La Mouette, d’Anton Tchekhov
Mise en scène Jean-Michel Potiron
DOSSIER PEDAGOGIQUE
©
Francesco Permunian
1
LA MOUETTE de Tchekhov (1895-1896)
Traduction Elsa Triolet
Mise en scène : Jean-Michel Potiron
Jeu
Arkadina : Dominique Bourquin
Tréplev : Vincent Rime
Sorine : Raymond Pouchon
Nina : Françoise Boillat
Chamraev : Vincent Held
Paulina: Isabelle Meyer
Macha : Johanne Kneubülher
Trigorine : Philippe Vuilleumier
Dorn : Olivier Nicola
Medvédenko : Samuel Grilli
Lumière : Dominique Dardant
Scénographie : Nicole Grédy
Costumes: Janick Nardin Atelier Gare 7
Photographie : Catherine Meyer
PRESENTATION DE LA PIECE
Résumé
Neuf personnages, réunis dans une maison de campagne, au bord d’un lac, se débattent
pour échapper à la grisaille de leur destin. L’actrice Arkadina est obsédée par la crainte de
vieillir, son frère Sorine, voudrait vivre plus intensément, l’homme de lettres arrivé, Trigorine,
souhaiterait connaître d’autres passions que l’écriture, son jeune confrère, Tréplev
ambitionne de découvrir et d’imposer une nouvelle forme d’art, et la petite Nina, fraîche et
impulsive, rêve de devenir une grande comédienne et de savourer " la vraie gloire, la gloire
retentissante ". Ce souci de réussite est si vivace en elle qu’elle dédaigne l’amour sincère de
Tréplev pour se rapprocher du célèbre Trigorine, dont elle croit qu’il facilitera sa carrière.
Désespéré, le jeune écrivain tente de se suicider, mais se manque. Il verra partir Nina avec
ce Trigorine qu’il exècre pour sa chance. Deux ans se passent et, au dernier acte, les
personnages doivent s’avouer que chacun a vu ses élans se briser contre les obstacles de la
vie quotidienne. Sorine, qui craignait de " sentir le renfermé comme un vieux fume-cigarette
moisissant dans un coin ", n’est plus qu’un homme perclus et désabusé. Trigorine est plus
que jamais enfoncé dans une littérature conventionnelle qui le déçoit. Quant à Nina,
abandonnée par l’écrivain, elle a perdu l’enfant qu’elle a eu de lui. N’ayant connu aucun
succès au théâtre, elle fait maintenant partie d’une troupe ambulante. La large route dont elle
rêvait s’est rétrécie aux dimensions d’un sentier. Cependant elle refuse de s’avouer vaincue.
Tréplev, en la revoyant, lui affirme qu’il l’aime toujours, mais, comme elle le repousse, il se
suicide et, cette fois, ne se rate pas.
Anton Tchekhov entreprend des études de médecine à Moscou
tout en subvenant
C'est à cette époque qu'il écrit trois de
:
séjour en Allemagne en juillet 1904. Il est sans conteste un maître de la
nouvelle et a aussi révolutionné le théâtre russe. Ses pièces sont
celles d'un témoin lucide, cruel mais toujours impartial. Il s'attache
Lorsque Tchekhov écrit L
a Mouette
et j
uste avant les grandes guerres.
population découvre le cinéma,
Dans cette pièce Tchekhov rend
à travers deux personnages, Trigorine, écrivain réalist
symboliste. Ils ne s'entendent pas, ne se supportent pas ; il y a donc une forte opposition
entre le réalisme et le symbolisme.
des formes nouvelles, voilà ce qu’il faut, et, s’il n’y en a pas, alors, tant qu’à faire, plutôt
rien. »Trigorine, lui,
est très terre
réel.
Tchekhov puise notamment
l’écrivain Potapenko et de Lika Mizinova
lui inspirera le personnage de Nina)
russe. On le voit à traver
s ces personnages bourgeois souffrant d’un mal être et d’une
impossibilité de vivre en dehors de leur riche demeure et de leur cercles intimes
Le Titre
La Mouette
est une œuvre très
surnom donné à Nina.
Tréplev jette le corps de la mouette aux pieds de Nina en disant : « J’ai
eu la ba
ssesse de tuer cette mouette. »,
elle après l’avoir ramassée, mais le symbole de quoi
contient le verbe « tchaïat’ », espérer vaguement.
l’essor, la désillusion, le fait d’être tourné vers le futur et d’attendre l’irréel, ou de regarder
vers le passé et d
’attendre que ce passé découvre un espoir d’y voir une réconciliation
possible. On est loin de l’image
Anton Tchekhov
Anton Tchekhov entreprend des études de médecine à Moscou
tout en subvenant
aux besoins de sa famille. A partir de 1880, il
écrit des nouvelles dans un journal humoristique
recueil, Les Récits bariolés
, est publié en 1886. S
pièces de théâtre, Ivanov et Oncle Vania
. L'hémoptysie, dont il
se sait atteint depuis dix ans, le touche à nouveau. Il interrompt
ses voyages et s'installe à Yalta avec sa femme et ses enfants.
C'est à cette époque qu'il écrit trois de
ses pièces les plus célèbres
:
La Mouette, Les Trois Sœurs et
La Cerisaie
séjour en Allemagne en juillet 1904. Il est sans conteste un maître de la
nouvelle et a aussi révolutionné le théâtre russe. Ses pièces sont
celles d'un témoin lucide, cruel mais toujours impartial. Il s'attache
à mont
rer les destins tragiques et quotidiens d'antihéros qui
resteront à jamais dans l'imaginaire universel.
Contexte culturel et idéologique
a Mouette
(1895), la Russie est
en plein dans les grèves ouvrières
uste avant les grandes guerres.
Il y a donc de
très grands changements sociaux
population découvre le cinéma,
c’est le début d’une révolution culturelle et humaine
Dans cette pièce Tchekhov rend
tout particulièrement co
mpte des débats littéraires du t
à travers deux personnages, Trigorine, écrivain réalist
e célèbre, et Trépl
symboliste. Ils ne s'entendent pas, ne se supportent pas ; il y a donc une forte opposition
entre le réalisme et le symbolisme.
Tréplev dit dans la pièce : « I
l faut des formes nouvelles.
des formes nouvelles, voilà ce qu’il faut, et, s’il n’y en a pas, alors, tant qu’à faire, plutôt
est très terre
-à-
terre ; pour lui, l'art doit absolument copier le
Tchekhov puise notamment
dans la v
ie de ses amis et le sujet rappelle l’histoire de
l’écrivain Potapenko et de Lika Mizinova
(chanteuse, premier grand amour de Tchekhov, qui
lui inspirera le personnage de Nina)
.
Enfin, c’est le moment s’amorce la «
s ces personnages bourgeois souffrant d’un mal être et d’une
impossibilité de vivre en dehors de leur riche demeure et de leur cercles intimes
est une œuvre très
symboliste. Déjà, par son titre
; « La M
Tréplev jette le corps de la mouette aux pieds de Nina en disant : « J’ai
ssesse de tuer cette mouette. »,
« Cette mouette-
là, visiblement, c’est un symbole », dit
elle après l’avoir ramassée, mais le symbole de quoi
?
En russe, le mot « tchaïka » (la mouette)
contient le verbe « tchaïat’ », espérer vaguement.
La mouette, c’est l’illusion
l’essor, la désillusion, le fait d’être tourné vers le futur et d’attendre l’irréel, ou de regarder
’attendre que ce passé découvre un espoir d’y voir une réconciliation
possible. On est loin de l’image
française de la mouette rieuse des bords de plage.
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Anton Tchekhov entreprend des études de médecine à Moscou
aux besoins de sa famille. A partir de 1880, il
écrit des nouvelles dans un journal humoristique
et son premier
, est publié en 1886. S
uivent deux
. L'hémoptysie, dont il
se sait atteint depuis dix ans, le touche à nouveau. Il interrompt
ses voyages et s'installe à Yalta avec sa femme et ses enfants.
ses pièces les plus célèbres
La Cerisaie
. Il s'éteint lors d'un
séjour en Allemagne en juillet 1904. Il est sans conteste un maître de la
nouvelle et a aussi révolutionné le théâtre russe. Ses pièces sont
celles d'un témoin lucide, cruel mais toujours impartial. Il s'attache
rer les destins tragiques et quotidiens d'antihéros qui
resteront à jamais dans l'imaginaire universel.
en plein dans les grèves ouvrières
très grands changements sociaux
. La
c’est le début d’une révolution culturelle et humaine
.
mpte des débats littéraires du t
emps
e célèbre, et Trépl
ev, jeune écrivain
symboliste. Ils ne s'entendent pas, ne se supportent pas ; il y a donc une forte opposition
l faut des formes nouvelles.
des formes nouvelles, voilà ce qu’il faut, et, s’il n’y en a pas, alors, tant qu’à faire, plutôt
terre ; pour lui, l'art doit absolument copier le
ie de ses amis et le sujet rappelle l’histoire de
(chanteuse, premier grand amour de Tchekhov, qui
Enfin, c’est le moment s’amorce la «
décadence »
s ces personnages bourgeois souffrant d’un mal être et d’une
impossibilité de vivre en dehors de leur riche demeure et de leur cercles intimes
.
; « La M
ouette » est le
Tréplev jette le corps de la mouette aux pieds de Nina en disant : « J’ai
là, visiblement, c’est un symbole », dit
-
En russe, le mot « tchaïka » (la mouette)
La mouette, c’est l’illusion
, la déception,
l’essor, la désillusion, le fait d’être tourné vers le futur et d’attendre l’irréel, ou de regarder
’attendre que ce passé découvre un espoir d’y voir une réconciliation
française de la mouette rieuse des bords de plage.
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Les personnages
Irina Nikolaïevna Arkadina - une actrice,la star de son époque, et se battant bec et ongles
pour le rester quelqu’en soit les moyens.Aimant paraître et se servant des hommes pour être
admirée de tous.
Konstantin Gavrilovitch Treplev - son fils, un dramaturge avant-gardiste. Il écrit des pièces
de théâtres modernes.Très sanguin, il est tantôt dans l’opposition, tantôt affectif avec sa
mère.
Piotr Nikolaïevitch Sorine - frère d'Arkadina, ancien conseiller d'État. C’estle vieux frère qui
a toujours vécu dans l'ombre de sa sœur Arkadina. Il aurait voulu être un artiste. Ilaime la vie
et s'accroche à elle en gardant une certaine joie de vivre.
Nina Mikhaïlovna Zaretchnaïa - fille d'un riche propriétaire c’estla voisine de la propriété
d'été d'Arkadina. Elleveut devenir actrice, et joue dans le spectacle d'été qu'a écrit Treplev.
Elle vit dans le tourbillon de ses émotions fugaces et fragiles et court après la réussite de sa
vie.
Extrait de l’entretien avec Jean-Michel Potiron. Propos recueillis par
Nicolas Laurent.
L'action se déroule en Russie au XIXème siècle, comment
souhaites-tu rendre compte de ce contexte géographique et
historique ?
On ne peut pas faire une reconstitution archéologique de la Russie de
Tchekhov, ce serait exotique et sonnerait faux. On sait très bien que
nous sommes au spectacle, il faut faire du théâtre pour ici et aujourd'hui,
mais on peut s'interroger sur cet éloignement.
Ces personnages sont d'une grande noblesse qui doit transparaître
dans le choix des matériaux des costumes. Cependant tous n'ont pas le
même degré de noblesse, c'est précisément de ces déséquilibres qu'il
faut rendre compte.
Arkadina dépense tout son argent pour paraître, pour sa tenue, elle est
soucieuse de son apparence. Par ailleurs, il est dit que Treplev n'a plus
qu'un seul costume, c'est un aristocrate désargenté. Il faut chercher
précisément dans les coupes et les tissus pour rendre compte aussi de
ces rapports de classe. Le personnel domestique est lui aussi appauvri
et tout en bas de l'échelle, il y a le très pauvre Iakov, les cuisiniers... Il
faut trouver une équation entre ces rapports de classes, d'argent et
cette identité slave sans tomber dans un réalisme muséal qui ferait un
théâtre mort. Or le théâtre de Tchekhov, s'il nous parle de la mort, est
un théâtre intensément vivant.
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Ilia Afanassiévtich Chamraïev - lieutenant à la retraite, intendant du domaine de Sorine.
Paulina Andreïevna - sa femme,une bourgeoise de campagne mal mariée. Elle secontente
d'être au coté de Dorn dont elle est amoureuse tout en servant avec dévouement sa
patronne Arkadina.
Macha - sa fille, appelée aussi Maria Ilinitchna Chamraïeva. Elle est idéaliste, poursuivant sa
destinée sans relâche. Elle aime Treplev depuis toujours et attend un signe d’affection de sa
part. C’est un personnage assez nostalgique et dans l’attente.
Boris Alexeïevitch Trigorine - un écrivain renommé, amant d'Arkadina. Il profite de la vie.
C’est le faire valoir de sa compagne du moment Arkadina. Il est aussi dandy et séducteur.
Evgueny Sergueïevitch Dorn - un médecin de campagne. Il est célibataire et vient passer
tous ces étés dans la propriété d’Archadine.
Sémion Sémionovitch Medvedenko - un maître d'école marié avec Macha. Il cherche avec
douceur à retrouver sa femme Macha qui ne le supporte plus, lui et son bébé.
Iakov - un domestique
Cuisinier
Ces personnages sont unis par différents types de rapports :
Des rapports filiaux :
Fille / mère : Proximité des deux femmes. Macha et Paulina réunies par leurs
histoiresd’amour sans espoir.Parcours inverse pourtant puisque l’une (Macha) tente
d’extirper de son cœur un amour (pour Treplev) que l’autre (Paulina) a entretenu toute une
vie durant et continued’entretenir (pour Dorn).
Fils / mère : autre configuration : Treplev se demande comment il peut bien exister avec la
mère qu’il a. Cette relation conflictuelle - pour ne pas dire oedipienne - n’est pas
sansrappeler évidemment la relation de Hamlet avec sa mère.
Des rapports amoureux complexes :
Medvenko aime Macha.Macha aime Treplev. Treplev aime Nina. Nina aime Trigorine qui
est aimé par Arkadina qui est aimée (ou presque) par Dorn qui est aimé (beaucoup) par
Paulina qui n’aime plus beaucoup Chamraiev …Et puis Sorine qui n’est aimé par personne.
Dans la Mouette, tous les personnages rêvent de quelque chose. Tous sont tournés vers le
futur, l’irréel : la jeune Nina aspire à devenir une grande actrice auréolée de gloire, le jeune
Treplev voudrait révolutionner l’écriture théâtrale, l’oncle Sorine « aurait voulu » être
quelqu’un d’autre et refuse de vieillir, Arkadina (la mère de Treplev) voudrait rester une
éternelle jeune actrice et plaire à son amant écrivain Trigorine, et ce dernier ne vit jamais
l’instant puisqu’il ne songe qu’à écrire.
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