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Les exportateurs et les importateurs européens seront également naturellement
amenés à l'employer comme monnaie de transaction, puisqu'ils y trouveront un
avantage immédiat : l'euro leur supprimera les coûts inhérents à la gestion du
risque de change.
Mais l'usage de l'euro devrait aussi s'étendre progressivement au-delà des
frontières de l'Europe. En Afrique tout d'abord, puisqu'il se substituera au franc
français comme monnaie de référence de la zone CFA. En Europe centrale et
orientale également, puisque la plupart de ces Etats ancrent leur monnaie au
deutsche-mark, et effectuent une part croissante de leurs relations commerciales
avec l'Union Européenne, qu'ils ont d'ailleurs vocation à intégrer. Il sera aussi
probablement utilisé rapidement comme monnaie de facturation par les pays du
bassin méditerranéen, compte-tenu de leurs liens étroits avec l'union européenne,
et de la perspective de constitution d'une zone de libre échange euro-
méditérranéenne à l'horizon 2010.
Le développement de l'euro devrait être plus progressif et plus modéré sur les
marchés des matières premières énergétiques.
Outre son utilisation comme monnaie de facturation, l'euro deviendra également
une monnaie de réserve.
[B. L'utilisation de l'euro comme monnaie de réserve]
La création de la monnaie européenne s'inscrit dans un mouvement de
diversification des avoirs officiels en devises, qui n'a cessé de prendre de
l'ampleur depuis le début des années 70. 76% des réserves des banques
centrales étaient constituées de dollars en 1973, 61 % aujourd'hui. La part des
monnaies européennes (livre sterling, deutsche-mark, franc français et florin
néerlandais) est passée sur la même période de 14 à 20%.
L'euro devrait avoir une part dans les réserves des banques centrales supérieure
à celle occupée aujourd'hui par les monnaies européennes. En effet, sa place
future sera étroitement liée à ses qualités intrinsèques de stabilité. Elle se
développera en fonction de son utilisation en tant qu'instrument d'intervention sur
les marchés des changes et monnaie de facturation du commerce international.
Selon les chiffres communiqués à l'occasion d'un récent colloque du FMI, le
montant des réserves mondiales était estimé à la fin de l'année 1996 à 1400
milliards de dollars. Les banques centrales européennes en possèdent environ
30 %. Considérée globalement, l'Union Européenne détient six fois plus de
réserves que les Etats-Unis et deux fois plus que le Japon.
Le passage à l'union économique et monétaire devrait entraîner une diminution
du volume global des réserves de change du système européen de banques
centrales. En effet, les avoirs des banques centrales en monnaies des pays
participants à l'UEM - soit environ 1/3 du total de leurs avoirs en devises - seront
automatiquement transformés en euros. La quantité de réserves nécessaires
devrait également diminuer, puisqu'il n'y aura plus d'interventions pour stabiliser
entre elles les monnaies des pays participants à l'union économique et monétaire.