Chapitre 1: Les processus de socialisation et la construction des

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COURS PREMIERE ES – LVH – STRATAKIS – 2011/2012 – Partie 2 Sociologie CHAPITRE 1 Les processus de socialisation et la construction des
identités sociales
Chapitre 1: Les processus de socialisation et la construction des identités sociales
Plan du cours :
I Comment la socialisation de l’enfant s’effectue-t-elle ?
II De la socialisation de l’enfant à la socialisation de l’adulte : continuité ou rupture ?
Questions centrales de chapitre
Comment les individus apprennent-ils à vivre en société ? Comment se transmettent les normes et les
valeurs dans la société ? Comment les identités individuelles se construisent elles ? Y a-t-il une rupture
ou une continuité entre la socialisation de l’enfant et la socialisation à l’âge adulte ?
Objectifs de ce chapitre
Notions à connaître :
- normes, valeurs, rôles, socialisation différentielle
- socialisation primaire/secondaire, socialisation anticipatrice
Il faut savoir :
-expliquer comment l’individu construit sa personnalité
-énumérer les différences instances de socialisation et mettre en évidence les effets parfois
contradictoires de ces instances
-mettre en évidence les variations des processus de socialisation en fonction des milieux sociaux mais
aussi en fonction du genre des individus
-mettre en évidence les effets de la socialisation primaire sur la socialisation secondaire
-mettre en évidence le processus de la socialisation tout au long de la vie, avec des phases de
restructuration de l’identité sociale à différents âges.
Introduction : Pourquoi les filles ne jouent-elles pas souvent aux mêmes
jeux que les garçons ?
Certains diront que « naturellement », le choix des filles se porte sur les
poupées et celui des garçons sur les voitures. Mais qu’est-ce qui est naturel
chez les êtres humains ? Nos goûts, nos gestes, nos comportements, nos
capacités intellectuelles sont-ils un héritage biologique ou sont-ils le fruit
d’un apprentissage social ?
A propos des différences observées entre les filles et les garçons, Simone de
Beauvoir (écrivain philosophe français 1908-1986), répondait « On ne naît
pas femme on le devient » dans son livre Deuxième sexe, en 1948. Dans ce
chapitre, nous étudierons justement comment « on devient », par les
différents mécanismes de la socialisation, ce qu’on est.
Nous entrerons dans le débat sur l’ « inné » et l’ « acquis » (héritage biologique/héritage social), à
travers un film : l’Enfant sauvage de Truffaut (1969). Nous verrons ensuite comment les individus
apprennent et intériorisent les valeurs et les règles de la vie en collectivité, apprentissage qui diffère
sensiblement selon le sexe, l’âge, l’origine sociale de l’individu.
Nous verrons dans une deuxième partie que le processus de socialisation a lieu tout au long de la vie,
dans les différents milieux dans lequel évoluent les individus (vie professionnelle, vie conjugale,
troisième âge etc..) et comment la socialisation primaire influe sur la socialisation secondaire.
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identités sociales
I Comment la socialisation de l’enfant s’effectue-t-elle ?
Activité de sensibilisation
L’enfant sauvage : extraits du film de François Truffaut 1969 et cf Belin doc 1 p 242
Le film a été réalisé à partir des écrits du docteur Itard qui, à la fin du XVIIIème siècle, avait recueilli
un enfant retrouvé dans une forêt de l’Aveyron et tenu un journal quotidien des découvertes et
apprentissages de cet enfant (Les mémoires de Victor de l’Aveyron, Jean Itard).
Q 1. Quel est le comportement de Victor au moment où il est découvert ? (comment se tient-il ?
Comment se nourrit-il ? Qu’entend-il ? Que ressent-il ? …)
Q2. Quel est le diagnostic des premiers médecins qui recueillent l’enfant ?
Q3. Que cherche à prouver le docteur Itard en recueillant l’enfant chez lui ?
Q4. A travers quels processus Victor apprend-il la vie en société ?
Q4. A partir de ce film, que peut-on dire sur l’être humain ?
A/ L’ apprentissage de la vie en société
1. Des comportements naturels ou culturels ?
Document 1 L’homme n’a point de natureI … Il a une histoire
Il est une idée désormais conquise que l’homme n’a point de nature, mais qu’il a – ou plutôt qu’il estune histoire. Un comportement animal renvoie à quelque chose comme une nature. Les enfants
« sauvages » demeurent démunis dans leur solitude au point d’apparaître comme des animaux (…)
Le comportement chez l’homme ne doit pas à l’hérédité ce qu’il lui doit chez l’animal. Le système des
besoins et des fonctions biologiques, légué par le génotype* à la naissance, apparente l’homme à
tout être animé, sans le désigner comme « membre de l’espèce humaine ». En revanche, cette
absence de déterminations particulières est parfaitement synonyme d’une présence de possibles
indéfinis. A la vie close, dominée et réglée par une nature donnée comme chez les animaux, se
substitue ici l’existence ouverte, créatrice et ordonnatrice d’une nature acquise. Ainsi, sous l’action
des circonstance culturelles, une pluralité de types sociaux et non un seul type spécifique pourra-t-il
apparaître, diversifiant l’humanité selon le temps et l’espace.
A partir de . Malson Les enfants sauvages (1964) * ensemble des facteurs génétiques propres à un individu
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identités sociales
Q1. Les comportements humains sont-ils naturels ou culturels selon l’auteur ? Répondez en utilisant
les arguments développés dans le texte.
2. Comment fonctionne la socialisation ?
Document 2 : Le processus de socialisation selon Emile Durkheim
On peut confirmer par une expérience caractéristique cette définition du fait social, il suffit
d’observer la manière dont sont élevés les enfants. Quand on regarde les faits tels qu’ils ont toujours
été, il saute aux yeux que toute éducation consiste en un effort continu pour imposer à l’enfant des
manières de voir, de sentir, et d’agir auxquelles il ne serait pas spontanément arrivé. Dès les
premiers temps de sa vie, nous le contraignons à manger, à boire, à dormir à des heures régulières,
nous le contraignons à la propreté, au calme, à l’obéissance ; plus tard nous le contraignons pour
qu’il apprenne à tenir compte d’autrui, à respecter les usages, les convenances, nous le contraignons
au travail etc… Si, avec le temps, cette contrainte cesse d’être sentie, c’est qu’elle donne peu à peu
naissance à des habitudes, à des tendances internes qui la rendent inutile, mais qui ne la remplacent
que parce qu’elles en dérivent (…). Cette pression de tous les instants que subit l’enfant, c’est la
pression du milieu social qui tend à le façonner à son image et dont les parents et les maîtres ne sont
que les représentants et les intermédiaires.
Emile Durkheim Les règles de la méthode sociologique 1894
Q1. Comment l’enfant devient-il un être social selon Durkheim ?
Q2. Expliquez la phrase soulignée :
Q3. Pourquoi la première socialisation (celle des premières années) est-elle si forte sur l’individu ?
Document 3 : Les modalités de la socialisation :
Trois grandes modalités de la socialisation peuvent être distinguées
- La socialisation peut s’effectuer par entraînement ou pratique directe : dans la famille, à
l’école, entre pairs ou sur le lieu de travail. Les individus se socialisant en participant à des
activités récurrentes.
- La socialisation peut être le résultat d’un effet plus diffus de l’organisation d’une
« situation ». On peut parler alors de « socialisation silencieuse », parce qu’elle n’est pas le
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fait d’une inculcation morale, idéologique ou pédagogique. Par exemple, les dispositifs de
ségrégation selon le sexe des écoles ( à l’époque pas si reculée de la non mixité), les toilettes
publiques ou les vestiaires et les douches des salles de sport ont , par leur seule, existence,
pour effet de réaffirmer de façon continue dans l’espace les différences sociales entre les
sexes.
La socialisation peut prendre, enfin, la forme d’une inculcation* idéologique-symbolique de
croyances (valeurs, normes). Il s’agit ici de normes culturelles diffusées par toutes sortes
d’institutions (la famille, l’école, mais aussi la radio, la télévision).
A partir de B. Lahire, Portraits sociologiques, Armand Colin, 2005
*Inculcation : méthode par laquelle des individus imposent à d’autres des valeurs, des normes.
Q1. Donnez des exemples de « socialisation silencieuse » ayant trait à l’organisation de l’espace ou
du temps dans une société.
Q2. Comment peut-on transmettre des manières de penser ou d’agir ?
La socialisation : désigne le processus par lequel l’individu apprend et intériorise les normes et
les valeurs d’une société ou d’un groupe social, ce qui lui permet de former sa propre personnalité
sociale et de s’adapter au groupe dans lequel il vit. Grâce à ce processus, certains traits sont
incorporés à la personnalité des membres d’une société, si bien que la conformité au milieu social se
produit de façon naturelle et inconsciente.
La socialisation peut passer par inculcation (lorsque l’agent de socialisation cherche volontairement à
transmettre des normes et des valeurs en usant des sanctions positives (récompenses…) ou
négatives (punitions …) ou par imprégnation (l’agent socialisé imite le comportement des agents
socialisateurs- transmission le plus souvent inconsciente par les agents socialisateurs).
Valeurs : Principes qui déterminent l’orientation de l’action individuelle ou sociale. Elles forment des
systèmes qui guident les manières de penser et d’agir.
Normes : Règles ou modèles de conduite propres à un groupe ou à une société donnée, appris et
partagés, légitimés par des valeurs, et dont la transgression entraîne des sanctions.
On distingue les normes formelles (lois, règlements) des normes informelles (politesse,
comportement attendu dans un groupe mais jamais explicité etc…).
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3. Les différents acteurs de la socialisation
Document 4 : Les différentes instances intégratrices des jeunes cf Belin doc 3 p 245
Q1. Selon l’auteure, quelles instances de socialisation interviennent dans la socialisation des jeunes ?
Q2. A quoi pouvez-vous voir que la socialisation scolaire est concurrencée par la socialisation de la
« société des pairs » ?
Vocabulaire : les pairs sont les individus de même rang dans une hiérarchie. Pour les enfants, il s’agit
des autres enfants (à l’école, dans leur quartier, les activités extra-scolaires…).
Document 5 : Quand la socialisation familiale entre en conflit avec la socialisation des « pairs »
Julien, 10 ans , joue du violon. Chaque soir, il y consacre deux heures. Pascale, sa musicienne de
mère, est ravie. « Il aime tellement cela que je n’ai pas besoin de lui rappeler ses exercices. Mais l’an
dernier il m’a fait jurer de ne pas en parler devant ses copains. En discutant, je me suis rendu compte
qu’il leur cachait son activité préférée. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu que ça
n’avait rien avoir avec leur monde. » La dissimulation devient alors une stratégie pour l’enfant, lui
évitant d’être rejeté. (…) « Depuis une vingtaine d’années, les 8-12 ans sont des cibles captives pour
l’économie. A un âge où ils ont besoin d’appartenir à un groupe pour se démarquer peu à peu de leur
famille, la société les coince en leur renvoyant des messages redoutables : s’ils n’ont pas tel look, s’ils
n’écoutent pas telle musique, ils seront exclus du groupe. » Explique Alain Héril, psychothérapeute.
Isabelle Yhuel « Les grands complexes des petits » Psychologie magazine nov. 2004
Q1. Par quels moyens les enfants apprennent-ils les normes de la société dans laquelle ils évoluent ?
Document 6 : le socialisation est le fruit d’une histoire et d’un parcours individuel
Deux individus de la même classe sociale, du même sous-groupe social, ou même appartenant à la
même famille ont toutes les chances d’avoir une partie de leurs pratiques et de leurs goûts culturels
qui diffère, pour n’avoir pas été strictement soumis aux mêmes cadres socialisateurs (participations à
des groupes de pairs différents, activités extra familiales et extrascolaires différentes, parcours
scolaires différents _ pour des raisons liées au sexe, à la place dans la fratrie etc… - au sein d’une
famille qui n’est jamais une entité invariable etc…).
Cette plurisocialisation des individus est aussi au principe de leur possible sentiment d’être uniques,
originaux, et de ne pas fondamentalement dépendre du monde social dans leurs manières
(personnelles, intimes, singulières, propres etc…) de voir, de sentir, de penser, et d’agir… La
multiplicité des déterminismes et la pluridépendance contribuent ainsi à l’effacement relatif du
sentiment d’être le produit d’un milieu, d’un groupe, d’une classe.
B. Lahire La culture des individus , La découverte 2004
Q1. Pourquoi deux individus proches n’ont-ils pas la même socialisation ?
Q2. Quelle est alors la conséquence sur la représentation de la construction de soi ?
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B/ Une socialisation différentielle
La socialisation différentielle désigne un processus d’acquisition des normes et des valeurs qui
varie en fonction de variables telles que le sexe, le milieu social, l’âge etc…
1. Une socialisation différentielle selon le milieu social
Document 7 : Milieux bourgeois et familles populaires cf Belin doc 1 p 246 (ou Nathan doc 8 p 213)
Q1. Qu’est-ce qu’un rallye ? Quelles fonctions remplit-il ?
Q2. Présentez et expliquez les différences entre les deux groupes sociaux en matière d’encadrement
des sorties, de contrôle des fréquentations, de suivi scolaire.
A lire aussi : le repas ouvrier et le repas bourgeois, par Pierre Bourdieu cf belin doc 4 p 259
Document 8 : Socialisation familiale et usage du temps libre cf Belin doc 2 p 247
Q1. Faîtes une phrase avec les données entourées :
Q2. Quelles relations observe-t-on entre le niveau de diplômes des parents, leurs pratiques de
lecture et les activités culturels des enfants ? Répondez en utilisant des chiffres du document.
2. Une socialisation différentielle selon le sexe
Activité de sensibilisation
Document « réagir » Belin p 248 et également à partir de catalogues de jouets pour enfants
Q1. Quels sont les jouets vus comme particulièrement « masculins » ?
Particulièrement féminins ?
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Q2. Trouvez des adjectifs, des mots, des expressions, pour caractériser l’univers de jeu des garçons :
Même question pour l’univers de jeu des filles :
Document 9 : A chacun ses loisirs cf Belin doc 1 p 248
Q1. Faîtes une phrase comportant les chiffres entourés.
16 :
-8
Q2. Quelles activités apparaissent plutôt attribuées aux ou garçons aux filles ? Comment l’expliquer ?
Document 10 : les rôles sociaux dans le couple cf Belin doc 2 p 248
Q1.Utilisez les mots rôles et statuts pour commenter cette publicité.
Le statut social d’une personne est la place
qu’elle occupe dans un groupe social ou dans la
société, en fonction de ses caractéristiques
socio-culturelles (âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle, place dans la fratrie, …).
Q2. Comment a évolué la représentation du rôle
des femmes dans le couple et la famille ?
A chaque statut social correspond un ou des
rôles,
c’est-à-dire
un
ensemble
de
comportements attendus
Celle des hommes ?
Document 11. Quand les jouets ont un genre Cf Belin doc 3 p 249
Q1. Montrez en quoi les jouets contribuent à l’apprentissage de rôles sociaux différenciés selon le
genre ?
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Q2. Que suggère le dernier paragraphe sur la vision de la société véhiculée par cette socialisation ?
Pour aller plus loin dans la réflexion sur la socialisation différentielle :
Images féminines et masculines dans les contes pour enfants
Si l’on compare les images féminines de la littérature enfantine contemporaine avec celles des
légendes traditionnelles, on s’aperçoit que bien peu de choses ont changé. Les vieilles légendes nous
offrent des femmes douces, passives, muettes, seulement préoccupées par leur beauté, vraiment
incapables et bonnes à rien. En revanche, les figures masculines sont actives, fortes, courageuses,
loyales, intelligentes. Aujourd’hui, on ne raconte presque plus de légendes aux enfants, elles sont
remplacées par la télévision et les histoires inventées à leur intention, mais certaines parmi les plus
connues ont survécu et sont connues de tout le monde.
Blanche-neige est une autre petite oie blanche qui accepte la première pomme venue, alors qu’on
l’avait sévèrement mise en garde de ne se fier à personne. Lorsque les sept nains acceptent de lui
donner l’hospitalité, les rôles se remettent en place : eux iront travailler, et elle tiendra pour eux la
maison, reprisera, balaiera, cuisinera en attendant leur retour. Elle aussi vit comme l’autruche, la tête
dans le sable, la seule qualité qu’on lui reconnaisse est la beauté, mais puisque ce caractère est un
don de la nature, et non un effet de la volonté individuelle, il ne lui fait nullement honneur. Elle
réussit toujours à se mettre dans des situations impossibles, et pour l’en tirer, comme toujours, il
faut l’intervention d’un homme, le prince charmant, qui l’épousera fatalement.
Cendrillon est le prototype des vertus domestiques, de l’humilité, de la patience, de la servilité, du
sous-développement de la conscience, elle n’est pas très différente des types féminins décrits dans
les livres de lecture aujourd’hui en usage dans les classes primaires et dans la littérature enfantine en
général. Elle non plus ne bouge pas le petit doigt pour sortir d’une situation intolérable, elle ravale
les humiliations et les vexations, elle est sans dignité ni courage. Elle aussi accepte que ce soit un
homme qui la sauve, c’est son unique recours, mais rien ne dit que ce dernier la traitera mieux
qu’elle ne l’était jusqu’alors.
Les personnages féminins des légendes appartiennent à deux catégories fondamentales : les bonnes
et incapables et les malveillantes. « On a calculé que dans les contes de Grimm 80% des personnages
négatifs sont des femmes. » Pour autant qu’on prenne la peine de le chercher, il n’existe pas de
personnage féminin intelligent, courageux, actifs et loyal.
Même les bonnes fées n’ont pas recours à leurs ressources personnelles, mais à un pouvoir magique
qui leur a été conféré et qui est positif sans raison logique, de même qu’il est malfaisant chez les
sorcières. Un personnage féminin doué de qualités humaines altruistes, qui choisit son
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comportement courageusement en toute lucidité, n’existe pas. La force émotive avec laquelle les
enfants s’identifient à ces personnages confère à ces derniers un grand pouvoir de suggestion, qui se
trouve renforcé par d’innombrables messages sociaux tout à fait cohérents. S’il s’agissait de mythes
isolés survivant dans une culture qui s’en détache, leur influence serait négligeable, mais la culture
est au contraire imprégnée des mêmes valeurs que ces histoires transmettent, même si ces valeurs
sont affaiblies et atténuées.
Elena Gianini Belotti, « Du côté des petites filles », Edition des Femmes, 1974.
A l’école : des attentes différentes selon le sexe des élèves
Le Monde de l'éducation : pensez-vous que les enseignants ont réellement des attentes différentes
selon qu'il s'agit de garçons ou de filles ?
Nicole Mosconi : Oui. Et à ces attentes correspondent des comportements. A partir de l’étude des
interactions enseignants/élèves, il a été mis en évidence que, dans les classes mixtes, les enseignants
s'occupent davantage des garçons que des filles, abstraction faite du sexe de l'enseignant [..]. Cela se
manifeste de deux façons différentes. Si l'on s'intéresse à la « position haute » (ceux que l'on appelle
les bons élèves), on constate que la fille est interrogée le plus souvent pour rappeler les savoirs de la
leçon précédente. Le garçon est sollicité au moment du cours où il y a production de savoir. La fille
rappelle, le garçon est intégré aux opérations cognitives. Le garçon est aussi interrogé beaucoup plus
souvent que la fille, c'est la règle du 2/3 - 1/3
Dans les années 1990, la thèse de Mireille Desplats met en évidence le fait que les notes scolaires ne
sont pas la pure expression de la valeur de la copie. Elles sont influencées, notamment, parla variable
sexe : les mêmes copies de physique, bonnes, moyennes ou médiocres, sont distribuées à un panel
d'enseignants avec un prénom de garçon ou de fille. Quand il s'agit d'une bonne copie, la note est
plus élevée si elle correspond à un prénom de garçon. Mais quand la copie est médiocre, elle obtient
une moins mauvaise note avec un prénom de fille. Le paradoxe n'est qu'apparent. L'attente de
réussite en matière scientifique est plus grande du côté des garçons que des filles. Quand un garçon
en rend une mauvaise, on le punit plus sévèrement. En revanche, on n'attend pas grand chose des
filles et on les traite avec indulgence. Nicole Mosconi parle de double standard d'évaluation des
élèves.
La méthode des cas fictifs de Bernadette Dumora, professeur de psychologie à Bordeaux (Gironde),
met en évidence les mêmes phénomènes. Elle constitue des pseudo dossiers d'orientation en fin de
classe de seconde. Parce qu'ils sont d'un niveau moyen, ces dossiers donnent une marge
d'interprétation à l'enseignant. II apparaît que le même dossier, s'il correspond à un nom de garçon,
a beaucoup plus de probabilité de conduire à une 1ère scientifique. Psychologue à l'Institut national
d'étude du travail et d'orientation professionnelle, Françoise Vouillot précise que bien d'autres
paramètres peuvent intervenir: l'origine sociale, l'apparence physique... Et que cette perception
différenciée qui intègre la variable sexe n'est pas l'apanage des enseignants, mais constitue une
valeur dominante de notre société.
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identités sociales
Propos recueillis par Christian Bonrepaux, Le monde de l’éducation, janvier 2003.
II De la socialisation de l’enfant à la socialisation de l’adulte : continuité ou
rupture ?
Activité de sensibilisation : détaillez une de vos journée en listant, les différents statuts que vous avez
au cours de cette journée , et pour chaque statut, listez les comportements attendus (normes à
respecter).Faîtes le même exercice pour une journée de votre mère ou de votre père.
Votre journée :
Statut :
rôle :
Statut :
rôle :
Statut :
rôle :
Statut :
rôle :
Une journée de votre mère ou de votre père :
Statut :
rôle :
Statut :
rôle :
Statut :
rôle :
Statut :
rôle :
Essayez d’expliquer quand et comment ont été appris ces différents rôles.
A/ Les différentes socialisations dans une vie
Document 12 : une identité plurielle
JC Kaufman, sociologue français contemporain, rappelle que les sources d’où nous tirons nos
apprentissages sont diverses : la famille, l’école, le travail, les médias etc… B. Lahire sociologue
français également contemporain, souligne que la famille est aujourd’hui rarement un espace de
socialisation homogène, mais un assemblage plus composite par exemple « un père analphabète,
une sœur à l’université, des frères et de sœurs en réussite scolaires, d’autres en échec ». Les
personnes qui entourent l’enfant incarnent donc des rapports à l’école et au travail différents et
donc une diversité relative d’avenirs possibles, même si les ressources de départ peuvent restreindre
les probabilités de chacun de s’élever dans la hiérarchie sociale.
D’autre part, au fil de sa socialisation, l’individu vit des expériences variées : celles de fils/fille, de
camarade d’école, de membre d’une association, de collègue, de mari, de femme etc…. Qu’ils soient
successifs ou simultanés, ces apports déposent une multiplicité « d’habitudes de pensée » et de
possibilités de comportements au plus profond de l’acteur, qui constituent des « répertoires »
disponibles, utilisables selon les contextes. Par exemple, dans un couple, une femme peut hériter de
son éducation familiale à la fois des dispositions de « bonne ménagère et un refus féministe de se
couler dans ce moule. En fonction des circonstances et des négociations avec son conjoint, l’une ou
l’autre des facettes peut être activée.
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identités sociales
L’idée de l’acteur pluriel propose donc une conception beaucoup plus complexe et ouverte
des dispositions acquises, en donnant plus de places aux logiques d’action et aux interactions. Moins
de choses apparaissent jouées à l’avance comme dans le passé.
P. Corcuff « Regards critiques » Sciences Humaines n° 105, mai 2000
Q1. De quoi vont dépendre les comportements d’une femme ou d’un homme dans sa vie de couple?
Document 13 : La socialisation ne s’arrête pas à l’enfance
Qu’est-ce qui se joue après la socialisation primaire ? Répondre à ces questions, c’est entrer dans
l’étude des socialisations que l’on désigne comme « adultes » ou « secondaires ».(…) Si la
socialisation primaire a pour effet de construire l’individu, la situation de départ est fort différente
dans le cas le cas de la socialisation secondaire. Elle ne « crée » ni ne « produit » ex nihilo un individu
social mais doit faire avec, d’une manière ou d’une autre, les produits antérieurement incorporés au
cours de la socialisation primaire, qui ont fait de l’individu ce qu’il est devenu. Une socialisation
secondaire est donc nécessairement une reconstruction et l’un des enjeux de son analyse est de
comprendre ses rapports avec la socialisation primaire.
Muriel Darmon La socialisation, Armand Colin, 2010
Q1. Expliquez la phrase soulignée :
La socialisation primaire s’effectue pendant l’enfance, dans un cadre affectif (essentiellement la
famille). L’enfant incorpore les normes et les valeurs transmises par un contact prolongé avec des
« autruis significatifs » (les adultes qui l’entourent). La socialisation secondaire est moins prégnante.
Elle permet à l’individu déjà socialisé d’incorporer des valeurs d’autres groupes / institutions (univers
scolaire, monde du travail…). La socialisation jamais achevée. La socialisation peut prolonger la
socialisation primaire mais elle peut aussi se substituer à elle et être en rupture avec elle.
D’après les sociologues P. Berger et T. Luckmann in Belin p 251
B/ Quelles relations peut-on établir entre socialisation primaire et
socialisation secondaire ?
Document 14 : La socialisation primaire est présente à l’âge adulte … le plus souvent inconsciemment
Pendant des années, ils ont tenté d’équilibrer au jour le jour les tâches ménagères. « « Mais il y avait
toujours un transfert de tâches vers Isabelle » admet son compagnon. Isabelle Bremond,, productrice
de cinéma et Yves Salesse, Conseiller d’Etat, ont fini par instaurer un système d’alternance : pendant
une semaine, ils assument chacun à leur tour les tâches domestiques : préparer les repas, s’occuper
de la maison et de leur deux enfants. (Le mode de vie de ce couple parisien est bien loin des constats
dressés par l’enquête « Emploi du temps de l’INSEE (1998-1999). Les femmes accomplissent en
moyenne 65 % du travail domestique, 80 % si l’on retient uniquement le « noyau dur » (courses,
linge, cuisine). Ces inégalités pèsent lourdement sur l’investissement professionnelle des femmes.
(…) Dans un autre couple interrogé, la femme, Valérie, explique que son mari assume les tâches
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identités sociales
jugées « masculines » comme tondre le gazon ou s’occuper du barbecue, et qu’elle assume les autres
tâches (jugées plus « féminines » comme le ménage ou la cuisine), ce qui représente 80% du travail.
Cette répartition lui semble naturelle. « Les choses se sont faîtes toutes seules, affirme Stéphane, son
mari. On ne s’est jamais assis autour d’une table en se disant « toi tu fais le repassage, moi je laverai
la voiture » C’est venu spontanément. » Valérie sait que sa charge est plus lourde mais elle s’en
accomode.
A partir de : «Qui fait quoi à la maison ? « Article du Monde, ; 20 janvier 2008
Pour une majorité de couple, un compromis a été trouvé entre l’idée de principe et la résistance du
concret ; leur recherche n’est pas vraiment celle de l’égalité mais du refus des inégalités trop fortes,
la satisfaction des deux partenaires conjugaux permettant de vérifier que l’ « équilibre » a été
trouvé. (…) Une conclusion semble s’imposer : l’égalité réflexion parallèle d’origine sociale, jouerait
un rôle continuel d’aiguillon, mais serait appliquée selon des modalités très particulières par les
couples, jusqu’à en dénaturer les principes. Chacun fait comme si ces derniers étaient vaguement
respectées, en restant dans le flou (…). Le refus de voir la contradiction (entre les principes d’égalité
et la réalité du partage des tâches ménagères) indiquerait que l’objectif ultime est atteint : une
inégalité « raisonnable ».
Jean Claude Kaufmann, La trame conjugale, analyse du couple par son linge , Pocket 2002
Q1. Quels sont les différents types de « socialisation conjugale » que l’on peut distinguer dans ces
différents exemples ?
Q2. A partir de ces deux textes, peut-on dire que la socialisation primaire est plus prégnante que la
socialisation secondaire ? Argumentez.
Document 15 : Quand la socialisation secondaire est en rupture avec la socialisation primaire Cf Belin
doc 2 p 253
Q1 . Quel est l’objectif des stratagèmes mis en place par ce jeune homme ?
Q2. Comment expliquer cette attitude d’un point de vue sociologique ?
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identités sociales
Document 16 De la difficulté de la mobilité sociale
Des contraintes spécifiques pèsent sur les nouveaux entrants ou sur les parvenus, sur ceux qui
accèdent à un univers dans lequel ils ne sont pas nés ou n’ont pas grandi et pour lequel ils ne
disposent pas, ou pas pleinement, d’un « habitus » adapté. et donc de la connaissance pratique des
règles de fonctionnement et des enjeux. N’étant pas héritiers (…) ils sont contraints à multiplier les
gages et les preuves de leur légitimité, à l’opposé de l’aisance et du naturel des héritiers qui
maîtrisent si inconsciemment les règles (…) qu’ils peuvent prendre à leur égard des libertés.
Contraints à l’hypercorrection, ils se désignent par là comme prétendants. On s’en épuiserait ici à
rassembler les exemples littéraires qui mettent en scène ces démonstrations excessives et donc
maladroites, d’appartenance à un groupe. P. Champagne, O. Christin Mouvement d’une pensée,
Pierre Bourdieu, Bordas 2004
Vocabulaire : habitus, terme utilisé notamment par Pierre Bourdieu pour désigner « le produit d’un
apprentissage devenu inconscient qui se traduit ensuite par une aptitude apparemment naturelle à évoluer
librement dans un milieu » JF Dortier , Les idées pures n’existent pas, Sciences Humaines 2002.
On peut définir l’habitus ainsi : structures mentales formées au cours de la socialisation et qui fonctionnent
comme principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations (sans que les individus en
aient conscience, c’est le principe de l’intériorisation des normes et valeurs au cours de la socialisation). Terme
utilisé par le sociologue Pierre Bourdieu (1930-2002).
Q1. A quoi peut-on repérer que des individus ne sont pas « nés » dans le milieu dans lequel ils
évoluent. ?
Document 17 la socialisation anticipatrice à travers l’exemple des footballeurs cf Belin doc 1 p 250
Q1. Expliquez la phrase soulignée :
Q2. Quelles valeurs et normes doivent acquérir les jeunes footballeurs pour espérer devenir
professionnels ?
La socialisation anticipatrice désigne le processus qui conduit certains individus à adopter les
manières d’être et de voir du groupe social dont ils souhaitent devenir membres et qui représente
donc leur groupe social de référence.
Autres exemples de socialisation anticipatrice : la lecture des manuels de « savoir-vivre » de la
« bonne société » (celui de Nadine de Rothschild par exemple, qui a aussi créé une académie des
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COURS PREMIERE ES – LVH – STRATAKIS – 2011/2012 – Partie 2 Sociologie CHAPITRE 1 Les processus de socialisation et la construction des
identités sociales
bonnes manières à Genève) , ou encore le suivi des conseils du Service gagnants de la Française des
jeux pour savoir se comporter dans les grands restaurants etc…
Document 18 : Comment devient-on vieux ?
La « déprise » désigne le processus de réaménagement de l’existence qui se produit au fur et à
mesure que les personnes qui vieillissent doivent faire face à des circonstances nouvelles telles que
des déficiences physiques croissantes, une fatigue plus prégnante ou encore de moindres
sollicitations d’autrui. Ce réaménagement, qui conduit à une baisse tendancielle du niveau moyen
des activités est le produit de tout un ensemble de reconversions ; les vieilles personnes recourent à
des aides techniques ou des astuces pour s’adapter aux difficultés auxquelles elles sont confrontées :
elles remplacent des activités qu’elles ne peuvent plus réaliser par un substitut (par exemple : en
regardant la messe à la télévision faute de pouvoir se rendre à l’église) ; elles poursuivent leurs
activités antérieures mais sur une plus petite échelle ou à un rythme ralenti(en continuant à conduire
mais sur des trajets plus courts par exemple…).
Une enquête (..) permet d’observer comment la conscience de vieillir advient au cours des
interactions quotidiennes : remarques peu amènes, par exemple, sur la lenteur des personnes
âgées ; coups de klaxon sanctionnant leur manière de conduire trop prudente ; interrogations
dubitatives sur leur aptitude à faire (« est-ce que tu vas y arriver à ton âge ? » ; manque de patience
et d’attention des médecins à leur égard ; attitude protectrice et condescendante, qui peut d’ailleurs
partir d’une bonne intention, comme lorsque quelqu’un cède sa place à une personne plus âgée. (…)
Ajoutons que les interactions « humaines » ne sont pas les seules à participer à la construction de
l’identité vieillissante : les interactions avec les objets matériels y contribuent également. C’est ainsi
que l’usage de certains objets assigne à une identité d’âge : une canne par exemple, ou encore une
téléalarme sont des marqueurs de vieillesse.
V. Caradec Sociologie de la vieillesse et du vieillissement , Colin, 2008
Q1. Quels éléments contribuent au changement d’identité des personnes âgées ?
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identités sociales
Synthèse : La socialisation est le processus d’acquisition et d’intériorisation des normes et
des valeurs propres à une société et qui permet à l’individu d’acquérir une identité sociale* et de
s’intégrer aux groupes auxquels il appartient. Les petits d’homme sont ainsi « conditionnés » dans
leur corps, leurs comportements, leurs représentations. Différents acteurs interviennent au cours de
la socialisation, ce qui donne à chaque être une histoire sociale unique et donc forge un sentiment
d’avoir ses « propres goûts », indépendamment d’autrui.
Le processus de socialisation est différent selon le monde social auquel on appartient, mais aussi
selon le sexe de l’enfant, on parle de socialisation différentielle. Elle inculque alors aux individus (de
façon consciente ou inconsciente chez les socialisés comme chez les agents socialisateurs), des
valeurs, et des représentations des rôles, associés aux statuts sociaux.
Les comportements que les individus ont intériorisés au cours de ce(s) processus de socialisation
deviennent alors « naturels ».
La diversité des instances de socialisation ouvre aussi aux individus un large éventail de « possibles »,
même si la socialisation primaire (celle qui joue dans l’enfance et où la famille a un rôle primordial)
est plus prégnante que la socialisation secondaire. Les individus ne sont jamais « passifs » dans leur
socialisation ; ils interagissent avec les agents socialisateurs et peuvent opérer des choix. Ils peuvent
même s’approprier les normes et valeurs d’un groupe auquel ils souhaitent appartenir, dans une
volonté de socialisation anticipatrice. Il arrive parfois que la socialisation secondaire implique une
rupture avec la socialisation primaire. Au cours d’une vie, les individus sont amenés à passer par
différentes étapes, par différentes socialisations, différentes identités sociales, différents rôles, en
fonction de leur âge notamment.
*Vocabulaire : l’identité sociale est l’ensemble des traits sociaux et culturels propres à une personne ou à un
groupe et qui lui donnent le sentiment d’une unité stable dans le temps. Elle est liée aux différents statuts d’un
individu (ou d’un groupe).
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