31 RUE DES ABBESSES PARIS 18
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La
Imaginación
del futuro
TEATRO LA RESENTIDA
EN ESPAGNOL SURTITRÉ EN FRANÇAIS
mise en scène MARCO LAYERA
avec
RODOLFO PULGAR
BENJAMIN WESTFALL
CAROLINA DE LA MAZA
MARCELA SALINAS
DIEGO ACUNA
PEDRO MUNOZ
BENJAMIN CORTES
SEBASTIAN SQUELLA
3<11 DÉCEMBRE
{AU THÉÂTRE DES ABBESSES}
Chili
DOSSIER PÉDAGOGIQUE SAISON 2014 I2015
TEATRO LA RE-SENTIDA
la Imaginación del futuro
MISE EN SCÈNE Marco Layera
ASSISTANT Nicolás Herrera
DRAMATURGIE La Re-sentida
DÉCOR Pablo de la Fuente
VIDÉO Karl Heinz Sateler
MUSIQUE Marcello Martínez
ASSISTANTE PLATEAU Valeria Aguilar
ASSISTANT SON Alonso Orrego
AVEC Marcela Salinas, Carolina de la Maza,
Benjamín Westfall, Rodolfo Pulgar,
Pedro Muñoz, Diego Acuña,
Benjamín Cortés, Sebastian Squella
COPRODUCTION
Teatro La Re-sentida - Terni Festival (Italie) Fundación
Teatro a Mil.
Tournée réalisée en collaboration avec la Fundación
Teatro a Mil (Chili).
AVEC LE SOUTIEN du Consejo de la Cultura y las Artes.
© La Re-sentida
LE DERNIER JOUR D’ALLENDE
Les acteurs de La Re-sentida imaginent très librement
la fin du président chilien assassiné en 1973.
The Clinic, un hebdomadaire lui-même assez unique en son genre, qui mêle satire et critique sociale, les a
qualifiés de « punks du théâtre chilien ». Effrontés, en tout cas, les acteurs de La Re-sentida le sont bel et
bien. Tournant en dérision le patriotisme chilien dans leur premier spectacle, Simulacro; brocardant le
déclin des utopies dans Tratando de hacer una obra que cambie el mundo; les voilà en briseurs d’idoles dans
La Imaginación del futuro, mis en scène par Marco Layera. Restera comme un moment d’anthologie la
figure d’un Salvador Allende exténué, déjà vaincu, dont un discours sans âme ouvre le spectacle. Autour du
président vibrionne une nuée de ministres et de conseillers qui s’agitent en tous sens. En vain. Faute de
réveiller le présent, La Re-sentida entreprend d’imaginer le futur, mais l’exercice tourne à la farce, une fiè-
vre hystérique gagne le plateau, sans pouvoir enrayer le cours de l’Histoire. Poids d’un cauchemar dont le
théâtre est ici le décapant exutoire.
Jean-Marc Adolphe
3
Allende, sans nostalgie IJ.-F. Perrier p. 4
Entretien avec Marco Layera IM. Canelas p. 5
M. Layera: « Je fais un théâtre pour la gauche » p. 8
S. Allende et le coup d’état d’A. Pinochet p. 10
Intégralité du dernier discours de S. Allende p. 13
l’Humanité.fr p. 14
Médiapart p. 15
Marco Layera ILa Re-sentida p. 16
À lire IÀ voir IFocus Chili p. 17
SOMMAIRE
4
Le 11 septembre 1973 nombreux sont ceux qui en France, en Europe ou dans le monde furent émus aux
larmes en apprenant que Salvador Allende s’était donné la mort dans le palais présidentiel de la Moneda à
Santiago. Il était devenu pour eux le symbole d’une possibilité d’imaginer un autre socialisme, issu d’un vote
populaire démocratique. Après l’échec en 1968 du socialisme à visage humain qu’Alexander Dubˇcek avait
essayé d’installer en Tchécoslovaquie au moment du Printemps de Prague, le Chili d’Allende apparaissait
aux yeux des progressistes du monde entier comme une tentative qui relançait le rêve d’une alternative
moderne au capitalisme et à l’impérialisme.
Ce président devenait, par son refus d’un exil en terre étrangère et par le sacrifice de sa propre vie qui en a
découlé, un martyr et une icône. Statue du commandeur, fantôme omniprésent, son ombre portée est tou-
jours présente, positivement présente pour tous ceux qui espèrent, quel que soit le continent dans lequel ils
vivent, une nouvelle alternative à un impérialisme économique de plus en plus libéral.
Mais cette ombre portée pèse sans doute encore très lourdement au Chili et ce nest pas un hasard si
aujourd’hui, quarante ans après les faits historiques, se font jour un questionnement, une interrogation, une
tentative d’analyse sur ce qu’il faut bien appeler un échec et que les années de gouvernement du dictateur-
général Pinochet ont bien sûr empêché. Après une transition démocratique qui, pour se faire sans drame, a
« oublier », « dissimuler » la tragédie née de cet échec, une nouvelle génération de Chiliens a le désir
de secouer la poussière, de faire un bilan, de faire entendre sa voix et ses réflexions pour parler aujourd’hui
des conséquences des événements, que cette génération na pas vécus, qui pèsent encore comme un fardeau
dans le quotidien et l’imaginaire du peuple chilien.
C’est ce questionnement que la compagnie de thé âtre chilienne, La Re-sentida (Le Ressentiment), dirigée
par le metteur en scène Marco Layera, a décidé de présenter sur un plateau de théâtre, sans tabous, sans -
rence particulière, sans non-dits, avec les armes d’un groupe d’acteurs totalement engagés dans un proces-
sus de mise en abîme, qui transporte avec insolence le passé dans le présent, qui ignore la nostalgie paraly-
sante, qui ne refuse pas la provocation. Visiblement mal à l’aise dans un Chili qui semble les étouffer, ces
jeunes acteurs aspirent à soulever un courant d’air bénéfique qui libérera les esprits.
Derrière ce qui peut apparaître comme une provocation douloureuse, on peut aussi entendre cette phrase
du président Salvador Allende prononcée dans son dernier discours à la radio ce 11 septembre terrible de
1973: « L’Histoire est à nous, c’est le peuple qui la fait. »
Mais, semblent dire Marco Layera et sa troupe, c’est un peuple qui a les yeux grands ouverts, capable de se
retourner sur son passé et de faire de son histoire une fiction fantaisiste, explosive, brutale, impertinente qui
ne peut laisser indifférent.
Jean-François Perrier
ALLENDE, SANS NOSTALGIE
Prélude à la dictature de Pinochet, la mort du président chilien Salvador
Allende dans son palais assiégé, le 11 septembre 1973, en a fait une icône et
un martyr. Mais ignorant la nostalgie et ne refusant pas la provocation,
Marco Layera et les jeunes acteurs de La Re-sentida imaginent une ction
impertinente qui transpose avec insolence le passé dans le présent.
5
ENTRETIEN AVEC MARCO LAYERA
Le théâtre est-il à votre avis le meilleur outil de la
politique?
MARCO LAYERA: Je pense que le théâtre est loin
d’être le meilleur et le plus efficace des moyens d’ac-
tion. Au contraire, je pense même que sa gamme est
assez limitée. Il existe d’autres outils ou actions réel-
lement plus efficaces mais qui nont bien sûr pas le
glamour ou la reconnaissance de notre profession.
De ce point de vue, j’assume ma lâcheté et mon
confort. Si je devais être radicalement engagé, je ne
ferais pas de théâtre. Je serais dans la rue le son
des balles nest pas enregistré et où le décor nest pas
en carton. Parfois, aujourd’hui, je pense que s’occu-
per de l’art revient à tourner le dos au monde. Il est
facile de parler des atrocités de l’humanité avec un
verre de champagne à la main, puis de recevoir des
applaudissements pour cela.
Que reprochez-vous aux formes actuelles et domi-
nantes de l’art?
M. L. : À l’évocation des tragédies de l’homme, notre
tradition théâtrale a imposé un ton sérieux, lourd ou
monotone.
Le théâtre, dans notre pays, est souvent perçu comme
une discipline artistique supérieure, pleine de solen-
nité et de formalité, presque lyrique. Cela lui confère
en définitive quelque chose de grave. Je crois néces-
saire de lui manquer de respect, en lui insufflant une
fraîcheur et une audace qui le renouvelle. Rien n’im-
pose qu’on continue à évoquer les grands thèmes de
l’humanité dans un lieu aride et obscur. Le théâtre
peut amuser et ne pas être superficiel. Aucune oppo-
sition nexiste entre le fait de faire réfléchir et celui
de faire rire; ces termes ne sont pas dichotomiques.
D’autres points de vue peuvent s’ouvrir: ceux de l’iro-
nie, de la cruauté, de l’absurde et de l’humour. Ils ont
un pouvoir beaucoup plus inquiétant et corrosif, et
qui en somme font réfléchir. Par ailleurs l’ordre des
choses a changé et le théâtre doit établir une relation
avec son présent. Il a une capacité de confrontation
avec son dehors. En premier lieu, nous ne pouvons
pas continuer à imiter des formes et des discours
artistiques passés ou dominants. Ils ont répondu à
d’autres temps; aujourd’hui ils ne sont plus à la hau-
teur de la situation. La tragédie et le drame nous invi-
tent à leurs obsèques; notre époque en fait des formes
dramatiques ingénues et ridicules. Comment jouer une
tragédie, quand l’authentique, celle qui se déroule à
l’extérieur, nous gouverne grossièrement? Comment
y faire face depuis un cube de murs noirs, éclairé par
une lumière artificielle et habité par des menteurs ?
Comment exercer depuis cet endroit une pression sur
la véritable scène politique ?
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