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à présenter aux sujets un ensemble d'items cibles à mémoriser, par exemple un ensemble de
lettres, et, après un délai de quelques secondes, à présenter un seul item, nommé l'item sonde
(une lettre); les sujets ayant à décider si l'item sonde est le même qu'un des items cibles (tâche
nécessitant une recherche en mémoire). Dans la tâche de "n-back", des lettres sont présentées
successivement, chacune étant séparée de la suivante par un délai de quelques secondes. La
tâche consiste à décider si la dernière lettre présentée est identique à celle présentée un rang
("1-back"), deux rangs ("2-back") ou 3 rangs ("3-back") antérieurement. La tâche de
"reconnaissance d'item" met principalement en jeu la fonction de stockage, alors que la tâche
de "n-back" fait appel à la fois au stockage et aux processus exécutifs (Smith & Jonides,
1999). Les tâches d'appariement avec délai impliquent les processus d'encodage, de stockage
temporaire et de "rafraîchissement" (rehearsal) de l'information. Dans les tâches de type "n-
back", les sujets doivent également manipuler l'ordre temporel d'apparition des stimuli stockés
en mémoire.
D'une manière générale, la réalisation des tâches de MdT repose sur la coopération des
aires corticales postérieures et antérieures : aires pariétales (aires de Brodmann, BA 7 et 40),
aire prémotrice (BA 6) et aires préfrontales (BA 9/46, 10, 44, 45, 47) (Cabeza & Nyberg,
2000). Les traitements verbaux et visuo-spatiaux impliquent cependant l'activation de réseaux
neuronaux distincts (Smith et al, 1996). A partir d'une synthèse des études portant sur la MdT,
nous préciserons successivement les régions corticales impliquées dans les tâches de MdT
verbale, puis visuo-spatiale.
B) Réseaux cérébraux sous-tendant la MdT verbale
La réalisation des tâches de MdT verbale, utilisant le paradigme de "reconnaissance
d'item" implique l'activation du cortex pariétal postérieur gauche (BA 40), du cortex frontal
gauche (aire de Broca, BA 44), de l'aire motrice supplémentaire gauche (partie supérieure de
l'aire BA 6) et de l'aire prémotrice gauche (partie inférieure de l'aire BA 6) (Paulesu et al,
1993; Smith et al, 1998; Smith & Jonides, 1999; Cabeza & Nyberg, 2000). Lorsque la charge
en MdT augmente (par exemple, mémorisation de six items versus trois items), l'activation du
cortex préfrontal dorsolatéral est observée. La tâche de "n-back" produit l'activation du même
cluster de régions (BA 40, 6, 44), auquel se surajoute l'activation systématique du cortex
préfrontal dorsolatéral (BA 9/46) (Smith et al, 1998; Smith & Jonides, 1999).
L’activation des aires pariétales postérieures, latéralisées dans l’hémisphère gauche,
semble refléter spécifiquement le stockage phonologique; résultat cohérent avec les études
neuropsychologiques (Shallice, 1988).
Les régions frontales gauches, aire de Broca, aire motrice supplémentaire et aire
prémotrice, par ailleurs impliquées dans la préparation du langage, reflèteraient le processus
de répétition articulatoire subvocale, permettant d’augmenter le temps de maintien en
mémoire de l’information verbale par un rafraîchissement régulier du "buffer phonologique"
(Smith & Jonides, 1998). Le rôle fonctionnel de ces régions a été confirmé par une étude
(Awh et al, 1996), utilisant une tâche de "n-back", dans laquelle deux conditions étaient
introduites: condition avec répétition subvocale des lettres (demandée explicitement aux
sujets) et condition sans répétition (tâche de suppression articulatoire). La soustraction des
deux conditions a montré que l'aire de Broca, l'aire motrice supplémentaire et l'aire prémotrice
gauche, étaient spécifiquement activées dans la condition avec répétition subvocale. D'autres
études en TEP et IRMf confirment le rôle de l'aire de Broca et de l'aire prémotrice gauche
dans le processus de répétition subvocale (Smith et al, 1996; Schumacher et al, 1996; Jonides,
1997; Cohen, 1997; Braver et al, 1997; Smith et al, 1998). Ces régions frontales gauches sont
donc impliquées dans le maintien actif de l'information en MdT.