Compte rendu de la séance du 7 décembre

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Compte rendu de la séance du 7 décembre
A) Compte rendu de l’exposé intitulé « Bible et littérature : d’un canon l’autre », présenté par
Alexandra Ivanovitch
BIBLE ET LITTÉRATURE : D’UN CANON L’AUTRE
Introduction : « Bloom, like the rest of us, is now stuck with the term [canon] » (Robert
Alter)
Article de départ: Pierre A. Walker, "Arnold's Legacy: Religious Rhetoric of Critics on the
Literary Canon", in Virgil Nemoianu and Robert Royal (ed.), The Hospitable Canon. Essays on Literary
Play, Scholarly Choice and Popular Pressures, Philadelphia, John Benjamins Publishing Company, 1991, p.
181-198. Grande recension thématique de certains ouvrages critiques qui ont trait au « canon
littéraire ». Avantages et inconvénients d’un panorama. Panorama gagne en largeur de vue ce qu’il
perd en exactitude. Article montre bien, par ses limites aussi, nécessité de revenir aux origines du
terme « canon », à ce qui n’est finalement qu’une métaphore. C’est par extension métaphorique que
terme biblique appliqué à la littérature.
Analogie présupposée entre canon littéraire et canon biblique inadéquate (fermeture des
canons bibliques vs. ouvertures des canons littéraires, etc.), et pourtant, Robert Alter écrit dans
Canon and Creativity, en parlant du terme « canon » : « Bloom, like the rest of us, is now stuck with the
term ». C’est un terme avec lequel il faut composer. Conclusion de l’article de Walker : même
détracteurs sont obligés d’accepter termes du débat. En combattant, le reconnaissent implicitement.
Il ne s’agit pas de réhabiliter ou de militer pour le canon littéraire. Puisque nous sommes
« coincés » avec ce mot, pour reprendre la formule de Robert Alter, ne pas le ravaler au statut
d’instrument rhétorique, comme le fait Pierre Walker, mais en montrer vertus heuristiques1.
A) Canon, du roseau à la liste. Pour une brève histoire du terme « canon »
Le terme grec kanôn, d’origine sémitique, désigne un roseau, puis un instrument de mesure
fabriqué avec un roseau, comme la règle du charpentier ou du maçon. Au sens figuré, dans le
langage de la philosophie, signifie la règle de conduite, la norme, le modèle. Aussi employé en
matière d’astrologie ou de chronologie, pour désigner une liste, un catalogue ou une table.
Lorsque le terme est repris en contexte chrétien, principalement deux types d’usage deux
polarités : d’une part, norme, règle, et de l’autre, liste.
- Aux IIème et IIIème siècles, on le rencontre dans des formules comme κανὼν τῆς
ἀληθείαςν (règle de la vérité), κανὼν τῆς πίστεως (règle de la foi), κανὼν τῆς ἐκκλησίας (règle de
NB : quand il sera question de « canon biblique », seulement le canon de Bible chrétienne. Torah présuppose
rapport entre canon littéraire et canon biblique plus complexe encore. Cf Robert Alter dans Canon and
Creativity. Ketubim, déjà un canon littéraire au sein du canon biblique.
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l’Eglise) qui désigne de manière générale la norme à laquelle doit se conformer l’enseignement et la
vie de l’Eglise.
- C’est slmt au milieu du IVème siècle que terme utilisé en rapport avec la Bible et se réfère à
la liste des livres de l’Ancien et du Nouveau Testaments (Concile de Laodicée, 363, canon 59 ; Lettre
festale d’Athanase d’Alexandrie, 367).
B) Comment le canon est devenu « canon » : jalons pour une histoire de la
canonisation
-
« Devenir canon et devenir Eglise vont de pair » (Paul Ricœur) L’histoire de la
canonisation, une histoire de l’Eglise en creux.
 Quel est le rôle de l’institution dans la constitution du ou des canon(s) littéraires(s)
-
De l’eschatologie à l’archéologie, le canon rétrospectif et non prospectif
 Le canon littéraire et sa vocation à la conservation
-
Entre l’amputation et l’amplification, les deux tentations du canon. Le canon pris
entre deux feux, le marcionisme et le gnosticisme
 Quelles délimitations pour le canon littéraire ?
-
Le canon, une question de vie ou de mort. Facteur déterminant que fut la
persécution de Dioclétien.
-
Codex et canon. Facteur technique : développements parallèles du codex et du
christianisme. Permet de percevoir Ecritures comme un tout > interprétation
typologique des Ecritures juives
 Quels liens entre canon et support ?
-
Les degrés de la canonicité
Exemple : Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, III, 25, 1-7 : les livres « faciles à
ranger », « pas trop difficiles à ranger » et « plutôt impossibles à ranger » (Pérec,
Penser/Classer)
Pour reconsidérer l’image repoussoir que l’on se fait du canon biblique: pluralité de canons.
(ex : le canon éthiopien). Au sein même du canon il y a de la pluralité – Le Diatessaron de Tatien,
cette harmonisation des quatre évangiles, n’a pas prévalu. Ex : la construction du personnage de
Judas, analysée par Frank Kermode, The Genesis of Secrecy. Chez Marc, Judas guère plus qu’une
fonction. Problème d’ordre pas seulement théologique, mais narratif: comment faire mourir Jésus
Christ? Incarnation de Dieu, fils de l’homme, doit mourir dans l’économie de la rédemption, dans
l’économie du récit aussi. Il sera trahi. Par Judas. Au fur et à mesure des versions successives, des
réécritures, Judas prend de l’épaisseur, et de simple fonction, devient un personnage. Pourquoi a-t-il
trahi? Comment? Au sein même du canon biblique, place de l’interprétation et de la réécriture.
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C) Critères de canonicité (cf Dictionnaire critique de théologie)
-
Orthodoxie
-
Apostolicité
-
Catholicité
-
Antiquité
 Y a-t-il une concordance entre les critères de canonicité d’un point de vue biblique et les
critères de canonicité d’un point de vue littéraire ?
D) Le canon de la Bible à la littérature : une métaphore vive
-
Le canon et le rapport au temps. Canon biblique toujours réactualisé par
l’interprétation.
 Parallèle avec le canon littéraire. Cf Calvino, Perché leggere i classici : « Un classico è un libro che
non ha mai finito di dire quel que ha da dire. »
-
Le caractère organique du canon
 Propre du canon littéraire, d’être plus qu’un catalogue de classiques. Tout est plus que
somme de ses parties. On interprète le texte canonique au regard du reste du canon. Cf
l’exemple de Kafka traité par Pascale Casanova dans La République des lettres.
-
Canon et inspiration
Frank Kermode dans l’entrée “Canon” de l’Encyclopédie littéraire de la Bible, écrit :“Si tout le
texte est inspiré [...], le moindre écho fugitif, peut-être d’un mot seulement, est significatif. Et vu que
tout est inspiré, toutes les relations possibles entre les différentes parties du texte sont également
inspirées.”
 Parallèle avec présupposés de l’herméneutique littéraire mis au jour par Frank Kermode dans
le chapitre 3 de The Genesis of Secrecy. Lecture croisée de Ulysses de James Joyce et l’évangile
selon saint Marc. Qui est l’homme au mackintosh chez Joyce ? Qui est le mystérieux jeune
homme au vêtement de lin (Mc, 14, 51-52) ? Tout détail susceptible de recevoir une
interprétation. L’herméneutique littéraire, fille de l’exégèse biblique.
-
« Le canon biblique entre le texte et la communauté » (Paul Ricœur)
« En somme, la communauté déciderait de façon arbitraire et souveraine de ce qui la fonde.
Pour rendre plus parlant le paradoxe, je le mettrai en forme de cercle : l’Eglise en tant qu’autorité
textuelle trancherait un problème d’autorité textuelle en s’autorisant du texte même qui l’autorise.2 »
Paul Ricœur, « Le canon biblique, entre le texte et la communauté », in Jean-Claude Eslin et Catherine
Cornu (dir.), La Bible. 2000 ans de lectures, Paris, Hachette Littératures, 2007 [1ère éd. 2003], p. 93.
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 Cercle herméneutique pour les institutions littéraires qui autorisent les textes qui les
autorisent ?
Conclusion :
-
Une métaphore biblique originelle qui est porteuse de sens
Article de P. Walker : confusion regrettable entre valeur heuristique que peut avoir concept
de canon littéraire et vénération de type religieux vis-à-vis des œuvres. On peut employer concept,
non pas pour vénérer, mais pour penser.
A partir du canon biblique, de son étymologie, son histoire, sa réception, tirer des pistes de
réflexion pour penser canon littéraire.
-
Pour une réunion de l’exégèse et de la critique littéraire (Frank McConnell)
“A valuable collection like Willis Barnstone’s recent anthology of Gnostic and apocryphal
texts, The Other Bible, indicates the degree to which the formative quarrels of our tradition are not
about heresy, but about midrash, about alternative narratives to the (sometimes shakily) canonized
narrative we accept as “Gospel”. Literary criticism and scriptural exegesis, in other words, are not so
much to be wedded as to be reunited after a –surely rather long – trial separation.3” (C’est nous qui
soulignons.)
Éléments de bibliographie :
Alter, Robert, Canon and Creativity. Modern Writing and the Authority of Scripture, New Haven, Yale
University Press, 2000.
Alter, Robert and Kermode, Frank (ed.), The Literary Guide to the Bible, Cambridge, Mass., Harvard
University Press, 1999 [1987].
Bloom, Harold, The Western Canon : The Books and Schools of the Ages, Macmillan, 1995 [1987].
Calvino, Italo, Perché leggere i classici, Milano, Mondadori, 1991.
Casanova, Pascale, La République mondiale des Lettres, Paris, Ed. du Seuil, 2008 [1999].
Frank McConnell, « Introduction », in Frank McConnell (éd.), The Bible in the Narrative Tradition, Oxford
University Press, 1986, p. 17: “Un recueil précieux comme l’anthologie récente de Willis Barnstone de textes
gnostiques et apocryphes, L’autre Bible, indique à quel point les querelles formatrices de notre tradition ne sont
pas à propos d’hérésie, mais de midrash, d’autres récits que le récit canonisé (parfois de façon incertaine) que
nous recevons comme “évangile”. En d’autres termes, la critique littéraire et l’exégèse des Ecritures ne
doivent pas tant être mariées que réunies après une période - assurément longue - où l’on a tenté de les
séparer. » (C’est nous qui traduisons.)
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Finkelberg, Margarit and Guy G. Stroumsa, Homer, the Bible and Beyond. Literary and Religious Canons in
the Ancient World, Leiden, 2003.
Frye, Northrop, The Great Code, The Bible and Literature, ed. by Alvin A. Lee, Toronto, University of
Toronto Press, 2006 [1981].
Kermode, Frank, The Genesis of Secrecy. On the Interpretation of Narrative, Cambridge, Mass., Harvard
University Press, 1979.
Kooij, Arie van der, and Toorn, Karel von der, Canonization and Decanonization, [papers presented to
the International conference of the Leiden institute for the study of religions (LISOR), held at
Leiden, 9-10 january 1997], Leiden, 1998.
Lacoste, Jean-Yves (dir.), Dictionnaire critique de théologie, PUF, coll “Quadrige”, 2002 [1998].
Marguerat, Daniel, Introduction au Nouveau Testament: son histoire, son écriture, sa théologie, Genève, Labor
et fides, coll « Le Monde de la Bible », 2004 [2000].
McConnell, Frank (éd.), The Bible in the Narrative Tradition, Oxford University Press, 1986.
Metzger, Bruce N., The Canon of the New Testament: its Origin, Development and Significance, Oxford,
Clarendon Press, 1992 [1st ed. 1987].
Ricœur, Paul, « Le canon biblique, entre le texte et la communauté », in Jean-Claude Eslin et
Catherine Cornu (dir.), La Bible. 2000 ans de lectures, Paris, Hachette Littératures, 2007 [1ère éd. 2003].
B) COMPTE RENDU DE LA DISCUSSION
Caroline : à propos de la construction du personnage de Judas – il y aurait un évangile de Judas,
apocryphe, retrouvé il y a quelques années. Irait dans le sens de cette construction du personnage.
Mis de côté par l’Eglise.
Alexandra : Foisonnement initial puis 4 évangiles, à l’origine il y avait d’autres façons de comprendre
le récit.
Idée qu’il n’est resté que l’ancien et nouveau testament pour féconder l’imaginaire de l’homme
occidental et sa littérature.
Borges a réécrit l’Évangile de Judas avant même sa découverte. Il écrit « Trois versions de Judas ».
La littérature a pris le relais du corpus biblique – puisque le canon était fermé, la littérature donne
des solutions apocryphes à ces apories du récit.
Passage de relais corpus biblique/littérature. Cas particulier ici d’une « réécriture a priori », même si
l’évangile de Judas était connu de manière indirecte.
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Paule : Le nouveau testament se conçoit déjà comme une réécriture de l’ancien testament, et
caractère à l’origine non canonique, hétérodoxe par rapport au judaïsme. Question de la façon dont
un texte hétérodoxe devient orthodoxe :
Alexandra – il y a des doctrines mouvantes. Cette distinction orthodoxe/hétérodoxe est largement
une illusion rétrospective.
4e siècle– fixation de la doctrine. Mais un peu une illusion de moderne, les concepts
orthodoxes/hétérodoxes durant les premiers siècles.
Paule : du point de vue littéraire on pourrait considérer que tout canon est réaction au canon
Alexandra : rappelle la notion de combat chez Bloom, d’étrangeté.
Paule : Cite l’évangile selon Blake. Une œuvre écrite dans la perspective canonique ? Blake se place
dans une position messianique. Des auteurs qui viseraient à faire canon , à essayer d’écrire un texte
« canonique » ?
Marie-Pierre : il y aurait confusion – le canon est une notion plutôt institutionnelle, « a posteriori ».
Les auteurs qui prennent une pose « prophétique », voulant faire des œuvres « messianiques »
cherchent sans doute plus à rivaliser avec les textes « sacrés » (bible ou autre) qu’avec la notion, plus
« scolaire »/exégétique de canon.
Alexandra – le Da Vinci Code comme « bon mauvais livre » - un chef d’œuvre de la paralittérature.
Avec clef de lecture
Mme. Gély : Le critère/l’instrument de mesure et ce qui a été mesuré à l’aune de cet instrument : une
liste, une bibliothèque. Paule ajouterait un 3e sens : un livre qui devient Le livre, ce qui n’est pas la
même chose. Confusion bible/canon.
Le Da Vinci Code se donne comme le livre final. Miroir déformant et inquiétant de l’exégèse
universitaire, critique, etc. Chercher des clefs sans cesse et prétendre les trouver.
La dite paralittérature en règle générale est un miroir utile pour notre pratique.
Débat sur Sarah Kane – qui a choqué des étudiants : pourquoi l’étudier ? est-ce légitime ? de la
« vraie » littérature ?
Paule signale que ces réactions existent aussi avec la littérature antique qui peut paraître encore
dérangeante également
Marie-Pierre :
Revient sur la remarque de Walker au début de l’article : sur le fait qu’on pourrait se demander
pourquoi le terme de « canon » s’est imposé plutôt, par exemple, que celui de « tradition », le terme
ayant cristallisé de telles polémiques au EU – Sans doute parce que le canon est aussi une notion
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scolaire, aux EU c’était une bataille sur ce qu’on met dans les cours, avec les cours de « culture
générale », etc.
Un des points de conflit était ces cours qui prétendent parcourir/résumer l’histoire de la
« littérature » ou civilisation occidentale en un seul semestre.
Questions scolaires et rivalités, rapport à l’institution mais aussi question de qui est représenté-e, et
par qui.
Reprendre la notion d’ « identité » et de « communauté » :
Revenir sur l’idée que finalement « le canon est aussi ce qui fait communauté » : ce qui explique
clairement, notamment aux EU, la façon dont le canon a été contesté, c’est le fait qu’on doit se
poser la question de qui est cette « communauté », qui est cette « Eglise » aujourd’hui ? Quelle est la
communauté représentée, acceptée dans le canon ou pas ? quelle est l’instance légitimatrice,
pourquoi et peut-elle être unique ?
« la » communauté =une notion trop floue, à mettre au pluriel, comme celle d’ « identité » – parler de
canonS ( si jamais l’on veut redonner une vivacité à la notion de canon). Il pourrait y avoir un canon
conflictuel, des contre-canons, l’enseignement et la recherche s’interrogeraient sur la manière dont
ces différents canons peuvent se lire ensemble ou pas.
Chloé – c’est l’interprétation qui établit aussi le canon –
Mme. Gély – il n’y a jamais eu un seul canon. Du côté littéraire : pour bloom c’est « the
western canon» .C’est le nœud de tous les débats sur ce livre polémique, réponse à la création d’un
nouveau canon, avec le développement des post colonial studies, etc. Un canon est toujours
ségrégationniste, est une frontière.
La question actuelle c’est la possibilité de passer de cette multiplicité à un seul canon (ou
impossibilité).
Paule : question de qui impose le canon
Cécile – études postcoloniales ont été largement développées par des gens extérieures à cette
littérature, au contexte de production. A pu fausser les perspectives mais aussi créer un élan au sein
des pays où la critique s’est développée mais d’abord comme tentative de distanciation par rapport
au regard qu’on portait sur eux, et en même temps ils étaient tributaires de cela. Contradiction
d’avoir été d’abord « sortis de l’ignorance » par ceux dont ils veulent se distinguer. Problème aussi de
la langue qu’ils emploient, celle souvent du colonisateur…
Un canon propre ? Ils font des anthologies, des listes d’auteur –
Redécouverte en Amérique latine d’auteurs du 19e
Peut-on constituer un canon pour d’autres ?
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Alexandra – il y a les auteurs dans le canon et les gens qui pensent le canon.
Cécile : problème du rapport aux classiques, ils doivent constituer leurs classiques –
Marie-Pierre : la question est-elle d’avoir un canon propre ou d’être à égalité dans le canon ?
Cécile : premier élément, s’intégrer dans le canon universel. Essayer de s’intégrer sans copier les
modèles hérités. La constitution d’un canon propre est quelque chose d’assez problématique qui se
fait pour la littérature « latino-américaine », terme qui reste très vague. Des petites sphères :
littérature portoricaine, Antilles… Délimitation géographique problématique.
Alexandra : en se basant sur des limites géo on rentre dans des logiques coloniales –
Cécile : il y a aussi la question linguistique
Marie-Pierre : renvoie à l’article sur « l’institution littéraire et l’exclusion de l’autochtone en Amérique
latine » publié sur le blog.
Mme. Gély : on a affaire à des perspectives très larges.
- Il y a une dimension géopolitique, qui est l’existence d’une pluralité de canons, à chaque
moment de son histoire chaque nation a constitué sa littérature nationale, identitaire,
communautaire.
- Il y a une histoire à faire pour chaque communauté de la constitution de son propre canon,
selon quels critères, à partir de quelle autorité, etc. Et une histoire comparée des canons à
faire.
-Et puis la question moderne qui se surimpose : l’apparition de canons supranationaux ou
supracommunautaires. Cela s’est dessiné ou se dessine en ce moment.
Ultimement apparition du concept de « littérature mondiale », qui serait un grand canon unique dans
lequel on ferait tout entrer. Est-il concevable de penser un canon mondial qui soit autre chose qu’un
canon globalisé et impérialiste ?
Trois vastes problématiques > Chantiers du séminaire :
Il y aurait un travail à faire de recensement bibliographique pour lister les
anthologies/manuels/histoires littéraires et voir dans quelle mesure ils déterminent de nouveaux
canons (genrés, sexuels, (géo)politiques…)
L’idéal serait peut-être de travailler sous forme d’ateliers pour approfondir chaque thématique (par
exemple : genre-féminisme / études postcoloniales)
Il serait intéressant aussi de regarder comment un « canon national » se reconstitue/redéfinit à
certains moments historiques (de (re)définition nationale) : par ex. le « canon » allemand était-il le
même à l’est et à l’ouest – que se passe-t-il lorsqu’il faut les « réunir » au moment de la
« réunification » politique ?
Question des anthologies constitutives de « canon(s) » rejoindrait un travail/réflexion sur la notion
de bibliothèque idéale
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