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DU de Pédagogie – Juillet 2012
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ERESA YUREN apporte des éléments plus précis avec le concept d'éthicité, ou "effort pour
revendiquer la dignité humaine face à la barbarie", en s'appuyant sur la conception de la dignité
d'Agnès Haller. Cet auteur décrit l'être humain comme un système, créé par l'ajustement de son
héritage génétique et des acquis de son environnement social, mais toujours en mouvement, en projet,
en processus d'accumulation d'expérience, en réponse aux besoins radicaux que sont la liberté, la
conscience, la socialité, l'objectivation et l'universalité. Nous présenterons plus loin les caractères
d'une éducation humaniste retenus par cet auteur.
Vouloir mener une réflexion sur l'ensemble des aspects de l'éthique de l'Université dans sa
mission d'enseignement serait vain et présomptueux. Ici, l'objectif, plus modeste, est de présenter
quelques réflexions d'un enseignant-chercheur, par ailleurs médecin, exerçant comme clinicien et,
comme expert judiciaire, conduit depuis quelques années à s'intéresser plus particulièrement à la
responsabilité médicale.
L'enseignement universitaire offre un vaste champ de comportements à une réflexion sur
l'éthique pour qui y est sensibilisé par une grande part de son activité, Solennisée par la prestation du
serment d'Hippocrate au terme de chaque soutenance de thèses, l'éthique médicale est minutieusement
détaillée dans le Code de Déontologie médicale qui s'impose à tout médecin ; au-delà de spécificités
de l'exercice médical, l'ensemble de ses règles définit un comportement humaniste que d'autres
professions, dont celle d'enseignant, peuvent se targuer.
Nous évoquerons d'abord quelques manquements généraux à l'éthique qui ont obligatoirement
un retentissement sur l'enseignement. Ensuite nous développerons ce qui apparaît des manquements
dans l'enseignement universitaire et essaierons d'en expliquer les raisons. Nous n'aborderons pas
l'éthique de la recherche pour laquelle la sensibilisation est forte et a fait l'objet de nombreux colloques
et publications.
2 - Manquements généraux à l'éthique dans l'Université.
Nous serons brefs sur ce chapitre pour ne pas nous éloigner de notre propos essentiel, l'éthique
dans l'enseignement.
Il est évident que se préoccuper de l'éthique dans l'enseignement est rendu possible parce que
l'Université du monde libre donne le sentiment d'avoir résolu, ou est en train de résoudre, la plupart
des grandes injures à l'éthique. Aborder l'éthique dans l'enseignement est le témoignage du progrès de
l'éthique dans l'Université.
Le racisme est un fléau dont l'Université doit garder la mémoire pour s'en préserver et enseigner
à s'en préserver. Pourtant, une époque où des repentances multiples ont exprimé des remords, on n'a
pas entendu s'exprimer les universités sur le sort qu'elles firent, institutionnellement, aux enseignants
et étudiants juifs dans les années noires.
L'Université française n'a pas toujours une attitude éthique vis à vis de l'accueil des étudiants
étrangers, qu'il s'agisse des conditions d'inscription, d'accueil ou d'encadrement.
La lutte contre le sexisme n'est pas terminée comme en témoignent plusieurs présentations du
colloque Former à l'éthique : un défi pour l'enseignement supérieur (3).
Le harcèlement en milieu universitaire, sous différentes formes, est récemment apparu au grand
jour.
L'Université hésite parfois à prendre des mesures pour que la liberté de pensée ne serve pas à
dire, faire ou cautionner des actions contraires à l'éthique. Nous ferons seulement allusion aux
négligences qui ont permis au révisionnisme d'avoir un moment une assise universitaire.
Les manquements à la rigueur scientifique, auquel l'exemple précédent pourrait banalement se
rapporter s'il ne niait le crime de génocide, sont autres. Ils dépassent l'éthique de la recherche lorsqu'ils
cautionnent des absurdités ; on peut en prendre pour récent exemple l'attribution à une astrologue d'un
titre de docteur en sociologie reposant sur ses élucubrations.