© Bpi-Centre Pompidou, 2002. ISBN 2-84246-060-X.
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Comment sont satisfaits ces besoins aujourd’hui?
• Pour le public des chercheurs, érudits, musicologues, situation en
demi-teinte:
C e rtes, les grands établissements prestigieux jouent leur rôle (BnF,
D é p a rtement de la Musique, bibliothèque de l’ Opéra), valorisé par la
récente installation du Département de l’audiovisuel sur le site François
Mitterrand; de nouvelles institutions apparaissent dans les domaines de la
f a c t u r e instrumentale (Musée de la musique), de la musique contemporaine
(I RC A M ), ou du répert o i r e baroque (C M BV). Ces avancées importantes ne peu-
vent hélas! faire oublier la faiblesse des bibliothèques d’U F R de musicologie,
dotées, quand elles existent, de moyens terriblement insuffisants, tant en locaux
qu’en crédits d’acquisitions.
• Pour les professionnels, musiciens interprètes ou compositeurs, là aussi,
les grandes institutions existantes [Département de la Musique (BnF),
médiathèques Berlioz et Nadia Boulanger (CNSMD Paris et Lyon), Cité de
la musique encore] remplissent assez bien leur office, que ce soit en offre docu-
mentaire ou ce que j’appellerai en « matériel » (je range sous ce vocable la
musique imprimée aussi bien que les machines de l’IRCAM). Au-delà, c’est
hélas, le désert, ou presque, et il faut encore une fois pointer ici les insuf-
fisances des bibliothèques d’établissement d’enseignement musical, lorsqu’ e l l e s
existent, malgré quelques exceptions re m a rquables comme les bibliothèques
de la Maison des conserva t o i r es à Paris et du Conserva t o i re national de région
de Boulogne-Billancourt.
• Pour le « grand public », tel que nous avons essayé de le définir rapi-
dement, la situation est encore plus contrastée, les besoins étant plus dif-
ficiles à cerner, et donc à satisfaire: sans doute la pratique de l’ é c o u t e ,
démocratisée par le développement de l’ e n re g i s t rement sonore, et qui
g é n è re une demande exponentielle, est-elle assez bien satisfaite au nive a u
de l’ o f f re de prêt, traditionnellement, et anciennement développée dans
les discothèques (trente-deux à Paris), encore que la présence de collec-
tions de documents sonores ne soit pas toujours la règle. (1300 B M s e u-
lement, soit moins de la moitié, possèdent des documents sonore s ,
rappelons-le.) Mais cette omniprésence, sans doute essentielle, du prêt s’ e s t
faite au détriment d’ a u t res formes: pas ou peu d’écoute sur place, géné-
ralement négligée, pas de conservation surtout, et là, le bilan est drama-
t i q u e: la M M P (Médiathèque musicale de Paris) est la seule institution, en
dehors de la BnF et de Radio-France, à avo i r, avec ses Arc h i ves sonore s ,
une véritable politique de conservation du microsillon comme du disque
c o m p a c t .
Quant aux collections de musique imprimés, de livres et de périodiques
musicaux, elles sont le plus souvent, en lecture publique, d’une insuffis a n c e
criante, comme si ces types de supports re l e vaient d’un autre univers, celui
de la bibliothèque spécialisée, ou des conservatoires…
Or, s’il est un enjeu capital pour l’ a venir de la musique en bibliothèque,
c’est bien celui du rapprochement – on a envie de dire de la réconciliation
– des publics « s a va n t s » et de ce que que l’on peut appeler le « g r a n d