Entrée : INTERROGATIONS PHILOSOPHIQUES
CICÉRON, De officiis, Livre III, 43
Maxime autem perturbantur officia in amicitiis, quibus et non
tribuere, quod recte possis et tribuere quod non sit aequum,
contra officium est.
Traduction 1 : Charles Apphun, 1933
C'est dans l'amitié surtout que la vérité morale est difficile à discerner, parce
qu'il est également coupable de ne pas faire pour ses amis ce qu'on peut sans
s'écarter de la voie droite et de commettre pour les servir une injustice.
Traduction 2 : Maurice Testard, éd. Les Belles Lettres, 1965
C’est surtout dans les amitiés que les devoirs sont embrouillés, car il est
contraire au devoir, à la fois, de ne pas leur accorder ce que l’on pourrait à
bon droit, et de leur accorder ce qui ne serait pas juste.
Quelques pistes pour les remarques – liste non exhaustive
Remarques assez faciles à faire – 1 point bonus
« in amicitiis » : ce GNprép au pluriel est traduit dans la traduction 1 par
un singulier, dans la traduction 2 par un pluriel.
« officia « est traduit dans la traduction 1 par « la vérité morale », dans la
traduction 2 mot à mot par « les devoirs »
« perturbantur » est un verbe au passif ; on retrouve ce passif dans « sont
embrouillés »
Remarques attestant une assez bonne connaissance du latin – 2 pts bonus
« autem » est un mot de liaison ; nécessaire au mouvement de la phares
latine, ce mot n’est en général, et c’est le cas ici, pas traduit par les
traducteurs.
« contra officium est » est traduit dans la traduction 1 par « il est coupable
de... » et dans la traduction 2 par « il est contraire au devoir »
La traduction 1 tend vers une expression plus abstraite : « la vérité morale
est difficile à discerner » pour « perturbantur officia in amicitiis » que la
traduction 2 traduit par « dans les amitiés » les devoirs sont embrouillés » ;
la traduction 1 utilise aussi des singuliers abstraits (« l’amitié », « la vérité
morale ») là ou le latin et la traduction 2 utilise des pluriels plus concrets
(« les amitiés », « les devoirs »)
Le mouvement « et non tribuere » - « et tribuere » est rendu dans la
traduction 1 par « également » et dans la traduction 2 par « à la fois »
...
Remarques plutôt subtiles – 3 points bonus ou davantage...
Le texte pose un problème de morale pratique, chère à Cicéron, qui
cherche à montrer l’utilité de la philosophie (au départ méprisée par les
Romains) dans la vie politique (considérée par les Romains). La traduction
1 tend plutôt vers la philosophie morale et la traduction 2 vers la pratique,
par ses choix plus concrets (...)
la traduction de « officia » par « la vérité morale » tient compte du sens
profond que Cicéron donne au mot « officium »
« possis » et « sit » sont des verbes au subjonctif présent ; le subjonctif
présent à la 2ème personne du singulier peut avoir un sens impersonnel,
général, rendu dans les deux traductions par « on », mais le traducteur 2 y
voit aussi un potentiel qu’il rend par le conditionnel : « l’on pourrait »,
« ce qui ne serait »