
Savoir
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est en fait incorrect car il s’agit à proprement parler d’un
olisthésis (= glissement ventral). Cette désignation résulte
en fait d’une confusion des termes olisthésis avec lyse; tout
au plus devrait-on parler d’une pseudolyse. Une lyse (inter-
ruption de l’arc vertébral dans la région interarticulaire)
peut également aboutir à un olisthésis ou spondylolisthésis.
Ce glissement ventral dans le cadre de l’antélisthésis
dégénératif suite à la dégénérescence de facettes articu-
laires, entraîne de surcroît un rétrécissement du canal ra-
chidien. Lorsqu’il existe en outre une protrusion du disque
intervertébral ou des rétrospondylophytes des plateaux
supérieur et inférieur, on parle d’une sténose centrale du
canal rachidien.
Dans le contexte d’une telle dégénérescence segmen-
taire, un autre effet s’ajoute généralement sous la forme
d’un épaississement dégénératif du ligament jaune, qui dé-
nude dorsalement le canal rachidien et contribue encore
au rétrécissement dorso-latéral de celui-ci.
Lorsque, dans le contexte de la dégénérescence, vient
s’ajouter une instabilité, à savoir une mobilité translation-
nelle accrue du segment, cette composante fonctionnelle
peut accentuer encore davantage la sténose du canal
rachidien en réclinaison mais aussi en position debout,
effet qui peut être mis en évidence, par exemple, dans une
myélographie.
Outre la sténose du canal rachidien décrite ici, il peut
également se produire un rétrécissement des sorties de
nerfs (foramina intervertebrales). Ceci s’observe générale-
ment lors d’une forte diminution de la hauteur des disques
intervertébraux, c’est-à-dire lors d’un collapsus d’un
segment ou en cas de spondylophytes intraforaminaux et
des protrusions discales.
Les symptômes classiques de la sténose du canal rachi-
dien sont des irradiations douloureuses dans les jambes
en fonction de la marche, souvent accompagnées d’une
faiblesse croissante. Le patient est contraint de s’arrêter
et, typiquement, les symptômes disparaissent rapidement,
de sorte que le patient est à nouveau capable de marcher
sur une certaine distance, jusqu’à ce qu’il doive à nouveau
s’arrêter. Dans ces conditions, un soulagement est aussi
souvent obtenu par l’adoption d’une position cyphosique,
raison pour laquelle les patients marchent penchés en
avant.
Dans la plus grande partie des cas, les patients ressen-
tent les irradiations dans les jambes décrites ci-dessus,
souvent délimitables au niveau radiculaire; plus rarement,
il s’agit aussi de réelles douleurs lombaires ou sacrées
dont l’intensité est fonction de la distance de marche et
de la durée de la position debout.
En cas de sténose neuroforaminale isolée, le patient
éprouve une douleur monoradiculaire qui est fonction de la
distance de marche, semblable à une hernie discale, la
douleur étant présente ici de manière plutôt permanente.
Le plus souvent, les patients souffrant d’une sténose
rachidienne sont asymptomatiques en décubitus latéral et
en position assise.
STENOSE LOMBAIRE DU CANAL RACHIDIEN
Tableau clinique fréquent et souvent ignoré
Les signes d’usure de la colonne vertébrale entraî-
nent souvent un rétrécissement du canal rachidien
ou de certains neuroforamens particuliers, ce qui se
traduit souvent par des troubles typiques irradiant
du dos jusque dans les jambes, dont l’intensité est
fonction de la distance de marche et de la durée de
la position debout. Ces troubles sont souvent res-
sentis de manière analogue à ceux de la «maladie
des devantures de magasins», d’origine vasculaire,
etils peuvent limiter la distance de marche libre
àquelques centaines de mètres, en raison des dou-
leurs et de la faiblesse qu’ils provoquent.
Grâce à l’imagerie moderne, en particulier aux examens
d’IRM et, dans des cas particuliers, à la myélographie,
il est possible aujourd’hui de mettre très bien en évidence
ces rétrécissements dans la région du canal rachidien
ou des sorties des nerfs dans la région des foramens.
Contrairement aux douleurs dorsales lombaires d’origine
purement dégénérative et non spécifique, les douleurs
lomboradiculaires survenant à la suite d’un rétrécissement
ne peuvent quasiment pas être abordées par des mesures
de physiothérapie et de training car elles ne permettent
pas de résoudre le problème mécanique de la sténose du
canal rachidien en soi. Des infiltrations épidurales permet-
tent d’obtenir un soulagement passager.
Dans les cas avancés, il ne reste en dernier ressort que
l’intervention chirurgicale. Grâce à la précision de l’image-
rie diagnostique, les interventions peuvent se réduire de
nos jours à des procédés minimaux sélectifs de décom-
pression interlaminaire qui n’affectent pas la stabilité de la
colonne vertébrale.
Le plus souvent il est ainsi possible de renoncer à une
stabilisation supplémentaire des segments vertébraux,
si bien que ces interventions sont aussi parfaitement bien
supportées par les patients âgés et que ceux-ci peuvent
profiter comme il se doit de leur qualité de vie ainsi restau-
rée.
TABLEAU CLINIQUE
Dans le cadre des altérations dégénératives de la co-
lonne vertébrale, plusieurs facteurs peuvent mener à un
rétrécissement du canal rachidien ou des sorties des nerfs.
Généralement, ce rétrécissement résulte de l’arthrose arti-
culaire bilatérale des petites articulations vertébrales (ar-
throse des facettes) qui rétrécissent latéralement le canal
vertébral des deux côtés (phénomène que l’on appelle sté-
nose latérale du canal rachidien). La dégénérescence de
ces articulations vertébrales peut en outre entraîner un
déplacement de la colonne, le plus souvent un glissement
ventral du corps vertébral crânien, que l’on désigne sous
le terme d’antélisthésis dégénératif. Ce glissement ventral
est aussi souvent appelé pseudo-spondylolisthésis, ce qui
Arthrose des facettes
articulaires: La sténose
du canal rachidien naît
le plus souvent d’une
dégénérescence arthro-
sique des articulations
vertébrales, ce qui entraîne
un rétrécissement latéral
du canal.
Cliché d’IRM d’une
sténose du canal rachidien.
Dessus, le canal nettement
plus large, une vertèbre
plus haut, chez la même
patiente.
Resserrement et inter-
ruption nette du produit
de contraste dans
le canal rachidien, isolés
sur un étage,visibles à
la myélographie.