Molière - Les fourberies de Scapin
Séance 4 : Etudier les personnages de comédie, la relation maitre-valet
Acte II, scène 5
Résumé :
Après avoir quitté Léandre et Octave, Scapin a discuté avec Argante. Sachant que celui-ci veut rompre le mariage
d’Octave, Scapin lui raconte un mensonge : il aurait rencontré le frère de la jeune mariée, qui exerce le métier de soldat.
Après maintes discussions, le frère aurait accepté de casser le mariage en échange de deux cents pistoles. Argante est
scandalisé : il trouve la somme trop élevée. Il préfère donc faire un procès à la famille de l’épouse. Scapin tente en vain
de l’en dissuader quand soudain, il annonce à Argante que le frère de la mariée vient vers eux.
Acte II, Scène 6
SYLVESTRE, ARGANTE, SCAPIN
SYLVESTRE, déguisé en spadassin
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– Scapin, fais-moi connaître un peu cet Argante qui est père d’Octave.
SCAPIN – Pourquoi, Monsieur ?
SYLVESTRE – Je viens d’apprendre qu’il veut me mettre en procès, et faire rompre par justice le mariage de
ma sœur.
SCAPIN – Je ne sais pas s’il a cette pensée ; mais il ne veut point consentir aux deux cents pistoles que vous
voulez, et il dit que c’est trop.
SYLVESTRE – Par la mort ! par la tête ! par le ventre ! si je le trouve, je le veux échiner, dussé-je être roué
tout vif
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. (Argante, pour n’être point vu, se tient en tremblant couvert de Scapin
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)
SCAPIN – Monsieur, ce père d’Octave a du coeur
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, et peut-être ne vous craindra-t-il point.
SYLVESTRE – Lui ? lui ? Par le sang ! par la tête ! s’il était là, je lui donnerais tout à l’heure de l’épée dans le
ventre. (Apercevant Argante) Qui est cet homme-là ?
SCAPIN – Ce n’est pas lui, Monsieur, ce n’est pas lui.
SYLVESTRE – N’est-ce point quelqu’un de ses amis ?
SCAPIN – Non, Monsieur, au contraire, c’est son ennemi capital.
SYLVESTRE – Son ennemi capital ?
SCAPIN – Oui.
SYLVESTRE – Ah ! parbleu ! j’en suis ravi. (À Argante.) Vous êtes ennemi, Monsieur, de ce faquin
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d’Argante,
eh ?
SCAPIN – Oui, oui, je vous en réponds.
SYLVESTRE, secouant la main d’Argante – Touchez là. Touchez. Je vous donne ma parole, et vous jure sur mon
honneur, par l’épée que je porte, par tous les serments que je saurais faire, qu’avant la fin du jour je vous
déferai de ce maraud fieffé
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, de ce faquin d’Argante. Reposez-vous sur moi.
SCAPIN – Monsieur, les violences en ce pays-ci ne sont guère souffertes
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.
SYLVESTRE – Je me moque de tout et je n’ai rien à perdre.
SCAPIN – Il se tiendra sur ses gardes assurément ; et il a des parents, des amis et des domestiques dont il se
fera un secours contre votre ressentiment.
SYLVESTRE – C’est ce que je demande, morbleu ! C’est ce que je demande. (Il met l’épée à la main, et pousse
de tous les côtés, comme s’il y avait plusieurs personnes devant lui.) Ah ! Tête ! Ah ! Ventre ! Que ne le
trouvé-je à cette heure avec tout son secours ! Que ne paraît-il à mes yeux au milieu de trente personnes !
Que ne les vois-je fondre sur moi les armes à la main ! Comment, marauds ! Vous avez la hardiesse de vous
attaquer à moi ! Allons, morbleu, tue ! Point de quartier.
(Poussant de tous les côtés, comme s’il avait plusieurs personnes à combattre.)
Donnons. Ferme. Poussons. Bon pied, bon œil. Ah ! Coquins ! Ah ! Canaille ! Vous en voulez par là, je vous en
ferai tâter votre soûl. Soutenez, marauds, soutenez. Allons. À cette botte
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. À cette autre.
À celle-ci. À celle-là. (Se tournant du côté d’Argante et de Scapin.) Comment ! Vous reculez ? Pied ferme,
morbleu ! Pied ferme !
SCAPIN – Eh ! Eh ! Eh ! Monsieur, nous n’en sommes pas. (Il s’éloigne.)
SYLVESTRE – Voilà qui vous apprendra à vous oser jouer de moi.
SCAPIN – Hé bien ! Vous voyez combien de personnes tuées pour deux cents pistoles. Oh sus ! Je vous souhaite
une bonne fortune
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.
ARGANTE, tout tremblant – Scapin !
SCAPIN – Plaît-il ?
ARGANTE – Je me résous à donner les deux cents pistoles.
Notes :
1– spadassin : soldat.
2– roué tout vif : condamné à être frappé sur la roue avec des bâtons alors que je serai encore vivant.
3– couvert de Scapin : caché derrière Scapin.
4– cœur : du courage.
5– faquin : coquin, bon à rien.
6– maraud fieffé : coquin.
7– souffertes : acceptées.
8– botte : terme d’escrime qui décrit un enchaînement de coups portés avec l’épée.
9– bonne fortune : bonne chance.
Questions
A.
1- a) Quel rôle joue Sylvestre dans cette scène ?
b) Souligne en bleu les didascalies qui t’indiquent que Sylvestre joue un rôle.
c) Que veut faire le personnage joué par Sylvestre à Argante ?
d) Quelles sont les trois raisons qui motivent l’action de ce personnage ?
e) Quelle action imite Sylvestre ?
f) Quel type de comique est utilisé par Sylvestre lorsqu’il fait cette action ?
g) Dans les répliques de Sylvestre, souligne en rouge les exclamations familières qui montrent la colère du
personnage joué par Sylvestre. Encadre en rouge les expressions insultantes dont il se sert pour désigner
Argante.
h) Quel type de comique est utilisé ici par Sylvestre ?
2- a) Qui est le complice de Sylvestre dans cette scène ?
b) Quelle ruse utilise ce complice pour « protéger » Argante de Sylvestre ?
c) Souligne en vert la réplique qui justifie ta précédente réponse.
d) Est-ce Sylvestre ou Argante qui est la dupe de cette réplique ? Justifie ta réponse.
3- a) Pourquoi les deux valets jouent-ils cette farce à Argante ?
b) La ruse des deux valets fonctionne-t-elle ? Souligne en noir la réplique qui justifie ta réponse.
Séquence 8
Les valets de comédie
Les valets sont des personnages de comédie. Ce sont des gens du peuple. Ils sont souvent les adjuvants -
aides - des héros, c’est-à-dire qu’ils les aident à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent et à réaliser
leurs projets. Pour cela, ils tournent en ridicule les opposants des héros, utilisant alors différents procédés
comiques.
B –
1- Surligne en jaune une réplique de Scapin affirmant qu’Argante est courageux.
2- a) Quel est le véritable sentiment d’Argante quand il voit Sylvestre ?
b) Surligne en bleu deux didascalies qui prouvent ta précédente réponse.
3- Bien qu’il accepte de donner de l’argent, Argante semble quelqu’un d’avare. Explique pourquoi, en
relevant une information dans le texte et une information dans ton livre, à la fin de la scène 6 de l’acte II.
Les figures d’autorité dans les comédies
Dans les comédies de Molière, les figures d’autorité sont les pères, le roi et ceux qui exercent des professions
importantes comme les médecins, les hommes de lois et les hommes d’église.
Les figures d’autorité sont souvent des opposants aux héros, c’est-à-dire qu’ils tentent de les empêcher de
réaliser leurs projets. C’est pourquoi les figures d’autorité sont souvent tournées en ridicule dans les
comédies.
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