Contribution à la description du comportement d`innovation dans les

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Contribution à la description du comportement
d’innovation dans les organisations : Cas des PME
en Industrie Agroalimentaire
Pr. Amina TOURABI
aminatourabi4@gmail.com/ aminatou[email protected]
Enseignante chercheuse - ENSA Université IBNZOHR Agadir - Maroc
Résumé
L’innovation aujourd’hui s’entend surtout comme la possibilité de changer ou de transformer
un produit, un processus ou un système de gestion, qu’il s’agisse d’une modification radicale
ou d’une légère amélioration de type incrémental, tant que le résultat mène à une exploitation
finale réussie.
Notre papier propose de rassembler et d’étudier les différents facteurs qui peuvent expliquer
le comportement d’innovation dans les organisations exerçant dans le secteur d’industrie
agroalimentaire au Maroc.
Notre choix a porté sur les PME du fait qu’elles sont les plus habiles à innover afin de
répondre à des objectifs de croissances et de développement et de compétitivité.
Si l’innovation se révèle aujourd’hui un pôle important d’avantages nous avons relevé
cependant qu’elle reste un phénomène complexe dont l’intégration passe par des obstacles et
des barrières inhibant son développement (passivité et culture peu favorable au changement,
complexité de la réglementation, esprit d’entreprise peu présent, aversion pour le risque,
sources de financement insuffisantes).
Devant les difficultés rencontrées par les PME pour réussir leurs stratégies innovation, elles se
contentent de s’inscrire dans le développement des processus d’apprentissage des techniques
et des pratiques déjà innovées.
Mots clés : Notion d’innovation, comportement d’innovation, déterminants
organisationnels de l’innovation, capacité à innover, motivations à l’innovation.
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Introduction
Dans un environnement de crise l’entreprise se trouve face aux impératifs de la
mondialisation, à la montée en puissance de la concurrence, à la nouvelle économie du savoir,
et aux différentes problématiques liées au développement durable, la gestion de l’innovation
est devenue pour les entreprises une préoccupation stratégique permanente.
Notre champ de recherche s'articule initialement autour du management de l'innovation. C'est-
à-dire la mise en œuvre des techniques et dispositifs de gestion destinés à créer les conditions
les plus favorables au développement des innovations.
D’ailleurs, si le concept d’innovation correspond à la matérialisation et à la commercialisation
d’une idée, il est devenu un important catalyseur pour l’organisation, lui permettant de créer
et de sauvegarder de la valeur ajoutée.
Plusieurs questions se posent dans le contexte des PME du secteur dindustrie agroalimentaire
dans la région du SOUSS MASSA DRAA dans la mesure on voulait caractériser leur
comportement vis-à-vis de linnovation. Le présent travail constitue une ébauche dune
contribution à la description du comportement dinnovation des organisations en question.
On se posait les questions sur les déterminants organisationnels de linnovation, sur la
capacité dinnovation, et sur les obstacles qui se présentent devant la réalisation de
linnovation.
Hypothèses : H1 les organisations montrent une certaine passivité vis-à-vis des activités
d’innovation (expliquée par la faiblesse des moyens financiers, ou par une position
monopolistique créant des barrières à l’entrée) ; et H2 : les organisations montrent une
réactivité et parfois une pro activité vis à vis des activités d’innovation à travers le
renforcement des motivations à l’innovation et les facteurs qui influencent la capacité à
innover.
Méthodologie :
Notre recherche qui est à caractère exploratoire insérée dans une épistémologie
constructiviste, propose de rassembler et d’étudier les différents facteurs qui peuvent
expliquer le comportement d’innovation dans les entreprises exerçant dans le secteur de
l’industrie agroalimentaire dans le région SOUS MASSA DRAA.
Le travail sest basé sur létude des résultats de lenquête Innovation 2102 réalisée sur la
région Sous Massa DRAA et qui a porté sur plusieurs secteurs. Sur 48 entreprises étudiées,
23 constituent des unités exerçant en industrie agroalimentaire, soit 48% des unités de la
région.
Le présent travail discutera dans la revue de la littérature : le concept et typologie
dinnovation, importance de linnovation dans les organisations, déterminants
organisationnels dinnovation et les incertitudes liées à linnovation. Dans un deuxième lieu et
pour discuter du comportement dinnovation des entreprises nous allons évoquer le profil des
organisations étudiées : les PME, présentation du secteur dindustrie agroalimentaire et puis
de ses particularités, ses opportunités et ses faiblesses, et caractéristiques dinnovation dans le
secteur.
1. Revue de Littérature
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1.1.Concept et typologies d’innovation
Depuis Schumpeter, qui l’a définie comme une destruction créatrice de la valeur (1930), elle
est devenue un concept multidimensionnel concernant aussi bien les nouveaux objets de
consommation que les nouvelles méthodes de production et de transport, que les nouveaux
marchés, ou encore les nouveaux types d'organisation industrielle.
La conception plus récente de l’innovation, la définie comme la mise en valeur économique
au sein de l’entreprise de l’invention, est plus restrictive puisque l’on distingue habituellement
l’innovation de produit (mettre sur le marché des nouveaux produits ou des produits plus
performants en offrant plus de fonctionnalités et plus d’efficiences) de l’innovation de
processus reposant quant à elle sur l’amélioration technique des processus de production, ou
des méthodes de gestions de production.
La définition de l’innovation peut aussi se faire sous deux grandes approches : L’approche
fonctionnelle (fonction technique, commerciale, financière, administrative, et humaine qui
innove pour rechercher l’implication la plus efficace des salariés).
La seconde approche opérationnelle permet de distinguer l’innovation de rupture, qui modifie
complètement une situation antérieure d’innovation d’adaptation qui n’a que des effets
d’amélioration d’une technique, d’un produit. On oppose aussi l’innovation réactive et
l’innovation proactive selon que l’entreprise lance une action d’innovation en réagissant à des
menaces immédiates ou qu’elle stimule l’innovation pour se donner une marge supérieure
d’initiative.
La question de l’innovation a été aussi abordée par de nombreux experts actuels de la gestion
d’entreprise comme Peter Drucker et Edward Roberts et aussi, Michael E. Porter, pour
qui « l’innovation implique des améliorations en matière de technologie et une meilleure
manière de faire les choses. Elle peut se manifester par des changements dans les produits ou
les processus, de nouvelles approches marketing, de nouveaux modes de distribution, une
nouvelle portée. Les innovateurs ne répondent pas uniquement à des possibilités de
changement; ils forcent les choses afin que l’innovation se produise plus rapidement. En
pratique, une grande partie de l’innovation, est basique et incrémentale plutôt que radicale.
Elle résulte davantage de l’accumulation de petits progrès que de grandes découvertes
technologiques. Elle trouve souvent son origine dans des idées qui, sans être réellement
neuves, n’ont jamais été pleinement utilisées.
Typologies d’innovation
Les travaux de Schumpeter [1934] proposaient une typologie des innovations selon les cinq
variantes suivantes :
- L’introduction d’un nouveau produit ou l’amélioration qualitative d’un produit
existant. "The introduction of new goods -that is one with which consumers are not yet
familiar- or of a new quality of goods." ;
- L’introduction de nouvelles méthodes de production. "The introduction of a new
method of production, which needs by no means be founded upon a discovery
scientifically new, and can also exist in a new way of handling a commodity
commercially."
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- L’ouverture de nouveaux marchés. "The opening of a new market that is a market into
which the particular branch of manufacture of the country in question has not
previously entered, whether or not this market has existed before.";
- Le développement de nouvelles sources d’approvisionnement en biens de production.
"The conquest of a new source of supply of raw materials or half - manufactured
goods, again irrespective of whether this source already exists or whether it has first
to be created.";
- Les évolutions de l’organisation industrielle. "The carrying out of the new
organization of any industry, like the creation of a monopoly position (for example
through trustification) or the breaking up of a monopoly position."
Le secteur de l’industrie agroalimentaire reflète en réalité, une prédisposition à l’introduction
et l’utilisation de nouvelles méthodes dans les processus de production, accompagnée d’une
exploration de nouveaux débouchés (américain, européen, et arabe…).
Si l’innovation s’entend surtout comme la possibilité de changer ou de transformer un produit,
un processus ou un système de gestion, qu’il s’agisse d’une modification radicale ou d’une
légère amélioration de type incrémental (améliorant ainsi la compétitivité des entreprises,
augmentant le bien-être social des citoyens et favorisant la croissance durable), elle peut
prendre selon le manuel d’OSLO deux formes principales : "innovation de procédé" d’une
part et "innovation de produit" d’autre part.
"L’innovation technologique de procédé" correspond à l’adoption de méthodes de production
nouvelles ou sensiblement améliorées. Elles permettent la production de produits nouveaux,
ou simplement améliorés, qu’il serait impossible d’obtenir à l’aide des installations ou des
méthodes classiques. Alternativement, elles permettent d’augmenter le rendement dans la
production des produits existants. Elles peuvent enfin conférer davantage de souplesse à la
production, abaisser les coûts ou bien encore réduire les déchets, les atteintes à
l’environnement, les coûts de conception des produits ou améliorer les conditions du travail.
De manière générale, l’entreprise qui introduit une innovation de procédé vise à obtenir des
avantages de coût afin d’accroître ses parts de marché ou ses profits pour les produits
concernés.
Un "produit technologiquement nouveau" est un produit dont les caractéristiques ou les
utilisations prévues présentent des différences significatives par rapport à ceux produits
antérieurement. De telles innovations peuvent faire intervenir des technologies radicalement
nouvelles, ou reposer sur l’association de technologies déjà existantes, mais mises en œuvre
dans de nouvelles applications. Un "produit technologiquement amélioré" est un produit
existant dont les performances sont sensiblement augmentées ou améliorées. L’innovation de
produit vise à créer de nouveaux marchés, sur lesquels l’entreprise innovante sera
temporairement en situation de monopole.
1.2.Importance de l’innovation dans les organisations.
Les organisations sont conscientes aujourd’hui que l’innovation est devenue pour elles
l’élément clé de leur survie, leur croissance et leur développement (Acs et Audretsch, 1990).
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Pour ces organisations, une plus forte capacité d’innovation est censée contrebalancer leur
plus grande vulnérabilité dans un environnement concurrentiel et dans la nouvelle économie
fondée sur le savoir. Ainsi, l’innovation de produits permettrait aux PME de maintenir leur
position sur le marché ou leurs relations avec leurs clients importants, alors que l’innovation
de procédés ou l’innovation technologique viserait l’amélioration de leur compétitivi par
une réduction des coûts de production et une augmentation de la flexibilité de l’appareil
productif (OCDE, 2007).
(Nonaka et Takeuchi 1995) affirment que l’innovation permet aux entreprises de renforcer
leur compétitivité et leur position concurrentielle sur les marchés. Elle leur permet de :
- d’augmenter leur productivité,
- d’améliorer la qualité de leurs produits ou de leurs services
- de développer des compétences clés
- d’améliorer leur compétitivité hors-prix.
Michel Porter souligne que l’innovation est la clé de la compétitivité des entreprises parce
qu’elle conditionne leur capacité à maintenir des avantages concurrentiels durables sur des
marchés évolutifs. C’est donc un facteur terminant de la compétitivité et de la rentabilité
des entreprises et par conséquent un élément essentiel de la stratégie de l’entreprise.
L’innovation ne se manifeste pas forcément sous forme de résultat d’un processus linéaire,
qui selon l’approche classique serait issu de l’enchaînement des processus allant de la
recherche scientifique à l’implantation commerciale. En réalité, les opportunités d’innovation,
et en conséquence l’obtention d’avantages compétitifs durables, peuvent survenir au niveau
de n’importe quel élément du monde complexe de l’activité d’entreprises, sans qu’un
enchaînement de processus soit nécessaire.
Ainsi innover permet de bénéficier d’un avantage concurrentiel en termes de coût ou d’offre
produit. Dans ce cas, l’entreprise pourra soit appliquer une stratégie de baisse des prix ou une
stratégie d’accroissement des marges. La stratégie de différenciation est souvent adoptée par
les PME innovatrices leur facilitant la coexistence à côté des grands groupes.
1.3.Les déterminants de l’innovation
L’analyse des déterminants économiques et organisationnels d’innovations constitue de fait
un travail relativement complexe, mais toujours d’actualité.
Sa relative complexité provient du fait que les comportements d’innovation résultent
d’interactions dynamiques et stratégiques par nature, qui induisent des phénomènes difficiles
à appréhender tant d’un point de vue théorique qu’empirique.
Pour une organisation, de nombreux facteurs sont susceptibles d’influencer la décision
d’innovation, on distingue deux ensembles de facteurs :
Facteurs affectant la capacité technologique à innover
Selon [Pisano 1990], le premier ensemble de facteurs regroupe ceux qui expliquent la
capacité technologique de l’entreprise à innover. De fait, même les entreprises les plus
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