La Tragédie des Templiers - Librairie Excommuniée Numérique

Michael Haag
La Tragédie des Templiers
L’ascension et la chute
Couverture : O. Frenot
Photo : Shutterstock
Traduction : Christophe Billon
Un ouvrage réalisé sous la direction de Sophie Descours
Titre original : The Tragedy of the Templars
© 2012 Michael Haag
© 2014 Ixelles Publishing SA pour l’édition française
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation
servés pour tous pays.
ISBN 978-2-87515-211-4
ISBN eBook : 978-2-87515-484-2
D/2014/11.948/211
pôt légal : 1er trimestre 2014
E-mail : contact@ixelles-editions.com
Site Internet : www.ixelles-editions.com
Ixelles Éditions est une division de Ixelles Publishing SA
Prologue
Jérusalem 1187
Le vendredi 2 octobre 1187, après douze jours de siège, et moins d’un siècle
après l’apogée d’une première croisade victorieuse, les habitants de
Jérusalem abandonnent la ville selon les conditions imposées par Saladin.
Ceux qui ont les moyens de payer leur rançon sont libres de marcher vers la
côte, tandis que les autres sont emmenés comme esclaves. Quelques
chevaliers hospitaliers sont autorisés à rester pour faire fonctionner leur
hôpital, destiné aux pèlerins et situé en plein cœur de la ville, puisqu’il est
même adjacent à l’église du Saint-Sépulcre. Les Pauvres Chevaliers du
Christ sont carrément chassés – ils avaient leur quartier général dans la
mosquée al-Aqsa du Mont du Temple. Les Francs sont persuadés que la
mosquée al-Aqsa a été bâtie sur le site même du Templum Solomonis,
comme ils l’appellent en latin, et c’est peu de temps avant que les chevaliers
soient connus sous le nom de Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de
Salomon ou Templiers.
L’exécution de l’ordre de purification de Jérusalem « de l’ordure des
Francs immondes »1, donné par Saladin, selon les mots de son sectaire
Imad al-Din, démarre à la mosquée al-Aqsa, car les Templiers auraient
accumulé les immondices de sorte que toute négligence dans les opérations
de purification leur est interdite2. Les murs et les sols de la mosquée al-Aqsa
et du dôme du Rocher voisin sont nettoyés à l’eau de rose et à l’encens. Puis,
les soldats de Saladin parcourent la ville, démolissant les églises ou
arrachant leurs décorations, avant de les transformer en mosquées et
madrasas, « pour la [Jérusalem] purifier des salissures de leur race, des
ordures de cette humanité inférieure, pour réduire leur esprit au silence en
rendant muets leurs clochers »3. Seule l’église du Saint-Sépulcre est
épargnée, Saladin soulignant qu’en imposant aux pèlerins un droit d’entrée
exorbitant, cela couvrirait les frais4.
Pour les Francs d’Outremer (nom donné aux résidents des États croisés),
la chute de Jérusalem est vue comme le jugement impitoyable de Dieu. La
capture de la ville par Saladin a conduit certains à penser que le
christianisme est une religion inférieure à l’islam. « Notre peuple a tenu la
ville de Jérusalem pendant quelque quatre-vingt-neuf ans », écrit l’auteur
anonyme de De Expugnatione Terrae Sanctae per Saladinum. « En très peu
de temps, Saladin a conquis presque tout le royaume de Jérusalem. Il a exalté
la grandeur de la loi de Mahomet et montré par là même qu’elle pourrait bien
surpasser celle de la religion chrétienne. »5
La misère franque n’est pas moins intense que la jubilation musulmane.
Pour Imad al-Din, la victoire de l’islam est nette, tout comme la fin des
incrédules, comme si le christianisme était détruit. Pour amplifier l’effet au
maximum, Saladin a attendu le vendredi 27 Rajab du calendrier musulman,
anniversaire du voyage nocturne de Mahomet au paradis depuis Jérusalem,
pour s’emparer de la ville. « Quelle merveilleuse coïncidence ! », s’est
exclamé le biographe et ami de Saladin6. En entrant dans la ville, Saladin
irradie de bonheur face au triomphe du djihad, prend place sur un trône
comme entouré d’un halo lunaire et donne audience pour recevoir les
licitations. On embrasse son tapis, son visage rayonne, son parfum est
doux, son affection totale, son autorité intimidante. Saladin prend soin de
présenter la capture de Jérusalem comme l’immense victoire du djihad car, à
l’instar de « l’attitude propagandiste »7 qui avait consisté à purifier la
mosquée al-Aqsa et le dôme du Rocher, il délivre le message selon lequel lui
et sa famille, les Ayyubides (de son père Ayyub), sont les véritables
souverains et les protecteurs de l’islam, et non le calife de Bagdad. Pour
insister sur ce point, Saladin ordonne que l’on frappe des pièces d’or à son
effigie le présentant comme « le sultan de l’islam et des musulmans »8.
Cependant, depuis 1174, année qui a vu Saladin devenir sultan d’Égypte
et qui a marqué le début de sa carrière indépendante, s’il est théoriquement
assujetti au calife abbasside de Bagdad, il a fait campagne contre les Francs
pendant à peine plus d’un an. Ses autres campagnes visaient d’autres
musulmans, qu’il diffamait en les traitant d’hétiques et d’hypocrites et qui
le considéraient en retour comme « un souverain qui s’est servi de l’islam
pour son propre dessein »9. C’est ainsi que jusqu’en 1187, aux yeux des
musulmans, la réputation de Saladin n’est rien d’autre qu’« une suite de
projets et campagnes sans scrupules destinés à agrandir sa famille »10. On
comprend aisément que, lorsque la nouvelle de la capture de Jérusalem par
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