La Philosophie
bantoue
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R. P. Placide Tempels – 1944-45
Éditions de l’Évidence — 2009
Sommaire
Biographie de Placide Tempels 4
La Philosophie bantoue
I- À la trace d’une philosophie bantoue 12
II- LOntologie des Bantous 26
III- La Sagesse et la doctrine de la connaissance des Bantous 46
IV- La “doctrine du Muntu” ou la psychologie des Bantous 60
V- Éthique des Bantous 71
VI- La Restauration de la vie 85
VII- La philosophie bantoue et nous, les civilisateurs 100
VIII- Plaidoyer pour la philosophie bantoue 114
Carte du Zaïre 133
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Avertissement de l’édition
Le texte que nous publions ici est basé sur la version publiée par Présence
Africaine en 1949 (traduction du néerlandais par A. Rubbens, avec des corrections,
suppressions et ajouts de Tempels).
Nous y avons apporté des modifications en tenant compte de l’“édition critique” de
A. J. Smet qui contient notamment le 8ème chapitre (inédit), et de nombreuses notes1.
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1 Pour le détail de lhistorique de lécriture (en néerlandais), et des différentes traductions et
éditions, vous pouvez consulter le site suivant : http://www.aequatoria.be/tempels/HomeFra.html.
On y trouve également la biographie que nous reproduisons page suivante, ainsi que d’autres textes
de P. Tempels, notamment les Mélanges de philosophie bantoue, et autres textes d’ethnologie. (note
de l’édition)
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La Philosophie bantoue
Hache de parade. Manche en bois. Lame en fer forgé.
Hauteur : 0,34. Baluba. Congo belge.
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La Philosophie bantoue
Biographie de Placide Tempels2
Introduction :
Le nom de Placide Tempels évoque, en quelque sorte, toute une problématique de
l’existence d’une philosophie africaine. Pour beaucoup d’intellectuels africains ce
nom était devenu presque l’équivalent de la philosophie bantoue. On trouve en effet
rarement un écrit sur la philosophie africaine qui ne se réfère pas à sa “Philosophie
bantoue”, datant de 1945. On lui a attribué “l’honneur d’avoir le premier fait surgir le
problème de la philosophie “bantoue””, mais on lui a aussi reproché le titre
“téméraire” de ce livre, qui “repose sur une confusion du vécu et du réflexif, si l’on
veut, du sens vulgaire et du sens informé du mot “philosophie””, confusion qu’il
aurait voulue : “les auteurs en question (y compris Tempels, malgré son apparente
naïveté) savaient bien que la “philosophie africaine”, au sens où ils l’entendaient,
appartenait à un tout autre genre que la “philosophie” européenne, au sens habituel
et rigoureux du terme”.
Parler du Père Tempels, cest encore, pour un grand nombre de gens du peuple au
Congo, se référer à la Jamaa. Ici, son nom est lié à un essai d’adaptation de
l’expression de la doctrine chrétienne à la mentalité africaine. Une fois de plus, les
commentateurs se séparent en adeptes fervents et détracteurs.
On peut facilement constater qu’un grand nombre des auteurs qui se réfèrent à
Tempels ignorent l’existence de ses autres écrits et de la Jamaa. Ils se basent sur la
traduction française de ce livre, et, souvent, en réduisent le contenu à la “force vitale”
ou à l’identification : “être = force”.
Au moment où tout un continent est à la recherche de sa vraie dimension et où un
grand nombre de jeunes africains désirent se reconnaître dans une véritable
philosophie africaine, il pourrait être opportun de présenter l’ensemble de l’œuvre
d’un des auteurs qui sont à l’origine de la problématique philosophique africaine des
dernières années.
2 Source : voir note 1, page 2.
4
La Philosophie bantoue
Notice Biographique
Le père Tempels est né à Berlaar (Province d’Anvers, Belgique), le 18 février 1906,
de parents limbourgeois. Au baptême, il reçut le nom de Frans. Après ses études
secondaires, il entra au noviciat de l’Ordre des Frères Mineurs Franciscains à Thielt,
le 17 septembre 1924, où il prend le nom de Placide. Ordonné prêtre le 15 août 1930,
il se prépare à la vie missionnaire et il part à l’ex-Congo Belge (actuellement
République démocratique du Congo), le 3 novembre 1933. Il arrive à Dilolo, le 22
novembre de la même année. Dès son arrivée dans la région du lac Moïro, il est à
l’écoute du peuple et au jour le jour il enregistre des devinettes d’enfants, des
proverbes et des chansons populaires, notamment à Luabo, Lukonzolwa et Lumbu,
au diocèse de Kamina.
Dans un témoignage autobiographique, Tempels décrit lui-même ses premières
années de vie missionnaire :
“Je suis venu en Afrique en 1933 comme Européen, comme blanc, dans une
Afrique colonisée… et, surtout en croyant être porteur d’un message divin. J’adoptais
cependant des attitudes de blanc, de maître, de Boula Matari. Et le message que Dieu
me confia m’inspirait des attitudes cléricales, de maître spirituel, de docteur
autoritaire, de fonctionnaire religieux, de chef ou de pasteur, vis-à-vis d’ouailles qui
n’avaient qu’à écouter, obéir et se taire”.
Après dix ans de travail missionnaire en brousse, après bien des recherches,
d’essais et de désespoirs, il trouve sa voie, en s’intéressant directement à l’homme
même :
“Je regardais donc cet homme en m’adressant à lui : “Qu’avez-vous ? Que vous
manque-t-il ? Quel homme êtes-vous ? Que pensez-vous ? Que désirez-vous par-
dessus tout ? Pourquoi vos remèdes magiques ? Que signifient-ils ? Comment
opèrent-ils ?” etc.”
Le but de Tempels était de se sentir “bantou” au moins une fois. Il voulait penser,
sentir, vivre comme lui, avoir une âme bantoue. Une fois parvenu à voir et sentir la
vie comme lui, il reprendrait la personnalité européenne, mais parlant un langage
vraiment adapté et compréhensible.
Mais, dit Tempels, dans cet effort de confier sa personnalité à l’autre, l’homme
bantou parvint “à s’exprimer clairement, en découvrant lui aussi, pour la première
fois, d’une façon réfléchie, le fond même de sa personnalité, le mystère de son être et
de son âme”. Tempels fut lui-même bouleversé par celui qui lui confiait tout son être.
Un dialogue se fait entre lui et l’homme africain, qui lui exprimait ce qu’il désirait
par-dessus tout :
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