
ARRÊT CENTRE DE RESSOURCES JURIDIQUES
AU NOM DE VALENTIN CÂMPEANU c. ROUMANIE 3
EN FAIT
I. LES CIRCONSTANCES DE L’ESPÈCE
A. Le décès de Valentin Câmpeanu
1. La genèse de l’affaire
7. Valentin Câmpeanu était un jeune homme d’origine rom. Né le
15 septembre 1985 de père inconnu, il fut abandonné à la naissance par sa
mère, Florica Câmpeanu (décédée en 2001). Il fut alors placé dans un
orphelinat, le Centre de Corlate, où il grandit.
En 1990, on découvrit que Valentin Câmpeanu était séropositif. Les
médecins ayant ultérieurement diagnostiqué une « déficience intellectuelle
grave, un quotient intellectuel de 30 et une infection par le VIH », il fut
considéré comme étant atteint d’un handicap « grave ». Par la suite, il
présenta également des symptômes associés au VIH, tels que tuberculose
pulmonaire, pneumonie et hépatite chronique.
En mars 1992, il fut transféré au centre pour enfants handicapés de
Craiova et, plus tard, au centre de placement no 7 de Craiova (« le centre de
placement »).
2. Les bilans effectués en 2003 et 2004
8. Le 30 septembre 2003, la commission départementale de Dolj pour la
protection de l’enfance (« la commission départementale ») ordonna la
cessation de la prise en charge publique de M. Câmpeanu, arguant que
celui-ci venait d’avoir dix-huit ans et ne poursuivait aucune forme de
scolarité.
Bien que le travailleur social qui s’occupait de M. Câmpeanu eût
préconisé un transfert au centre local de rétablissement et de réadaptation
neuropsychologiques, la commission départementale décida qu’un
travailleur social compétent devait prendre toutes les mesures nécessaires
pour faire admettre M. Câmpeanu à l’hôpital neuropsychiatrique de Poiana
Mare (« le HPM »). Selon le droit pertinent, cette décision pouvait être
contestée devant le tribunal de première instance de Craiova.
M. Câmpeanu n’assista pas en personne à la réunion de la commission
départementale, et il n’y fut pas non plus représenté.
9. Le 14 octobre 2003, la commission médicale pour adultes handicapés
du conseil départemental de Dolj réexamina l’état de santé de
M. Câmpeanu. Elle constata uniquement l’infection par le VIH, qui
correspondait à un handicap « moyen ». Elle mentionna également que le
patient était « socialement intégré ».