Les 3R Fondements d`une éthique utilitariste en expérimentation

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Les 3R
Fondements d une
éthique utilitariste
en expérimentation
animale
Dr Brigitte Rault
Ethique, Morale et Action
! L'éthique est la théorie de l'action que l'homme doit
mener pour bien conduire sa vie et parvenir au
bonheur (épicure)
! L'éthique est une théorie rationnelle de la conduite
de la vie individuelle tandis que la morale représente
la dimension collective, sociale, de la détermination
du comportement humain, (Nietzche)
! L'éthique de la rationalité et du devoir: l'homme est
un être totalement libre et capable de bien agir par le
recours à la seule puissance de sa raison (Kant)
! Ce qui est bien et juste ce n'est pas ce qui est utile à
une personne en particulier mais ce qui est utile au
plus grand nombre (J. Stuart Mill) (pb du côut
bénéfice)
Utilitarisme
(J. Bentham, J.S. Mill)
! « Agis toujours de manière à ce qu'il en résulte la plus
grande quantité de bonheur »
! Par principe d'utilité, on entend le principe selon lequel
toute action, quelle qu'elle soit, doit être approuvée ou
désavouée en fonction de sa tendance à augmenter ou à
réduire le bonheur des parties affectées par l'action.
! On désigne par utilité la tendance de quelque chose à
engendrer bien-être, avantages, joie, biens ou bonheur.
Le plus grand bonheur du plus grand nombre
ETHIQUE UTILITARISTE
!
Unanimiste ?
!
Déterminée par la majorité? (coca-cola ou chambertin)
!
Déterminée par les plus «compétents» ?
!
Déterminée par le « risque d opinion »
!
Varie en fonction de la sensibilité du corps social
Les 3 R
1959: Burch et Russell, « The Principles of
Humane Experimental Technique »
Reduce
(quantitatif et qualitatif)
Replace
(in vitro, bioinformatique, modélisation
mathématique)
Refine
(optimisation)
Méthodes alternatives
Ne pas confondre :
! méthode alternatives permettant soit le remplacement, soit
la diminution du nombre, soit l amélioration de conditions de
l expérimentation animale (3R)
! méthode
substitutives = méthode d expérimentation n ayant
pas recours à l animal vertébré vivant (replacement)
Le recours à l animal n est autorisé que lorsqu il n y a
pas de méthode substitutive possible, et nous devons
alors favoriser le recours à des méthodes alternatives
Plus de 90% de la recherche actuelle s effectue in vitro
Directive 2010/63
! S il est souhaitable de remplacer l utilisation d animaux
vivants dans les procédures par d autres méthodes qui
n impliquent pas leur utilisation, l utilisation d animaux
vivants demeure nécessaire pour protéger la santé humaine
et animale ainsi que l environnement. Cependant, la présente
directive représente une étape importante vers la réalisation
de l objectif final que constitue le remplacement total des
procédures appliquées à des animaux vivants à des fins
scientifiques et éducatives, dès que ce sera possible sur un
plan scientifique. À cette fin, elle cherche à faciliter et à
promouvoir les progrès dans la mise au point d approches
alternatives. Elle vise également à assurer un niveau élevé
de protection des animaux qui doivent encore être utilisés
dans des procédures.
Principales catégories
des méthodes
alternatives …
"  Méthodes substitutives
replacement
" Essais sur les organismes inférieurs dans la classification
phylogénique
reduction
" Optimisation des études in vivo
reduction refinement
" Méthodes non invasives refinement
Remplacer…
Avant:
Construction éthique du protocole
Remplacer…
Modélisation informatique, vidéo, logiciels interactifs
Par les modèles non-vivants (entraînement)
Modèles in vitro (culture cellulaire…)
Organes isolés
Principales catégories des
méthodes substitutives …
In Silico
Méthodes physico-chimiques
Technologies de modélisation moléculaire
Modélisation mathématique des processus du vivant
Bioinformatique
Recours aux banques de données chimiques, biologiques, pharmacologiques
et toxicologiques (limite des modèles heuristiques)
Optimisation des données épidémiologiques existantes
Harmonisation au niveau international des essais biologiques et de dossiers
d enregistrement des médicaments
Modèles in vitro
# 
# 
# 
# 
# 
Organes isolés
Explants
culture de cellules primaires
culture de cellules
immortalisées
#  lignées saines
#  lignées tumorales
#  sphéroïdes
co-cultures
Avantages
! Meilleur contrôle des paramètres
! Pas de souffrance en cours
d expérimentation
! Technologie requérant un environnement
plus réduit et moins coûteux que
l expérimentation animale
! Possibilité de répéter rapidement les
séries expérimentales
Limites
Cellules animales/cellules humaines?
Disparition de la notion d organisme
Remplacement partiel seulement de l animal
Cultures primaires: pb de la source et de la
reproductibilité
! Lignées: pb de la représentativité (cellules
immortalisées)
! Influence des milieux de culture (difficulté de
reproductibilité)
! Pb de la validation
!
!
!
!
Culture cellulaire…
Activité biologique
Détermination et quantification des paramètres
cellulaires de:
!  Nutrition
!  Prolifération
!  Transcription
!  Respiration
!  Intégrité membranaire
!  Activité lysosomiale
…Culture
cellulaire…
Cytotoxicité basale
Propriétés toxicologiques générales:
"  criblage de molécules cytotoxiques
"  étude d interactions agonistes et antagonistes
indice d inhibition (DI50)
dose sans effet (DES)
temps d inhibition (TI50)
http://www.incytotox.com/
…Culture
cellulaire…
Cytotoxicité organospécifique
"  Recherche du ou des tissus cibles
"  Identification du mécanisme de toxicité au
niveau tissulaire
"  Étude de capacité anti-cancéreuse (lignées
cancéreuses ou sphéroïdes)
"  Détermination d indices
d hépathotoxicité, néphrotoxicité,
dermotoxicité, neurotoxicité
…Culture
cellulaire…
Stress cellulaire
Détermination de la tolérance, résistance ou récupération
cellulaire suite à un stress
!  choc thermique
!  irradiation laser ou spectre (UV ou visible)
!  hypoxie / hyperoxie
Organes isolés
Organe prélevé et maintenu sous perfusion (quelques heures)
Avantages:
!  étude précise de fonctionnement sans interférence
!  diminution de souffrance
(animal anesthésié, opéré et sacrifié ensuite)
Inconvénients:
sacrifice d un animal
durée d utilisation relativement
courte
très technique
Explants
! Tranches de système nerveux
Avantages
Permet d étudier des fonctions intégrées (synaptogénèse,
Myélinisation), des mécanismes physiologiques
(conduction nerveuse)
Pas de contrainte en cour d expérimentation
Limites
Limitation dans le temps
Système pauvre
Sacrifice d un animal
…Modèles in vitro
Avantages
Explants
Culture primaire
Lignées
cellulaires
Co-cultures
Inconvénients
approche fine des
mécanismes dans un tissu
donné
échantillonnage fréquent
étude des mécanismes dans
un type cellulaire
plusieurs tests à partir d un
animal
prélèvement chez l animal,
étude d'un seul type
cellulaire,
résultats parcellaires
Sources chez l’homme
bien caractérisé,
disponibilité
cellules modifiées,
différenciation incomplète
modèles plus complets;
paramètres relativement
bien contrôlés
en générale assez délicat,
demande une maîtrise
technique
ECVAM
Centre Européen de Validation des méthodes Alternatives, 1986
But:
Reconnaissance des protocoles expérimentaux entre
les établissements => éviter la multiplication des tests,
diminuer le nombre d animaux utilisés, validation des
tests in vitro
Méthodes validées…
ELISA test for batch potency testing of erysipelas vaccines
Date of the ESAC statement: 28 June 2002
Embryonic stem cell test for embryotoxicity
Date of the ESAC statement: 01 May 2002
Micromass embryotoxicity assay
Date of the ESAC statement: 01 May 2002
Whole rat embryo embryotoxicity assay
Date of the ESAC statement: 01 May 2002
CORROSITEX assay for skin corrosivity
Date of the ESAC statement: 06 December 2000
Remarks: The ESAC statement is based on the outcome of the US NTPNICEATM study.
ELISA test for batch potency testing of tetanus vaccines for human
use
Date of the ESAC statement: 06 December 2000
Toxin Binding Inhibition (ToBI) test for batch potency testing of
tetanus vaccines for human use
Date of the ESAC statement: 06 December 2000
http://ecvam.jrc.it/index.htm
Règlement REACH
! Entrée en vigueur en 2007
! 30 000 molécules à évaluer d ici 2018
REDUIRE
Avant:
Construction éthique du protocole
Réduire…
Utiliser moins d animaux sans perte d information
Voies:
"  Expériences indispensables
"  Éviter les répétitions inutiles
"  Planification rigoureuse des expériences
"  Partage d animaux et de matériel biologique
"  Diminution de la variabilité
"  Exploitation maximale des données
…Réduire…
Expériences indispensables: rôle du comité d éthique
Rejet d investigations discutables
exemples:
!  objectifs pas clairs
!  procédures insuffisamment détaillées
!  modèles animaux non pertinents
!  Mauvais choix des témoins
!  nombre d animaux inadéquat
…
Réduire…
Éviter les répétitions inutiles
Autorisation de mise sur le marché, vérification d innocuité / toxicité
Moyens:
"  Harmonisation européenne / internationale des normes de sécurité
" (ICH, International Conference on Harmonisation, 1990)
"  Rapprochement des normes en vigueur
"  Reconnaissance mutuelle de la validité des protocoles et des
données scientifiques
" Publication des résultats négatifs
…
Réduire…
Rédaction du protocole expérimental avant toute expérimentation
$  but de l étude
$  modèle animal
$  durée et conditions de l expérience (points limites)
$  groupe expérimental
$  groupe témoin
$  conditions d hébergement
$  méthodologie expérimentale
$  analyse des résultats
Réduire…
Planification rigoureuse
"  Vérifier la faisabilité technique
" 
Vérifier l existence des moyens
"  Vérifier la disponibilité de toute les composantes du modèle
…
Réduire…
Partager les animaux en expérimentation
( témoins, Centres de ressources biologiques)
Attention aux recommandations légales
(pas de répétition d expériences douloureuses ou stressantes)
…Réduire…
Diminution de la variabilité individuelle
Homogénéité de réponse
Réduction du
nombre d animaux
Diminution de la variabilité entre groupes
Reproductibilité de réponse
Réduction du
nombre d animaux
…Réduire…
!  caractères biologiques: composante génétique
(fonds génétiques = lignées consanguines et congéniques,
panmictiques etc..)
!  statut sanitaire (conditions d hébergement)
! Conditions d environnement ( milieu, aliment,
enrichissement)
…Réduire
Recherche bibliographique préalable
(intérêt des espèces référencées mais
limitation du choix des modèles)
Ne pas commencer de nouvelles expériences avant d avoir
exploités les résultats des précédents
Exploitation maximale des données obtenues
Analyse statistique
Expérimentations indispensables
=> résultats exploitables avec le plus
petit nombre d’animaux possible
Attention!!!
La réduction ne doit pas se traduire
par des résultats moins fiables
Evolution du nombre d'animaux vertébrés utilisés en France entre 1984 et 2007.
Utilisation des animaux en Europe en 2008
!
!
!
!
27 états membres
12 millions d animaux
80 % = rongeurs et lapins
France , Royaume-Uni, Allemagne
Les animaux de compagnie en France
! 60 millions
! 1 foyer sur 2
Consommation alimentaire
mondiale d animaux (stat FAO 1998)
Total 45 milliards d animaux dont:
290 M de bovins
1.1 milliard porcs
802 M moutons et chèvres
41 milliards poulets, canard, oies, dindes
Optimiser….
Avant:
Conception éthique des procédures
Optimiser,
raffiner
(refine) …
Expérimenter mieux
Réduire, supprimer ou soulager
l inconfort, la douleur, la détresse ou
l angoisse.
Obtenir plus d informations pertinentes
Avant:
Conception éthique des
procédures :
(mise en œuvre de méthodes
alternatives )
Rédaction du projet
(préalable à l expérimentation)
$  but de l étude/ pertinence des paramètres mesurés
$  Pertinence du modèles animal choisi
$ Vérification de la faisabilité
$ Taille des lots/pertinence des témoins
$ Maitrise des éléments parasites (environnement, statut sanitaire,
enrichissement, hébergement, facteurs sociaux)
$ Mise en œuvre de méthodes non invasives
$ Définition, mise en œuvre des points limites
$ Réalisation d une étude pilote
Procédures non invasives
! Définition et maîtrise d une clinique de l espèce
et de la perturbation étudiée
! Etudes comportementales
! Miniaturisation des mesures biochimiques
! Télémétrie
! Imagerie In Vivo
! Imagerie interventionnelle
Notion de « bientraitance
»
! Ne fait pas référence à la conscience ou à l état naturel.
! S inscrit, au sein de la réflexion éthique menée par les
expérimentateurs, dans la démarche du "comment",
celle de l éthique de moyens et d action.
! Se conçoit aux travers d attitudes ou de mesures
spécifiques et évolutives, permettant d intégrer au fur et
à mesure toutes les avancées enregistrées dans la
recherche biologique et éthologique.
! Acceptation sociale facilitée permettant un dialogue
ouvert, fructueux et apaisé entre le législateur, les
"protecteurs" et les expérimentateurs.
! Indépendante juridiquement de la maltraitance.
Élaboration et mise en œuvre de
points limites
Points limites
« moment auquel la souffrance et/ou la détresse
de l animal d expérimentation doit être arrêtée,
minimisée ou diminuée à l aide de mesures telles
que l euthanasie, l arrêt du processus qui le fait
souffrir ou par un traitement visant à le soulager »
Points limites: objectif
Eviter:
! La mort ou un état moribond comme
critère d interruption
! La douleur et la souffrance inutiles
! Les données invalidées par des animaux
stressés ou souffrants
Optimiser
!
!
!
!
! Pendant:
Pertinence et multiplicité des paramètres
mesurés
soins per per et post-op, anesthésie/analgésie,
étude en situations aigues plutôt que
chroniques,.
procédures non invasives,
Optimiser
Après:
méthode d euthanasie
Enregistrement des données même non
exploitées
Optimisation de l exploitation des
données (outil statistique pertinent)
Devenir des animaux
# 
# 
# 
# 
# 
R comme …
RESPONSABILITE de
l expérimentateur
Quelques sites d intérêt
! http://extranet.inserm.fr/recherche-pre-clinique
! http://ethique.ipbs.fr/sdv/ethiqueexp.html
! http://www.bvet.admin.ch/tierschutz/00237/
index.html?lang=fr
! http://altweb.jhsph.edu/publications/humane_exp/hettoc.htm
! http://www.nc3rs.org.uk/
! http://gircor.net/qui/guideEvaluationEthique.pdf
BEA
Institut national
de la santé et de la recherche médicale
[email protected]
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