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Introduction
Dans le monde contemporain, nations et entreprises consacrent de plus en plus de ressources à la
recherche et au développement (R et D). Si elles diffèrent par leur nature, ces activités
contribuent toutes deux à faire progresser la technique. Leur première conséquence est de
produire un ensemble de biens intangibles, soit des connaissances de l’expertise et de nouveaux
concepts pour les marchandises et l’équipement, qui se concrétisent habituellement sous la forme
de produits nouveaux ou améliorés ainsi que de meilleures techniques applicables aux processus.
Le développement de procédés suppose la création et l’adoption d’une nouvelle technologie,
généralement intégrée à de nouvelles ou meilleures immobilisations utilisées pour la production.
Les technologies de ce genre accroissent la productivité des entreprises, des industries et de
l’économie prise globalement. Par conséquent, les entreprises investissent dans la technologie
des procédés afin de se livrer concurrence au niveau des prix. Le développement de produits
suppose la fabrication de nouvelles ou de meilleures marchandises; les sociétés investissent dans
cette activité pour réaliser des avantages concurrentiels, notamment proposer des produits
exclusifs ou de qualité supérieure. Une fois en place, les nouveaux procédés et produits ont
tendance à se diffuser à d’autres entreprises; la technologie est un « bien public », ne serait-ce
qu’en partie : elle ne suscite pas de rivalité (plusieurs utilisateurs peuvent s’en servir
simultanément) et elle n’entraîne l’exclusion qu’en partie (son propriétaire ne peut empêcher
autrui de l’utiliser que dans une certaine mesure). L’inventeur ne garde donc la maîtrise de son
invention qu’un certain nombre d’années. S’ensuivent alors des retombées sociales qui justifient
le financement de la R et D par le gouvernement. Ces retombées sociales comprennent une
réduction des prix à la consommation, l’apparition de concepts nouveaux et améliorés que peut
exploiter la concurrence et un relèvement général du niveau de vie.
Malgré cela, il ne faut pas s’attendre à une forte corrélation entre les dépenses relatives à la
nouvelle technologie (peu importe les méthodes de quantification utilisées) et l’accroissement de
la productivité. Il y a plusieurs raisons à ce paradoxe apparent. La première est qu’une part
importante des dépenses concernées va à des produits nouveaux et améliorés qui échappent aux
mesures classiques de la production. Deuxièmement, le système des comptes nationaux ne
permet pas de tenir compte d’une modification de la qualité, qui est fréquemment le résultat de la
R et D. En troisième lieu, certains fonds qu’une industrie (ou un pays) investit dans la
technologie se traduisent par des gains de productivité ailleurs, à cause des retombées entre
secteurs et entre pays. Quatrièmement, des décalages dans le temps compliquent la quantification
des gains de productivité : les nouvelles technologies doivent concurrencer les immobilisations
existantes, qui intègrent des concepts plus anciens; il faut parfois plusieurs décennies pour que
nouveaux produits et procédés soient diffusés et qu’on saisisse toutes les répercussions de la
nouvelle technologie deviennent évidentes.
Le bref survol non technique que voici a pour but de passer en revue la somme des écrits sur ce
que la nouvelle technologie apporte à la croissance économique, écrits dont le nombre s’accroît
rapidement. Nous commencerons par un point de vue macro-économique avant d’examiner
comment la nouvelle technologie contribue à la performance économique des industries et des
entreprises. Le texte insiste sur la façon de relier les constatations empiriques à la théorie et aux
hypothèses sous-jacentes.