L’Ogrelet deSuzanneLebeau Carnetartistiqueetpédagogique Textesélectionnéparl’éducationnationale,listede«Lecturespourlescollégiens»2013. SuzanneLebeaureçoitleprixdelaBelleSaisonen2015pourl’ensembledesonœuvre CarnetpédagogiquerédigéparAnnieQuenet,professeurdefrançaisretraitée Recherchesdocumentaires:AudreyLiébot L’Ogreletvitseulavecsamèredansunemaisonaucœurd’uneforêtdense,enretraitdelacommunautévillageoise.Lejouroùil commence à fréquenter l’école et les autres enfants, il découvre sa différence : il est le fils d’un ogre que sa mère a passionnémentaimé.Poursedélivrerdesonattiranceirrépressiblepourlesangfrais,ildevraaffrontertroisépreuvesdontil sortiragrandi.UnrécitnoirettendredeSuzanneLebeauquinousréconcilieavecnotrepartd’ombre. L’auteur SuzanneLebeauestnéeen1948,auQuébec.Aprèsdesétudesdelettresetdepédagogie,elledevientcomédienne.En1975, ellefondeaveclemetteurenscèneGervaisGaudreault,lacompagniedethéâtrepourlajeunesseLeCarrouselpourlaquelleelle écritsonpremiertexteen1979.Depuis,plusdevingtpiècessontparues,toutesdestinéesàlajeunesse,dontcertainestraduites dansplusieurslangues.LeséditionsThéâtralesontpublié10textesdeSuzanneLebeau.LeCentrenationaldesécrituresdu spectacleluiaconsacréunemonographiedanslacollection«Itinéraired’auteur»en2002. Extraitd’unarticledeAnnieQuenet,«SuzanneLebeau,l’humainehumanité»,revueGriffon,mai-juin2009. créditphoto:François-XavierGaudreault SuzanneLebeauestuneconteused’histoire,conteusedontonentendlavoixderrièrelesmots.Desmotsàlafoissimpleset riches,sonoresetsensuels.Lavievibresoussaphrase.SuzanneLebeaurevendiquedeparlerauxenfants:desbeautésdela vie,del’amourentrelesêtresetdescruautésdumonde,deshommes,parfois.QuandondemandeàSuzanneLebeauquidit aimerlerécit,pourquoiellen’écritpasderomans,ellerépond:«lethéâtreestleseulartoùl’onpartdel’intimepuisquis’ouvre commeunentonnoir.L’intimerejointungroupequis’enempare,cegroupes’élargitàl’espacesocialdupublicetlàilrejointle plusintimeduspectateur.Leromanvadirectdel’intimeàl’intime,lethéâtrepasseparunespacesocialetc’estcequej’aime danslethéâtre. SuzanneLebeaun’hésitepasàformuler,mêmeendirectiondestout-petits(Uneluneentredeuxmaisons,éditionsThéâtrales, 2006)lesquestionslesplusdifficilesàaborder,qu’ellessoientlarésultanted’uncontextetraumatiqueourenvoientàladifficulté decheminerdansl’existence.SonécritureestreconnaissableàquelquescaractéristiquesrévéléesparMarieBernanocedansÀ ladécouvertedecentetunepièces(éditionsThéâtrales-CRDPdel’académiedeGrenoble,2006):des«fablessimplesmais nonsimplistes»,un«goûtpourlejeudanslejeu,aveceffetsderécit»,une«langueclaireetaccessiblemaisnondénuéede poésie,dufaitdesonancragedansl’imaginaireenfantin». Sontravaild’écriturereposesuruneffortincessantderencontres,d’échanges,d’accumulationsdedocumentsetd’informations qu’elle consigne dans divers cahiers de notes qui deviennent sa « nourriture ». Une « digestion » est alors nécessaire afin d’oublierletravailderecherche.Puis,«fairelevide»pour«laisserjaillirl’inconscientoulamémoirequis’estdéposéeen elle ». Ainsi, « laisser surgir l’écriture du silence » (Suzanne Lebeau, Itinéraires d’auteurs p. 51). D’après Yvon Perrier, coordinateurdescommunicationsauseinduCarrousel. Letexteetlecarnet PlusieurstitresdeSuzanneLebeaufigurentdansla«Listederéférencedesœuvresdelittératuredejeunessepourlecycle3». L’Ogreletpourralui-aussiêtreabordéenCM1-CM2.Ilcorrespondégalementauxobjectifsdelectureintégralede6èmeet5ème. Il sera abordé ici pour ces deux niveaux, sans distinction. Chaque enseignant sera à même d’adapter les propositions à sa classe.L’Ogrelet,enemmenantlelecteurdanslesalléesprofondesetparfoistroublantesduconte,s’adresseà sapartintime.Sonécritureconjugueplusieursformesthéâtralesetunenarrationquis’appuiesurlenon-dit.C’estpourquoil’ona choisi d’organiser cette lecture intégrale en deux parties : une lecture détaillée du début (scènes 1 à 5) pour laquelle nous proposons un ensemble de pistes précises qui éveillera l’intérêt des élèves et leur donnera une grille de lecture. Puis des propositionsdemiseenvoixetdemiseenjeu;unelecturecursivesolitaire(scènes6à11),queletravailprécédentdevrait avoirmotivéeetpourlaquellenoussuggéronsunelistedetravauxdesynthèse. Enannexe,unplandetravailpluridisciplinairepourlecycle3etunplandeséquencedefrançaispour6ème,5ème. Planducarnet Chemineraucœurdescinqpremièresscènes A.Avantd’entrerdansl’histoire B.Scène1-Entréedansl’histoire C.Scène2 D.Scène3 E.Scène4 F.Scène5 G.Lecturecursivedesscènes6à12 Miseenvoixaupupitreouenespacesdesscènes1à4 A.Miseenvoixavecousanspupitre B.Miseenvoixetenespace Miseenjeudesscènes1,2,3 A.Scénographieetélémentsdecostumes B.Miseenjeu EnvironnementartistiquedeSuzanneLebeauetdeL’Ogrelet F.ProjetdemiseenthéâtreparJeanPerrochaud A.Lesinfluences B.EntretienavecYvonPerrier,ThéâtreduCarrousel C.CréationparlacompagnieLeCarrousel D.CréationparlacompagnieL’Artifice-ChristianDuchange E.CréationparLaManivelle-FrançoisGérard Annexes C.Plandetravailpluridisciplinaireaucycle3 A.Àconsulter B.Prolongement:réseaudetextes Chemineraucœurdescinqpremières scènes Le plaisir de la lecture deL’Ogrelet reposera en grande partie sur le mystère entretenu par S. Lebeau et dévoilé par étapes, d’abord implicitement puis explicitement. Pointer les mystères successifs et leur dévoilement implicite avant un nouvel obscurcissementpourraitêtrelefilrougedelalectureetconstituerunritueld’élucidation,àchaqueétape. Sil’ons’appuiesurcettedramaturgieetentredansletextelorsdeséancesespacées,onlaisseraleslivres«ausecret»dansla classe,aumoinsjusqu’àlascène6. A.Avantd’entrerdansl’histoire Créerunhorizond’attente: Avant de découvrir la scène 1, on pourra solliciter l’imaginaire, à partir du titre, de la dédicace, de la présentation des personnages. Espacedelafiction,espaceduthéâtre: On demandera aux élèves d’imaginer le paysage à partir de la description des lieux. On fera rechercher les éléments qui n’existeraientpasdanslaréalitéetformulerlesmots«décor»et«scénographie». Oncompareraalorslesdimensionsd’unplateaudethéâtre(espacethéâtral)etcellesdupaysage(espacedelafiction)etposera laquestiondelanécessairetranspositionetdesmoyensduthéâtre. B.Scène1-Entréedansl’histoire 1.Premièredécouverte Pourassurercettepremièredécouverte,onpréféreraunelecturedelascèneparl’enseignant(lesélèvesontlelivrefermé:ils écoutent):lectureadressée,lente,debout,selonlesformesdel’oralisation. 2.Découvertedespersonnagesàtraverslapremièredidascalie Onmettraenévidencel’évolutionduportraitdel’Ogrelet,parrapportauxélémentsfournisparl’auteuravantledébutdelapièce, etla1èreimageimplicitedelamère.Onretiendraquelesdidascaliesnedonnentpasseulementdesindicationsscéniques, mais aussi différentes informations notamment sur les personnages : pendant la lecture, il faut donc leur accorder la même importancequ’audialogue. 3.Identifierlasituation Onpourrafairerésumercollectivementlascèneàl’aidedeverbesd’action. Onattirerapourcelal’attentionsurlepremiermot:«Redis-moi»,répétitiondelaleçonderecommandations;surlesphrases impérativesetinterrogativesdelamèreetphrasesdéclaratives,ponctuationdel’Ogrelet. 4.Lesmystèresautourdel’Ogrelet Onmettraenévidence: lesrecommandationsinhabituellesdelaMère,quiétonnentetquestionnent.Onpourrapréparerunpanneauaffichédans laclasse,titré«lesmystèresdeL’Ogrelet»etcommenceruneliste:pourquoil’Ogreletdevra-t-ilmangerseul? puisdanslapartiemonologuée,lemystèreautourdelanourritureinhabituelleelle–aussi.Lesélèvescaractériseront aisémentletypedenourrituredonnéeetrefuséeparlamèreetcequel’Ogreletattenddel’école:connaissanceset ouvertureaumonde,forced’un«grand». Unmystèrerelevés’estéclairci:l’Ogreletnedoitpasmangeravecsescamaradesparcequ’iln’ajamaismangédeviande.Un autreestapparu,ànotersurlepanneau:pourquoilamèreneluia-t-elledonnéàmangerquecettenourriture-là? 5.Dudialogueaumonologue(deuxdernièresrépliques) On amènera les élèves à identifier le passage du dialogue au monologue et del’adresse à l’acteur partenaire à l’adresse au public.Cecipermettraunepremièreapprochedescodesduthéâtre. Onferaobserverensuitelamiseenpagedifférentedecelledudialogueprécédent,prochedecelledupoème.Onsedemandera pourquoiS.Lebeauachoisicetteforme? Onpourraitproposerensuiteuntravaildelecturecollectiveàvoixhauteetdansl’espace,dumonologuedelamère,précédépar un travail d’imagination corporelle sur les sensations gustatives (ce détour afin qu’au moment de la lecture le mot « fasse image»):ce1ertravaildelecturepourraêtrefaitindividuellement,àvoixbasse,ensemblemaischacunpoursoi,pourleplaisir dumot(voirpourlesconsignes:oralisation). Nouvelhorizond’attente:commentl’Ogreletva-t-ilvivresapremièrejournéeàl’école? Mémorisation,diction:demanderdemémoriser,àlamaison,unedesdeuxrépliques,auchoixaveclaconsigned’appliquer lesconseilspourbiendireletexte. C.Scène2 1.Découverte Onproposeraladécouvertedelascène2paruneoralisationcollective,chorale. Onformerauncercle.Lalecturepasserad’unélèveàl’autre,enchangeantdelecteuràchaquepoint,jusqu’àlaligne6.Ensuiteà chaquepassageàlaligne,pourlapremièrerépliquedelamèrepuisàchaquepoint,danslesrépliquessuivantes. 2.Dialogueoumonologues? Àquiparlelamère?Oninviteralesélèvesàsetransformerendétectivespourargumenterleurréponse,encherchantdes indicesdansletexte(pronomspersonnels,adjectifspossessifs).Ilsendéduirontqu’elles’adressed’abordauxspectateurspuis à l’Ogrelet. Et pourtant, ce n’est pas possible. Pourquoi ? Où se trouve l’Ogrelet ? Où se trouve sa mère ? On en tirera la conclusion:lamèreseparledanssatête,ellefaitcommesielleluiparlait;luiserépètesesrecommandations. Onenconcluradoncqu’unmonologuepeutêtreadresséauxspectateurscommeuneparoledeconteurouadresséàsoi-même commelorsqu’onseparledanssatête;autreconventionthéâtrale:authéâtre,lespenséessontentenduesparlesspectateurs. Essaidelectureàvoixhaute Deuxoutroisélèvespourraients’essayeràlirechacun,successivement,p14:la1rerépliquedel’Ogreletcommeunepensée; ladernièrecommes’ill’adressaitauxspectateurs,sescamarades. Natureapaisante,natureinquiétante Pourquoilamèredel’Ogreletluiparle-t-elledanssatête? Enfaisantcommesielleluiparlaitàdistance,elleasansdoutel’impressiondel’accompagner.Voilàlesigned’unegrande inquiétude(répétitiondesimpératifs). Quecraint-elletant?Onlisteralesélémentsdontelleveutledétourneretceuxquiluisemblentbénéfiquesenopposantles expansionsdunom. Mystèreàlister:pourquoilamèrecraint-ellecesanimaux-làpoursonfils? Connaîtrelerouge… Quelleconnaissancenouvellel’Ogreletespère-t-ilacquérirenpartantpourlapremièrefoisàl’écoleprimaire?Lerouge… Autremystèreàajoutersurlepanneau:pourquoilerougeest-ilaucontrairedénigréparlamère? 3.Lecturemiseenespacesouslaformedechœurs Àlafindecetteséance,onpourraitproposerde«mettreenapplication»toutcequ’onadécouvertdansunevraiemiseenvoix, travailléepargroupes. Pourcela,l’enseignantproposeraundécoupagedesrépliquesouilleconfieraauxgroupesdelecteurs(consigne:ledécoupage doitaideràbienfaireressentirl’histoireauxspectateurs). Ondemanderaégalementderéfléchirauplacementduchœurdelamèreetduchœurdel’Ogrelet,dansl’espaceduplateau. Aprèschaqueprésentation,ondiscuteradel’essentiel:a-t-onbiencomprislaparticularitédecesmonologues? 4.Écriture Écrire,àlamanièredeS.Lebeau,lemonologue(réalisteoufantaisiste)d’unemèredelavillealorsquesonenfantpartseulà l’école,pourlapremièrefois. D.Scène3 1.Lecturesilencieuse On demandera aux élèves de bien tout lire, pas uniquement les paroles et de s’entendre lire en appliquant les consignes de l’oralisationdéjàmisesenœuvre. 2.Leditetlenon-dit L’étudedecettescène,sansdouteplusdifficileàsaisiràpremièrelectureseraaxéesurl’éclaircissementdesnombreuxnonditsdelamère. Lerécitdela1èrejournée:«Oùl’Ogreletdécouvrequ’ilestdifférent»(jusqu’aumilieudelap.21) Mêmeforteémotionressentieparlesdeuxpersonnages(répétitionde«battrelecœur»),maiscontrastedeleurs sentiments.Onlisteratouteslesdécouvertesdel’Ogreletsurletrajetetàl’écoleet,enface,lesréactionsouréponses delamère(parmielles,«lefilrouge»durouge). Onremarqueralesblancsdanslesrépliquesdelamère:pourquoicestempsdesilence?Uneoccasiondemettreen évidencel’écriturethéâtrale«trouée»:onn’écritjamaistoutauthéâtre. Changementdetonalitémarquédramaturgiquementparlacoupuredeladidascalie«Elleluisertuneassiette immense»:àl’émotionenthousiasteouinquiètesuccèdelecalmed’uneconversationd’égalàégal.Puischacun chercheàprotégerl’autre(répétitionde«Net’inquiètepas»).Cettepartieseterminesurl’imagedelasolitudede l’Ogrelet,laconsolationdelamaîtresse,etdoncl’évocationvagued’unepossiblesouffrancecrééeparl’école. Onferaconcluresurl’idéegénérale:àl’école,ilaapprissadifférenceetadéjà«grandi». L’Ogreletsechoisitunprénom:Simon(dumilieudelap.21àlap.22) Onremarqueraquec’estencoreunedidascalied’actionquimarquelepassageàuneautresituationetque,commepourles couleursoulanourriture,ilyaunnominterditetunnomautorisé. L’OgreletestcontentduprénomSimon.Etsamère?Onrenverraàl’aparté(«pourelle-même»).Onferapercevoirqu’alorsle lecteur/spectateurcomprendplusdechosesquel’Ogrelet.Ondemanderaauxélèvescequ’ilsontdevinédecetaparté.Indice préalable:«C’estunnomquetudisparfoisdanstonsommeil». Pourmieuxfairepercevoirleditetlenon–ditcontenusdansles5répliquesp.22de«jepeuxécrire»à«sonnebien»on pourraitpasserpar: -*plusieurs essais de lecture à voix haute. On découvrirait à cette occasion l’efficacité théâtrale du dialogue, jouant sur la répétitionde«Simon» untravaild’écrituredethéâtre:écrireàdeuxoutrois,desdidascalies,souslaformedephrasesauprésent,intercalées avantlesrépliquesdelamère:uneaction,ungeste,ouuneattitudequiexprimesonsentiment. Nouvelapportdel’écoleàl’Ogrelet:unnomqu’ils’estchoisietquin’estpluslemotdouxdesamaman;lamarqued’une émancipation. Lalettredelamère Confirmationdumystèreautourdesacraintedurougeet1èrementiond’unpère,robuste.Anouveaulelecteur/spectateurensait plusqueSimon,grâceàlaconventionthéâtraledelalettreentraindes’écrirequ’onfaitentendreauthéâtre. E.Scène4 Premièrepartie(jusqu’à«loupblessé»p.29):montéedelatension dramatique Àexplorer: lechangementd’atmosphèreetlesimpressionsantithétiquesdelamère(affolement,inquiétude)etdel’Ogrelet (quiétude,confiance).Pourquoilamèreveut-ellel’empêcherdesortir?parpeurqu’ilsoittuéparleschasseursoules loupsoupourautrechose…?(parcequ’ellecraintqu’ilnecèdeàl’ogreté); lepremierconflitentrel’Ogreletetsamèrequivajusqu’àl’oppositionphysique.Onnoteralerefusrépétéqu’ilparte (impérativesnégatives;conditionneldepolitesse«j’aimerais»;«jeneveuxpas»).Réponserépétéedeplusenplus fortede«net’inquiètepas»à«tun’aspasledroit»; Deuxièmepartie:leslettres,pulsionanimaleetsublimationamoureuse Aprèsavoirrepérélaformetypedelalettreetsesécarts,onpourraitdemanderdedonneràchaquelettreuntitrequirésume l’essentiel, ou deux, l’un neutre, l’autre expressif. Ceci mettrait en évidence le contraste entre la folie, la monstruosité qui s’emparedeSimonetlalimpiditéquisedégagedela1èrevisiondupèredansleregarddelamère,visionrassurantemais… Onaborderaleurintérêtdramaturgique:rythmerlascène,parunepausemonologuée,aprèsleconflitdela1érepartieetavant unenouvelletensiondramatique,leretourdel’Ogreletbouleversé;préparer,éclairerlerécitdespulsionsanimalesquivasuivre etlechagrindel’Ogrelet. Troisièmepartie(àpartirde«unbruitdebranches»p.30):oùl’Ogrelet découvresonanimalité Pointsàaborder: Impressionsdeslecteurs,déterminationdelaraisonduchagrindeSimon,commentairedesdidascalies(l’Ogreletpetitanimal quifaitpeur,petitanimalapeuré)expressivitédel’imparfaitàvaleurrépétitivequidilueletemps,danslerécitdudrame. Onpourrafaireobserverleretouràlamêmesituationqu’audébutmaisinversée(affolementdeSimon;mèrerassurante). Mystère à lister : l’odeur des roses qui ramène Simon à lui-même et s’oppose à l’odeur du sang (à rapprocher du type de nourrituresélectionnéeparlamèrep.12). Travaildelecture: Àprépareràlamaison,lectureàvoixhaute,auchoixdechacun,del’unedeslettresoudurécitdeSimonpp.31-32. F.Scène5 L’idéal:enchaînerimmédiatement,lalecturesilencieusedelascène5sansomettreletitre. Àmettreenévidence: Laprogressiondelasauvagerieetlefaitqu’àchaquefoisSimonaagimalgrélui,dansunétatsecond. Laconstructiondramatiquedelapièceparl’enchâssementdeslettres. Débatd’interprétation:pourquoiS.Lebeaun’a-t-ellepaschoisid’écrirecesépisodes,sousformedescènes«en direct»àl’école?Onpourraitévoqueràcetteoccasion,l’histoireduthéâtreetlerôledurécitdanslatragédie: bienséanceetimpossibilitédefairevivresurscènelesgrandesbatailles. Observationdelalanguedelalettre,modèledujeudestempsdansle«récitancré». Avantlepassageàlalecturecursivedelafinàlamaison,onrecréeraunhorizond’attenteparundébatouuntravailindividuel écrit:quellehistoirelamèredeSimonva-t-elleluiraconter? G.Lecturecursivedesscènes6à12 Avantdeconfierleslivresauxélèves,onleurrappelleralanécessitédelirelesdidascaliesetdenepashésiteràlirecertains passages à voix haute, pour soi, pour le plaisir des mots. On leur demandera : de se souvenir ou noter les phrases ou les comportements qu’ils ne saisissent pas bien et les références de phrases (pas plus de 3-4 lignes) qu’ils aiment, en leur annonçant,qu’onferaentendretoutescesphrases,danslaclasse,auretour. Ilseraitbond’isolerlascène6(pourcelaquelalecturesilencieuseaitlieuenclasse)etd’enfaireuneétudeavantdepoursuivre. Parce qu’elle est le point culminant du drame : révélation de ses origines pour l’Ogrelet ; dévoilement des mystères pour le lecteur. Aprèslascène6 Lascènefaisantéchoàdeschosestroublantesetpeut-êtredessituationsintimespourcertainsélèves,onferaensortequela paroleselibère,aprèslaprobableidentificationàl’Ogrelet. Sibesoin,prendredureculenfaisantlerapprochementdèscemoment-là,aveclafiguredel’ogredescontes. Aprèslecturedetoutelafin. Onproposeraunelecturechoraleengrandcercle,desphrasesaimées:l’essentielétantl’implicationdel’élèvedanslalecture. Puis,onorganiseralatraverséedutexteautourdessixsujetssuivants: 1.Simonseulfaceàsondestin Lestroisépreuvesetleurdifficultégrandissante,le«face-à-face…entremoietmoi-même»etlestentations surmontées. LessignesquiprouventqueSimonaréussiàvaincresonogreté. Débatd’interprétationsurlesdernièreslignesdutexte:l’orteilcroquédePaméla.(Voirpourl’enseignant,ledocument extraitdeItinéraired’auteur:SuzanneLebeau,éditionsdeLaChartreuse) 2.Travailautourdeladévoration,lagourmandise,lesnourritures permisesparlamèreetparlacivilisation Vocabulaire:champlexical,synonymes,antonymes(dévorer,engloutir,savourer,déguster…vorace,goulu, gourmand...);prisedeconsciencedudoublesens,enfrançais,desverbesaimeretadorer,quelqu’unouunaliment, contrairementàd’autreslangues.(voirtrèsintéressantespropositionsd’écrituresurcethèmedansledossierdela compagnieL’Artifice). Recherchedocumentaire:notammenten6ième,surlespersonnagesmythologiquesdeTantaleetdeCronos;en 5ième,surlafigureduvampire,etpourlafacelumineusedelagourmandise,surGargantua. 3.La«morale»del’histoire Onamèneralesélèvesàmettreenévidence,lesfaçonsdifférentesdefairefaceaumalquiestensoi.Etdiscuterdubonheur apportéparledésirdifféré. 4.Uncontethéâtral OutrelesévocationspossiblesmaiscomplexesduPetitPoucetdansL’Ogrelet,onferaretrouverlastructureduconte:unêtre humainpouréchapperaumaldoitpartiràl’aventure,enterritoirehostile,fairepreuvedecourageetpouratteindrelebonheurse soumettreàdesépreuves.Ilrencontredesopposantsetdesaides,ettriomphe. Lespersonnagespeuplantlescontes:l’ogre,leloup.L’univers:laforêt,lacabane,lanuit,mondedelasauvagerieetdespeurs, l’inscriptiontemporelle. 5.Rôlesdel’écoledanslaconstructiondesoietparrapportàlafamille Généralisationàpartirdel’expérienceheureuseetdouloureusedeSimon(etdel’attitudedelamaîtresse). 6.Écriture Écriturethéâtrale:Écritured’unescènededînerdanslamaisondeSimon,deuxmoisplustard. Écritured’unconte:Reconstitutiondel’histoiredel’Ogrelet,danssachronologieetsesgrandesétapes,avecen situationinitialesanaissancedepetitogredansunefamilledontlepèreestpartiaprèsavoirfaitdisparaître6sœurs. Miseenvoixaupupitreouenespacesdes scènes1à4 Répartitiondeslecteurs Touslesélèvesétantlecteursetletextenecomprenantquedeuxpersonnages,quellesolutionadopter?: relaisdelecteurs; chœurs; mélangedesdeuxformes. Vraisemblablement, les élèves trouveront d’eux-mêmes que lesmonologues seront lus en chœur. Les dialogues seront assumésenrelaisdeduosdelecteurs.Leslettresparuneseulelectriceenrelaisouenchœur.Lesdidascalies,enrelais. A.Miseenvoixavecousanspupitre Placements Lalectureseferadeboutavec: unplacementd’ensembleimmuable,déterminéparlefaitqueleslecteurss’adressenttantôtaupublic,tantôtaux partenaires,maisdoiventtoujoursêtreentendusdesspectateurs. uneplacefixe,isolée,seraattribuéeauxlecteursdesdidascalies,«endirect»aveclesspectateurs. Danstouslescas,onéloigneralegroupedesmèresdugroupedesOgrelets,pourqueletextesoitprojetéversl’autreetéviter ainsilaparoleabandonnéed’unedictionquotidienne. B.Miseenvoixetenespace Exemplepourlascène1: Lasituationréalisteverraitcedernierdialogueavantlegranddépartdel’Ogrelet,jouételquel’indiquel’auteur«Samèreesten traindemettrecahiersetcrayonsdansunsacd’école»oulesdeuxpersonnages,faceàface,lamèretenant–retenant?...-la main de l’Ogrelet. Le placement symbolique pour une lecture mise en espace pourrait être de répartir tous les duos dans l’espace,lamèrederrièrel’Ogrelet,ledosappuyécontreellequiappuieraitunemainsursonépaule(imagedeleurattachement, deleurgrandeproximité). Il s’agira plutôt, après avoir explicité l’idée de symbolique et avoir rappelé la situation d’inviter les élèves à faire d’autres propositions,quiseronttoujoursessayéessurunpassage,avectoujoursungroupeenregard. Exemplepourlascène2: Pourexprimercetteformemonologuée,cesrecommandationsdelamèreetl’éloignementdesdeuxpersonnagesdansdeslieux différents,onpourraitadopterlaformeduchœur:toutesleslectricesdelamèreregroupées,mêmecellesquineliraientpas danscettescène;tousleslecteursdel’Ogreletdemême.Onexpérimenteraplusieursplacementsdeschœurs,nécessairement éloignésl’undel’autre. Exemplepourlascène3: Deceschœurssedétacheraient2ou3duos.Ceciamèneraitlesélèvesàsedéplacerdansl’espacepourpasserduchœurà l’éparpillement(cecidanslamêmeconcentrationquelalecture). Miseenjeudesscènes1,2,3 Danslecadred’uneclasse,iln’estpasenvisageabledemettreenjeutoutelapièce.Lechoixaétéfaiticidetravaillersurle débutparcequ’illancelemystèrepourlesfutursspectateursetparcequ’ilconcentretouteslesformesd’écrituredeS.Lebeau dansL’Ogrelet,cequiserarichepourl’explorationdujeuetdelamiseenscène. A.Scénographieetélémentsdecostumes Onprivilégieraletempsderechercheplutôtquelaréalisation,àmoinsd’enfairel’objetd’unréeltravaild’éducationartistique plastique. Parlascénographieouparladéterminationd’espacesoudeformesdedéplacementssurleplateau,onauraàsignifierl’espace delamaisonetl’espacedelaforêt:parmid’autressolutionsàimaginer,parunsimplemorceaudemoquettel’intérieurdela maison,espacedel’intimeprotégé,puiscabanedanslaforêtparl’ajout,lasuppressionoutransformationdelatable.Toutautour seraitl’espacedelaforêt. Ontrouveraunélémentdecostumepoursignifierlamèrejouéepardesfillettes;ons’interrogeraparcontre,surlanécessitéou nondetrouvercommentdonnerl’idéedelataillehorsducommundeSimon. B.Miseenjeu Pour permettre à tous les élèves de participer et assurer pour le spectateur fictif ou réel une compréhension sensible de L’Ogrelet,unéquilibredevraêtretrouvéentredespassagesjouésàdeux,àquatre,enchœur. Scène1 Dudébutàladernièredidascaliep.11 Onpourraitaprèsquestionnementdesélèves,déciderquetousentrerontsurscènemaisqueseulsdeuxduoss’endétacheront pour interpréter la scène jusqu’à « Mère de l’Ogrelet.- Bonne journée, mon Ogrelet. ». On fera déterminer à quelle réplique changerdeduopourquelespectateursuivelacontinuitéetquel’écrituredutextedanssamatièremêmeet/oudanssonsens soitrespectée.Laréplique«L’Ogrelet.-Oui,maman»boucleunpremiermouvement:larépétitiondechosesdéjàenseignées, cequel’auteurconfirmeaveclegestedelamère:«luitendantsonsacd’école». Onpourraainsimontrerqu’authéâtreuneaction,indiquéeounonparunedidascalie,rythmeunescène:cegesten’estpaspour lamèreun simple geste banal, il est porteur pour elle de sa volonté de le voir grandir mais aussi de ses craintes ; il est la première marche vers la séparation de ceux qui n’ont jamais vécu que tous les deux, isolés du monde et unis. Alors on chercheraenjeucommentfairecegestepourqu’ilprennetoutesonimportance. Cegestepourraitêtreaussile«signe»d’unrelaisd’acteurs,lesdeuxduosjouantcettedidascalie(le2èmeduoayantétédéjà constituéenarrièreplan).D’autrestechniquesderelais:partageourépétitiondelarépliquedelamère;simpleapparitiondu 2èmeduoplacéenfonddescènedansl’alignementdu1eretdisparitiondansunesortedefonduenchaîné;passagedel’unà l’autred’unélémentdecostumeouaccessoires,dansuntempsentrejeuethors-jeu. Etlerestedesélèves?Ilsserontàvueenregard,partageantletravaildeleurscamaradesenjeu,attentifsàlapartd’histoire qu’ilssontentrainderaconter.Onchoisiraaveclesélèvescequiconviendralemieux:élèvesregardantassisenarcdecercle parduocôteàcôteoumères,unemoitiédel’arcetOgreletsl’autre;assisoudeboutalignés,lesmèresàjardin,lesOgreletsà cour,ouinversement;groupésenchœursdemèresetd’Ogreletsd’oùsedétacherontquandnécessairelesacteurs. Cespointsréglés,ils’agiraensuitedetravaillerl’interprétationdesdeuxouquatreacteurs:pourlesaider,onpourrarappelerles qualitéstechniquesdécouvertes(voiroralisation)pourqueletexteprennetoutesarésonancepourlesspectateurspuis,juste avantlamiseenjeu,lasituationtellequ’apparuedanslerésumé,lesidées,sentimentsàexprimerdanslemorceauàjouer.Il seraitsansdoutepréférabled’inviterlesdeuxduosàexplorerlascène,toutseuls,avantdevenirmontrercequ’ilsproposent,et que l’enseignant et le collectif à l’œuvre, comme premiers spectateurs, fassent des propositions pour améliorer le travail proposé. Celuiquiauneidéeserainvité,nonpasàladiremaisàallerlajouer.Unefoisleschoixarrêtésparmitoutescespropositions, onferareprendrecepassageparl’undesduospourmesurerlecheminparcouru. Outre la justesse du jeu (à hauteur d’élève), on recherchera des placements et/ou gestes signifiants plutôt que simplement réalistes, en précisant aux élèves qu’il n’y a pas de gros plans au théâtre. Ainsi, pourquoi ne pas essayer de faire jouer ce dialoguedoscontredos,têtetournéeversl’autre,audébutdelascène,lorsqu’ils’agitdelarécitationdesrecommandations apprisesparcœur;outrèsloinl’undel’autre,faceàface,lamaindroitetendueversl’autreetn’arriveràlaproximitéqu’àla deuxièmepartieaveclegeste«initiatique»dupassageducartabledelamèreàl’enfant,etc.Autressolutionsàtrouverparles élèves.Danstouslescas,ilfaudraitéviterqueseschoixdemiseenjeusoientexécutés(commedesmécaniques);qu’ilssoient aucontraire«portés»,intégrésdansl’interprétationdesélèvesacteurs. Ons’interrogerapoursavoirsil’ondoitdireounonlessous-titresdesscènes.Sansdouteoui. Àcestade,lesacteursrépéterontencorelivreàlamainetnelemémoriserontquelorsqueletexteserafixédanssamiseen place,sadictionetlajustessedel’expression. Deuxdernièresrépliques OnpourraitrépartirlaparoleentrelesdeuxmèresetdeuxOgrelets,suivant,commeonl’avu,cequ’appellelamatièremêmedu texte. Letravailporterasurunevéritableadresseauxspectateursetsurlamanièrededirelesmotspourqu’ilsfassentimage. Scène2 Onpourraitadopteruntravaild’interprétationchorale,aprèsunerépartitionappuyéesurlesens,quidétermineraaussilenombre d’acteurschoristes.Lesdeuxchœursserontvisuellementcomposésdetouslesélèves,mêmesitousnedisentpasletexte. Sil’onachoisideplacerles«regardants»assisoudeboutenligneouarcdecercle,onnenégligerapasleleveretlaformation des chœurs. Si on a choisi d’emblée le placement en chœur, on se contentera de les faire descendre un peu vers les spectateurs. L’enchaînementseferaainsinaturellement,lesacteursdelascène1réintégrantleschœursouparunrelaisplusmarqué.On essayeralareprise,parlechœurdesmères,dugested’adieudelamain,àlatoutefindelascène1avantl’énoncédusous-titre «Oùl’Ogreletdécouvrelerouge»ouàlafindelarépliquedelamère,étantentenduquel’ondoitmettreenévidencel’ellipsequi existeentrelascène1et2etquel’ondoitcomprendrequ’ilssesontéloignésnesevoientplusnes’entendentplus. L’essentiel du travail d’interprétation portera sur la parole soliloquée, qui doit cependant se jouer, regard au public, et sur la qualitédurelaisdeparole,parunesuspensiondelavoixdeceluiquilapasse. Scène3 Axesprincipauxdetravail: interprétationdunon-ditdelamère,enexploitantlestravauxd’écriturequil’ontmisenévidence;onpourrasinécessaire faireundétourparl’improvisationsurunesituationparallèle; lalettre:onferaprendreconsciencedelanécessaireconventionquiveutquelatransmissiondelalettrenesefassepas aurythmetroplentdesonécritureetchercheradessolutions. Scène4 Cettescènefortenécessiteraitd’êtrejouéeparseulementdeuxduosd’acteursenrelais,unpourlepremierdialogue,l’autrepour ledeuxième.Letraitementdesdeuxlettrespeutfairel’objetd’unerecherchetrèsricheentrelesdeuxactrices. Pourassurerlerythmed’ensembledecettescènelongue,onprocèderapardistinctiondecestroisparties:montéedelatension dramatiqueavecenpointculminantlafuitedeSimon;pauserelative;reprisedelatensionpuisapaisement. Ons’attacheraàmettreenvaleurlerythmedansleconflitp.27-28etl’étatdetroubledeSimonp.31-32,lasituationdedomination inverséeentrelesdeuxpartiesdialoguées. Ilpourraitêtreintéressantdesoumettreladistributiondesdeuxduosàlaclasse. LesacteursenregardpourraientsoutenirletroubleauretourdeSimon,parl’apportdiscretdebruitages,souffles,respirations. EnvironnementartistiquedeSuzanne LebeauetdeL’Ogrelet F.ProjetdemiseenthéâtreparJeanPerrochaud JeanPerrochauddevaitscénographier,décorer,habiller,enluminerL’OgreletdeSuzanneLebeaupourlacompagniedethéâtre Désidérata.Aprèsquelquesjoursdetravail,leprojetn’amalheureusementpasabouti.Voustrouvereziciquelquesdessinsdece projet.Vouspouvezvisitersonsite A.Lesinfluences Dixmotspoursedéfinir Dansl’Itinéraired’auteurs(éditionsdelaChartreusedeVilleneuve-Lez-Avignon)quiluiestconsacré,SuzanneLebeaurépondà JoëlJouanneausursonécriture.Extraitpp.78-79: JoëlJouanneau.–Est-cequetutelivreraisàl’exercicequetudonnesàfaireauxélèvesauteurs?C’est-à-direlesdixmotsde tabiographieetdetonlienàl’écriture,dulienentretonenfance,tabiographieetl’acted’écrire. SuzanneLebeau.–Lepremiermot,leregard:devant,derrière,danslejouretdanslanuit,leregarddel’autreetdel’horizon,le changement. L’écoute:pourlaconfidencequipercelesmursetquiresteentrelesmurs. Laterre:parcequ’onyvittousetparcequ’ilnefautjamaisavoirpeurdes’yasseoirpourregarderlemondedupointdevuedes pluspetits. Letemps:celuidel’écritureestceluiqu’onn’apas,iln’existepas,ilnepeutêtrerempli,ilestlàtoutsimplementquandonle prend.Ilvibre,ilrespire,iléchappeàl’horloge. L’eau:leprincipedelaviequicoulefluide,toujoursenmouvementetquidonneetquimedonne,àmoi,unedeschosesquime semblentlesplusprécieuses,unsilenceincomparable,clairetsonore. Lecahier: parce que je ne peux pas vivre sans cahier, vide, à moitié rempli. J’aime les pages à petits carreaux, blanches, lignées,j’aimelecontactaveclepapier,etplusquetout,aveclecahier. Lematin:l’heureoùtoutestpossible,oùj’aiencorelepouvoirdechangerlemondeparcequejen’aipasencoreécoutéles nouvellesetoùjesuissouvent,seuleàfairedesplats,pourquechacunmangeàsafaim. Latable:unlieumagiqueoùenfantsetadultesseréunissent.Lieudel’échangeetdelasolitude,j’aipassétellementd’heures assiseàunetable,lamoitiédemavie.Pourmanger,cequej’aimeleplus,pourécrire,cequej’aimeleplus.L’amourdelatable mevientdemonenfance.Toutsepassaitàtable. JoëlJouanneau.–Bon,ilt’enrestedeux.Etalors? SuzanneLebeau.–Alorsjediraisdélinquanceetliberté,libertédansmamanièrederegarderetdecomprendrelemonde.Je voudrais, comme Picasso qui disait avoir mis quatre-vingt ans pour retrouver le trait libre et gratuit de la main de l’enfant, retrouverchaquejourunpeuplusduregardneufdel’enfant. B.EntretienavecYvonPerrier,ThéâtreduCarrousel Ilesttoujourstrèsdifficilederépondreàcettevertigineusequestion:«quellesontétélesmultiplesinfluencesd’unauteur?», carletravaild’écriturenécessited’oubliertoutletravailderecherchepourledigéreretleredonnerautrementparlasuite.Il m’apparaîtplutôtdifficiled’yrépondremaisjevaisquandmêmetenterquelquespistes... PourL’Ogrelet,ilestdifficilepourmoid’enparlerdirectement,puisquejenetravaillaispasavecSuzanneàcetteépoque.Mais j’ai l’impression que son influence la plus directe vient de ses rencontres en classe avec les jeunes où elle a beaucoup questionné leur rapport au bien et au mal, leur vision de ce combat qui nous habite tous... […]. La création du spectacle, à Montréal,étaitaccompagnéed’uneexpositiond’artcontemporainintitulée«Laforêts’expose».Biensûr,celle-ciparlaitdela forêtetduliendel’artisteaveccelle-ci...9créateursontacceptél’invitationdeparlerdelaforêt,avecleurpropresensibilitéet chacunaveclemédiumquiestlesien.SuzanneetGervaissesonttoujoursbeaucoupintéressésàl’artcontemporain,maisje nepourraispasvousdiresicelui-ciainfluencéSuzannedanssontravaild’écriture,maiscelanem’étonneraitpas...puisque celui-cicomporteunegrandepartd’inconscient...Jeneconnaisaucunemusiquequiauraitpuinfluencerl’écriture,maisnotre spectacleseterminaitsurunchantd’enfant,unchanttraditionnel(«Allonsvoirdanslebois,sileloupn’yestpas...»)chanté magnifiquementparunefillettedeleurvoisinage...[…] Avantlamiseenligneprochained’autresélémentsconcernantl’écritureetlescréationsdeSuzanneLebeau,nousvousinvitons àvisiterleblogduThéâtreJeanVilardeVitryquiaconcluenmai2010quatreannéesdeprésencedeSuzanneLebeauàVitrysur-Seine. C.CréationparlacompagnieLeCarrousel Gervais Gaudreault, codirecteur du Théâtre du Carrousel (avec Suzanne Lebeau), a crééL’Ogrelet en 1997 au Québec. Le spectacle a connu une longue tournée internationale au Québec, en France, au Mexique... Vous pouvez découvrir l’environnementcréatifdelacompagniesursonsite:LeCarrousel. D.CréationparlacompagnieL’Artifice-Christian Duchange Christian Duchange a créé L’Ogrelet en 2006. Le spectacle a tourné jusqu’en 2010. Vous trouverez ici un certain nombre de documentsconcernantcespectacle.Consulterégalementlesitedelacompagnie:L’Artifice. Photosdelacréationduspectacleaveclescomédiens:Géraldine PochonetPascalDelannoy.Créditphotos:MichelFerchaud CroquisdescostumesparNathalieMartella Crédit:NathalieMartella Coupuresdepresserelativesauspectacle: Unogreletquiacaptivé150élèves,LeJournaldeSaône-et-Loire Unevingtained’enfantsplongéedansl’universdesogres,LeJournaldeSaône-et-Loire Luttercontresesdémons,LeTemps Quandonveutvraiment,onpeuttoutautant,LeJournaldeSaône-et-Loire Unspectaclesurprenant,Ouest-France L’Ogrelet,unthéâtreànu,LesIdéesenmouvement E.CréationparLaManivelle-FrançoisGérard FrançoisGérardacrééL’Ogreleten2009.Lespectacleseraentournéeen2010-2011.Voiciquelquesphotosduspectacle.Vous trouverezdenombreuxautresdocumentssurlesitedelacompagnie:LaManivelleThéâtre Annexes C.Plandetravailpluridisciplinaireaucycle3 Lecture Conte:dupersonnagearchétypaldel’ogreoul’ogresseaupersonnagedel’Ogreletetstructure. Théâtre Découvertedescaractéristiquesdutextethéâtral. Observationraisonnéedelalangue Ledialogueetdiscoursdirectrapporté;laphraseinterrogativeetimpérative. Vocabulaire Lexiqueautourdelanourriture,desesplaisirsdesesexcès. Écriture Transpositiondugenrethéâtralauconte;écrituredethéâtre;lettre. Expressionorale Nombreuxdébatsd’interprétationpossibles. Miseenvoix,miseenjeu. Éducationplastiqueethistoiredesarts Travauxautourdelasymboliquedescouleurset/oudesmatièresvégétales,fourrures. Représentationsdelamonstruositédansl’artetl’illustration. L’espaceauthéâtre,l’espaceaucinéma Éducationcivique Rôledel’écoleetdelafamille. A.Àconsulter ÉtudesdeL’Ogreletdans: FabienneRondelli,MonmanueldeFrançaisCM1,Retz MarieBernanoce,Àladécouvertedecentetunepièces,répertoirecritiqueduthéâtrecontemporainpourlajeunesse, Théâtrales/CRDPGrenoble,p.226-228 ÀproposdeSuzanneLebeau: Itinéraired’auteurSuzanneLebeau,EditionsdeLaChartreuse RevueGriffonn°217mai-juin2009:Théâtrejeunesse,côtétextep.2et3 B.Prolongement:réseaudetextes L’ogreetladévoration 2albumsdeL’OgredeMoscovie,poèmedeVictorHugo:illustrationsdeSachaPoliakova-éditionsGautierLanguereau;IllustrationsdePef-éditionsGallimard. ValérieDayre,L’Ogresseenpleurs,éditionsMilan(album). Ogreetconquêtedesoi NathaliePapin,Mange-moi,L’Écoledesloisirs(théâtre) ChristopheTostain,Parlavoix!,Espaces34(théâtre) Dualité,luttedubienetdumal (Seulementpourdes5èmedebonniveau)ExtraitsdeLaLégendedeSaintJulienL’HospitalierdeGustaveFlaubert L’ogre,archétype Nombreuxcontestraditionnelsetvariationscontemporaines. Au cours de la lecture accompagnée, les élèves auront cheminé vers un approfondissement de la pièce. Ils sont maintenant aptesàfranchirlepaspourunereprésentation«àhauteurd’élèves».