RSCA : Un patient en fin de vie, entre ses souhaits et la réalité… Le 5 novembre 2012, me voila interne en gériatrie (SSR) a Broca. Une première journée où s’entremêlent excitation et inquiétude : l’objectif Badge Rouge est enfin atteint et tout commence avec un nouveau cycle riche en émotion avec pleins de rencontres aussi enrichissantes ou marquantes les unes que les autres… Au bout de quelques semaines, le temps de prendre mes marques et rassembler toutes mes connaissances accumulées depuis 6 ans mais reclus dans un coin de ma tête après 4 mois de vacances bien méritée, me voila confronté a un patient qui m’a particulièrement touché… C’était fin novembre, j’accueillais un patient de 87ans venant de médecine interne, hospitalisé chez nous au décours d’une décompensation diabétique avec coma hyperosmolaire sur sepsis sévère et hypothermie a point de départ urinaire (BMR) chez un patient en post op d’une prostato cystectomie totale avec urétérostomie et colostomie terminale dont l’histologie retrouve un carcinome urothéliale infiltrant de haut grade G3 peu différencie et adénocarcinome prostatique gleason 7, un patient donc lourd a gérer rien qu’a la lecture du compte rendu. La première chose qui me frappe c’est l’indication opératoire chez ce patient cachectique et grabataire, pourquoi ? Pour cela je n’aurais malheureusement retrouvé aucune donné, aucun CRH…peut être parce que cela a eu lieu en clinique privé ? peut etre était ce la volonté du patient de ‘’tenter sa chance’’ ? En entrant dans sa chambre en isolement septique, je m’aperçois d’un patient âgé, les cheveux blancs, les joues creuses, la teinte ictérique mais un regard encore vif… en m’approchant de lui, je vois un patient dans un état de cachexie avancé, ou chaque mots prononcé est une lutte de tous les instants, c’était peine perdu, on avait vraiment du mal a le comprendre… l’interrogatoire était donc impossible. Dans le CRH de médecine interne, on parle d’objectifs tels que la reprise de l’autonomie, la rééducation a la marche et la renutrition ?? Comment cela est ce possible chez ce patient avec des troubles de la déglutition majeures, une Alb et pre alb dans les chaussettes, avec une amyotrophie majeure… s’est il aussi vite dégradé dans l’ambulance durant son transfert ?? En recherchant ces troubles de la déglutition avec une collègue orthophoniste nous remarquons qu’il est impossible de le faire boire de l’eau gélifié, chaque bouchée est un combat, une stimulation de chaque instant chez un patient qui mâchonne seulement… En reprenant un peu le dossier, je comprends que l’opération censé l’améliorer n’a fait qu’accélérer les choses… on se renseigne auprès de la famille … il n’en a pas … on apprend qu’il était comptable dans une congrégation chrétienne, son ami le plus proche est le père de l’église qui est aussi la personne de confiance. On lui parle du pronostic gravissime , d’une prise en charge palliative et de confort chez ce patient, on parle de ne pas réanimer le patient, de ne pas s’obstiner dans l’acharnement thérapeutique… le père est au clair, le patient aussi…tout le monde est d’accord… sans doute qu’en médecine interne on brossa un peu mieux le tableau pour qu’on l’accepte… bref, ils avaient oublié qu’on avait des lits dédiés aux soins palliatifs apparemment… D’ailleurs le patient était toujours en hypothermie majeur avec des hypotensions itératifs à son arrivée chez nous. Le patient n’avait qu’un souhait, rentrer chez lui dans sa congrégation et mourir avec dignité, tout simplement qu’on le laisse tranquille avec ces proches… mais cela fut impossible, au début en tout cas, car l’infirmerie de l’église était surchargé, qu’il était en isolement septique, qu’il avait un pick line où passait sa biantibiothérapie dont la fosfocina introuvable dans les officines en France et a prendre absolument par voie IV… Au fur et à mesure que le temps passait, le patient restait hypotherme, ne s’alimentant plus et était grabataire, chaque jour on se demandait s’il passerait la nuit ? Un des médecins nous demanda si on devait le renutrir ? une question que je répondrais par l’affirmative pour mes autres patients, mais pourquoi pas celui la ? cela m’a fait réfléchir sur les indications de la nutrition par voir orale, enterale ou parentérale et de ces indications… Chaque jour son état se dégradait et cela m’attristait énormément, cela me mettait en colère, pourquoi et contre qui ? Contre le chirurgien qui l’a opéré … pourquoi donc l’avoir fait ? Comment un anesthésiste a-t-il pu prendre un tel risque alors qu’ils m’embêtent chaque jour pour un panoramique dentaire que j’aurais oublié de faire… c’était dans une clinique privée, peut être que la voila la réponse ? L’argent ? Je ne sais pas… sans compte rendu de leur part, je n’aurais jamais que des doutes… était il dans un meilleur état avant l’opération ? il y avait il vraiment un espoir qu’il aille mieux en post op ? J’ai du mal a y croire… Peut être que l’opération était tout simplement un souhait du patient ? L’infime espoir d’aller mieux après cela lui a fait prendre ce pari insensé ? J’aurais aimé lui demandé à ce moment la… maintenant il est trop tard. Bref, durant ces 2 semaines je le vis dépérir, mais il restait lucide : ne se plaignant pas de douleur, pas d’encombrement, pas de dyspnée, pas d’anxiété, il voulait juste rentré chez lui… mais cela nous parut trop compliqué, l’infirmerie de sa congrégation aurait il voulu d’un patient aussi lourd ? on a préféré repoussé l’échéance jusqu'à la fin de l’antibiothérapie IV… Malheureusement l’état du patient s’est dégradé durant un week end, il devient polypneique et très encombre : un traitement par scopolamine et morphine nous ont permis de l’accompagné, je le voyais encore lundi matin, l’interrogeant sur ces douleurs ? anxiété ? encombrement ? il ne se plaignait de rien, il voulait juste rentrer chez lui… je lui ai dit que maintenant que l’antibiothérapie était terminé, on en rediscutera cette semaine avec mes chefs et le père de l’église… malheureusement le patient décéda dans la matinée… J’ai appelé le père de l’église, lui ai laisser un message sur son répondeur, j’ai prévenu l’infirmière de l’église, mais personne n’est venu durant toute la journée… c’est d’une humeur triste, dépité qu’on décida de le descendre a la morgue et le transférer a Cochin, j’aurais aimé que ces proches le voit une dernière fois dans son lit, paisible plutôt que dans un cercueil …je voulais leur présenter mes condoléances les plus sincères, leur dire qu’il n’avait pas souffert, qu’il aurait aimer que ses proches l’accompagne durant ces dernières heures… J’ai écrit tout cela, pourquoi ? Dans quelle but ? Dans le but d’évacuer ma tristesse, mon impuissance et mon stress devant ce genre de situation afin d’y réfléchir un instant à tête reposée… Plusieurs questions me taraudent l’esprit : -qu’est ce que sont les soins palliatifs et l’accompagnement en fin de vie ? -qu’est ce que mourir avec dignité ? -Quelle est la place de la renutrition chez un patient en fin de vie ? est ce de l’obstination déraisonnable ? -Comment mettre en place un accompagnement chez un patient en fin de vie à domicile ? quels sont les moyens que nous avons pour le mettre en place ? -Quelle est la prise en charge médicale d’une fin de vie ? 1. Soins palliatifs et fin de vie : Définition des soins palliatifs selon la HAS : « Les soins palliatifs sont des soins actifs, continus, évolutifs, coordonnés et pratiqués par une équipe pluri professionnelle. Dans une approche globale et individualisée, ils ont pour objectifs de : • prévenir et soulager la douleur et les autres symptômes, prendre en compte les besoins psychologiques, sociaux et spirituels, dans le respect de la dignité de la personne soignée • limiter la survenue de complications, en développant les prescriptions personnalisées anticipées • limiter les ruptures de prises en charge en veillant à la bonne coordination entre les différents acteurs du soin. » Ils s'efforcent de préserver la meilleure qualité de vie possible jusqu'au décès et proposent un soutien aux proches en deuil. Selon le souhait du patient et la capacité de l’entourage, la prise en charge en soins palliatifs s’effectue en institution ou au domicile et lieu de vie (maison de retraite, long séjour). Une coordination s’opère entre les différents modes de prises en charge. En France, il existe trois types de structures de soins palliatifs pour accueillir les patients en institution : Les Unités de Soins Palliatifs (USP) sont des structures d’hospitalisation d’environ 10 lits accueillant pour une durée limitée les patients en soins palliatifs. Les USP sont constituées de lits totalement dédiés à la pratique des soins palliatifs et de l’accompagnement. Elles réservent leur capacité d’admission aux situations les plus complexes et/ou les plus difficiles Les équipes mobiles de Soins Palliatifs (EMSP) ont pour mission d’apporter une aide, un soutien, une écoute active, des conseils aux soignants qui prennent en charge des patients en fin de vie dans d’autres services. La mission des EMSP concerne : la prise en charge globale du patient et de son entourage familial, la prise en charge de la douleur et des autres symptômes, l’accompagnement psychologique et psychosocial, le rapprochement, le retour et le maintien à domicile, la sensibilisation aux soins palliatifs et à la réflexion éthique. Les lits identifiés en soins palliatifs sont des lits situés au sein d’un service d’hospitalisation. 2. Mourir dans la dignité ‘’Le concept de la dignité est inaliénable de la condition humaine. Nous existons à travers le regard de l’autre et c’est à travers ce regard que chacun d’entre nous peut se sentir digne. La loi dit l’obligation de respecter la dignité de tout être humain, y compris en fin de vie. Vivre dans la dignité jusqu’au bout de sa vie est un droit fondamental, garanti par notre Constitution et la Déclaration universelle des droits de l’Homme.’’ D’après l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité : c’est le droit de mourir dans la lucidité et la tendresse, sans souffrance ni misère ou solitude, sans obstination déraisonnable et dans le respect de notre condition humaine. C’est choisir sa mort : selon son heure et son choix Pour mourir digne, faisons d’abord connaitre les droits des malades, et respectons leur applications en informant le grand public de ces droits, c’est pour cela que la SFAP soutient la campagne nationale d'information grand public « Droits des malades et fin de vie » réalisée par la fédération Jusqu'A La Mort Accompagner La Vie (JALMALV, association adhérente de la SFAP) à propos de la loi du 22 avril 2005 "Droits des malades et fin de vie" Ce que dit la loi du 22 avril 2005, intitulée « Loi relative aux droits des malades et à la fin de vie » : 1. Droit au respect de la personne malade 2. Droit à l’information du malade sur son état de santé. La volonté d’une personne d’être tenue dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic doit être respectée, sauf lorsque des tiers sont exposés à un risque de transmission. Droit d’accès au dossier médical 3. -Droit au refus de tout traitement : Le médecin doit respecter la volonté de la personne après l’avoir informée des conséquences de ses choix. (le patient doit réitèrer la demande dans un delai raisonnable) En ce qui concerne l’interdiction à l’obstination thérapeutique : A tout moment, un patient peut refuser un traitement, voire tout traitement, tout en continuant à bénéficier de soins palliatifs et de traitements à visée de confort. La loi prévoit explicitement des procédures afin de déterminer ce qui est ou non déraisonnable : décision collégiale Le respect de la dignité de l’être humain pose le problème de l’obligation de soins, de l’obstination déraisonnable, du choix du patient sur le moment de sa mort avec la confrontation du médecin, de sa vision des soins et de la médecine, serait ce vraiment un échec que de répondre enfin aux souhaits du patient ? La grille de questionnement éthique du Dr.Sebag Lanoe nous permet de réfléchir à toutes ces questions : c’est un arbre décisionnel qui nous permet de réfléchir sur le conflit entre l’obstination déraisonnable ou la maltraitance et un traitement curatif ou palliatif possible. 4. Traiter la douleur est une obligation médicale, tout patient a droit au soulagement de la souffrance : psychique et physique, la règle du double effet fait son apparition dans la loi d’avril 2005. Tout patient a droit à l’accès aux soins palliatifs. 5. L’accompagnement des patients en fin de vie et de leur entourage : un droit et un devoir d’humanité, il existe maintenant des associations de bénévole qui peuvent être a l’écoute des patients et de leur famille si il le souhaite 6. La prise en charge d’un malade en fin de vie ne devrait pas être une charge pour la famille : il existe un dispositif financier de solidarité pour l’entourage : congé de solidarité familiale, allocation journalière d’accompagnement, APA etc… 7. Le concept de directives anticipés et personne de confiance est instauré Afin de bénéficier des directives anticipés, le patient, majeur, doit rédiger dans les 3ans suivant sont état d’inconscience ses souhaits et ils sont révocables a tout moment Le patient a aussi le droit de se faire représenter par une personne de confiance : aucune intervention ou investigation ne peut être réalisée, sauf urgence ou impossibilité, sans que la personne de confiance (ou la famille, ou à défaut, les proches) ait été consultée. De même, la consultation de la personne de confiance (ou la famille ou, à défaut, les proches) est impérative dans l’hypothèse où le médecin envisagerait de limiter ou d’arrêter les traitements actifs dispensés à la personne qui ne se trouve plus en état de s’exprimer En conclusion, dans la suite du rapport SICARD sur la fin de vie et la possibilité d’un suicide assisté, je trouve que ni le suicide assisté ni l’euthanasie, qu’elle soit active ou passive, ne sont des réponses pour le moment. Faisons d’abord connaitre tous les dispositif des soins de palliatifs chez les patients en fin de vie au grand public et améliorer la formations et les structures permettant d’accueillir les patients en fin de vie avant d’en rediscuter au cas par cas. Un patient qui souhaite l’euthanasie en fin de vie, est un patient en souffrance, il faut tout faire sans tomber dans l’obstination thérapeutique pour répondre et traiter cette souffrance. 3. La renutrition chez un patient en fin de vie ? Avant d’établir un projet de renutrition il faut éliminer les facteurs favorisant la dénutrition ou l’anorexie chez le sujet malade, il faut dépister et traiter la douleur, la dyspnée, les nausées ou vomissements, la constipation, la mycose buccale ou digestive et une pathologie psychiatrique tel que la dépression. Il faut donner les moyens au patient de s’alimenter par des stimulations ou l’aide a l’alimentation. En principe, l’objectif d’une renutrition est de : -réduire l’asthénie et donner une certaine autonomie -prévenir ou guérir les problèmes cutanés Si le pronostic peut être amélioré, les apports devront couvrir, la totalité des besoins, c’està-dire l’ensemble des dépenses énergétiques. Si la personne est en situation palliative avec une maladie incurable, mais avec une certaine espérance de vie, l’alimentation et l’hydratation seront déterminées pour obtenir la meilleure qualité de vie possible, en lien avec le projet de vie du patient. Si la personne est en phase terminale, seule prédomine la recherche du bien être En règle générale, la mise en route d’une nutrition artificielle ne se justifie pas si l’espérance de vie du patient est inférieure à 3 mois et l’atteinte fonctionnelle est permanente et sévère (indice de Karnofsky< 50 % ou Performance status > 2). On précise qu’au stade palliatif ou terminal, les complications et inconforts liés à l’administration de la prescription de nutrition entérale doivent faire réadapter cette prescription, tout en expliquant au patient et aux familles les raisons éventuelles de ces adaptations et en respectant leurs préférences. (d’après la Fédération nationale de centre de lutte contre le cancer) Si nous sommes tous d’accord pour dire que le malade ne doit pas mourir de faim, nous devons également reconnaître que l’alimentation ne l’empêchera pas de mourir : à un stade avancé de sa maladie, la personne ne meurt pas de l’insuffisance de l’alimentation mais des progrès de la maladie. D’ailleurs, il existe une perte de sensation de faim et de soif en fin de vie : ne pas renutrir de manière intempestive c’est aussi interdire l’acharnement thérapeutique…On ne meurt pas de faim ou de soif, la nutrition entérale ou parentéral, l’hydratation SC ne rendent que rarement service à la personne malade en fin de vie Les soins de confort doivent être une priorité. 4. L’accompagnement en fin de vie a domicile La volonté du patient doit être au maximum respectée quand cela est possible, selon le principe éthique d’autonomie, de la loi sur le droit des malades et la loi Leonetti. Le maintien au domicile d’un patient en soins palliatifs requiert : - La disponibilité d’une équipe de proximité composée de professionnels : médecin traitant, infirmier(e), kinésithérapeute, orthophoniste, auxiliaires de vie, assistante sociale, aides ménagères, CLIC, CCAS, etc. - La capacité de l’entourage d’assurer ce maintien : Allocation journalière d’accompagnement des personnes en fin de vie : un formulaire est à remplir par l’accompagnant et a envoyer a sa CPAM : http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/ajap-depliant.pdf Tout salarié – dont un ascendant, un descendant ou une personne partageant le domicile fait l’objet de soins palliatifs – peut bénéficier de ce congé. Il faut en faire la demande à son employeur par lettre recommandée (au moins quinze jours avant le début du congé). Un certificat médical doit y être joint. Ce congé d’accompagnement a une durée maximum de trois mois. Il peut être transformé en activité partielle, en accord avec l’employeur. Le congé d’accompagnement n’est délivré que pour une période de 3 mois et n’est rémunéré que pour une période de 21 jours. La nécessité ou non d’une protection juridique tel que la mise sous tutelle ou curatelle ? Les garants de la bonne poursuite du maintien a domicile ont de lourdes responsabilités, les aidants peuvent être en surménage, burn out : il faut aussi leur consacrer du temps (soutien psy, hospitalisation de répit) et une aide financière. - Des services tels que le téléalarmes et le portage des repas. - La coordination des professionnels dans une démarche qualité par une équipe consultant en soins palliatifs : Il est recommandé de s’appuyer sur la coordination des réseaux de sante en soin palliatif (SSIAD,HAD, réseau, EMSP, travailleurs sociaux). Il faut aussi se renseigner sur une éventuelle permanence de réseau de soin palliatif 24h/24 existant dans le secteur où habite le patient. Les équipes mobiles de soin palliatif (EMSP) permettent d’établir un lien entre l’hôpital et le domicile du patient. - L’expertise sociale et l’accompagnement psychologique si nécessaire : des aides financières (assurance maladie, FNASS (fonds national d’action sanitaire et sociale de la CNAM), APA) pour mettre en place matériel et équipement à la maison. Le Programme d’Amélioration, de Conservation et de Transformation de l’habitat (PACT) a été mis en place en collaboration avec les ergothérapeutes. - La mise en lien avec les associations de bénévoles d’accompagnement : Une des particularités du travail en soins palliatifs est l’importance des bénévoles. On compte de nombreuses associations en France, dont les deux tiers sont regroupées au sein de l’UNASP (Union Nationale des Associations pour le développement de Soins Palliatifs) ou de la fédération JALMALV (Jusqu'A La Mort Accompagner La Vie). Des bénévoles d’accompagnement peuvent offrir du temps, de la présence et de l’écoute aux personnes en fin de vie et à leurs proches avec leur accord, à l’hôpital ou au domicile. Il faut veiller à ce qu’ils fassent partie d’une association agréée qui assure leur formation, leur soutien et leur encadrement. Deux types de dispositifs permettent cette prise en charge : - - Les services d'Hospitalisation à domicile dépendent d'une structure hospitalière. Ils permettent avec la participation des professionnels libéraux du patient de maintenir à domicile ceux qui le désirent. Les réseaux de soins palliatifs coordonnent l'ensemble des autres structures afin de maintenir le lien entre tous les professionnels qui ont pris en charge le patient. Le réseau participe activement au maintien à domicile des malades qui le désirent dans les meilleures conditions. Concrètement pour mettre en œuvre des soins palliatifs à domicile il faut identifier les structures régionales les plus proches du malade permettant de l’orienter vers ceux-ci, il faut : - consulter le répertoire national des ressources de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (http://www.sfap.org) ou le portail soins palliatifs (www.portail-soins-paliatifs.org) - composer le numéro Azur « Accompagner la fin de la vie, s’informer, en parler » : 0 811 020 300 (coût d’un appel local). 5. Les objectifs de la prise en charge médical d’une fin de vie Il existe divers protocoles, mais je vais vous parler de celui que je connais le mieux, le protocole de fin de vie à l’hôpital Broca. La prise en charge de la douleur est primordial chez un patient en fin de vie, elle peut être d’origine physique (neuropathique ou nociceptive) ou psychologique. Sa surveillance se fait principalement par des échelles EVA,EVS, mais chez des patients avec une démence évolué ou des patients aphasiques, une évaluation de la douleur par l’échelle Algoplus est recommandé. La prise en charge de la douleur est principalement lié à la morphine et ces dérivés, elle est administré par voie orale quelquefois, mais la plupart du temps, du fait de l’avancé de la maladie, l’administration de la morphine se fait par voie sous cutanée a la seringue électrique en commençant par des doses de 10mg/24h avec 4 interdoses 1/10e de la dose totale de fond toutes les 6h chez la personne âgée. En général, on commence toujours par prescrire 10mg de morphine en SC a la seringue électrique avec des interdoses de 5mg de morphine en SC en si besoin (des interdoses plus faibles seraient inefficaces). Puis, en surveillant l’algoplus ou l’EVA, si le patient prend strictement plus de 2 interdoses par jour, alors on augmente le traitement de fond de 25% et ainsi de suite jusqu'à obtenir la meilleure efficacité et tolérance possible. Il ne faut pas oublier de prescrire des laxatifs et anti émétiques en systématique lorsque l’on prescrit de la morphine ainsi qu’à surveiller la fréquence respiratoire (problème du double effet). Ne pas oublier de surveiller la diurèse, de prévenir la famille du risque de confusion et de sédation du malade. Pour les douleurs neuropathiques on peut utiliser de l’oxynorm en SC qui a une action mixte sur les douleurs neuropathiques et nociceptives. Sinon on peut proposer du rivotril en gouttes ou en SC, ou du midazolam que l’on peut associé a la même seringue que la morphine. Il ne faut pas oublier d’associer une prescription de co analgésique si besoin : cela peut être des bolus de corticoides, de biphosphonates, de calcitonine, une prise en charge psychologique ou meme des anxiolytiques. En ce qui concerne la lutte contre l’anxiété, l’agitation, on peut proposer de l’Haldol 2.55mg/24 en SC ou 2.5mg de midazolam en SC a la seringue électrique, en augmentant progressivement par palier de 2.5mg selon l’efficacité et la tolérance du patient. Les patients ayant un encombrement bronchique important sont principalement traité par patch de scopoderm (1-3patch tous les 3jours) lorsque l’encombrement n’est que modéré. En cas d’encombrement majeurs, il est préférable d’administrer une ampoule de scopolamine (0.5mg) / 24h en SC a la seringue électrique, et augmenter par palier de 0.5 en 0.5mg si besoin. Les bolus de corticoïdes et des aérosols de corticoïdes peuvent être administrées pour leur effet anti inflammatoire et anti œdémateux. La morphine peut aussi être administré dans le but de diminuer la sensation de dyspnée et en ralentissant la polypnée. La kinésithérapie respiratoire n’a que peu d’intérêt chez des malades en fin de vie, dénutri, affaibli voire avec des troubles cognitifs. Les aspirations trachéales sont à éviter au maximum si possible, elles sont souvent douloureuses et inefficace. Les aérosols n’apportent aucun confort et risque d’aggraver l’encombrement bronchique. En dehors de la question de la faim et de la soif revendiqué la plupart du temps par les familles et qui est souvent source d’inconfort chez le malade, les soins de bouches sont à prescrire et surveiller de manière systématique avec : -des bombes d’eau si possible -de la salive artificiel type aequasyal -des bains de bouches a l’eludril voire fungizone si il existe une mycose -des bains de bouches au bâtonnet glycériné Ces bains de bouches permettent de lutter contre la sensation d’inconfort d’une bouche sèche ou pâteuse, voire permettent de lutter contre l’une des causes de la dénutrition aussi. En dehors d’une prise en charge purement médicamenteuse, l’équipe médical doit faire preuve d’empathie et rester a l’écoute du malade. La prise en charge doit être multidisciplinaire, une prise en charge psychologique du patient et de la famille est toujours proposé, par ailleurs l’ergothérapeute a un rôle majeurs a joué dans l’installation confortable du malade au lit ou au fauteuil. La prise en charge palliative et l’accompagnement en fin de vie doit être noté et mise en avant dans le dossier médical afin de limiter les transferts, les prises de sangs et autres rendez vous en consultations sans aucun intérêt pour le malade. 6. Compétences acquises Premiers Recours et Urgences : -acquisitions de compétences médicales dans la prescription des morphiniques, de leur conversion selon les voies d’abord utilisées ou selon le dérivés morphiniques prescrit. -acquisitions de compétences dans la prescription médicales en soins palliatifs. -réflexion sur les examens complémentaires et la surveillance chez un patient en fin de vie et la limitation des soins. Approche Global et Complexité : -Prise en charge médical du malade -Prise en charge psychologique de la famille et du patient. -Annonce d’un pronostic grave au malade et à la famille -Difficulté à limiter le nombre d’interlocuteur et secret médical : voisin, concierge, ami, famille… -prise en charge social dans le cadre de l’HAD Education, dépistage, prévention : -prévention des escarres : matelas anti escarres, surveillance cutanées et positionnement du malade -role des ergothérapeutes dans la prise en charge palliative Continuité, suivi et coordination des soins : -cela m’a appris l’importance d’un courrier dans le suivi et la continuité médical -importance de la coordination des soins afin qu’on ait tous le même objectif pour le patient Approche centré sur le patient, relation et communication : -communication non verbale chez un patient en fin de vie : algoplus, communication par le toucher, la présence et l’écoute du malade. -annonce d’un pronostic grave, d’une décision de limitation des soins -difficultés à faire changer les idées sur l’hydratation et la renutrition chez un patient en fin de vie, explications difficiles à donner. Souvent la famille reste focaliser sur ces 2 points la, plus que la progression de la maladie. 7. Conclusion : Ce qu’on aurait pu faire Je pense qu’à notre niveau, nous n’aurions rien pu faire. La prise en charge palliative fut décidé le jour suivant son arrivé en accord avec le souhait du malade, en accord avec la personne de confiance et la décision fut prise de manière collègiale (2 médecin, interne et entourage). La limitation des actes invasifs a vite été retranscrite dans le dossier et les soins de confort ont rapidement été mis en place. Cependant, le souhait du malade étant principalement de retourner dans sa congrégation, il fut impossible pour nous de répondre a ce souhait la : d’une part à cause du germe BMR nécessitant un isolement et d’une prescription d’antibiotique purement à délivrance hospitalière, d’autre part l’infirmerie de leur congrégation était pleine. Il nous fallut attendre la fin de l’antibiothérapie et qu’une place se libère enfin à l’infirmerie, chose qui n’a jamais pu avoir lieu. Je pense que cela n’est pas un problème de coordination de soins de la part du service en amont mais plutôt d’un déni de la réalité et de la situation très précaire du malade. Je pense qu’il faudrait améliorer les campagnes d’information sur la prise en charge palliative, avoir une équipe mobile de soin palliatif dans tous les hôpitaux afin qu’elle puisse aider non seulement les malades, mais soutenir aussi l’équipe médical dans leur décision et qu’une prise en charge palliative ne veut pas forcément signifier un échec. Afin que le mot même de PALLIATIF ne devienne plus un tabou, ne signifie plus un échec et que l’on ne baisse pas les bras pour autant. En ce qui concerne la prise en charge chirurgical, la aussi il s’agit de discuter d’une prise en charge curative ou palliative, car une prise en charge chirurgical aurait du mener a un traitement par chimiothérapie adjuvante, hors dans l’état si précaire du malade, je pense que l’évaluation dans le bilan pré op a du être sous estimé. Je pense que le chirurgien a voulu couper la poire en deux en proposant cette prise en charge alors que j’aurais plutôt proposer une prise en charge palliative dans un premier temps avec la mise en place de prothèse endo uretral, puis un passage en soin de suite et rééducation pour préparer le malade à cette intervention afin qu’il ait toutes ces chances en post opératoire. Il serait utile de se demander si la présence d’un gériatre lors d’une RCP ne devrait pas être rendu obligatoire chez les patients de plus de 75ans. 8. Les sources http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201106/inpes_doc_reperes_pour_vos_pratiques.pdf http://www.sfap.org/content/la-sfap-soutient-la-campagne-grand-public-jalmalv http://www.admd.net/les-objectifs/faire-connaitre-la-loi.html http://www.snfge.org/01-bibliotheque/0j-seminaire/PDF/2004/2004-mod1-03.pdf http://www.sante-limousin.fr/public/reseaux-de-sante/linut-1/journees-inter-clan/5emejournee-clan-2009/df7bf71bd250cc83783539efca99867d http://www.sfap.org/content/droits-des-malades Protocole Broca