LAREVUE PRESCRIRE JUILLET/AOÛT2005/TOME 25 N° 263 •PAGES 537-538
LA REVUE
Éditorial
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Une équipe internationale a étudié en 2002 la variabilité
de l’information thérapeutique diffusée à l’intention des pro-
fessionnels de santé et des patients dans 26 pays répartis sur
les cinq continents (a)(1).
Les auteurs ont sélectionné trois médicaments bien connus,
largement prescrits, visant des pathologies importantes en
termes de morbidité et de mortalité, et commercialisés depuis
une date relativement récente dans ces pays : la nifédipine
(Adalate°ou autre), la fluoxétine (Prozac°ou autre) et la cipro-
floxacine (Ciflox°ou autre).
L’étude a porté sur les supports d’information officiellement
approuvés (résumé des caractéristiques (RCP) annexé à l’au-
torisation de mise sur le marché, ou similaire), et sur ceux
fournis par les fabricants aux prescripteurs et aux patients,
dans les pays où n’existait pas d’information officiellement
approuvée (1).
Les informations obtenues ont été comparées à celles publiées
par le British national formulary (BNF), référence internatio-
nale indépendante largement utilisée dans le monde (b)(1,2).
L’analyse a porté sur quatre chapitres : indications, posolo-
gie adultes, contre-indications et mises en garde, effets indé-
sirables les plus fréquents (chez au moins 1 % des patients)
et les plus graves (selon les critères publiés par
l’Organisation mondiale de la santé) (c,d)(1).
Le degré de concordance entre l’information obtenue et celle
du BNF a été calculé selon une méthode rigoureuse pour
chaque chapitre, chaque médicament et chaque pays (e)(1).
Multiples différences entre informations fournies
et source de référence. Toutes les indications figurant
dans le BNF ont été trouvées dans 11 des 26 pays pour la
nifédipine, mais seulement dans 3 pays pour la fluoxétine
(Canada, Estonie et Royaume-Uni), et dans 2 pays pour la
ciprofloxacine (Colombie, Royaume-Uni) (1).
En ce qui concerne la posologie, des différences entre les
informations recueillies et celles du BNF ont été notées dans
3 pays pour la ciprofloxacine, dans 7 pays pour la nifédipi-
ne, et dans 9 pays pour la fluoxétine.
Les effets indésirables majeurs figurant dans le BNF n’ont
été retrouvés en totalité dans aucun pays ni pour la cipro-
floxacine ni pour la fluoxétine ; pour la nifédipine, c’est seu-
lement en Espagne que tous les effets indésirables majeurs
ont été retrouvés, alors qu’aucun de ces effets indésirables
majeurs ne figurait sur les supports d’information de Colom-
bie (1).
Les contre-indications et mises en garde figurant dans le
BNF n’ont été retrouvées en totalité dans aucun pays, et ce
pour les trois médicaments.
En France, l’information approuvée par l’Agence du médi-
cament s’est révélée défaillante pour chacune des trois com-
paraisons : le degré de concordance avec les informations de
référence a été de 1 (sur 4) pour la ciprofloxacine et la fluoxé-
tine, et de zéro pour la nifédipine (1).
Pour qui travaillent les agences ? Les auteurs de l’é-
tude ont été surpris par le peu de concordance entre les infor-
mations diffusées dans les 26 pays et celles du document de
référence, le BNF. Ils mettent en cause le rôle des autorités
nationales de contrôle, qui se contentent de la documentation
fournie par les firmes pharmaceutiques au lieu de rechercher
des sources complémentaires de référence, facilement acces-
sibles aujourd’hui.
Les informations du dossier d’“AMM” ne sont pas exhaus-
tives. Ce qui est précisé dans le RCP est exact mais incom-
Médicaments :
une information “officielle” disparate et lacunaire