PES 2012-2013 Chap12 : Le marché Chapitre 12 : Quelle est la

PES 2012-2013 Chap12 : Le marché 1
Chapitre 12 : Quelle est la place du marché dans la société ?
Introduction
1/ Le marché : un type d’échange
11- Le marché : un mode de coordination des intérêts
Document 1
« chacun des marchés /.../ met en relation des agents économiques qui poursuivent des fins
intéressés et procèdent pour les atteindre à ce que l’on peut appeler un « calcul économique ».
/.../ Le consommateur candidat à l’acquisition d’une automobile recherche ce que l’on appelle
dans le langage courant « le meilleur rapport qualité-prix » /.../.
Ensuite, les intérêts sont divergents de chaque côte du marché, comme on dit. L’offreur, le
vendeur de volailles ou d’automobiles, le salarié souhaitent que la transaction s’effectue à un
prix élevé ; le demandeur, l’acheteur lui, souhaite le contraire.
Enfin, la transaction dénoue le conflit en faisant apparaître un prix. /.../
Ainsi, un marché confronte des acheteurs et des vendeurs et les prix qui dénouent cette
confrontation sont la donnée, mais aussi, d’une certaine manière la résultante du calcul
économique. »
Roger Guesnerie, L’économie de marché, Poche, Editions Le Pommier, 2006, p. 19 et p.20.
Quels sont les acteurs d’un marché ?
A quoi sert le marché ?
Un marché a-t-il toujours une existence « concrète », « matérielle » ?
Définissez la notion de marché.
12- Comment l’échange marchand peut-il fonctionner ?
Document 2
« Le marché est une abstraction fondée sur toute une variété de alités que recouvrent ces
abstractions intermédiaires que l’on appelle les marchés. Ces derniers n’existent pas à partir
de rien ; non seulement ils sont eux-mêmes des institutions mais leur existence dépend elle-
même d’un certains nombres d’autres institutions. Celles-ci se sont modifiées au cours du
temps, pour répondre au changement des conditions historiques de la production, par
exemple. La première de ces institutions est sans doute l’institution juridique. Sans un gime
de droit qui élève une barrière suffisamment efficace contre le risque de spoliation, on conçoit
que production et échange n’auraient pu se développer. /.../ La relance de mécanismes de
marché a souvent être précédée par la finition de droits de propriété*, par exemple pour
les entreprises. /…/
La seconde «institution », cruciale pour le fonctionnement et le développement du marché,
n’est autre que la monnaie. Certes, le troc est bien une modalité du marché. Mais
l’accroissement des échanges est historiquement lié à celui de l’usage de la monnaie.
Intuitivement, la monnaie facilite considérablement l’échange tant pour les consommateurs
que pour les intermédiaires. Sans doute est-il préférable de réserver l’expression
d’ « économie de marché », aux économies monétaires. A ce stade, il convient de remarquer
que le droit et la monnaie - deux institutions clés du marché - relèvent de l’organisation
collective de la société ; leur consolidation est allée de paire avec celle des pouvoirs régaliens
de l’Etat »
Roger Guesnerie, L’économie de marché, Flammarion, 1996.
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* droit de propriété : « Un droit de propriété est le droit garanti par la société, de choisir les
usages d’un bien économique : le propriétaire se voit reconnaître le droit d’utiliser le bien
(usus, par exemple occuper son appartement), d’en retirer un revenu (fructus, par exemple
louer son appartement), d’en disposer (abusus, par exemple vendre son appartement) ; ce droit
s’exerce dans le cadre de la loi (qui permet de posséder une voiture mais interdit les excès de
vitesse). »
C.-D. Echaudemaison (sous la direction de) Dictionnaire d’économie et de sciences sociales,
Nathan, 2006, p 155.
Document 3 Economie de marché et Droit de propriété privé
« L’économie de marché est indissociable de la mise en valeur de la propriété privée tenue
pour inviolable car elle est la garante du juste retour du travail individuel sans que vienne
interférer l’arbitraire du souverain des sociétés hiérarchiques. Le patrimoine ou encore la
richesse accumulée que possède la personne résulte, théoriquement, de son propre travail et
non pas non plus de l’arbitraire de la naissance ou d’une redistribution des richesses
décidée unilatéralement par une autorité souveraine. En cela, l’économie de marché ou
capitaliste est pour beaucoup dans l’avènement d’un individu affranchi de dépendances non
voulues et sources d’inégalités économiques et sociales. »
Cyrille Ferraton, La propriété. Chacun pour soi ?, Larousse, 2009, p. 55.
Quelles sont les institutions nécessaires au fonctionnement des marchés ? Pourquoi ?
Peut-on faire ce qu’on veut avec un bien ?
Expliquez le passage souligné.
L’économie de marché a-t-elle besoin d’individus libres ?
2/ Les gains attendus de l’échange
21- Division du travail et spécialisation : la théorie d’Adam Smith
211- « Le penchant naturel » à l’échange de Smith
Document 4
« Dans presque toutes les espèces d'animaux, chaque individu, quand il est parvenu à sa
pleine croissance, est tout à fait indépendant et, tant qu'il reste dans son état naturel, il peut se
passer de l'aide de toute autre créature vivante. Mais l'homme a presque continuellement
besoin du secours de ses semblables et c'est en vain qu'il l'attendrait de leur seule
bienveillance. Il sera bien plus sûr de réussir, s'il s'adresse à leur intérêt personnel et s'il leur
persuade que leur propre avantage leur commande de faire ce qu'il souhaite d'eux. C'est ce
que fait celui qui propose à un autre un marché quelconque ; le sens de sa proposition est ceci
: « Donnez-moi ce dont j'ai besoin, et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous-
mêmes. » ; et la plus grande partie de ces bons offices qui nous sont nécessaires s'obtiennent
de cette façon. Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du
boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts.
Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n'est jamais de nos
besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage. Comme c'est ainsi par traité, par
troc et par achat que nous obtenons des autres la plupart de ces bons offices qui nous sont
mutuellement nécessaires, c'est cette même disposition à trafiquer qui a, dans l'origine, donné
lieu à la division du travail. Par exemple, dans une tribu de chasseurs ou de bergers, un
individu fait des arcs et des flèches avec plus de célérité et d'adresse qu'un autre. Il troquera
fréquemment ces objets avec ses compagnons contre du bétail ou du gibier, et il ne tarde pas à
s'apercevoir que, par ce moyen, il pourra se procurer plus de bétail et de gibier que s'il allait
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lui-même à la chasse. Par calcul d'intérêt donc, il fait sa principale occupation des arcs et des
flèches, et le voilà devenu une espèce d'armurier. Un autre excelle à bâtir et à couvrir les
petites huttes ou cabanes mobiles; ses voisins prennent l'habitude de l'employer à cette
besogne, et de lui donner en récompense du bétail ou du gibier, de sorte qu'à la fin il trouve
qu'il est de son intérêt de s'adonner exclusivement à cette besogne et de se faire en quelque
sorte charpentier et constructeur. Un troisième devient de la même manière forgeron ou
chaudronnier; un quatrième est le tanneur ou le corroyeur des peaux ou cuirs qui forment le
principal revêtement des sauvages. Ainsi, la certitude de pouvoir troquer tout le produit de son
travail qui excède sa propre consommation contre un pareil surplus du produit du travail des
autres qui peut lui être nécessaire, encourage chaque homme à s'adonner à une occupation
particulière, et à cultiver et perfectionner tout ce qui peut avoir de talent et d'intelligence pour
cette espèce de travail. [ ... ]
Mais, sans la disposition des hommes à trafiquer et à échanger, chacun aurait été obligé de se
procurer lui-même toutes les nécessités et commodités de la vie. Chacun aurait eu la même
tâche à remplir et le même ouvrage à faire, et il n'y aurait pas eu lieu à cette grande différence
d'occupations, qui seule peut donner naissance à une grande différence de talents. »
Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, publication
originale en anglais en 1776, Flammarion, 1991.
Qu’est-ce que la division du travail ? Quelle est son origine selon Smith ?
Expliquez le dernier paragraphe
212- Une croissance smithienne ?
Document 5 l’impact de la division du travail selon Smith
Site SESame, 2012.
Il manque le marché, l’échange dans ce schéma, ajoutez cet élément.
La construction européenne se fonde, en partie, sur la constitution d’un marché unique
avec une suppression des droits de douane : utilisez le schéma précédent pour en étudier les
conséquences.
22- La théorie des avantages comparatifs de David Ricardo
Document 6 spécialisation et gains à l'échange
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« Supposons deux ouvriers sachant l’un et l’autre faire des souliers et des chapeaux : l’un
d‘eux peut exceller dans les deux métiers ; mais en faisant des chapeaux il ne l’emporte sur
son rival que d’un cinquième, ou de 20 pour cent, tandis qu’en travaillant à des souliers, il a
sur lui un avantage d’un tiers, ou de 33 pour cent. Ne serait-il pas de l’intérêt de tous les deux
que l’ouvrier le plus habile se livrât exclusivement à l’état de cordonnier, et le moins adroit à
celui de chapelier ? »
David Ricardo : « Des principes de l’économie politique et de l’impôt » (1817), Source
numérique: Les Classiques des sciences sociales
On supposera dans la suite des questions que le temps de travail nécessaire aux ouvriers
pour produire les chapeaux et les paires de souliers est le suivant :
Ouvrier le plus habile
Ouvrier le moins adroit
Temps de fabrication d’un chapeau
12H00
15H00
Temps de fabrication d’une paire de souliers
1H00
1H30
Supposons que l’ouvrier le plus habile se spécialise dans la production de souliers, et
l’ouvrier le moins adroit dans la production de chapeaux. Complétez le tableau suivant :
Pour chaque chapeau supplémentaire que produit l’ouvrier le moins
adroit, combien de paires de souliers doit-il renoncer à produire ?
Pour chaque chapeau que l’ouvrier le plus habile a renoncé à produire,
combien de paires de souliers supplémentaires produit-il ?
Du point de vue de l’économie dans son ensemble, est-il avantageux que l’ouvrier le plus
habile se spécialise dans la production de souliers, et l’ouvrier le moins adroit dans la
production de chapeaux ?
Si le prix d’un chapeau est de 110€ et celui d’une paire de souliers de 10€, calculez le gain
(ou la perte) net(te) réalisé(e)
- par l’ouvrier le moins adroit pour chaque chapeau supplémentaire qu’il produit
- par l’ouvrier le plus habile pour chaque chapeau qu’il renonce à produire
Chaque ouvrier a-t-il donc intérêt à se spécialiser ?
Comment expliquer que l’ouvrier le plus habile délaisse la production de chapeaux, alors
qu’il est plus efficace dans cette production que l’ouvrier le moins adroit ?
En quoi la situation étudiée peut-elle expliquer le développement des échanges
marchands ?
23- « Le doux commerce »
Document 7
« Les passions guerrières pourraient, selon les libéraux, être contenues par les échanges
commerciaux entre États. Albert Hirschman (1980 : 58) relate ainsi l’apparition du terme de
« doux commerce » par Jacques Savary dans un manuel publié en 1675, Le parfait Négociant.
La thèse est toutefois plus souvent associée à Charles de Montesquieu qui écrit dans L’Esprit
des Lois (1748 : Livre XX : chapitre 1 : 27) « Le commerce guérit des préjugés destructeurs
et c'est presque une règle générale que, partout où il y a des mœurs douces, il y a du
commerce; et que partout il y a du commerce, il y a des mœurs douces. Qu'on ne s'étonne
donc point si nos mœurs sont moins féroces qu'elles ne l'étaient autrefois. Le commerce a fait
que la connaissance des mœurs de toutes les nations a pénétré partout: on les a comparées
entre elles, et il en a résulté de grands biens. ». Notons tout de même, en passant, l’expression
« presque une règle générale » dans le texte de Montesquieu. Le commerce ne transforme pas
uniquement les relations internationales, mais aussi les hommes. Hirschman avance une
hypothèse sur l’origine du qualificatif « doux » : il opposerait le « pacifique » commerçant à
la violence du soldat (1980 : 61). Le commerce engendrerait la paix parce que la quête d’un
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intérêt serait partagée entre les différents acteurs économiques, les Etats, mais aussi les
individus.»
F. Dannequin, 2012.
Quelles sont les conséquences des échanges sur les individus ?
Expliquez le terme de « doux » commerce.
Comment peut-on expliquer la construction européenne ?
3/ Des formes de circulations des richesses
31- L’approche de Karl Polanyi : échange marchand, redistribution et réciprocité
Document 8
« [Polanyi distingue] une pluralité de modes de circulation de biens et services, que les
sociétés combinent de manières diverses à travers le temps et l'espace : l'échange et son
modèle de marché la redistribution qui requiert le modèle institutionnel de la centralité ,
la réciprocité encouragée par le modèle institutionnel de la symétrie [...]. Ces [modèles]
désignent les interactions au travers desquelles sont acheminés les biens et ressources dans
une société, et la façon dont les groupes d'individus, en raison de ces circuits symboliques,
sont liés entre eux, intégrés à la société dans son ensemble. (...)
Prenant pour exemple la société des Trobriandais de Mélanésie, Polanyi met en évidence deux
principes de comportement qui ne sont généralement pas associés à l'économie : la réciprocité
et la redistribution. Chez les Trobriandais, la réciprocité touche les relations entre individus
issus d'une même famille tandis que la redistribution touche les individus qui dépendent d'un
même chef. La réciprocité réside dans le fait que l'entretien de la famille est assuré par les
parents [de la famille de la mère]. Cet entretien fonctionne sur le principe du don-contre-don
mais entre membres différents au sein d'un même groupe : les frères pourvoient aux besoins
des sœurs et de leur famille, en échange de quoi ils reçoivent, à travers les produits reçus par
leur épouse de leur propre famille, la subsistance. La redistribution est assurée par le chef de
l'île qui se voit attribuer une partie de la production et la redistribue ensuite, la production non
ponctionnée étant principalement affectée aux évènements festifs de la communauté. (...)
L'enseignement que tire Polanyi de l'étude de ce type de sociétés porte sur l'existence de
principes organisateurs de l'économie différents de ceux décrits et « universalisés » par les
économistes classiques et en particulier par Adam Smith, et qui sont basés sur la recherche du
gain et la propension au troc (...)
On retrouve bien entendu dans nos économies des relations marchandes. Dans l'économie
marchande, c'est au marché qu'incombe la responsabilité de la circulation des biens et
services. La redistribution (principe par lequel la production est collectée par une autorité
centrale dont la responsabilité est de la répartir) est fondamentale dans nos économies
contemporaines puisque l'État social s'organise autour de ce principe, moyennant des règles
de taxation et de transfert. Il redistribue les ressources en étant soumis au contrôle
démocratique. La réciprocité, décrivant un mode spécifique de circulation des biens et
services exprimant un lien social particulier entre les groupes ou les individus recevant des
dons et supposés offrir librement un contre-don, s'exprime aujourd'hui principalement au sein
de l'économie non-monétaire. Mais un certain nombre de relations réciprocitaires adoptent des
formes monétaires, telles que les donations monétaires. »
Florence Degavre et Andreia Lemaître, « Approches substantives de l'économie : des outils
pour l'étude des organisations d'économie sociale », Revue Interventions économiques [En
ligne], 38 | 2008, mis en ligne le 01 décembre 2008, consulté le 19 septembre 2012. URL :
http://interventionseconomiques.revues.org/313
Quelles sont les 3 formes de circulation des biens selon Polanyi ?
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