Sylvestre, sous-commandant du libéralisme

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Sylvestre, sous-commandant du libéralisme
Saga médias | lundi, 18 août 2008 | par Paul Litzer
« Bakchich » consacre cette semaine une saga aux médias. Retour sur Jean-Marc Sylvestre qui, selon le site du
magazine « Capital », serait nommé directeur adjoint de l’information de TF1 et LCI. En contrepartie, le vaillant
homme abandonnerait dès septembre sa chronique sur France Inter. Snif…
Cette chronique a été publiée une première fois dans « Bakchich » le 1er février 2008.
On en cru un temps que l’immense Jean-Marc Sylvestre avait quelques doutes sur la totale perfection du
capitalisme. Heureusement, le journalisme économique a retrouvé la foi.
Il a de l’entregent et sait le montrer. Pas une réception avec des patrons où on ne croise l’ineffable Jean-Marc
Sylvestre, qui prêche sans relâche les vertus de l’économie libérale sur TF1, sur LCI et sur France-Inter. Mijanvier, il est venu se montrer aux vœux à la presse de la ministre de l’Économie, Christine Lagarde. Las, celle-ci a
eu près de deux heures de retard sur l’horaire initial à cause de Super-Sarko, qui l’a embarqué dans une virée à
Sens pour expliquer sa politique en faveur du pouvoir d’achat (si, si, il y en a une et, selon notre tourbillonnant
président, elle est efficace). Le sous-commandant Sylvestre a parcouru l’immense salle de réception située au
septième étage de Bercy, serrant quelques pinces, délivrant quelques oracles. Avant de repartir sans avoir pu
claquer la bise à la chère Christine.
Qu’on se rassure. Ce contretemps n’empêche pas notre ami de soutenir ardemment la politique économique du
gouvernement. On l’a vu notamment pendant les grèves de l’automne dernier contre la réforme des régimes
spéciaux. Le sous-commandant Sylvestre avait expliqué avec force pourquoi il fallait avancer et tant pis si cette
réforme à la mode Sarko ne rapporte pas grand-chose aux finances publiques.
Le brillant éditorialiste avait donné l’impression dans un passé récent qu’il était revenu des discours sur les
bienfaits du libéralisme. Dans un livre intitulé « Une petite douleur à l’épaule gauche » et paru en 2003, il
expliquait comment l’hôpital public l’avait sauvé après un infarctus. Cette ode sentant bon la défense de l’intérêt
général n’a pas duré longtemps.
Le sous-commandant Sylvestre a publié, il y a quelques mois, un nouvel ouvrage défendant cette fois le
libéralisme triomphant. On est rassuré d’avoir retrouvé notre ami tel qu’on le connaît depuis toujours. Dans
« Petites leçons d’économie à la portée de tous » (Buchet-Chastel), il se contente de reprendre ses chroniques
libérales sans trop d’effort d’imagination, selon des mauvaises langues. Et alors ? Il a tout compris du
fonctionnement du capitalisme. Le tout n’est pas de créer de nouvelles activités avec tous les risques que cela
comporte mais de recycler afin d’optimiser le rendement, comme on dit dans les écoles de commerce.
Accessoirement, il s’agit d’expliquer l’économie à ces ignares de Français, « qui n’en pincent que pour les trentecinq heures, les assurances maladies, les congés payés et un peu de pouvoir d’achat ». Ah, les lâches profiteurs !
À cause de ces fainéants, la France s’enfonce dans la crise. Heureusement, le sous-commandant Sylvestre a la
solution. Grâce à des formules que ne renierait pas son héros Super Sarko : « Le travail crée du travail. L’activité
suscite des embauches ». C’est bien vrai, ça. On s’en voudrait d’oublier cette maxime : « Si les pays développés
veulent garder une activité industrielle importante, ils doivent se concentrer sur les activités de luxe et à haute
valeur ajoutée ». Fermez les usines et mettez-vous tous à fabriquer des sacs Vuitton et des robes Dior. Quel
bonheur d’écouter tous les jours un tel penseur.
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