I. Introduction
« Il faut vous méfier des Anglais, pour la bonne raison qu’ils sont anglais, c’est-à-
dire des étrangers pour nous, et que nos intérêts, évidemment, ne sont pas
toujours les mêmes que les leurs ».
C’est en 1961 que le général De Gaulle, alors président de la Ve République Française,
prononçais ces quelques mots. Ils mettent en exergue le fils rouge de ce mémoire. « Il
faut vous méfier des Anglais, pour la bonne raison qu’ils sont anglais … » : le fait que les
anglais le soient, doit-il constituer une preuve concrète de la méfiance du peuple
français ?
Historiquement parlant c’est un fait, « la perfide Albion » (une expression péjorative
française courante désignant l'Angleterre et, par extension, la Grande-Bretagne et le
Royaume-Uni), a souvent fait, dans un souci de sauvegarde et d’expansion, la girouette
politico-militaire :
Ainsi en 1415, à la bataille d'Azincourt, les Anglais achèvent, sur ordre d'Henri V, les
chevaliers français faits prisonniers, alors que le code d'honneur commandait de les
épargner et de négocier une rançon en échange de leur libération. De même, bien plus
tard, en 1940, alors que l'armistice a été signé entre la France et le Troisième Reich, les
Britanniques lancent l'opération Catapult. Elle vise à neutraliser la marine française par
tous les moyens possibles, de peur que celle-ci ne tombe entre les mains des forces de
l'Axe. Elle entraine la mort de centaines de marins français et la perte de plusieurs
navires lors de la Bataille de Mers el Kebir. Mais l’histoire prouve qu’ils ont aussi été des
alliés de choix durant les deux guerres mondiales.
Ceci illustre le fait que les relations entre deux pays, quelles qu’elles soient, sont
forcément complexes, ambivalentes, changeantes et même souvent contradictoires et
incohérentes, à l’image de ce que sont les pays.
Ces relations bilatérales, concernent bien sûr le monde du sport. Les nations
britanniques revendiquent d’être le berceau du sport, car elles furent les premières à
codifier les différents « jeux » de l’aristocratie. Ainsi à partir de 1830, les règles des jeux
folkloriques se multiplient adoptant un cadre plus formel, plus civilisé et c’est en 1871
qu’est crée, par scission avec le football, la « Rugby-Football Union ».
La diffusion de la pratique du rugby a alors été contrôlée par les britanniques qui l’ont
implanté dans leurs colonies, notamment en Nouvelle-Zélande, en Australie et en
Afrique du Sud. En France, les premières apparitions du rugby ont été constatées dans
les zones de contact avec le Royaume-Uni, c’est-à-dire près des accès maritimes, les
premiers clubs ayant été recensés au Havre et à Bordeaux. Le rugby français s’est alors