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CERVEAU
ET BONHEUR
Les Cahiers de
L’OBSERVATOIRE
DU BONHEUR N° 3
Les Cahiers de
L’OBSERVATOIRE
DU BONHEUR N° 4
© 2012 The Coca-Cola Company. Coca-Cola et la Bouteille Contour sont des marques déposées de The Coca-Cola Company.

[BONHEUR] n.m.
(de bon et eur). Eur vient du latin
populaire agurium qui signie chance,
présage, augure. 1. État de complète
satisfaction, de plénitude.
2. Chance, circonstance favorable ;
joie, plaisir. Nous avons eu le bonheur
de la rencontrer. Au petit bonheur
(la chance): au hasard.
Par bonheur: heureusement.
P04_LA SYMPHONIE CÉRÉBRALE DU BONHEUR P10_LE PLAISIR DU BÉBÉ : DE LA TERRA INCOGNITA À LA TERRA NOVA
P16_LA RECHERCHE DU BONHEUR DANS LES PARADIS ARTIFICIELS P22_LE BONHEUR DANS LES BRAS DE MORPHÉE
Les Cahiers de l’Observatoire du bonheur édités par Coca-Cola France, 27, rue Camille Desmoulins, 92784 Issy-les-Moulineaux cedex 9.
Direction de la publication : Véronique Bourez. Rédaction en chef : Jean-Pierre Ternaux. Rédaction : Jean-Pierre Ternaux, Christine Deruelle, Marie Jauret-Roustide,
Raymond Cespuglio. Conception/réalisation :
LES CAHIERS DE L’OBSERVATOIRE DU BONHEUR
02 N°04 MAI 2012

Dans l’histoire de l’humanité, la recherche du bonheur s’est
révélée comme une préoccupation majeure. Mais le bonheur évoqué comme
un « état de la conscience pleinement satisfaite » est encore loin de répondre
à une définition universelle, admise par tous ceux qui se sont penchés et se
penchent encore sur ce concept. De nombreux synonymes ont été proposés pour
illustrer un état qui, à la réflexion, semble inaccessible. Bien-être, plaisir, joie,
allégresse, félicité, extase, jubilation, béatitude constituent les parcelles d’un
camaïeu que nous qualifions : « bonheur ». Aujourd’hui, le thème du bonheur,
abondamment éclairé au fil de l’histoire, s’ache à nouveau, telle une résurgence
au débit fougueux. Le millier d’études menées sur ce sujet lors des deux dernières
années, témoigne de ce regain d’engouement.
Avec la révolution industrielle et les progrès de la recherche,
force est de constater que le bonheur n’appartient plus exclusivement aux seuls
rêves des poètes et aux réflexions des philosophes. Il s’inscrit aussi dans le
rationnel où la biologie, les neurosciences, les sciences de la communication,
la sociologie… apportent leur part de connaissances.
Le bonheur c’est aussi dans la tête, logé au plus profond de
notre cerveau ! Les neurosciences permettent désormais d’analyser ce qui
se passe dans notre cerveau lorsque nous sommes envahis par les émotions
et le plaisir, lorsque l’humeur fluctue ou encore, lorsque nous nouons des liens
d’amour, temporaires ou indéfectibles, avec les individus de notre espèce.
Ces états sont en perpétuelle évolution tout au long de la vie et intimement liés
au développement cérébral. La présence de réseaux de neurones responsables
de la motivation, du désir, des émotions, du plaisir, la synthèse de
neurotransmetteurs et d’hormones, l’existence de neurones dédiés à
la reconnaissance d’autrui… sont autant d’éléments tangibles permettant,
à ce jour, d’attribuer une composante biologique au terme de « bonheur ».
Pour mieux comprendre le bonheur, nous vous invitons à faire
ce détour au sein de notre substance grise.
JEAN-PIERRE TERNAUX,
DIRECTEUR DE RECHERCHE
HONORAIRE AU CNRS
COORDONATEUR DE
L’OBSERVATOIRE DU BONHEUR
COCA-COLA
“LE BONHEUR EST
LA SYNTHÈSE DE
GRANDES JOIES
SUBSTANTIELLES :
ELLES SONT DES
ACTES ET NON
DES PASSIVITÉS
EXTATIQUES.”
_ROBERT MISRAHI « ÉTHIQUE,
POLITIQUE ET BONHEUR »
ÉDITION DU SEUIL. 1983
© P. Bauduin
CERVEAU ET BONHEUR 03
ÉDITO

LA SYMPHONIE
CÉRÉBRALE
DU BONHEUR
© P. Bauduin
PAR JEAN-PIERRE TERNAUX
DIRECTEUR DE RECHERCHE
HONORAIRE AU CNRS
BIOGRAPHIE
1947 > Naissance dans
la douceur angevine
1967-1970 > Études
de biologie et de
neurobiologie, Université
de Lille et d’Aix – Marseille
1971-1977 > Intègre
le CNRS à Marseille
puis rejoint le laboratoire
de J. Glowinski au Collège
de France
1978 > Doctorat d’état
ès sciences, Université
d’Aix – Marseille
1984 > nommé
Directeur de recherche
au CNRS
1995-2003 > Dirige
« l’Unité de
Neurocybernétique
Cellulaire » et le « Groupe
d’Étude des Réseaux
Moteurs » à Marseille
2003-2011
> Responsable du service
de communication
du département des Sciences
de la vie du CNRS, puis
directeur scientifique adjoint
de la direction de
la communication du CNRS
1986-2008 > Président
du Centre de Culture
Scientifique Technique
et Industrielle Provence
Méditerranée
LES CAHIERS DE L’OBSERVATOIRE DU BONHEUR
04 N°04 MAI 2012

L’histoire du bonheur débute
avec celle de l’humanité. Aux
dires des philosophes, on
croyait à la possibilité de par-
venir au bonheur sur terre à
condition de s’en donner tous
les moyens. Du «Connais-toi toi même»
de Socrate au «le bonheur est affaire de
volonté» de Zénon, en passant par les para-
dis de l’église qui renvoient le concept de
bonheur à la fin des temps… Du bonheur
«idéal de l’imagination» de Kant, au bon-
heur construit «sur le pacte social» de
Spinoza, du «bonheur pour tous» de la
Déclaration des Droits de l’Homme au
«bonheur universel» de l’idéologie socia-
liste, du bonheur «collectif» au bonheur
«individuel» qui caractérise nos sociétés
de consommation… le bonheur puise ses
fondations non seulement dans un contexte
endogène individuel, mais aussi dans les
relations des individus avec l’environne-
ment naturel, la société, son histoire poli-
tique, économique et culturelle. Cette
propension de l’homme au bonheur est
fondamentalement inscrite au sein de nos
cellules. Darwin, avec ses observations sur
l’évolution et ses travaux sur la sélection
naturelle, affirmera que l’espèce humaine
n’aurait jamais pu perdurer sans sa naturelle
prédisposition au bonheur.
Avec le développement des neurosciences,
cette composante endogène, étroitement liée
aux propriétés de la matière vivante, est explo-
rée. Les mécanismes cérébraux impliqués
dans la régulation des humeurs sont
aujourd’hui partiellement décryptés. La
nature des connexions cérébrales, le fonc-
tionnement des réseaux de neurones qui
président aux comportements émotionnels,
au désir, au plaisir sont-ils réellement les
substrats biologiques qui prédisposent
l’homme au bonheur ? Que se passe-t-il dans
notre cerveau lorsque nous sommes heureux ?
LE BONHEUR CÂBLÉ
On peut armer aujourd’hui qu’il n’existe
pas, au niveau du cerveau, une aire spéci-
quement dédiée au bonheur. Aucune échelle
quantitative ne peut rendre compte de la
qualité et de l’intensité du bonheur. Mais le
bien-être et le plaisir qui inondent parfois le
corps et l’esprit, ont pour origine la mise en
jeu de régions spéciques de notre cerveau.
Celles-ci sont localisées dans les structures
profondes du tissu cérébral. Les anatomistes
LA SYMPHONIE
CÉRÉBRALE DÉSIRS, ÉMOTIONS,
PLAISIRS, EMPATHIE
ET ATTACHEMENT AUX
SOURCES DU BONHEUR
L'ESSENTIEL
Les émotions, le plaisir,
l’empathie, l’altruisme et
l’attachement sont devenus
des phénomènes observables
et mesurables. La localisation
des régions cérébrales
impliquées dans la genèse de ses
sensations a été précisée. Leur
fonctionnement est désormais
observable avec l’imagerie
cérébrale. Le désir, la motivation
et le plaisir s’accompagnent de la
libération de neurotransmetteurs
et d’hormones. Récemment,
un rôle majeur a été attribué à
l’ocytocine dans les interactions
sociales amoureuses ou relatives
à la coopération entre individus
de la même espèce. La découverte
de cette « hormone du bonheur
et de l’attachement » ouvre de
nouvelles perspectives pour mieux
comprendre la biologie du plaisir,
du bien être et du bonheur.
CERVEAU ET BONHEUR 05
LA SYMPHONIE CÉRÉBRALE DU BONHEUR