Cependant, si la mesure de
l’HbA1c a pour but déterminer
si le contrôle satisfait aux
objectifs du traitement, elle ne
montre jamais les erreurs
commises ni la manière d’y
remédier, contrairement à
l’autosurveillance. La figure 1
montre l’effet positif de
l’autosurveillance sur l’HbA1c.
Diabetes Voice • volume 46 • octobre 2001 • Responsabilisation 25
ECONOMIE
Autogestion :
Un investissement
considérable mais rentable
Tero Kangas
La prévention des
complications: objectif
premier des soins
A quoi sert une autogestion
correcte ? Quel est le but
poursuivi ? Le traitement du
diabète a pour objectif
d’obtenir des taux glycémiques
quasi semblables à ceux de
personnes non atteintes de
diabète (entre 4 et 8 mmol/dl
ou 70-140 mg/dl). Ceci doit
aider le patient à prévenir
toute complication dans un
stade ultérieur. Les
complications mettent en
danger la vie des personnes
atteintes de diabète et
occasionnent des frais
supplémentaires considérables
dans leur traitement. Les
complications apparaissent
suite à l’absence d’un contrôle
glycémique adéquat durant un
laps de temps assez long. Ces
complications peuvent
toutefois être évitées grâce à
un contrôle adéquat de la
condition, au moyen d’un
‘traitement intensif’.
L’effet démontré du
traitement intensif
Comme nous vous
l’expliquions plus haut, les
complications sont les
principales responsables du
coût élevé du diabète. Plus de
90 pour cent des véritables
coûts excédentaires du diabète
sont dus au traitement de ses
complications et un peu moins
d’un tiers des personnes
atteintes de diabète en
souffrent. En d’autres termes,
les 70 pour cent restant, qui
n’ont pas développé de
complications, requièrent
seulement 10 pour cent des
coûts excédentaires du
traitement1. (On entend par
‘coût excédentaire’, ou ‘coût
différentiel’, la différence entre
le coût des soins dans le cas de
personnes atteintes de diabète
et le coût des soins dans le cas
de personnes qui n’ont pas le
diabète, pour un même
groupe d’âge et pour des
individus de même sexe.)
Des études réputées ont
démontré que le traitement
intensif réduisait le risque de
développer des complications
ainsi que les coûts
excédentaires. Le Diabetes
Control and Complications
Trial (DCCT) fait état d’une
diminution de 27 à 76 pour
cent des complications chez les
personnes atteintes du diabète
de type 1² et le United
Kingdom Prospective Diabetes
Study (UKPDS) indique une
diminution de 25 pour cent
des complications
microvasculaires liées au
diabète chez les personnes
atteintes du diabète de type 2³
(d’après la Kumamoto Study
cette diminution correspond à
64 à 77 pour cent). Toutes ces
études affirment que la
prévention des complications
est rentable4.
Le coût des complications
dans le cas du diabète de type
2 est en moyenne 24 fois plus
élevé et, dans le cas du diabète
de type 1, 12 fois plus élevé
que le coût des personnes
atteintes d’un même type de
diabète mais sans
complications1(figure 2).
Le coût de l’équipement
Pour une bonne autogestion,
la personne atteinte de diabète
doit disposer de tout un
appareillage, notamment des
instruments de mesure et des
bandelettes, des seringues, des
26 Diabetes Voice • volume 46 • octobre 2001 • Responsabilisation
ECONOMIE
Figure 1
Des tests glycémiques plus fréquents
abaissent le taux d’HbA1c
2939 personnes atteintes de diabète sous injections sous-cutanées
d'insuline continues ; München Bogenhausen, Allemagne
Nombre de tests par jour
aiguilles et des stylos à
insuline, selon les cas. Ce
matériel est très onéreux.
Cependant, lorsque l’on
compare le coût du
traitement des complications
à celui de la prévention au
moyen d’un traitement
intensif (c.-à-d. au moins
quatre contrôles glycémiques
quotidiens, cfr. DCCT), le
groupe des personnes qui
pratiquent l’autogestion
apparaît toujours comme le
plus rentable.
En Finlande, par exemple, le
coût du matériel
d’autogestion (comprenant
de bandelettes de test) s’est
avéré ne représenter que
2,8 pour cent du coût
différentiel total des soins du
diabète1.
Il est donc tout à fait possible
de réduire de 40 pour cent les
coûts différentiels annuels
d’aujourd’hui occasionnés par
le traitement du diabète. Pour
arriver à ce résultat, il convient
également de traiter les autres
facteurs de risque
cardiovasculaire liés au diabète
de type 2, et ne pas se limiter
au contrôle glycémique.
Il faudra investir davantage
dans l’éducation et dans
l’équipement si l’on veut
améliorer les soins du diabète.
Toutefois, les effets visibles de
tels investissements ne se
verront qu’au bout d’une
période d’environ cinq ans4.
Cependant, la forte
augmentation annoncée de la
prévalence du diabète, en
particulier de type 2, constitue
notre principale source de
préoccupation5. Ce
phénomène rend quelque peu
irréalistes tous nos efforts de
prévention globale du diabète.
Il est donc d’une importance
capitale, du moins en termes
économiques, de prévenir les
complications du diabète de
toutes les manières possibles.
Dans cette optique, la
responsabilisation et
l’autogestion figurent de toute
évidence parmi les approches
les plus efficaces.
Références:
1. Kangas T, Sivonen K: Analysis of
incremental and total direct costs of
health care for persons with
diabetes by type of diabetes with age
and sex matched controls. Abstracts
for the 17th IDF Congress Mexico.
Diabetes Res Clin Pract 2000:50
(Suppl):8.
2. The Diabetes Control and
Complications Trial Research
Group: The effect of intensive
treatment of diabetes on
development and progression of
long-term complications in insulin-
dependent diabetes mellitus. N Engl
J Med 1993:329:977-986.
3. UKPDS, Intensive blood-glucose
control with sulphonylureas or
insulin compared with conventional
treatment and the risk of
complications in patients with type
2 diabetes (UKPDS 33). Lancet
1998:352:837-853.
4. Wake N, Hisashige A, Katayama
T et al: Cost-effectiveness of
intensive insulin therapy for type 2
diabetes: a 10-year follow-up of the
Kumamoto study. Diabetes Res Clin
Pract 2000:48:201-210.
5. King H, Aubert RE, Herman
WH: Global burden of diabetes,
1995-2025: prevalence, numerical
estimates, and projections. Diabetes
Care 1998:21:1414-1431.
Le professeur Tero Kangas, de
Vantaa en Finlande,
spécialiste en médecine interne
et diabétologie, était
Médecin en chef du Eastern
Health Centre, à Helsinki en
Finlande. Il fut vice-Président
de la FID de 1982 à 1988. Il
est Président honoraire de
l’Association finlandaise du
Diabète dont il fut le
Président de 1991 à 1994.
Diabetes Voice • volume 46 • octobre 2001 • Responsabilisation 27
ECONOMIE
Figure 2
Comparaison des coûts moyens annuels (USD)
des personnes atteintes de diabète, avec ou
sans complications (Finlande 1997)
~24 fois
~12 fois
Sans complications Avec complications
1 / 3 100%
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