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Processus utilisé par le GECSSP : Pour la formulation de ses recommandations, le
Groupe d’étude a voulu déterminer le rapport risques/avantages de la mesure de l'APS.
Fait important à noter, le Groupe d’étude ne comptait parmi ses membres aucun clinicien
ni chercheur spécialisé dans le cancer de la prostate. Le processus d'élaboration des
recommandations incluait bien une revue exhaustive des articles publiés, mais le
GECSSP s'est concentré sur les résultats d'essais prospectifs avec randomisation, et à
notre avis, a mis de côté beaucoup de données jugées irréfutables par ceux qui œuvrent
dans le domaine. Les paragraphes suivants résument ces données.
Nos sources de préoccupation : Les recommandations se prononcent fortement contre la
mesure de l’APS chez les hommes de moins de 55 ans, tout en reconnaissant que cette
conclusion est fondée sur des données de piètre qualité. Cette recommandation ne tient
pas compte de données probantes tirées d’études suédoises en population montrant que le
taux d’APS au départ est un puissant facteur de prédiction du risque futur de cancer de la
prostate 20 à 30 ans plus tard, justifiant ainsi des mesures moins fréquentes chez les
hommes affichant de faibles taux d'APS3.
1. Le Groupe d’étude affirme que les essais avec randomisation ne montrent pas de
réduction de la mortalité globale. Ce commentaire est trompeur puisqu’aucun des
essais portant sur le dépistage n'avait la puissance statistique pour faire ressortir
une telle réduction de la mortalité globale. Ainsi, un essai conçu pour avoir une
puissance de 80 % pour déceler une baisse de 50 % dans la mortalité liée au
cancer après 10 ans, soit passant de 1 à 0,5 %, dans une population affichant une
mortalité globale de 20 % après 10 ans, aurait en fin de compte une puissance
inférieure à 10 % pour déceler une différence dans la mortalité toutes causes
confondues. Ainsi, l'absence d'une réduction de la mortalité globale ne doit pas
être vue comme une lacune.
2. Le document reconnaît que deux des essais de plus haute qualité ont noté une
réduction de la mortalité liée spécifiquement au cancer de la prostate, alors que
quatre essais de qualité inférieure n’ont observé aucune différence entre les
groupes témoins et les groupes ayant subi la mesure de l’APS. Entre autres
lacunes, la contamination des données de l’essai PLCO, qui pourrait aller jusqu’à
85 % selon certains, signifie que cet essai ne devrait pas être considéré comme
équivalant à l’étude de l’ERSPC. Autrement dit, le GECSSP a observé que les
données les plus probantes pointaient vers une réduction des décès liés au cancer
de la prostate; néanmoins, les recommandations affirment qu’il existe des données
contradictoires évoquant une réduction potentielle faible et incertaine de la
mortalité liée au cancer de la prostate. L’énoncé confirmant la réduction de la
mortalité en lien avec la mesure de l’APS observée dans les essais de grande
fiabilité va à l’encontre de l’énoncé dans les recommandations finales voulant
qu’il n’existe pas de données montrant clairement une réduction de la mortalité.
3. L’examen des données minimise l’avantage du dépistage lorsqu'il chiffre à 1,28 le
nombre de décès évités pour 1000 hommes ayant subi le dépistage. Le rapport
publié à la suite de l'essai avec randomisation de Göteborg indique qu’après un
suivi de 14 ans, le nombre de patients devant recevoir un diagnostic pour chaque