80 Proposition : Si L est une autre base de E, alors, pour toute famille (~u1 , . . . , ~un ) de n vecteurs de E, on a detL (~u1 , . . . , ~un ) = detL (B) detB (~u1 , . . . , ~un ) . Démonstration : L’application (~u1 , . . . , ~un ) 7−→ detL (~u1 , . . . , ~un ) vérifie les propriétés 1 et 2 du théorème précédent, elle est donc proportionnelle à det B (·), c’est à dire qu’il existe un réel α tel que pour tous vecteurs ~u1 , . . . , ~un , detL (~u1 , . . . , ~un ) = αdetB (~u1 , . . . , ~un ) . On calcule α en prenant (~u1 , . . . ~un ) = B. cqfd Proposition : Soit B une base de E (de dimension n), (~u1 , . . . , ~un ) une famille de E. Alors, pour tout i < j, detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~uj , . . . , ~un ) = − detB (~u1 , . . . , ~uj , . . . , ~ui , . . . , ~un ) . Démonstration : D’après la définition d’un déterminant, nous avons detB (~u1 , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~un ) = 0. Mais en utilisant la linéarité, nous avons detB (~u1 , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~un ) = detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~ui , . . . , ~un ) + detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~uj , . . . , ~un ) + detB (~u1 , . . . , ~uj , . . . , ~ui , . . . , ~un ) + detB (~u1 , . . . , ~uj , . . . , ~uj , . . . , ~un ) . En utilisant une nouvelle fois que si deux vecteurs sont égaux le déterminant est nul, nous obtenons finalement que detB (~u1 , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~un ) = detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~uj , . . . , ~un ) + detB (~u1 , . . . , ~uj , . . . , ~ui , . . . , ~un ) = 0. cqfd Proposition : Soit B une base de E (de dimension n), (~u1 , . . . , ~un ) une famille de E. Alors, pour tout i < j, detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~uj , . . . , ~un ) = −detB (~u1 , . . . , ~uj , . . . , ~ui , . . . , ~un ) . Démonstration : D’après la définition d’un déterminant, nous avons detB (~u1 , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~un ) = 0. 81 Mais en utilisant la linéarité, nous avons detB (~u1 , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~un ) = detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~ui , . . . , ~un ) + detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~uj , . . . , ~un ) + detB (~u1 , . . . , ~uj , . . . , ~ui , . . . , ~un ) + detB (~u1 , . . . , ~uj , . . . , ~uj , . . . , ~un ) . En utilisant une nouvelle fois que si deux vecteurs sont égaux le déterminant est nul, nous obtenons finalement que detB (~u1 , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~ui + ~uj , . . . , ~un ) = detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~uj , . . . , ~un ) + detB (~u1 , . . . , ~uj , . . . , ~ui , . . . , ~un ) = 0. cqfd Proposition : Soit B une base de E (de dimension n), (~u1 , . . . , ~un ) une famille de E. Si la famille (~u1 , . . . , ~un ) est liée, alors detB (~u1 , . . . , ~un ) = 0. Démonstration : La famille étant liée, il existe un indice i tel que ~ui s’exprime comme combinaison linéaire des autres : X λj · ~uj . ~ui = j6=i Alors, par linéarité du déterminant, nous avons detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~un ) X λj · ~uj . . . , ~un = detB ~u1 , . . . , , j6=i = X detB (~u1 , . . . , ~uj , . . . , ~un ) . j6=i Or, dans chaque déterminant de la dernière somme, le vecteur ~uj apparaı̂t deux fois, le déterminant est donc nul. cqfd Proposition : Soit B une base de E (de dimension n), (~u1 , . . . , ~un ) une famille de E. Le déterminant de cette famille dans la base B reste inchangé si on ajoute à l’un des vecteurs une combinaison linéaire des autres. Autrement dit, pour tout indice j, X detB (~u1 , . . . , ~uj , . . . , ~un ) = detB ~u1 , . . . , ~uj + λi · ~ui , . . . , ~un i6=j Démonstration : Fixons un indice i et soit ~x obtenu par combinaison linéaire des vecteurs (~uj , j 6= i). Alors, la famille (~uj , j 6= i) ∪ {~x} est liée. Nous avons alors detB (~u1 , . . . , ~ui + ~x, . . . , ~un ) = detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~un ) + detB (~u1 , . . . , ~x, . . . , ~un ) = detB (~u1 , . . . , ~ui , . . . , ~un ) d’après la proposition précédente, ce qui achève la poreuve. cqfd 82 Théorème : Si (~u1 , . . . , ~un ) est une famille de n vecteurs de E (de dimension n) muni d’une base B, les propriétés suivantes sont équivalentes : • (i) detB (~u1 , . . . , ~un ) 6= 0. • (ii) La famille (~ui , 1 ≤ i ≤ n) est une base de E. Démonstration : Remarquons tout d’abord que la famille (~ui , 1 ≤ i ≤ n) ayant le même nombre d’éléments que la dimension de E, c’est une base si et seulement si elle est libre. (i) =⇒ (ii). Nous avons montré précédemment que si la famille est liée, le déterminant est nul, ce qui est exactement la contraposée de (i) =⇒ (ii). (ii) =⇒ (i). Supposons que B 0 = (~u1 , . . . , ~un ) est une base de E. Alors, nous savons qu’il existe un réel λ tel que detB0 (·) = λdetB (·) . En particulier, 1 = detB0 (~u1 , . . . , ~un ) = λdetB (~u1 , . . . , ~un ) et donc detB (~u1 , . . . , ~un ) 6= 0. cqfd Définition : Le réel λ est appelé déterminant de f . Il ne dépend pas de la base choisie. Il est noté det (f ). Démonstration : Unicité : Supposons qu’un tel λ existe. Soit B = (~e1 , . . . , ~en ) une base de E. Alors, nous avons detB (f (~e1 ), . . . , f (~en )) = λdetB (~e1 , . . . , ~en ) = λ, ce qui prouve l’unicité. Existence : Soit B0 une base de E fixée. Alors l’application ϕ : (~u1 , . . . , ~un ) 7−→ detB0 (f (~u1 ), . . . , f (~un )) vérifie les deux premières conditions du théorème ??. Elle est donc proportionnelle à det B0 . Autrement dit, il existe un réel λ tel que, pour toute famille (~u1 , . . . , ~un ) de vecteurs de E, detB0 (f (~u1 ), . . . , f (~un )) = λdetB0 (~u1 , . . . , ~un ) . Soit B une autre base de E. Alors, nous savons que detB (·) = detB0 (·) detB (B0 ) . En multipliant l’égalité obtenue pour B0 par detB (B0 ) nous obtenons detB (f (~u1 ), . . . , f (~un )) = λdetB (~u1 , . . . , ~un ) , ce qui prouve le résultat. cqfd 83 Proposition : Soit f un endomorphisme de E. Alors, f est bijectif si et seulement si det (f ) 6= 0 et dans ce cas, det f −1 = 1 · det (f ) Démonstration : Soit B = (~e1 , . . . , ~en ) une base de E. Alors, nous avons det (f ) = detB (f (~e1 ), . . . , f (~en )) . Donc, det (f ) 6= 0 si et seulement si la famille (f (~e1 ), . . . , f (~en )) est une base autrement dit, si et seulement si f est bijectif. Nous avons alors det (f ) det f −1 = det f ◦ f −1 = det (Id) = 1. cqfd Proposition : Soit (S) un système linéaire admettant une solution ~x0 . Notons F0 l’ensemble des solutions du système homogène associé. Alors l’ensemble F des solutions du système (S) est o n F = ~x0 + ~x ~x ∈ F0 . Démonstration : Soit ~y une solution de (S) de repré sentation matricielle Y . Alors, nous avons AY = B et AX0 = B soit A(Y − X0 ) = 0 ce qui montre que ~y − ~x0 ∈ F0 . Réciproquement, si ~y = ~x0 + ~x avec ~x ∈ F0 , alors AY = AX + AX0 = 0 + B = B et donc ~y ∈ F. cqfd