Ergothérapie et arts du cirque

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IFPEK
Institut de formation en Ergothérapie de Rennes
Ergothérapie et arts du cirque :
Accompagnement des enfants avec un Trouble de
l’Acquisition de la Coordination par l’approche CO-OP
UE 6.5 S5
Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
Marthe LEMONNIER
Mai 2014
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite
sans le consentement de l'auteur est illégale.
IFPEK
Institut de formation en Ergothérapie de Rennes
Ergothérapie et arts du cirque :
Accompagnement des enfants avec un Trouble de l’Acquisition
de la Coordination par l’approche CO-OP
UE 6.5 S5
Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
Sous la direction de Jean-Philippe Guihard
Marthe LEMONNIER
Mai 2014
Résumé
Le Trouble de l’Acquisition de la Coordination est un trouble qui touche environ 5 à
6%
des
enfants
d’âges
scolaires.
En
France,
on
parle
plutôt
de
dyspraxie
développementale. À des degrés différents de sévérité, cela touche toutes les sphères de
l’enfant : ses activités à la maison, à l’école et dans les loisirs. On constate en particulier
un retrait des activités physiques en général. L’ergothérapeute accompagne l’enfant à se
réaliser dans ses habitudes de vie. Il est intéressant de voir comment l’ergothérapeute
peut utiliser une activité peu commune comme les arts du cirque et particulièrement les
pyramides humaines, pour favoriser la participation sociale de ces enfants. C’est à
travers
l’approche
cognitive,
CO-OP
que
l’ergothérapeute
peut
optimiser
son
accompagnement. A l’aide d’un recueil de données auprès d’ergothérapeutes il a été
possible d’évaluer l’impact d’une telle proposition sur l’engagement des enfants dans des
activités physiques. Nous pourrons retenir l’importance de créer une situation de réussite
avec l’enfant afin de favoriser son estime de soi.
Mots clés : Trouble de l’Acquisition de la Coordination – Cirque – CO-OP - Ergothérapie
Abstract
The Developmental Coordination Disorder is a disorder that affects 5 to 6% of
school aged children. In France, it’s called developmental dyspraxia. It could have a more
or less important impact on every fields of the child’s life: at home, at school or in
hobbies. We could notice a physical activity retirement. Occupational therapist helps the
child to realize himself in his occupation. It’s interesting to see how occupational
therapist can use an activity like circus arts and more precisely “human pyramids” to
improve the children social participation. It’s by the cognitive approach; COOP that
occupational therapist can improve his intervention. After an analysis of meeting with
occupational therapists, it has been possible to evaluate the influence of this activity on
children engagement to physical activities. We could notice the importance to create an
successfully experience with the child to improve his self-confidence.
Key words: Developmental Coordination Disorder – Circus – CO-OP – Occupational
Therapy
Remerciements
Je tiens à remercier, mon directeur de mémoire, Mr Jean-Philippe Guihard, pour sa
disponibilité et ses encouragements,
Je remercie les ergothérapeutes qui ont gentiment accepté de m’accorder du temps pour
l’élaboration de ce mémoire,
Et merci à tous mes proches pour leur soutien et leurs conseils
Sommaire
Introduction .......................................................................................................... 1
Emergence du sujet ............................................................................................... 2
Partie théorique..................................................................................................... 7
1.
Le Trouble de l’Acquisition de la Coordination ................................................... 7
1.1
Définition ................................................................................................. 7
1.2
Terminologie............................................................................................. 7
1.3
Critères diagnostiques du TAC .................................................................... 7
1.4
Epidémiologie ........................................................................................... 8
1.5
Conséquences secondaires du TAC .............................................................. 9
1.6
Les différentes approches thérapeutiques ....................................................10
2.
L’approche CO-OP .......................................................................................11
2.1
Définition ................................................................................................11
2.2
Différentes théories ..................................................................................11
2.3
Objectifs principaux ..................................................................................12
2.4
Principe général .......................................................................................12
2.5
Concepts utilisés ......................................................................................13
2.6
Public visé ...............................................................................................13
2.7
Pré-requis à la participation .......................................................................14
3.
Les arts du cirque : les pyramides humaines ...................................................14
3.1
L’univers du cirque ...................................................................................14
3.2
Les pyramides humaines ...........................................................................17
4.
L’ergothérapie .............................................................................................20
4.1
Définition ................................................................................................20
4.2
L’activité .................................................................................................20
4.3
Ergothérapie en pédiatrie ..........................................................................23
4.4
Prise en charge en ergothérapie du TAC ......................................................24
5.
Conclusion de la partie théorique...................................................................26
Partie méthodologique ..........................................................................................28
1.
Choix de la méthode de recherche .................................................................28
2.
Résultats et analyse du recueil de données .....................................................29
Discussion ...........................................................................................................42
1.
Conclusion de l’enquête ...............................................................................42
2.
Vérification de l’hypothèse ............................................................................44
3.
Limites du mémoire .....................................................................................45
4.
Piste de réflexions et d’actions ......................................................................46
Conclusion ...........................................................................................................48
Bibliographie ........................................................................................................50
Annexes ..............................................................................................................54
Introduction
Le concept de trouble des apprentissages est assez jeune mais aujourd’hui cela
concerne une part croissante des enfants pris en charge en ergothérapie. En effet
l’ergothérapeute est un des principaux thérapeutes intervenant auprès de cette
population. Il évalue et permet à l’enfant de compenser, entre autres, les répercussions
des troubles sur la vie quotidienne. Parmi ces troubles des apprentissages, il y a le
Trouble de l’Acquisition de la Coordination (TAC), il est encore mal connu et notamment
en France parce que ce n’est pas la terminologie employée, bien que le terme ait été
retenu internationalement il y a 20 ans. En l’occurrence, on parle de dyspraxie
développementale. Ce trouble du geste touche environ 5 à 6 % des enfants d’âge
scolaire. Mais il s’agit bien d’un trouble du développement, cela ne peut être imputable à
une déficience motrice ou intellectuelle, il s’agit d’un trouble dans le développement des
habiletés motrices de l’enfant. Cela se répercute sur toutes les activités réclamant de la
coordination, de la dextérité mais aussi la motricité fine et globale. Les tableaux cliniques
peuvent être très variés.
Ce mémoire aura pour vocation de proposer une réflexion autour d’une approche
relativement originale du TAC en ergothérapie, aussi bien par l’activité proposée,
l’approche thérapeutique envisagée que par les objectifs visés.
Dans un premier temps, nous verrons comment à émerger le sujet de ce travail et
quelle
question
de
recherche
en
a
résulté.
Ensuite
nous
présenterons
un
approfondissement théorique des concepts employés ce qui nous amènera à la
formulation d’une hypothèse. Après nous proposerons une partie méthodologique
concernant l’élaboration d’un recueil de données qui sera ensuite analysé. Nous finirons
par une discussion autour de la synthèse des résultats et des limites de la méthode
employée.
1
Emergence du sujet
L’émergence du sujet de mon travail découle d’une réflexion tout au long de notre
formation, avec la construction de notre identité professionnelle et notre vision
ergothérapique du lien entre l’activité et la santé. Cela s’est initié en première année de
formation, lorsque nous avons été amenés à réfléchir aux sens de l’activité humaine et ce
qu’elle représentait pour chaque être humain. En autre, nous devions choisir et présenter
une activité signifiante et/ou significative pour nous, comme une passion ou hobby. Pour
moi cela a été mon activité de loisir depuis plus de 10 ans : les arts du cirque, je me suis
alors questionnée sur le potentiel thérapeutique de cette activité. D’autant plus que dans
mon école de cirque, certains élèves étaient en situation de handicap physique ou
intellectuel, cela m’intéressait de connaître comment cela leur était accessible et quels
bienfaits ils pouvaient y trouver.
Connaissant les techniques de cette activité bien particulière et en étant capable
de les transmettre, pourrait-elle être un médiateur intéressant dans l’exercice de ma
futur profession ?
En effet, l’ergothérapie est la science de l’activité humaine, un ergothérapeute
utilise
l’activité
comme
médiation
thérapeutique
afin
de
favoriser
l’autonomie,
l’indépendance et la qualité de vie d’une personne qui est restreinte dans la participation
à ses habitudes de vie. L’ergothérapie a une vision globale de la personne prenant en
compte les facteurs personnels et environnementaux, elle vise à permettre à une
personne en situation de handicap de trouver les ressources lui permettant de se réaliser
en tant qu’être humain dans la société. Une activité a un potentiel thérapeutique d’autant
plus élevé qu’elle a du sens pour la personne concernée, on parle d’activité signifiante ou
d’activité significative si elle a du sens pour l’environnement social. (Morel, 2006)
Ensuite au cours de notre deuxième année de formation nous avons appris à
analyser l’activité d’un point de vue ergothérapique, à être capable de reconnaître toutes
les composantes pouvant être sollicitées au cours de l’activité et aussi à analyser les
différentes façons de la mettre en œuvre pour répondre à des objectifs précis en lien
avec la problématique d’une personne, ses facteurs personnels, environnementaux et ses
désirs.
Le cirque m’a paru être une activité possédant de nombreuses ressources pour
répondre à beaucoup d’objectifs. Par ailleurs, les ergothérapeutes rencontrés m’ont incité
à utiliser cette activité auprès des patients dans chacun de mes stages aussi bien en
psychiatrie adulte qu’en rééducation fonctionnelle. Mais jusqu’alors je n’avais pas encore
acquis assez de connaissances pour étayer mon raisonnement et je n’avais pas trouvé la
façon dont cela pouvait s’intégrer à une approche thérapeutique.
2
C’est ensuite lors d’un cours sur l’autisme où nous a été présenté en vidéo la
méthode d’Intégration Sensorielle de A. J. Ayres que cela a fait écho à mon expérience
du cirque. En effet, nous pouvions voir des enfants faire du trapèze, des parcours
d’équilibre… ; j’ai été très intéressée par cette approche sensori-motrice. Cette approche
part du postulat que nos actions sont planifiées, adaptées et nos comportements,
organisés en fonction de comment notre système nerveux intègre tous les stimuli
sensoriels que nous recevons. (Ray-kaeser&Dufour, 2013) Chez certains enfants ce
processus est déficitaire, l’intégration sensorielle ne se fait plus automatiquement et de
manière correcte. La thérapie consiste à proposer des activités stimulant les systèmes
sensoriels tels que le système vestibulaire, proprioceptif et tactile, afin de guider l’enfant
à répondre de manière adaptée à ces stimuli aussi bien en améliorant les réponses
gestuelles mais aussi comportementales. L’intégration sensorielle serait à la base d’une
motricité globale efficace permettant par la suite l’acquisition d’habiletés motrices plus
complexes, ceci permettant à l’enfant de limiter ses situations d’échec dans les activités
de tous les jours.
Ainsi je me suis intéressée à cette méthode et à la population autistique, en
reliant les différentes réflexions que j’avais eues, il m’a donc semblé possible de faire une
prise en charge ergothérapique avec la méthode d’Intégration Sensorielle en proposant
les arts du cirque auprès d’enfants ayant un trouble envahissant du développement, j’ai
donc débuté mon travail par la question de départ :
Comment une prise en charge ergothérapique, par le biais d’une activité «cirque»,
selon la méthode d’Intégration Sensorielle, favorise-t-elle l’autonomie des enfants
atteints de troubles autistiques ?
En commençant mes recherches documentaires et en interrogeant certains
professionnels ergothérapeutes j’ai appris que cette méthode créée par A. J. Ayres
suivait un protocole bien particulier, une évaluation ainsi que le matériel utilisé ont été
créés spécifiquement pour la méthode. Il semblait difficile de la transposer à d’autres
activités plus proches de celles des enfants dans la vie de tous les jours, comme une
activité physique de loisir. Sans avoir eu une formation préalable en Intégration
Sensorielle, les ergothérapeutes ne peuvent que s’inspirer des principes théoriques de
cette approche dans leurs prises en charge. Aussi de nombreux articles remettent en
cause l’efficacité de la thérapie d’intégration sensorielle, certaines études ne montrent
pas de résultats suffisamment significatifs pour confirmer une amélioration des habiletés
motrices. En faisant cette première recherche j’ai donc pu également explorer les
différentes populations qui pouvaient bénéficier de cette méthode et finalement il est vrai
que la majorité des enfants concernés sont des enfants ayant des troubles de
développement et des apprentissages.
3
Notamment dans cette grande famille des troubles des apprentissages, je me suis
intéressée à un trouble encore assez peu connu qui est le Trouble de l’Acquisition de la
Coordination (TAC). On peut aussi parler de dyspraxie développementale, il n’y a pas de
consensus autour de la classification, pour certains auteurs la dyspraxie et le TAC sont
deux troubles différents et pour d’autres la dyspraxie développementale au même titre
que la dysgraphie par exemple seraient rassemblées sous le terme plus général de TAC.
(Kaiser et al, 2007) Je partirai du principe que ces deux termes désignent la même
catégorie de symptômes chez les enfants.
Ce trouble est répertorié dans les troubles développementaux du DSM IV1. Cela
correspond à un retard dans l’acquisition des habilités motrices sans présence
d’affections physiques ou neurologiques. Ce trouble neuro-développemental affecte la
capacité à planifier, à organiser et à automatiser les gestes moteurs pour réaliser une
action ou une activité. (Breton&Léger, 2007) Ces troubles de la coordination motrice
entrainent des difficultés significatives dans la vie de l’enfant : à l’école (ex : écriture),
dans les activités de la vie quotidienne (ex : habillage), les relations sociales (ex : repli
sur soi) et les loisirs (ex : faire du vélo). Pour ces enfants on peut parler d’handicap
invisible, ils ont une intelligence normale mais se retrouvent en échec dans de
nombreuses situations du quotidien. Le diagnostic n’est pas toujours posé rapidement, il
peut être difficile pour l’entourage de comprendre où se situent les difficultés. Ce sont
des enfants qu’on dit « maladroits », qui peuvent passer pour des enfants paresseux, qui
mettent de la mauvaise volonté à faire les choses. Cela peut entrainer une mise à l’écart
de l’enfant dyspraxique dans les activités collectives comme à l’école, et aussi des
troubles anxieux. Ces situations de handicap peuvent entrainer une baisse de l’estime de
soi et un désinvestissement des activités en particulier des activités physiques. Une des
conséquences secondaires des troubles fonctionnels peut être un repli social.
Je me suis donc interrogée sur les modes de prises en charge en ergothérapie des
enfants atteints d’un TAC. Il y a donc une approche thérapeutique qui est centrée sur le
déficit comme la thérapie d’intégration sensorielle, visant la diminution des déficiences
mais il y a aussi une approche thérapeutique centrée sur la performance, visant à
accroître l’activité et la participation de l’enfant. Il existe l’approche cognitive CO-OP
(Cognitive Orientation to Occupational Performance) créée par Polatajko et coll. qui est
tout aussi intéressante et a priori plus efficace auprès des enfants ayant un TAC.
(Polatajko&Cantin, 2005). La méthode CO-OP se veut centrée sur l’enfant, dans le but
d’améliorer la performance et la participation de l’enfant dans ses activités. Il s’agit pour
le thérapeute de guider l’enfant à trouver lui-même des stratégies de résolution de
problèmes autour d’activités de situation réelle du quotidien. Par rapport à la méthode
d’intégration sensorielle qui semble plus controversée, la méthode CO-OP semble
1
Diagnostic Statistical Manual of mental disorders, quatrième version
4
apporter une réelle amélioration des habiletés motrices ciblées lors des séances
d’ergothérapie.
J’en viens à me demander dans quelle mesure l’acquisition de nouvelles habiletés
motrices dans une activité physique récréative (ludique et créative) favorise-t-elle la
participation sociale des enfants atteints d’un TAC ?
Selon P. Fougeyrollas (1998), une situation de participation sociale correspond
à : « à la pleine réalisation des habitudes de vie, résultant de l’interaction des facteurs
personnels (les déficiences, les incapacités et les autres caractéristiques personnelles)
avec les facteurs environnementaux (les facilitateurs et obstacle) ». Ses habitudes de vie
« assurent la survie et l’épanouissement d’une personne dans sa société tout au long de
son existence »2 Pour un enfant, les habitudes de vie comprennent entre autres les
activités de loisirs dont les activités physiques. Un enfant s’épanouit pleinement dans le
jeu, il s’agit de son activité signifiante principale (Ferland, 2010) et cela peut comprendre
les activités sportives structurées ou non, collectives ou non. Je m’interroge sur les
répercussions sur les habiletés motrices et sociales d’un enfant qui se détournerait de ces
activités physiques. L’âge des enfants que j’introduis dans ma réflexion est entre 5 et 12
ans car c’est une période où s’opèrent de nombreux apprentissages et où les troubles
peuvent devenir d’autant plus visibles que s’acquièrent les compétences motrices les plus
complexes. Les enfants atteints d’un Trouble de l’Acquisition de la Coordination sévère,
qui auraient des performances médiocres dans ces activités, pourraient perdre facilement
la motivation et confiance en soi pour continuer à y prendre part. Or il me semble que
ces activités physiques sont importantes pour entre autres continuer à développer ses
habiletés motrices globales et fines, sa conscience du corps mais aussi les compétences
sociales de l’enfant, l’estime de soi et une bonne hygiène de vie. La question se pose du
rôle de l’ergothérapeute pour aider ces enfants à pouvoir se réaliser dans une partie des
activités qui peuvent être importante à leurs yeux et améliorer significativement leur
qualité de vie.
Il est vrai que lors d’une prise en charge ergothérapeutique, il est important de
prendre en compte les activités signifiantes de la personne, c’est-à-dire qui ont un sens
pour elle, qui génèrent un fort intérêt et de la motivation. La motivation permet
d’optimiser tout apprentissage. Une activité qui offrirait un cadre ludique et créatif telle
que le cirque, pourrait avoir un fort attrait auprès des enfants ayant un TAC et ainsi
mobiliser leurs efforts de façon optimale.
Il s’agit d’un univers singulier qui allie l’artistique, à travers l’expression
corporelle, les costumes ou la musique, à l’exercice physique par des techniques et du
matériel bien spécifiques. Cela fait appel au défi et au dépassement de soi ainsi qu’à la
2
Fougeyrollas, P et al, 1998. Classification Québécoise : Processus de production du
handicap, Québec : RIPPH. p.38, voir Annexe n°1
5
persévérance ce qui est source de valorisation. Les arts du cirque regroupent une
multitude de disciplines différentes, on peut les regrouper sous différentes catégories :

Les techniques aériennes (trapèze, corde lisse…)

Les techniques d’équilibre (fil de fer, rouleau américain…)

Les techniques acrobatiques (main à main, trampoline…)

Les techniques de manipulation (jonglerie, diabolo…)

Les techniques d’acteurs de cirque (clowns…)
Dans le cadre d’une prise en charge d’enfants ayant un TAC et dans le but de
favoriser leur participation dans leurs habitudes de vie telles que les activités physiques
notamment sportives, il serait intéressant d’étudier la proposition d’une activité
récréative comme le cirque par le biais d’une discipline comme celle des pyramides
humaines. Tout en utilisant la méthode CO-OP qui pourrait optimiser les chances de
réussite de l’enfant dans l’apprentissage des compétences motrices qui sont rattachées à
cette discipline. Les pyramides humaines sont une discipline de groupe (au moins 3
personnes) qui correspond à un enchainement de poses collectives nécessitant
notamment de l’équilibre, de la force et de la souplesse. Outre les capacités physiques
que cela peut stimuler, cette activité demande aux personnes de coopérer et collaborer
entre elles. Egalement cela nécessite de la coordination avec ses partenaires et ainsi
renforce l’appartenance à un groupe et stimule la confiance en soi et dans les autres.
Suite à ce raisonnement, je peux finalement poser ma question de recherche
comme étant :

En quoi l’ergothérapeute en proposant des pyramides humaines à l’aide de
l’approche CO-OP, peut-il favoriser la participation sociale des enfants ayant
un TAC ?
6
Partie théorique
1. Le Trouble de l’Acquisition de la Coordination
1.1
Définition
Le Trouble de l’Acquisition de la Coordination (TAC), est une traduction de
l’anglais du terme Developmental Coordination Disorder (DCD). Cela désigne un trouble
développemental de la coordination motrice ayant des répercussions sur la vie
quotidienne qui n’est pas lié à une maladie ou à un accident.
1.2
Terminologie
Ce trouble des habiletés motrices a connu plusieurs appellations au cours des
années comme par exemple la débilité motrice, le syndrome de l’enfant maladroit ou la
dysfonction cérébrale mineur. Finalement le terme « Trouble de l’Acquisition de la
Coordination » (TAC) a été retenu suite à un consensus à une conférence internationale à
Londres en 1994 et est recommandé par le guide de pratique de l’European Academy for
Childhood Disability (EACD) (Blanck et al, 2011). L’utilisation de ce terme se fait surtout
aux USA et au canada anglais. Il met notamment l’accent sur l’aspect moteur du trouble.
Cependant
d’autres
termes
sont
encore
utilisés
comme
la
dyspraxie
développementale, celui-ci est surtout utilisé au Québec et en Europe. Elle fait intervenir
la notion de praxie mais la définition de dyspraxie peut varier car il existe de nombreuses
classifications (Breton&Léger, 2007), mais on pourra la définir comme un « Trouble de la
planification et de la coordination des mouvements qui sont nécessaires pour réaliser une
action nouvelle, orientée vers un but précis. » (Breton&Léger, 2007)
De même, dans la classification internationale des maladies par l’Organisation
Mondiale de la Santé, la CIM-10, on parle plutôt d’un « Trouble spécifique du
développement moteur ».
1.3
Critères diagnostiques du TAC
Il existe une grande variabilité de profil des enfants en raison d’une grande
différence de sévérité du trouble et d’une hétérogénéité des symptômes observées.
(Kurtz, 2010)
Les critères permettant d’en faire le diagnostic sont décrits dans le DSM
(Diagnostic Statistical Manual of mental disorders), il s’agit d’un système de classification
des maladies mentales publié par l’association américaine de psychiatrie. Celui-ci est
internationalement utilisé et reconnu. La cinquième et dernière version a été publiée en
mai 2013.
7
Voici les critères qui étaient présents dans le DSM-IV-TR: (texte révisé, tiré de
Kaiser, M.L et al, 2007. Changements dans l’orientation des thérapies des enfants
atteints d’un trouble de l’acquisition de la coordination : une étude menée en Suisse
auprès d’ergothérapeutes. ErgOThérapie, n°28, p. 29-35)
A. Les performances dans les activités quotidiennes nécessitant une bonne coordination
motrice sont nettement au-dessous du niveau escompté compte tenu de l’âge
chronologique du sujet et de son niveau intellectuel (mesuré par des tests). Cela peut se
traduire par des retards importants dans les étapes du développement psychomoteur
(par exemple ramper, s’asseoir, marcher), par le fait de laisser tomber des objets, par de
la « maladresse », des mauvaises performances sportives ou une mauvaise écriture.
B. La perturbation interfère de façon significative avec la réussite scolaire ou les activités
de la vie courante.
C. La perturbation n’est pas due à une affection médicale générale (par exemple infirmité
motrice cérébrale, hémiplégie ou dystrophie musculaire) et ne répond pas aux critères
d’un Trouble envahissant du développement.
D. S’il existe un retard mental, les difficultés motrices dépassent celles habituellement
associées à celui-ci. (pp. 66-67)
1.4
Epidémiologie
1.4.1 Prévalence
La prévalence du TAC est d’environ 5 à 6% de la population générale avec un
ratio garçon : fille qui varie de 2:1 à 7:1 (Blank et al, 2011).
1.4.2 Comorbidités
La diversité des symptômes a encouragé des études sur les sous-types du TAC. Il
n’y a rien de concluant pour l’instant mais certaines études mettent en évidence une
classification du trouble en faveur d’un sous-type de déficit global. En effet, certains
enfants ont un déficit sensori-moteur global et d’autres un déficit plus particulier de la
motricité fine ou même les deux. (Visser, 2005)
Le Trouble de l’Acquisition de la Coordination est souvent associé à d’autres
troubles comme le Trouble Déficitaire de l’Attention associé ou non à l’Hyperactivité
(TDA/H). 50% des TAC pourraient être associé à un TDAH. (Blank et al, 2011)
De plus, des troubles des apprentissages peuvent être retrouvés comme la
dysgraphie, la dyslexie ou un trouble du langage. La prévalence du TAC chez les enfants
présentant un trouble du langage pourrait aller jusqu’à 70%. (Blank et al, 2011)
8
Une étude montrerait également que 8 % des enfants ayant un TAC sévère contre
4 % pour un TAC modéré présenteraient aussi un TSA (Trouble du Spectre Autistique)
(Blank et al., 2011)
1.4.3 Étiologie
Il n’y a pas d’étiologie certaine jusqu’à présent pouvant expliquer l’apparition du
trouble mais une anoxie (manque d’oxygène) à la naissance serait un facteur retrouvé
dans de nombreux cas. (Breton&Léger, 2007) De même, d’autres facteurs sont pointés
comme pouvant intervenir tels que des prédispositions génétiques ou des anomalies
neurologiques mineures. (Kurtz, 2010)
1.5
Conséquences secondaires du TAC
Ces enfants rencontrent des difficultés constamment dans les activités de la vie
quotidienne, aussi bien à la maison, pour les soins personnels ou l’habillage mais aussi à
l’école
dans
l’acquisition
de
compétences
académiques
comme
l’écriture
ou
la
manipulation des outils scolaires. Les difficultés sont plus ou moins importantes en
fonction de la sévérité du trouble mais cela peut aussi se ressentir dans les loisirs, les
enfants ayant un TAC peuvent avoir des difficultés à jouer à des jeux de balles en
groupe, à faire du vélo ou même des jeux libres de manipulation. De nombreuses
activités peuvent demander beaucoup d’efforts à l’enfant pour réussir à s’organiser dans
celles-ci et sans pour autant obtenir des résultats satisfaisants. Cela a des conséquences
sur le comportement de l’enfant et sur ses relations avec les autres.
Les enfants atteints d’un TAC sont souvent sujet à des moqueries ou du rejet, cela ne fait
qu’aggraver leur faible estime de soi et leur manque de confiance. (Polatajko&Cantin,
2005)
Ils sont souvent confrontés au sentiment d’échec et cela peut donc entrainer une
peur de l’échec ou du ridicule qui entraine le retrait des activités physiques et des loisirs
collectifs. Cela peut même être un désinvestissement plus global des activités en général,
ils se placent davantage en tant qu’observateur qu’acteur. (Breton&léger, 2007) Cela
signifie qu’il y a une diminution de la participation sociale.
Au niveau du comportement, certains peuvent être plus émotifs, fragiles
émotionnellement, développer des troubles anxieux ou alors avoir une faible tolérance à
la frustration, être agressif, manquer de flexibilité ou faire le clown en permanence pour
détourner les autres de leurs difficultés. (Kurtz, 2010) Cela a pour effet de favoriser
l’exclusion. A cause d’un handicap invisible qui les mets en échec de manière répétée, ils
sont « plus susceptibles d’avoir des problèmes scolaires, de pauvres habiletés sociales et
une faible estime de soi, et, le plus souvent, ils ne sont pas enclins à avoir une bonne
condition physique et à participer volontairement à des activités motrices» (Missiuna,
2003)
9
Interprétées par les adultes comme de la paresse, de la mauvaise volonté ou un manque d’intérêt pour la
tache
Absence de soutien des parents
et des enseignants
Influences sur le développement cognitif, social,
émotionnel et moteur
Habiletés
motrices
Déficit d’expériences motrices
médiocres
Développement
moteur retardé
Exclusion des activités sollicitant les habiletés motrices par les autres enfants
isolement social
Figure 1 : les conséquences des habilités motrices médiocres, schéma reproduit à partir de :
Geuze R. H., 2005. Caractéristiques du trouble de l’acquisition de la coordination (TAC) : à propos
des difficultés et du pronostic d’évolution. In Geuze R.H. Le trouble de l’acquisition de la
coordination: évaluation et rééducation de la maladresse chez l’enfant. Marseille: SOLAL. pp9-27
p.17
1.6
Les différentes approches thérapeutiques
Concernant le TAC, les différentes approches thérapeutiques utilisées notamment
en ergothérapie peuvent être réparties selon deux catégories (Kaiser et al, 2007):

Celles orientées sur le déficit dites de type bottom up : Intégration Sensorielle,
approches sensori-motrices,…

Celles orientées sur la performance dites de type top down : ciblées sur la
tâche, approches cognitives (CO-OP),…
1.6.1 Approches de type bottom up
Ce type d’approches se base sur le principe que la qualité des mouvements moteurs
dépend de l’efficacité de sous-systèmes tels que les systèmes musculo-squelettique ou
nerveux. La thérapie sera donc centrée sur la rééducation des sous-systèmes qui
seraient déficitaires. Les troubles moteurs des enfants résulteraient essentiellement d’un
problème de perception ou d’intégration sensorielle. Ces approches visent donc à prendre
en charge les fonctions sous-jacentes qui dysfonctionnent pour améliorer les fonctions
plus complexes qui en résultent. (Polatajko&Cantin, 2005) Parmi les approches qui sont
le plus utilisées, existent l’Intégration Sensorielle d’A. Jean Ayres et la thérapie
perceptivo-motrice.
10
1.6.2 Approches de type top down
La seconde catégorie se fonde sur d’autres théories de la science du mouvement
humain comme celle de l’apprentissage moteur. Ici il ne s’agit plus de prendre en charge
le déficit organique mais de permettre à l’enfant d’apprendre les habiletés motrices qui
lui font défaut. Ces thérapies prennent en charge la réalisation et/ou la participation aux
activités, elles utilisent en général des concepts communs comme l’analyse de la tâche et
l’utilisation de feedback. Ce sont les façons d’aborder l’apprentissage des activités qui les
différencient. Parmi celles utilisées auprès des enfants ayant un TAC on retrouve :

L’Instruction Spécifique à la Tâche (IST)

L’entraînement Neuromoteur à la Tâche (ENT)

L’approche Cognitive Orientation to daily Occupational Performance (CO-OP)
Selon les études faites par H. Polatajko, il existe de meilleurs résultats auprès des
enfants ayant un TAC grâce aux approches cognitives. Il manque tout de même des
études sur la validité et le niveau de preuve des différentes approches mais les cognitives
sont celles qui sont considérées comme les plus prometteuses.
2.
L’approche CO-OP
2.1
Définition
L’approche Cognitive Orientation to daily Occupational Performance (CO-OP) a
été, développée par des ergothérapeutes au Canada (Polatajko et coll.) dans les années
2000. Il s’agit d’une approche thérapeutique cognitive pour les personnes ayant des
difficultés d’habiletés motrices. C’est une approche de résolution de problèmes centrée
sur le client (client souvent utilisé pour désigner le patient outre-Atlantique) et orientée
sur la performance.
Il s’agit de guider l’individu à trouver ses propres stratégies cognitives en se
basant sur ses motivations.
2.2
Différentes théories
L’élaboration et la mise en place de l’approche s’inspire de différentes théories que
sont :

La théorie cognitivo-comportementale : auto-guidance verbale, métacognition
(connaissance personnelle d'un individu sur ses capacités et ses
fonctionnements cognitifs)

La théorie de l’apprentissage moteur

Le Modèle canadien de la performance occupationnelle, H. Polatajko ayant
elle-même participé à l’élaboration de ce modèle. (Polatajko&Cantin, 2005)
11
2.3
Objectifs principaux
Les objectifs majeurs de l’approche CO-OP sont :

l’acquisition d’habiletés motrices

le développement de stratégies cognitives

la généralisation et transfert des apprentissages
Il s’agit d’une approche individualisée pour favoriser l’indépendance et la
participation active de l’enfant dans sa thérapie. Aussi cela a pour but d’être le plus
efficace possible et d’améliorer significativement les performances de l’individu dans la
vie quotidienne et donc sa participation sociale.
2.4
Principe général
Cette approche suit une méthode précise qui s’utilise en général sur douze
séances. Cela se déroule en plusieurs temps.
D’abord cela consiste à repérer et évaluer avec l’enfant et ses parents, les
activités problématiques dans la vie quotidienne. Il est alors possible d’utiliser la MCRO
(Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel). Suite à cela il est donc possible de
retenir trois habiletés que l’enfant désire acquérir et qui seront donc les objectifs à
suivre. C’est pourquoi entre autre on peut dire que la thérapie est ici centrée sur la
personne. Utiliser la motivation interne de l’enfant donne du sens à la thérapie.
Ensuite il est enseigné à l’enfant une stratégie globale de résolution de problème
pouvant être apparenté à la roue de Deming ou PDCA (Plan-Do-Check-Act), un modèle
inventé dans les années 60 dont les étapes sont la base d’une démarche qualité continue
(HAS).
Par contre la stratégie enseignée dans l’approche CO-OP est plus précisément la
séquence : But-Plan-Action-Vérification, pour que les enfants se l’approprient plus
facilement on peut utiliser le moyen mnémotechnique du capitaine Buplanfêchek
(Berclaz, 2011). Concrètement cela signifie :

But : Que veux-je faire?

Plan : Comment je compte m’y prendre ?

Fais : Je fais, j’exécute mon plan

Check : Mon plan a-t-il réussi ?
Les enfants doivent eux-mêmes se l’approprier pour l’utiliser spontanément pour
chacune de leur action et pour qu’ils puissent ensuite le réutiliser lorsqu’ils se
retrouveront devant une situation problème. Le but est qu’il trouve les solutions par euxmêmes et qu’ils puissent le transférer lors d’autres apprentissages. Cela fait appel à une
démarche métacognitive.
Puis au fil des séances suivantes, l’enfant guidé par le thérapeute tente d’acquérir
les habiletés choisies comme faire du vélo ou s’habiller. Enfin la dernière séance est
12
consacrée à l’évaluation des objectifs initiaux puis il s’agit de faire le point sur une
généralisation et le transfert des acquis vers d’autres activités faites par l’enfant.
2.5
Concepts utilisés
Le thérapeute se positionne de sorte que l’enfant puisse repérer ses difficultés et
trouver ses propres solutions. Pour cela, quelques concepts clés sont utilisés comme :
(Polatajko&Cantin, 2005)

La guidance verbale du thérapeute :
o
Sur la position du corps
o
Pour ressentir le mouvement
o
Pour donner les connaissances manquantes
o
Avec l’utilisation de deux stratégies verbales :

stratégie verbale mnémotechnique : associé un nom ou une
image mentale en rapport avec l’action à effectuer (exemple :
« faire le chat » pour faire le dos rond)

scénario verbal : suite de mots rappelant la séquence à
effectuer


2.6
« la découverte guidée :
o
Demander, mais ne pas donner la solution
o
Guider, coacher mais ne pas corriger
o
Comparer et contraster
o
Expérimenter avec l’enfant
o
Une chose à la fois » (Berclaz, 2011)
Le processus d’analyse dynamique de la performance
Public visé
La méthode CO-OP a été d’abord conçue pour les enfants ayant un Trouble de
l’Acquisition de la Coordination (Polatajko&Cantin, 2005) mais celle-ci tend à s’appliquer
à d’autres populations, notamment chez des enfants atteints de :

TDA/H

Troubles du spectre autistique

Autres troubles des apprentissages (exemple : dyslexie)
Mais également elle a commencé à être adapté pour des adultes avec par exemple:

un déficit cognitif léger

des lésions cérébrales suite à un AVC ou un traumatisme crânien
13
2.7
Pré-requis à la participation
2.7.1 Vis-à-vis du patient
Pour mettre en place cette méthode dans la rééducation d’un enfant, il faut veiller
à ce que l’enfant et les adultes qui l’accompagnent prennent une part active à la
démarche et soient réellement motivés.
Les processus qui sont utilisés dans la méthode comme la métacognition et la
verbalisation nécessitent d’avoir un niveau cognitif, une compréhension et une production
du langage oral suffisante. (Berclaz, 2011)
Ce qui restera décisif c’est de réussir à dégager les habiletés que l’enfant
souhaitera apprendre ou améliorer, dans le sens où il faut que ce soit d’ordre moteur et
que cela puisse aussi se décomposer en séquences motrices élémentaires.
2.7.2 Vis-à-vis des thérapeutes
Le thérapeute devra avoir suivi la formation à la méthode CO-OP par un formateur
agrée. Il y a besoin d’être réceptif et d’adhérer aux différentes théories employées. Le
but est de toujours viser l’autonomie de la personne, en la laissant faire et en la laissant
découvrir par elle-même. Pour cela, on constate que cette méthode est tout à fait en
accord avec les principes de l’ergothérapie.
En travaillant auprès d’enfants c’est important de savoir créer une relation de
confiance sans quoi le travail de collaboration est voué à l’échec. Egalement il faut
pouvoir canaliser les comportements de l’enfant pour mettre en place un environnement
propice aux apprentissages.
En effet, cet apprentissage a d’ailleurs davantage de chance d’être stimulant et
d’obtenir l’adhésion du jeune si le thérapeute apporte un aspect ludique. La notion de jeu
est importante et d’autant plus chez les enfants ; Cela favorise la participation, la
motivation et donc apporte plus de chances d’être dans la réussite3.
3.
Les arts du cirque : les pyramides humaines
3.1
L’univers du cirque
3.1.1 Historique
« Depuis le XVIIIe s., le mot cirque désigne une forme de spectacle composé
d'exercices d'adresse et de force, de numéros de clowns, d'équitation et de dressage
d'animaux, donné exclusivement dans une enceinte circulaire, stable ou amovible. »
(larousse.fr)
3
Cf 4.3.1 Modèle ludique
14
Nos représentations du cirque moderne sont diverses et variées. Cependant les
origines du cirque remontent à l’antiquité. On parlait des jeux du cirque réunissant des
gladiateurs, des jongleurs, des dompteurs d’animaux, etc., dans les amphithéâtres. Puis
à l’époque médiévale, ce sont les « saltimbanques » qui perpétuent les spectacles faits
d’acrobatie ou de jonglerie, ils se produisent dans la rue principalement. Il a fallu
attendre le 18ème siècle pour que les « artistes » se regroupent en troupes et s’associent
notamment à des numéros équestres. Ainsi les pistes de cirque sont rondes et mesurent
13m de diamètre expressément pour les chevaux. Le cirque moderne a donc commencé
à prendre forme. Les disciplines se sont diversifiées et les codes du cirque traditionnel
sont apparus. Les arts du cirque connurent un réel essor à cette époque.
Aujourd’hui il a évolué avec la société, on peut distinguer le cirque traditionnel du
cirque contemporain où on retrouve rarement d’animaux, les codes du cirque traditionnel
ne sont pas toujours respectés (la piste ronde, le rideau, l’enchainement des numéros
par monsieur loyal…) et où on fait une place importante à la scénarisation. Il y a une
grande liberté dans les espaces, les objets et les techniques utilisées.
Les gens du cirque sont essentiellement des voyageurs. Ils rencontrent toutes les
populations, et sont même reconnus pour accueillir les personnes dites en marge de la
société. On y vient pour se réfugier lorsqu’on ne fait pas partie de la « normalité ». Il y a
un fort sentiment d’appartenance à une communauté. La notion de groupe et d’entraide
y est importante. Des valeurs fortes y sont rattachées comme le dépassement de soi, la
persévérance, la patience et le sens de l’esthétisme. Mais en tant que spectateur c’est
aussi un divertissement, un moment d’évasion et d’amusement.
3.1.2 Le spectacle
Le cirque fait appel au spectacle. C’est l’une des premières formes d’art. On y
retrouve l’art scénique, la danse et la prouesse physique. Cela demande de la créativité :
de la création des différentes figures du numéro, à la mise en piste, aux costumes et
jusqu’à la musique… Il est souvent empreint de poésie, c’est un lieu imaginaire où tout
est possible et il fait place aux prouesses du corps. Le spectacle est très important car il
symbolise l’aboutissement des efforts, c’est une finalité au travail et cela est très
valorisant.
Lors de la mise en place d’une activité cirque, cela ne représente pas du tout la
même chose de demander de s’entrainer pour soi ou pour construire un numéro à
présenter. Cela demande plus de courage d’oser se montrer, se soumettre au regard des
autres. Il faut aussi être prêt à gérer les situations d’échec si elles arrivent devant un
public. Mais cela représente un défi supplémentaire et peut être très stimulant. C’est une
des plus fortes sources de valorisation. S’il s’agit d’une présentation faite en groupe cela
aura pour effet de renforcer les liens entre les personnes car c’est une forte expérience
qui est vécu ensemble.
15
3.1.3 Les disciplines
Les arts du cirque comportent de nombreuses disciplines qui peuvent être
réparties en 5 catégories : (Pilote&Tétreault, 2004)
-
Les techniques aériennes (trapèze, corde lisse…)
-
Les techniques d’équilibre (fil de fer, rouleau américain…)
-
Les techniques acrobatiques (main à main, trampoline…)
-
Les techniques de manipulation (jonglerie, diabolo…)
-
Les techniques d’acteurs de cirque (clowns…)
A chaque discipline peuvent être associé des valeurs, (Pilote&Tétreault, 2004), par
exemple le trapèze peut faire appel à l’abandon de soi, à la confiance, au détachement
mais aussi au jeu comme sur une balançoire. Chacune fait travailler des choses
différentes sur le plan moteur, cognitif mais aussi en termes de créativité. Notamment
les disciplines peuvent être choisies en fonction qu’elles se fassent au sol ou en aérien et
aussi du fait que certaines se pratiquent seul ou en groupe.
3.1.4 Une large portée
Outre le spectacle réalisé par des professionnels formés en famille ou par des
écoles nationales, les arts du cirque se sont « vulgarisés » à tout le monde ; Beaucoup
d’écoles de cirque se sont ouvertes pour accueillir les enfants et les adultes pour en faire
une pratique de loisirs.
De plus, cela est de plus en plus utilisé dans les écoles, dans les cours d’EPS, mais
aussi comme support à des projets pédagogiques ou éducatifs.
Dans le monde entier on a vu se créer des projets utilisant les arts du cirque
comme un médiateur entre les personnes. Il y a eu émergence du « cirque social » :
c’est « un mode d’action social utilisant les arts du cirque comme outils d’intervention »
(Rohrer, 2011). Par exemple, Cirque du monde a été créé par le Cirque du Soleil, un
cirque canadien de renommé internationale. Il s’agit d’un programme visant à aider les
jeunes en difficulté, qui sont dans la marginalité et leur permettre de se réintégrer à la
société à l’aide des arts du cirque et de leurs valeurs.
J’ai moi-même réalisé un projet de solidarité avec des enfants défavorisés du
Brésil qui bénéficiaient de cours de cirque dans un centre d’accueil à condition qu’ils
continuent à aller à l’école. Nous avons créé un spectacle à distance puis nous leur avons
permis de venir en France pour se représenter et nous sommes tous partis au Brésil
ensuite. Ce fut une forte expérience humaine qui a été porteuse de valeurs comme la
solidarité, l’entraide et la persévérance. Cela a été source également d’échanges
interculturels et support de socialisation mais aussi moteur pour sortir de la précarité,
accéder à la scolarité et à la formation plutôt qu’aux pièges de la rue.
16
Le secteur médico-social a aussi vu de nombreux projets faits autour du cirque.
Comme dans des IME, des centres de pédopsychiatrie, des centres pour jeunes difficiles
mais aussi des centres de rééducation. J’ai moi-même était présente lors d’une session
de cirque dans un centre de rééducation accueillant des enfants avec des troubles des
apprentissages et des troubles moteurs.
De plus, de nombreuses troupes et écoles de cirque se sont engagées à ouvrir leur
porte aux enfants en situation de handicap. La création du programme Handicirque à
l’école de cirque de Bruxelles a pour but de rendre accessibles les arts du cirque aux
personnes ayant une déficience qu’elle soit physique, intellectuelle ou sensorielle. En
France, il existe l’Association française du Cirque Adapté (AFCA). La diversité des
techniques et du matériel permet à tout le monde de pouvoir participer et trouver sa
place au sein du cirque. Il y a beaucoup de possibilités pour développer les habiletés
motrices, cognitives et sociales ainsi que la créativité des personnes.
3.2
Les pyramides humaines
3.2.1 Description
Les pyramides humaines sont une discipline de groupe qui correspond à un
enchaînement de poses collectives. Elles peuvent être faites à deux personnes seulement
et on parle alors de « mains à mains ». Les plus grands groupes peuvent être composés
de sept ou huit personnes. Cela peut comprendre des figures statiques ou dynamiques
qu’on appelle portés acrobatiques. Au sein de la pyramide, il y a une répartition du rôle
de chacun en fonction de ses capacités physiques, du poids et de la taille. La personne
qui porte, qui peut propulser une autre personne est mise en position de « porteur ». Le
« voltigeur » sera celui qui est porté, il faut plutôt être léger et agile. (Lefebvre, 2002)
Cette discipline est souvent comparée à l’acrosport qui est une discipline
semblable mais qui s’inscrit davantage dans la culture gymnastique. Il n’y a pas
forcément de musique associé et pas de costumes. La gymnastique est plus basée sur la
perfection des gestes et la rigueur. Ces détails peuvent supprimer l’aspect récréatif et
17
ludique mais aussi faire moins appel à la créativité et au sens artistique du contexte
circassien.
3.2.2 L’analyse de l’activité

Prérequis humains
Pour encadrer cette activité, il y a besoin d’adultes maîtrisant les techniques de
positionnement des personnes et des principes de sécurité à adopter, mais aussi d’une
connaissance des arts du cirque, des valeurs associés et d’un regard artistique sur la
création. Cela peut se faire par une personne tout simplement initiée aux arts du cirque.
De manière générale, les participants devront quant à eux avoir une motricité
suffisante dans les membres inférieurs comme dans les membre supérieurs pour pouvoir
porter au moins les membres des autres participants et assez de force pour maintenir les
poses au moins trois secondes.
De même, pour complexifier les différentes poses, il est nécessaire de ne pas
avoir de troubles sensoriels ou sensitifs majeurs qui empêcheraient de placer son corps
ou de soutenir un autre participant correctement et aussi de contrôler la force à adopter.
Bien entendu cela n’est pas conseillé aux personnes présentant d’importants
troubles orthopédiques rendant la pratique du sport contre-indiquée.

Prérequis temporels et matériels
Les conditions matérielles nécessaires à cette activité sont d’avoir une pièce assez
spacieuse pour accueillir tout le monde, au calme et des tapis au sol pour la sécurité. Il
est conseillé d’avoir des vêtements ajustés et confortables pour avoir le maximum
d’amplitude dans les gestes et ne pas gêner les prises entre les personnes.
L’activité peut se pratiquer sur au moins une demi-journée pour créer un
enchainement de pyramides humaines mais cela peut aussi rentrer dans un travail d’une
année à raison d’une fois par semaine par exemple. En fonction du nombre de personnes
impliquées et de la complexité des figures cela est très variable.

Ressources mobilisées
Cette activité met en jeu de nombreuses compétences motrices, cognitives et
aussi sociales.
L’activité de par sa composante physique, sollicite au niveau sensori-moteur:
-
de l’équilibre
-
de la force
-
de l’agilité
-
de la souplesse
-
de la coordination motrice
18
-
le schéma corporel : le positionnement de son corps dans l’espace et par rapport
aux autres
-
le tonus musculaire
Dans son élaboration comme dans la pratique des pyramides humaines, cela
demande d’un point de vue du fonctionnement exécutif:
-
de l’attention soutenue, de la concentration
-
de la planification, de l’organisation
-
des capacités mnésiques (rappel de l’enchainement des figures et de sa position)
-
la gestion de ses émotions (peur de la chute, échec, réussite…)
Egalement parce qu’il s’agit d’une activité de groupe et de par sa nature même
cela stimule:
-
l’entraide mutuelle et le respect des autres
-
la collaboration et la coopération entre les personnes du groupe
-
le sentiment d’appartenance à un groupe
-
le dépassement de soi, le défi
-
l’estime de soi
-
la confiance dans les autres
-
le développement de la créativité
-
l’expression des émotions et l’expression corporelle
-
de la patience
-
de la persévérance
-
le respect des règles comme les consignes de sécurité
3.2.3 Exemple de déroulement d’une session de pyramides humaines
Une ou deux séances peuvent suffire à comprendre toutes les techniques utilisées
dans cette activité et permettre déjà de concevoir différentes figures. Il faudra compter
avant toute chose un temps d’échauffement à chaque fois, pour éviter tout risque de
blessures (échauffer les articulations et les muscles). 30 min sont conseillés et cela peut
se faire sous forme de jeux. Ensuite 30 min d’entrainement est un temps raisonnable
pour ne pas être trop fatiguant physiquement et en terme de ressources attentionnelles.
La construction des figures peut se faire à l’aide de modèle ou être inventés par les
participants avec le temps. Plusieurs essais sont généralement nécessaires. Ensuite en
fonction des capacités et de la motivation de chacun, il faudra plusieurs séances pour
construire un enchainement qui puisse être reproductible par la suite. C’est une des
disciplines du cirque qui permet d’obtenir des résultats relativement rapidement par
rapport à d’autres activités comme le fil de fer ou le monocycle où il faudra des semaines
d’entrainement au minimum avant de pouvoir espérer réussir sans aide externe.
19
4.
L’ergothérapie
4.1
Définition
L’ergothérapie désigne la « thérapie par l’activité.» Elle « s’adresse à des
personnes atteintes de maladies ou de déficiences de nature somatique, psychique ou
intellectuelle, à des personnes qui présentent des incapacités ou à des personnes en
situation de handicap temporaire ou définitive. » (Moreau A. et al, 2008, p.130)
Elle a pour but de « permettre à ces personnes de maintenir ou développer leur
potentiel
d’indépendance
et
d’autonomie
personnelle,
sociale,
scolaire
ou
professionnelle. » (Moreau A. et al, 2008, p.130)
L’ergothérapeute vise à « réduire ou supprimer les situations de handicap compte
tenu des habitudes de vie, de l’environnement de la personne.» (Moreau A. et al, 2008,
p.130) La situation de handicap étant définie comme « la réduction de la réalisation des
habitude de vie, résultant » « de l’interaction des facteurs personnels avec les facteurs
environnementaux. » (Fougeyrollas et al, 1998)
Il évalue les besoins et les capacités des personnes pour les aider à se réaliser
dans chacune de leurs activités quotidiennes, cela comprend notamment le travail, l’école
et les loisirs comme les activités physiques.
Dans le décret n°86-1195 du 21 novembre 1986, les actes professionnels que
peuvent accomplir les ergothérapeutes sont entre autres :
-
Le développement des facultés d’adaptation ou de compensation
-
Le maintien des capacités fonctionnelles et relationnelles et la prévention des
aggravations
-
La revalorisation et la restauration des capacités de relation et de création
-
Le maintien ou reprise de l’identité personnelle et du rôle social
L’ergothérapeute a donc son rôle dans la construction de l’identité de la personne,
dans le développement et le maintien des capacités motrices, cognitives, sensorielles,
psychique mais aussi relationnelles et dans l’intégration de la personne dans la société. Il
vise l’indépendance et l’autonomie maximale de la personne mais aussi sa qualité de vie
et son bien-être en regard de ses capacités et de son environnement.
4.2
L’activité
« L’activité est l’outil de l’Ergothérapeute » (Pelbois-Pibarot, 1982, p28)
L’activité est en effet le médiateur privilégié de l’ergothérapeute. Elle est
considérée comme un besoin fondamental de l’homme. Pour Ann Wilcock4 (cité dans
4
Ergothérapeute australienne
20
Morel, 2011, p22) l’engagement dans l’activité est nécessaire pour « maintenir et
promouvoir la santé ».
L’ergothérapeute peut utiliser « des activités d’artisanat, de jeu, d’expression, de
la vie quotidienne, de loisirs ou de travail » (décret n°86-1195 du 21 novembre 1986)
comme support à la rééducation, à la réadaptation et à l’insertion. Pour proposer des
activités pertinentes dans un but thérapeutique il est nécessaire d’analyser celles-ci et
d’identifier leurs potentiels thérapeutiques pour une personne donnée dans un contexte
donné.
4.2.1 Activité significative et signifiante
En anglais, on utilise le terme « occupation » définit par ENOTHE5
comme «un
groupe d’activités, culturellement dénommées, qui ont une valeur socio-culturelle et un
sens personnel. Elles sont le support de la participation à la société. Elles comprennent
les soins personnels, le travail et les loisirs.» (Morel, 2006) Mais en français ce terme n’a
pas le même sens, il représente des activités qui n’ont ni sens ni intérêt thérapeutique
donc il a été choisi de remplacer occupation par « activités significatives et signifiantes ».
On différencie donc deux catégories d’activité :
-
L’activité est signifiante si elle a un sens pour la personne, qu’elle correspond à
ses préférences personnelles en lien avec son histoire.
-
L’activité est significative si elle est considérée comme ayant un sens au sein de la
société. (Morel, 2006)
Ce type d’activités est ce qui est considéré par les ergothérapeutes comme
permettant à la personne de vraiment s’engager dans la thérapie, de retrouver ou
conserver le plus efficacement ses capacités et d’augmenter la qualité de vie de la
personne. (Morel, 2006)
4.2.2 Potentiel thérapeutique
La qualité de vie de la personne peut donc être améliorée en fonction des activités
qui sont proposées et de leurs contextes. Pour améliorer la qualité thérapeutique d’une
activité, Csikszentmihalyi6 a développé la théorie du Flow. Le « Flow » désigne
l’expérience optimale. Cela correspond à un état d’engagement maximal dans une
activité qui nous plait, qui représente un défi mais pour lequel nous sommes en réussite.
« La réussite de l’activité nous procure alors un sentiment de bien-être et de
revalorisation : c’est l’expérience optimale. » (Morel, 2011)
En ergothérapie, on peut donc considérer qu’il s’agit d’une expérience à laquelle il
faut tendre pour améliorer l’engagement de la personne dans sa thérapie et que cela lui
procure une réelle satisfaction malgré tous les efforts qui peuvent lui être demandés.
5
6
European Network of Occupational Therapy in Higher Education
Psychologue hongrois
21
De plus, pour optimiser la qualité et donc l’efficacité de la prise en charge il faut
veiller à développer le potentiel thérapeutique des activités proposées.
« Pour D. Pierce, ergothérapeute américaine, la spécificité de l’ergothérapie réside
dans sa capacité à développer le potentiel thérapeutique de l’activité pour une personne
donnée dans un contexte environnemental particulier. » (Morel, 2011, p25)
Selon D. Pierce, le développement du potentiel thérapeutique d’une activité
dépend de trois éléments qui sont : (Annexe n°2)
Les

Les dimensions subjectives

Les dimensions contextuelles

Les éléments du processus de mise en place de l’activité
dimensions
subjectives
représentent
la
productivité,
le
plaisir
et
le
ressourcement et correspondent donc à l’attrait particulier d’une personne pour une
activité. En effet, une activité aura un potentiel thérapeutique d’autant plus élevé si elle
demande de produire quelque chose. Le fait d’attendre un résultat apporte un sentiment
d’utilité. Aussi si l’activité provoque beaucoup de plaisir, la personne aura envie de s’y
engager et de recommencer comme pour les jeux ou les loisirs. Le ressourcement
correspond au fait de « restaurer son énergie » pour continuer à surmonter les difficultés
dans la vie, par exemple faire du sport ou être avec des amis.
Les dimensions contextuelles comprennent les dimensions spatiales, temporelles
et socioculturelles et ainsi correspondent à la réalité écologique de l’activité. Une activité
s’inscrit généralement dans un contexte spatio-temporel et se réfère à des habitudes de
vie en lien avec la culture et l’éducation de la personne. Il sera donc important de recréer
la situation selon les mêmes critères pour être au plus proche de la situation de vie
habituelle et de l’environnement. Cette cohérence pourra augmenter le potentiel
thérapeutique de l’activité.
Enfin le processus de mise en place de l’activité dépend des compétences de
l’ergothérapeute, de la collaboration avec la personne dans l’identification des objectifs
thérapeutique et l’ajustement de l’intervention aux objectifs. L’ergothérapeute devra en
effet savoir analyser la situation et mettre en œuvre ses connaissances de manière
correcte mais aussi créer une relation de confiance avec la personne et l’inclure dans
l’élaboration du plan de traitement pour répondre à ses besoins et ses envies. Il faudra
adapter la situation au fur et à mesure du déroulement des séances pour toujours être
en accord avec les objectifs établis.
L’ergothérapeute en agissant sur tous ces facteurs lorsqu’il propose des activités
signifiantes et significatives, permettra de développer leur potentiel thérapeutique et
permettront à la personne de développer ses capacités, de dépasser ses situations de
handicap et donc d’améliorer sa qualité de vie.
22
4.3
Ergothérapie en pédiatrie
4.3.1 Modèle ludique
Le jeu est l’activité significative de l’enfant, il s’agit de son domaine d’activités
propre. (Ferland, 2010)
Le modèle ludique définit « l’attitude ludique […] comme l’essence du jeu, le
moteur qui entrainera l’enfant vers le plaisir d’action, en dépit de ses limitations. »
(Ferland, 2010, p115)
Cela représente une composante essentielle à prendre en compte lors de la prise
en charge d’enfants en ergothérapie. Les objectifs de ce modèle sont de développer le
plaisir d’agir, l’autonomie et bien-être de l’enfant. Le jeu suppose une diminution de la
peur de l’échec car il n’y a pas de graves conséquences. (Ferland, 2010) Notamment il
s’agit d’une approche centrée sur l’enfant comme dans l’approche CO-OP7 pour le rendre
acteur de la thérapie. L’ergothérapeute, en utilisant le modèle ludique, « vise l’agir de
l’enfant au quotidien » et l’amène « à être actif dans son quotidien et à en retirer du
plaisir et de la satisfaction. » (Ferland, 2010, p122)
Une activité ludique peut permettre à l’enfant de prendre du plaisir même s’il
s’agit d’une activité de rééducation et donc de s’y investir et de recommencer aussi. Cela
peut lui donner envie d’expérimenter, d’être acteur et l’attitude ludique du thérapeute
permet d’appréhender les difficultés d’une autre façon, moins négativement et entraine
également l’attitude ludique de l’enfant.
On peut penser qu’une activité du cirque est pleinement ludique et peut s’inscrire
dans ce modèle.
Elle peut
entrainer
une
certaine motivation
chez
l’enfant
et
concrètement un plaisir d’agir et peut-être un engagement dans l’activité de manière
générale.
4.3.2 Intérêt d’une activité physique chez l’enfant
On a vu que le jeu faisait partie des activités principales de l’enfant, cependant il
est souvent associé à des actions motrices et plus précisément des jeux de manipulations
par exemple ou seulement courir, grimper, jeux de balles libres.
« Selon l’OMS, l’activité physique désigne « tout mouvement corporel produit par
les muscles squelettiques entraînant une dépense énergétique supérieure à celle du
repos ». « Le sport serait ainsi la forme la plus sophistiquée de l’activité physique. »
(CORRION, 2013)
7
Cf p.13
23
Or ce sont par les expériences motrices de jeu et de manipulation que l’enfant
développe ses habiletés motrices et sensorielles de base. Mais également cela sollicite la
conscience du corps et son estime de soi.
C’est en s’impliquant et en prenant part aux jeux de groupe que l’enfant forge ses
relations sociales avec les autres, dans la cour de récréation par exemple. L’activité
physique tient une place plutôt importante dans le quotidien des jeunes enfants.
Outre les capacités physiques, le sport offre de nombreuses expériences et
impliquent d’autres facettes. Il s’agit d’un facteur de santé car l’activité physique permet
le maintien d’une bonne condition physique et prévient de maladies cardio-vasculaires,
du diabète, du surpoids, etc. L’activité physique et la santé font partie des campagnes
prioritaires de prévention de la santé pour les jeunes. Une pratique régulière veille à
prévenir une mauvaise condition physique.
Aussi cela participe au bien-être et à une meilleure qualité de vie en générale. Il y
a des bénéfices psychologiques. « En effet, la pratique régulière d’un sport améliore le
bien-être physique et émotionnel ainsi que la qualité de vie et la perception de soi. »
(Karine CORRION, 2013)
Les situations de handicap qui empêchent les enfants de se réaliser dans ces
activités comme les enfants ayant un TAC, cela peut donc entrainer une certaine fragilité
émotionnelle et des difficultés relationnelles. « Renoncer aux activités peut finir par avoir
un impact sur leur santé physique et mentale. » (Missiuna, 2004)
4.4
Prise en charge en ergothérapie du TAC
La prise en charge en ergothérapie des enfants ayant un Trouble de l’Acquisition
de la Coordination comprend plusieurs facettes. Au vu de la diversité des classifications
du trouble, les pratiques différent en fonction des lieux de soins et de l’approche du
trouble par les ergothérapeutes. Il n’y a pas de prise en charge « type » de la pathologie,
chaque enfant est différent et son accompagnement par la même occasion.
4.4.1 Contribution à l’évaluation diagnostique pluridisciplinaire du trouble
L’ergothérapeute peut être amené à participer à l’évaluation des troubles de
l’enfant dans le but d’établir le diagnostic de TAC ou de dyspraxie développementale.
Il s’agit généralement d’un bilan pluridisciplinaire auquel peut contribuer entre
autres le neuropsychologue, l’orthophoniste et/ou le psychomotricien. Cela permet au
médecin de poser un diagnostic en confrontant tous les points de vue et en ayant une
vision la plus complète et juste possible des troubles.
24
Pour l’ergothérapeute il s’agit de renseigner sur les critères diagnostiques A et B8
établis par le DSM IV. Cela comprend une évaluation des coordinations motrices (critère
A) notamment par l’évaluation de la motricité fine et globale. Mais aussi l’évaluation des
répercussions des troubles sur les activités de la vie quotidienne, au niveau scolaire, des
soins personnels et des loisirs. (Critère B)
L’ergothérapeute en constatant d’un impact « significatif et persistant »des
troubles de la coordination sur les habitudes de vie de l’enfant conclue en faveur du
diagnostic d’un Trouble de l’Acquisition de la Coordination mais c’est au médecin en
rassemblant tous les avis des professionnels et en cherchant la présence des quatre
critères diagnostiques du TAC, de poser ou non le diagnostic.
4.4.2 La rééducation
Une fois le diagnostic établi, l’enfant peut être pris en charge en ergothérapie pour
suivre des séances individuelles ou de groupe.
Selon G. Lefévère (2006), en France, la rééducation gestuelle est pratiquée, mais
il est tout de même possible de proposer des séances de rééducation tant que l’enfant
est en développement et peut voir s’améliorer certaines habiletés. Cela peut être à
travers des activités manuelles pour stimuler la motricité fine ou des activités de
motricité globale. Ces activités s’orientent souvent vers une approche de type bottom-up
axé sur l’aspect sensori-moteur. (Kaiser et al, 2007)
La verbalisation et la séquentialisation apparaissent comme des facteurs facilitants
pour aider les enfants dits dyspraxiques. (Lefévère, 2006)En effet, les fonctions verbales
sont généralement bien développées et sont donc un appui majeur pour ses enfants, de
même le fait de décomposer les actions facilitent leurs réalisations.
Une étude faite en suisse par Kaiser et coll. (2007) sur l’efficacité des différentes
approches en ergothérapie ont mis en évidence que les séances de rééducation
proposées aux enfants ayant un TAC sont souvent en lien avec l’approche bottom-up (et
sûrement l’utilisation de l’intégration sensorielle) mais celles-ci montrent des résultats
positifs mitigés. Au contraire les activités proposées selon une approche top-down ont
montrées « une meilleure efficacité et une plus grande satisfaction de la part des parents
et des usagers. »
Cela a mis en évidence l’intérêt d’essayer de nouvelles approches comme celle de
CO-OP pour être au plus près des besoins et attentes de l’enfant au quotidien , en accord
avec les situations dites problématiques par les parents.
Les ergothérapeutes ont tout de même noté que bien que cela représente un
grand intérêt de travailler sur les activités qui posent concrètement problème chez
8
Cf p.8
25
l’enfant et que cela améliore directement sa participation sociale, il serait aussi bénéfique
d’offrir des occasions de jeux qui lui permettent d’être en situation de réussite et donc
d’avoir une satisfaction immédiate.
Il serait intéressant alors de proposer d’autres activités le mettant en situation de
réussite et l’initiant à la méthode CO-OP pour ensuite transférer ses stratégies vers des
activités problématiques du quotidien.
4.4.3 La réadaptation
L’ergothérapeute agit aussi sur le versant réadaptatif, en proposant des moyens
de compensation pour améliorer les performances de l’enfant dans son quotidien. Cela
peut passer par la mise en place de l’outil informatique s’il y a besoin, avec des logiciels
informatiques adaptés, mais aussi des adaptations au quotidien par exemple sur le
matériel scolaire ou les vêtements.
Il intervient également dans la formation et l’information de l’entourage de
l’enfant pour une meilleure compréhension et prise en compte des troubles dans son
environnement.
L’ergothérapeute intervient auprès de l’enfant en difficulté pour lui permettre de
trouver les ressources nécessaires pour se confronter à la vie de tous les jours. Il s’agit
de l’aider à construire son identité et de l’emmener vers l’indépendance et l’autonomie,
en prévenant l’apparition de troubles émotionnels et comportementales dans sa vie
adolescente et adulte.
5.
Conclusion de la partie théorique
Il est donc possible de retenir de l’approfondissement de ces connaissances qu’en
effet les enfants ayant un Trouble de l’Acquisition de la Coordination sont en situation de
handicap de nombreuses activités du quotidien. Les échecs répétés les entrainent à avoir
une faible estime d’eux-mêmes et peuvent entrainer un retrait des activités ayant une
composante physique. Cela peut avoir un impact sur la suite du développement de leurs
habiletés motrices, sur leur condition physique et leur qualité de vie. Mais aussi cela
majore le risque d’isolement de ses pairs, ce qui freine le développement des habiletés
sociales et on peut voir apparaitre de troubles émotionnels.
L’approche thérapeutique Cognitive Orientation to daily Occupational performance
(CO-OP) permet un accompagnement centré sur l’enfant et où on utilise la motivation
interne et les capacités cognitives et verbales de l’enfant ayant un TAC, pour lui
permettre d’être acteur de sa thérapie et de trouver ses propres solutions à ses
difficultés. Cette approche permet de limiter les situations d’échec et de valoriser
l’enfant.
26
Il a été mis en évidence l’intérêt d’une activité aussi ludique que les arts du cirque
pour ses enfants, désabusés des activités physiques. Le choix des pyramides humaines
permet de mettre en jeu des compétences motrices et sociales, stimulant la confiance en
soi et dans les autres et elle peut permettre à l’enfant de connaître une expérience
positive et valorisante de l’activité physique.
L’ergothérapeute utilise l’activité pour atteindre des objectifs thérapeutiques. Il est
capable d’évaluer et d’adapter l’activité en fonction des capacités de l’enfant et lui permet
d’acquérir des stratégies efficaces pour être indépendant dans sa vie, notamment cela
est facilité par l’utilisation de l’approche CO-OP. L’ergothérapeute permet à l’enfant ayant
un TAC de développer ses habiletés motrices mais aussi de compenser ses difficultés
pour réaliser l’ensemble de ses habitudes de vie. En permettant à l’enfant de pouvoir
faire une activité physique, de transférer ses acquisitions au quotidien et en le valorisant,
il peut inciter l’enfant à surmonter ses difficultés dans d’autres activités physiques et
ainsi permettre à l’enfant d’augmenter sa participation sociale en réalisant toutes les
activités qui lui tiennent à cœur.
Ma question de recherche est :
En quoi l’ergothérapeute en proposant des pyramides humaines à l’aide de
l’approche CO-OP peut-il favoriser la participation sociale des enfants ayant un TAC ?
Suite à mes recherches, je peux donc formuler l’hypothèse suivante :

L’ergothérapeute, en plaçant l’enfant ayant un TAC en situation de réussite
dans une activité physique ludique et collective, permet d’améliorer son estime
de soi et l’encourage à participer à d’autres activités physiques de groupe.
Pour confronter la théorie à la pratique, un recueil de données a été réalisé pour
recueillir des informations sur la réalité de la pratique professionnelle. L’analyse de ces
informations permettra peut-être de valider ou non mon hypothèse.
27
Partie méthodologique
1. Choix de la méthode de recherche
1.1
Choix de la méthode de recueil de données
Pour construire ma démarche de recherche, j’ai choisi d’utiliser des entretiens
semi-directifs. Cet outil permet de recueillir des informations d’ordre qualitatives. Cela
permet de laisser les personnes libres de leurs réponses, elles sont spontanées et laisse
la place à de nombreuses possibilités qu’il est intéressant d’analyser par la suite. Lors de
l’entretien cela permet notamment d’ouvrir davantage au dialogue, de pouvoir rebondir
sur des détails de réponses pour approfondir la sujet.
Pour autant la mise en place d’un guide d’entretien (Annexe n°3) m’a permis de
rester concentrer sur les notions que je voulais aborder et de ne pas trop s’éparpiller,
notamment dans un souci de facilité d’analyse ensuite.
A l’inverse pour le questionnaire, il y a besoin d’un nombre important de réponses
pour obtenir des résultats significatifs, or le thème de mon sujet est peu commun et
précis, je ne pense pas que j’aurai pu avoir un nombre de réponses suffisantes.
1.2
Choix de la population
La population cible de mon enquête est celle des ergothérapeutes uniquement.
Cela m’a paru évident car le questionnement de ce travail porte sur le positionnement de
l’ergothérapeute par rapport à une activité et une population précise. Le lien entre une
personne, son environnement et une activité est spécifique à l’ergothérapeute, ce qui je
pense me permet d’être le plus pertinent possible pour répondre à mon sujet.
J’ai également choisi comme critère de sélection des ergothérapeutes ayant déjà
expérimenté les arts du cirque auprès d’enfants diagnostiqués dyspraxiques. Je pense
qu’il faut avoir été sensibilisé à cette pratique pour réussir à donner son avis et pour
partager son expérience sur le sujet. Je n’ai pas restreint mes recherches à un type de
structures en particulier.
L’expérience de l’approche CO-OP aurait été souhaité mais pas obligatoire car je
ne pense pas que j’aurai pu réunir tous les critères de mon sujet, du moins concernant
les ergothérapeutes exerçant en France.
Je n’ai également pas fixé de nombres d’entretiens à obtenir car je pense que
c’est la qualité de l’entretien qui est le plus important et non pas le nombre.
28
Finalement j’ai obtenu deux entretiens avec des ergothérapeutes femmes. Pour
conserver l’anonymat de celles-ci nous les nommerons ergothérapeute 1 et 2.
1.3
Choix de la méthode d’analyse des entretiens
Les entretiens se sont déroulés en face à face, pour recueillir la communication
verbale et non verbale et avoir un dialogue plus libre et spontané qu’au téléphone. J’ai eu
l’accord de les enregistrer et j’ai pu les retranscrire ensuite pour les analyser, afin de ne
rien oublier des réponses et être le plus fidèle possible en conservant les mots employés.
2. Résultats et analyse du recueil de données
Dans un premier temps, l’essentiel des réponses obtenues, à chaque question
pour chaque ergothérapeute, sera présenté dans un tableau. Ensuite j’analyserai ces
résultats, à l’exception de la première question qui est une présentation de chaque
ergothérapeute. Cela me permettra de les confronter à la théorie et à mes hypothèses
sur le sujet. Toutes les citations des tableaux sont extraites des retranscriptions des
entretiens en annexes (Annexes n° 4 et 5) à consulter pour avoir une vision complète de
l’échange.
 Question 1 : Présentation de l’ergothérapeute et de l’expérience professionnelle
Ergothérapeute 1
Ergothérapeute 2
 diplômée depuis 2003
 diplômée depuis 2010
 8 ans d’expérience professionnelle auprès des
 « 2 ans et quelques mois » auprès des enfants
enfants.
qui présentent des troubles des apprentissages.
 A suivi des enfants « dyspraxiques » dans un
 au sein d’un centre de rééducation dans un
« centre de référence » à l’hôpital puis dans un
service pédiatrique et un SESSAD.
SESSAD9 mais davantage auprès d’enfants
« cérébro-lesés »
 Question 2 : Difficultés de l’enfant au quotidien
Ergothérapeute 1
 Pour les acquisitions en « lien avec les

« sur le plan de l’habillage, tout ce qui nécessite
coordinations bi-manuelles», comme « s’habiller,
des coordinations par exemple faire le vélo, faire
mettre des chaussures », répercussions « en
les lacets […] couper ses aliments dans son
terme d’autonomie.»
assiette »
 « Tout petits déjà » des « difficultés dans les
9
Ergothérapeute 2

« au niveau des apprentissages », « dysgraphie
manipulations, dans les constructions et aussi
importante », dans « l’utilisation des outils
parfois dans le graphisme »
géométriques »
Services d’Education Spéciale et de Soins à Domicile
29
 Les acquisitions vont « prendre beaucoup plus de
temps »
 « aversion vers les manipulations », et vont se
tourner « plus sur les bouquins, la musique... »
 Plus attirés par des « tâches un peu verbales »
 « C’est vraiment plus tard » qu’ « on va voir » que
« c’est un vrai trouble invalidant »
A travers cette question, il a été possible de faire ressortir les difficultés de
l’enfant au quotidien. Pour les deux ergothérapeutes, ce qui ressort en premier, ce sont
les difficultés liés aux activités de vie quotidienne comme l’habillage. L’ergothérapeute 1
mentionne que les troubles apparaissent jeunes, «tout petit déjà ont sensiblement des
difficultés dans les manipulations, dans les constructions et aussi parfois dans le
graphisme» et que cela demande plus d’efforts pour ces enfants car «ça va prendre
beaucoup plus de temps».
Ensuite il apparait que les troubles ont des répercussions sur les performances
académiques comme l’écriture (ergothérapeute 1 et 2) et « l’utilisation des outils
géométriques » (Ergothérapeute 2)
De plus, cela affecte l’orientation des enfants sur certaines activités, il en ressort
une « aversion pour les manipulations » (ergothérapeute 1), il y a donc un rejet des
activités demandant des habiletés motrices. Au contraire ces enfants sont attirés vers
des domaines où ils peuvent se sentir à l’aise notamment au niveau du langage dans des
« tâches un peu verbales ».
L’ergothérapeute 1 précise que souvent c’est lorsque les exigences motrices
augmentent avec l’âge, notamment en termes d’écriture, «qu’émerge la demande de
bilans ». On peut imaginer qu’il y ait un certain temps avant que les enfants puissent
bénéficier d’un diagnostic, cela pourra être repris dans la discussion.
On pourra donc confirmer par ses propos que les difficultés rencontrés par ces
enfants sont multiples et interviennent dans toutes les sphères de sa vie : à la maison, à
l’école et dans les loisirs, comme nous l’avions repéré dans la littérature à ce sujet. Ces
enfants ont tendance à se détourner des activités sollicitant des habiletés gestuelles et
manifeste des compétences dans le domaine verbal.
 Question 3 : Conséquences secondaires des troubles
Ergothérapeute 1
 « sport collectif ou […] des activités qui vont
demander des coordinations […] une
Ergothérapeute 2

« au niveau de l’estime de soi », « ils n’arrivent
pas à être en réussite » « tout le temps en
30
synchronisation » « vont écarter toutes ses
échec », dans « une activité sportive à l’école »
tâches »
 « se diriger vers des choses un peu artistiques
[…], exprimer des choses autrement »
 « répercussions sur les choix d’orientation »
être les « derniers à se rhabiller »

« pas très sportifs »

« l’estime de soi qui est assez basse. »

« tout dépend du niveau de difficulté », si « très
 « dernier choisi quand on fait des équipes »
dyspraxique […] il risque de s’exclure de lui-
« peuvent être un peu mis à part » « ça va
dépendre en gros de ce qu’on va leur demander »
même »

 « compétences dans le domaine verbal, la lecture,
euh dans la découverte du monde »
 « généralement associée », si « côté exécutif »
« plus grand ils vont se retrouver en difficulté au
collège surtout ce qui est activité sportive »

« peut impacter sur leurs relations sociales mais
y a tout le reste »
« va être vraiment très invalidé » « il va pas
s’exprimer dans le sport » « un autre qui va en
avoir un petit peu », va « pouvoir se débrouiller »
 Si « aucun domaine » où « il va pouvoir être lui »
« pouvoir se sentir exclu », « en grandissant
pourra rebondir » et « aller vers d’autres activité »
 si « environnement hyper bienveillant » comme le
SESSAD « pas nécessairement en décalage et en
situation d’exclusion […] Même s’ils sont pas
bons » « déterminant par rapport à […] leurs
envies propres et leur environnement. »
La troisième question étant de faire ressortir non pas les situations de handicap
liées directement à son trouble, mais plutôt les répercussions qu’elles peuvent avoir sur
la qualité de vie, la participation sociale et le bien-être actuel et futur de l’enfant.
Pour l’ergothérapeute 1, il s’agit comme on l’a vu précédemment d’une sélection
des activités par l’enfant au profit de certaines qui ne demande pas d’habiletés motrices
ou d’exigence de précision et de rigueur, plutôt en ce qui concerne « des choses un peu
artistiques ». Et ce sont donc des enfants « pas très sportifs » (ergothérapeute 2),
s’engageant peu dans « des sports collectifs » (ergothérapeute 1).
Une des conséquences mis en avant par l’ergothérapeute 2 est la faible estime de
soi, dû à des situations d’échec répétées mais aussi à cause d’un certain décalage par
rapport aux groupes d’enfants du même âge, par exemple en étant « le dernier à se
rhabiller » ou en étant « pas forcément choisi dans les équipes » (ergothérapeute 2), ce
qui est aussi rapporté par l’ergothérapeute 1 : « c’est pas le copain qu’on va avoir envie
d’avoir dans son équipe ».
En interpellant sur cette notion de mise à l’écart de l’enfant, il ressort que cela
dépend de l’environnement dans lequel l’enfant est placé et que « tout dépend du niveau
de difficultés » (ergothérapeute 2). En effet, pour l’ergothérapeute 1, le risque
d’isolement est majoré seulement si l’enfant est en grande difficulté et ne peut pas du
tout s’exprimer dans les activités physiques et si c’est un domaine auquel il accorde de
31
l’importance. Il faudra alors que l’enfant puisse « rebondir et aller vers d’autres
activités » (ergothérapeute 1) en grandissant. L’ergothérapeute 2 évoque qu’au collège
le fait d’être en difficulté sur « tout ce qui est activité sportive etc. », cela « peut
impacter sur leurs relations sociales ». Cela soulève un questionnement sur le poids du
« handicap » en fonction de l’âge de l’enfant et notamment au moment de l’adolescence,
cela pourra être discuté ultérieurement. De même dans un « environnement hyper
bienveillant » (ergothérapeute 1) comme un SESSAD cela leur permet de s’épanouir
même avec leurs difficultés.
Pour les deux ergothérapeutes il faut considérer que le Trouble de l’Acquisition de
la Coordination est « généralement associé » (ergothérapeute 1) à d’autres troubles. Il
est mis en évidence la diversité des situations parce qu’ « il y a autant de tableaux »
(ergothérapeute 1).
Ensuite il s’avère que dans l’avenir ce trouble « va aussi même orienter leur
carrière
professionnelle »
(ergothérapeute
1)
car
les
professions
manuelles
ou
nécessitant une certaine technicité dans les gestes sont difficilement envisageables.
En conclusion, cela a révélé que les enfants ayant un TAC se détournent plus
facilement des activités sportives et physiques en général, ils sont plus susceptibles que
les autres enfants d’être mis de côté en raison de leurs difficultés. Mais le retrait des
activités physiques dépend du degré de sévérité du trouble et peut porter préjudice à
leurs relations sociales que s’ils ne trouvent pas d’autres domaines où s’épanouir avec les
autres enfants et que cela est source d’une réelle frustration. Il existe une certaine
difficulté à généraliser les répercussions du trouble car le tableau clinique peut être très
différent notamment en raison des troubles associés fréquents. Pour autant nous
retiendrons une répercussion négative sur la confiance en soi et aussi une diminution
dans le choix de l’orientation professionnelle. Nous pourrons noter enfin que les
ergothérapeutes
n’évoquent
pas
spontanément
de
troubles
comportementaux
et
émotionnels chez l’enfant.
 Question 4 : Prise en charge en ergothérapie des enfants ayant un TAC
Ergothérapeute 1
 « SESSAD c’est très orienté scolarisation et milieu
Ergothérapeute 2

ordinaire », « dans d’autres milieux, la prise en
charge serait différente »
apprentissages »

 « réadaptation et orienté sur la compétence
scolaire », « adaptations et les aménagements »
 « dépendre de la mission dans laquelle tu es et tu
« dans le cadre du SESSAD axé sur les
« dyspraxie est jamais isolée » « compensation
au niveau des apprentissages purs »

« pendant les vacances […] regroupements avec
des thèmes d’activités » « là on se retrouve plus
32
t’inscris »
à gérer de l’habillage, faire les lacets, les
 « relation avec les enseignants, euh les AVS »
coordinations bi-manuelles »
« expliquer le trouble, sa répercussion »
 « lien direct avec l’enfant », « pas que
l’environnement scolaire » « analyse de la
situation avec l’enfant »
 « stratégies pour qu’il compense, soit
l’ordinateur »
 « déterminé par rapport à l’enfant […] sa plainte »
La prise en charge proposée aux enfants ayant un Trouble de l’Acquisition de la
Coordination en ergothérapie, dans le contexte d’un SESSAD car il s’agit du lieu
d’exercice des ergothérapeutes interrogées, s’inscrit dans une démarche de réadaptation
et est « orienté sur la compétence scolaire » (ergothérapeute 1) et « sur les
apprentissages » (ergothérapeute 2). L’ergothérapeute propose « les adaptations et les
aménagements » (ergothérapeute 1) nécessaires (comme l’ordinateur), « en lien direct
avec l’enfant » pour lui permettre de compenser ses troubles et de poursuivre ses
apprentissages. Il a aussi le rôle d’expliquer les troubles et ses répercussions à son
entourage et notamment avec les enseignants et les AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire)
grâce à ce contexte privilégié. Il s’agit d’évaluer les situations où l’enfant est en difficulté
pour trouver avec lui des stratégies de compensation. Mais également lors de temps
d’activités plutôt de loisirs, l’ergothérapeute peut alors accompagner l’enfant sur des
activités différentes comme « l’habillage, faire les lacets, les coordinations bi-manuelles »
(ergothérapeute 2) et donc viser l’indépendance dans les activités de vie quotidienne
mais aussi sur des gestes très spécifiques à l’activité de loisirs.
Ainsi on retiendra que sur une structure comme le SESSAD, l’ergothérapeute
intervient essentiellement dans la réadaptation de l’enfant et en grande partie sur
l’environnement scolaire par la mise en place de moyens de compensation. Il a un rôle
d’information et de conseil auprès des personnes entourant l’enfant. Cependant sur des
activités ponctuelles et plus exceptionnelles, l’ergothérapeute accompagne l’enfant à
surmonter ses difficultés de coordination et à participer pleinement à l’activité.
 Question 5 : Prise en compte des répercussions secondaires en ergothérapie
Ergothérapeute 1
 « tellement invalidé par ses troubles gestuelles, il
Ergothérapeute 2

est dispensé », « incapacité à faire ses activités »
« on les accompagne sur les activités où eux ils
sont en échec », « leur proposer des situations
 « pour d’autres jeunes […] les enseignants
de réussite »
viennent nous voir » « dans la discussion et

« de la confiance en eux »
l’explication »

« l’accompagnement à réussir des activités où
33
 « pourquoi pas réfléchir à des adaptations en
d’habitude ils sont en échec »
dehors des standards »
Nous cherchons à savoir comment l’ergothérapeute prend en compte les
répercussions secondaires, vues précédemment, dans son intervention auprès de ces
enfants.
L’ergothérapeute peut intervenir dans ce domaine, par exemple lorsque l’enfant
est dans l’ « incapacité à faire ces activités [sportives] », «il [en] est dispensé »
(ergothérapeute 1) ce que l’ergothérapeute peut argumenter pour la scolarisation.
Autrement il pourra expliquer à la famille ou aux enseignants quelles activités il pourra
pratiquer plus facilement ou comment les compenser. L’ergothérapeute 1 émet l’idée de
peut-être « réfléchir à des adaptations en dehors des standards » sur du matériel de
sport.
De plus, l’ergothérapeute peut accompagner les enfants « à réussir des activités
où d’habitude ils sont en échec » (ergothérapeute 2). C’est en leur permettant d’être
finalement en réussite qu’il est possible d’augmenter leur estime d’eux même. Cela leur
permet de changer la représentation qu’ils ont d’eux même et de leurs capacités en se
disant « finalement j’y arrive, je peux le faire » (ergothérapeute 2).
En bref, l’ergothérapeute peut permettre à l’enfant d’être en réussite sur les
activités qui sont difficiles pour lui ou conseiller les adultes sur l’environnement dans
lequel peut être placé l’enfant pour lui éviter la situation d’échec. Cela a pour effet de
renforcer sa confiance en lui et de lui permettre d’accéder à des activités vers lequel il ne
serait peut-être pas allé.
 Question 6 : Représentation de l’activité cirque
Ergothérapeute 1
Ergothérapeute 2
 « activité […] psychomotrice »

« plusieurs aspects »
 « corporelle et à la fois artistique »

« jonglerie, un travail sur l’équilibre, ça peut être
 « un regard sur l’autre » « met en scène »
des portés » « c’est assez vaste »
 « un petit peu du sport sans l’être »
L’activité des arts du cirque regroupant beaucoup de pratiques différentes il était
intéressant de connaître les représentations de chacun pour être sûr de parler de la
même chose.
L’activité cirque est donc une activité qui a à la fois un « côté technique » et un
« côté artistique » (ergothérapeute 1), il y a une composante physique mais aussi une
34
mise en piste, un jeu d’expression où on a « un regard sur l’autre » (ergothérapeute 1).
C’est une discipline « assez vaste » (ergothérapeute 2) où on peut trouver de
nombreuses disciplines comme « la jonglerie, un travail sur l’équilibre, […] des portés …»
(ergothérapeute 2).
 Question 7 : Place possible des arts du cirque dans une prise en charge d’enfants
avec un TAC
Ergothérapeute 1
Ergothérapeute 2
 « volet artistique va pouvoir leur donner
confiance »

« un média entre l’enfant et l’ergothérapeute »

« l’habillage », « travail sur l’équilibre, les
 « pouvoir trouver quelque chose dans lequel ils
coordinations et puis la confiance en soi »
vont pouvoir s’en sortir »

 « après plus jouer sur le jeu artistique et le
« on les accompagne à être en réussite dans des
activités où d’habitude ils sont en échec »
langage » « dans l’échange et un peu l’aspect
théâtrale »
 « une petite porte pour aller vers l’expérience au
travers du corps » « moins à reculons »
 « aussi quelque chose de visuel, de beau »
Les arts du cirque peuvent être proposés aux enfants ayant un TAC car cela va
« pouvoir leur donner confiance » (ergothérapeute 1), ils pourront s’épanouir à travers le
côté artistique et s’exprimer autrement, notamment en étant dans « l’échange et un peu
l’aspect théâtrale » (ergothérapeute 1). Il est possible pour eux de « trouver quelque
chose dans lequel ils vont pouvoir s’en sortir » (ergothérapeute 1), c’est une manière de
dire, comme l’ergothérapeute 2, que l’enfant va pouvoir être mis en situation de réussite
grâce à l’accompagnement de l’ergothérapeute.
De plus, cette activité permet aussi de pouvoir atteindre d’autres objectifs comme
l’amélioration de certaines composantes motrices comme « l’équilibre, les coordinations »
(ergothérapeute 2) ou de certaines activités associés comme l’habillage.
Egalement comme toute activité, cela peut être envisagé comme un « média
entre l’enfant et l’ergothérapeute » (ergothérapeute 2), il s’agit d’un espace temporospatiale pour créer une relation de confiance permettant un meilleure partenariat
thérapeutique.
Pour résumer, proposer une activité cirque aux enfants ayant un TAC en
ergothérapie
leur
offre
la
possibilité
de
pouvoir
s’exprimer
corporellement
et
artistiquement. Cela leur permettrait de se trouver en situation de réussite dans une
activité physique et donc d’améliorer leur confiance en eux. Cela peut être une
35
opportunité pour l’ergothérapeute de stimuler les habiletés motrices de l’enfant mais
aussi de renforcer la relation avec lui.
 Question 8 : Attrait spécifique à l’activité
Ergothérapeute 1
Ergothérapeute 2
 Pour un « groupe d’ado » « en difficulté » dans
« la relation à l’autre » « se mettre en scène pour

« tout l’aspect ludique »

« les jeunes connaissent pas » « sont tous à
les autres et être dans un échange » et des
égalité face à cette activité-là »
« petits » qui « étaient plus en difficulté sur les

coordinations » « côté ultra ludique du cirque »
« jettent un peu à l’eau »
 « ils se motivent » « une espèce de challenge se
« professionnel du cirque qui nous accompagne »
c’est « un média de plus »

« dans une relation de groupe »

« activité qui sort de l’ordinaire » « relation plus
jettent à l’eau malgré leur difficulté et puis après
privilégiée avec les jeunes » « relation de
c’est hyper marrant »
confiance qu’on établit avec les jeunes »
 « il y a pas d’enjeux », « enjeu envers toi-même »

« l’aspect ludique »
« rentrer dans le jeu, te mettre en danger, te
tromper »
L’apport
spécifique
de
cette
activité
réside
dans
son
« aspect
ludique »
(ergothérapeute 2), ce qui entraine les enfants à être dans l’action et il est possible de
constater « qu’ils se jettent à l’eau malgré leur difficulté » (ergothérapeute 1).
D’après l’ergothérapeute 1, cette activité peut correspondre à des enfants qui sont
notamment en difficulté dans « la relation à l’autre » car cela peut solliciter les
interactions entre les personnes et l’expression des émotions. Et même pour des enfants
ayant des difficultés gestuelles, cela les attire beaucoup parce que c’est « hyper
marrant » et que cela les motive à se dépasser car il y a une « espèce de challenge. »
En effet, dans le cirque il n’y a pas la notion de compétition comme dans d’autres
sports, les enfants n’y voient « pas d’enjeux » (ergothérapeute 1) à part pour euxmêmes, pour réussir à se dépasser, ils s’autorisent à se « mettre en danger, [se]
tromper » (ergothérapeute 1).
Nous pouvons noter qu’il s’agit d’une activité peu commune, peu d’enfants ont
l’habitude de la pratiquer, cela place les enfants « tous à égalité face à cette activité-là»
(ergothérapeute 2) quel que soit leurs difficultés ou leur expérience sportive.
Finalement il s’agit d’une situation où un autre professionnel peut intervenir qui
n’est pas thérapeute, comme un « professionnel du cirque » (ergothérapeute 2), cela
vient créer d’autres interactions et modifier la relation duelle qui peut exister entre
l’enfant et l’ergothérapeute, il s’agit d’ « un média de plus » (ergothérapeute 2). D’autant
plus si l’activité est réalisée en groupe cela permet de sortir du cadre de prise en charge
36
individuelle
« sur
la
rééducation
ou
la
mise
en
compensation
des
troubles
d’apprentissages » (ergothérapeute 2), cela crée des échanges qui renforce « la relation
de confiance qu’on établit avec les jeunes » (ergothérapeute 2).
Pour conclure, il s’agit d’une activité qui tire son attrait de son caractère très
ludique qui entraine le désir d’action et de dépassement de soi, de son aspect récréatif
au sein d’une prise en charge rééducative et réadaptative, de son originalité qui attire les
enfants et par la diversité des habiletés sollicitées.
 Question 9 : Avis sur le potentiel thérapeutique des pyramides humaines
Ergothérapeute 1
Ergothérapeute 2
 « assez intéressant »

 « pouvoir automatiser la position » « chercher le
déroulement de leur gestes pour une finalité »
« très intéressant au niveau du schéma
corporel »

« avec une séquence particulière »
« tout ce qui est aussi au niveau des
coordinations »
 « activité dans lequel ils vont pouvoir s’en sortir »

« la représentation que l’on a de son corps »
 « quelque chose de commun » « pouvoir le

« oblige à vraiment réfléchir sur leurs corps, sur
partager, avec d’autres jeunes avec une finalité
la manière de bouger leurs corps, la façon dont
commune, un peu comme dans un sport collectif »
ils vont poser leurs membres sur le corps d’un
« moyen détourné pour avoir cet esprit d’équipe,
autre »
d’association », « participer aux liens entre les uns
et les autres »
 « pourrait s’exprimer »
L’activité des pyramides humaines est une discipline du cirque en groupe où on
réalise des figures collectives, où on soutient les autres et où on est soutenu par les
autres. Cette activité s’avère intéressante pour les enfants ayant un Trouble d’Acquisition
de
la
Coordination
car
à
travers
les
différentes
figures
il
leur
est
possible
d’«automatiser la position» (ergothérapeute 1), les séquences de gestes peuvent être
déterminées et répétées plusieurs fois jusqu’à ce qu’elles puissent être intégrées. C’est
une « activité dans lequel ils vont pouvoir s’en sortir » (ergothérapeute 1), c’est-à-dire
où ils peuvent être en réussite.
Cela met en jeu notamment le schéma corporel, cela leur demande de prendre
conscience de leur corps, de sa position dans l’espace, de celle des autres enfants
également et de « la manière de bouger leurs corps » (ergothérapeute 2).
Le fait qu’il s’agisse d’une activité de groupe nécessite de la coordination pas
seulement motrice mais aussi entre les personnes, c’est une expérience qu’ils partagent
ensemble avec un but commun et cela participe « aux liens entre les uns et les autres »
37
(ergothérapeute 1). Il peut naître un « esprit d’équipe » (ergothérapeute 1) comme dans
tous sports collectifs.
Nous pouvons dire que l’activité des pyramides humaines sollicite certaines
habiletés motrices comme les coordinations et le schéma corporel, c’est une activité
pouvant être source de réussite pour les enfants ayant un TAC. Mais également cette
activité physique collective met en jeu des habiletés sociales comme la communication,
l’entraide et crée un esprit de groupe.
 Question 10 : Connaissance d’approches thérapeutiques particulières concernant
le TAC
Ergothérapeute 1
 « Oui », « l’intégration neurosensorielle […] de
Jean Ayres »
Ergothérapeute 2

« non j’en connais pas »

« peut-être la méthode CO-OP », « je la connais
 « théories qui marchent pour certains enfants »
« quelque chose qui me rend perplexe »
 « l’impression d’aller rapidement dans la
juste de nom »

« expérimenté lors de mon stage au Québec mais
pas dans le cadre d’enfant ayant un TAC»
réadaptation »
 « sur la terminologie faut se mettre d’accord làdessus »
 « rééducation avant la réadaptation »
En complément d’un accompagnement classique, des approches thérapeutiques
existent dans le domaine de la rééducation plus particulièrement. La méthode
d’intégration neurosensorielle de Jean Ayres est citée par l’ergothérapeute 1, elle
s’interroge sur la place de la rééducation dans la prise en charge de ces enfants-là, sur
l’importance et le réel bénéfice d’intervenir sur le déficit avant de mettre en place des
compensations. Elle soulève le fait qu’elle ne le pratique pas et peu en France de manière
générale. Notamment elle pointe du doigt les désaccords sur la terminologie et
classification du trouble qui peut impacter sur sa prise en charge.
Après réflexion, l’ergothérapeute 2 mentionne la méthode CO-OP, rencontrée au
Québec mais pas auprès des enfants ayant un TAC.
Cela peut nous amener à se questionner sur la part rééducative de la prise en
charge en ergothérapie faite en France auprès de ces enfants-là et la problématique de
définition du trouble qui peut être considérée comme faisant partie d’un ensemble de
symptômes sous-jacents à un trouble plus global.
38
 Question 11 : Point de vue sur l’approche CO-OP
Ergothérapeute 1
 « des enfants qui se soutiennent par le verbal »
Ergothérapeute 2

 « méthode universelle »
 « gamin il est au centre »
de l’enfant »

 « tu l’accompagnes à ce qu’il trouve ses propres
stratégie »
« gros bénéfice c’est qu’on part des motivations
« phase résolution de problème est très
intéressante » « ses propres solutions »

« phases d’entrainement, de répétition »
« confiance dans l’activité qui veut réaliser » « un
impact positif sur lui », « vu avec la famille »

« intéressant comme méthode »

« je ne sais pas si c’est pratiqué en France »,
«approche mais pas la méthode »
L’approche CO-OP apparait comme une approche intéressante parce qu’on « part
des motivations de l’enfant » (ergothérapeute 2), il est « au centre » (ergothérapeute 1)
de la prise en charge. De plus, il s’agit bien à l’enfant de « trouver ses propres
solutions » (ergothérapeute 1 et 2) et la phase d’entrainement lui permet de prendre
« confiance dans l’activité qui veut réaliser » (ergothérapeute 2). Notamment la place
faite à la famille y est très importante.
Pour l’ergothérapeute 2, il ne lui semble pas qu’elle soit souvent et véritablement
pratiquée en France mais qu’elle soit considérée comme une approche sans suivre
vraiment la méthode. De même, l’ergothérapeute souligne son caractère « universel »
car cela reprend des concepts clés de l’ergothérapie et qu’il est possible d’appliquer à de
nombreuses pathologies.
 Question 12 : Positionnement de l’ergothérapeute sur l’activité des pyramides
humaines auprès des enfants ayant un TAC avec la méthode CO-OP
Ergothérapeute 1
 « capacités cognitives préservées,
Ergothérapeute 2

raisonnementales » « très bien savoir élaborer ’fin
qui est vie quotidienne, coordination, activité
verbaliser »
 « métacognition chez ces jeunes-là ça
« faible estime d’eux » « en difficulté pour tout ce
sportive »

fonctionne » « en le verbalisant avec lui ou le
« une activité pas adaptée mais ludique,
nouvelle » « trouver eux même des solutions »
faisant verbaliser » « ça colle carrément avec

« très intéressant niveau de l’estime de soi »
l’activité »

« s’ils arrivent à monter leur pyramide comme ils
 «capable de se mettre dans la position sans
veulent en groupe c’est d’autant plus
vraiment être accompagné gestuellement »
intéressant », « en groupe c’est d’autant plus
 « peuvent se guider les uns les autres »
« l’interaction doit être active »
 « être un point d’appui »
valorisant »

« après avoir verbalisé, qu’ils essaient et qu’ils
réussissent pour moi c’est gagné »
39
L’utilisation de la méthode CO-OP se base sur les « capacités cognitives
préservées, raisonnementales » (ergothérapeute 1) des enfants qui sauront « verbaliser
leurs difficultés » (ergothérapeute 1), ainsi dans l’activité des pyramides humaines ils
pourront décomposer les gestes et reproduire les positions, l’association de la méthode et
de l’activité paraît donc être tout à fait compatible.
De plus comme il s’agit pour eux de trouver leurs propres solutions, cela renforce
leur estime d’eux même car ils sont acteurs de leur réussite, cela est d’autant plus
valorisant.
L’ergothérapeute 1 émet des réserves sur la capacité des enfants à trouver le bon
mouvement, la bonne position même en ayant verbalisé correctement, « sans vraiment
être accompagné gestuellement ».
Nous pouvons noter que comme il s’agit d’un groupe, cela fait naître des
interactions et est « d’autant plus valorisant » (ergothérapeute 2), nous pouvons penser
que le sentiment d’appartenance à un groupe est source de satisfaction.
L’ergothérapeute en proposant de faire des pyramides humaines aux enfants avec
un TAC tout en utilisant la méthode CO-OP, s’appuie sur les forces de l’enfant comme la
métacognition et la verbalisation pour lui permettre de dépasser ses difficultés au sein
d’une activité physique. L’approche CO-OP à travers sa méthode et ses principes,
favorise la réussite et la valorisation du jeune ce qui renforce fortement son estime de
soi. Cette activité physique pratiquée de manière collective s’avère riche en interactions
et émotions au sein du groupe.
 Question 13 : Quel impact sur la participation sociale
Ergothérapeute 1

« être mis en confiance dans une activité »
Ergothérapeute 2

« regonfler un peu son estime de soi pour aborder
des choses plus difficiles »
 «s’exprimer un petit peu […] dans l’activité cirque
activités en classe ou en sport »

« les mets en confiance »

« peut leur permettre de s’engager plus
se nourrissent un peu de ça pour aborder peutêtre des choses un peu plus compliqué » « plus
facilement, plus spontanément »

facilement se mettre en danger » « dans la
relation que dans la performance »
à grand-chose »
« peut les aider, les pousser à essayer d’autres
activités »

 Ceux qui ont perdu « complètement confiance en
soi » et « jamais eu de suivi » ils «s’autorisent pas
« permet de prendre confiance pour d’autres
« toute expérience où ils vont être en réussite est
bonne à prendre »

« si on utilise une méthode qui les aide à prendre
confiance c’est bon à prendre quoi ».
 « une petite porte sur une activité dans laquelle ils
vont pouvoir à la fois se mettre en relation avec
40
les autres, dans la difficulté comme dans la
réussite »
 « énergie d’aller affronter d’autres trucs » « les
rendre plus fort, face à des difficultés futurs »
« réussir quelque chose »
 « dispensé de sport c’est énorme » « à la fois une
dimension sociale » « c’est vraiment dommage »
« leur permettre d’y aller c’est une force pour plus
tard »
Nous nous interrogeons sur l’impact de cette proposition d’accompagnement sur
la participation sociale de ces enfants.
Nous pouvons dire que cela leur permet d’ « être mis en confiance dans une
activité » (ergothérapeute 1) et de favoriser leur estime de soi. A travers cela il est
possible qu’il en ressorte la force de surmonter la peur de l’échec face à d’autres
activités ;
Cela
« peut
les
aider,
les
pousser
à
essayer
d’autres
activités »
(ergothérapeute 2) et à « plus facilement se mettre en danger » (ergothérapeute 1).
Cette expérience d’activité physique où on les accompagne à être en réussite peut
leur permettre de dépasser le handicap et d’oser aller vers les activités physiques où ils
pourront « se mettre en relation avec les autres » (ergothérapeute 1).
En conclusion, cette situation renforce leur estime de soi, ce qui leur donne le
potentiel d’aller de l’avant, d’oser s’engager vers d’autres activités qu’ils ne pouvaient
pas ou ne s’autorisaient pas à faire comme les activités physiques de loisirs. Cela peut
les aider à surmonter les difficultés du présent mais aussi dans le futur.
41
Discussion
1. Conclusion de l’enquête
Ce travail avait pour but d’avoir une réflexion sur la pratique de l’ergothérapeute
auprès des enfants ayant un Trouble de l’Acquisition de la Coordination et de s’interroger
sur quel apport pouvait apporter une activité comme celle des arts du cirque, combinée à
une approche cognitive, sur leur participation sociale.
Grâce aux recherches théoriques et aux informations recueillies auprès de deux
ergothérapeutes, m’apportant leurs expériences et leur regard professionnel sur le sujet,
j’ai pu faire ressortir des idées essentielles sur le sujet.
Il est vrai que les enfants ayant un TAC sont limités dans la réalisation de leurs
habitudes de vie par des difficultés gestuelles. En premier lieu, cela peut être interprété
comme un retard dans le développement des habiletés motrices. L’environnement
humain peut être amené à compenser les difficultés, ce sont donc des enfants qui
accèdent tardivement ou peu à l’autonomie dans les activités de vie quotidienne. En
parallèle, il y a véritablement un évitement des activités physiques comme les jeux de
manipulation ou les sports collectifs. De même, ils peuvent se retrouver rapidement en
difficulté au niveau des apprentissages car le graphisme peut être déficitaire. Cela peut
prendre du temps avant d’identifier le trouble en lui-même, or l’enfant se retrouve très
souvent en situation d’échec. Il peut être confronté à l’incompréhension de ses difficultés
par son entourage, à la frustration et aux moqueries. On parle d’un handicap invisible qui
peut affecter négativement sa confiance en lui.
Ces enfants sont à risque d’isolement social de par leurs difficultés, d’autant plus
si le trouble est sévère et s’accompagne de nombreux troubles associés mais cela peut
être atténué s’ils réussissent à s’épanouir et à développer leurs habiletés sociales à
travers d’autres activités, nous avons pu retenir les activités artistiques, la musique ou la
littérature mais aussi ce sont des enfants qui ont développés des compétences dans le
domaine verbal.
Le rôle de l’ergothérapeute est de limiter les situations de handicap afin de
favoriser l’autonomie et la qualité de vie d’une personne. Il en a une vision globale en
prenant en compte ses habitudes de vie et son environnement. En pédiatrie notamment,
il a un impact dans la construction de l’identité et de l’avenir de l’enfant. Les activités
signifiantes et significatives sont les moyens privilégiés, utilisées par l’ergothérapeute,
pour atteindre les objectifs thérapeutiques fixés. En permettant aux enfants ayant un
TAC de participer davantage à des activités physiques et notamment celle de loisirs
collectifs, l’ergothérapeute pourrait donc améliorer la participation sociale de ces enfants.
42
En France, l’ergothérapeute intervient auprès des enfants ayant un TAC
principalement dans le domaine de la réadaptation, en compensant les troubles au
niveau des apprentissages et des activités de vie quotidienne, en informant et conseillant
l’entourage sur la façon dont s’expriment les difficultés.
Pour autant, il est tout à fait dans ses compétences de favoriser le développement
de ses habiletés motrices et sociales en accompagnant l’enfant sur des activités qui lui
sont difficiles. Les activités physiques pouvant être souvent assimilées à des situations
d’échec et peut-être même de souffrance, il est important de proposer une activité qui
puisse lui donner envie d’essayer et de recommencer cette expérience. Les arts du cirque
apparaissent alors comme une bonne proposition car c’est une activité très ludique,
originale, qui n’est pas que sportive mais aussi artistique et dont la variété des disciplines
permet à chacun de trouver sa place. Le côté ludique de l’activité et l’attitude du
thérapeute encourage l’enfant à agir, le poids de l’effort diminue et la peur de l’échec
aussi.
Le rôle de l’ergothérapeute est de mettre en place les conditions optimales de
réalisation de l’activité pour mettre l’enfant en situation de réussite malgré un certain
challenge. Le défi doit être suffisant pour que la réussite entraine une satisfaction et une
valorisation de soi-même. Ainsi il donne plus de valeurs à ses capacités et cela peut
l’encourager à se mettre plus en danger, à participer plus facilement à d’autres activités
qu’il n’osait pas faire.
Justement pour optimiser la prise en charge des enfants ayant un TAC en
ergothérapie, de nouvelles approches thérapeutiques ont vu le jour ces dernières années,
comme l’approche CO-OP surtout utilisée outre-Atlantique pour l’instant. Nous avons pu
confirmer son intérêt auprès des enfants ayant un TAC car elle leur permet de se
positionner en tant qu’acteur de leur prise en charge et d’améliorer leur participation aux
activités importantes à leurs yeux. Cette approche cognitive leur permet de contourner
leurs difficultés en mettant en avant leurs qualités comme la verbalisation. La
valorisation en est d’autant plus forte ce qui entraine de la même façon une amélioration
de leur estime de soi. Non seulement l’approche CO-OP permet de valoriser l’enfant, ce
qui peut engendrer chez lui le désir de participer à des activités physiques qu’il ne
s’autorisait pas. Mais cela lui permet aussi d’acquérir des stratégies cognitives
personnalisées lui permettant de dépasser ses difficultés de coordination et qu’il pourra
transférer sur des activités auxquelles ils ne n’arrivaient pas à réaliser.
L’activité des pyramides humaines apparait comme une activité très intéressante,
du fait qu’elle stimule des habiletés motrices comme la coordination et l’équilibre mais
elle sollicite aussi des habiletés sociales car il s’agit d’une activité de groupe. En effet,
cela demande une vraie collaboration et coopération entre les personnes. C’est un travail
de création où tous les participants comptent les uns sur les autres et travaillent dans un
43
but commun. L’expérience est optimale si cela se finit par une représentation devant un
public, il s’agit de la concrétisation de leurs efforts et c’est une grande source de
satisfaction et de valorisation. De toutes ces interactions et émotions partagés à
plusieurs, il nait un sentiment d’appartenance à un groupe, situation dans laquelle l’être
social que nous sommes tend à s’épanouir.
2. Vérification de l’hypothèse
Il est nécessaire de rappeler quelle était l’hypothèse formulée avant l’enquête :
L’ergothérapeute, en plaçant l’enfant ayant un TAC en situation de réussite dans
une activité physique ludique et collective, permet d’améliorer son estime de soi et
l’encourage à participer à d’autres activités physiques de groupe.
Bien qu’il soit évident qu’au vu du faible nombre d’entretiens qui a été fait, cela ne
soit pas représentatif des pratiques et des situations en général, nous pouvons dire qu’à
la suite de l’analyse des entretiens, l’hypothèse est partiellement vérifiée.
En effet dans cette analyse, nous avons pu identifier les différentes idées qui
étaient contenues dans l’hypothèse. Notamment il est vrai qu’en analysant le potentiel
thérapeutique de l’activité des pyramides humaines, l’ergothérapeute repère toutes les
composantes de l’activité susceptibles d’atteindre des objectifs thérapeutiques par
rapport aux enfants ayant un TAC. Il retient que c’est une activité qui a un côté très
ludique, qu’elle stimule différentes habiletés motrices mais aussi favorise les interactions
de groupe et que cela en fait une activité tout à fait adaptée à la problématique de la
population concernée. De plus, l’ergothérapeute met tout en place pour mettre l’enfant
en situation de réussite, en utilisant la méthode CO-OP en particulier. C’est dans ce
contexte qu’il est possible de favoriser l’estime de l’enfant en lui-même. L’expérience
positive d’une activité où l’enfant contrôle ses gestes et peut s’exprimer à travers son
corps, lui permet de croire en ses capacités et peut diminuer sa peur de l’échec, ainsi
cela peut être source de motivation pour aller vers d’autres activités physiques pour
lesquelles il était en difficulté. En l’encourageant à participer à plus d’activités qui
peuvent être considérées comme des habitudes de vie, il s’agit concrètement d’améliorer
sa participation sociale.
L’estime de soi est en effet très importante pour se réaliser, s’épanouir et
connaître le bien-être dans sa vie. Cela entraine une représentation de soi-même plus
positive, nous donnons plus de valeurs à nos capacités et nos chances. Cela est
nécessaire pour se donner la peine de faire des choses nouvelles, c’est une force pour
avancer dans la vie. Cela améliore aussi les relations sociales, car on se sent capable
d’être en relation et on s’autorise à s’affirmer.
44
Il faut noter qu’en plus de cette confiance en soi, c’est aussi grâce à la méthode
CO-OP qui permet l’acquisition de stratégies efficaces pour pallier aux difficultés, que
l’enfant peut acquérir des « armes » pour améliorer sa participation sociale et sa qualité
de vie. De même, l’implication avec la famille est facteur de réussite dans la vie au
quotidien car c’est un suivi global et au plus près des problématiques de tous les jours.
En revanche, il faut reconnaitre que même si la possibilité d’un impact sur la
participation dans d’autres activités physiques est mise en évidence et qu’il s’agirait d’un
facteur facilitateur, la nature des activités physiques qui pourraient être plus investies
n’est pas évidente. Ne pouvant affirmer que cela concernerait plus les activités collectives
et/ou structurées ou non, ne permet pas de valider la fin de mon hypothèse qui précise
des activités physiques de groupe.
De même, le véritable impact et l’efficacité de cette proposition n’est pas
évaluable ici, il
serait
intéressant
de procéder à
d’autres
études
comme une
expérimentation.
3. Limites du mémoire
Des critiques concernant la réalisation de ce mémoire peuvent être rapportées ici.
D’abord la première limite rencontrée a été le peu de littérature concernant le sujet en
général et particulièrement en français. En effet, le Trouble de l’Acquisition de la
Coordination n’est pas la classification employée en France, en revanche les écrits sur la
dyspraxie sont assez nombreux. De même la méthode CO-OP est peu employée en
France et assez récente donc il y a peu d’écrits approfondis hormis le livre sur la méthode
écrit par Hélène Polatajko. Enfin les écrits concernant les arts du cirque comme activité
thérapeutique surtout en ergothérapie sont également rares s’agissant d’une pratique
peu commune.
Le faible nombre d’ergothérapeutes ayant été interrogées est dommage car il
aurait été intéressant d’avoir d’autres points de vue, par exemple d’ergothérapeutes
venant de structures différentes qui auraient une prise en charge différente du trouble.
Pour
autant
ces
entretiens
ont
été
suffisamment
riches
en
informations
et
complémentaires pour mener à bien l’étude. Au vu du sujet qui est relativement précis et
original, d’autres contacts ont été difficile à trouver, il aurait fallu entreprendre d’autres
démarches pour avoir peut-être plus de réponses ou maitriser parfaitement l’anglais pour
interroger des ergothérapeutes étrangers.
Aussi il aurait été intéressant d’interroger un ergothérapeute ayant été formé à la
méthode CO-OP pour pouvoir évaluer la situation de manière plus rigoureuse. De même,
un entretien avec la famille d’un enfant aurait pu nous apporter un éclairage
45
supplémentaire sur certaines difficultés ou sur l’impact d’une telle proposition d’activité
sur le quotidien de l’enfant.
Une critique peut être effectuée sur la passation des entretiens car c’est un
exercice délicat dans lequel il faut savoir rebondir sur les informations dites directement,
ce qui n’a pas toujours été le cas. Il faut veiller à ne pas être trop subjectif or les
questions qui ont été posées, ont peut-être influencé les réponses des ergothérapeutes.
Il aurait fallu s’entrainer à l’exercice au préalable.
4. Piste de réflexions et d’actions
Cette étude nous amène à d’autres réflexions sur le sujet et à adopter une
posture professionnelle. En effet, il est important de s’interroger sur certains points
concernant la mise en pratique potentielle de cette proposition, des pyramides humaines
avec l’approche CO-OP auprès d’enfants ayant un TAC. En particulier, il s’est avéré que
cette activité stimulait des habiletés sociales qui sont importantes dans le développement
des enfants pour leurs futures relations sociales et leur épanouissement personnel. La
dimension sociale des activités physiques n’est pas à négliger. C’est pourquoi il serait
intéressant pour l’ergothérapeute d’évaluer et de repérer pour quels enfants cette
activité serait le plus bénéfique. Nous pourrions penser qu’il faudrait favoriser les enfants
dont le trouble relativement sévère, a de grandes répercussions dans leur participation à
des loisirs et qui présentent déjà une certaine fragilité émotionnelle, les rendant plus à
risque que les autres d’être isolé socialement. L’idée pourrait être de créer un groupe
comprenant 3 ou 4 enfants ayant un Trouble de l’Acquisition de la Coordination et de leur
proposer l’activité des pyramides humaines une fois par semaine par exemple. Nous
pensons qu’une session de cirque sur plusieurs mois est le plus intéressant pour espérer
un réel impact sur les habiletés des enfants.
Il est important de réfléchir à la façon de mettre en place l’activité car cela peut se
faire de différentes manières. Par exemple il est possible de créer un groupe avec un
enfant ayant un TAC et d’autres enfants sans difficultés gestuelles ou alors avec des
troubles différents, ou de créer un groupe qu’avec des enfants ayant un TAC. Cela
sollicite des interactions différentes et une autre dynamique, si l’enfant est seul dans le
groupe à avoir un TAC cela peut être une manière de l’intégrer à un groupe dit ordinaire
et de ne pas le surprotéger mais au contraire cela peut être délicat et le mettre dans une
situation stigmatisante. Toutes les situations sont envisageables mais doivent être
réfléchies et adaptées au contexte.
Une autre difficulté qui peut être soulevée est l’adaptation de l’approche CO-OP
qui est une approche individuelle à un accompagnement en groupe. Soit l’approche est
enseignée à l’ensemble du groupe soit elle doit être suivie en parallèle de l’animation de
46
groupe. Même si la méthode CO-OP n’est pas appliquée à la lettre, nous pensons que ses
principes restent tout aussi bénéfiques. L’un à ne pas oublier est la motivation de
l’enfant. Pour tous les enfants qui participent, cela doit être volontairement et avec un
réel engagement.
Il est possible de réfléchir au moment où nous pouvons proposer cette activité
avec cette méthode. En effet, cela peut être envisagé comme une activité permettant
une initiation à l’approche CO-OP, qui peut être repris ensuite sur des activités de la vie
quotidienne. Autrement, cela peut être proposé à l’enfant pour évaluer le transfert des
stratégies cognitives préalablement acquises à une activité inconnue, ce qui peut
d’autant plus l’encourager à s’engager dans des activités physiques et s’apercevoir qu’il
peut les pratiquer en autonomie.
Egalement dans l’analyse des entretiens nous avions noté que la période de
l’adolescence était repérée comme une période plus compliquée à gérer pour les jeunes.
C’est une période où le regard de l’autre est important et où l’individu construit son
identité. C’est évidemment une période où les troubles comportementaux et émotionnels
peuvent apparaitre, d’autant plus chez des jeunes qui sont en situation de handicap,
notamment à cause d’une estime de soi assez faible après des situations d’échec et
d’exclusion depuis l’enfance. Là l’ergothérapeute pourrait se placer dans une démarche
de prévention de ces troubles en permettant à l’enfant d’adapter son environnement, de
comprendre où sont les difficultés et comment les compenser pour éviter ces situations
d’échec.
Cela fait appel à une autre problématique qui est le diagnostic du trouble. Il a été
noté que la demande de bilans se faisait souvent lorsque l’enfant est en grande difficulté
au niveau des apprentissages et particulièrement du graphisme. C’est lorsque l’enfant ne
peut plus tenir les exigences scolaires au point de pénaliser sa scolarité qu’un suivi est
proposé en ergothérapie. Nous pensons qu’un diagnostic précoce du trouble dans la
limite du possible est la meilleure façon d’éviter certains troubles dans l’avenir.
Enfin, cela ouvre la voie à une autre réflexion sur la place de la rééducation
gestuelle en ergothérapie en France chez l’enfant ayant un TAC et sur la pratique des
approches thérapeutiques bottom-up et top-down. Certains diront que la compensation
des troubles par l’outil informatique arrive trop tôt dans l’accompagnement des enfants
par exemple et d’autres diront qu’il s’agit pour l’enfant d’être le plus autonome possible
le plus rapidement possible. Ces approches thérapeutiques sont peu employées en
France et nous pouvons nous demander pour quelles raisons. Cela demande à
développer encore les études sur le sujet et sur la réelle efficacité des méthodes pour
permettre d’optimiser la prise en charge des enfants ayant un Trouble de l’Acquisition de
la Coordination, bien que la méthode CO-OP présente de nombreux espoirs pour l’avenir
des enfants ayant un TAC.
47
Conclusion
Ce travail a commencé sur une réflexion autour du potentiel thérapeutique de
l’activité, la place de celle-ci dans nos vies et dans l’exercice de l’ergothérapie. L’activité
étant le médiateur privilégié de l’ergothérapeute, il m’a paru évident d’étudier une
activité que je connais bien et que j’apprécie qui est le cirque. C’est une réflexion qui a
évolué en même temps que la construction de mon identité professionnelle. Cela a donc
été le thème de mon travail de fin d’études. Tout un questionnement et une recherche
exploratoire m’a mené à une question de recherche. J’ai été interpellé sur le possible
impact que pouvez avoir cette activité sur la participation sociale des enfants ayant un
TAC tout en utilisant une approche cognitive. J’ai alors approfondi mes recherches sur les
différents concepts clés de la problématique, cela m’a permis de formuler une hypothèse
répondant à ma question. Afin de pouvoir la valider ou non, il a fallu interroger des
ergothérapeutes. J’ai pu alors recueillir leurs opinions et témoignages pour pouvoir
confronter la théorie avec la réalité de la pratique.
Suite à l’analyse des entretiens, j’ai pu confirmer que, grâce à l’analyse de
l’activité (les pyramides humaines étant une activité ludique, sollicitant les habiletés
physiques et sociales) et par son souci de créer une expérience optimale (en utilisant
l’approche CO-OP qui s’appuie sur les forces et motivations de l’enfant), l’ergothérapeute
permet à l’enfant d’être en situation de réussite. Cela favorise son estime de soi qui est
un facteur de bien-être, cette expérience positive d’une activité physique l’encourage
donc à s’engager dans d’autres activités physiques. Malgré tout avec ces seuls résultats il
n’est pas possible d’évaluer vers quelles activités physiques l’enfant peut être attiré et
cela n’est pas réellement représentatif.
Cette initiation à la recherche a éveillé beaucoup de curiosité en moi, concernant
les nouvelles approches thérapeutiques qui peuvent se développer en ergothérapie. Cela
m’a amené à avoir une posture professionnelle et à me projeter dans l’avenir.
Notamment, cela fait réfléchir quant à l’importance de faire évoluer sa pratique
professionnelle et de toujours se remettre en question. Cela a suscité en moi l’envie de
continuer à me former même une fois diplômée car il y a beaucoup encore à apprendre.
J’ai pris conscience qu’il était important pour les ergothérapeutes d’écrire sur leur
pratique
professionnelle
pour
faire
partager
leurs
expériences
et
savoir-faire.
L’ergothérapie continue d’évoluer et s’ouvre vers de nouvelles pistes d’interventions
intéressantes, certaines peu conventionnelles comme les arts du cirque, je l’espère.
Ce travail m’a également permis de réfléchir au rôle de l’ergothérapeute dans le
domaine de la prévention et de la promotion de la santé et du bien-être. De par sa vision
globale de l’enfant en lien avec l’activité et l’environnement, l’ergothérapeute est à même
de prévenir certains troubles. Notamment chez l’enfant il peut avoir un rôle important
48
dans la construction de son identité et lui permet de trouver les forces qui sont en lui
pour se réaliser dans sa vie future. Les arts du cirque, de par leur dimension sociale et
les valeurs qui lui sont rattachés, sont un moyen intéressant d’arriver à développer tout
le potentiel en devenir des enfants en général pour leur permettre d’avoir une vie
équilibrée et épanouissante.
49
Bibliographie

Monographies

Breton, S. & Leger, F, 2007. Mon cerveau ne m’écoute pas: comprendre et aider
l’enfant dyspraxique. Montréal: CHU Sainte-Justine.
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du Handicap. Québec : RIPPH.
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coordination: évaluation et rééducation de la maladresse chez l’enfant. Marseille:
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50
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Lefebvre, B, 2002. Acrosport. Revue EP&S, n°296, p.72-73.
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Pilote, M & Tétreault, S, 2006. Programme Tadam: Utilisation des arts du cirque
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Pilote, M & Tétreault, S, 2004. Troubles du langage et arts du cirque: nouvelles
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Ray-Kaeser, S & Dufour, C, 2013. Les concepts théoriques et l'approche
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Stewart, H, 2001. It’s a circus - all right! SERUpdate. Volume 21 n°2, p. 1-3.
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(consulté le 12 Février 2014)
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Performance : Stratégies cognitives pour la résolution de problèmes moteurs.
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2014)
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Sport et activité physique : les bienfaits de la pratique, au-delà de la santé
physique. Paris, 5-7 juin 2013. Disponible sur internet : http://journeesprevention.inpes.fr/sites/default/files/docs/SYNTHESE_SPORT_ACT_PHYSIQUE.pdf
(consulté le 10 Février 2014)

Mémoire

Morel-Bracq, M.-C., 2006. Analyse d’activité et problématisation en ergothérapie :
Quelle place peut prendre la problématisation et en particulier la construction du
52
problème dans la formation à l’analyse d’activité en ergothérapie, en relation avec
l’analyse de pratique ? Mémoire de recherche. Université Victor Segalen Bordeaux
2.

Décret

Ministère des affaires sociales et de l'emploi, 1986. Décret n°86-1195 du 21
novembre 1986 fixant les catégories de personnes habilitées à effectuer des actes
professionnels en ergothérapie. Journal officiel du 23 novembre 1986, version
abrogé 8 aout 2004, page 14133. Disponible sur internet :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=8545450344BB4734D09
9A4F2FB339297.tpdjo09v_2?cidTexte=JORFTEXT000000309649&dateTexte=1986
1123&categorieLien=cid (consulté le 27 Mars 2014)
53
Annexes
Annexe n°1: Modèle du Processus de Production du Handicap
Annexe n°2 : Outils conceptuels pour construire une pratique fondée sur l’activité
Annexe n°3 : Guide d’entretien
Annexe n°4 : Retranscription de l’entretien avec l’ergothérapeute 1
Annexe n°5 : Retranscription de l’entretien avec l’ergothérapeute 2
Annexe n° 1 : Modèle du Processus de Production du Handicap
Annexe n° 2: Outils conceptuels pour construire une pratique fondée sur l’activité
Annexe n° 3: Guide d’entretien auprès d’ergothérapeutes
Bonjour, je m’appelle Marthe Lemonnier. Je suis étudiante en 3ème année à
l’Institut de formation en Ergothérapie de Rennes.
Je sollicite votre participation dans le cadre de mon mémoire de fin d’étude dont le
sujet est : l’impact d’une activité cirque en ergothérapie sur la participation sociale des
enfants ayant un TAC ou dits dyspraxiques.
Cet entretien me permettra d’avoir un éclairage supplémentaire du terrain à mes
recherches
théoriques.
Je
vais
donc
vous
poser
quelques
questions,
répondez
sincèrement, il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. Tout ceci restera anonyme.

Question n°1 : Pouvez-vous me parler de votre expérience professionnelle
(formation, postes pourvus…) auprès des enfants ayant des troubles des
apprentissages
et
notamment
un
Trouble
de
l’Acquisition
de
la
Coordination appelé communément dyspraxie.
 Notion d’expérience professionnelle, bonne connaissance de la pathologie…

Question n°2 : Selon vous, quelles sont les répercussions de ce trouble sur
la vie quotidienne de l’enfant ?
 Connaître les vraies difficultés de l’enfant au quotidien

Question n°3 : Y a-t-il des conséquences secondaires à ces difficultés dans
le présent ou pour le futur ?
 Je cherche à savoir s’il existe des situations d’exclusion sociale, un risque majeur
d’isolement, une faible estime de soi dû aux échecs répétés avec peut-être des
répercussions à l’âge adulte

Question n°4 : Quelle prise en charge en ergothérapie est proposé à ces
enfants ? avec quels objectifs ?
 Connaître les axes de travail de l’ergothérapeute sur le TAC

Question n°5 : comment sont pris en charge ces conséquences
secondaires ?

Je cherche à savoir quelle intervention peut faire l’ergothérapeute sur ces
conséquences et quelle importance elle peut avoir dans la prise en charge.

Question n°6 : Qu’évoquent les arts du cirque pour vous ? quelle est votre
représentation de l’activité ?
 Connaître la représentation de l’activité par le professionnel et savoir si nous
avons la même vision de ce qu’elle est.

Question n°7: Comment l’activité cirque peut-elle, selon vous, répondre à
un ou plusieurs de ces objectifs ?
 Savoir quelle peut être la place de l’activité cirque dans la prise en charge

Question n°8: Quel attrait peut avoir cette activité par rapport aux
activités communément proposées ?
 Connaitre l’intérêt de proposer cette activité plutôt qu’une autre

Question n°9 : Plus précisément, que pensez-vous d’une activité comme
celle des pyramides humaines (enchainement de figures collectives en
groupe, composé de porteurs et voltigeurs) ?
 Pour savoir le potentiel thérapeutique de cette activité

Question
n°10 :
Connaissez-vous
des
approches
thérapeutiques
nouvelles pouvant améliorer l’accompagnement des enfants ayant un
TAC?
 Je souhaite savoir quelle connaissance elles ont des nouvelles approches et leurs
avis sur l’intérêt de celle -ci
Question de relance : si pas de connaissance : une approche appelée CO-OP
(Cognitive Orientation to daily Occupational Performance) qui se veut centrée sur
l’enfant et utilise une technique de résolution de problèmes, la verbalisation et la
métacognition pour aider l’enfant à trouver ses propres stratégies cognitives pour
acquérir de nouvelles habiletés.
Qu’en pensez-vous ?

Question n°11 : Quel impact cela pourrait-il avoir pour l’enfant ?

Je cherche à savoir quels intérêts peut avoir cette méthode à leurs yeux pour
des enfants ayant un TAC

Question n°12 : Pour finir concernant la proposition d’une activité cirque
auprès des enfants dyspraxiques développementaux, comme les
pyramides humaines à une associé une approche CO-OP, comment tu
penses que cela peut avoir un impact sur ses situations de participation
sociale ?

Je cherche ici à faire ressortir les éléments validant mon hypothèse
Annexe n° 4: Retranscription de l’entretien avec l’ergothérapeute n°1
Durée de l’entretien : 40 min
Moi: Alors pour ma première question j’aimerai que tu puisses présenter un peu ton
expérience professionnelle aussi bien dans tes formations ou les postes que tu as pu
avoir auprès des enfants ayant des troubles des apprentissages et notamment les
enfants qui ont eu un diagnostic de dyspraxie développementale.
Ergothérapeute 1: D’accord, ok… ba en fait je travaille maintenant depuis 2006 auprès des enfants,
je suis diplômé de 2003, j’ai commencé à bosser avec les enfants, à l’hôpital d’enfants à la Réunion
où ça brassait quand même pas mal de, une population assez large dans les troubles et y avait une
classe neuropsy dans l’hôpital avec des gamins avec des troubles d’apprentissages,
développementaux eux essentiellement donc y avait effectivement des gamins qui étaient
dyspraxiques mais pas que, qui avaient aussi des troubles du langage associé, ‘fin qui avait des
tableaux un peu plus complexes parce que, voilà pour relever de cette classe là c’était pas juste
des gamins avec une petite dyspraxie [rires]. Il y avait un centre de référence où on évaluait les
gamins et on avait beaucoup de gamins dyspraxiques, en tout cas il y en avait quand même pas
mal, euh … et ensuite je suis arrivée au SESSAD. Les enfants que je peux suivre ce n’est pas
vraiment des troubles d’apprentissages développementaux comme tu as pu le voir c’est beaucoup
de cérébro-lésés donc des troubles des coordinations mais liés à une lésion cérébrale, donc voilà.
Moi: Ok, et donc selon toi, un enfant qui est diagnostiqué dyspraxique, quelles
répercussions ont ses troubles sur sa vie quotidienne ?
Ergothérapeute 1: Ba sur sa vie quotidienne, c’est sur les acquisitions un peu des.. que les enfants
vont faire en terme d’autonomie : s’habiller, mettre des chaussures, tout ce qui va avoir un lien
avec les coordinations bi-manuelles, ça va prendre beaucoup plus de temps, en fait c’est ce qu’on
va pouvoir se dire au début quoi, « oh il est lent, il arrive pas à se boutonner », tout ça et puis plus
le temps passe et ce gamin il est toujours face à ces mêmes difficultés, donc c’est souvent là
qu’émerge la demande de bilans, ‘fin voilà parce que y a d’autres domaines pour lesquels c’est
compliqué, mais voilà c’est des gamins tout petits déjà ont sensiblement des difficultés dans les
manipulations, dans les constructions et aussi parfois dans le graphisme, euh donc voilà tout petit
on voit que c’est des gamins qui sont gênés, qui vont même avoir une aversion vers les
manipulations, qui vont être plus sur les bouquins, la musique .. les tâches un peu verbales et voilà
c’est vraiment plus tard quand on va leur demander d’avoir une intensité d’écriture, ou bien un
geste dirigé très précis, que là voilà on va voir qu’ils sont en situation d’handicap clairement et que
c’est pas juste un retard, un retard développemental ou un retard psychomoteur…
Moi: Oui, où c’est un vrai trouble …
Ergothérapeute 1: ... où là c’est vrai trouble invalidant, qui peut pas progresser, qui peut être que
compenser quoi !
Moi : D’accord, et donc hormis ces conséquences là au quotidien, plus sur les activités de
vie quotidienne, est-ce qu’il y a des conséquences qui sont un peu secondaires du coup,
au temps présent et dans leur futur ?
Ergothérapeute 1: Ba après c’est vrai que spontanément c’est des gamins qui vont pas aller , euh
je sais pas moi s’inscrire à faire un sport collectif ou faire des activités qui vont demander des
coordinations, qui vont demander une synchronisation au niveau de son schéma corporel donc
d’emblée c’est des gamins qui vont écarter toutes ses tâches là et vont plutôt se diriger vers des
choses où on va pas demander une précision et parfois c’est même des choses un peu artistiques ,
des gamins qui vont un peu euh… ‘fin voilà où il y a pas d’exigence de précision, et qui vont
pouvoir exprimer des choses autrement, hum… que par des choses voilà, que par le tennis ou…
[rires] le ping-pong… ‘fin des trucs très très précis quoi, rigoureux qui demande une coordination
importante, donc finalement, fatalement dans leur futur, ça va aussi même orienté leur carrière
professionnelle, c’est-à-dire que y a pas si longtemps on entendait le cas d’une jeune fille qui est
en première S, qui est brillante , qui veut faire infirmière mais voilà clairement, ça va poser des
difficultés dans les manipulations, dans … parce que voilà c’est très technique, y a beaucoup de
technicité dans ce boulot-là donc fatalement ça a des répercussions sur leur choix d’orientation, sur
l’avenir tout court quoi.
Moi : Ok ok et euh donc plus précisément est ce que tu penses que ça peut avoir un
impact sur leurs relations sociales, plus est ce qu’ils auraient un risque plus que les
autres d’être euh …
Ergothérapeute 1: d’être mis de côté ?
Moi : ouais, d’être isolé ?
Ergothérapeute 1: Clairement ce qu’on entend souvent, par rapport aux gamins qu’on suit, qu’ils
soient développementaux ou pas, euh c’est le dernier choisi quand on fait des équipes de sports,
euh c’est … euh.. ba voilà dès qu’on va demander une performance, c’est pas le copain qu’on va
avoir envie d’avoir dans son équipe quoi, donc clairement ouais ça peut être des gamins qui
peuvent être un peu mis à part mais ça va dépendre en gros de ce qu’on va leur demander, parce
que sur vraiment un dyspraxique pur développemental, généralement il exprime vraiment des
compétences dans le domaine verbal donc c’est un gamin qui va peut-être avoir une appétence
plus que les autres à la lecture, euh dans la découverte du monde, dans pleins pleins de choses
donc c’est souvent des gamins qui sont très très intéressants et intéressés et donc du coup ils vont
parfois s’exprimer peut-être plus en classe que sur un terrain de sport quoi [rires] et voilà ça
dépend parce que c’est vrai que la dyspraxie comme je te dis, pur et dure elle est quand même
assez rare, ‘fin … elle est quand même assez rare et euh on la voit généralement associée, plus à
.. ; on parle de la dyspraxie comme un symptôme, et puis c’est vraiment le côté exécutif qui prend
le pas donc si la théorie c’est plutôt de se dire que c’est plutôt un syndrome exécutif, ba du coup ça
peut toucher pleins pleins d’autres choses. Ça peut toucher à la fois le gestuel, à la fois
l’organisation du langage, ‘fin tu vois, donc du coup on voit des gamins qui ont des troubles du
langage et qui ont aussi des grosses difficultés gestuelles quoi. Donc qu’il y a 10 ans qu’on aurait
pu appeler des dyspraxiques mais en fait n’était pas nécessairement que dyspraxique donc c’est
vrai que comme il y a autant de tableaux, y a autant de situations qui font que bin un gamin qui va
être vraiment très invalidé par justement un trouble des acquisitions des coordinations , donc lui
c’est claire et net qu’il va pas s’exprimer dans le sport, qu’il va pas pouvoir , voilà avoir des
compétences même danse ou des choses comme ça et un autre qui va en avoir un petit peu à
minima , va peut-être quand même pouvoir se débrouiller, va être un peu pataud …
Moi : Donc le fait d’être exclu de ces activités-là, est ce que ça c’est pas un manque pour
eux justement dans leur participation sociale, dans leurs relations sociales ?
Ergothérapeute 1: [silence] ça dépend de ce que veut vraiment l’enfant, s’il a vraiment un lieu
dans lequel il peut s’exprimer, l’exclusion sociale pour moi c’est vraiment quand le gamin, il a
vraiment aucun domaine, auquel il va pouvoir être lui, montrer ses compétences et tout ça, si lui
son délire c’est d’être star de foot et qu’il est dyspraxique développemental pur et dur tu vois, ça
va être un peu chaud, donc après voilà il va pouvoir se sentir exclu du milieu du foot en tout cas
dans un premier temps , après voilà peut-être qu’en grandissant euh il pourra rebondir et aller vers
d’autres activités dans lesquels il pourra quand même s’exprimer quoi, mais c’est vrai que
l’exclusion, on se sent exclu quand on va vers un environnement où on arrive pas à .. Comment
dire, à s’exprimer, à exprimer son corps, tout un tas de trucs, il peut se sentir exclu, ou aussi bien
dans un environnement hyper bienveillant, je pense aux gamins du sessad par exemple, qui ont
des activités de sport ensemble, qui ont tous des difficultés, bin ils se sentent pas nécessairement
en décalage et en situation d’exclusion. Même s’ils sont pas bons quoi. Donc c’est vrai que tout ça
va vraiment être déterminant par rapport à l’environnement dans lequel ils vont évoluer
finalement, leurs envies propres et leur environnement.
Moi : Ok, du coup ma question suivante c’est quelle prise en charge en ergothérapie vous
proposaient à ces enfants-là ? Par rapport aux troubles de la coordination et avec quels
objectifs ?
Ergothérapeute 1: Ba après moi comme je bosse dans un SESSAD c’est très orienté scolarisation et
milieu ordinaire, donc après je pense que dans d’autres milieux, la prise en charge serait différente
mais du coup c’est très réadaptation et orienté sur la compétence scolaire en lien avec la
répercussion du trouble et puis proposer et voir avec lui les adaptations et les aménagements qui
lui conviennent. Donc c’est vrai comme on a une mission, je pense que l’ergothérapie ça va
dépendre de la mission dans laquelle tu es et tu t’inscris, du coup, là on a vraiment cette relation
avec les enseignants , euh les AVS , expliquer que ça et ça il peut pas le faire pour telle ou telle
raisons , expliquer le trouble, sa répercussion, qu’est ce qui va l’aider et qu’est ce qui va pas l’aider
et pi avec un lien direct avec l’enfant, le gamin lui comment il se sent dans la situation mais qu’elle
soit scolaire ou après ça peut être décliner aussi sur d’autres environnements pas que
l’environnement scolaire mais euh on va être vraiment dans une analyse de la situation avec
l’enfant, qu’est ce qui … là où il se sent le plus en difficulté, qu’est-ce qu’on met comme stratégies,
comme choses en place pour qu’il compense, soit l’ordinateur, pas l’ordinateur, l’ordinateur dans
certaines situations et pas dans d’autres, voilà être déterminé par rapport à l’enfant et qu’est ce
qui … sa plainte, qu’est ce qui l’invalide vraiment, nous on a plus une mission comme ça de
réadaptation .
Moi : D’accord et par exemple les conséquences secondaires dont je parlais qui sont, en
fait la situation de handicap dans laquelle ils peuvent être par rapport aux activités qui
ne peuvent pas accéder, est-ce que l’ergothérapie intervient sur ce domaine-là ?
Ergothérapeute 1: ouais, elle peut. Enfin souvent pour les dyspraxiques que j’ai en tête là, je pense
à un qui est tellement invalidé par ses troubles gestuelles, il est dispensé parce que ça le... il est
vraiment dans une incapacité à faire ses activités là donc il est vraiment dispensé mais pour
d’autres jeunes, euh qui ont quand même des compétences ça va être vraiment ‘fin voilà souvent
les enseignants viennent nous voir et nous disent ba voilà on va faire du kayak est ce que tu crois
que ça va le faire, ‘fin vraiment plus encore une fois dans la discussion et l’explication , on va être
plus là-dedans, après parfois , je sais pas moi, j’ai pas rencontré de choses particulièrement.. mais
après pourquoi pas réfléchir à des adaptations, je sais pas moi , réfléchir à d’autres outils, d’autres
raquettes, ‘fin voilà réfléchir à des adaptations en dehors des standards, ça peut être ça aussi
parfois mais j’ai pas rencontré ça vraiment.
Moi : D’accord. Ok, pour revenir plus précisément sur moi la proposition d’une activité
cirque, est ce que tu peux me dire brièvement ce que t’évoques le cirque, pour toi qu’estce que c’est les activités basées sur le cirque ?
Ergothérapeute 1: ouais ba c’est une activité à la fois on va dire psychomotrice, vraiment
corporelle et à la fois artistique et avec un regard sur l’autre, ça se théâtralise aussi, ça se met en
scène c’est pas juste une espèce de prouesse du corps, de tout ça mais il y a à la fois le côté
technique pour moi, le côté vraiment de réussir une performance et aussi le côté artistique, euh
voilà on peut avoir un artiste qui est très très technique mais qui va pas faire ressentir les choses
comme un autre, et le cirque c’est un petit peu du sport sans l’être, ‘fin c’est peu comme ça que je
vois…
Moi : Ok, et du coup selon toi comment l’activité cirque peut répondre à certains des
objectifs qui peuvent être mis en place pour les enfants dyspraxiques ?
Ergothérapeute 1: Ba je pense que du coup pour eux, le volet artistique va pouvoir leur donner
confiance, c’est pas juste une prouesse technique, il peut y en avoir un peu mais après suivant les
domaines et suivant ce qu’ils explorent, euh peut-être ils vont pouvoir trouver quelque chose dans
lequel ils vont pouvoir s’en sortir et puis après plus jouer sur le jeu artistique et le langage avec le
public , et pouvoir être dans l’échange et un peu l’aspect théâtrale du cirque, la mise en scène et
des choses comme ça. Du coup c’est une petite porte pour aller vers l’expérience au travers du
corps mais après en … comment dire c’est pas comme un club de hand quoi, peut-être que les
gamins ils y vont peut-être moins à reculons que sur un truc, où on va attendre une performance.
Finalement le cirque, on attend aussi quelque chose de visuel, de beau, c’est pas nécessairement
une performance.
Moi : D’accord, donc tu as un peu répondu à ma prochaine question du coup, c’est quel
attrait peut avoir cette activité par rapport aux autres activités qui sont proposés
communément ?
Ergothérapeute 1: Ba c’est vrai que sur une semaine qu’on a faite, on a bien vu qu’on était avec
des jeunes qui étaient… y avait à la fois des jeunes qui avaient pas forcément de soucis dans la
performance dans le groupe d’ado mais plus dans la relation à l’autre et dans justement se mettre
en scène pour les autres et être dans un échange et tout ça, donc eux ils étaient plus en difficulté
et nos petits cocos étaient plus en difficulté sur les coordinations et tout ça mais finalement dans le
côté ultra ludique du cirque et des agrées du cirque et tout ça , ba finalement ils se jettent un peu
à l’eau et puis ils arrivent à faire certaines choses et puis on sent qu’ils se motivent parce que dans
le cirque y a aussi un espèce de challenge, c’est euh c’est pas juste marquer un but, c’est monter
sur la boule tenir, avoir en même temps des rubans, y a une espèce de performance où il faut
quand même qu’ils se jettent à l’eau malgré leur difficulté et puis après c’est hyper marrant donc
c’est vrai que ça permet de … comment dire… ouais vraiment une porte d’entrée pour se dire voilà
je suis pas super fort comme ça dans les coordinations, je sais on arrête pas de me le dire mais là
c’est tellement drôle et tout le monde le fait que tu as envie d’y aller et puis il y a pas d’enjeux, si
tu tombes si tu lâches, y a pas un enjeu , on porte pas une équipe, y a plus un enjeu envers toimême, et c’est pas quelque chose… c’est à la fois une performance et à la fois y a pas quelque
chose de sacré , si tu loupes de marquer le panier, l’équipe va pas t’en vouloir. Là le cirque c’est un
peu ça, tu peux rentrer dans le jeu, te mettre en danger, te tromper, ça sera pas aussi pesant
qu’un sport lambda quoi.
Moi : Ok, très bien. Et alors du coup moi je me suis intéressé à une activité en particulier,
au cirque, donc en fait c’est ce que j’appelle les pyramides humaines, tout ce qui est
enchainement de figures collectives, en groupe où il y a des voltigeurs, des porteurs et
tout ça, en fait que penses-tu de cette activité, quelle pourrait être son potentiel auprès
des enfants qui ont un trouble de la coordination ?
Ergothérapeute 1: Ba je pense que c’est assez intéressant parce que du coup c’est quelque chose
qu’ils vont pouvoir automatiser, la position tu vois, parce que souvent c’est des gamins qui vont
chercher le déroulement de leur gestes pour une finalité et si c’est un enchainement qui est établi,
revu et tu sais comment dire qu’il est toujours identifié comme le même, avec une séquence
particulière et tout ça, je pense que certains d’entre eux pourront automatiser ces gestes là et puis
finalement, ne plus avoir à se dire mince comment je fais , planifier le geste, parce que c’est ça qui
est compliqué pour eux, on leur donne le plan du geste sur une activité comme celle-là, donc je
pense que ça peut être une activité dans lequel ils vont pouvoir s’en sortir, en gros et comme c’est
quelque chose de commun, quelque chose qui vont pouvoir le partager, avec d’autres jeunes avec
une finalité commune , un peu comme dans un sport collectif en gros, finalement ouais je pense
que ça peut être le moyen détourné pour avoir cet esprit d’équipe, de comment dire , d’association
, de je compte sur toi, tu montes sur mon dos, et que du coup je pense que comme le geste va
être vraiment décortiqué, ensemble et avec la personne qui va les accompagner, je pense que du
coup ça va pouvoir compenser le fait … ça peut compenser la difficulté de planification tout
simplement. Et en plus, participer aux liens entre les uns et les autres, voilà dans une activité
collective, peut-être que … je sais pas si il y aurait d’autres activités collectives comme ça, sur
lesquelles, on a besoin, on compte autant sur les uns et les autres que dans un sport collectif par
exemple. Ça peut être le … certainement le … une des activités dans laquelle il pourrait s’exprimer
ouais … ouais carrément.
Moi : Ok, et donc pour finir, est ce que tu connais des approches thérapeutiques qui sont
un peu nouvelles dans l’accompagnement des enfants ayant un TAC ?
Ergothérapeute 1: Alors c’est pas tout à fait nouveau c’est … j’émets des réserves parce que j’ai
des collègues qui le font c’est l’intégration neurosensorielle, je sais pas si tu en as entendu parler ?
Moi : oui oui
Ergothérapeute 1: de Jean Ayres mais c’est les années 80, et c’est en gros, j’avais fait une
formation dessus à l’ANFE , c’est en gros une … des activités qui font à la fois appel à la
proprioception, au système vestibulaire, à l’audition, aux 5 sens si tu veux, et ce modèle un peu
théorique, mets en évidence le fait que certains gamins qui n’arrivent pas à avoir des acquisitions
comme d’équilibration et de choses comme ça, c’est lié à des soucis proprioceptifs ou vestibulaires,
y a aussi beaucoup de théorie sur les troubles attentionnels, énormément et voilà c’est des
théories qui marchent pour certains enfants , y a quand même des choses qui fonctionnent mais ça
demande si tu veux, déjà faut pas être dans un service où y a des psychomot sinon moi c’était le
cas à l’époque où j’avais fait la formation et j’étais revenue , je vais jamais pouvoir la mettre en
application cette formation parce que j’avais 4 collègues psychomot qui étaient géniaux et euh ça
demande à la fois une salle d’expérience sensorielle énorme, pour pouvoir se suspendre et se
balancer, des pistes de skate à perte de vue [rires], donc voilà après je pense qu’il y a des services
qui arrivent à l’utiliser , y a une formation diplômante en suisse, qui se déroule sur 3 ans où tu sors
avec un diplôme. Moi c’est quelque chose qui me rend perplexe parce que j’ai parfois l’impression
d’aller rapidement dans la réadaptation parce que j’ai pas les moyens de donner autre chose aux
gamins si tu veux, et que parfois tu te dis mince, si on pouvait voir le gamin 4 fois par semaine, si
on pouvait voir un autre système d’accompagnement, moi actuellement un collègue en libéral qui a
pris ce créneau-là, qui a fait la formation, pas mal de choses sur le geste grapho-moteur et tout ça
et il s’est aperçu par ses techniques et tout ce champ d’exploration là, il arrivait, à ne pas
nécessairement mettre des gamins à l’ordinateur, pas tout de suite en tout cas, et dans la
formation que j’avais faite. […] On est tous un peu perplexe, après déjà qu’est-ce qu’on appelle
dyspraxie, sur comment on se met d’accord, sur la terminologie parce que on voit bien que c’est
quand même un peu chaud des mettre d’accord, justement entre … y a des théories où le trouble
de l’acquisition des coordinations c’est pas une dyspraxie, déjà voilà faut se mettre d’accord làdessus, mais c’est vrai que parfois moi ça me rend perplexe, par ce que parfois tu te dis si on
pouvait explorer justement l‘exploration sensorielle, tout un tas de choses, est ce que la gamin il
pourrait …
Moi : oui faire de la rééducation …
Ergothérapeute 1: oui de la rééducation avant la réadaptation ouais. Et ça c’est toujours une
question de moyen, on a beau dire mais c’est vrai du coup, moi ça me rend toujours un peu
perplexe,
Moi : Oui ba honnêtement je m’y étais intéressé aux débuts de mes recherches
justement sur cette approche car je suis rentré par là grâce à mes cours et du coup je
voulais t’amener à une autre approche que moi j’ai découvert qu’on appelle l’approche
CO-OP, donc Cognitive orientation to daily orientation performance, qui est une approche
centrée sur l’enfant qui part de ses motivations à lui…
Ergothérapeute 1: oui je connais
Moi : … qui utilise une technique de résolutions de problème, la verbalisation, la
métacognition... Pour aider l’enfant à trouver ses stratégies cognitives pour acquérir de
nouvelles habiletés. Donc tu en as déjà entendu parler ?
Ergothérapeute 1:Oui c’est ce qu’on utilise un peu mais tu es sur la réadapt plus sur le sensorimoteur, c’est vraiment cognitif
Moi : oui c’est ça on est plus sur le déficit mais sur la performance, pour aider l’enfant à
faire les choses…
Ergothérapeute 1: Oui et à l’accompagner , ouais ouais, et ça c’est québécois aussi, c’est vraiment
une méthode où le gamin il est au centre, et tu l’accompagnes à ce qu’il trouve ses propres
stratégies et effectivement par la verbalisation et tout ça, et ça c’est une méthode universelle, c’est
une méthode qui peut servir pour une dyspraxie ou un trouble du langage écrit , ‘fin c’est vraiment
une méthode … ou même pour un TC adulte, tu vas rechercher avec lui ses propres stratégies
Moi : En fait elle a été élaborée par des ergothérapeutes spécifiquement pour des enfants
ayant des troubles de l’acquisition de la coordination.
Ergothérapeute 1: ah oui d’accord, au départ c’est ça, ah oui ok
Moi : au départ oui et maintenant ça tend à s’étendre pour des enfants avec d’autres
troubles des apprentissages, mais en fait à la base c’était pour répondre aux besoins de
ces enfants-là que ça a été fait, et du coup c’est vrai …
Ergothérapeute 1: Ba oui parce que c’est vraiment des enfants qui se soutiennent par le verbal et
donc oui ça m’étonne pas que ce soit cette population d’enfant là, parce que ce sont des gamins
qui vont pouvoir essentiellement passé par le langage et te dire si faut faire comme ça mais qui
vont pas pouvoir le mettre en œuvre facilement , mais c’est clair c’est une méthode … mais elle
date de quand cette méthode parce que du coup moi je l’ai entendu y a pas si longtemps que ça,
Moi : Dans les années 2000 oui, après y a un protocole spécifique mis en place et tout ça
mais ça peut être aussi une inspiration dans l’accompagnement de ces enfants-là. Après
je sais pas du coup, je sais que tu n’as pas eu la formation et tu ne connais pas plus que
ça
Ergothérapeute 1: non je ne connais pas plus que ça
Moi : mais toi ton avis d’utiliser cette méthode-là auprès de ces enfants-là et par le biais
d’une activité cirque comme celle des pyramides humaines ?
Ergothérapeute 1: Ba oui c’est vrai que si on part sur les dyspraxiques pur développementaux c’est
des gamins qui ont vraiment des capacités cognitives préservées, raisonnementales et tout ça donc
c’est clair que c’est des gamins qui vont très bien savoir élaborer ’fin verbaliser en tout cas, ce qu’il
y a à faire ou l’intention à vouloir faire certaines choses et même verbaliser leurs difficultés, tu
peux leur demander tu es gêné dans quoi , ils vont très précisément pouvoir te dire dans quelles
activités donc c’est clair que la métacognition chez ces jeunes-là ça fonctionne parce que ils ont un
bagage langagier qui les aide à compenser . Après l’activité, oui c’est clair, face à quelque chose
qu’il faut reproduire, reproduire le geste ou se mettre dans la même position que ce gars-là , ba du
coup peut-être que d’abord en le verbalisant avec lui ou le faisant verbaliser comment doit être la
position de ses mains, de ses bras et tout ça, c’est clair que ça colle carrément avec l’activité,
puisque tu peux … le soutien que tu as auprès de ces gamins là c’est la verbalisation donc du coup
c’est sûr que ça peut les aider. Après je sais pas bien si ils sont capables d’avoir un feedback,
c’était à dire après avoir verbaliser est-ce qu’ils sont vraiment capable, de se mettre dans la
position, de faire l’enchainement, sans vraiment être accompagné gestuellement, des fois c’est des
gamins qui vont être bloquer sur la fermeture éclair, tu vas le verbaliser, puis non il va falloir
mettre les mains et tout l’aspect proprioceptif tu vas leur dire ba non c’est dans cette position-là
que tu dois mettre ta pince, et voilà donc peut-être que la verbalisation , l’accompagnement
gestuel, la guidance gestuelle je pense que ça aussi ça doit pouvoir les aider à participer et peutêtre qu’ils peuvent se guider les uns les autres suivant ce qu’ils ont perçus corporellement,
l’interaction doit être active aussi .
Moi : donc pour toi ça peut avoir … ça peut
Ergothérapeute 1: être un point d’appui ouais
Moi : oui c’est un plus dans l’accompagnement ?
Ergothérapeute 1: ouais, oui certainement.
Moi : ok, et pour faire le lien, un dernier point, sur par exemple cette activité-là qui serait
mis en place en utilisant cette approche-là, est ce que tu penses que ça peut vraiment
favoriser justement le fait s’investir dans ce type d’activité et de …
Ergothérapeute 1: de faire des progrès gestuellement ?
Moi : oui mais aussi est-ce que ça pourrait avoir un impact sur leur participation à
d’autres activités?
Ergothérapeute 1: Ba oui je crois parce que ce qui est source de mise en confiance c’est de pouvoir
à un moment donné être mis en confiance dans une activité et regonfler un peu son estime de soi
pour aborder des choses plus difficiles, euh donc oui je pense par exemple comme les gamins du
SESSAD avec les regroupements ils ont sport adapté et y en a pleins , et y en a un qui a une
hémiparésie qui pendant des années veut faire de la danse et elle veut toujours en faire, donc ça
veut vraiment dire que ils arrivent quand même à gagner en confiance, je pense, après on est pas
dans leur tête mais à exprimer un petit peu des choses dans des activités ou dans l’activité cirque,
et que du coup ils se nourrissent un peu de ça pour aborder peut-être des choses un peu plus
compliqué, ils vont peut-être plus facilement se mettre en danger on va dire, que ce soit dans la
relation que dans la performance, que ce soit de se dire ba allez je tente le coup mais oui c’est sûr
, je pense parce que ne jamais pouvoir jamais s’exprimer ou en tout cas perdre complètement
confiance en soi, on voit bien , pour avoir suivi des gamins à postériori tu vois au collège qui ont
jamais eu de suivi avant et tout ça, on leur a dit pendant des années qu’ils étaient des nuls c’est
clair que c’est des gamins qui s’autorisent pas à grand-chose qui sont vraiment dans un truc où
non surtout pas ne toute façon je sais pas faire donc évidemment s’il peut y avoir une petite porte
sur une activité dans laquelle ils vont pouvoir à la fois se mettre en relation avec les autres, dans la
difficulté comme dans la réussite, c’est sûr qu’après ça leur donne un peu l’énergie d’aller affronter
d’autres trucs quoi, ça je pense que c’est clair, et ces gamins plus que, enfin tous les gamins ont
besoin de ça mais ces gamins là encore plus par ce que ils sont tellement dans une réalité, qui
peuvent pas, pourtant ils sont tout bien pareil que les autres, pas handicapée en plus, ‘fin on dit
pas handicapé au sens lourd, au sens visuel, ça se voit je suis en fauteuil je peux pas courir quoi,
là en plus ça se voit pas nécessairement donc ça peut être , les autres peuvent penser que ça
camoufle , voilà du j’ai pas envie de faire, je suis paresseux, ‘fin voilà c’est des choses qu’on
entend tout le temps, donc forcément s’ils ont pas une activité dans laquelle ils peuvent montrer
que malgré tout ils y arrivent et tout ça et ba ouais c’est des choses qui peuvent les rendre plus
fort, face à des difficultés futurs. S’ils peuvent à un moment donné, réussir quelque chose, on le
voit bien quand un enfant est obligé d’être dispensé de sport, tu vois c’est quand même énorme,
moi ça me pose question, c’est pas un gamin que je suis mais tu vois ça me pose énormément de
question c’est à la fois une dimension sociale, au collège quand tu vas au sport c’est pas juste pour
l’activité, c’est un truc où ils se passent pleins de choses au point de vue relationnel, donc lui il est
exclu de ces 4 heures là c’est vraiment dommage. Du coup ça pose question, qu’est ce qui va en
faire plus tard, quand il se sera face à quelque chose où il se dira ah non c’est comme le sport je
peux pas le faire, et pi du coup pas y aller. Ouais, de toute façon à chaque fois qu’on peut chez ces
enfants-là , leur permettre de d’y aller quoiqu’il arrive en gros , c’est une force pour plus tard, ça
fait penser à l’émission de radio faite avec des ados qui ont des troubles du langage oral, j’ai
trouvé ça génial, parce que effectivement faut reprendre mais en même temps tu es enregistré
donc faut faire sa phrase dans ta tête, je trouve qu’effectivement ça les pousse en avant plutôt que
d’être dans le « non surtout pas », passe par l’écrit tu es meilleur à l’écrit, du coup c’est clair que
voilà le cirque, tu te dis le cirque pour des TAC mais ils vont jamais s’en sortir mais en fait d’un
moyen détourné, sur une activité bien précise, pas du jonglage, y a certainement d’autres champs
dans lesquels ils peuvent s’exprimer c’est clair.
Moi : Ok, et bien ce sera tout pour moi. Merci beaucoup.
Ergothérapeute 1: Merci à toi.
Annexe n° 5 : Retranscription de l’entretien avec l’ergothérapeute n°2
Durée de l’entretien : 22 min
Moi : Alors pour ma première question j’aimerais que tu te présentes en me disant ta
formation, les postes que tu as pu avoir ou ton poste actuel et ton expérience
professionnelle auprès des enfants ayant des troubles des apprentissages et notamment
les enfants ayant une dyspraxie développementale.
Ergothérapeute 2 :D’accord donc moi je suis diplômée depuis bientôt trois ans, de l’école d’ergo de
Rennes. J’ai travaillé en psychiatrie, en centre de rééducation pour adultes et là ça fait deux ans et
quelques mois que je travaille en centre de rééducation et au SESSAD notamment et dans le
service pédiatrie. Donc auprès d’enfants qui présentent des troubles des apprentissages : TDAH,
TED, dyspraxie… ‘fin tous les troubles des apprentissages en fait.
Moi : ok, est-ce que tu peux me dire selon toi, pour un enfant qui a un diagnostic de
dyspraxique quelles vont être ses difficultés au quotidien ?
Ergothérapeute 2 : Donc qui va avoir une dyspraxie, il va déjà avoir des difficultés pour tout ce qui
est sur le plan de l’habillage, tout ce qui nécessite des coordinations par exemple faire le vélo, faire
les lacets, ça peut être couper ses aliments dans son assiette, et pi ça se retrouve aussi au niveau
des apprentissages, tout ce qui est le geste graphique, on retrouve des répercussions là-dessus
avec des dysgraphies importantes qui gênent la prise de note, la copie, tout ce qui est l’utilisation
des outils géométriques pour les tracés, voilà.
Moi : D’accord et je voulais savoir si tu penses que toutes ces difficultés au quotidien ont
des conséquences secondaires sur l’enfant, dans le présent comme dans son futur ?
Ergothérapeute 2 : Ba moi je pense à l’impact au niveau principalement au niveau de l’estime de
soi parce que ce sont des enfants qui sont tout le temps en échec, ils n’arrivent pas à être en
réussite sur tout ce qui est manuel. Dans un groupe par exemple, une activité sportive à l’école ils
vont se retrouver à être les derniers à se rhabiller parce qu’ils ont des difficultés. Ce sont des
gamins qui sont pas très sportifs, parce que du coup taper dans un ballon c’est compliqué, etc.
donc c’est pas forcément choisi dans les équipes etc. donc je pense que la plus importante des
répercussions dans le futur c’est l’estime de soi qui est assez basse.
Moi : et donc cette mise à l’écart un peu tu penses qu’elle pourrait impacter ses relations
sociales ?
Ergothérapeute 2 :ba pour les enfants ça reste, ‘fin toutes les activités de groupe, sportives, à la
récré, où ils jouent au foot, j’ai envie de dire que , j’ai envie de faire une réponse de normand, ça
peut impacter , en fait tout dépend du niveau de difficulté de l’enfant , si vraiment il est très
dyspraxique, qu’il arrive pas à se coordonner ne serait-ce que pour taper dans un ballon si c’est un
garçon ou sauter à la corde à sauter si c’est une fille, il risque de s’exclure de lui-même je pense
parce que déjà il aime pas ça, il est en échec du coup il va préférer d’autres jeux avec d’autres
enfants, après plus grand ils vont se retrouver en difficulté au collège, sur tout ce qui est activité
sportive etc. et ouais ça peut impacter sur leurs relations sociales ça effectivement , à la fois ça
impacte mais y a tout le reste quoi.
Moi : D’accord et du coup par rapport à l’ergothérapie qu’est-ce qui est proposé comme
prise en charge et quels sont les objectifs majeurs poursuivis ?
Ergothérapeute 2 : Alors je vais plus parler dans le cadre du SESSAD parce que c’est plus làdedans que je vois des enfants avec des dyspraxies développementales, euh ba la prise en charge
en ergo est souvent axé sur les apprentissages, parce qu’une dyspraxie est jamais isolée donc
souvent en cours d’année on travaille la compensation au niveau des apprentissages purs mais
pendant les vacances scolaires ce qui est proposé c’est des regroupements avec des thèmes
d’activités , ça peut être la voile, l’équithérapie, ça peut être du cirque, de l’acrobranche, ça peut
être pleins de choses et donc dans ces cas-là on se retrouve plus à gérer de l’habillage, faire les
lacets, les coordinations bi-manuelles, par exemple ne serait-ce que pour l’acrobranche on
accroche un mousqueton, on décroche l’autre donc ça suppose d’utiliser les deux mains et tout ce
qui est coordination avec les membres inférieurs et puis voilà.
Moi : oui ok et est-ce que tu penses qu’il y a des choses de faites ou qui pourrait être
faite pour ses conséquences secondaires ?
Ergothérapeute 2 : Ba du coup nous on les accompagne sur les activités où eux ils sont en échec,
je repense par exemple à un jeune garçon qui était dyspraxique et on l’a accompagné sur de
l’accrobranche par exemple et en plus il a le vertige donc c’était pas évident mais donc le fait
d’accompagner ces jeunes dans des activités où ils sont d’habitude en échec et leur proposer des
situations de réussite , ça les conforte dans … au niveau de la confiance en eux, et puis ça leur
permet de se dire finalement j’y arrive, je peux le faire et ça va donc c’est vraiment …pour les
conséquences secondaires c’est de l’accompagnement à réussir des activités où d’habitude ils sont
en échec.
Moi : ok, donc moi je me suis intéressée à l’activité cirque, est ce que tu peux me dire
brièvement ce que t’évoques l’activité cirque, quelle représentation tu en as ?
Ergothérapeute 2 : pour le cirque y a plusieurs choses, y a plusieurs aspects, y a tout l’aspect,
activité cirque donc ça peut être de la jonglerie, du travail sur l’équilibre, ça peut être des portés,
ça peut être pleins de choses, pour moi c’est assez vaste
Moi : D’accord et alors l’activité cirque comment tu penses que ça peut répondre à
certains objectifs en ergothérapie pour ces enfants-là?
Ergothérapeute 2 : Ba en ergothérapie c’est comme tout activité ça peut être un média entre
l’enfant et l’ergothérapeute pour atteindre des objectifs, ça peut être … [rires] j’ai l’impression de
me répéter mais ça peut être de l’habillage, travail sur l’équilibre, les coordinations et puis la
confiance en soi parce que comme toute activité qui est difficile pour ces jeunes dyspraxiques ou
ayant un TAC c’est… on les accompagne à être en réussite dans des activités où d’habitude ils sont
en échec.
Moi : Du coup cette activité quel attrait penses-tu qu’elle a par rapport aux autres
activités communément proposé ?
Ergothérapeute 2 : ba déjà y a tout l’aspect ludique, en plus c’est souvent une activité qui… que les
jeunes connaissent pas donc dans un groupe même si y a que des dyspraxiques, si y a des jeunes
qui ont un trouble de l’attention ou des choses comme ça ils sont tous à égalité face à cette
activité-là donc là du coup ils partent tous du même niveau avec des difficultés différentes chacun
et puis euh du coup euh ils peuvent , dans le cadre du SESSAD comme c’est une activité qu’on
pratique pas, on a un encadrant, un professionnel du cirque qui nous accompagne qui nous
présente les activités, du coup ça met un média de plus, on a dans une relation de groupe, on n’est
pas en séance individuelle, on est sur une activité qui sort de l’ordinaire, on est plus sur la
rééducation ou la mise en compensation des troubles d’apprentissages. Ça nous permet d’avoir une
relation plus privilégiée avec les jeunes et du coup c’est vachement intéressant pour la relation de
confiance qu’on établit avec les jeunes, pi c’est euh pour moi franchement le plus c’est l’aspect
ludique.
Moi : ok, donc au sein du cirque je me suis intéressée à une activité ce que j’appelle les
pyramides humaines, c’est un enchainement de figures collectives où y a des porteurs,
des voltigeurs et que penses-tu de cette activité là et de son potentiel ?
Ergothérapeute 2 : ouais donc ce que j’appelle les pyramides humaines c’est ce que j’ai appelé tout
à l’heure les portés en fait…
Moi : oui ça peut avoir plusieurs noms.
Ergothérapeute 2 : moi je trouve que c’ est très intéressant au niveau du schéma corporel et tout
ce qui est aussi au niveau des coordinations ; la représentation que l’on a de son corps et qui est
pas forcément évidente chez des enfants qui ont eu du mal à … qui ont une dyspraxique, ils sont
un peu , ce qu’on appelle « pataud », ils savent pas très comment placer leur membre, comment
ils évoluent dans l’espace, et du coup tout ce qui est portés je trouve ça vraiment intéressant parce
que ça les oblige à vraiment réfléchir sur leurs corps, sur la manière de bouger leurs corps, la façon
dont ils vont poser leurs membres sur le corps d’un autre donc ça c’est vachement intéressant tout
cet aspect-là.
Moi : ok très bien, pour finir est-ce que tu connais des approches thérapeutiques qui sont
un peu nouvelle en France on va dire pour l’accompagnement de ces enfants qui ont un
TAC ?
Ergothérapeute 2 : euh joker … [rires] euh non j’en connais pas
Moi : ok pas de problème, moi je voulais te présenter une approche…
Ergothérapeute 2 : Ba y a peut-être la méthode CO-OP, je dirai ça
Moi : ba c’est celle-là dont je voulais parler
Ergothérapeute 2 : mais je la connais pas plus que ça, je la connais juste de nom, je l’ai
expérimenté lors de mon stage au Québec mais pas dans le cadre d’enfant ayant un TAC
Moi : D’accord donc je vais juste faire une brève définition, donc l’approche CO-OP est
une approche centrée sur l’enfant, on part de ses motivations à lui et on utilise une
méthode de résolution de problème, en comprenant la verbalisation et la métacognition
en fait pour accompagner l’enfant à trouver des stratégies cognitives pour acquérir les
habiletés motrices.
Ergothérapeute 2 : ouais c’est ça que j’ai vu
Moi : du coup quel impact penses-tu que cela aurait d’utiliser une telle approche auprès
de ces enfants ?
Ergothérapeute 2 : Ba je pense que déjà le gros bénéfice c’est qu’on part des motivations de
l’enfant et après toute la phase résolution de problème est très intéressante parce que ça amène
l’enfant à trouver ses propres solutions. Après y a les phases d’entrainement, de répétition qui sont
vachement intéressantes parce que ça met l’enfant ou le jeune en confiance dans l’activité qui veut
réaliser, et c’est un apprentissage individualisé au final avec ses propres solutions à lui donc du
coup pour moi c’est un impact positif sur lui et après pourquoi pas rediscuter de ce qui a été vu
avec la famille , parce que je pense qu’il ne faut pas exclure la famille de cette méthode-là , parce
que c’est aussi la famille qui va gérer tout le quotidien avec l’enfant…
Moi : oui parce qu’il y a toute une part de transfert et de généralisation dans la vie
quotidienne
Ergothérapeute 2 : oui, oui moi je pense que c’est intéressant comme méthode, après en France je
sais pas si elle est très pratiqué, après ça peut être juste une approche mais la méthode, se dire je
vais faire du CO-OP je ne sais pas si c’est pratiqué en France.
Moi : donc pour faire le lien avec la proposition d’une activité cirque auprès des enfants
dyspraxiques développementaux, comme les pyramides humaines en y associant une
approche CO-OP, comment tu penses que cela peut avoir un impact sur ses situations de
participation sociale ?
Ergothérapeute 2 : Ba par exemple on est avec des jeunes qui ont un faible estime d’eux parce que
ils sont en difficulté pour tout ce qui est vie quotidienne, coordination , activité sportive… et du
coup-là on leur propose une activité pas adaptée mais ludique, nouvelle qui connaissent pas, et
puis on leur propose de trouver eux même des solutions pour moi c’est très intéressant parce
qu’on les amène à réfléchir sur leur fonctionnement, du coup le fait qu’ils trouvent par eux même
les solutions dans une activité sportive c’est… au niveau de l’estime de soi c’est forcément un plus,
après la réussite sur une pyramide, s’ils arrivent à monter leur pyramide comme ils veulent en
groupe c’est d’autant plus intéressant, en groupe c’est d’autant plus valorisant, le fait qu’ils aient
trouvé par eux même les solutions , savoir comment je vais me placer, où je vais mettre mon pied
pour pas faire mal à l’autre, ou par où je vais grimper pour aller en haut si je suis le voltigeur, et
de réfléchir en verbalisant à l’avance pour moi c’est un plus parce que c’est déjà si après avoir
verbalisé, qu’ils essaient et qu’ils réussissent pour moi c’est gagné, y a vraiment un plus dans
l’estime de soi pour la suite et je pense que ça leur permet de prendre confiance pour d’autres
activités ou là ils sont pas en groupe comme au SESSAD comme en classe ou en sport quoi.
Moi : tu penses que ça peut les encourager à participer davantage à d’autres activités ?
Ergothérapeute 2 : Ba ça les mets en confiance donc je pense qu’effectivement ça peut leur
permettre de s’engager plus facilement, plus spontanément dans d’autres activités, après faut
qu’ils se lancent mais je pense qu’effectivement ça peut les aider , les pousser à essayer d’autres
activités qu’ils connaissent pas , peut-être plus effrayante pour eux parce qu’ils ont peur de se
mettre en échec etc., et du coup toute expérience où ils vont être en réussite et bonne à prendre
parce que ça leur permet de prendre confiance justement, et si on utilise une méthode qui les aide
à prendre confiance c’est bon à prendre quoi .
Moi : ok ba j’ai fait le tour de mes questions donc merci beaucoup.
Ergothérapeute 2 : Ba de rien.
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