Le lien entre la croissance, l`inégalité et la pauvreté

1
Le lien entre la croissance, l'inégalité et la pauvreté en Afrique au Sud du
Sahara
:
é
léments d’appréciation tirés de
données microéconomiques
sur
l’Ouganda
1
Economic Policy Research Centre
Makerere University Campus, Kampala, Ouganda
1
Communication à présenter lors de l’atelier BAD/C
ARE sur
Accelerating Africa’s Development
Five Years into the Twenty
-
First Century
prévu à Tunis, du 22 au 24 novembre 2006.
2
Table
des matières
Résumé analytique
3
1
.
Introduction
5
2. Le
lien entre la croissance
, l
’inégalité
et la pauvreté
6
3. Les courbes de
la
croissance, de
la
pauvreté et de l’
i
galité
en Ouganda
10
3.1 L’expérience de croissance de l’Ouganda
11
3.2 Les courbes de
la
pauvreté
14
3.3 Les courbes d
e l
inégalité
15
4. Explication du
lien entre la croissance
, l’inégalité
et la pauvreté
20
5. Conclusi
on
24
6. Références bibliographiques
27
3
Le
lien
entre la croissance, l
inégalité et la pauvreté en Afrique au Sud du
Sahara
:
é
léments
d’appréciation
tirés de
données microéconomiques
sur
l'Ouganda
Marios Obwona, John A.
Okidi et Sarah Ssewanyana
Economic Policy Research Centre
Mak
e
re
re
University Campus, Kampala, Ouganda
Résumé analytique
Une bonne partie de la littérature qui traite du
lien
entre la croissance économique et
l'inégalité des revenus s'inspire
de la théori
e révolutionnaire de Kuznets (1955).
En effet, dans
son hypothèse du "U renversé", Kuznets soutient que la croissance économique (
c’est
-
à
-
dire,
l’augmentation du revenu moyen
par habitant) peut, dès le départ, conduire à une
augmentation,
puis à une réduct
ion de l’inégalité
dans
le
s
revenu
s
au sein d’
un pays.
Depuis
lors, une multitude d’arguments
ont été avancés
en faveur
ou
contre ce
tte hypothèse
.
En Ouganda,
l’incidence
des efforts de développement sur l
a pauvreté, la croissance et
l’
i
négalité
entre 19
92 et 2003
a été marquée par trois périodes
.
Premièrement, la période de
1992 à 1997,
caractérisée
par de fort
s taux de croissance macroéconomiques annuels, qui ont
culminé à plus de
dix pour cent en 1994/95. Ces forts taux de croissance étaient
accompagné
s
d’une réduction substantielle de la pauvreté et
de la baisse de
l’inégalité
de
revenus.
Deuxièmement, la période de 1997 à 2000, marquée par le ralentissement de la cr
oissance,
avec une
moyenne d
e
nviron
5% par an.
S’il est vrai que la cr
oissance génér
ée alors
était
suffisante pour maintenir la courbe descendante de la pauvreté, la distribution des fruits de la
croissance était tellement as
ymétrique que l’inégalité
de
revenus
a
considérablement
augmenté.
Troisièmement, la période de 2000 à 2003, marq
uée non seulement par le ralentissement,
mais aussi
par
la diminution
progressive
de la croissance.
Le ralentissement continu de la
croissance,
associé
à
l’aggravation de
l’inégalité
dans
la distribution des fruits de la
croissance, a eu
l’
effet
général
d’
inverser la tendance à la baisse de la pauvreté.
Nous retenons
donc
q
ue la croissance, accompagnée dans
une certaine
mesure de la
redistribution de
s
es
fruits, revêt une importance capitale pour la réduction de la pauvreté.
L’Ouganda a enregistré des taux
de croissance accélérés avec cependa
nt une certaine
augmentation de
l’inégalité
.
De bonnes politiques sont certes nécessaires pour la relance
d’une économie, mais elles
ne s
uffisent pas pour consolider l
es acquis de la réduction de la
pauvreté et des frui
ts de la croissance.
Toutefois, lorsque la libéralisation du marché coïncide
avec des facteurs externes favorables
ayant un effet
sur le secteur qui regroupe la majorité de
la population, la réduction de la pauvreté
devient
inéluctable.
E
n l’absence de c
es chocs
positif
s, les effets négatifs de la libéralisation du marché dans un pays pauvre peuvent être
4
amélioré
s
par de solides institutions de gouvernance
économique et la mise en place de
mécanismes de protection
.
Dans le cas contraire, les personnes
qui
,
au départ, viven
t dans
des
conditions de croissa
nce précaires, peuvent s’exposer à une tendance négative s'écartant
des
chemins
de la croissance à long terme,
et conduisant à
l'amplification
de l’inégalité
et
à
l'inversion des tendances à la réduction de
la pauvreté.
L’expérience de l’Ouganda montre qu'en dépit de l'existence de bons programmes et
politiques, la traduction des politiques en résultats
souhaités
peut être min
ée par des faiblesses
institutionnelles et entraîner un ralentissement de la crois
sance économique.
Le présent
document montre que lorsque ce phénomène est apparu en Ouganda, les inégalités sociales se
sont aggravées et la pauvreté a co
mmencé à prendre de l’ampleur.
Les leçons intéressantes de l’expérience de croissance de l’Ouganda
sont
tirées de
trois
périodes :
a
u cours de
la première
période, l’on
a enregistré de forts taux de croissance
découlant
de
taux
élevés
de croissance moyenne
, et une réduction de
l’inégalité
de
revenus ;
la seconde
a
été marqué
e
par
des taux de croissance
accélérés
, de
forts taux de croissance
moyenne
a
ccompagnés de l’augmentation de
l’inégalité
; et la troisième
a été
une période de
profond
ralentissement de la croissance moyenne, avec de fortes augmentation
s
de
l’inégalité
qui ont conduit à
de
s
taux de cr
oissance négatifs.
5
I. Introduction
Au cours des années 1990, l’économie mondiale
a connu
une croissance qui
a permis
d’atteindre un taux d’augmentation du
PIB de 2,5% par an.
Néanmoins, un débat intense
se
poursuit sur
les avantages
que les populations
des pays en développement ont pu tirer de cette
croissance économique.
La persistance de la pauvreté dans
nombre de
parties du globe
constitue un défi majeur pour les dirigeants du monde.
Beaucoup se sont
saisi
s
du problème
de
la
pauvreté
absolue
, mais à
ce jour aucune solution satisfaisante n’a été trouvée.
La lenteur
des progrès dans la
réduction de la pauvreté mondiale a généré des interrogations quant à la
possibilité d’atteindre le premie
r Objectif de développement du M
illénaire, qui vise à réduire
d
e moitié
la proportion
de
la population
vivant
dan
s l’
extrême
pauvreté
(moins d’un dollar
par
jour) et des personnes q
ui souffrent de la fa
im
.
En Afrique au Sud du Sahara, le PIB par habitant a été réduit de 14%, le pourcentage des
personnes vivant avec m
oins d’un dollar par jour
est passé
de 41% en 1981 à 46% en 2001, et
140 millions de personnes en plus vivent dans la pauvreté
extrême
(Banque m
ondiale, 2004).
Dans d’autres régions, les progrès enregistrés sont mitigés.
Par exemple, au début des années
19
90, les économies en transition de l’Europe et de l’Asie centrale ont connu un
e chute
vertigineuse des revenu
s.
Les
taux de pauvreté ont augmenté à
6% à la fin de
la décennie,
avant d'entamer une
courbe descendante (Banque m
ondiale, 2004).
Selon les proje
ctions de la Banque
m
ondiale, l
a baisse d
es taux de pauvreté
la plus rapide
sera
enregistrée
en Asie de l'Est et dans le Pacifique, hormis la Chine
;
mais la réduction
substantielle de la pauvreté en Chine
prévaudra sur les chiffres mondiaux.
L’expérience
des
pays qui ont réussi à réduire sensible
ment la pauvreté met
en lumière
la nécessité
d’
une
croissance économique
forte et durable
pour atteindre ce résultat
.
Toutefois, les
études
sur la
pauvreté
ont maintes fois abouti
à la conclusion d’égale importance
qu
e la
forte croissance
à
elle seule ne suffit
pas.
Par exemple, dans des
régions telles que l'Amérique l
atine, où la
distribution des revenus
est moins équitable, l’incidence de la croissance sur la
réduction
de la
pauvreté
est
plus
faible
.
Selon cert
ains observateurs,
la croissance économique ten
d à accroître l’inégalité
de revenus
(et de biens) et
l’importance élevée de
l’inégalité
garantit
que la cr
oissance économique
profite
aux riches
plutôt
qu'aux pauvres.
Sur ce point,
Forsyth (2000) affirme
en
substance
que
beaucoup d’éléments montrent que les schémas actuels de croissance (économique) et de
mondialisation aggravent les disparités entre les revenus et freinent ai
nsi la réduction de la
pauvreté
.
S
i cette affirmation est correcte,
le meilleur moy
en de réduire la pauvreté serait de
s’attaquer d’
abord aux fortes inégalités de
revenu
s que connaissent les pays en
développement.
L
es initiatives de lutte contre la pauvreté
prises jusqu’à présent
par les grandes organis
ations
internationales (Banque m
on
diale, USA
ID, DFID)
ont été
essentiellement
concentrées sur
la
promotion de la croissance économique générale dans les pays en développement, plutôt que
sur
la prise en charge
de
l’inégalité
substantielle
de
revenus et d
e
biens dans ces pays.
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