Nº 89 – Septembre/octobre 2004
Editorial
A peine terminé le grand pèlerinage de Saint-
Jacques de Compostelle — dont vous verrez les
photographies dans ce numéro, il faut prépa-
rer celui de l’an prochain à Fatima, les 26, 27 et
28 août. Pour l’honneur de Notre-Dame bafoué
par les manifestations interreligieuses et les cé-
rémonies païennes qui se sont déroulées au sanc-
tuaire des Apparitions.
Au vagabondage actuel les Þ dèles de la Tradi-
tion répondent par le pèlerinage : une voie droite
dans une direction précise, vers un but certain. A
ceux qui errent dans la vie, ne sachant plus d’
ils viennent ni où ils vont, il faut montrer l’Etoile
du matin, le Salut des inÞ rmes, le Refuge des pé-
cheurs, la Consolatrice des a igés, le Secours des
chrétiens.
Le pèlerinage international de Fatima réunira
tous les Þ ls, toutes les Þ lles de Marie qui ne veu-
lent pas voir son sanctuaire profané par le syncré-
tisme religieux. Et ils sont nombreux ! A vous de
faire savoir dès maintenant à vos parents, amis,
voisins, relations, qu’en août 2005 une foule im-
mense, venue du monde entier, priera Notre-Da-
me, notre mère.
Abbé Alain LORANS
Lan prochain à Fatima
l’œcuménisme
SOMMAIRE
L’an prochain à Fatima
La responsabilité de l’œcuménisme dans
l’actuelle apostasie
Abbé Hervé Gresland
Les hindous à Fatima : c’était bien un acte
de culte hindou
Vincent Garnier
Saint-Jacques de Compostelle — Une pluie
de grâces à l’arrivée du pèlerinage
Le chapelain de Mel Gibson sanctionné par
son évêque
Abbé Alain Lorans
Nouvelles de Chrétienté Nº 89
Septembre — octobre 2004
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LA RESPONSABILITE DE LŒCUMENISME
LA RESPONSABILITE DE LŒCUMENISME
DANS LACTUELLE APOSTASIE
DANS LACTUELLE APOSTASIE
par M. labbé Hervé Gresland
Dans l’exhortation apostolique Ecclesia in Europa
(18 juin 2003), Jean-Paul II lui-même a reconnu avec in-
quiétude que le temps que nous vivons est celui d’une
« apostasie silencieuse » 1 du peuple catholique, d’un in-
di érentisme religieux, particulièrement en Europe.
Mais tant que les causes de cette apostasie ne sont
pas reconnues, cette constatation est vaine. Si l’on peut
diagnostiquer une « apostasie silencieuse », celle-ci doit
bien avoir une cause. D’où vient cette situation tragi-
que ? Qu’est-ce qui a provoqué un tel état de choses ?
Aujourd’hui le pape concède que l’on se trouve devant
une faillite, mais c’est un e et sans cause.
Certes, cette perte de la foi a plusieurs causes con-
juguées. Comme ce qui marque le plus les gens est ce
qui est le plus concret pour eux, ces causes sont en par-
ticulier :
- l’interruption de la transmission du contenu de
la foi par le catéchisme,
- et la réforme liturgique. Ce sont là les deux mâ-
choires de la tenaille par laquelle on arrache la foi.
Cependant ces réformes de la catéchèse et de la li-
turgie ont été faites pour une part dans une intention
œcuménique, par le désir de plaire aux fausses religions
et de se rapprocher d’elles. Dans le domaine de la litur-
gie, de nombreux « abus » ont pour cause le faux œcu-
ménisme. Déjà en 1964, Mgr Bugnini disait que son
intention pour la nouvelle messe était d’enlever de la
messe ce qui déplaisait aux frères séparés. Le cardi-
nal Antonelli, préfet de la Congrégation du culte divin
à l’époque de la révolution liturgique, portait ce juge-
ment : « J’ai l’impression que l’on a beaucoup concédé,
surtout en matière de sacrements, à la mentalité pro-
testante. » 2
C’est pourquoi Mgr Lefebvre pouvait dire : « Je crois
que ce qui déÞ nit le mieux toute la crise de l’Eglise,
c’est vraiment cet esprit œcuménique libéral. » 3 Parmi
les principales causes de l’apostasie se trouve l’œcumé-
nisme promu dans l’Eglise depuis Vatican II, qui por-
te une responsabili majeure. Il y a un lien de causali
entre les deux : cet œcuménisme engendre inéluctable-
ment un indi érentisme4 qui mène précisément à cette
apostasie. C’est ce que la Fraternité sacerdotale Saint-
Pie X a dénoncé dans le document intituDe l’œcumé-
nisme à lapostasie silencieuse, qu’elle a adressé aux cardi-
naux en janvier dernier 5.
Hors de l’Eglise pas de salut
Rappelons en préalable quelques vérités de foi.
La nécessité de lappartenance à lEglise pour le sa-
lut est un dogme aussi ancien que l’Eglise, qui a tou-
jours été a rmé d’une voix unanime par les Pères et les
Conciles de tous les temps. Il ne fait que répéter l’en-
seignement de Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même,
qui a fait de son Eglise l’unique arche de salut, l’unique
positaire du salut.
Ainsi que le rappelle le pape Pie IX : « A nouveau
nous devons mentionner et blâmer la très grave erreur
dans laquelle malheureusement se trouvent certains ca-
tholiques qui pensent que des hommes vivant dans l’er-
reur et loin de la vraie foi et de lunité catholique peu-
vent parvenir à la vie éternelle. » 6
A l’occasion de la convocation du concile du Vatican,
Pie IX adressa à tous les non-catholiques la lettre Jam
vos omnes du 13 septembre 1868 : « Quiconque considère
avec soin et médite la condition où se trouvent les diver-
ses sociétés religieuses divisées entre elles et séparées
de l’Eglise catholique, devra se convaincre facilement
que ni aucune de ces sociétés, ni toutes réunies en-
semble ne constituent en aucune façon et ne sont cette
Eglise une et catholique que le Christ Seigneur a fondée
et bâtie, et qu’il a voulu créer, et qu’elles ne peuvent pas
non plus être considérées en aucune façon comme un
membre ou une partie de cette même Eglise, puisqu’el-
les sont séparées visiblement de l’unité catholique. » Et
Mgr Annibale Bugnini
3
Fatima à l’heure de lœcuménisme
il exhortait tous les destinataires de cette lettre « à s’ar-
racher à cet état dans lequel ils ne peuvent être assu-
rés de leur sa-
lut. » 7
Mais les
chefs actuels
de l’Eglise ne
le croient plus.
Il est vrai, di-
ront-ils, qu’en
dehors de
l’Eglise, il n’y
a pas de sa-
lut ; mais tous
les hommes
participent de
l’Eglise, bien
que selon des
degrés di é-
rents. L’Eglise
n’est plus le
moyen unique
de salut « hors
de laquelle ab-
solument per-
sonne n’est
sauvé » 8, mais seulement « le moyen général de salut » 9.
La perte de la vie surnaturelle
La vérité révélée et la vie surnaturelle vont de pair : Je
suis le chemin, la vérité et la vie 10 . La vérité est une et
indivise : en refuser une part, c’est refuser Jésus-Christ,
même si l’on se prétend encore chrétien. Cest donc
s’établir dans le refus de la vie surnaturelle. LEglise ca-
tholique est trésorière de la grâce.
Par conséquent celui qui est séparé de l’Eglise ne
bénéÞ cie pas de la vie surnaturelle. Les non-catholi-
ques, qui ont rompu la communion avec l’Eglise, sont
parés de la vie de l’Eglise, ils ont perdu la commu-
nion vitale avec elle. Ils « ne peuvent vivre dans ce mê-
me Corps ni par conséquent de ce même Esprit divin. »
11 Ils ont perdu « les droits à l’union divine », pour parler
comme Pie IX, à la suite de saint Ambroise12.
Y a-t-il des éléments de sancti cation et de vérité
dans les communautés séparées ?
Depuis Vatican II, les catholiques entendent dire
que « de nombreux éléments de sanctiÞ cation et de vé-
rité » se trouvent hors de l’Eglise 13
; que « ces Eglises et
ces communautés sépaes ne sont nullement dépour-
vues de signiÞ cation et de valeur dans le mystère du sa-
lut. L’Esprit du Christ, en e et, ne refuse pas de se ser-
vir d’elles comme de moyens de salut » 14 ; ou encore que
« les actions sacrées de la religion chrétienne [non ca-
tholique] peuvent sans nul doute produire e ective-
ment la vie de la grâce, et lon doit reconntre quelles
donnent accès à la communion du salut ».15 La plénitu-
de des moyens de la grâce se trouve dans l’Eglise catho-
lique, mais les autres « communautés ecclésiales » parti-
cipent de cette plénitude à des degrés di érents.
C’est reconnaître à ces communautés séparées une
quasi-légitimité : ainsi Dieu se sert positivement des
fausses religions pour atteindre les hommes ! Tout cela
est évidemment faux : les autres religions sont des obs-
tacles, et non des moyens de salut. Si un protestant, un
musulman ou un bouddhiste se sauve, il ne se sauve pas
par sa religion, mais malgré elle. On ne se sauve pas par
l’islam ou par le shintoïsme. Il n’y a pas d’Eglise boudd-
histe au ciel, ni d’Eglise protestante.
Les communautés séparées ne sont pas en tant que
telles des moyens de salut. Au contraire, en tant que sé-
parées, elles sont des résistances au Saint-Esprit et un
obstacle plus ou moins grand au salut de leurs adeptes.
On ne peut dire quelles détiennent des éléments de
sanctiÞ cation et de vérité, ou des moyens de salut, si-
non matériellement. L’Eglise fone par Jésus-Christ
est l’unique détentrice des moyens de salut ; et l’Esprit
de vérité ne peut donner caution à l’erreur en lutilisant
comme moyen de salut.
Hors de l’Eglise catholique il n’y a ni culte ni sacre-
ments qui produisent la grâce de Dieu de façon fruc-
tueuse. C’est ce qu’a rme la doctrine des conciles :
l’Eglise « professe que l’unité du corps de l’Eglise a un
tel pouvoir que les sacrements de l’Eglise n’ont d’utili-
té en vue du salut que pour ceux qui demeurent en el-
le. » 16
L’Eglise du Christ et l’Eglise catholique
Vous connaissez la fameuse expression du concile
Vatican II, disant que l’Eglise du Christ « subsiste dans »
l’Eglise catholique 17. C’est là une expression clé du con-
cile par laquelle on a apporté un changement fonda-
mental à la déÞ nition de lEglise. Jusque là on a tou-
jours a rmé, d’un enseignement constant et unanime,
que l’Eglise du Christ est l’Eglise catholique, l’Eglise ca-
tholique est l’Eglise une et sainte fone par le Christ,
il y a identité entre les deux. Vatican II dit au contrai-
re : l’Eglise catholique nest pas l’unique Eglise de Jésus-
Christ, elle nest pas toute l’Eglise fondée par Jésus-
Christ, tout le Corps mystique du Christ. Certes l’Eglise
du Christ est présente en pnitude dans lEglise catho-
lique ; mais elle déborde des limites de l’Eglise catholi-
que, elle existe ou subsiste aussi en dehors delle, dans
les autres confessions chrétiennes qu’elle englobe. Elle
garde une « présence active » dans ces Communautés
séparées en raison des « nombreux éments de sancti-
Þ cation et de vérité » qui y sont présents. Les non-ca-
tholiques sont donc membres de l’Eglise du Christ. Les
communautésorthodoxes sont de véritables Eglises,
et le terme « Eglises sœurs » est employé à propos de
l’Eglise catholique et de l’“Eglise” orthodoxe.
Pie IX
Nouvelles de Chrétienté Nº 89
Septembre — octobre 2004
4
La distinction Eglise du Christ/Eglise catholique
permet d’avancer que, si la communion visible a été
blessée par les divisions ecclésiales, la communion in-
visible, considérée comme partage des biens spirituels
dans la commune union au Christ, na pas été brisée.
En conséquence, tous les chrétiens, quelle que soit leur
appartenance ecclésiale, du moment qu’ils « croient
au Christ » 18 — car tous les chrétiens ont la « foi » au
Christ -, sont et demeurent unis au Christ. Tous les chré-
tiens sont frères, et Jean-Paul II se réjouit du fait que
« la conscience de l’appartenance commune au Christ
s’approfondit. » 19 Et ils restent radicalement unis entre
eux, malgré les divisions, car celles-ci sont plus appa-
rentes que réelles. On peut rester unis sans avoir la mê-
me profession de foi ; simplement l’unité n’est pas visi-
ble, elle est invisible.
Selon la saine doctrine, la « communion » ecclésiale
nadmet pas de plus et de moins, mais est perdue tout
entière par ceux qui vivent hors des limites visibles de
l’Eglise catholique. Désormais, pour la nouvelle doc-
trine, elle est capable de plus ou de moins, selon qu’un
plus ou moins grand nombre de liens auront été sauve-
gardés. Tous les chrétiens « se trouvent dans une certai-
ne communion, bien qu’imparfaite, avec l’Eglise catho-
lique. […] JustiÞ és par la foi reçue au baptême, ils sont
incorpos au Christ, portent à juste titre le nom de
chrétiens, et les Þ ls de lEglise catholique les reconnais-
sent à bon droit comme des frères dans le Seigneur. » 20
Grâce à la doctrine des degrés de communion, les sec-
tes hérétiques et schismatiques ne sont plus des sépa-
rations de l’Eglise catholique, opérées par des hom-
mes qui ont suivi leurs erreurs ; elles sont devenues des
« Eglises » voulues par Dieu, bien qu’avec un degré de
plénitude moindre. Ces communautés ont une com-
munion partielle avec l’Eglise catholique ; cependant
la communion invisible de tous dans l’unique Eglise du
Christ demeure sauve.
Dès lors, « le but ultime du mouvement œcuméni-
que » nest que « le rétablissement de la pleine unité vi-
sible de tous les baptisés » 21. Même si cette communion
n’est pas encore pleine, une communion profonde nous
unit à tous les autres baptisés ; et il s’agit d’« amener à sa
plénitude et à sa perfection la communion déjà si riche
qui existe entre nous. » 22
LEglise catholique ne peut donc se croire lEglise
unique et totale du Christ, mais seulement une partie
de cette Eglise ; en conséquence, elle ne peut sarroger
le droit d’obliger les autres à retourner à elle, mais plu-
tôt toutes doivent sentir l’obligation de se réunir entre
elles, pour reconstituer cette Eglise, pour former tou-
tes ensemble la vraie Eglise du Christ. Toutes doivent
prendre conscience de leur commune subsistance dans
le Christ
L’union de toutes les Eglises ne doit donc pas se
faire dans l’Eglise catholique, par le retour des sépa-
rés à l’Eglise catholique, mais dans l’Eglise du Christ.
LEglise future et œcuménique, résultant de l’union, ne
pourra être identique à aucune des Eglises aujourd’hui
existantes. Elle surpassera toutes les confessions chré-
tiennes particulières.
L’unité de l’Eglise est donc à construire.
Lœcuménisme est un chemin vers une unité à créer,
à rechercher ensemble. Et cette unité sera avant tout
le fruit du dialogue, Jean-Paul II en est persuadé, c’est
une constante dans sa pensée : il faut reconstituer l’uni-
té chrétienne, recomposer par le dialogue l’unité per-
due de l’Eglise, comme si cette unité nexistait pas dé-
jà, et nétait pas une des notes inamissibles de l’Epouse
du Christ.
La nouvelle Eglise du Christ, aux contours assez mal
Þ nis, rassemble pour le moins l’ensemble des chré-
tiens, quelle que soit leur confession. Pour le moins, car
en fait l’ensemble des hommes qui ont un sentiment re-
ligieux appartiennent « de quelque manière » à l’Eglise,
qu’ils soient musulmans ou bouddhistes. C’est la dis-
solution de l’Eglise, dont les frontières deviennent très
ß oues dans la tête de la plupart des gens, qu’ils soient
catholiques ou non.
Les atteintes portées à la foi
Le Saint-O ce a publié en 1949 une instruction
« sur le mouvement œcuménique » 23, qui donnait des
directives de sage prudence :
Les évêques « veilleront à ce que, sous le faux prétex-
te qu’il faut beaucoup plus considérer ce qui nous unit
que ce qui nous sépare, on ne nourrisse pas un dange-
reux indi érentisme. » « On doit éviter […] que la pure-
té de la doctrine ait à en sou rir ou que son sens véri-
table et certain soit obscurci. Ils écarteront aussi cette
manière dangereuse de s’exprimer qui donnerait nais-
sance à des opinions erronées et à des espoirs fallacieux
qui ne pourront jamais se réaliser, en disant par exem-
ple que dans les matières dogmatiques, même l’Eglise
catholique ne possède pas la plénitude du Christ, mais
qu’elle peut être perfectionnée par les autres Eglises…
La doctrine catholique doit être par conséquent
proposée et exposée totalement et intégralement ; il
ne faut point passer sous silence ou voiler par des ter-
mes ambigus ce que la vérité catholique enseigne sur la
vraie nature et les étapes de la justiÞ cation, sur la cons-
titution de l’Eglise, sur la primauté de juridiction du
Pontife Romain, sur la seule véritable union par le re-
tour des chrétiens sépas à l’unique véritable Eglise du
Christ. »
Ces dangers à éviter sont la description exacte de
ce que nous voyons depuis Vatican II. Lœcuménisme
se comprend comme un droit de regard des autres reli-
gions sur l’a rmation et le contenu de la foi catholique,
bien entendu sans la moindre réciprocité. La foi catho-
5
Fatima à l’heure de lœcuménisme
lique est soumise à une sorte de préalable œcuménique
qui la détruit.
Loecuménisme ne respecte pas le devoir d’exposer
intégralement et sans ambiguïté la foi catholique. En
taisant les vérités que refusent les “frères séparés”, le
dialogue œcuménique provoque la confusion doctrina-
le, confusion où les catholiques semblent se complaire.
On prend de la liberté au niveau de la vérité pour fai-
re un peu n’importe quoi. On réinterprète de maniè-
re élastique les formules dogmatiques qui apparaissent
comme cause de division, on s’autorise une grande sou-
plesse en ce domaine (ces formules dépendent de leur
époque, des circonstances historiques…) ; on aboutit
ainsi au relativisme dogmatique.
Le pape Léon XIII condamnait ce type de prati-
que œcuménique : « Ils soutiennent qu’il est opportun,
pour gagner les cœurs des égarés, de relativiser certains
points de doctrine comme étant de moindre importan-
ce, ou de les atténuer au point de ne plus leur laisser le
sens auquel l’Eglise s’est toujours tenue. Il n’est pas be-
soin de long discours pour montrer combien est con-
damnable une telle conception. » 24
Et Pie XI : « S’agissant des points de foi, il n’est
aucunement li-
cite de distin-
guer d’une quel-
conque manière
entre les points
qui seraient
fondamentaux
et ceux qui ne
le seraient pas,
les premiers de-
vant être accep-
tés de tous, et
les autres pou-
vant être lais-
s au libre as-
sentiment des croyants ; la vertu surnaturelle de foi a
sa cause formelle dans lautorité de Dieu révélant, qui
ne tolère aucune distinction de ce type. » 25 La foi n’est
pas un sentiment intime, mais bien l’adhésion de l’in-
telligence « à cause de l’autorité même de Dieu qui ré-
vèle, et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper » 26.
C’est pourquoi celui qui refuse ne serait-ce qu’une véri-
té de foi connue commee perd totalement la foi
indispensable au salut, puisqu’il refuse de se soumettre
à Dieu en tant quil est la souveraine vérité et le motif
de la foi.
Malgré cela, l’œcuménisme fait comme si certaines
vérités de la foi étaient plus importantes que d’autres.
« Ce qui importe, dit Jean-Paul II aux protestants, c’est
notre commune profession de Jésus-Christ. […] Nous
avons pris une nouvelle conscience du fait que nous
croyons et professons tout cela ensemble. » 27
Lunité dans la profession de foi se fait de manière
très simple, par escamotage. Il su t de « passer » les
divergences, et même « les condamnations et les ques-
tions jusqu’alors controversées ».28 On va donc chercher
des formulations qui n’auront pas pour but de dire la
foi et d’écarter l’erreur, mais qui seront volontairement
équivoques, pour être acceptées de tous, et échapper
aux condamnations que l’Eglise avait portées dans le
passé. On peut ainsi publier de merveilleuses déclara-
tions communes, sans que les « frères séparés » n’aient
rien à désavouer de leurs « traditions ecclésiales ».29
En matière de foi, Jean-Paul II estime que, bien sou-
vent, « les polémiques et les controverses intolérantes
ont transformé en a rmations incompatibles ce qui
était en fait le résultat de deux regards scrutant la-
me réalité, mais de deux points de vue di érents. » 30
Ce n’étaient donc que des di érences de points de vue,
d’appréciation, qu’on avait mal interprétées, et qu’on va
maintenant réconcilier ! C’est ainsi que, au sujet de l’hé-
résie monophysite, il a rme : « Les divisions qui se sont
produites étaient dues dans une large mesure à des ma-
lentendus » 31 : en fait, nous croyons la même chose, mais
nous ne en étions pas aperçus jusqu’ici ! C’estsavouer
l’Eglise pourtant infaillible qui condamna ces hérésies.
Comme le dit le cardinal Kasper : « Là où nous avions vu
au premier abord une contradiction, nous pouvons voir
une position complémentaire. » 32
On ne peut pas fondre des principes contradictoi-
res, c’est l’évidence, on ne peut pas réunir, de façon à
n’en faire qu’une seule chose, la vérité et l’erreur. A
moins dadopter les erreurs et de rejeter tout ou partie
de la vérité. L’œcuménisme se fait donc au prix de la foi,
il conduit à renoncer à des vérités de foi.
Lœcuménisme perfectionne l’Eglise
Dans l’Instruction sur le « mouvement œcuméni-
que » mentionnée plus haut, le pape Pie XII donnait
cet avertissement : « On évitera de parler d’une manière
telle que, en revenant à l’Eglise, ils s’imaginent appor-
ter à celle-ci un élément essentiel qui lui aurait manqué
jusqu’ici. » 33 La foi ne trouve pas une espèce de « com-
plément » dans d’autres religions. En Jésus-Christ nous
est donnée la révélation plénière et complète du mys-
tère du salut.
Loecuménisme conciliaire prétend au contraire que
la foi de l’Eglise peut être perfectionnée par les “riches-
ses” des autres religions, et qu’elle doit les écouter.
Le 30 novembre 1985, Jean-Paul II envoyait un mes-
sage au patriarche de Constantinople Dimitrios, dans
lequel il disait : « Il y a dans la recherche de l’unité chré-
tienne une source d’enrichissement réciproque pour
l’unité de la foi. » 34 La même année, le pape écrivait au
sujet de la tradition catholique et de la tradition ortho-
doxe : « Du fait qu’elles sont complémentaires, les deux
traditions sont, dans une certaine mesure, imparfaites
si on les considère isolément. » 35
Pie XI
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