F. J. Cabral
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Chapitre 1 : OBJET, CONCEPTS FONDAMENTAUX ET METHODE
Une société est confrontée à de nombreuses décisions. Elle doit décider de quels travaux
seront réalisés et qui les entreprendra. Certains devront produire de la nourriture, d’autres
des vêtements et dautres consacreront leur temps à développer des logiciels
informatiques. Après avoir affecté certaines personnes à certains travaux, la société
doit
aussi allouer les revenus de facteurs et organiser l’échange de biens et services produits.
consommer du beurre alors que d’autres se contenteront de margari
ne. Certains
conduiront une Porsche alors que d’autres devront prendre le bus. La gestion des
ressources dans une société est très importante car les ressources sont rares. Cela signifie
que la société ne peut satisfaire les besoins de tout le monde.
L’obj
et de ce chapitre introductif est de procéder à un rappel de l’objet de la science
économique, de quelques concepts fondamentaux en analyse économique et de la
thode de l’analyse économique.
I/ Introduction 1
Objet de la science économique
Les biens so
nt utiles dès lors qu’ils peuvent servir à un usage quelconque c’est
-
à
-
dire dès
lorsqu’ils répondent à un besoin quelconque et en permettent la satisfaction. Les biens
utiles n’existent à notre disposition qu’en quantité limitée. Ils n’existent pas dans un
e
ampleur telle que chacun de nous en trouve à sa pore à volonté pour satisfaire
la notion de bien économique.
A/Définition de la science économique
Selon Walras
(1874), la richesse est l’ensemble des biens matériels et immatériels rares.
En d’autres termes, ce sont les biens qui, d’une part, nous sont utiles et d’autre part,
g
énéralement sur des marchés et sont pour cette raison au cœur de l’analyse économique.
A l’origine de cet échange se trouve l’utilité que procure un bien ou un service. C’est
d’elle que dépend le prix des biens et services. Dans le langage usuel, un objet
est
supposé utile ou ayant une valeur s’il sert à quelque chose. Les économistes donnent un
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contenu quelque peu différent à la notion d’utilité. S’appuyant sur le philosophe anglais J.
Bentham (1798), ils considèrent qu’un bien est utile à l’individu s’il
procure un sentiment
de bonheur, encore dit de satisfaction ou de bien
-
être, et ce, indépendamment du fait qu’il
celle
-
ci puisse augmenter non seulement grâce à une
consommation accrue de nourriture,
mais également avec la possibilité de contempler des fleurs ou un tableau de mtre. C’est
cette vision hédoniste de l’utilité qui a été retenue dans l’analyse économique moderne,
lui donnant un champ d’observation plus l
arge des comportements humains. Par
mesure la satisfaction globale qu’un individ
u retire de la consommation de ce panier de
biens. Elle peut porter sur les quantités consommées de biens ou sur les caractéristiques
des biens comme l’illustre Lancaster (1956). Comme les biens et services ne sont
disponibles qu’en quantité limie, la sc
ience économique se caractérise par l’étude de
situations de rareté. Par rareté, on entend ici le fait que tous les biens ne sont disponibles
qu’en quantité limitée. Selon Raymond Barre (1959), « la science économique est la
science de l'administration des
ressources rares. Elle analyse et explique les modalités
besoins nombreux et illimités ». En d’autres termes, elle est la science de l’administration
de ressources
rares face à des besoins concurrents et illimités. C’est la science des
richesses, des échanges et des choix efficaces.
Lorsque les quantités disponibles sont fixées, la rationalité permet de choisir le meilleur
niveau étant données les contraintes de bud
get de l’agent économique. Les demandes
de biens et services permettent de contourner momentanément le probme de la rareté.
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B/ Notion de bien économique
Dans cette sous
-
section, nous définissons d’abord la notion de bien économique et
prodons ensuite à une classification des biens économiques.
B
-
1/ Définition
rare. Si les ressources étaient
disponibles en quantité infinie et si les qu
antités de biens
disponibles pouvaient répondre
aux besoins illimités, il n y aurait ni bien économique, ni
science économique. Cette
dernière ne tient donc pas compte des biens existant en
quantité infinie. Elle limite son
analyse à des phénomènes de rare
té. Un bien économique
se définit comme un objet
matériel ou immatériel disponible en quantité finie et apte à
satisfaire des besoins
humains.
Quel que soit le caractère abondant ou rare d’un bien ou d’un service, l’économiste utilise
le concept de rareté
pour l’apprécier. La rareté exprime le rapport de l’utilité à la quantité
disponible.
B
-
2/ Classification des biens économiques
Dans leur ensemble, les biens et services économiques représentent une richesse
économique puisque rares et utiles. Toutefois, i
ls ne constituent pas un ensemble
homogène et peuvent donc être classés selon leurs caracristiques propres.
Biens de consommation et biens de production
On appelle biens de production
l’ensemble des objets économiques qui procurent
indirectement une utilité et qui ne sont
pas immédiatement détruits lors de leur usage
(les ordinateurs utilisés par le centre
d’appel téléphonique sont des biens
d’investissement). Ces biens se déprécient da
ns le
temps. Ces biens se caractérisent par
leur durabilité et leur faculté à procurer des revenus
futurs à leur acquéreur. Les biens
de consommation (finale ou intermédiaire)
disparaissent lors de leur usage (une
radio utilisé par la famille est un bien d
e
consommation finale).
Biens de consommation finale et bien de consommation interdiaire
On appelle bien de consommation l’ensemble des biens qui procurent une utilité au
consommateur et qui sont détruits lors de leur usage. On distingue généralement les
biens
de consommation finale et les biens de consommation intermédiaires. On entend par bien
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(chemise, télévision, etc.). Un bien de consommation intermédiaire est un b
ien utili
dans le processus de production d’un autre bien (farine dans la fabrication du pain,
ciment dans la construction d’une maison, etc.). Ce dernier procure indirectement une
utilité et est détruit lors de son usage.
Biens durables et biens non dur
ables
Cette distinction renvoie à la durée de vie des biens de consommation. Les biens de
consommation non durables sont détruits dès leur premier usage (biens alimentaires)
alors que les biens durables permettent un usage étalé dans le temps (ordinateur f
amilial,
scooter, etc.). Par définition, les services ne peuvent pas être des biens durables.
Bien privatif et bien collectif
Parmi les biens de consommation, il
convient de distinguer les biens pris et les biens
collectifs.
Les biens privatifs font nor
malement l’objet d’une appropriation
individuelle dont
exemple, le phone ou internet). Ils se caracrisent par leur propriété
de rivalité et
d’exclusion par le prix. L
e principe de rivalité signifie que deux agents ne
peuvent pas
bénéficier en même temps du même bien (attente au téléphone, par ex.).
Cette propriété
de rivalité fonde généralement la divisibilité des biens de consommation
privés. Ces biens
sont dits divis
ibles car la satisfaction que le consommateur tire de ce
type de bien dépend
de la quantité du même bien dont disposent d’autres consommateurs. Le principe
d’exclusion par le prix exprime le fait qu’un consommateur ne peut disposer
d’un bien
que s’il en pa
ie le prix.
Un bien privatif est un bien qui est à la fois un bien rival et un bien
excluable. La plupart des biens de consommation privée appartiennent à cette catégorie
(aliments, vêtements, biens durables).
Les biens de consommation collective ou biens
collectifs correspondent aux biens
économiques dont plusieurs consommateurs peuvent jouir en même temps. On les
se caractérisent par leur propriété de non rivalité
et de non exclusion. La propriété de non
rivalité signifie que la satisfaction que tire un agent de la consommation du bien public
n’affecte pas celle d’un autre agent (ex. éclairage public). La propriété de non exclusion
signifie qu’un agent économique n
e peut pas exclure un autre agent de la jouissance du
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bien public (ex. route). Le bien public est dit indivisible puisque son utilisation par un
biens publics sont à la disposition de tous et pour cette raison peuvent faire l’objet
d’effets d’encombrement encore appelés effets externes. Ex. si le nombre de dossiers
qu’un juge doit traiter augmente, la qualité du service que reçoivent les justiciabl
es peut
baisser.
Bien rival et bien excluable
On dit qu’un bien est rival (bien caractérisé par la
propriété
de rivalité) lorsque son
utilisation par un individu, prive un autre individu de la possibilité de l’utiliser. Un bien
excluable (bien caracri
sé par la
propriété
de non exclusion) est un bien ou un service
auquel les utilisateurs ne peuvent accéder que moyennant le paiement d’un prix (on parle
d’exclusion par les prix). Les autoroutes à péages sont un exemple de bien excluable.
Bien de club et bien commun
Un bien de club est un bien non
-
rival mais excluable. Par exemple, les émissions de
télévision hertzienne à péage sont rendues excluables par un système de codage. Il faut
s’abonner pour pouvoir disposer du décodeur et regarder
les émissions. Dans la limite de
l’encombrement, les spectacles de cinéma ou de théâtre sont aussi des biens de club.
Un bien commun est un bien rival et non excluable. L’exemple traditionnel est celui des
biens communaux en Angleterre avant les mouvemen
ts enclosures
: chacun pouvait faire
paraître son bétail sur ces terrains sans payer (non excluabilité), mais l’herbe mangée par
un nouveau troupeau ne pouvait pas être mane par un autre (rivalité). Les réserves
halieutiques sont un exemple traditionnel
de biens communs. Dans un article paru en
1968, G. Hardin parle de la «
tragédie
des biens communs
». Pour lui, l’acs libre (sans
exclusion par les prix) à une ressource limie conduit nécessairement à la surexploitation
de cette ressource. Une solutio
n consisterait à privatiser les biens communs et à mettre en
place un système de prix. Cependant, E. Ostrom (prix Nobel 2009) a montré que les
sociétés humaines ont utilisé de nombreuses solutions fondées sur des pratiques
communautaires, des normes, des v
aleurs et des arrangements institutionnels afin de
maintenir la mise en commun de certaines ressources, tout en évitant la surexploitation.
II/ Introduction 2
Concepts fondamentaux de l’analyse économique
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