
La Lettre du Sénologue - n° 36 - avril-mai-juin 2007
Dossier
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Problème tarifaire
Ce critère non médical mais administratif reste également, en plus
de la volonté des équipes, un élément déterminant pour le déve-
loppement de l’ambulatoire. La tarification actuelle n’est pas très
incitative pour les structures hospitalières publiques financées par
le forfait du GHM. L’acte principal a été revalorisé, mais les actes
associés réalisés le même jour ne sont pas rémunérés. Deux exem-
ples très parlants : en cas de ZGAS, le repérage préopératoire et
l’injection isotopique ne sont pas pris en compte s’ils sont effectués
le même jour. De même, si un patient a la pose d’un site implanta-
ble et sa première cure de chimiothérapie le même jour, une seule
prise en charge est financée et c’est la pose du site qui n’est pas
comptabilisée. Ceci est pénalisant pour l’établissement, mais aussi
pour la patiente qui pourrait être amenée à faire deux séjours pour
que l’établissement obtienne une rémunération des deux actes.
QUE FAUTIL ENVISAGER POUR L’AVENIR ?
Développer la politique d’information médicale
et grand public
L’information grand public, mais aussi des médecins de ville, des
gynécologues, sur les possibilités de réaliser certains actes en am-
bulatoire est indispensable pour le développement de ce mode
d’hospitalisation. La chirurgie sénologique s’y prête bien. L’infor-
mation en amont de la prise en charge est primordiale notam-
ment auprès des médecins généralistes et des gynécologues.
Passage à un système anglo-saxon ou tout au moins mixte
Devant une prise en charge plus complexe à organiser, il sem-
ble intéressant que la classique hospitalisation ambulatoire
de 12 heures puisse évoluer vers un mode anglo-saxon où la
chirurgie ambulatoire (one day surgery) est, en fait, une hospi-
talisation de moins de 24 heures. Le secteur d’ambulatoire est
donc ouvert 24 heures sur 24. Cela permet de mieux étaler les
préparations et la surveillance postopératoire des patientes.
Une chirurgie peut donc ainsi être facilement réalisée l’après-
midi avec une sortie le lendemain matin, ce qui explique en
partie un taux de chirurgie ambulatoire plus important qu’en
France. Actuellement, l’évolution de la tarification va dans ce
sens puisque : une hospitalisation de moins de 12 heures ou
avec une nuit est assimilé à de l’ambulatoire. Néanmoins, la pro-
blématique demeure, car un établissement ne peut pas, pour
des raisons de rentabilité, laisser un service ouvert la nuit avec
du personnel pour un faible nombre de patients. Cet élément
est un véritable enjeu dans l’avenir pour le développement de
l’ambulatoire. Cela permettrait une meilleure organisation en
chirurgie sénologique où le circuit patient n’est pas toujours
simple et mono-disciplinaire. De même, la prise en charge des
patientes habitant loin de l’hôpital (au-delà des 100 km) serait
plus facile. La meilleure situation serait probablement un mo-
dèle mixte, tenant compte essentiellement de l’éloignement du
domicile (tableau II). Les patientes habitant près de l’hôpital
pourraient avoir une hospitalisation ambulatoire de moins de
12 heures et celles habitant loin, au-delà des 100 km, une hospi-
talisation ambulatoire de moins de 24 heures.
Élargir les indications opératoires
On peut évoquer un élargissement des indications. Actuelle-
ment, dans les pays anglo-saxons, les chirurgies radicales et
certaines reconstructions sont faites en ambulatoire. Toute-
fois, il ne faut pas “brûler les étapes”. Plus que de vouloir élargir
les indications, il semble préférable d’inciter les autres centres
hospitaliers français à faire de la chirurgie sénologique en am-
bulatoire. La chirurgie sénologique conservatrice se passe très
bien en ambulatoire. C’est avant tout celle-ci qu’il faut promou-
voir en routine. Pour l’avenir, nous devons ensemble affiner les
indications en tenant compte des conditions médicales, mais
aussi psychosociologiques. Le “tout en ambulatoire” en chirur-
gie sénologique oncologique pour l’avenir ne doit pas être un
dogme. Dans le contexte psychologique particulier de la cancé-
rologie, l’ambulatoire doit être proposée et non imposée.
CONCLUSION
La chirurgie sénologique en ambulatoire est bien acceptée par les
patientes. Elle évite une séparation familiale trop longue et entre
dans le concept d’alternative à l’hospitalisation pour le traitement
des cancers du sein. Les modalités d’hospitalisation en ambula-
toire méritent probablement d’être revues pour s’adapter à la fois
à un circuit patient plus complexe, multidisciplinaire, et à une
prise en charge de patientes éloignées. Ensemble, nous devons
définir au mieux les indications réalisables dans de bonnes condi-
tions médicales et psychosociologiques. n
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