TROUBLES DÉPRESSIFS ET RYTHMES CIRCADIENS DANS LES PATHOLOGIES NEUROLOGIQUES
DOSSIER
Neurologies • Décembre 2011 • vol. 14 • numéro 143 551
Le rythme circadien de corticos-
térone, étant sous le contrôle des
NSC, il représente une sortie hor-
monale de l’horloge. L’horloge peut
donc utiliser ce rythme hormonal
pour distribuer le message circa-
dien dans tout l’organisme et, ainsi,
induire des organisations tempo-
relles de diverses fonctions.
Par exemple, chez les rongeurs, ce
rythme de corticostérone est res-
ponsable de la synthèse rythmique
de sérotonine (5-HT) dans les neu-
rones des raphés médians et dor-
saux (au niveau de l’expression des
gènes tph2 et de la protéine trypto-
phane hydroxylase) (20, 21). Cette
synthèse et cette libération circa-
dienne de 5-HT induite par les NSC
via le rythme journalier des gluco-
corticoïdes, suggèrent une modu-
lation circadienne des fonctions
physiologiques, comportementales
et émotionnelles qui dépendent des
structures cérébrales innervées par
des fibres 5-HTergiques.
Le premier circuit nerveux identifié,
sortant des NSC et clairement asso-
cié à un rythme neuroendocrine, fut
celui qui utilise l’innervation sympa-
thique aérente à la glande pinéale
pour connecter l’activité circadienne
de l’horloge avec la synthèse et la li-
bération rythmique de mélatonine.
La mélatonine (MLT) est donc une
sortie endocrine de l’horloge qui
distribue un message circadien à l’or-
ganisme via la circulation générale.
Contrairement à la corticostérone,
dont la régulation de la synthèse n’est
pas exclusivement dépendante de
l’horloge (stress, système immuni-
taire, réponse inflammatoire, etc.),
le rythme de MLT dépend, lui, exclu-
sivement des NSC et n’est influencé
que par le cycle jour/nuit. Chez tous
les mammifères qu’ils soient diurnes
ou nocturnes, la MTL est toujours
synthétisée et secrétée la nuit. La
MLT ne distribue donc qu’une infor-
mation temporelle, le signal de nuit.
Directement mesurable dans le
plasma ou la salive, le rythme de
MLT donne une indication robuste
et fiable du fonctionnement de
l’horloge circadienne. Ceci est spé-
cialement important en recherche
clinique et, aujourd’hui, la mesure
du rythme de l’hormone ou de son
métabolite majeur, la 6-sulphatoxy-
mélatonine, est largement utilisée
en clinique pour évaluer les carac-
téristiques circadiennes des sujets,
et partant le bon fonctionnement de
leur horloge (22).
Dans les paragraphes suivants nous
allons nous intéresser plus spécifi-
quement à la MLT et à son rôle dans
le système multi-oscillant décrit
plus haut.
LA MÉLATONINE
LE CONTRÔLE PAR LES NSC
DE LA SYNTHÈSE RYTHMIQUE
DE MÉLATONINE
La MLT dérive de la sérotonine (5-
HT), qui est elle-même produite
en grande quantité par la glande
pinéale à partir du tryptophane
circulant. La synthèse de MLT est
induite par la libération de nora-
drénaline la nuit, à partir des ter-
minaisons des nerfs sympathiques
dans la glande pinéale. La MLT
n’est pas stockée dans la glande pi-
néale et est immédiatement libé-
rée dans la circulation générale. Le
rythme du taux de MLT circulante
reflète précisément le rythme de
sa synthèse dans la pinéale.
Bien que le rôle de l’innervation
sympathique de la pinéale dans
le contrôle de la synthèse de MLT
soit connu depuis longtemps, ce
n’est qu’au cours de la dernière dé-
cennie que la globalité du circuit
nerveux impliqué a pu être iden-
tifié.
En bref, le contrôle par les NSC
de la libération rythmique de
mélatonine par la glande pinéale
se fait par une voie polyneuronale
impliquant les neurones pré-auto-
nomiques des PVN, des neurones
préganglionnaires dans les noyaux
intermédiolatéraux de la corde
spinale et les ganglions cervicaux
supérieurs. A partir de ces gan-
glions, des fibres sympathiques re-
joignent la glande pinéale (23).
Quels sont les neurones et les
neurotransmetteurs impliqués
aux diérents niveaux du cir-
cuit ?
A l’heure actuelle, il a été démon-
tré que les projections GABAer-
giques des NSC sur les PVN sont
directement impliquées et les NSC
contrôlent le rythme de synthèse
de MLT par une inhibition directe
de cette synthèse via la libération
circadienne de GABA le jour au ni-
veau des PVN. Des signaux stimu-
lateurs la nuit (le glutamate?) ont
également été identifiés (24, 25).
LE RÔLE DE LA
MÉLATONINE ENDOGÈNE
DANS LE SYSTÈME CIRCADIEN
La sécrétion nocturne (circa-
dienne) de la MLT représente un
signal hormonal eérent qui per-
met au NSC de distribuer, via la
circulation générale, un message
nocturne/circadien dans tout l’or-
ganisme. La durée du pic nocturne
de sécrétion de MLT, toutefois,
reflète aussi la durée de la nuit. Le
profil journalier de la sécrétion
permet donc à la MLT de distri-
buer une information temporelle
à la fois journalière (la nuit) et sai-
sonnière (la longueur de la nuit)
(26).
Dans cette “mini-revue” nous al-
lons plus porter notre attention
sur le rôle de la MLT dans l’or-
ganisation circadienne des
fonctions.