Energie électromagnétique (elm 6) 1
Le champ électromagnétique agit sur les charges mobiles et peut leur transférer de l’énergie (ex : mise en mouvement des
charges de l’antenne réceptrice d’un récepteur radio, effet joule dans un c.o., échauffement des aliments dans un four
micro ondes).
Inversement nous verrons que dans un émetteur radio par exemple, le mouvement des charges dans l’antenne engendre un
champ électromagnétique : il y a conversion d’énergie cinétique en énergie électromagnétique.
Enfin, le champ électromagnétique transporte lui-même de l’énergie (même sans support matériel, à travers le vide).
Considérons par exemple un laser émettant une impulsion très brève en direction de la lune. Il existe un laps de temps
pendant lequel l’énergie a déjà quitté le laser et n’est pas encore absorbée par le détecteur. Le principe général de
conservation de l’énergie exige que cette énergie soit quelque part : elle est localisée dans la région de l’espace où règne le
champ électromagnétique, entre la source et le récepteur, dans le champ lui-même.
L’objet de ce chapitre est l’expression de tous ces transferts d’énergie.
I. Echange d’énergie entre la matière et le champ
1. Puissance volumique cédée à la matière par le champ
Le champ électromagnétique peut céder de l’énergie à la matière par le travail des forces de Lorentz sur les particules
chargées de la matière
Soit une particule chargée, de charge q, de vitesse
v
r
dans un champ électromagnétique (
E
r
,
B
r
); elle subit la force
de Lorentz :
)BvE(qf
1
r
r
r
r
+=
de travail élémentaire:
dtv.Eqld.Eqld.fW
11
r
r
r
r
r
r
===δ
et de puissance (travail par unité de temps) :
v.Eq
dt
W
P
1
1
r
r
=
δ
=
remarque une particule chargée ne reçoit de l’énergie de la part du champ électromagnétique
que si elle est en
mouvement
(i.e. si
v
r
0
r
)
Soit maintenant un milieu la charge se distribue en volume. Les particules chargées sont éventuellement de
plusieurs types, le type (k) étant caractérisé par une charge q
k
, une densité particulaire
ν
k
et une vitesse moyenne
en M à l’instant t,
v
r
k
.
La puissance reçue par les
ν
k
d
τ
particules chargées de type (k) d’un volume élémentaire d
τ
, (c’est-à-dire la puissance
cédée par le champ électromagnétique) est :
kkkkkkkk1kk
vqjavecdE.jdE.vqPddP
r
r
r
r
r
r
ν=τ=τν=τν=
ÉNERGIE ÉLECTROMAGNÉTIQUE
Energie électromagnétique (elm 6) 2
La puissance reçue par les particules chargées du volume dτ est donc :
kkk
ktypesktypes k
ktypes k
vqjjavecdE.jdPdP
r
r
r
r
r
ν==τ==
Remarque : un volume de matière contenant des particules chargées ne reçoit de l’énergie de la part du champ
électromagnétique que s’il est le siège de courant (
j
r
0
r
). En revanche, il peut être électriquement neutre.
La puissance reçue par la matière de la part du champ, par unité de volume (ou encore cédée à la matière par le
champ) est :
puissance volumique cédée à la matière par le champ
E.j
d
dP
cédée
r
r
=
τ
en W.m
-3
.
Remarque :
* La puissance totale cédée à la matière d’un volume V par le champ est
∫∫∫∫∫∫
τ==
VV
dE.jdPP
r
r
* Il s’agit d’une énergie qui change de forme : elle passe de la forme « électromagnétique » à une autre forme (énergie
cinétique macroscopique ou microscopique… cf ci-dessous).
2. Cas particuliers
a) Faisceau de particules
Un faisceau de particules est caractérisée par une densité de courant
j
r
=ρ
v
r
colinéaire à sa vitesse. L’expression ci-dessus
montre que la puissance volumique cédée par le champ à la matière est maximale quand le faisceau est soumis à un champ
électrique extérieur colinéaire à sa propre direction (de même sens que
j
r
, i.e. de même sens que
v
r
pour des particules
chargées positivement, de sens opposé à
v
r
pour des particules chargées négativement. L’énergie fournie par le champ est
convertie en énergie cinétique macroscopique. C’est ce qui se passe dans les accélérateurs de particules.
b) Conducteurs ohmiques
Dans un milieu conducteur, il ne peut pas y avoir d’augmentation de l’énergie cinétique macroscopique : l’énergie cédée
par le champ est convertie en énergie microscopique d’agitation thermique du milieu, c’est-à-dire qu’elle augmente
l’énergie interne du conducteur (cette augmentation se traduit en général par une élévation de température) et, si le
conducteur n’est pas isolé, elle est en partie transférée vers le milieu extérieur sous forme de chaleur. En régime
stationnaire, l’énergie interne du conducteur est constante, sa température aussi : l’énergie cédée par le champ est
intégralement transférée vers le milieu extérieur sous forme de chaleur.
L’effet thermique du courant électrique dans un conducteur est connu sous le nom d’effet Joule (défini en 1841 par Joule)
et conduit à de nombreuses applications (résistances chauffantes, radiateurs électriques, fusibles…).
Précisons l’expression de la puissance dée par le champ à la matière (puis à l’extérieur sous forme de chaleur) dans le
cas d’un conducteur ohmique (métal ou électrolyte). Un conducteur ohmique est caractérisé par la loi d’ohm locale :
Loi d’Ohm locale :
j
r
=γ
E
r
(
γ
: conductivité du matériau
γ
=1/
ρ
ρ
est la résistivité)
la puissance volumique cédée par le champ à la matière est
γ
=γ==
τ
2
2
j
EE.j
d
dP r
r
La puissance cédée à un tronçon cylindrique de longueur
l
, de section s parcouru par une intensité i=js vaut donc :
2
2
2
2
22
is.
s
i
d
s
i
d
j
dPP s
l
lγ
=
γ
=τ
γ
=τ
γ
==
∫∫∫∫∫∫∫∫∫
:
Energie électromagnétique (elm 6) 3
On voit apparaître l’expression de la résistance R du tronçon et on retrouve la forme usuelle de la loi de Joule :
s
l
γ
== RavecRiP
2
cédée
II. Bilan d’énergie électromagnétique
Soit un volume V de l’espace (contenant éventuellement de la matière), délimité par une surface fermée (fictive) Σ fixe
(rappel : surface fermée = enveloppe délimitant un volume donné).
Soit la grandeur extensive, fonction d’état W(t) : « énergie électromagnétique contenue dans V à l’instant t ».
On pose
∫∫∫
τ=
V
d)t,r(w)t(W
r
w est la densité volumique d’énergie électromagnétique en M(
r
r
) à l’instant t (énergie
électromagnétique par unité de volume).
(analogue de
∫∫∫
τρ=
V
d)t,r()t(Q
r
ρ est la densité volumique de charges pour la charge contenue dans un volume V en
fonction de la densité volumique de charge ρ)
Le bilan d’énergie électromagnétique s’écrit entre les instants t et t+dt :
dW=δW
entrante
+ δW
produite
soit
variation d’énergie électromagnétique de V =
énergie électromagnétique algébriquement reçue de la part de l’extérieur (entrant par l’enveloppe Σ)
+ énergie électromagnétique algébriquement produite dans V (par la matière)
Ce dernier terme est en fait la plupart de temps, dans les matériaux conducteurs, négatif ou nul, c’est l’opposé de
l’énergie électromagnétique cédée par le champ à la matière contenue dans V.
δW
produite
=-δW
cédée à la matière
δW
cédée à la matière
est l’énergie électromagnétique cédée par le champ électromagnétique à
la matière contenue dans le volume V entre t et t+dt.
D’après le I,
∫∫∫
τ==δ
V
d)E.j(.dtPdtW
matièrela à cédée
r
r
L’énergie entrante dans V est due à un courant d’énergie traversant la surface Σ. On introduit un vecteur courant
d’énergie
)t,r(R
r
r
dont le flux à travers une surface Σ
0
orientée représente la puissance électromagnétique qui s’écoule
algébriquement à travers Σ dans le sens +, aussi appelée puissance rayonnée à travers Σ orientée, P
ray
:
2
traversant
ray
m.WenRSd.R
dt
W
P
Σ
Σ∫∫
=
δ
=r
r
r
avec
R
r
vecteur de Poynting (vecteur courant d’énergie
électromagnétique)
On notera l’analogie avec l’intensité du courant électrique I à travers une surface Σ
: c’est par définition la charge
traversant
Σ
par unité de temps; et on l’écrire comme le flux à travers
Σ
de j
r
, vecteur densité volumique de courant
électrique.
2
traversant
m.AenjSd.j
dt
Q
I
Σ
Σ∫∫
=
δ
=r
r
r
.
Energie électromagnétique (elm 6) 4
Dans le bilan que nous sommes en train de faire, Σ est une surface fermée et par convention, elle est orientée vers
l’extérieur, donc :
dt
W
Sd.R
tetansor
δ
=
∫∫
r
r
, et
∫∫
Σ
=δ=δ Sd.RdtWW
ttansorentrant
r
r
dt
dt
dW
)t(W)dtt(WdW
=+=
, variation élémentaire de la fonction d’état W « énergie elm ».
Or
∫∫∫
τ=
V
d)t,r(w)t(W
r
dW s’écrit donc, en permutant les opérateurs dérivation par rapport au temps et intégrale de volume :
∫∫∫
τ
=d
t
w
.dtdW
Le bilan d’énergie électromagnétique s’écrit finalement, en multipliant membre à membre par (-1) :
∫∫∫∫∫∫∫∫
τ+=τ
ΣVV
dE.jSd.Rd
t
w
r
r
r
r
Ceci est l’expression intégrale du bilan d’énergie électromagnétique : par unité de temps, la diminution d’énergie elm
dans
V
est égale à la somme de l’énergie électromagnétique sortant (par l’enveloppe Σ) et de l’énergie électromagnétique
cédée à la matière contenue dans
V
.
On utilise le théorème d’Ostrogradsky. L’égalité précédente étant réalisée pour un volume V quelconque, on obtient en
faisant tendre la taille de V vers 0 autour d’un point M :
E.jRdiv
t
wr
r
r+=
équation locale de Poynting
Ceci constitue une expression locale du bilan d’énergie électromagnétique : la diminution d’énergie électromagnétique est
la somme de ce qui sort et de ce qui est cédée à la matière.
Remarque : L’analogue pour la charge de l’équation locale de Poynting est l’équation locale de conservation de la charge :
jdiv
t
r
=
ρ
On note une différence importante entre la charge et l’énergie électromagnétique : la charge est une grandeur conservative,
l’énergie électromagnétique ne l’est pas; le terme de production est non nul. L’énergie électromagnétique ne se conserve
pas « telle quelle ». Elle peut en effet être convertie en une autre forme d’énergie (en énergie cinétique dans les
accélérateurs, en énergie thermique dans les conducteurs ohmiques (effet Joule)).
III. Exploitation des équations de Maxwell (MA et MF)
Le bilan précédent a été réaliindépendamment des équations de Maxwell. Or ces équations sont le fondement de la
théorie électromagnétique; elles doivent donc « contenir » également ce bilan. Exploitons-les, cela va nous permettre d’en
tirer les expressions de
R
r
et w en fonction des champs.
Energie électromagnétique (elm 6) 5
Multiplions MA par
E
r
0
et MF par
B
r
0
. On obtient, en retranchant membre à membre :
(
)
+
ε
+=
0
0
0
µ2 ²B
2²E
t
E.jErot.BBrot.E
µ
1r
r
rrrr
( )
+
ε
+=
0
0
0
µ2 ²B
2²E
t
E.jEB(div
µ
1r
r
rr
car
Erot.BBrot.E)B.(E)E.(B)EB.()EB(div
r
r
r
r
r
r
r
r
r
r
r
r
r
r
r
=+==
identité de Poynting
E.j)
µBE
(div
µ2 ²B
2²E
t
00
0
r
r
r
r
+
=
+
ε
En identifiant avec le bilan local d’énergie électromagnétique, on obtient les expressions de
R
r
et w :
0
µ)t,r(B)t,r(E
)t,r(R
r
r
r
r
r
r
=
43421
r
43421
rr
B
E
w
0
w
0
)t,r²(B
µ21
)t,r²(E
2
)t,r(w +
ε
=
Remarque :
il ne s’agit pas d’une démo. Il y aurait d’autres solutions mathématiques mais c’est celle-ci qui est retenue.
Dans w, le premier terme est la contribution électrique w
E
, le second w
B
la contribution magnétique.
La puissance électromagnétique rayonnée à travers une surface orientée
Σ
est égale au flux du vecteur
0
µBE
R
r
r
r
=
à
travers
Σ
. Ce résultat porte le nom de
théorème de Poynting
0
ray
µBE
RavecSd.RP
r
r
r
r
r
==
∫∫
Σ
Σ
Si
Σ
est une surface fermée, il s’agit de la puissance sortante.
IV. Cas d’une OEMPP
Soit une OEMPP se propageant dans la direction Oz, dans le sens +.
1. densité volumique d’énergie
Puisque E=cB (en tout point de l’espace et à chaque instant) et que
ε
0
µ
0
c
2
=1, on a
2
0
22
0
0
2
E
2
1
Bc
2
1
µ2
Bε=ε=
0
0BEBE
µ²B
²Ew2w2www =ε===+=
Il y a équipartition des contributions électrique et magnétique à l’énergie de l’onde.
w, comme
E
r
et
B
r
est fonction de
r
r
et t.
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