Colloque de Lérins, introduction, un alter-humanisme !
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bateau pour venir sur l’île est bon dans l’optique qui est la mienne. Partir en direction de
Moscou ne me permet pas d’arriver jusqu’au cellier des bons pères. Ce n’est donc pas bon
aux vues de mon but.
Est bon ce qui me permet d’atteindre mon but, est mauvais ce qui m’en éloigne. Voilà ce
qu’est la morale. Est moralement bon ce qui permet de rejoindre le but fixé est moralement
mauvais ce qui l’en éloigne. Sera moralement bonne une économie qui sert la dignité
humaine, sera moralement mauvaise une économie qui la dessert. En conséquences, seront
moralement bon les actes humains qui participeront au Bien Commun, et moralement
mauvais ceux qui n’y participeront pas.
Voilà pourquoi fondamentalement, la crise financière actuelle est une crise
anthropologique. Car la question est bien de savoir ce qui est dû à l’homme, c’est-à-dire ce
qui est bon pour lui. Encore faut-il savoir de quel homme nous parlons. Pour savoir ce qu’est
une économie qui sert l’homme, il convient de discerner ce qui sert l’homme, ce dont il a
besoin pour le maintien, la défense, la promotion, le développement de sa personne. C’est
sur ce seul socle éthique que bâtir le Bien Commun véritable est possible.
En effet, la personne humaine étant universelle, les besoins les plus fondamentaux
sont communs à tous. La justice de ce point de vue est universelle. Toutefois, la personne
humaine, comme telle n’existe pas. Nous retrouvons des personnes humaines, précises et
identifiables, toutes différentes. Ce qui veut dire que sur le fondement commun, il est, en
outre, dû des choses particulières propres à chacun. La justice n’est pas l’égalité ni
l’uniformité, mais l’équité et donc la diversité. Vouloir standardiser les besoins, comme les
produits offerts à toute l’humanité est donc contraire à la dignité de la personne humaine,
car cela ne permet précisément plus de répondre aux besoins de chacun et donc d’être
responsables. Car la responsabilité ne porte pas sur la notion de dignité humaine, mais sur la
dignité de personnes très concrètes. Modéliser l’économie à l’aide de schémas
mathématiques est déresponsabilisant dans les deux sens du terme (il rend l’homme
anonyme et indifférent), déshumanisant car l’homme n’est plus maître de l’économie, ni la
source normative de celle-ci. Car comme nous le disions au début, l’homme est imprévisible.
Imprévisible parce que capable de comportements irrationnels, mais aussi parce que
capable, par son intelligence et sa volonté de sortir de situations inouïes, où de s’y plonger
aussi.
Cette imprévisibilité, source d’une certaine instabilité, comporte de fait un risque
évident pour le bien commun. Appréhender, endiguer, prévoir ce risque est précisément le
rôle de l’Etat, garant du Bien Commun. Peut-être que dans le plus parfait des mondes, non
marqué par le péché et résolument tourné vers le Bien et vers Dieu, l’Etat n’aurait pas de