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S
olutions
MESURES 766 - JUIN 2004
d’une carte, le nombre de bits effectifs per-
met d’évaluer la performance globale d’un
système de conversion analogique-numé-
rique en prenant en compte le bruit introduit
par le système ainsi que ses nombreuses
imperfections.
L’insuffisance des spécifications
temporelles
L’étage d’entrée analogique d’une carte d’ac-
quisition de données multivoies possède un
multiplexeur, un amplificateur de gain pro-
grammable et un échantillonneur-bloqueur
qui précède le convertisseur analogique/numé-
rique. La fonction de transfert de l’étage d’en-
trée (c’est-à-dire le rapport de l’entrée sur la
sortie) impacte fortement le signal qui sera à
l’entrée du convertisseur analogique/numé-
rique et par conséquent le résultat numérisé.
Toute déformation de spectre apparaissant à
travers l’étage d’entrée est également convertie
avec le signal d’origine, entraînant une sortie
imprécise. Les non linéarités dynamiques intro-
duites au niveau de cet étage d’entrée peuvent
devenir une source d’imprécision importante.
Par ailleurs, tout convertisseur a ses propres
limitations : les non linéarités différentielles,
les fluctuations d’ouverture, les fluctuations
d’horloges, le temps de conversion, les
conversions erronées, le bruit et les distor-
sions… Bref, négliger la conception de l’éta-
ge d’entrée analogique comme celle du
convertisseur engendre la dégradation de la
précision du système d’acquisition de don-
nées considéré.
A titre d’exemple, les systèmes multivoies
utilisent souvent un multiplexeur pour com-
muter de voie à voie. Une erreur fréquente
dans le calcul de la précision d’un tel systè-
me consiste à évaluer la précision relative en
faisant des mesures sur une seule voie. Ceci
est dû au fait que l’on ne prend pas en comp-
te les erreurs dues au temps de réponse de la
voie d’entrée. Le temps de réponse donne
une meilleure estimation des performances
d’acquisition d’un sous-système d’entrées
analogiques que les caractéristiques de pré-
cision. Ce temps de réponse correspond au
temps nécessaire au multiplexeur pour sta-
biliser sa sortie. Celui-ci est le fruit d’un
ensemble de paramètres : l’impédance de la
source, les parasites à l’entrée du multiplexeur
et l’effet capacitif en sortie. De plus, l’ampli-
ficateur ajoute son propre temps de répon-
se. Si les voies sont commutées avant que
l’entrée de la voie précédente soit remise à
zéro, une valeur résiduelle est ajoutée à la
valeur de la voie suivante. Il faut typique-
ment environ neuf constantes de temps RC
(résistance-capacité) à un signal pour arri-
ver à 0,01 % de sa valeur initiale. Par consé-
quent, avec 1 kΩd’impédance à la source et
100 pF de capacité en sortie, la constante de
temps est de 100 ns. Multiplié par neuf, cela
représente presque 1 µs. Si la première voie
était à une valeur de 10V et que vous ne lais-
sez pas assez de temps pour l’établissement,
une partie de ces 10V sera ajoutée à la valeur
de la voie suivante. Ce serait le cas avec un
échantillonnage de voie à 250 Kéch./s qui lit
une nouvelle voie toutes les 4 µs. A l’heure
actuelle, aucune spécification de conversion
sur une seule voie ne peut mettre en évi-
dence cette source d’erreur.
Même les tests de conversion de données qui
sont valables sur une voie perdent leur inté-
rêt avec les nouvelles techniques de conver-
sion de données. Par exemple, un test fré-
quent consiste à calibrer une carte
d’acquisition de données avec un signal plei-
ne échelle bipolaire et à vérifier la valeur du
niveau zéro. Pour des méthodes de conver-
sion par approximations successives ou
d’autres méthodes de conversion, vérifier le
niveau zéro ou le point à mi-échelle repré-
sente le pire des tests. Cela revient à compa-
rer le bit de poids fort (Most Significant Bit
MSB en anglais qui vaut la moitié de la valeur
pleine échelle) à la somme des bits restants
qui vaut 1 LSB (Least Significant Bit, bit de
poids le plus faible) de moins que le MSB.
Bien que ce test ait été accepté pendant des
années, ses résultats ne sont pas assez signi-
ficatifs pour les nouvelles architectures de
convertisseurs à approximations successives
ou à conversion sigma-delta. Même si le
convertisseur a un temps de réponse rapide
et de bonnes caractéristiques de conversion,
il peut introduire des erreurs en raison de
l’instabilité de la distorsion des harmoniques
qu’engendre l’échauffement du composant
à vitesse d’échantillonnage élevée.
Enfin, un système d’acquisition de données
ayant un étage d’entrée mal conçu engendre
souvent de la distorsion d’harmonique (une
conséquence de la non-linéarité de l’étage).
Le taux de distorsion harmonique (THD
pour Total Harmonic Distorsion en anglais,
appelé aussi distorsion harmonique totale)
est le rapport entre la somme des moyennes
quadratiques (ou valeurs efficaces) des har-
moniques du signal sur la moyenne qua-
dratique de sa fréquence fondamentale. Le
taux de distorsion harmonique est devenu
très important pour l’évaluation de la préci-
sion d’une carte d’acquisition de données.
Les erreurs dues à la distorsion de l’étage
d’entrée se retrouvent à l’entrée du conver-
tisseur analogique/numérique et ne peuvent
être supprimées à sa sortie. La distorsion des
harmoniques et d’autres sources d’erreurs
non-linéaires diminue le rapport signal sur
bruit d’une carte.
Appréhender le nombre
de bits effectifs
Le nombre de bits effectifs, lui, donne une
mesure simple du rapport signal sur bruit
d’une carte permettant d’appréhender sa pré-
cision dynamique. Le nombre de bits effec-
tifs peut être obtenu à partir de la définition
théorique du rapport signal sur bruit. Pour
un signal d’entrée sinusoïdal, le rapport signal
sur bruit théorique d’un signal échantillon-
né avec un convertisseur idéal est donné par :
SNR = (6,02N+1,76) dB où N
est la résolution du convertisseur
Le bruit n’est ici que du bruit de quantifica-
tion. Dans le cas idéal, un convertisseur de
12 bits de résolution a un rapport signal sur
bruit théorique de 74 dB ; un convertisseur
de 16 bits a un rapport signal sur bruit théo-
rique de 98 dB.
La résolution Ns’exprime donc en fonction
du rapport signal sur bruit sous la forme :
N = (SNR-1,76)/6,02
Pour une entrée sinusoïdale d’une certaine
fréquence, le nombre de bits effectifs calcu-
lé à partir du SNR mesuré est :
ENOB = (SNR mesuré – 1,76)/6,02
En mesurant le rapport signal sur bruit, on
peut en déduire le nombre de bits effectifs
d’un sous-système analogique. Pour le rap-
port signal sur bruit théorique SNR, on a :
ENOB = (SNR-1,76)/6,02=N
La résolution du convertisseur représente le
nombre de bits effectifs théorique que le sys-
tème peut atteindre. Dans la réalité, le
nombre de bits effectifs n’atteint jamais la
résolution réelle du convertisseur analo-
Le nombre de bits effectifs permet de se faire une bonne idée de la précision globale d’un sys-
tème d’acquisition.