332 31. L’IN´
EGALIT´
E DES ACCROISSEMENTS FINIS. APPLICATIONS.
Exemple. Consid´erons la suite (un) d´efinie par un= 1 + 1
1! +. . . +1
n!. Pour tout n∈N, soit
fnla fonction de [0,1] dans Rdonn´ee par
fn(x) = e−x(1 + x
1! +. . . +xn
n!).
Cette fonction est d´erivable sur [0,1], f0
n(x) = −e−xxn
n!et donc |f0
n(x)| ≤ 1
n!. En appliquant
l’in´egalit´e des accroissements finis sur [0,1] (version corollaire 31.4) on obtient |fn(1) −fn(0)| ≤
1
n!, c’est-`a-dire |un
e−1| ≤ 1
n!. On a donc lim
n→∞ un=e.
3. Applications aux fonctions
3.1. Application au sens de variation.
Proposition 31.1.Soit fune application continue sur un segment [a, b]et d´erivable sur
]a, b[.
(1) La fonction fest constante sur [a, b]si et seulement si, pour tout x∈]a, b[,f0(x) = 0.
(2) La fonction fest croissante sur [a, b]si et seulement si, pour tout x∈]a, b[,f0(x)≥0.
(3) La fonction fest d´ecroissante sur [a, b]si et seulement si, pour tout x∈]a, b[,f0(x)≤0.
Preuve. 1) Si pour tout x∈]a, b[, f0(x) = 0 alors on peut appliquer le corollaire 31.4 `a fsur
[a, x] et [x, b] avec m= 0 d’o`u |f(a)−f(x)|=|f(b)−f(x)|= 0 et fest constante sur [a, b].
R´eciproquement, si fest constante sur [a, b] alors sa fonction d´eriv´ee est nulle sur cet intervalle.
2) Supposons la d´eriv´ee de fpositive et soit x, y ∈[a, b] tels que x<y. En appliquant
le corollaire 31.1 sur [x, y] avec m= 0 on obtient 0 ≤f(y)−f(x) et fest croissante. Si
maintenant fest croissante sur [a, b] alors, pour tout x0∈]a, b[ et tout x∈[a, b] avec x06=x,
f(x)−f(x0)
x−x0
≥0 d’o`u f0(x0)≥0. La preuve de 3) est analogue.
Remarque. Les r´esultats pr´ec´edents peuvent ˆetre faux si la fonction fn’est pas d´efinie sur un
intervalle. Par exemple, x∈R∗→1
xposs`ede une d´eriv´ee n´egative et n’est pas d´ecroissante sur
R∗. De mˆeme, la restriction de la fonction partie enti`ere `a R\Za une d´eriv´ee nulle et n’est pas
constante.
Proposition 31.2.Soit fune application continue sur un segment [a, b]et d´erivable sur
]a, b[. La fonction fest strictement monotone sur [a, b]si et seulement si fest monotone sur
[a, b]et si K={x∈]a, b[|f0(x) = 0}ne contient aucun intervalle non r´eduit `a un point .
Preuve Supposons fstrictement monotone. S’il existe [x, y]⊂Kavec x6=yalors fest
constante sur [x, y] ce qui est contradictoire avec la stricte monotonie.
R´eciproquement si fest monotone sur [a, b] et si K={x∈]a, b[|f0(x) = 0}ne contient
aucun intervalle non r´eduit `a un point alors supposons que pour x, y ∈[a, b] avec x < y, on ait
f(x) = f(y). La fonction fest monotone donc si z∈[x, y] alors f(z) est compris entre f(x)
et f(y) d’o`u f(z) = f(x). La fonction fest constante sur [x, y]. Sa fonction d´eriv´ee est nulle
sur ]x, y[ ce qui contredit l’hypoth`ese faite sur K. On a donc f(x)6=f(y) et fest strictement
monotone.