Les troubles des conduites et du comportement
Tentatives de définition et modalités de prise en charge
Charles Lagard, janvier 2015 4
1- Ecoles de pensée en psychologie et classifications
a-Des points communs entre définitions
En premier lieu, quand on tente d’envisager les pathologies de ces jeunes aux
comportements troublés, toutes les classifications évoquent les « Troubles ». Le concept de
« troubles » en santé mentale « renvoie à un ensemble de conditions morbides susceptibles de
caractériser l’état de dysfonctionnement comportemental, relationnel et psychologique d’un
individu en référence aux normes attendues à son âge
» ou comme le définit le Petit Robert
« une modification pathologique de l’organisme ou du comportement (physique ou mental) de
l’être vivant ». Ces deux définitions nous éclairent donc sur le fait que lorsqu’une personne
est atteinte de troubles, lorsqu’elle est troublée, elle souffre de dysfonctionnement par rapport
à la moyenne, par rapport à quelque chose qui devrait se situer dans la norme attendue. En
outre, le mot de « trouble » porte toujours la marque du pluriel : les TCC sont donc une série
d’actes qui ne peuvent entrer dans la définition que l’on pourrait faire d’une conduite ou d’un
comportement « normal ». Ce sont donc les symptômes qui ont tendance à définir telle ou
telle pathologie.
En conséquence, chaque école, replace les actes posés dans un contexte et dans un
temps donné. En effet, à titre d’exemple : la période du « non » systématique est normale chez
l’enfant de 2 ans ; à 6 ans, cela devient inquiétant ; et si un jeune vole une fois ses parents,
c’est une bêtise de jeunesse, si c’est tous les jours, cela peut être attribué à une pathologie.
Enfin, les différentes approches prennent en compte sous des noms parfois différents
et de manières éparses les troubles relevant des conduites (« transgressions des règles
sociales », donc on parle des actes posés d’où le pluriel) et ceux relevant du comportement
(« réaction émotionnelle inadaptée
», donc on parle de l’état d’être du jeune d’où le
singulier). C’est la classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent
qui, comme nous allons le voir, les groupe dans une même catégorie à partir de son édition de
2000. Les autres classifications, DSM-IV et la CIM-10, qui les avaient pris en compte plus
tôt, évoquent ces deux types de troubles dans des chapitres différents.
La présentation qui suit envisage de resituer de futures lectures dans des contextes
particuliers, et de porter un regard large sur la manière d’envisager ce type de trouble en
psychologie. Toutefois, dans la mesure où les textes officiels citent clairement la classification
française, nous nous attarderons plus spécifiquement sur cette dernière.
b- Le DSM-IV : l’école américaine et l’influence de la théorie
comportementaliste
Le DSM-IV (Diagnostic and satistical manual of mental disorder) est la classification
publiée par l’association américaine de psychiatrie. Citée dans de nombreux ouvrages, il n’est
pourtant pas reconnu comme officiel en France. Son approche se veut a-théorique, même si il
est clairement empreint de théories behaviouristes. La théorie behaviouriste (ou
comportementaliste) initiée par John Broadus Watson, est née dans la première moitié du
XXème siècle aux Etats-Unis. Ce dernier préconisait que les travaux des psychologues
Rapport ISERN sur les troubles de la conduite, 2005
Scolariser les enfants présentant des troubles de la conduite et du comportement, eduscol, aout 2012
En mai 2014 est sortie une dernière version, le DSM-V, mais devant la controverse sans précédent, nous en
resterons à la version 4 tant que les débats ne ce seront pas éteints.