reprises à grande échelle au Québec et nous revenir dans les années
soixante-dix dans les écoles associatives basques d'Iskatolas ou bretonnes
de Diwan (1), n'ont plus à faire la preuve de leur efficacité (cf. le point de
vue de C. Hagège dans la présentation de Diwan sur
www.diwanbreizh.org).
Inversement, les méthodes traditionnelles d'enseignement des langues L1+n
(sigle désignant les langues autres que maternelles, c'est à dire L2, L3…)
ont fait la preuve de leur inefficacité. Après sept ans d'anglais combien
sont-ils, les nouveaux bacheliers, à pouvoir soutenir une conversation dans
leur L2? Peu nombreux assurément, et moins nombreux encore sont ceux
qui peuvent le faire dans leur L3 après "seulement" cinq années de cours. Il
est tentant de jeter la pierre à leurs professeurs ou à des méthodes
d'enseignement inadaptées, mais le meilleur prof, avec des méthodes qui se
sont affinées au fil des dernières décennies, ne peut espérer produire un
bachelier bilingue à raison d'une moyenne de deux heures de cours par
semaine, vacances comprises. Il faut se rendre à l'évidence: la qualité de
l'enseignant et des outils pédagogiques ne joue qu'à la marge. Si l'élève n'a
pas de motivation extra-scolaire (parent d'origine étrangère, voyages
fréquents à l'étranger…), il se contentera de viser une note acceptable en
L1+n qu'il considèrera comme une matière scolaire parmi d'autres.
Mais une langue étrangère n'est pas une matière comme l'histoire ou la
physique. Elle est avant tout un outil de communication qui peut servir,
entre autres, à enseigner l'histoire ou la physique, alors pourquoi ne pas s'en
servir comme tel à l'école? L'argument a été maintes fois avancé (Lietti
1994, Hagège 1996, Petit 2000…). Il est mis en pratique et dans les écoles
associatives de type Diwan et, dans une moindre mesure, dans les classes
bilingues de l'éducation nationale. Au total cependant, très peu d'élèves
bénéficient d'un enseignement bilingue. La solution serait sans doute que
Diwan accepte d'absorber l'éducation nationale! (2)
La question qui se pose n'est pas de savoir s'il faut généraliser le
bilinguisme précoce mais pourquoi les déclarations d'intention des
différents ministres dans ce domaine ne sont jamais suivies d'effet.
C. Hagège (1996: 156) parle de "résistances prévisibles" à sa proposition
d'apprentissage précoce des langues à travers "l'immersion par échanges
massifs de maîtres à travers l'Europe". Il suggère que, dans toute l'Europe,
des professeurs dont la L1 est l'allemand, l'espagnol, le français, l'italien ou
le portugais se rendent dans un pays voisin pour enseigner les matières au
programme du primaire dans leur langue respective, qui deviendrait ainsi la
L2 des jeunes apprenants. C. Hagège prévoit de fortes résistances à son
projet, notamment de la part des pays dont la langue n'est pas représentée.