INTRODUCTION AUX EXEMPLES DE COMMENTAIRES
COMMENTAIRES D’EXTRAITS SONORES
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Vous trouverez dans les pages suivantes un corpus de quatorze extraits sonores. Ils sont
présentés chronologiquement, du point de vue historique.
Pour chacun d’eux, sont proposés :
- Les éléments principaux d’analyse : il s’agit des éléments musicaux saillants de
l’extrait qui doivent être dégagés et expliqués. L’objectif n’est pas ici de vous fournir une
analyse musicologique approfondie mais de mettre en lumière les éléments indispensables
à citer.
- Les mots techniques à retenir : un vocabulaire musical simple mais précis doit être
utilisé à bon escient. Cette rubrique propose, lorsqu’il y a lieu, la définition de quelques
mots qui peuvent vous être utiles lors de votre commentaire dans un autre contexte.
- Des propositions d’éléments à retenir pour des pistes pédagogiques : comme nous
l’avons expliqué longuement, les pistes pédagogiques que vous proposez doivent
exploiter des éléments musicaux précis de l’extrait entendu. Ici vous est donc montré
comment l’articulation peut se faire entre l’extrait sonore et son exploitation pédagogique
en classe.
- Une mise en contexte de l’œuvre, des liens avec d’autres œuvres : dans le but de
ne pas oublier l’histoire des arts au sein des activités d’éducation musicale, l’extrait est
mis en relation avec d’autres œuvres musicales ou d’autres domaines artistiques. C’est
également une manière de vous inviter à faire des recherches autour de ce même sujet et
ainsi de renforcer votre culture artistique.
Pour travailler de manière fructueuse, nous vous invitons à écouter les extraits sonores
calmement, l’un après l’autre et en prenant le temps de vous arrêter sur chacun d’eux. Avant
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de lire le commentaire qui en est fait, essayez de préparer un court commentaire oral dans les
conditions de l’examen, c’est-à-dire en l’écoutant deux fois et en parlant tout de suite après.
Vous pouvez ensuite confronter vos notes écrites avec le commentaire du cours ou, mieux
encore, vous enregistrer et vous écouter afin de voir si votre présentation est assez claire et
précise.
Pour écouter ces extraits, vous avez deux possibilités :
- cliquer sur l’icône correspondante, si vous utilisez la version pdf en lecture à l’écran ; le
fichier audio sera alors activé.
- vous rendre sur le campus électronique CRPE, espace « Cours en ligne », page « Musique »,
et cliquer sur le lien « Extrait musicaux du cours » pour ouvrir la liste des œuvres disponibles.
INTRODUCTION AUX EXEMPLES DE COMMENTAIRES
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EXTRAIT n° 1 TITRE :
Benedicamus Domino
Écoute de l’extrait complet
Compositeur : P
EROTIN
(1160-1245)
Époque : Moyen-âge
Lieu : France
Genre : musique vocale a cappella religieuse
Éléments principaux d’analyse
Il s’agit d’une musique vocale
a cappella
, c’est-à-dire sans accompagnement instrumental.
Ce groupe de chanteurs est de faible effectif, vraisemblablement trois voix. Il semble qu’il y ait
un homme et deux femmes. L’enregistrement a vraisemblablement été fait dans une église.
La voix la plus grave, une voix d’homme, chante de longues notes tenues, uniquement
interrompues lors des prises de respiration. On appelle cela un bourdon.
Les deux autres voix chantent des mélodies différentes, mais en suivant un rythme identique.
Celui-ci est assez berceur, répétitif, faisant alterner une durée longue avec une durée courte.
Le texte n’est pas compréhensible. Outre le bourdon, qui étire une longue voyelle, les deux
voix supérieures chantent des vocalises. En écoutant plus attentivement, on pourrait entendre
que ce sont les mots
Benedicamus Domino
qui sont chantés ici, chacune des syllabes étant
très étirée dans le temps. L’extrait proposé ne fait même entendre que les quatre premières
syllabes du mot
Benedicamus
. On remarque que la deuxième syllabe est beaucoup plus
courte que les autres.
Be- Ne- Di- Ca…
Les deux voix supérieures, situées dans le même registre, sont constamment entremêlées. Il
est donc très difficile de les différencier.
Vers la fin, le bourdon change de note . Remarquons également que les deux voix
supérieures adoptent un discours musical formé de phrases musicales aboutissant sur des
notes longues.
Mots techniques à retenir
- Organum : genre musical au XIe siècle. Il s’agit d’une pièce polyphonique, utilisant
fréquemment un bourdon sur lequel plusieurs voix chantent des vocalises.
- Bourdon : note tenue, que ce soit dans une pièce instrumentale ou vocale.
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Proposition d’éléments à retenir pour des pistes pédagogiques
Nous proposons de retenir deux éléments dans cette écoute : la superposition de deux
plans sonores contrastés : le bourdon, statique et les deux autres voix, mouvantes, rythmées.
- Le bourdon : prendre conscience du bourdon en chantant une note tenue en relais.
Les élèves sont en cercle, l’un d’entre eux chante un son fixe sur o, il le passe à son
voisin qui le chante à son tour. On procède ainsi jusqu’à ce que le son ait fait le tour
complet du cercle.
- Sur une chanson connue, on superpose un bourdon qui peut être, par exemple, joué
sur un instrument ou chanté par un petit groupe d’élèves.
- Activité de codage : une fois que l’on a compris, lors de l’écoute de cet extrait, la
superposition du bourdon et de deux autres voix, on essaie de représenter, par un
graphisme, ce que l’on entend. Ce codage mettra en évidence l’élément statique, le
bourdon (par exemple par une ligne droite), et les deux autres voix, mouvantes (par
des lignes sinueuses).
Mise en contexte de l’œuvre, liens avec d’autres œuvres
La naissance de la polyphonie, qui est issue du chant grégorien, coïncide avec la
construction des cathédrales : la première pierre de Notre-Dame de Paris est posée en 1163,
celle de la Cathédrale de Chartres en 1134.
L’écoute d’extraits de chants grégoriens et de polyphonies telles que celles de Léonin et
Pérotin prend tout son sens sous les voûtes d’une cathédrale. L’acoustique généreuse permet
aux voix de s’épanouir pleinement. Lors d’une visite dans une église, les élèves peuvent
facilement prendre conscience de cette adéquation entre cette musique et le lieu pour lequel
elle a été conçue.
En regardant un manuscrit de chant grégorien, on remarque les éléments qui seront
présents dans la notation musicale moderne : esquisse de portée, notes carrées. Très
fréquemment, des enluminures apportent à ces écrits une véritable dimension artistique.
Documents iconographiques à consulter :
- Vues de la cathédrale Notre-Dame de Paris ou d’autres cathédrales gothiques.
- Partition de chant grégorien.
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EXTRAIT n° 2 TITRE :
A l’entrada del temps clar
Écoute de l’extrait complet
Compositeur : A
NONYME
Époque : fin XIIe siècle
Lieu : France
Genre : chanson de troubadour
Éléments principaux d’analyse
Cet extrait débute par des entrées successives d’instruments dont on peut décrire les
timbres et, pour certains, donner leurs noms. Dans l’ordre, on peut entendre :
- Clochettes, entrechoquements de métal
- Percussion, tambour : donne un rythme dansant et un tempo rapide
- Instrument à cordes pincées, qui évoque la guitare. Dans sa rythmique, il rejoint le
tambour.
- Une seconde percussion entre ensuite, elle ne fait que ponctuer les temps forts.
- L’instrument qui suit fait penser au bruit d’un objet secoué.
- Un instrument à cordes frottées, qui évoque le violon, ponctue également les temps
forts par des accords joués de manière assez violente.
C’est ce violon qui introduit ensuite une mélodie simple, d’allure populaire et
dansante
Une fois cette introduction finie, les voix font leur entrée.
Ce sont des voix d’hommes, deux solistes se détachent du groupe. Ils chantent une
première partie, chacun d’eux interprétant une phrase ponctuée par une sorte de cri
yeha »). Un refrain les réunit ensuite. On retrouve ensuite le couplet suivant sur le même
principe d’alternance entre les voix.
Les autres voix interviennent plutôt sur le refrain, mais sous forme de cris, d’interjections
spontanées qui semblent répondre aux deux voix qui chantent.
Nous sommes ici dans un contexte de fête, dans un cadre populaire.
Mots techniques à retenir
- Forme responsoriale : forme utilisant le principe d’alternance, par exemple entre
un soliste et un groupe, entre deux groupes.
Proposition d’éléments à retenir pour des pistes pédagogiques
Nous retiendrons deux éléments : l’entrée par accumulation d’instruments et le principe
responsorial entre un soliste et un groupe.
COMMENTAIRES D’EXTRAITS SONORES
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- Entrée par accumulation : seule l’écoute de l’introduction instrumentale est
proposée aux élèves. Pour leur faire comprendre ce principe, on peut demander aux élèves de
repérer les entrées en levant la main lorsqu’un nouvel instrument arrive.
Une fois que ce principe est compris, les élèves travaillent par groupe de six. Chacun d’eux
invente un court motif, vocal ou avec des corps sonores, qu’il doit répéter. Ensuite, les six
élèves entrent les uns après les autres, dans une production répondant au même principe que
le début de l’extrait sonore.
- Forme responsoriale : certaines chansons sont écrites sur ce principe d’alternance.
Par exemple
Nagawika
, de Pierre Chêne. Chaque phrase de la chanson est reprise, permettant
d’attribuer la première à un groupe d’élèves, et sa reprise à un second groupe. Si on souhaite
travailler cette forme au sein d’une production sonore, cela peut s’envisager sous forme d’une
improvisation : un soliste joue ou chante un élément, le groupe le reprend. Chaque élève peut
prendre le rôle de soliste à son tour.
Mise en contexte de l’œuvre, liens avec d’autres œuvres
Cette chanson à danser d’un troubadour nous place dans le contexte profane. On pourra
mettre en lien cette écoute avec des genres de la même époque et mettre en évidence les
contextes différents :
- Chanson du troubadour : dans une fête, accompagnée de danses. Mise en réseau
avec une représentation d’un troubadour jouant d’un instrument de musique, ou de groupes
de musiciens, ce qui permet d’évoquer l’évolution des instruments à travers les siècles.
- Chant grégorien : contraste d’atmosphère par rapport à ce chant. Beaucoup plus
calme, sans accompagnement, sans rythmique précise. Mise en réseau avec des images
d’architecture religieuse gothique, ou mieux encore, visite d’une cathédrale gothique.
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EXTRAIT n° 3 TITRE :
Grimstock,
extrait de
The English Dancing Master
Écoute de l’extrait complet
Compositeur : J
OHN
P
LAYFORD
(1623-1686)
Époque : recueil édité à l’époque baroque, compilant des danses plus anciennes
Lieu : Angleterre
Genre : musique de danse, instrumentale
Éléments principaux d’analyse
Cette musique de danse est à trois temps, son tempo est modéré.
Elle est jouée par des instruments à cordes et à vent. Certains jouent la mélodie, comme la
flûte et la vièle à archet ; d’autres sont dans l’accompagnement, c’est le cas du luth et d’une
vièle plus grave.
Comme souvent dans la musique de danse de cette époque, deux phrases sont jouées
en alternance, chacune d’elle étant reprise sur le schéma AA-BB. Ce groupe de phrases est
répété trois fois.
La phrase A débute plutôt dans l’aigu, pour finir dans le grave. Elle est chantante, c’est un
air que l’on retient facilement.
La phrase B reste plutôt dans le registre grave et répète à plusieurs reprises le même motif
mélodique, alors que l’accompagnement est plus statique. Il présente des notes tenues, sauf
en fin de phrase.
Plus la pièce se déroule, plus les interprètes, et en particulier ceux qui jouent la mélodie,
se mettent à orner leurs interventions en improvisant des petites formules mélodiques autour
de la mélodie de base.
Proposition d’éléments à retenir pour des pistes pédagogiques
Ce genre de musique se prête bien entendu à la danse, même de manière simple avec
des élèves à l’école primaire.
En maternelle : les élèves sont invités à évoluer sur cette musique, en portant attention
à bien faire correspondre leur évolution avec ce qu’ils entendent. Cela permet ensuite, lors
d’une phase orale, d’expliquer quelques caractéristiques musicales de la pièce. (Caractère
dansant, répétitions…)
Aux cycles 2 et 3 : les deux phrases A et B présentent des particularités évoquées plus
haut. L’activité consiste à les exprimer dans une danse. Les élèves peuvent réfléchir en petits
groupes à deux manières de danser pour différencier chacune des deux phrases. Ensuite, soit
toute la classe danse en respectant bien l’ordre des phrases, soit deux groupes se font face,
chacun d’eux intervenant sur la phrase qui lui est attribuée.
COMMENTAIRES D’EXTRAITS SONORES
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Un lien peut être fait avec des danses traditionnelles de la région dans laquelle on se trouve.
En effet, ce principe formel revient très fréquemment dans les musiques traditionnelles et
permet de vivre corporellement le structure musicale, les retours, le tempo.
Mise en contexte de l’œuvre, liens avec d’autres œuvres
Les représentations de la danse et de la musique sont multiples. Dans une société libérée
des guerres, alors que les populations peuvent goûter aux plaisirs d’une vie moins difficile,
elles trouvent naturellement leur place aussi bien dans le peuple que dans la noblesse.
Plusieurs tableaux de Pieter Bruegel (1525 ?-1569) représentent des scènes de danse
populaires, par exemple
La Danse de la mariée en plein air
(1566) ou
La Danse des
paysans
(1568).
Site à consulter : http://www.pieter-bruegel.com
Sur Internet, de nombreuses vidéos de groupes qui dansent le répertoire de la Renaissance
permettent de comprendre les différentes sortes de danses : en couple, en groupe. Regarder
ces danses permet également de bien comprendre leur structure musicale ainsi que leur
caractère. En effet, chaque danse exprime des sentiments différents.
INTRODUCTION AUX EXEMPLES DE COMMENTAIRES
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EXTRAIT n° 4 TITRE :
Air du génie du froid
, extrait de
King Arthur
Écoute de l’extrait complet
Compositeur : H
ENRY
P
URCELL
(1658-1695)
Époque : baroque
Lieu : Angleterre
Genre : air d’opéra
Éléments principaux d’analyse
Cet extrait musical se singularise par son aspect rythmique très particulier. Tout au long
de cet air, la voix d’homme et l’orchestre qui l’accompagne scandent la pulsation de manière
ininterrompue. Cet ostinato rythmique est l’élément saillant principal.
Une longue introduction instrumentale met ce rythme régulier en place, créant une
atmosphère assez sombre, mystérieuse. Cet orchestre ne comprend que des instruments à
cordes frottées. On peut distinguer également un clavecin, qui assure la basse continue.
La voix d’homme entre ensuite. Elle adopte ce même rythme régulier. Les répétitions de
notes sont nombreuses, en suivant un motif régulier de quatre notes répétées (mesure à
quatre temps). Malgré cette impression de répétition et de statisme, la mélodie évolue malgré
tout et progresse à certains moments vers l’aigu, créant ainsi des moments de tension.
Le chant évolue en quatre grandes phrases. La dernière est celle qui monte le plus
vers l’aigu, aboutissant à un sommet expressif, avant de redescendre vers le grave pour la
conclusion.
Phrase 1 Phrase 2 Phrase 3 Phrase 4
What power art thou,
who from below
Hast made me rise
unwillingly and slow
From beds of
everlasting snow?
See’st thou not how
stiff and wondrous
old
Far unfit to bear the
bitter cold
I can scarcely move or
draw my breath?
Let me, let me freeze
again to death.
Qui es-tu, pouvoir qui
m’oblige
À me dresser des
profondeurs et à me
lever Avec regret et
lenteur
de mon lit de neige
éternelle ?
Ne vois-tu pas mon
corps raidi et ma
grande vieillesse
Incapables de
supporter la morsure
du froid ?
Je peux à peine
bouger, je respire à
peine.
Laisse-moi, laisse-moi
geler de nouveau à
en mourir.
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